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The Judge, the Bad, and the Righteous

Débarquer dans un port dans un sous-marin géant traînant un monstre des mers, c'est impressionnant. Faire sortir le supposé capitaine du sus-cité sous-marin avec des menottes autours de ses poignets, c'est déroutant. Aller se payer une bouteille de la piquette la meilleure marché dès son arrivée, c'est affligeant. Faire le tout en portant le nom de Mavim, c'est vivre un quotidien qu'on assume complètement.

Ce n'est pas pour dire que Sebastian appréciait particulièrement de faire passer ses supérieurs pour des crapules. Il apprécierait beaucoup de se retrouver sous les ordres d'un homme ou d'une femme loyale et juste. Il semblait juste avoir un don pour avoir des chefs crapuleux et ripoux. Par conséquent il se devait de les mettre à jour. C'était tout ce qu'il y avait de juste à faire.

Il avait fallu quelques jours à Debossah Bii pour rejoindre Logue Town depuis le QG d'East Blue. La séance aurait normalement du se dérouler dans les locaux de la marine, mais la sous-amiral, en toute bonne girouette, avait décidé de faire le déplacement. L'air marin lui manquait peut-être, à elle et à son tapir de compagnie.
Son arrivée avait été préparée minutieusement, réservation du meilleur chef et de l’hôtel le plus confortable de l'île afin qu'elle puisse se reposer avant que le tribunal n'ouvre ses portes. Mais dès son arrivée, elle demanda qu'on lui apporte l'accusé et que l'on  commence la procédure. Une surprise agréable pour le lieutenant-colonel Mavim qui ne souhaitait pas voir le jugement s'enliser dans les procédures. Constater qu'il n'était pas le seul le réjouissait tout de même un peu.

La procédure militaire avait donc été précipitée, et avait pris une forme très martiale. À leur arrivée, la sous-amiral avait demandé aux différents avocats d'aller s'asseoir dans l'audience, comme n'importe quel spectateur. Il y eut quelque plaintes, mais la dame avait été intransigeante. Elle était connue pour être une grande lunatique, et ce jour là, il valait mieux ne pas lui chercher des noises. Plutôt que d'interminables discours, elle avait exigé que les différentes parties exposent leurs arguments. Après tout, c'était bien elle l'autorité supérieure de cet océan, non ?

Le premier quart d'heure de la séance c'était déroulé sans trop de surprise. Sebastian avait présenté en entrée l'arme qu'il avait découvert dans l'Hypérion, ainsi qu'une liste d'autres objets qui ne figuraient pas sur l'inventaire du chargement. Il s'agissait en majeure partie d'équipement militaire de haute technologie, des prototypes qui pourraient être développés par quiconque avec quelques connaissances techniques. De l'or pour des révolutionnaire, comme l'avait précisé le lieutenant-colonel.
En accompagnement, il avait servi une liste d'escales de l'Hypérion dans divers centres de développements militaires où ces objets avaient pu disparaître ou être récupérés. Comme quoi, servir de convoyeur pour 'tête d'ampoules en blouses', comme Némo aimait appeler les membres de la brigade scientifique lorsqu'il était d'humeur légère, pouvait aussi avoir ses avantages.

Durant tout ce plaidoyer, Bii c'était amusée de manière assez ostentatoire avec son animal de compagnie. Cela rendait le lieutenant-colonel assez nerveux pour que son cigare se mette à lui manquer. Ce ne fut que lorsque la parole fut donnée à la défense qu'elle sembla se réanimer. Le colonel Némo se leva, et appela un témoin. Il s'agissait de l'adjudant Morris. En voyant le garçon s'avancer sous les regards intéressés, Sebastian senti qu'il y avait un cheveu dans la soupe, si pas une perruque entière.
Le blondinet alla s'asseoir à la barre. Il semblait être très nerveux, et jetait des regards dans toutes les directions. Sebastian, assis seul à une table, ramassa un tas de feuille dans lequel il se mit à fouiller presque frénétiquement.

"Soldat, voudriez-vous bien vous présenter, grade et fonction ?"

"Euh... Je suis l'adjudant Morris, responsable des chargements depuis mon arrivée sur l'Hypérion, colonel..."

"Très bien. Alors, vous devez être au courant pour ces chargements illégaux. Qu'avez-vous à dire à ce sujet, Adjudant ?"

"Euh... Comment dire... Je... J'espérais pouvoir euh... des, des acheteurs... Enfin, vous voyez... la solde n'est pas énorme et..."

"Ainsi donc, vous reconnaissez la responsabilité de ces transports illégaux ?"

"Euh... ...Oui ?..."

"Très bien, je crois que nous tenons notre coupable. Pourrions-nous en terminer rapidement ? La marine a autre chose à faire."

"Lieutenant-colonel, avez-vous quelque chose à ajouter ?"

Sebastian se leva, les deux poings fermés, appuyés sur la table devant lui, encadrant deux feuilles ouvertes. Il les parcourra des yeux encore une fois et leva son regard vers la sous-amirale. Il allait prendre la parole.
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"Adjudant, j'aurais une simple question à vous poser. Pourquoi est-ce que vous couvrez le colonel ?"

"Euh... pardon ?"

"C'est purement rhétorique. Vous pourrez répondre plus tard afin d'obtenir des circonstances atténuantes."

"Lieutenant-colonel, je crois que vous vous emportez..."

"Peut-être. Mais ça ne m'arrives pas souvent, alors vous feriez bien d'être attentif. Je disais donc, l'adjudant Morris c'est dénoncé afin de couvrir le colonel."

"Est-ce que vous avez une preuve ?"

"En dehors de vos tentatives répétées afin de m’interrompre ? Oui, bien entendu. Adjudant, depuis quand servez-vous à bord de l'Hypérion ?"

"Euh..."

"Depuis quelques mois seulement, après qu'il ait été remis en état par la brigade scientifique. J'ai votre dossier ici même, sous mes yeux. Cela ne fait donc que depuis très peu de temps que vous officiez sur le sous-marin du colonel Némo, toujours assigné à l'inventaire comme vous l'avez dit. Maintenant, si nous nous intéressons aux rapports de service de l'Hypérion durant cette période, nous pouvons constater qu'il est resté en service uniquement sur East Blue. N'est-ce pas lieutenant-colonel Simbad ?"

"C'est correct."

"Sous-Amirale, je suis certain que vous auriez été mise au courant si du matériel militaire s'était retrouvé manquant sur votre portion de territoire, est-ce que je me trompe ?"

"De l'équipement de cette envergure ? Assurément."

"Et est-ce que c'est le cas ?"

"Non."

"Merci. Donc, à moins que l'adjudant se soit procuré de la marchandise en perspective de son service sur l'Hypérion. Mais cela me semble impossible, vu qu'avant d'entrer en formation au QG d'East Blue, il vivait sur l'île de Syrup, qu'il n'a jamais quitté. Et je ne pense pas que l'on puisse trouver des canons de PX là bas, dites-moi si je me trompe."

"C'est tout à fait vrai lieutenant-colonel, mais cela ne prouve en rien que le colonel soit coupable de ce trafic..."

"Je suis d'accord avec vous. C'est pourquoi, je vous en pries, Morris, répétez à la court ce que vous m'avez dit il y a quelques jours, à bord de l'Hypérion."

"Eh bien..."

Il s'ensuivit un discours hésitant, ayant de la peine à trouver ses marques qu'il est peut-être préférable de ne pas s'infliger. Pas vraiment très appétissant, disons. L'essentiel peut se résumer en quelques mots: le colonel avait promis une belle somme d'argent à l'adjudant s'il l'aidait dans son commerce et le couvrait si quelqu'un découvrait son secret. Mais le colonel n'avait pas perdu sa contenance. Il se tourna calmement vers son subordonné, jouant avec sa moustache.

"Très bien, vous m'avez découvert. Je transporte illégalement des armes à bord de mon bâtiment. Mais ce n'est pas à titre commercial, comme vous l'insinuez. Il s'agit de matériel pour la défense de l'Hypérion, vous avez d'ailleurs prouvé son utilité il y a quelque jours, contre ce monstre que nos amis en blouse blanche s'amusent encore à dépecer."

"Euh... Est-ce que je peux y aller ?"

"Vous pourriez, mais vous devrez vite revenir, je le crains, alors restez encore assis un moment je vous pries Adjudant."

"Puis-je vous corriger sur deux point, mon colonel ?"

"Allez-y..."

"Premièrement, la brigade scientifique dissèque le monstre marin pour des analyses, même si je suis certain qu'une partie de sa chaire pourra être utilisée afin de nourrir la population. Ensuite, je n'insinue rien du tout, j'affirme. Je vous présente une deuxième pièce à conviction. Il s'agit d'un PàC-D selon les spécialiste."

"De quoi s'agit-il, lieutenant-colonel ?"

"D'un outil de charpentier, sous-amirale. C'est un pistolet à clous, beaucoup plus pratique qu'un marteau."

"Et où l'avez-vous trouvé ?"

"Au cours d'une intervention sur le cimetière d'épaves, sous-amiral. Vous remarquerez que le numéro de série a été effacé, tout comme c'est le cas sur ce second PàC-D qui vient des cales de l'Hypérion. Est-ce que cela vous dit quelque-chose, adjudant ?"

"Ou- oui... Je me souviens avoir vu plusieurs de ces outils dans le chargement."

"Merci, vous pouvez maintenant disposer adjudant, à moins que la défense n'ait encore des questions à vous poser."

"Vous mentez lieutenant-colonel !"

"Je n'ai pas terminé, colonel. J'ai fait comparer les marques de limes à la place où est censé se trouver les numéros de série par le laboratoire du sous-marin. Le professeur Rastignac n'a malheureusement pas pu être présent, mais il m'a certifié que plusieurs signes montraient que ces objets ont étés modifiés avec les mêmes outils. Du plus, je tiens à signaler que ce genre d'équipement est très rare sur les blues, même chez les marchands spécialisés, en raison des éléments particuliers qui les composent."

"Et depuis quand est-ce qu'un membre du corps délibératoire est-il autorisé à témoigner ?!"

"Je ne vois pas en quoi ce serait un problème colonel, de plus, le lieutenant-colonel Mavim n'était pas censé être le procureur de ce procès, et figure bel et bien sur la liste des témoins."

"Mais..."

"Il n'y a pas de mais qui tienne, colonel. Vous êtes dorénavant relevé de vos fonctions et serez tenu en garde à vue pendant qu'une enquête approfondie sur vos trafics soit menée. Jusque là, je vous reconnais déjà coupable de transport illégal d'armement militaire et d'autres marchandises, ainsi que de trafic avec un groupe révolutionnaire anti-gouvernemental. Suivant les résultats de l'enquête, vous pourriez également être chargé de complot contre le gouvernement ou de trahison du corps armé auquel vous appartenez, et avec votre grade, permettez-moi de vous dire que vous risquez de prendre cher."
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Simbad attendait à la sortie du bâtiment où avait eu lieu le procès. Il semblait réjoui en voyant son collègue sortir. Les deux hommes se rapprochèrent et l'homme-poisson tendit la bouteille que Sebastian avait acheté à son arrivée à Logue Town.

"Félicitation Lieutenant-colonel, ce fut une affaire rondement menée ! Pendant un moment, j'ai bien cru qu'il allait s'en tirer encore un fois."

"Encore une fois ? Que voulez-vous dire ? Et pourquoi cette bouteille n'est-elle pas déjà ouverte ?!"

Ce n'était pas dans les habitudes de Sebastian d'être aussi nerveux. Il n'avait pas bu d'alcool depuis son arrivée sur l'île afin de préparer chaque élément du procès, et il percevait maintenant chaque élément de son environnement comme un caillou dans une botte. Des centaines de cailloux dans des dizaines de bottes. Trop petites.

"Ce n'est pas dans son dossier parce qu'il a toujours réussi à se disculper avant de se retrouver devant un tribunal, mais il y a eu plusieurs tentatives pour mettre Némo aux arrêts. Il y avait toujours quelque chose qui disparaissait, une preuve, un témoin..."

Sebastian avait arraché la bouteille de l'autre lieutenant-colonel et se dirigeait maintenant vers un muret qui ne se situait pas très loin. Il posa le goulot dessus, sorti son épée et le fracassa très nettement. Ce ne devait pas être la première fois qu'il ouvrait une bouteille de cette façon. Après avoir jeté un rapide coup d’œil sur l'ouverture et s'être assuré qu'il ne restait pas de débris de verre, il renversa sa tête en arrière et versa presque l'entier de la bouteille dans sa gorge. Il s'essuya ensuite le menton d'un revers de la manche.

"Je me disais bien que ça avait été trop facile..."

"Que voulez-vous dire ?"

"Rien. À plus tard, lieutenant-colonel."

***

"Mavim. Quelle surprise ! Enfin, pas vraiment... Asseyez-vous donc !"

La sous-amirale était assise à sa table, une coupe de champagne à la main. Une seconde, vide, siégeait à côté d'une bouteille ouverte. Par terre, le tapir sirotait tranquillement l'alcool par de rapide coups de langue. Sebastian tira la chaise libre et pris sa place dans le petit salon privé dans lequel on l'avait dirigé.

"Bonsoir, sous-amirale."

"Vous avez des questions quant à l'avenir de l'Hypérion, j'imagine ?"

"Pas vraiment. J'imagine que son commandement va revenir à Simbad, il le mérite et a plus d'ancienneté à bord."

"C'est vrai, mais il c'est désisté, vous recommandant à sa place."

"Aha..."

"Vous n'avez pas l'air très surpris."

"Pas vraiment. Mais ce n'est pas pour cette raison que je suis venu."

"Aha ?"

"Vous avez l'air surprise."

"Pas vraiment. Vous n'avez pas l'air du genre de personne à vous contenter des apparences..."

"C'est vrai, et je n'aime pas être un pion."

"Si c'est du jugement dont vous voulez me parlez, sachez qu'il avait déjà été préparé à l'avance. Il fallait juste un début d'accusation solide pour que le reste tombe en place. Et vous nous l'avez offert sur un plateau d'argent."

Les sourcils du lieutenant-colonel se froncèrent un petit peu.

"Cela n'a pas l'aire de vous faire plaisir... Vous devriez savoir que ce sera d'une grande aide dans votre carrière. Votre escalade est déjà fort impressionnante, vous devez être très ambitieux."

"Pas vraiment."

"Vraiment ?"

"Vous avez l'air surprise."

"On ne tournerait pas un peu en rond ?"

"Si, et je n'aime pas ça."

"Comme je vous comprend. Alors laissez-moi vous éclairer votre lanterne. Le colonel Némo est le genre de marin qui se croit tout permis pour simple et bonne raison que personne n'a jamais osé lui mettre de bâton dans les roues. Enfin, il l'était, jusqu'à maintenant. Il a toujours pris beaucoup de précautions, mais avec vous, il a baissé sa garde. Je ne sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs..."

"Parce que je suis comme lui."

Le sourcil de Debossah Bii tressauta.

"Nous sommes d'une autre époque. Celle où la fin justifiait les moyens."

"Je vois."

"J'ai reçu des réponses à mes questions. Bonne soirée, sous-amirale."

"Avant que vous ne partiez, je dois vous donner ceci."

Elle avança une petite boite de bois vers le lieutenant-colonel, qui la regarda comme une cage renfermant un serpent au venin mortel.

"Elle contient tout ce dont vous aurez besoin pour votre prochaine mission."

"De quoi s'agit-il ?"

"Je n'en sais rien, ça vient de plus haut."

"Très bien, bonne soirée alors."

"Attendez, j'ai une dernière question à vous poser, à titre personnel."

Sebastian envisagea de quitter la pièce avant qu'elle ne puisse continuer. Mais elle avait comblé sa curiosité, il pouvait en faire de même se dit-il.

"Si vous venez du même monde que lui, qu'est-ce qui me dit que vous ne tournerez pas comme Némo ?"

"Nous ne poursuivons pas les mêmes fins."

***

"Rastignac ? Que faites-vous ici dehors ? Vous ne devriez pas être avec la brigade scientifique ?"

Le géant était assis sur le grand escalier qui menait vers l'hôtel de la sous-amirale. Dans l'ombre, il était difficile de voir l'expression de son visage.

"Peut-être, je ne sais pas. Pas encore. Ma section a été dissoute, lieutenant-colonel. Visiblement, la mission de l'Hypérion a changé. Nous n'irons plus au secours des autres maintenant."

"Ne dites pas ça, il y a bien des manières d'apporter son aide."

"Cela ne veut pas dire que les vôtres me plaisent. Honnêtement, pensez-vous toujours faire au mieux ?"

"Je fais ce que je pense être le plus juste."

"Et pensez-vous être en mesure de désigner ce qui est juste ou non ?"

"Jusqu'à maintenant, je n'ai entendu personne me dire le contraire."

"C'est bien de ça dont j'ai peur, serez-vous en mesure d'écouter le jour où cela viendra ?"

"Si je deviens sourd, j'espère que quelqu'un sera là pour m'en flanquer une."

Sebastian eut enfin le temps de s'allumer un cigare. Il prit une grande bouffée, et rejeta un épais nuage de fumée amèrement parfumée.

"Allez, venez, il y a un chargement à superviser et un inventaire à contrôler."
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