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Dans le froid, ça empire !

[Ce FB vise à mieux décrire l'avancée pas à pas d'Alrahyr et de sa rébellion. Basé sur un RP solo, j'accepte à bras ouverts tous ceux qui voudront se joindre à moi ! Après tout, l'imprévu est de rigueur. Contactez moi par MP avant pour que je n'écrive pas la suite, en attendant votre post.]

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Ce flashback se déroule en hiver 1625 (il y a 6 mois).
Prologue disponible sur ma présentation, en place de mon test RP en cliquant >> ici <<

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Chapitre I : le Doute





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Le lendemain de l’affrontement aux champs de Boréa, la gazette de l’île avait publié les faits :

« Les Boucliers Rouges menés par Kaltershaft affrontent un noble ! Ils reprennent par les armes les terres qu’il venait de s’approprier ! »


L’engrenage était en marche. Il fallait maintenant suivre le mouvement pour ne pas en subir de trop lourdes conséquences…

Et le premier problème arriva. Alors qu’Alrahyr avait convoqué plusieurs de ses hommes – incluant Stan et Nayami –, Franck débarqua dans la Grande Salle, suivi de son fils Arry.

- Kaltershaft ! Est-ce qu’on peut m’expliquer pourquoi tu t’es permis d’enfermer mon fils tout l’après-midi d’hier ?

Il était autant en colère qu’outré des faits :

- J’ai entendu sa version, mais je ne peux pas croire que toi, le rejeton Kaltershaft, la famille la plus appréciée de la ville, tu aies pu faire une chose pareille ! Donne-moi ta version !

Alrahyr savait très bien ce qu’il allait se passer. Ses actes n’étaient pas communs aux habitudes de Bocande ni de Boréa et choqueraient n’importe qui n’ayant pas assisté à la scène, même en leur décrivant précisément les événements. Et c’était très probablement ce qui était en train de se produire : il y avait fort à parier qu’Arry ait décrit très correctement l’après-midi de la veille. Il répondit donc :

- Dis-moi ce qu’il t’a expliqué…

Il était inquiet, cela se sentait, même s’il faisait tout pour ne pas le laisser transparaître. Les gens en général allaient avoir du mal à accepter des actions comme celles effectuées vis-à-vis d’Arry, mais Alrahyr savait pertinemment que cela pourrait se reproduire, et serait même nécessaire dans certains cas.

- En bref, commença Franck, il voulait aller plus loin que la simple reprise des champs et tu étais opposé à cette démarche. Tu l’as donc fait enfermer pour éviter qu’il agisse. Est-ce vrai ?
- Tu aurais accepté qu’il ordonne de tuer les Gardes-Esclaves et qu’il risque l’intégrité de Bocande en s’attaquant ouvertement aux nobles dans leur ville, à Bourgeoys ? répliqua Alrahyr.
- N’élude pas la question ! Est-ce que ce qu’il m’a dit est vrai ?

On sentait la colère monter dans le ton du père d’Arry. Son interlocuteur était mal à l’aise, même s’il ne regrettait en rien ses actes. Il répondit d’une faible voix :

- C’est vrai.
- Chaque mot ?
- Chaque mot.
- Y compris l’incarcération ?
- Je ne voulais pas qu’il risque quoi que ce soit ! Il se serait probablement fait tuer à Bourgeoys !

Franck était maintenant hors de lui.

- Oh, tu as fait ça pour le protéger, hein ? Oui bien sûr, je vois où tu veux en venir !

Il marqua une pause. Puis il reprit :

- Ces hommes, ces armes, ces couleurs… Ils te sont fidèles, oh oui, ils sont prêts à se battre pour ta cause ! …
- Notre cause !
- … Et que vas-tu en faire ? Et après ? Tu prends les décisions, tu évinces tes « concurrents », en les emprisonnant pour leur « protection » ?...
- Je n’ai pas de concurrent ! Nous sommes tous alliés !
- … Et pour les protéger de quoi ? De leur propre but ? Ou alors peut être les mets-tu simplement à l’écart ! Que vas-tu faire après, réunit des hommes, les armer ? Ils vont t’écouter, ils se battront pour toi !

Franck était désormais le seul à parler. Tous l’écoutaient, cette vingtaine d’hommes et de femmes de confiance du jeune homme.

- Que planifies-tu ? Je le vois, je le vois depuis le début, j’ai compris ! Réunir une armée sous tes couleurs, te révolter contre Bourgeoys et les attaquer, les détrôner ! Et ensuite ? La Marine de Lavallière viendra pour rétablir l’ordre ! Le Roi de Boréa leur donnera ses troupes, ces mêmes troupes que tu as fournies en armes !
- Je le convaincrai de se rallier à moi.
- A toi ? Ha ! Ecoutez-le ! Mais pour qui te prends-tu ? Et, quand bien même tu y arriverais, que feras-tu après avoir pris le contrôle de l’île ?

Alrahyr ne savait que répondre. Franck parlait d’un ton moitié menaçant, moitié arrogant.

- Je connais les rêves de ta famille, je les ai côtoyés depuis bien trop longtemps. Ha, « méritez vos possessions » ! Un rêve d’une nation basée sur ce principe. C’est cette nation que tu veux ? Un royaume à toi ?
- Je ne désire pas être Roi. Je ne veux pas détrôner ceux qui méritent de régner. Certains royaumes sont stables et doivent le rester.
- Oh ! Mais de quoi parles-tu ? Tu vois plus loin que Boréa c’est ça ? Attend, qu’est-ce qui est plus grand qu’un Royaume…

Il laissa traîner le suspens quelques secondes, même s’il savait déjà pertinemment ce qu’il allait dire. Et en réalité, tout le monde le savait déjà. L’homme reprit la parole :

- Un Empire. Le jeune Alrahyr Kaltershaft veut devenir Empereur ! Et au nom de quoi le mériterais-tu ?
- Je l’aurai bâti de mes mains, par mes actes et ceux de mes alliés… En cela je pourrais envisager de mériter une telle place. Parce que nous aurons créé cette nation unie ensemble, à mon initiative.
- Tes actes ? Comme l’emprisonnement de tes concurrents ?

Franck s’approcha plus près du jeune homme. Il n’était pas menaçant, mais révolté à l’idée de ce dont il parlait.

- Ce ne sera pas un Empire de liberté. Ce sera une Tyrannie ! Et tu en seras le Tyran. Tu te caches sous tes principes, mais tu es comme tout homme, tu veux le pouvoir, plus de pouvoir que tu ne le mérites.
- Tu n’en sais rien Franck ! Ton fils est un révolutionnaire ! Que proposent les révolutionnaires après avoir renversé le Gouvernement Mondial ? Qu’envisagent-ils de faire du Monde ?
- Pas une tyrannie en tout cas…

Alrahyr s’adressa à tous :

- Les révolutionnaires s’attaquent directement au Gouvernement Mondial, ils veulent le destituer et prendre sa place pour régner sur le Monde à sa place ! Quoi qu’ils veuillent, ils échoueront !

Franck l’interrompit :

- Haha, écoute-toi. Tu ne sais pas de quoi tu parles…
- Je ne sais pas ? Connais-tu la faiblesse du Gouvernement actuel, sais-tu pourquoi ils en sont là, pourquoi nous sommes plongés dans cette ère de chaos ?

Tout le monde attendait la réponse. Jamais une telle discussion n’avait eu lieu ici, c’était une étape emblématique des rebelles de Bocande, personne n’oublierait cette scène. Alrahyr reprit :

- Ils veulent contrôler le Monde. Contrôler le Monde sans commencer par contrôler les zones. Contrôler les zones sans commencer par contrôler les Îles. Contrôler les Îles sans commencer par contrôler les villes. Comment espèrent-ils y arriver ? La Marine n’est pas unie, elle ne suit pas le but unique du Gouvernement Mondial. Après tout, le Gouvernement a-t-il un but unique ?

Il marqua une pause. Puis :

- Je ne veux pas fonder un Empire pour être Empereur. Je veux le fonder pour permettre aux villes, aux îles, à des zones entières de demeurer dans la paix et dans le calme. Le Gouvernement Mondial ne mérite pas de diriger un Monde s’il ne peut pas offrir à ses habitants la paix qu’ils méritent.
- Et c’est toi qui va leur offrir ? répliqua Franck. Avec tes armées ?
- Je leur offrirai plus que le gouvernement actuel ! Une armée unie suivant un but unique ! Et je ne m’attaquerai pas au contrôle de nouvelles villes tant que celles sous les couleurs de l’Empire ne seront pas sécurisées.

Franck se dirigea avec ses hommes vers la porte.

- Tu es impossible à raisonner. Soit, fais comme bon te semble, mais sache une chose : en plus de ne pas participer à ça, je m’y opposerai. Et je ne suis pas le seul à penser comme cela. Nous avons déjà une tâche difficile avec la Révolution, pas la peine qu’un Empire ne vienne foutre le bazar.
- Franck !...
- Non Alrahyr. Tu devras m’enfermer si tu veux pouvoir progresser. Sache-le.

Et il sortit. Le silence régnait dans la Grande Salle, personne n’osait prendre la parole. Finalement, le jeune Kaltershaft s’adressa à ses compagnons :

- Maintenant vous connaissez ma pensée. Je ne vous ordonnerai rien, mais je vous invite à réfléchir avant de prendre votre décision. Que ceux prêts à me suivre reviennent ici dans trois jours. D’ici là vous aurez eu le temps de vous rejouer cette scène peut être des centaines de fois.

Et il sortit à son tour. Personne n’osa plus dire un mot, tous partirent en silence de la demeure des Kaltershaft, sans un bruit, dans une atmosphère sombre. Même Stan et Nayami, pourtant habituellement très chaleureux, s’étaient tus.



Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Ven 1 Aoû 2014 - 9:27, édité 2 fois
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Pendant deux jours, Alrahyr arpentait les couloirs de la maison de ses parents et travaillait à la forge. Ces occupations ne nécessitaient pas de réfléchir mais avaient le mérite d’occuper ses mains, pendant que ses pensées étaient absorbées par ses inquiétudes. Il avait jusque-là refusé de se l’avouer à lui-même, et c’est cet homme, désormais son opposant, qui l’avait obligé à se rendre compte de l’évidence. Le jeune Kaltershaft voulait imposer sa psychologie de vie bien plus loin que sur la petite île de Boréa. Franck avait parlé juste, mais ses mots allaient en effrayer plus d’un.

Nayami entra dans la forge, soustrayant son ami à ses pensées.

- Al’… commença-t-elle. Tu sais que tu peux compter sur moi.

Il s’arrêta dans son travail et regarda la jeune femme. Il était surpris de la voir ici, il croyait avoir perdu la confiance de ses compagnons.

- Ce que Franck a dit ne doit pas de détourner du but que tu t’es fixé…
- Tu as vu le regard des autres comme moi Naya’, ils ont compris ce que je voulais et ont un doute sur l’intégrité de ce projet.

La jeune femme poussa Alrahyr de son établi et le plaque contre le mur. Elle le poussait de ses deux mains appuyées sur son torse et le regarda dans les yeux. Elle avait cet air qui mêlait détermination et colère :

- Tu vas fonder cet Empire ou merde ?

Elle avait les larmes aux yeux.

- Tu nous as rassemblés autour de toi pour ça, sans jamais le mentionner mais sans nous mentir. Nous savions tous à quoi nous en tenir en te suivant, nous savions pertinemment quel était ton but. Nous l’avions tous compris depuis longtemps !

Alrahyr ne savait pas quoi dire. Il était à la fois soulagé de ce que Nayami lui expliquait, mais également inquiet de ne pas l’avoir observé de lui-même.

- Et malgré ça, nous avons fait le choix de rester à tes côtés. Parce que nous croyons à cet Empire avec toi à sa tête !
- Toi tu penses comme ça Naya’, mais rien ne me dit que les autres…
- Les autres sont comme moi ! l’interrompit-elle. La moitié de Bocande est comme moi, et l’autre moitié s’en rendra compte quand elle apprendra ce que tu veux faire ! Tu nous laisserais tomber ?

Il baissa la tête. Elle maintenait toujours la pression sur son torse, comme pour donner du poids à ses mots.

- Al’ ! Tu nous laisserais tomber après nous avoir fait espérer ?

Alrahyr poussa la jeune femme d’un geste de la main.

- J’ai besoin de marcher. Seul.

Il ramassa sa veste et l’enfila en se dirigeant vers la porte de la forge. Juste avant de sortir il lui dit :

- Je ne vous laisserai pas tomber. Réuni tout le monde, deux jours suffisent à réfléchir. Soyez là en début de soirée.

Puis il sortit dans la neige. Nayami accouru à la porte, mais lorsqu’elle sortit la tête, elle vu aveuglée par le blizzard qui s’abattait au-dehors.

Alrahyr marcha à travers la ville déserte sans vraiment savoir où il allait. Personne n’arpentait les rues à cause du mauvais temps. Soudain il perdit connaissance.

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Le jeune homme se réveilla attaché, les mains derrière le dos et les yeux bandés dans un coin d’une pièce sombre. Il y faisait assez chaud, mais pas autant que dans une maison. L’odeur de paille séchée suffisait à en déduire qu’il se trouvait dans une sorte d’étable ou de grange. Une voix familière s’adressa à lui :

- J’espère que tu me comprendras. Je ne pouvais pas te laisser commencer ton œuvre.

Une porte se ferma. Désormais la pièce était complètement plongée dans l’obscurité : les quelques nuances de lumière qu’il avait pu percevoir sous son bandeau avaient disparu. Ainsi Franck avait agi plus tôt que prévu ! Il avait parlé de se mettre en travers de sa route, mais le jeune homme n’avait pas compris que la menace était aussi réelle et qu’elle serait exécutée aussi rapidement.

Il s’effondra, ne sachant que penser. Son état alterna entre éveil et évanouissement pendant un temps qui semblait à la fois court et éternellement long. Mais la faim qui commençait à le tirailler de plus en plus, jusqu’à devenir presque insoutenable au point de la maintenir éveillé, témoignait de la longueur de sa captivité.

Son attention fut attirée par des voix venant de l’une des pièces adjacentes. Il n’arrivait pas à les distinguer, jusqu’à ce qu’une voix de femme retentit :

- Tu es sans honneur, comment as-tu pu faire ça ?

Puis des bruits de combat suivirent : des chocs de lames, des coups, des cris. Le combat s’amplifia, au fur et à mesure que de nouveaux combattants faisaient leur entrée. La porte de la pièce où il était retenu prisonnier s’ouvrit.

- Al’…

Nayami. C’était elle, la voix de femme. Elle avait mené ses alliés pour libérer son ami, et ils avaient été nombreux à la suivre. Elle avait raison : ses compagnons gardaient foi en lui. Alors qu’elle le libérait, il remarqua qu’elle était blessée.

- Naya’, ton ventre !

Elle se regarda, semblant prendre conscience de sa blessure.

- C’est pas important. On a besoin de toi Al’ !
- De moi ? Mais Franck n’est pas un vrai combattant, et personne de ses alliés ne t’égale au combat.

Elle s’arrêta dans ses gestes, étonnée.

- Franck ? C’est Stan qui nous pose problème !

Alrahyr était choqué par ce que Nayami venait de lui apprendre. Stan, responsable de son emprisonnement ? Il se souvint de la voix qu’il avait reconnue et l’associa immédiatement à son frère d’armes. Alors il avait été convaincu par le plaidoyer du révolutionnaire…

- C’est pas vrai ? Dis-moi que c’est pas vrai !
- On a besoin de toi Al’ ! Tu es le seul qui puisse le battre ! Il a déjà mis à terre chacun de nos compagnons !

Le jeune Kaltershaft prit conscience de la situation. Il chercha du regard ses armes, avant de se rendre compte qu’il ne pouvait pas les avoir avec lui. Mais son amie lui tendit ce qu’il voulait : son épée et son bouclier.

- Je me suis dit que ça te serait utile.

Il la remercia d’un regard et se redressa, s’équipant de ses armes. Il n’en revenait pas, être trahi ainsi par Stan Baum, son ami et compagnon d’entraînement de toujours ! Mais il ne pouvait laisser passer cela. Il ne pouvait pas le ménager du fait de leur amitié. Cet homme ne l’avait pas ménagé et n’avait pas épargné ceux encore fidèles au jeune homme. Mais surtout, il s’était interposé entre lui et son but.

- Putain que j’ai faim. Il va me le payer ce traître.
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Chapitre II : Le soulèvement


Alrahyr ouvrit la porte à la volée en hurlant :

- STAAAN !

Son ami se tenait d’un côté de la pièce, ses deux sabres courts en main, recouverts de sang. Des hommes portant les armes des Kaltershaft lui faisaient face, mais hésitaient à avancer ne serait-ce que d’un pas de plus. Et pour cause, les corps blessés – mais encore en vie – de leurs compagnons étendus un peu partout témoignaient de la violence du combat qui avait eu lieu ici. Stan avait été à la hauteur de sa réputation de bretteur, ayant terrassé sans difficulté ses adversaires.

Avant d’entrer dans la salle, Alrahyr avait pour premier objectif de ramener son ami à la raison, mais la scène qu’il avait désormais devant les yeux le révolta au plus profond de lui-même. Ces combattants blessés s’étaient démenés pour participer à la réalisation de son propre rêve, de son propre but, et Stan avant tenté de les en empêcher.

Et maintenant il se tenait là, le regard sévère tourné vers la porte qui venait de s’ouvrir pour laisser entrer le jeune Kaltershaft. On pouvait voir de la colère dans ses yeux, et même de la haine envers son ancien ami. Pour lui, ce qu’Alrahyr projetait d’accomplir était immoral et impropre à la réalisation d’une révolte convenable. Franck avait su le convaincre par ses paroles et il s’était peu à peu tourné vers les Révolutionnaires. Et il semblait qu’il était désormais lui-même un Révolutionnaire. Cette détermination qu’on pouvait lire sur ses traits convainquit le jeune homme d’abandonner tout espoir de raisonnement. Il allait falloir se battre et le combat n’allait pas être évident.

S’ils s’étaient entraînés ensemble durant toute leur jeunesse, les deux adversaires avaient toujours  été de niveau équivalent. Mais cela faisait bien longtemps qu’un vrai combat n’avait pas eu lieu entre eux deux, et il était fort dommage que celui-ci en soit un vrai. Un duel non pas pour savoir lequel est le plus fort, mais pour empêcher l’autre de continuer dans son entreprise.

Alrahyr s’adressa à son amie, qui était venait tout juste de revenir dans la pièce :

- Naya’, fais sortir tout le monde et emportez les blessés. Il doit encore y avoir des combats dehors, assure-toi qu’on les remporte.
- Et Stan ?
- Je m’en occupe. Seul.

Il marqua une pause, puis :

- C’est mon rêve, ou le sien.

Son adversaire répliqua, lui adressant alors la parole pour la première fois :

- Et ce sera la mien !

Alors ils s’élancèrent chacun dans la direction de l’autre, faisant s’abattre sur leur opposant une pluie de coups, parfois parés, parfois esquivés, parfois bloqués. Stan lançait ses attaques bien plus rapidement, mais Alrahyr compensait cette lacune par son utilisation experte de son bouclier. Il en avait fait plus qu’un moyen de protection, allait jusqu’à s’en servir comme d’une arme. Les murs de la pièce subissaient chaque coup raté, porté plus violemment que le précédent, à tel point qu’ils commençaient à se fissurer et à menacer de faire s’écrouler le toit.

- Tu deviens mou ! lança Stan.

Effectivement, la faim rongeait le jeune Kaltershaft de l’intérieur et il commençait à faiblir, plus rapidement que d’habitude. Ce fut donc au tour de son adversaire de le rouer de coups, mais aucun n’arrivait à blesser, soit grâce au bouclier, soit grâce à l’armure. Alrahyr reculait petit à petit, jusqu’à être bloqué par le mur. Stan porta alors un violent coup de travers qui fendit en deux le bois de la cloison, faisant trembler le toit. Son adversaire l’avait esquivé de justesse en roulant de côté. Mais il fut désarmé par l’attaque suivante, si bien qu’il ne se retrouvait plus désormais qu’avec son bouclier.

* C’en est trop, je dois réagir ! *

Il asséna à Stan un violent coup de bouclier, ce qui le fit tituber en arrière. Il récupéra son épée et lança une violente attaque verticale, de bas en haut. Son adversaire l’évita et la lame scinda le plafond en deux, faisant s’écrouler les poutres de bois.

La neige qui tombait au dehors commençait à recouvrir petit à petit le sol désormais à découvert, pendant que les deux hommes retrouvaient leurs esprits, étourdis par le choc.

Mais cet instant fut bref et Alrahyr se lança à l’assaut de Stan, pris par surprise par la vivacité de son ancien ami. Il subissait les coups, ne pouvant que se protéger tant bien que mal avec ses sabres courts, reculant à chaque attaque.

Enfin le jeune Kaltershaft se mis en position pour son assaut final.

Inperiaru jikkō

Il fondit sur ton adversaire, bouclier collé devant lui. Arrivé à portée, il décala son pavois de côté et son épée exécuta un mouvement circulaire, partant d’en bas à droite pour remonter en haut à gauche. Suivant le mouvement de son arme, Alrahyr tourna sur lui-même vers la gauche, en écartant son bouclier de lui. Une fois le tour presque exécuté, celui-ci frappa de plein fouet le corps blessé par la première attaque et l’envoya valser dans les débris. C’était là la technique spéciale du jeune Kaltershaft.

Il se redressa et regarda autour de lui. La construction en bois dans laquelle il avait été retenu prisonnier était maintenant un champ de débris. Tous avaient observé les dernières passes de ce combat, et s’écrièrent dans un boucan qui parvenait à percer la neige :

- Vive l’Empire ! Vive Alrahyr Kaltershaft, l’Empereur !

Ainsi naquit réellement l’Empire. Et les prochains jours allaient consister à organiser tout ce capharnaüm…


Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Ven 1 Aoû 2014 - 9:24, édité 1 fois
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Chapitre III : La mise en place


Le soir, Alrahyr et son amie discutaient seul à seul. Il avait été choqué d’apprendre la trahison de Stan et avait besoin de compagnie.

- Naya’, comment as-tu fait pour réunir autant de monde pour venir me libérer ?

La jeune femme parue étonnée de la question. Puis elle réalisa que le jeune homme n’avait toujours pas pris conscience de l’importance de ce qu’il avait lancé. Elle lui expliqua :

- Tu te souviens, après le discours de Franck, tu avais dit de revenir trois jours plus tard dans le cas où on était toujours avec toi. Puis lorsque je suis venue te voir à la forge, tu m’as dit de faire passer le message pour qu’on se réunisse le soir même au lieu du lendemain. J’ai donc parcouru tous les lieux habituels et j’ai demandé à chacun de faire passer le mot. Quelques heures après, ils étaient plus de cinquante à avoir répondu à l’appel : tous avaient convaincu leurs proches de venir.

Elle marqua une pause. Puis :

- Comme tu n’es pas venu, nous nous sommes inquiétés et avons commencé à fouiller les alentours. Le lendemain nous avons parcouru la ville en long, en large et en travers et l’un des hommes a découvert où tu étais retenu. Le soir j’ai demandé à ce que chacun se prépare et trouve des renforts pour le jour suivant. Et c’est ainsi qu’une petite centaine d’hommes en armes se sont regroupés pour venir te libérer !

Voyant son air ébahit, elle ajouta :

- Ils sont nombreux à apprécier ta vision des choses et ils sont prêts à te suivre partout. Ne les déçois pas !

Elle se leva et se prépara à partir.

- Naya’ attend ! lança Alrahyr. Demain matin, qui viendra ?

Elle se retourna avant de franchir la porte :

- En majorité ceux qui se sont battus, et quelques motivés par les tâches autres que le combat.

Puis elle partit. La nuit allait être courte : il était déjà tard, et il fallait se lever tôt demain. La journée, elle, allait être très longue ! L’organisation du mouvement allait prendre du temps, il fallait peaufiner chaque détail pour s’assurer de la cohérence du tout. Mais, par chance, selon Nayami tous étaient très motivés pour participer activement à ce grand édifice.

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Le lendemain au matin, tous étaient réunis dans la Grande Salle du manoir Kaltershaft. La pièce pouvait accueillir pas moins d’une trentaine de convives à table, mais comme il s’agissait d’une réunion et pas d’un repas, une centaine d’hommes et de femmes étaient présents. Les plus proches d’Alrahyr, en termes de relation, étaient assis autour de la table organisée en cercle, tandis que tous les autres assistaient debout, derrière les tables. Le jeune homme se tenait au milieu du cercle des tables : de là il pouvait observer tout le monde et était certain de pouvoir se faire entendre par tous.

- La plupart d’entre vous ont participé aux événements de la veille, et je vous en remercie. Vous le savez, ces combats sont arrivés car j’ai été trahi par un ami très proche, quelqu’un en qui j’accordais pourtant toute ma confiance.

Il marque une pause et désigna la jeune femme qui se tenait juste derrière lui.

- Je vais laisser Nayami vous exposer une proposition qu’elle m’a faite. Je n’en suis pas convaincu, mais elle trouve que c’est important.
- Merci Al’.

Elle s’avança puis commença :

- La personne en qui nous avons tous confiance, que nous avons décidé de suivre et qui nous a offert un espoir de changement, a été enlevée il y a deux jours par les Révolutionnaires, menés par Stan. Alrahyr est la clef de voûte de notre action : sans lui nous sommes incapables d’avancer convenablement. Il faut donc à tous prix empêcher qu’une telle chose se reproduise.

Elle fit une pause, laissant le temps à tous de goûter au suspens. Puis :

- C’est pourquoi je propose de créer un corps de garde, la Garde Impériale, qui regroupera les meilleurs combattants, prêts à défendre Alrahyr dans ce type de situation.

Elle se tourna vers le jeune homme pour lui laisser la parole.

- Je vous disais que je ne suis pas convaincu par cette idée pour la raison suivante : ce sont les nobles qui ont des gardes, et je suis totalement opposé à leur train de vie. C’est le fondement même de notre cause, de ce pourquoi nous nous sommes regroupés !

Quelqu’un dans l’assemblée prit la parole :

- Mais Nayami l’a dit, sans toi nous n’avancerons pas…

Un autre continua :

- Tu n’es pas comme les nobles, tu mérites cette protection !

Puis d’autres s’exprimèrent, présentant toujours un avis favorable à cette proposition. Tous étaient pour la formation de ce corps armé dédié à la protection de l’homme qu’ils avaient décidé de suivre. Il les interrompit, ayant compris leur volonté.

- Bien, bien, alors Nayami sera Commandante de la Garde Impériale.

Puis il s’adressa à son amie :

- Tu es chargée de former la garde : trouve les meilleurs combattants, je pense qu’une dizaine suffira.

Enfin il se tourna de nouveau vers tout le monde :

- Bon, on a pas mal de points à aborder…

Et ils commencèrent à parler de toute l’organisation, des personnes à nommer à certains postes précis, etc. Certains participaient aux débats, d’autres écoutaient, mais tous étaient très concernés par ces événements. Après tout, c’était là le ciment de l’Empire ! Les fondations, la base de tout. Toutes les grandes décisions les plus importantes pour les mois à venir allaient être prises ici.

En premier lieu, Alrahyr avait demandé à ce que quelqu’un se porte volontaire pour s’occuper de gérer l’administration de l’Empire, tant sur le plan écrits que financier. Un Responsable Administratif fut donc nommé, à la tête d’une équipe chargée de la gestion des possessions, et d’une autre chargée de relater tous les faits et gestes possibles. Ainsi le Maître des Comptes était secondé par deux autres comptables, et le Maître des Livres par trois autres scribes. Ce corps administratif comptait donc huit personnes, responsable de relater tous les événements, d’effectuer les comptes rendus de réunions, de tenir à jour les comptes financiers, etc. La campagne de dons effectuée ce jour-là pour former une base de départ aux caisses du Teiko rassembla 10 000 000 de Berrys – ce qui représentait environ 100 000 Berrys de don par personne.

Deuxièmement, Alrahyr présenta le problème de l’appellation. Si le terme « Empire » correspondait parfaitement à la volonté finale, il n’était pas approprié à un mouvement qui était pour l’instant de petite taille. Il proposa donc de conserver ce nom en interne, faisant donc perdurer le terme de « Garde Impériale », mais refusait qu’on le qualifie d’Empereur pour le moment. L’assemblée fut donc invitée à proposer diverses appellations, et « Le Teiko » fut celle retenue par un vote à main levée, et Alrahyr serait qualifié à l’avenir de « Dirigeant du Teiko » : ces noms étaient plus convenables vis à vis de la proportion actuelle du groupe.

Troisièmement se posa le problème de la gestion de la logistique. Un Intendant Général fut donc nommé, à la tête de plusieurs équipes, toutes représentées par un responsable : le Maître des Armements, le Maître des Provisions, et le Maître des Fournitures, étaient respectivement secondés par trois, une et cinq personnes. Ce qui permettait de comptabiliser un total de treize membres. L’équipe des armements avait pour but de regrouper toutes les armes, armures et équipements non utilisés par le Teiko, de tenir l’inventaire, de les entretenir, de les stocker et de veiller à ce qu’il y ait la quantité suffisante. Ces biens allaient être fournis en grande majorité par la famille Kaltershaft, qui possédait le commerce de ce type d’objets le plus conséquent de la ville, et qui pouvait aisément orner chaque vêtement de l’emblème du Teiko. L’équipe des Provisions devrait se charger de la collecte et du stockage de tout ce qui était alimentation, tandis que l’équipe des Fourniture s’occuperait de la gestion des stocks des biens autres que nourritures et équipements – il restait donc les différents matériaux de construction, etc.

Alrahyr parla justement du cas de l’emblème: il proposa, sans vraiment laisser le choix, d’utiliser l’insigne de sa famille, mais en remplaçant le fond blanc par un fond rouge sombre et en appliquant du blanc au lieu du noir sur le symbole, ce qui donna le résultat suivant :

Emblème du Teiko:

Il n’y eut à priori aucune opposition à l’usage de ce symbole, certainement parce que personne n’avait de réelle idée en tête. Mais il était assez sobre et facile à représenter pour figurer en tant qu’emblème du Teiko.

Quatrièmement, il était question de la gestion des relations publiques, c’est-à-dire la communication des actions du groupe au reste de la population, et surtout la lecture de toutes les nouvelles possibles à travers les différentes Gazettes, pour savoir ce qu’on disait chaque jour sur le Teiko et sur les événements. Il était extrêmement important de maintenir ce flot de connaissances des actualités, pour éviter d’agir sans avoir en tête les faits marquants d’un endroit. La connaissance est l’une des clés de la réussite, et Alrahyr entendait ne pas négliger cela. Ainsi, un Responsable des Relations Publiques fut nommé, à la tête d’une équipe de communication – comptant quatre personnes en incluant le Maître des Communications – et d’une équipe des renseignements – comptant cinq membres en incluant le Maître des Renseignements. Le but de cette dernière équipe était également de gérer les Observateurs. Ces personnes sont des sortes de sentinelles de l’information, réparties un peu partout dans Boréa depuis de nombreuses années, lorsque la famille Kaltershaft avait commencé à prendre part au vent de révolte qui s’était installé. Rares étaient ceux connaissant leur identité, car ils se fondaient dans la population. Alrahyr avait la liste de tous les noms, et il allait donc la transmettre au Maître des Renseignement qui serait alors seul autre détenteur de ladite liste, et qui s’occuperait personnellement des futures recrues. Ce poste clé avait été pris par un vieil ami du père du jeune homme, en qui il accordait une confiance aveugle – bien plus poussée qu’envers Stan, qui l’avait trahi…

Cinquièmement vint le moment fatidique de la gestion des hommes d’armes. Autrement dit : l’armée. Si le Dirigeant du Teiko était avant tout le meneur principal des affrontements, il avait des également de nombreuses tâches administratives et politiques en prévision, et il lui fallait donc quelqu’un pour diriger l’armée à sa place. On nomma donc un Général Commandant et on créa les différents grades de l’Armée que serait chargé d’attribuer ce général à l’avenir, dans l’ordre : les Généraux Lieutenants, les Généraux Majors – pour les officiers généraux – les Colonels, les Commandants, les Capitaines, les Lieutenants et sous-Lieutenants – pour les officiers supérieurs – les Sergents Majors, les Sergents et les Caporaux – pour les sous-officiers. Mais à l’époque de cette réunion, seuls quelques officiers furent nommés. L’armée comptait donc plus de soixante soldats à ce jour : le Général Commandant dirigeait trois Colonels (normalement quatre, mais le faible nombre d’homme restreignait ce nombre), qui dirigeaient chacun quatre Caporaux, responsables chacun de quatre Soldats. Dans le Teiko, une « unité » était de taille variable : sa composition était déterminée par l’adjectif par lequel on la qualifiait. Ainsi, une « unité caporal » était composée de quatre soldats et de leur Caporal, une « unité sergent » de quatre « unités caporal » et de leur Sergent, etc. Tout fonctionnait par quatre : chaque officier – quel que soit son rang – était responsable de quatre hommes.

Ainsi le service Administratif calcula qu’avec cette méthode l’armée du Teiko pourrait accueillir 5 592 405 membres, ce qui était totalement exorbitant et largement suffisant. Ainsi les grades successifs seraient créés et des promotions seraient effectuées lorsque l’armée grossirait.

Enfin, Alrahyr constitua le Conseil du Teiko, qui n’était autre que l’ensemble des responsables de tous les corps cités : le Responsable Administratif, l’Intendant Général, le Responsable des Relations Publiques, le Général Commandant, la Commandante de la Garde Impériale – Nayami –, bien entendu le Dirigeant du Teiko, Alrahyr.

Voici donc à quoi ressemblait à partir de ce jour l’organisation du mouvement initié par Alrahyr Kaltershaft :


Conseil du Teiko:
Garde Impériale:
Armée:
Administration:
Intendance:
Relations Publiques:

Le service Administration avait déjà commencé  son travail de recensement. Cent-six personnes participaient donc à ce grand projet (sans compter les Observateurs) : onze dans la Garde Impériale, soixante-quatre dans l’armée, huit dans le service Administratif, treize dans l’Intendance, et dix personnes dans les Relations Publiques.

Alrahyr s’adressa de nouveau à tout le monde avant de conclure cette interminable réunion :

- Vous aurez tous compris qu’il va de soi que le Teiko n’est pas pour le moment votre métier, car nous ne sommes pas encore capables de vous payer… Tout travail pour l’instant est donc bénévole mais ne vous décharge pas des responsabilités que vous avez obtenues !

L’Empire – le Teiko – était maintenant correctement organisé, convenablement hiérarchisé. Le prochain objectif majeur allait être de s’occuper de la logistique : armes, vêtements, nourriture, etc. Le soutien de la ville de Bocande allait être primordial. Mais, encore avant cela, il fallait passer de nombreux mois à faire tourner les rouages de cette organisation, à corriger les erreurs, à collecter les renseignements partout sur l’île et à entraîner les soldats. Le Teiko allait donc être actif en interne, sans effectuer d’action externe. Le but étant de ne pas dévoiler immédiatement ce qui se préparait…


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Chapitre IV : la préparation

Dans les jours qui suivirent, des unités de la Marine vinrent enquêter sur Bocande, pour comprendre ce qu’il s’y était passé. Mais comme les scènes de combat s’étaient déroulées en pleine tempête de neige, aucun villageois n’avait mis le nez dehors et personne ne put décrire aux forces de l’ordre ce qui s’était produit. De plus, seule la maison en ruine pouvait témoigner des affrontements, et les décombres avaient été lissés par le froid, l’humidité et le vent. Un caporal vint même toquer à l’entrée de la demeure des Kaltershaft : ils étaient réputés pour être au centre des événements de la ville – souvent à propos du commerce – et les soldats espéraient y obtenir des informations.

Ce fut Alrahyr qui ouvrit la porte :

- Messieurs, que puis-je faire pour vous ?
- Monsieur Kaltershaft, puis-je entrer ? demanda le Caporal. C’est à propos des récents événements…

Le jeune homme jeta un œil aux soldats qui l’accompagnaient, inquiet que la Marine puisse se douter de quelque chose. L’homme rajouta :

- Oh, ne vous en faites pas, ils restent dehors, je ne vais pas me permettre d’investir votre résidence !

On pouvait sentir du respect dans sa voix : la famille Kaltershaft était décidément bien vue de tous, et aucun des officiels ne semblait se douter de ce qui se préparait dans ces murs. Alrahyr l’invita donc à entrer et ils s’installèrent dans la Grande Salle, celle-là même qui avait accueilli, quelques jours auparavant, l’immense assemblée visant à organiser le Teiko. Les employés de maison apportèrent quelques mets de dégustation, puis le jeune homme engagea la conversation :

- Donc, que voulez-vous savoir ?
- On nous a signalé pas mal de remue-ménage à Bocande, notamment la destruction complète d’une maison et de son étable… Vous en avez eu vent ?

Alrahyr fit mine de chercher dans ses pensées, le temps de trouver les mots corrects, puis :

- Bien entendu ! On ne parle que de ça ici, et pour cause : mon ami de toujours, Stan Baum, a été retrouvé dans les décombres. Selon les dires, il aurait succombé à une large blessure infligée à l’arme blanche. Et il n’est pas le seul à avoir perdu la vie, plusieurs autres corps ont été retrouvés.

Il avait eu du mal à dire ces phrases. Cela passait, aux yeux du Caporal, comme de la tristesse vis à vis de la perte de cet ami, et c’était en partie vrai. Il était difficile de parler de la mort de quelqu’un qu’on appréciait autrefois, et surtout dans ce cas précis où on l’avait tué de ses mains… Mais il continua :

- Excusez-moi… Vous comprenez, nous nous sommes rencontrés il y a bien longtemps et nous avons passé notre enfance ensemble. Savez-vous qui a exécuté ces hommes ? On n’aime pas trop ce genre de chose ici, et on aimerait bien que les coupables soient punis.
- Monsieur Kaltershaft, je crains ne pas pouvoir vous donner d’information… Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je n’en ai pas ! ajouta-t-il lorsqu’il vit la mine renfrognée d’Alrahyr. Et l’enquête ne durera pas : à vrai dire, le Colonel se fiche un peu de Bocande, voyez-vous !

Il esquissa un léger ricanement, mais se ressaisit lorsqu’il vit que le jeune homme n’appréciait guère cette dernière révélation.

- Ah ! Mais c’est surtout à cause du fait que la neige et le vent ont tout effacé ! On n’a pas réussi à trouver quoi que ce soit comme indice… C’est pourquoi je suis venu ici, croyant que vous auriez des informations !

Alrahyr se leva, faisant mine d’être en colère face à ce que le Caporal lui avait dit.

- Euh, mais je crois comprendre que vous n’en avez pas, je vais donc vous laisser hein !
- C’est ça, répondit le dirigeant du Teiko d’un ton glacial.

Il le raccompagna à la porte sans un mot.

- Eh bien, au revoir et merci !

Il referma la porte en émettant un léger grognement de mécontentement.

* Ouf ! *

Quel soulagement c’était ! La Marine ne savait rien, et ils allaient laisser tomber ! Le Teiko n’allait pas être inquiété par cette affaire. Bonne nouvelle, donc.

---

Durant tout l’hiver, Alrahyr travailla avec le Maître des Renseignements, de manière à optimiser le réseau des Observateurs. Il le savait, la connaissance était essentielle en matière de contrôle d’un territoire. Ainsi contacta-t-il ses sentinelles une par une, en prenant tout le temps nécessaire à la conservation de leur couverture. Elles étaient disséminées partout à travers Boréa et faisaient régulièrement parvenir des informations jusqu’au Conseil du Teiko, via le service des Renseignements.

Par exemple, Imu Yuminomoshi, le noble qui avait voulu prendre le contrôle d’un champ au sud de Bocande, avait eu peur de la riposte vigoureuse de ceux qu’on avait appelés, à l’époque, les Boucliers Rouges. Il en était effrayé d’une part parce qu’ils avaient réagi très rapidement, et d’autre part parce qu’il ne parvenait pas à comprendre comment ces « petits ouvriers » avaient eu le cran de s’opposer à lui. Cependant, dans ce qu’il appelait sa grande bonté – une façade pour ne pas avouer sa peur – il avait décidé de laisser passer cet affront. Mais la totalité des informations avait filtré de bouche à oreilles parmi ses esclaves, pour atterrir dans celles d’un Observateur. Et il allait de soi que cela ravit le Conseil du Teiko !

Une autre nouvelle surpris Alrahyr : si la Marine s’était inquiétée pendant quelques jours du remue-ménage de Bocande après la destruction de la maison de Stan Baum, ni le Colonel à la base militaire, ni le Chef de la garde des Hérauts de l’Aurore – et encore moins le Conseil des Six Lunes – ne s’étaient préoccupés de près ou de loin à ces événements survenus entre Imu Yuminomoshi et les Boucliers Rouges. D’autant plus que plus personne ne parla de se corps « rebel » dès le lendemain. Et pour cause, le Dirigeant du Teiko avait clairement stipulé qu’aucune nouvelle action ne devait être entreprise sans avoir été décidée par le Conseil du Teiko.

On apprit également le départ de Franck et de son fils, Arry, ainsi que du reste de leur famille, qui quittèrent l’île dès que la glace recouvrant la mer l’eut permis.

---

Vers le milieu de l’hiver, avant la saison des grandes fontes des neiges, le Teiko entama un programme intense d’entraînement de son armée. SI la plupart avaient déjà tenu une arme et s’étaient déjà entraîné un minium – car c’était dans la coutume de l’île, que chaque enfant apprenne les rudiments du combat – aucun n’était réellement un soldat. Et Alrahyr, à qui on avait fourni un apprentissage des armes extrêmement poussé, savait pertinemment quelle était l’importance d’une armée correctement entraînée.

Ainsi l’entraînement de l’Armée fut le rôle secondaire de la Garde Impériale et de Nayami, qui avaient été, tous les onze, initiés à cet art étant enfants, à la manière du jeune Kaltershaft. Equipés du meilleur matériel de l’île – celui-là même que la famille d’Alrahyr avait fourni aux Hérauts de l’Aurore lors de leur importante commande – qui surpassait aisément en qualité celui des soldats de la Marine de Boréa, tous semblaient fort motivés pour améliorer leurs qualités de combattants.

Le terrain d’entraînement était situé dans la propriété des Kaltershaft, à l’extérieur, ce qui permettait de conserver une certaine discrétion quant à la formation de soldats. Cette cour avait toujours été un lieu d’apprentissage, de génération en génération de cette prestigieuse famille, et cela n’allait pas étonner le voisinage d’entendre les chocs du métal propres aux passes d’armes.

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Ainsi lorsque l’hiver prit fin, le Teiko possédait une armée digne de ce nom, non pas par la taille, mais par la qualité de ses soldats.

C’est également vers cette période qu’Alrahyr reçu une missive du Roi de Boréa, Maximilian Nordin. C’était un personnage emblématique de l’île, dont la famille avait su nouer des liens très forts avec les Kaltershaft. Mais cela faisait de nombreuses années qu’aucun contact entre leurs familles n’avait été effectué, certainement par absence de choses à dire. Le Conseil du Teiko se réunit alors et le jeune homme leur expliqua quelles étaient les motivations du Roi.

La famille royale de Boréa n'avait aucun pouvoir : ils n’étaient là que pour recevoir la haine du peuple alors que ses vrais dirigeants le manipulaient dans l'ombre. Maximilian Nordin n’avait jamais supporté le Conseil des Six Lunes, qui tirait les ficelles de la politique de Boréa, et avait la volonté plus ou moins secrète de trancher la tête de chacun des membres du Conseil de ses propres mains à plus ou moins court terme. Lors de son règne, son père – Dominique Nordin – avait grandement aidé la révolution pour laquelle il vouait un immense respect. Mais lorsque celle-ci échoua suite à la tentative de coup d’Etat, le Roi arrêta d’aider les rebelles.

Il fallut donc attendre la venue de l’héritier, l’actuel Roi de Boréa Maximilian Nordin, pour reprendre de plus belles les activités secrètes de rébellion. Il avait alors contacté la famille la plus ancienne et la plus respectée de l’île, les Kaltershaft, afin qu’ils s’occupent de mener à bien cette tâche. Lors de cette prise de contact, il s’était rendu compte que cela faisait de nombreuses générations que cette famille avait déjà commencé cette entreprise à long terme, et cela lui avait plu énormément. Il avait donc entrepris de les aider à infiltrer l'île – via le réseau des Observateurs – et s’était arrangé pour leur léguer une source de matières premières secrète. A l’époque, il en avait profité pour convaincre les artisans parmi les plus loyaux à la famille royale, et faisant partie des familles les plus anciennes, les plus compétentes et respectées de l'île, de soutenir les Kaltershaft.

[HRP : ndla : je n’ai pas inventé cette relation entre le Roi et la révolte dans le but de satisfaire les besoins du Teiko. Cette relation existe déjà dans la description du personnage du Roi Maximilian Nordin, dans la fiche d’île de Boréa. Je n’ai fait qu’adapter la tournure pour qu’elle corresponde à une relation avec la famille Kaltershaft.]

Ce fut donc la base du mouvement actuel du Teiko : les meilleurs artisans de l’île, fidèles à la même cause, regroupés autour du jeune Alrahyr.

Mais ce qui avait poussé Maximilian à faire ainsi confiance aux Kaltershaft était avant tout le partage du même type de philosophie de vie, basée sur le mérite. Même si le Roi portait ce mode de vie un peu trop à l’extrême, il n’en demeurait pas moins heureux d’avoir enfin rencontré quelqu’un qui suivait la même idéologie fondamentale : on ne pouvait posséder quelque chose que si on avait suffisamment travaillé pour l’obtenir. Le Roi était loin d’être un noble, il faisait plus penser au peuple de la classe ouvrière dans ses manières.

Et ce fut donc selon ses propres mots que le Roi reprit enfin contact avec les Kaltershaft, et plus particulièrement avec Alrahyr. La lettre avait été écrite de sa main, comme à son habitude :

« Cher ami,

Cela fait de nombreuses années que nous ne nous sommes ni écrit, ni rencontré. Je reprends donc contact avec vous par le biais de ce message.

Je suis heureux de voir qu’après toutes ces années vous n’avez pas perdu foi en votre idéologie fondamentale. Les Observateurs m’ont même rapporté que vous en aviez fait un projet plus important, à la destinée plus large encore. Je vous félicite bien évidemment de votre initiative, mais je me chagrine du fait que vous ne m’ayez pas alors contacté pour me faire part de vos objectifs. Après tout, nous avons initié cela ensemble il y a cinq ans, n’est-ce pas ?

Quoi qu’il en soit, vous avez certainement vos raisons, et je suis totalement convaincu qu’elles sont tout à fait louables : vous le savez, vous et votre famille avez ma confiance toute entière.

J’en profite également pour vous inviter à venir discuter de tout cela chez moi. J’attends de vos nouvelles au plus vite.

Mes amitiés à vous et à vos parents,

Maximillian Nordin »

Et il avait signé sans indiquer son titre, bien entendu. Il faisait comme cela tout le temps, car il trouvait ridicule de rappeler sa position lorsqu’il s’adressait à quelqu’un qui la connaissait !

Alrahyr indiqua au Conseil du Teiko qu’il allait donc se rendre dans les prochains jours à Lavallière pour rencontrer le Roi. Cela faisait cinq ans qu’ils ne s’étaient pas vus, et ils avaient probablement de nombreuses choses à se dire ! Il écrit donc sans plus tarder la réponse :

«  Cher ami,

Effectivement cela fait bien longtemps que nous sommes restés sans contact, et je remercie votre initiative de pallier ce manque de nouvelles.

Comme vous l’avez bien souligné, je n’ai pas changé, et j’ai même pour ainsi dire évolué dans ma pensée. Malheureusement j’ai été fort renfermé sur Bocande ces derniers mois, jusqu’à en oublier que nous partagions ce magnifique réseau que constituent les Observateurs. Cela me remémore une époque qui paraît bien lointaine vue d’ici, lorsque vous nous avez aidés à les installer.

C’est avec un immense plaisir que j’accepte votre invitation : je viendrai dans les prochains jours vous rendre visite.

Mes amitiés à vous et à votre famille.

Alrahyr Kaltershaft. »

Les deux hommes avaient toujours eu une manière bien particulière de s’écrire. Les lettres étaient autant amicales que formelles. Mais une chose demeurait frappante dans le contenu de ce dernier échange : tous deux faisaient attention à ne pas mentionner clairement les détails des objectifs de chacun, ni même l’existence du mouvement du Teiko, même sans le nommer. Seuls les Observateurs étaient mentionnés, car ce nom ne reflétait rien de précis : c’était une appellation créée pour qualifier ce réseau uniquement.

Non, l’échange réel d’informations allait avoir lieu de vive voix, chez le Roi, à Lavallière.

Dans quelques jours.


Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Ven 22 Aoû 2014 - 17:24, édité 2 fois
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Le surlendemain, Alrahyr se rendit donc à Lavallière, laissant à Nayami le soin de continuer l'entraînement des soldats du Teiko.

C'était une grande ville portuaire - en fait, le seul vrai port de Boréa - gardée par les hérauts de l'Aurore, qui faisaient autant office de police que de renseignements & accompagnement des nouveaux venus. Mais le jeune homme connaissait bien la ville, et il se rendit de lui même directement au Palais. Là, il demanda à ce qu'on prévienne le Roi de sa présence. Quelques minutes plus tard, il vint en personne à sa rencontre :

- Alrahyr Kaltershaft ! Bienvenue, comment s'est passée la route ?
- Maximillian Nordin, votre Majestée !
- Oh, pas de ça entre nous hein, je te prie ! Alors, la route ?
- Désagréable, la neige commence à fondre et les routes sont totalement embourbées... Vivement la fin du mois, avec l'arrivée de l'été !
- Allez, suis-moi, on va pouvoir discuter.

Le jeune homme le suivit donc, jusqu'à la... cuisine ?

* Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié ses habitudes... *

- J'espère que ça ne te dérange pas si je prépare à manger en même temps ?
- Euh... non, pas de souci, fais donc !

Il sortit viandes et légumes et commença à cuisiner, tout en parlant.

- Je sais que ça peut paraître inhabituel... mais tu me connais, j'aime bien faire ces choses là moi-même !
- J'avais cru comprendre, effectivement !

Le Roi s'arrêta, et le regarda droit dans les yeux :

- Bon, trêve de plaisanterie ! Comment ça se passe, à Bocande ?
- Eh bien... commença Alrahyr. Comme tu le sais, nous avons formé le Teiko, qui est bien organisé et hiérarchisé. Nous prenons notre temps, mais nous regroupons un maximum d'informations et avons commencé l'entraînement de notre armée.
- Oh, je n'avais pas eu vent de l'existence de cette armée ! Décidément, vous êtes forts en termes de discrétion ! Fort bien, comme ça vous serez aptes à engager des combats.
- Oui, on fait attention à ne pas être repérés !

Et ils discutèrent ainsi tous deux, pendant de longues heures, passant de la cuisine à la salle à manger, alternant entre les récents événements et les histoires de leur passé, parfois sur un ton formel, parfois sur un ton plus amical.

- J'apprécie ton initiative tu sais, je crois que Bocande a bien besoin d'un coup de nettoyage... Et ta famille a toute ma confiance pour accomplir cette tâche !
- Un coup de nettoyage ? Au sujet des nobles ?
- Oh, pas seulement... Mais je t'en parlerai une autre fois, c'est une histoire bien plus compliquée !

Il se leva de table.

- On se retrouve demain, je suis fatigué !
- Bonne nuit alors !
- C'est ça !

Il bailla.

- A demain !

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Au matin, Maximillian réveilla brusquement Alrahyr :

- Eh, bouge-toi !
- Wooo !

Le jeune homme était sonné, jamais il n'avait imaginé être un jour ainsi réveillé par le Roi, et encore moins dans ces circonstances !

- Je viens d'avoir un rapport d'un Observateur, faut que tu rentres à Bocande !
- Hein ?
- De toute urgence ! Quelqu'un a découvert le Teiko !

Il émergeait à peine, mais il avait bien compris le danger de la situation.

* Merde *





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[Fin de ce FB, merci de m'avoir lu ! Suite au présent ici : Teiko, Aurore et Marine : ménage à trois à Boréa]

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