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[Solo] Saches d'où tu viens pour savoir où tu vas

En direction du QG d'East Blue, milieu d’après-midi

Au milieu d'East Blue, un navire spécial de la marine d’élite voguait en silence. Le sergent Gon Blacknife avait offert une pause à son équipage. Ils avançaient vite et seul le vent pouvait à présent les guider. Il était inutile de rester en état d’alerte, mise à part la vigie qui devait garder son poste. En vérité, c’était surtout Gon qui avait besoin d’une pause. Il était en train de craquer. Jouer un rôle, c’était une chose, le jouer en permanence, c’en était une autre. Il mourrait d’envie d’égorger ses propres hommes, porter cette tenue d’officier lui filait la gerbe et il avait l’impression de piétiner ses propres principes en exécutant les ordres de son commandant. Mais c’était comme ça, il devait à tout prix préserver sa couverture.

Accoudé sur le bastingage du navire, le révolutionnaire rêvait, se laissant doucement bercer par les vagues. Le soleil était au rendez-vous et tout le monde profitait d’un moment de repos pour se prélasser sous ses rayons. Certains bronzaient, d’autres s’entraînaient ou encore lisaient. Ces moments étaient tellement rare que ceux qui continuaient à travailler étaient vraiment très rares et mal vus par leur collègues. Les montées et descentes du bateau avaient un effet soporifique sur le bretteur qui ne pouvait retenir ses paupières qui pesaient des tonnes à présent. Il n’entendait plus que les vagues qui frappaient le long de la coque et les mouettes qui tournaient dans le ciel, sans but précis.

Très vite, le cri aiguë des mouettes se déforma pour ressembler à un bruit plus métallique. Plus sec également. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il était assis en tailleur, dans la cour de l’école de la lame de plomb. Son maître était devant lui et échangeait quelques passes avec un élève. En quelques secondes à peine, l’enfant lâcha une de ses armes et abandonna. Le professeur se tourna vers Gon et lui fit signe de venir. Sa voix était grave mais très douce. Il était grand et portait un très beau kimono violet. Sur sa taille, deux katanas argentés.
-Gon, je sais que tu viens juste d’arriver et que tu dois avoir un petit peu de mal à trouver tes marques. Mais j’ai décidé de te prendre pour élève. La voie du kendo n’est pas parfaite, mais ça te donnera une direction à suivre. Un objectif à atteindre. Une ligne de conduite. Perdre ses parents dans ces circonstances doit être quelque chose d’horrible. Je ne peux pas imaginer ce que tu ressens. Mais ce que je sais, c’est que toi, tu as survécu. Tu dois donc continuer à vivre. Et je t’y aiderais.

L’enfant baissait la tête et ne répondait pas. Cela faisait plus d’une semaine qu’il était arrivé au dojo et il n’avait toujours pas prononcé un mot. Il restait dans son coin, ne s’approchant jamais des autres enfants, se contentant d’aller où on lui disait d’aller. Maître Honda l’avait recueillit sur le pas de la porte de son école. Des gens l’avaient amené mais ne pouvaient pas s’en occuper eux-mêmes. Ils lui avaient raconté qu’il y avait eu une rafle dans son village. Un équipage de pirate rasait les villages isolés pour récupérer des esclaves à revendre. La mère de Gon avait eu le temps de le cacher dans la cave pour qu’il ne se fasse pas capturer aussi. Mais lorsque le capitaine pirate avait pénétré dans la maison, défonçant la porte, il avait été déçu de tomber sur un couple aussi âgé. Gon avait observé la scène à travers les interstices du plancher, juste au dessus de lui. Le pirate cracha qu’il ne pourrait jamais vendre une vieille salope toute décrépie et son gringalet de mari.

Deux détonations avaient été entendues à travers toute l’île et des gouttes rouges et chaudes avaient coulé entre les planches de bois. L’enfant était resté ainsi, recroquevillé dans le noir pendant plus de douze heures, le sang de ses parents lui coulant lentement sur le front, comme une source intarissable, avant que des gens ne pénètrent dans la maison pour retirer les corps.

Le professeur de kendo était un combattant, il avait eu l’occasion de combattre des centaines de fois et de se sortir de situations extrêmes. Pourtant, il se sentait totalement démuni face à ce petit garçon qui souffrait. Il ne pouvait guérir le cœur d’un enfant qui avait tout perdu. Il ne savait même pas de quelle île il était originaire ni même son âge. Il avait environ cinq ans, à vue de nez.
-Tu dois au moins essayer. Essaye de vivre, de profiter de cette chance que ta mère t’a donnée. Tu veux apprendre à te battre et à te défendre comme moi?
-Oui.

Son premier mot. Oui, il voulait apprendre à se battre. Oui, il voulait pouvoir tuer ceux qui s’aviseraient encore une fois de le faire souffrir. Il voulait pouvoir tuer tous les pirates ! Et les marins qui ne sont pas intervenus alors qu’ils se trouvaient là ! Et ceux qui avaient voulu acheter ses parents comme on s’octroie une marchandise ou de la nourriture ! Il voulait… Il voulait… Ses yeux se brouillèrent et il tomba à genoux, laissant ses larmes couler le long de ses joues.
-JE VEUX ÊTRE FORT !

Éclatant réellement en sanglot, il se mit à frapper de toutes ses forces de ses petits poings contre le sol de pierre. La roche se teinta rapidement de rouge, jusqu’à ce que maître Honda se précipite pour l’arrêter. Il lui attrapa les poignets et le regarda fixement dans les yeux avant de le serrer contre lui. Gon se laissa aller quelques minutes, secoué de hoquets qui semblaient ne plus pouvoir finir. Lorsque la crise fut passée, l’enfant tomba dans un sommeil si profond que le maître crut qu’il avait perdu connaissance. Il le souleva délicatement et fit signe aux autres enfants de reprendre l’entraînement avant d’aller le coucher à l’infirmerie. Il passa la nuit à son chevet, après lui avoir soigné les mains meurtries. L’enfant avait de la fièvre et maître Honda lui passait de l’eau fraîche sur le front.

Gon ouvrit les yeux. Il avait le visage trempé. Les vagues s’écrasaient toujours sur la coque, mais le vent s’était intensifié et les éclaboussures atteignaient à présent son visage. Mais surtout, il transpirait beaucoup. Il secoua la tête et regarda autour de lui.


Les hommes étaient retournés à leurs postes et s’occupaient d’amener le navire jusqu’à la base. L’avantage de commander un bataillon de la marine d’élite, c’était qu’ils étaient autonomes et n’avaient pas besoin d’attendre qu’on leur file des ordres sans arrêt pour être efficaces. Gon se releva et s’ébouriffa les cheveux. Ce rêve l’avait secoué. Il ne se souvenait pas vraiment de tous ces détails. Ils étaient enfouis au fond de sa mémoire depuis des années. Ses parents, maître Honda… Le sang… Les cris de sa mère qui supplient avant de mourir… L’odeur de la mort…

Le sergent Blacknife tenta de sauver la face en prenant appui sur ses sabres, mais il dut finalement se résoudre à s’asseoir. Ses jambes tremblaient et ne le portaient plus.

Putain… Putain… Il faut que je me ressaisisse. Que je fasse partir ces images de devant mes yeux, que ses pensées s’en aillent. Pourquoi tout ça me revient maintenant ? J’avais des parents… Je ne me souviens même plus à quoi ils ressemblaient. Ni même leurs noms. D’où est-ce que je viens ? Bon sang, j’aurais préféré oublier tout ça. Mais le souvenir est là. Et bien là. Il refait surface pour m’empêcher d’oublier ce pour quoi je me bats. Pourquoi je suis là aujourd’hui, sur ce navire blanc, portant ce costume ridicule et commandant des hommes que je méprise. Je suis là pour faire tomber les Tenryubitos, faire s’effondrer le gouvernement et envoyer par le fond tous les pirates qui s’en prennent au peuple. Je le dois pour mes enfants. Ils doivent pouvoir vivre dans un monde où règnent la paix et les valeurs. Ouais, putain. C’est pour ça que je me bats.


Chancelant, il parvint à se relever et retourna dans la cabine de pilotage. L’endroit était exigu et deux hommes étaient déjà en train de s’occuper de la direction, en prenant compte du vent et des courants marins. Des cartes étaient étalées devant eux en vrac.
-Où en sommes-nous, messieurs ?
-Sergent, nous arriverons bientôt en vue de… Ho mon Dieu, vous allez bien sergent Blacknife ? Vous êtres très pâle.
-Ca va, ne vous occupez pas de moi.
-Bien, sergent. Nous devrions arriver au QG de South Blue d’ici deux heures.
-Parfait, je vais me reposer en attendant.

Il sortit de la pièce en claquant la porte et s’adossa immédiatement. Son corps était vraiment très faible. Il avait réussi à rester debout devant ses hommes, mais il devait aller se coucher de toute urgence avant de tomber dans les pommes. S’effondrant à moitié sur la porte de sa cabine personnelle, il appuya d’une main molle sur la poignée qui s’ouvrit violemment sous son poids. Il s’effondra mollement contre le sol et resta ainsi, le bras tendu vers son lit. De son pied, il referma la porte derrière lui. Il avait très mal au crâne.

Mais c’est quoi ce bordel ?!?! Qu’est ce qu’il m’arrive ?! Ma tête… Elle va exploser ! Je… je n’arrive même plus à me relever… Hein ? C’est… des voix ? Dans ma tête ? Je… je….


Se yeux se fermèrent et son corps s’immobilisa, restant affalé sur le sol de métal froid de sa petite cabine. Son visage crispé dans une expression de douleur, il avait perdu connaissance. Un filet de bave s’écoulait avec lenteur de sa bouche pour former une petite flaque. Des mains l’attrapèrent pour le secouer.
-Debout fainéant !

Gon se réveilla en sursaut et essuya rapidement la bave qu’il avait au coin des lèvres. C’était Mila, une nouvelle élève. Il ne voulait surtout pas avoir l’air idiot devant elle. Il ne savait pas pourquoi, après tout, cela ne changeait rien. Mais bizarrement, il voulait qu’elle le trouve… cool. Et fort. Lui montrer à quel point il était fort était sa principale préoccupation. Il se leva d’un coup, gardant son drap sur lui.
-Je… Je dormais pas !
-Si tu dormais ! Tu ronflais même ! Viens on va s’entraîner !
-Vas-y, je te rejoindrai. Je dois m’habiller.

La fillette partie, il se rassit en vitesse et attendit un instant. Il avait maintenant treize ans et entrait dans l’âge de la puberté. Son corps se prêtait à de cruelles expériences et le jeune garçon découvrait qu’un homme était soumis à certaines réactions physiques quand il se réveillait l’empêchant de se montrer immédiatement en public. Une fois sa fougue de jeunesse passée, il se leva vraiment et enfila sa tenue d’entraînement. Il était le dernier dans le dortoir. Ce n’était pourtant vraiment pas dans ses habitudes de rester au lit. La salle était très grande et comptait une dizaine de lits vides et défaits. Des sabres de bois, des livres, des jouets, des vêtements… Un sacré bazar régnait dans la chambre commune, sauf au niveau de Gon. A peine sortit de son lit, il le faisait et ses affaires étaient toutes impeccablement rangées. Il prit ses deux sabres et sortit en faisant glisser la porte en papier de riz.

Ses cheveux noués en une queue de cheval, la jeune fille de onze ans l’attendait déjà sur le tatami. Elle se battait avec des poignards, plus légers, plus faciles à manier, plus rapides. Leur poids était plus adapté à une fille. En effet, les enfants étaient en train d’apprendre la fameuse technique de la lame de plomb du maître Honda. En se concentrant sur son énergie, le maître était capable de transférer sa force dans sa lame afin de l’alourdir. Le poids des lames pouvait ainsi varier pour atteindre jusqu’à 10 fois son poids normal. Gon, s’entraînait depuis des années, tous les jours et commençait seulement à maîtriser le processus. Cela demandait beaucoup de méditation, de rigueur et de volonté. Mila, elle, était frivole et heureuse de vivre.

Le kendo était pour elle un moyen de se défouler et de s’occuper. Mais elle n’avait pas spécialement la passion ; ce qui ne l’empêchait pas d’être très douée. Ses parents l’avaient laissée au dojo car ils n’avaient plus les moyens financiers de s’occuper d’elle. Mais ils vivaient sur l’île et continuaient à la voir de façon très régulière.
-Enfin te voilà ! En garde !

Immédiatement, Gon entra dans un état de concentration intense. Ses doigts se resserrèrent sur les gardes et il fixa Mila qui était à présent son adversaire. Le combat commença. Les bâtons s’entrechoquaient en faisant un bruit exaspérant. Gon retenait ses coups volontairement. Il n’alourdissait pas ses armes et évitait de viser les parties sensibles comme la tête ou les côtes. De son côté, la fillette était déchaînée et frappait de toutes ses forces. Elle savait que Gon était de loin le meilleure combattant de l’école elle ne pensait pas une seconde qu’elle serait en mesure de le toucher. Au fond d’elle, elle savait même qu’il ne se donnait pas à fond et trouvait cette attention vraiment touchante. C’était pour ressentir cette intention qu’elle tenait aussi souvent à le défier.

Je dois rester concentré. Même si je refuse de la frapper, elle peut toujours m’aider à m’entraîner pour la défense. Je pare ses coups et j’esquive ses attaques. Un coup à gauche. Un coup à droite. Oh, elle charge. Mince, j’ai ses cheveux dans la figure. Et... ho, ils sentent vraiment bon. Elle a sûrement dut utiliser une fleur de cerisier pour se laver la tête. Et le corps peut-être aussi. Son corps qui…

BAM !

Le sabre de bois de la fillette vint frapper Gon au niveau de la tempe. Il vacilla un instant mais se refusa à tomber devant elle. C’était tout simplement impossible.

-Ba alors Gon ! Tu n’es pas du tout concentré ! A quoi tu pensais ?
-Je… à rien du tout ! Je n’ai plus envie de m’entraîner.

Il lâcha ses sabres et s’enfuit du tatami. Il se réfugia dans sa chambre et se posa sur son lit. Sa tête lui faisait mal mais ce n’était rien comparé à la douleur qui taraudait son orgueil. Il était réellement blessé. Pourquoi ne parvenait-il pas à se concentrer quand il se battait contre Mila ? La fillette passa la tête par la porte. Elle demanda à Gon si elle pouvait lui parler. Après une hésitation très courte, il hocha de la tête. Les deux enfants se retrouvèrent assis l’un à coté de l’autre sur le lit.
-Ca va Gon ? Tu avais l’air ailleurs. Je t’ai vexé tout à l’heure ?
-Non, non… Je… Je n’arrivais pas à me concentrer.
-Pourquoi ? Tu es totalement impassible d’habitude. Un vrai roc. C’est même ça qui me plaît chez toi.
-Je… je ne sais pas. Quand je suis avec toi, je… je pense tout le temps.

Mila resta un moment immobile à regarder le petit garçon à côté d’elle. Soudain, elle eut un petit rire et se pencha vers lui pour poser ses lèvres sur les siennes. Gon, choqué, ne sut pas quoi faire. Il resta immobile et se contenta de fermer les yeux. C’était agréable. Et… mouillé. Mouillé et froid. Il rouvrit les yeux et vit une plaque de métal à quelques centimètres de son visage. Ses lèvres touchaient le sol et il avait des fourmis dans le bras droit. Il s’était endormi sur son bras ce qui avait coupé la circulation sanguine.

Waouh… Je ne pensais pas que je pourrais un jour revivre cet instant magique. C’était génial. J’ai ressenti les mêmes sensations qu’à l’époque. Super… Mais je ne comprends pas pourquoi j’ai ces souvenirs qui m’assaillent comme ça. J’ai l’impression d’avoir carrément des hallus ! Et ce mal de crâne… Une vraie gueule de bois !


Grognant, il se releva et parvint à se hisser jusqu’à son lit et à se mettre en position assise. Il se sentait incroyablement faible. Il regarda avec pitié sa cabine un espace de huit mètres carrés comprenant un lit, un bureau et une étagère. Il n’y avait presque pas de place pour se déplacer. Ca puait la naphtaline. Tout était… Il n’était pas du tout à sa place ici ! Il n’avait rien à foutre là ! Il fallait qu’il s’en aille ! Qu’il retourne vers sa femme, l’amour de sa vie, dans son île. Pourquoi perdait-il son temps au milieu de ses connards de Marine ? Il n’arrivait pas à se sentir à l‘aise. Il se sentait oppressé, écrasé dans cet univers auquel il n’appartenait pas.

Une vague de chaleur le submergea. Il fallait absolument qu’il se barre d’ici. Qu’il fuit cette cabine exiguë, qu’il parte. Il utilisa son doigt pour ouvrir son col. Il manquait d’air. Ce souvenir de son premier baiser avec celle qui deviendrait plus tard sa femme lui avait fait prendre conscience que sa place était à ses côtés. Il se leva avec précipitation et se précipita vers la fenêtre pour tenter d’avoir un peu d’air. Dans la précipitation, les pieds du sergent se prirent dans les draps et il trébucha. Il fit un roulé boulé et s’emmêla dans les draps et les couvertures. Il partit d’un grand rire et se remit à rouler. La tête de Mila surgit des draps, un grand sourire sur le visage. Ils riaient tous les deux, parfaitement heureux.
-Gon ! Je t’aime !
-Moi aussi, je t’aime.

Les mains du jeune homme de dix-sept ans se baladaient sur le corps de Mila qui découvrait à son tour celui de son amant du bout de ses doigts fins. Les adolescents découvraient les courbes, la douceur, les zones sensibles. Leurs lèvres se rencontraient par moment avant de descendre au niveau de la poitrine et de remonter se perdre dans le creux de la nuque. Les mains allaient caresser tantôt les fesses, tantôt les seins. Ils s’aimaient avec une pureté et une innocence infinie. Se recouvrant du drap, ils s’enfermèrent dans une bulle d’intimité, d’amour et de plaisir.

Fermant les yeux, il laissa les lèvres de son amour se poser sur la sienne et sentit sa poitrine se soulever. Il sentit des coups au niveau de sa poitrine. Il rouvrit les yeux et tomba nez à nez avec un marine qui lui faisait du bouche-à-bouche. Il se redressa en hurlant. Un autre  homme lui massait la poitrine.

-Mais qu’est ce que vous foutez, bande de cons !!
-Sergent, vous avez fait une chute ! Vous aviez perdu connaissance, sergent !
-Foutez-moi le camp !

Les deux hommes se levèrent et s’enfuir littéralement en voyant que Gon commençait déjà à sortir ses katanas. Il pesta et s’essuya la bouche. Pauvres cons ! Ils venaient de le sortir de la plus belle vision de tous les temps ! Revoir sa femme dans sa jeunesse, la première fois… C’était probablement le rêve de tout homme. Il pesta et sortit. Il était d’une humeur véritablement massacrante. Ses poings se cognaient contre les murs de fer des couloirs, laissant des impacts convexes. Il alla jusqu’à la cuisine et attrapa un morceau de viande qu’il dévora d’un seul coup. Son corps était faible.

Je suis affamé, je n’en peux plus. Ces souvenirs sont d’une précision inouïe, je ne peux absolument rien faire contre eux. Ni les modifier, ni en sortir. C’est bien plus puissant qu’un simple rêve. Mais ça m’affaiblit énormément. Il faut que ça s’arrête. Enfin… si le dernier veut recommencer, je ne dirais pas non. La vache… Il est super bon ce gigot !


Pas rassasié le moins du monde, il se mit à fouiller partout dans la cuisine à la recherche de n’importe quoi de comestible. Un frigidaire se trouvait au fond de la pièce. Gon ouvrit la porte et fut frappé par une lumière blanche éclatante. Il cligna des yeux à plusieurs reprises et vit un homme avancer vers lui. Il portait un masque et tenait dans ses bras une masse rouge sanguinolente. Il s’approcha du bretteur et la déposa dans ses mains.
-Félicitations, monsieur. C’est un garçon.

Gon baissa les yeux sur le tout petit morceau d’homme qu’il tenait. Une nouvelle vie venait de naître. Une vie qui venait de lui et de Mila. Le mélange parfait entre sa force et la beauté de sa femme. Sa progéniture, sa descendance. Il porterait son nom et transmettrait sa lignée à travers les générations à son tour. Une larme coulait sur sa joue. Il tourna la tête vers Mila qui se trouvait à quelques mètres dans un lit. Elle souriait. Leur regard se croisa et ils se comprenaient. Ils étaient heureux. On lui tapa sur l’épaule. Le père se retourna et vit l’homme au masque qui lui tendait un enfant.
-Félicitations, monsieur. C’est une fille.

Il baissa alors les yeux sur son fils, Jilo, qui lui tenait la main en le regardant avec de grands yeux ronds. Il avait deux ans maintenant. Gon se baissa et chuchota à son oreille d’aller voir Maman. Voyant son fils marcher avec maladresse en direction de sa mère, il sourit avec fierté. Il se tourna alors vers le docteur et prit avec délicatesse sa fille. Elle était magnifique. Toute petite. Toute fragile. Une toute petite créature qui se recroquevilla au contact de ses grandes mains calleuses. Il se pencha et déposa un baiser sur le front fripé et humide son tout nouvel enfant.
-Sergent ? Qu’est ce que vous faîtes ?

Gon se redressa et vit un de ses hommes qui le regardait avec des yeux ébahis. Il se rendit alors compte qu’il venait juste d’embrasser un gros jambon sortit du frigidaire.
-Hein ? Heu… je… je le sentais. Pour vérifier que vous n’aviez pas laissé pourrir nos provisions ! On a pas un budget illimité vous savez ! Ca va se perdre tout ça ! Tiens, viens ! Tends tes bras ! Voilà !

Le gradé commença à sortir des vivres en pagailles et à les charger sur les bras du pauvre malheureux qui s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ces souvenirs l’avaient revigorés et il était à présent d’une humeur radieuse. Il allait faire un grand banquet pour liquider les restes. Un grand repas pour se remettre de toutes ces émotions.

Mon cerveau m’a infligé ces petites piqûres de rappel pour que je ne perde pas de vue mes objectifs. Je sais pourquoi je suis là. Pour protéger mes enfants. Je dois tout faire pour leur offrir la meilleure vie possible. Et cela commence par un monde où il fait bon vivre, sans mort, sans massacres, sans corruptions, sans injustices… Je dois le faire pour eux. Et pour aître Honda qui m’a tout appris et qui a pris soin de moi. Je vais rendre l’école de la lame de plomb célèbre à travers le monde. Et Mila… Ma tendre Mila. Je voudrais lui offrir le monde, l’emmener voyager. Mais je dois d’abord laver les mers de ces pirates ! Et le gouvernement mondial doit tomber pour montrer à tous que le crime ne restera jamais impuni et que personne n’est à l’abri de la justice.


Avec un grand sourire, Gon poussa dans le dos le matelot qui vacillait sous le poids des victuailles. Il mit ses mains en porte-voix et appela tous ses hommes à venir se restaurer. La réaction ne se fit pas attendre. Des dizaines d’hommes affamés sortirent de toutes les portes et arrivèrent, une expression incrédule sur le visage. Le sergent Gon n’était pas particulièrement apprécié de ses hommes. Peu sympathique, autoritaire, il avait tendance à traiter ses subordonnés avec mépris. Mais il voulait que cela change. Les hommes qu’il voyait autour de lui étaient les mêmes qui avaient combattu à ses côtés, ceux qui l’avaient aidé à combattre et éliminer cette raclure de pirate violeur et assassin. Ils étaient là pour purifier ce monde eux aussi. Ce n’était pas eux qui avaient rasé Ohara, engagé des Shishibukais ou pardonné à des Tenryubitos. Le gouvernement devait tomber, pas les marines.
-Les gars ! Vous avez fait du super beau boulot là-bas. Je suis franchement fier de vous. Vous m’avez montré que vous n’étiez pas des mous du genou et j’ai pensé que ça vous ferait plaisir de vous en mettre plein la panse avant qu’on ne retourne à la base. Faites vous plaisir !
-HOURRA !!

Tout le monde se jeta sur la nourriture sans attendre, attrapant à pleines mains les provisions et les engloutissant avec plaisir. Gon les regarda de loin, ne participant pas à l’effusion de nourriture. C’était des bons gars. Même si c’était des sales cons de marines, c’était des bon gars. Gon attrapa deux gros morceaux de viandes et les amena au deux pauvres gugusses qui étaient obligé de rester dans la cabine de navigation pour garder le cap. Il leur tendit les gigots.
-Merci sergent !
-Merci sergent !
-De rien, il n’y a pas de raison que vous soyez privés. Tout se passe bien ?
-Oui, le QG est en vue. Nous devrions accoster d’ici une quinzaine de minutes.
-Parfait.

Il allait pouvoir rentrer et apporter le cadavre froid du pirate à ses supérieurs. Ils l’engueuleraient parce que vivant c’est mieux. Mais c’était une question de point de vue. Il dira alors qu’il n’a pas pu faire autrement. Ce qui serait faux et tout le monde le saurait. Mais au final, on en aurait rien à foutre. Le fait est que plus personne ne se fera tué, ni violé par ce malade. Et c’est bien la seule chose qui importait.
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