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Ca passe ou ça casse!


Las Camp, Fin de matinée

Il y a des jours où tout va mal. Des jours où t’as l’impression d’avoir sauté à pied joint dans la merde avec deux pieds droits. Depuis des semaines, j’enchaînais les petites missions sans l’moindre intérêt pour la Triade et j’gagnais des miettes. Mon honneur était sacrément malmené, après tout c’que j’avais vécu, j’en était ramené au stade de larbin ; d’la chaire à canon, le niveau zéro d’la plus petite échelle sociale du monde. J’savais que si j’essayais d’arrêter, ça arrêterait mon existence par la même occasion. Pas que j’étais du genre égocentrique, m’enfin crever m’aurait pas mal embêté quand même. Surtout que j’avais trouvé une carte qui montrait probablement l’emplacement d’un trésor ! J’devais m’barrer et aller le chercher ! J’savais m’battre, j’étais même sacrément balèze, mais j’étais pas idiot au point de vouloir défier Kakihara. Ce type était un vrai psychopathe sans la moindre faille. Pour l’avoir affronté une fois déjà, je savais que je ne faisais pas l’poids. J’lui avais pas fait la moindre égratignure alors qu’il s’était laissé faire. J’avais pas l’choix. J’devais obéir en attendant une opportunité de m’tirer d’là. Mais d’ici là, j’devais continuer à pourchasser ceux qui ne payaient pas la taxe, intimider les nouveaux arrivants, éliminer les curieux… Le sale boulot quoi…

Aujourd’hui, la matrone Singh avait décidé d’pousser encore un peu plus loin l’humiliation. Elle m’en voulait depuis que j’avais éventré un mec sur la place publique. Elle avait eu beaucoup d’mal à étouffer l’affaire et avait eu des soucis avec la Marine. Peuarf ! Elle avait oublié d’préciser qu’depuis cet acte choquant, on n’avait presque plus personne qui essayait de s’en sortir sans payer la taxe. J’avais marqué les esprits et dissuadé les mauvais payeurs de s’esquiver. J’lui avait fait gagner du pognon et d’la notoriété, bordel ! Alors pourquoi maintenant j’avais du aller filer les pots d’vins aux marines ?! C’était dégradant !

Ça avait assez duré ! J’allais aller la voir et lui dire ma façon d’penser, rien à foutre des conséquences. Y a un type qu’a dit un jour un truc très cool à propos d’vivre à genoux et d’mourir debout, ou l’inverse, j’sais plus. En tout cas, j’allais pas rester une lavette toute ma vie. J’voulais bien continuer à travailler en attendant de m’enfuir, mais pour faire des boulots dignes d’moi, dignes d’mes capacités et qui m’rapportent quelque chose ! Après tout, j’avais déjà réussi une mission que tous les autres triades ne parvenaient pas à faire ! Ca méritait bien un peu de reconnaissance. Les mafiosos n’avaient pas d’pitié, pas d’remords mais ils avaient un sens de l’honneur. J’allais devoir jouer là-dessus.

J’arpentais les rues, les mains dans les poches, en pensant à la façon dont j’allais présenter la chose. J’risquais ma tête dans l’histoire quand même. Un mot d’travers et j’finissais six pieds sous terre. Et vu ma maîtrise approximative de la langue, c’était presqu’une mission suicide que de l’ouvrir. Mais je l’devais absolument. J’pouvais pas moisir ici toute ma vie. J’devais reprendre la mer, retourner sur Grand Line et retrouver les enfoirés à qui j’dois la perte d’mon bras. Pas qu’ça m’dérange tant qu’ça finalement de pouvoir utiliser ma prothèse, mais c’était une question d’principe. On ne se fout pas d’la gueule de Barracuda. Point barre. C’était la règle numéro un.

J’réfléchissait tellement que j’faisais pas du tout attention à c’qui s’passait autour d’moi. Sans m’en rendre compte, j’avais fini par arriver juste devant l'bâtiment. L’plus grand bordel de tout Las Camp, une immense bâtisse d’un blanc éclatant avec une multitude de fenêtres aux volets rouges. Les trois premiers étages n’étaient composés que d’chambres. Le dernier était entièrement consacré à madame Singh. Fallait savoir que les chambres étaient accessibles par la clientèle alors que l'seul escalier menant au quatrième partait de l’arrière boutique où on accédait par une petite ruelle à l’abri des regards. Les deux gardes habituels encadraient la porte d’entrée. Alors que j’allais passer, ils m’ont repoussé violemment du plat d’la main.


-Tu vas où comme ça Barracuda? Tu n’as pas rendez-vous avec Madame Singh.
-Je sais. Faut que j’lui cause.
-C’est Madame Singh qui dit qui doit lui causer. Casse-toi.
-Allez, putain, sois cool ! J’laisse mes armes ici. Même, vous m’escortez si vous m’faîtes pas confiance !
-Je te fais pas confiance. Et je t’accompagnerais pas. Dégage
-PUTAIN !! J’TE DIS QUE J’DOIS LUI PARLER !! LAISSE MOI PASSER !
-Barracuda, m’oblige pas à devenir violent ! Tire-toi ou on s’occupe de toi !
-HA OUAIS ?! ET BEN VIENS ! VIENS !
-Il y a un problème ici ?

La voix venait de l’intérieur du bâtiment. Personne ne doutait d'sa provenance. Ce ton froid et sec, ce timbre fluet où planait la menace et cette lenteur insupportable… Kakihara. Je m’suis immobilisé. Ce type avait l’pouvoir de faire disparaître toute volonté chez moi. J’pouvais juste me taire et ne plus bouger. Pour l’avoir déjà accompagné lors d’une d’ses missions, j’savais que c'mec n’était pas normal. Il provoquait des souffrances terrifiantes chez ses victimes. Il ne s’contentait pas d’tuer, il torturait avec ses aiguilles en piquant des nerfs, des zones spéciales qui provoquaient des souffrances abominables. Même moi je m’étais senti mal à l’regarder faire.

Il a passé la tête par l’embrasure et ses cheveux blancs s’sont mis à scintiller. Il a levé l’menton et l’soleil s’est réverbéré sur les cicatrices ignobles qui lui barraient le visage. Sa simple image était dérangeante. Il était défiguré, mais j’aurais mis mon autre main à couper qu’il se l’était fait lui-même. Recherche de jouissance dans la souffrance ou un truc comme ça. Un malade…


-J’ai posé une question, il m’semble.
-Non, Kakihara, aucun problème. On discutait, c’est tout.
-Ouais, rien d'méchant...
-C’est étrange, j’ai cru entendre : «  ha ouais, et ben, viens, biens. »
-Je veux parler à madame Singh.
-Humhum… Tu sais que tu n’en a pas le droit. Alors pourquoi es-tu là ?
-Il faut vraiment que j’lui parle. J’veux des vraies missions ! Une promotion ! Je l’ai mérité, sérieux !
-Ce n’est pas à toi d’en décider. Va-t-en.

Il a tourné les talons et a disparu dans les ténèbres sans s'retourner. J’suis resté là un moment, le poing serré et tremblant, sous l’regard moqueur des gardiens.
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J’fulminais ! Ils m’avaient refusé l’accès ! A moi ! Ha ça, à chaque fois que la boss avait un bouton sur l’cul, elle hésitait à m’faire venir pour chercher une pommade chez l’médecin ! Mais quand c’est moi devais lui parler, l’accès était refusé ! SALOPE ! Ils m’traitaient comme un simple grouillot ! Comme une merde ! Mais j’allais entrer, j’allais lui parler et elle allait m’écouter, foi d’Barracuda ! Ils n’pourraient pas m’repousser ad vitam aeternam, elle allait bien devoir sortir. J’marchais dans les rues sans réfléchir, cherchant à tout prix un moyen d’rentrer sans passer devant Kakihara. C’était pas mon truc l’infiltration, ni la stratégie. Bordel, j’étais pas un intellectuel, j’réfléchissait pas ! Il y a des mecs qu’on des neurones à plus savoir quoi en foutre et pas plus que la peaux sur le os, des Kyoshis en puissance, des rats d’laboratoire et des stratèges. Moi j’étais un impulsif, un combattant ! L’corps humain n’avait pas assez d’cellules pour faire à la fois des muscles et d’la matière grise. C’était toujours une sorte de balance. Et moi, ça penchait clairement du côté des biscotos.

Pour parvenir à mon résultat, il y avait des centaines de possibilités. Mais seuls deux étapes étaient primordiales et inévitables. Faire sortir Kakihara du bâtiment et pénétrer à l’intérieur sans m’faire voir. Tabasser les gardiens était impensable, mon but n’était pas d'devenir un ennemi d’la Triade, au contraire, d’leur prouver que j’étais bien plus débrouillard qu’ils ne l’pensaient et que j’pouvais prétendre à plus grand. J’allais avoir besoin d’matos. Je m’suis dirigé vers l’marché. J’savais qui pourrait m’être utile. L’marché d’Las Camp était un grand foutoir où tout l’monde essayait d’vendre les saletés trouvées un peu partout dans les poubelles. La pauvreté et l’manque d’hygiène était les deux principales causes de mort dans l’coin et fallait pas chercher bien loin pour l’deviner.

J’ai tourné pendant une dizaine de minutes avant d’trouver celui que j’voulais. « Duffy, les vieux tuyaux ». C’type était  une vraie plaie, l’mec qui t’tiens la jambe pendant des plombes pour t’faire part d’son dernier plan foireux dans lequel il veut t’faire entrer. Mieux valait s’en tenir éloigné, mais même les boulets ont leur avantage. Cette vraie sangsue avait énooooooormément de relations. C’était un incapable mais il connaissait tout l’monde a Las Camp et pouvait quasiment tout trouver. Je m’suis approché d’lui et il m’a reconnu immédiatement. Il a lâché la carte bidonnée qu’il essayait d’refourguer à un pigeon et s’est précipité vers moi.


-Hey Barracuda ! Ca fait une paye ! Justement je viens juste de recevoir des oeufs de sirène, ça te dit ? 500 000 berrys pièces, tu les fais éclore et tu les revends au centuple ! Une affaire en or ! Je t’en mets combien ?
-Garde tes arnaques pour les autres. La dernière fois que je t’ai fait confiance, j’ai failli finir au trou.
-Bon allez, pour m’faire pardonner, je te les fais à 300 000 berrys pièce.
-Garde tes merdes, même pour une omelette j’en voudrais pas. Tu es toujours en contact avec le chantier ?
-Le chantier ? Oui, bien sûr, t’as besoin de quoi ? Fusils, canons, tourelles ?
-Juste un baril de poudre et de l'ether. Tu peux m’avoir ça ?
-Ouais, pas de soucis, reviens dans deux heures avec 30 000 berrys.

Fallait vraiment être con pour s'faire avoir. Les sirènes n'pondent pas d’œufs, elles font des tétards, c'était connu! Il m'faisait marrer cet idiot avec ses grandes jambes décharnées, ses dents jaunes et cette calvitie entourée d'quelques cheveux crades et en bataille. Tout en lui inspirait l'mépris. Et pourtant, c'était un des plus vieux lascars de Las Camp. Faut croire qu'la technique d'la pitié fonctionnait bien. Personne n'trouvait l'moindre intérêt ni la moindre fierté à lever la main sur c'looser en puissance. Je l'ai regardé s'barrer et j'ai commencé à flâner. J'avais une heure à perdre alors autant mater un peu c'qui s'vendait. L'marché d'Las Camp avait une particularité, il n'y avait pas d'étals, aucune marchandise n'était exposée afin d'être mis en valeur. Il y avait tellement de fauche que cette pratique avait disparu depuis un bout d'temps.

Tout l'monde portait sur lui, ou tout du moins juste à ses pieds, ce qu'il proposait et criait tout fort pour qu'les éventuels clients s'approchent et demandent à voir. L'effet visuel était bizarre; des gens déambulaient et tournaient en rond sur cette place, sans aucun but pour un œil étranger. Mais pour celui qui savait écouter et discerner les offres dans tout ce bordel sonore, on pouvait tomber sur des choses très intéressantes. J'ai repéré des moteurs en état d'marche, des armes, des barils d'huiles... Toutes ces choses avaient été fauchées sur les chantiers, sans l'ombre d'un doute, et pouvait avoir une grande valeur pour des gens dans la galère. Avec un baril d'huile, on pouvait s'chauffer pendant des mois ! Ou bien cramer tout un galion, tout dépendait d'ses ambitions personnelles.

J'ai fini par m'poser dans un coin et piquer du nez en attendant qu'il revienne. Bien sûr, j'me suis pas endormi, c'était vraiment la dernière chose à faire dans un endroit pareil. J'ai d'ailleurs dû relever la tête plusieurs fois pour dissuader quelques crevures de m'vider les poches. Ca peut sembler horrible comme ça, mais Las Camp a un charme. Faut juste savoir l'apprécier et connaître les quelques règles de base à respecter pour s'en sortir. N'faire confiance à personne. N'être digne de confiance pour personne. Saisir chaque occasion qui s'présente du moment que ça n'pose de problèmes qu'aux autres. Fort heureusement, il arrive de trouver des gens biens, des gens qui essayent d'aider les autres et de relever l'niveau. On les reconnait facilement, ce sont tous les cadavres qui s'entassent dans la fosse commune.


-Ha! T'es là! Je te cherchais partout. Viens, j'ai ce que tu m'as demandé. De la poudre à canon et de l'ether, héhé! Toi, je suis prêt à parier que tu prépares un sale coup.
-La ferme Duffy, file moi juste le matos.
-Hey! Et ma thune alors?
-J'te la filerai après, promis! Si tu veux, tu peux demander aux fils du maire de te les filer!

Je m'suis barré en courant. Comme j'disais, vaut mieux pas être digne d'confiance. Bien sûr, si je m'en sortais, j'reviendrais pour l'payer. Mais si j'me faisais buter, autant pas perdre de temps. Et puis, ce connard avait failli me faire envoyer en taule en m'revendant les fils du maire comme des esclaves trouvés. J'lui devait une crasse et il l'savait. Maintenant, il ne restait plus qu'un élément pour que mon plan soit au point. Une chaudasse. Ça, c'était pas compliqué à trouver. Mais une chaudasse ne travaillant pas déjà pour madame Singh, c'était déjà plus compliqué.


Dernière édition par Henry Morgan le Lun 23 Juin - 16:40, édité 1 fois
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S'il y a bien une chose que j'ai appris en vivant sur cette île, c'est que contrairement à ce qu'on dit, l'habit peut très bien faire l'moine. Certaine chose n'ayant pas de fond véritable se résument à un simple emballage. Et les gonzesses, ça en fait partie. N'importe quelle mocheté peut devenir une bombe sexuelle du moment qu'elle porte une robe montrant les bons endroits et avec une couche de maquillage suffisemment épaisse pour qu'on n'voit plus son visage. Bien sûr, je parle seulement du côté "utilitaire" des femmes. Si on s'met a chercher des sentiments, des émotions ou des trucs dans c'genre, ça n'marchait plus aussi bien. Mais là, c'était hors de mes compétences.

J'connaissais les mecs, j'savais qu'une beauté fatale détourneraient l'attention des gardiens sans le moindre problème. Deux mammelles était tout ce dont j'avais besoin pour déconnecter de façon certaine des cerveaux masculins. J'marchais dans les rues en jetant des coups d'oeil à droite, à gauche, à la recherche de deux nanas, pas trop grosses et pas trop petites en relativement bon état. Ca n'a pas pris trop d'temps, j'suis tombé sur une jeune d'une vingtaine d'années... Mais si, elle avait la vingtaine voyons! Très moche, mais aux bonnes proportions. Adossée contre un mur crade, elle avait le profil type de la fugueuse en rebellion contre ses parents. Je m'suis posté devant elle et elle ont poussé un petit cri avant de se recroqueviller. Elle était déjà passée par des trucs pas cools pour réagir comme ça. Une demoiselle ne devrait pas trainer dans les ruelles de Las Camp. Enfin.... Ca arrangeait bien mes affaires qu'elle le fasse. Je m'suis accroupi et j'me suis penché vers elle.


-Salut miss. Tu peux m'rendre un service?
-Allez-vous en! Je ne suis pas comme ça!
-J'veux rien d'toi. J'ai besoin d'une jolie fille pour distraire des hommes. Mais pas d'sexe, tout ce que t'auras à faire, c'est d'attirer leur attention et d'faire en sorte qu'ils n'fassent pas attention à moi. Tu penses pouvoir faire ça?
-Ils ne me toucheront pas?
-A moins que tu n'les laisses faire, non.
-Et qu'est ce que je gagne dans l'histoire?
-Un relooking complet et de quoi manger toute la semaine, tranquille.

J'ai sorti une liasse de billets et lui ai donné dix mille berrys. Elle s'est saisie des billets avec tant de force qu'elles les a presque déchiré. Hahaha, l'argent faisait tout. Vraiment. Je l'ai attrappée par la main et je l'ai emmené chez la grosse Bertha. Cette femme couturières était réputée sur l'île pour proposer les tenues les plus explicites, les plus vulgaires et les plus indécentes de West Blue. Son commerce était florissant. L'intérieur de sa boutique était étouffant, il y avait des tissus de toutes les textures et de toutes les couleurs qui pendaient de partout. Pour se déplacer, il fallait nager comme à travers une jungle de liane en ressentant la douceur de la soie ou la chaleur de la laine. J'ai poussé la gamine dans l'dos et j'ai lancé une bourse contenant trente mille berrys.

-Tiens Bertha, transforme la moi. Vêtements, accessoires, maquillage, prothèse.... Tu fais comme tu veux mais j'veux qu'sur son passage les boutons d'pantalons s'mettent à sauter comme des bouchons d'champagne!
-C'est comme si c'était fait.

A peine vingt minutes plus tard, la fille est ressortie complètement métamorphosée. Les jambes complètement nue, avec une coiffure ridicule, des rubans, des bout d'tissus qui volent... Son visage était toujours laid, mais la grosse Bertha avait réussi à ce qu'on ne l'regarde plus.

Ca passe ou ça casse! Aaa10

Ça ferait largement l'affaire.
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-Tiens, c’est ces deux là. Faut que tu m’les fasses partir d’la porte. Occupe les un moment, fais leur la conversation en agitant tes miches, débrouille toi mais ils doivent s’barrer d’leur poste.  
-Ouais… Et après, je pourrais partir ? Pour de vrai ?
-Ba ouais, donne moi cinq minutes et après tu fais c’que tu veux.

La p’tite s’est avancée et a marché lentement avant de passer d’vant eux, l’air de rien. Elle était douée. Une approche trop directe aurait éveillé les soupçons, elle l’avait bien compris. Du coup, elle avait préféré faire en sorte que c’soit eux qui l’accostent les premiers. Ainsi, non seulement ils ne s’douteraient de rien, mais en plus, ils seraient flattés qu’une pouliche réagisse à leurs appels et ils s’concentreraient d’autant plus sur elle. J’avais bien choisi mon leurre. D’ailleurs, la réaction ne s’est pas faite attendre. Antonio, celui d’droite avec le costard marron et les cheveux gominés en arrière, a levé l’bras pour l’arrêter et lui a fait l’coup du contrôle d’routine, un classique pour peloter tranquillement une gonzesse sans l’moindre risque de s’prendre une baffe. Ricardo, celui d’gauche avec le costard vert et les lunettes de soleil est vite rentré dans son jeu.

Mais la fille ne l’entendait pas d’cette oreille. J’lui avais dit qu’elle aurait pas à s’faire toucher. Elle s’est mise à reculer en leur disant de n’pas approcher. Humpf, cette gourdasse allait tout faire capoter en jouant la vierge effarouchée ! Heureusement, les deux gars n’avaient pas l’intention d’la laisser filer aussi facilement et s’sont mis à avancer vers elle, l’air menaçant. Elle s’est mise à trembler et à balbutier avant d’prendre ses jambes à son cou. Les hommes en rut s’sont immédiatement lancés à sa poursuite, après avoir sorti chacun un couteau. J’suis resté là, un peu étonné. C’était pas franchement l’plan prévu à la base, mais le résultat était là. La porte était libre. Je m’suis approché le plus lentement possible de la porte et j’ai glissé ma tête.

Putain, Kakihara était adossé juste là, les bras croisés et la tête baissée. Ce type dormait littéralement debout, à l’affût de la moindre menace. J’ai reculé vivement. Le moindre son suspect suffisait à le réveiller. J’ai reculé sur la pointe des pieds avant d’sortir le matos que Duffy m’avait trouvé. J’risquais gros là. Si mon plan foirait, Kakihara me ferait sauter la tête sans l’moindre doute. Et toute ma vie dépendait du matériel que m’avais fourni Duffy… C’était presque du suicide, mais j’étais déterminé et j’allais pas chier dans mon froc maintenant. Au pire, j’pourrais toujours m’enfuir et aller m’enterrer dans les profondeurs de Troop Erdu. Après quelques années, j’finirais peut-être par m’intégrer… Putain, il fallait vraiment qu’ça marche ! J’ai déchiré le bas d’mon pantalon et je l’ai imbibé d’éther jusqu’à c’que ça dégueule d’partout. J’ai arrêté d’en verser quand j’ai commencé à perdre l’équilibre et à voir des papillons.

J’ai versé toute la poudre dans l’tissu et je l’ai refermé comme un baluchon avant d’y foutre le feu. Ca a pas tardé à s’enflammer et je l’ai balancé dans l’embrasure d’la porte. En quelques secondes à peine une épaisse fumée s’échappait d’la porte. On aurait pu croire que c’était un putain d’incendie qui v’nait d’se déclencher. Sauf que la fumée était pleine d’éther, bwahaha ! Kakihara s’est réveillé, je l’ai entendu gueuler un coup, mais quelques secondes après, j’ai entendu son corps tomber au sol dans un bruit sec. Ca avait marché ! Après une grande inspiration, j’ai foncé à l’intérieur et j’ai cherché à tâtons l’corps inerte de l’assassin avant de l’traîner dehors. C’est pas qui m’plaisait l’lascard, au contraire, j’avais bien envie d’lui trancher la gorge, mais ça m’aurait pas aidé dans ma démarche, au contraire. Je l’ai donc laissé là, sur l’béton et j’suis entré dans l’bâtiment.

Ca faisait bien plus d’fumée que je l’pensais et tout l’escalier était enfumé jusqu’au premier étage. Je suis sorti du panache en reprenant ma respiration. C’était juste, j’étais sur l’point d’plus avoir d’air. J’ai pris deux secondes pour reprendre mon souffle et j’ai commencé à grimper les marches. A chaque fois que mon pied montait, je sentais une boule de stress grandir dans mon bide. Maintenant que j’étais sur l’point d’parler à la matronne, j’savais plus trop c’que j’allais lui dire.


-Madame, il faut qu’on parle. Non. Il est grand temps que… Non. J’estime que… J’exige… Surtout pas… Je… Non plus.

Avant même de m’en rendre compte, j’étais devant la porte. Une petite fenêtre permettait d’avoir un minimum de lumière pour lire l’écriteau. Accès interdit. C’était simple, sobre. Mais je l’connaissais bien, je passais à chaque fois que j’étais convoqué. Mais c’était la première fois que j’entrais sans autorisation. J’ai inspiré un grand coup, j’ai toqué et j’suis entré avant qu’elle ait le temps d’répondre. Je comptais pas lui laisser l’occasion de m’déstabiliser.

-Madame, pardonnez cette intrusion mais il est grand temps qu’on parle d’ma situation. Depuis des mois maintenant, j’bosse pour vous sous la menace mais j’suis pas un gars qu’est fait pour faire l’larbin. J’veux un partenariat. J’vous vends des esclaves mais je n'suis pas un d'vos gars. J’veux ma liberté ! Dîtes moi ce que je dois faire pour qu'on soit quittes et que je puisse partir.

J’ai attendu quelques secondes. Elle était pas là…

Mais quelle salope ! Comment elle pouvait n’pas être là ? Pourquoi il y aurait eu des gardes devant la porte alors ?! Soudain, j’ai entendu un petit « clic » derrière moi. Et merde… J’ai levé les mains…
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Pour l’effet d’surprise, il faudrait repasser. La matronne était derrière moi et m’braquait avec son canon scié. J’la voyais pas, elle était dans mon dos, mais j’pouvais l’imaginer parfaitement. A force de la fréquenter, j’connaissais par cœur ses petites manies. A cet instant, elle avait un pied sur une chaise et tirait fortement sur son fume-cigarette d’vingt centimètres. Son fusil était posé sur sa cuisse et elle avait l’doigt sur la gâchette, prête à tirer au moindre mouvement d’ma part. C’était l’instant fatidique. La seule chose qui m’réconfortait, c’était le fait qu’elle ait entendu mon speech avant d’me braquer. Elle m’avait laissé finir, ce qui signifiait qu’elle avait pris en compte c’que j’avais dit.

-Barracuda… Tu me déçois beaucoup… Il me semblait pourtant qu’on était d’accord. Tu me dois énormément d’argent et tant que tu ne m’auras pas remboursé, tu m’appartiens.

J’ai gardé les mains en l’air et je n’me suis pas retourné. Un coup était si vite si parti.

-J’ai pas dit l’contraire, madame. Mais on sait tous les deux qu’ma dette n’est pas chiffrable et donc que je n’pourrais jamais partir. Donnez moi une mission qui vous rapportera suffisamment pour dire qu’on est quitte et puis basta. N’importe quoi ! C’que vous voudrez, je l’fais !

La trésorière d’la Triade s’est mise à partir d’un grand rire et m’a autorisé à m’retourner. Exactement comme je l’avais imaginé, elle m’pointait d’son arme fétiche, le fume-cigarette aux lèvres. Visiblement, elle n’était pas en colère pour mon intrusion, ou du moins elle ne l’montrait pas. C’était très bon signe si elle était sincère, signe de mort si elle jouait la comédie. Elle tira quelques bouffées et baissa son arme, l’air songeuse.

-Hummm… Une mission qui permettrait d’effacer dix ans de pertes de profit… Huhuhu, c’est une bien grosse tâche qui t’attend dans ce cas. Une tâche dont tu as de grandes chances de ne pas venir à bout. Voyons… Tu pourrais… Tuer la commandante d’élite Sissi qui nous impose cette fichue loi martiale. Ou bien… attaquer le QG West Blues pour montrer que nous ne tolérons plus leur couvre feu…
-Heu… Madame, je suis tout seul, ce genre d’chose m’est totalement impossible.
-Hoooooo quel dommage… Je vais devoir te garder encore un peu avec moi alors.

Soudain, la porte s’est ouverte à la volée. Kakihara a déboulé, rouge de colère et d’avoir monté les étages à toute vitesse. Il s’est avancé et a posé l’genou à terre. En à peine trois secondes, il s’est excusé d’son incompétence, a expliqué pourquoi il j’avais réussi à entrer et a proposé de se trancher lui-même la gorge pour expier la honte d’son échec. Il était vraiment dingue… Sinhg lui a demandé de s’relever et lui a demandé son avis sur la situation. L’assassin me jetait des regards de haine pure mais savait qu’il n’pourrait pas m’toucher à moins d’en recevoir l’ordre direct. Il a réfléchit pendant un instant et a calculé dans sa tête le montant d‘ma dette. Les yeux fermés, on sentait qu’il réfléchissait fortement.

-Il pourrait peut-être s’occuper de détruire dans l’œuf, le Virgo.
-Hummmm… Intéressant. Très bonne idée. Barracuda. Une nouvelle drogue a fait son apparition dans West Blue il y a quelques mois. Ses effets sont dévastateurs et les clients boudent petit à petit l’opium. Les ventes sont en chutes libres. Il est vrai que si tu parvenais à empêcher sa production ou au moins sa distribution, cela rachèterait ta dette.
-Et… Cette drogue est dans un œuf, c’est ça ?
-Quoi ?
-Vous avez parlé de la détruire dans l’œuf.
-…
-…
-Ben quoi ?
-Il faut que tu la détruises avant qu’elle ne se propage de trop. Donc agir vite et frapper fort. Maintenant va. Et n’oublie pas ! Tant que tu n’auras pas accompli ta mission, tu m’appartiens toujours.

Punaise. Bon, au moins j’avais eu ce que je voulais. Un moyen de partir de la Triade sans effusion d’sang. Notamment du mien qui avait toujours eu une valeur toute particulière à mes yeux. Mais j’avais du pain sur la planche. Cette drogue, personne ne semblait savoir d’où elle venait. Il allait falloir que j’commence par obtenir des informations, trouver qui la vend, d’où elle vient et aller trouver ceux qui la produisent. J’étais loin d’être encore libre…
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