[Ce FB vise à mieux décrire l'avancée pas à pas d'Alrahyr et de sa rébellion. Basé sur un RP solo, j'accepte à bras ouverts tous ceux qui voudront se joindre à moi ! Après tout, l'imprévu est de rigueur. Contactez moi par MP avant pour que je n'écrive pas la suite, en attendant votre post.]
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Ce flashback se déroule en hiver 1625 (il y a 6 mois).
Prologue disponible sur ma présentation, en place de mon test RP en cliquant >> ici <<
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Chapitre I : le Doute
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Le lendemain de l’affrontement aux champs de Boréa, la gazette de l’île avait publié les faits :
« Les Boucliers Rouges menés par Kaltershaft affrontent un noble ! Ils reprennent par les armes les terres qu’il venait de s’approprier ! »
L’engrenage était en marche. Il fallait maintenant suivre le mouvement pour ne pas en subir de trop lourdes conséquences…
Et le premier problème arriva. Alors qu’Alrahyr avait convoqué plusieurs de ses hommes – incluant Stan et Nayami –, Franck débarqua dans la Grande Salle, suivi de son fils Arry.
- Kaltershaft ! Est-ce qu’on peut m’expliquer pourquoi tu t’es permis d’enfermer mon fils tout l’après-midi d’hier ?
Il était autant en colère qu’outré des faits :
- J’ai entendu sa version, mais je ne peux pas croire que toi, le rejeton Kaltershaft, la famille la plus appréciée de la ville, tu aies pu faire une chose pareille ! Donne-moi ta version !
Alrahyr savait très bien ce qu’il allait se passer. Ses actes n’étaient pas communs aux habitudes de Bocande ni de Boréa et choqueraient n’importe qui n’ayant pas assisté à la scène, même en leur décrivant précisément les événements. Et c’était très probablement ce qui était en train de se produire : il y avait fort à parier qu’Arry ait décrit très correctement l’après-midi de la veille. Il répondit donc :
- Dis-moi ce qu’il t’a expliqué…
Il était inquiet, cela se sentait, même s’il faisait tout pour ne pas le laisser transparaître. Les gens en général allaient avoir du mal à accepter des actions comme celles effectuées vis-à-vis d’Arry, mais Alrahyr savait pertinemment que cela pourrait se reproduire, et serait même nécessaire dans certains cas.
- En bref, commença Franck, il voulait aller plus loin que la simple reprise des champs et tu étais opposé à cette démarche. Tu l’as donc fait enfermer pour éviter qu’il agisse. Est-ce vrai ?
- Tu aurais accepté qu’il ordonne de tuer les Gardes-Esclaves et qu’il risque l’intégrité de Bocande en s’attaquant ouvertement aux nobles dans leur ville, à Bourgeoys ? répliqua Alrahyr.
- N’élude pas la question ! Est-ce que ce qu’il m’a dit est vrai ?
On sentait la colère monter dans le ton du père d’Arry. Son interlocuteur était mal à l’aise, même s’il ne regrettait en rien ses actes. Il répondit d’une faible voix :
- C’est vrai.
- Chaque mot ?
- Chaque mot.
- Y compris l’incarcération ?
- Je ne voulais pas qu’il risque quoi que ce soit ! Il se serait probablement fait tuer à Bourgeoys !
Franck était maintenant hors de lui.
- Oh, tu as fait ça pour le protéger, hein ? Oui bien sûr, je vois où tu veux en venir !
Il marqua une pause. Puis il reprit :
- Ces hommes, ces armes, ces couleurs… Ils te sont fidèles, oh oui, ils sont prêts à se battre pour ta cause ! …
- Notre cause !
- … Et que vas-tu en faire ? Et après ? Tu prends les décisions, tu évinces tes « concurrents », en les emprisonnant pour leur « protection » ?...
- Je n’ai pas de concurrent ! Nous sommes tous alliés !
- … Et pour les protéger de quoi ? De leur propre but ? Ou alors peut être les mets-tu simplement à l’écart ! Que vas-tu faire après, réunit des hommes, les armer ? Ils vont t’écouter, ils se battront pour toi !
Franck était désormais le seul à parler. Tous l’écoutaient, cette vingtaine d’hommes et de femmes de confiance du jeune homme.
- Que planifies-tu ? Je le vois, je le vois depuis le début, j’ai compris ! Réunir une armée sous tes couleurs, te révolter contre Bourgeoys et les attaquer, les détrôner ! Et ensuite ? La Marine de Lavallière viendra pour rétablir l’ordre ! Le Roi de Boréa leur donnera ses troupes, ces mêmes troupes que tu as fournies en armes !
- Je le convaincrai de se rallier à moi.
- A toi ? Ha ! Ecoutez-le ! Mais pour qui te prends-tu ? Et, quand bien même tu y arriverais, que feras-tu après avoir pris le contrôle de l’île ?
Alrahyr ne savait que répondre. Franck parlait d’un ton moitié menaçant, moitié arrogant.
- Je connais les rêves de ta famille, je les ai côtoyés depuis bien trop longtemps. Ha, « méritez vos possessions » ! Un rêve d’une nation basée sur ce principe. C’est cette nation que tu veux ? Un royaume à toi ?
- Je ne désire pas être Roi. Je ne veux pas détrôner ceux qui méritent de régner. Certains royaumes sont stables et doivent le rester.
- Oh ! Mais de quoi parles-tu ? Tu vois plus loin que Boréa c’est ça ? Attend, qu’est-ce qui est plus grand qu’un Royaume…
Il laissa traîner le suspens quelques secondes, même s’il savait déjà pertinemment ce qu’il allait dire. Et en réalité, tout le monde le savait déjà. L’homme reprit la parole :
- Un Empire. Le jeune Alrahyr Kaltershaft veut devenir Empereur ! Et au nom de quoi le mériterais-tu ?
- Je l’aurai bâti de mes mains, par mes actes et ceux de mes alliés… En cela je pourrais envisager de mériter une telle place. Parce que nous aurons créé cette nation unie ensemble, à mon initiative.
- Tes actes ? Comme l’emprisonnement de tes concurrents ?
Franck s’approcha plus près du jeune homme. Il n’était pas menaçant, mais révolté à l’idée de ce dont il parlait.
- Ce ne sera pas un Empire de liberté. Ce sera une Tyrannie ! Et tu en seras le Tyran. Tu te caches sous tes principes, mais tu es comme tout homme, tu veux le pouvoir, plus de pouvoir que tu ne le mérites.
- Tu n’en sais rien Franck ! Ton fils est un révolutionnaire ! Que proposent les révolutionnaires après avoir renversé le Gouvernement Mondial ? Qu’envisagent-ils de faire du Monde ?
- Pas une tyrannie en tout cas…
Alrahyr s’adressa à tous :
- Les révolutionnaires s’attaquent directement au Gouvernement Mondial, ils veulent le destituer et prendre sa place pour régner sur le Monde à sa place ! Quoi qu’ils veuillent, ils échoueront !
Franck l’interrompit :
- Haha, écoute-toi. Tu ne sais pas de quoi tu parles…
- Je ne sais pas ? Connais-tu la faiblesse du Gouvernement actuel, sais-tu pourquoi ils en sont là, pourquoi nous sommes plongés dans cette ère de chaos ?
Tout le monde attendait la réponse. Jamais une telle discussion n’avait eu lieu ici, c’était une étape emblématique des rebelles de Bocande, personne n’oublierait cette scène. Alrahyr reprit :
- Ils veulent contrôler le Monde. Contrôler le Monde sans commencer par contrôler les zones. Contrôler les zones sans commencer par contrôler les Îles. Contrôler les Îles sans commencer par contrôler les villes. Comment espèrent-ils y arriver ? La Marine n’est pas unie, elle ne suit pas le but unique du Gouvernement Mondial. Après tout, le Gouvernement a-t-il un but unique ?
Il marqua une pause. Puis :
- Je ne veux pas fonder un Empire pour être Empereur. Je veux le fonder pour permettre aux villes, aux îles, à des zones entières de demeurer dans la paix et dans le calme. Le Gouvernement Mondial ne mérite pas de diriger un Monde s’il ne peut pas offrir à ses habitants la paix qu’ils méritent.
- Et c’est toi qui va leur offrir ? répliqua Franck. Avec tes armées ?
- Je leur offrirai plus que le gouvernement actuel ! Une armée unie suivant un but unique ! Et je ne m’attaquerai pas au contrôle de nouvelles villes tant que celles sous les couleurs de l’Empire ne seront pas sécurisées.
Franck se dirigea avec ses hommes vers la porte.
- Tu es impossible à raisonner. Soit, fais comme bon te semble, mais sache une chose : en plus de ne pas participer à ça, je m’y opposerai. Et je ne suis pas le seul à penser comme cela. Nous avons déjà une tâche difficile avec la Révolution, pas la peine qu’un Empire ne vienne foutre le bazar.
- Franck !...
- Non Alrahyr. Tu devras m’enfermer si tu veux pouvoir progresser. Sache-le.
Et il sortit. Le silence régnait dans la Grande Salle, personne n’osait prendre la parole. Finalement, le jeune Kaltershaft s’adressa à ses compagnons :
- Maintenant vous connaissez ma pensée. Je ne vous ordonnerai rien, mais je vous invite à réfléchir avant de prendre votre décision. Que ceux prêts à me suivre reviennent ici dans trois jours. D’ici là vous aurez eu le temps de vous rejouer cette scène peut être des centaines de fois.
Et il sortit à son tour. Personne n’osa plus dire un mot, tous partirent en silence de la demeure des Kaltershaft, sans un bruit, dans une atmosphère sombre. Même Stan et Nayami, pourtant habituellement très chaleureux, s’étaient tus.
Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Ven 1 Aoû 2014 - 9:27, édité 2 fois