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Rien de potentiellement pire.



Agent Rinwald, vous avez reçu mon colis.
Ouais, on peut dire ça… Y z'ont un plan, quelque chose de gros.
Dites donc.
Y veulent sauver Costa Bravo à Logue Town. Ils ont amassé une flotte en secret au port de l'île, le départ est pour bientôt.
Combien de navires?
Onze, tous de tailles moyennes à peu près.
J'en aurai le double, je vous recontacterai si besoin est. En attendant, assurez-vous de rester en vie. Bonne chance, Agent Rinwald. Ah, Agent Rinwald?
Ouais?
Pourriez-vous me confirmer la présence d'Alrahyr Kaltershaft dans les rangs de la cellule révolutionnaire?
Euh, ouais effectivement.
Voilà une information que j'aurais préféré connaître bien plus tôt, Agent.
Clac.


***


J'ai récemment reçu les coordonnées possibles du déplacement de la flotte révolutionnaire, Commandant Toffel. J'ai placé les vaisseaux que vous m'avez confié de façon à m'interposer sur le chemin menant à Logue Town. Je prendrai leurs navires en souricière si tout se déroule bien.
Heureux de l'apprendre, Lieutenant Morneplume! J'ai un léger rhume, mais si ça n'avait été de cette toux, je serais à vos côtés pour mettre en déroute la flotte révolutionnaire!
Sauf votre respect, Commandant, je suis persuadé que cela est définitivement pour le mieux. Votre malchance ne m'aurait été d'aucune utilité.
Clac.

Lieutenant Morneplume!
Plait-il?
Navires en vuuuue!

La vigie, perchée au sommet du mât principal du cuirassé, a bien raison. À l'horizon se démarquent déjà les silhouettes de nombreux navires qui progressent à la manière d'un convoi. Morneplume ouvre une pomme impérieuse où un matelot s'empresse de poser une longue-vue. Les navires n'ont aucun drapeau et ne semblent pas armés, tactique toute simple des révolutionnaires pour éviter les problèmes que de se faire passer pour un convoi marchand. Tactique qui conforte le Lieutenant dans l'idée que déjà, sa proie vient se livrer à sa justice. Debout et bien droit à l'avant de la proue, le chapeau bien vissé sur le crâne, Edwin inspire une bonne gorgée d'air marin avant de rendre la longue-vue au subordonné générique qui piétine à ses côtés, l'escargophone utilisé plus tôt par Morneplume entre les mains.

Edwin jette un œil à bâbord où se profilent six croiseurs alignés, puis à tribord, où vogue la même quantité. La bataille risque de s'avérer plus compliquée que prévu, le Lieutenant n'ayant réussi qu'à réunir un nombre réduit de navires, et ce à cause de l'urgence de prendre action face à la Révolution. C'est donc sur ce morceau d'océan, en bordure d'East Blue, que se jouera cette nouvelle partie entre la Justice et le Mal.

Gonflez cette voilure, messieurs. Je ne veux pas leur laisser le temps de faire demi-tour.

Sur les treize navires de la Marine, l'activité gagne en intensité alors que leur vitesse double et que sont armés les canons par dizaines. Edwin, lui, reste perché à l'avant de la proue, harponnant du regard les navires révolutionnaires qui grossissent à vue d'œil. Sur l'un d'eux se trouve le Boréalin qui a cru bon de se jouer de lui. Un homme qui croyait avisé de déjouer la confiance d'Edwin en gangrénant les rouages de la Justice. Alrahyr Kaltershaft, un brigand, un putschiste et un révolutionnaire de premier plan sur lequel Morneplume entend bien mettre la main.

Sur les navires révolutionnaires, c'est déjà la panique. Ils ne pouvaient être préparés à une telle contre-attaque. Les gouvernails sont virés à toute allure tandis que les croiseurs de l'Élite foncent toujours à pleine voilure vers eux. Ils éperonneront les révolutionnaires, voilà ce à quoi Edwin a dédié les navires du centre de la formation. Des treize, ils seront sept à foncer de plein front, alors que les six navires des extrémités contourneront la mêlée pour mieux pulvériser les navires révolutionnaires de leurs tourelles. D'un œil expert, Edwin sort son six-coups de sous sa veste et en inspecte le contenu.

Dans ce barillet, une balle est réservée pour le crâne de Kaltershaft.
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- Voiles en vue ! La Marine !

Le cri résonne dans les haubans. Un cri provenant de l’un des deux navires en tête du convoi, le navire commandé par Jim Lowell, en charge de la mission. Sitôt, les ordres fusent dans les Den Den.

- Branle-bas de combaaaaaat !

Les équipages s’affairent immédiatement à mettre en place les tourelles de guerre et autres canons. Alrahyr, depuis son navire, observe la mer qui va leur servir de champ de bataille. Il observe toutes les configurations, les possibilités, les tactiques envisageables, tout en essayant de sonder l’adversaire. L’ex-Sergent d’Elite met à profit son enseignement, qu’il a suivi à la lettre.

Côté gris, onze bâtiments de guerre, pour le moment placés en colonne de deux de front, le onzième fermant seul la marche. L’agitation est à son comble, car tout signe agressif externe avait été correctement caché. Au loin, découpant l’horizon, les treize navires fondent sur eux, déjà parés.

- Ils ont un coup d’avance.

Des ordres hasardeux ont été donnés par Lowell, pris de court, réagissant dans la panique. La débâcle s’installe rapidement, le convoi s’ébranle et rompt sa formation. Les navires n’avancent presque plus, focalisés sur les préparatifs au combat. Le jeune Kaltershaft, posté à la proue, plisse les yeux en direction du navire au centre de la formation ennemie. A la proue adverse, il distingue une silhouette ; pareille à celle de Luvneel, dans la neige. Pareille à celle de Boréa, toujours dans la neige.

Il s’empare de la longue vue du capitaine de son vaisseau, sans lui laisser le temps de protester. D’une main agile, il fait une rapide mise au point sur l’homme en charge de l’attaque.

- Edwin Morneplume. Putain.

Une part du mystère disparaît avec cette certitude. A Luvneel, c’était bien lui. Il a pu y obtenir des informations sur la mission, et s’est empressé de réunir une flotte pour intercepter les révolutionnaires. Il s’est placé au centre, bien droit. Tout à fait lui.

Tactique… Quelle tactique alors ? Edwin, le poing, le fonceur, celui qui rentre dedans et qui parle après. Il est au centre de ses opérations, il est son propre bras armé. Treize navires… Plus que les gris, assez pour certaines configurations d’encerclement. Surtout lorsqu’on prend l’adversaire par surprise.

Alrahyr se bat contre lui-même pour se souvenir de tous les détails de son apprentissage sur les stratégies navales de la Marine. A l’horizon, la formation s’épate, la flotte entière forme une ligne continue. Ils ne dévoilent pas encore tout…

Mais ce qui est évident, c’est que le « Poing » ne restera pas à distance. Il enverra plusieurs bâtiments de front, si ce n’est la totalité. Et il en fera partie, il sera au beau milieu du carnage qu’il commandera. Supériorité numérique, possibilité d’encercler ? Oui. Alors, Edwin, Lance, Râteau ou Trident ?

Merde, c’était si simple dans les cours théoriques !

En formation Lance, la flotte forme un « V » pointé vers son adversaire. Pour le Râteau, les bateaux sont tous alignés, comme ils le sont actuellement. Et en trident, un groupe central fond sur la cible pour l’éperonner, tandis que deux groupes aux extrémités maintiennent un feu nourri.

Dans tous les cas, quand on est en infériorité, il n’y a qu’une seule issue.

Le Boréalin se précipite vers le Den Den du capitaine, pour communiquer au commandant de la flotte ses conseils.

- Lowell ! Lowell !
- J’suis là, qui c’est ?
- Kaltershaft, depuis le Jugement !

Chaque élément du convoi a pris pour nom l’une des cartes Atout. Le Monde, pour le navire de commandement, le Jugement pour celui d’Alrahyr, puis le Soleil, la Lune, l’Etoile, la Maison Dieu, le Diable, la Tempérance, la Mort, le Pendu et la Force.

- Ah ouais, j’vous écoute…
- Il faut qu’on se mette en position, Lowell !
- Euh… ouais… Eh bein…
- LOWELL !
- Oui oui deux secondes, je… euh…

Eh merde, Lowell ! Putain, ça craint là. Le jeune homme porte son regard sur Edwin. Il ne peut pas vraiment distinguer son visage, à cette distance, mais il sait une chose. Morneplume a un léger sourire, un rictus de satisfaction. Son plan est sans faille. Il a plus de navires, il a l’effet de surprise, la rigueur de la Marine, la puissance de feu adaptée, et une tactique d’attaque encore non dévoilée.

Il faut réagir.

- A tous les bâtiments, ici Alrahyr Kaltershaft, depuis le Jugement. Je connais les stratégies de nos adversaires, j’ai été infiltré dans la Marine le temps de recevoir tout l’enseignement de l’Elite. L’officier Edwin Morneplume, que je connais assez pour savoir dans quel état d’esprit il est, dirige l’attaque.

Pause courte.

- Jim Lowell, je désire prendre le commandement de l’opération, si vous refusez, je vous demanderais de donner immédiatement vos directives pour la suite. A vous.

Silence de l’autre côté. Les équipages s’affairent encore, mais plus lentement, prêtant une oreille attentive aux événements.

- Lowell !
- Euh je… je ne sais pas…
- Lowell !!!
- Ou… Oui, allez-y, sortez-nous de là…

Merde, il a perdu tous ses moyens…

- Merci Lowell. Bon, à tous les navires, formation en ligne de front, je veux que la tête de colonne ralentisse pour laisser le temps aux derniers de se rattacher ! Je veux le Jugement en bout de ligne par tribord.

En infériorité numérique, pour battre l’une des trois formations parmi la Lance, le Râteau ou le Trident, il n’y a qu’une seule possibilité.

Les bâtiments de guerre reprennent vie, se dirigeant chacun à sa place. Le Jugement est à son poste, la ligne se forme. Huit, neuf, dix, et onze. Formation complète.

- Hâlez votre grande voile, réduisez la voile d’artimon, gonflez le foc !

Le vent est favorable aux deux camps : les gris l’ont au près serré, leurs ennemis presque au vent arrière. La Marine a des voiles configurées pour cela, tandis que les bâtiments des révolutionnaires préfèrent le près. Les vitesses vont être excessives.

Pour sa tactique, Alrahyr sait que la moitié de sa flotte devra virer de bord en passant vent de face, avant de retourner au près, pendant que l’autre moitié passera vent de travers. Si le vent ne change pas, tout se déroulera bien à ce niveau-là, les voiles étant adaptées.

Les onze sont alignés, avançant à toute allure, tourelles en place, armes au poing, parés à en découdre. Le ton de voix affirmé du Boréalin a fait bouger les choses.

- A mon signal, rompez par le milieu ! Cinq bâtiments parés à virer de bord vers tribord, six en travers par babord !

Les deux lignes sont face à face, encore loin d’être à portée de tir. Mais si Edwin veut adopter une autre tactique que le Râteau, il va bientôt devoir lancer les mouvements, faute de pouvoir manœuvrer à portée, risquant de se faire allumer. Alors, Edwin… Quelle tactique ?

Quelle qu’elle soit, une seule pourrait fonctionner pour contrer l’ennemi.

Le Marteau et l’Enclume.


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Positionné un peu derrière Alrahyr, j’le regarde prendre le contrôle des opérations. J’me demande si j’aurais pas préféré être avec Jim Lowell, mais finalement, il se passera plus de trucs de ce côté-là. Quand l’annonce a été faite que la Marine, et qui plus est Edwin Morneplume nous attaquait, mon visage a affiché une surprise et un effroi de circonstance. Mais j’bichais.
Mes potes révos du moment, ils trouvaient ça vachement moins rigolo, par contre. J’ai essuyé un grand nombre de regards pas franchement amicaux. Le gars suspecté mais qu’on peut pas accuser comme ça, c’était louche. Et qu’en plus, dès qu’on se décide à faire quelque chose, la Marine nous tombe dessus comme par magie ?

J’espérais qu’ils ne seraient pas trop nombreux à faire le lien, à tirer des conclusions hâtives mais justes. J’pourrai toujours prétexter un complot me prenant pour bouc-émissaire. Ca doit marcher du tonnerre sur les révolutionnaires, toujours à vivre dans la crainte.
C’est là que l’ombre d’Alrahyr m’est utile. Il me protège l’air de rien, empêche les autres d’avoir une idée à la con du style justice préventive. Puis bon, j’ose croire qu’ils auront autre chose à foutre. La moitié doit être en train de mouiller son froc, l’autre fourbir ses armes. C’est une chose de se préparer à combattre après un long et morne voyage en mer. C’en est une autre de tomber sur un affrontement à l’improviste, et visiblement ils étaient pas tous prêts.

La Marine va les démonter, j’en doute pas.

La fumée de la nicotine et les embruns me châtouillent le nez. Trop de vent pour sentir l’odeur de la peur, mais la tension d’avant les combat est bien présente. J’vérifie mes couteaux, pour plus tard. J’en profite pour passer le doigt sur la médaille de Morneplume. J’la lui rendrai à la première occasion.
Une ébauche de plan se dessine dans ma tête. Attendre le fracas de la bataille puis tuer Alrahyr, et rejoindre un navire marine dans la foulée. Il y aura un abordage. J’suis pas hyper calé en affrontement naval, mais avec la formation adoptée par le sergent, à mon avis, il va pas pouvoir canarder de loin avec ses canons.

Si j’me débrouille bien, j’pourrai p’tet même ramasser en prime la tête de Lowell. Ca ferait bien. Ca rendrait service au monde. D’une pichenette, je jette mon mégot à la flotte et j’m’assouplis. Il fait un froid de gueux. Faut que j’sois en forme. Rokushiki aux aguets, couteaux à l’affût.

Les ordres se suivent et se succèdent sans que j’y prête tellement attention, j’regarde juste la topologie globale. On est maintenant sur un bord, loin de Lowell. Loin de Morneplume, aussi, qui semble diriger l’opération, au vu de ses positions au centre de la formation et à la proue en prime. La Justice doit-elle aussi se donner en spectacle, sergent ? Afin de rester dans les mémoires peut-être ? Bon, ça s’défend, surtout pour les cas médiatisés.

J’plisse les yeux, j’ai pas de longue-vue pour voir ce qui se passe au loin. Alrahyr est scotché à son escargophone et gueule des ordres au travers de l’engin. Ca m’fait penser que j’ai bazardé celui qu’Edwin m’avait passé dans les chiottes, en tirant la chasse d’eau, juste après la communication. Ciao, tu m’as bien servi, heh.

Avec la vitesse, le temps qui passe rapidement, les navires de la Marine sont maintenant en vue. Ils essaient de nous contourner de notre côté de la ligne, j’suppose que c’est la même de l’autre côté. Et les vaisseaux centraux foncent tout droit, eux. Leur plan doit être de provoquer un choc frontal puis d’utiliser le léger surnombre pour donner du canon et couler les bateaux des gris.
Mais Alrahyr Kaltershaft a aussi fait la Marine d’Elite et son instruction au BAN, donc il a l’air d’avoir prévu le coup. En tout cas, il est concentré, l’œil rivé à sa longue-vue, l’oreille soudée au denden. Un brusque coup de barre plus tard, on évite la première volée de canons qui s’écrasent dans la mer dans de grandes gerbes d’éclaboussure. Comme on est sur des bateaux maquillés, j’crois qu’on va être léger niveau puissance de feu.

Les Marines essaient de contourner notre manœuvre de contournement à nous. Ca fait fouilli à mes yeux, j’ai l’impression qu’on va juste se retrouver coincés vent debout, à côté des soldats. Ca leur fera une jolie position pour nous dégommer de loin. J’peux pas dire que ça m’arrange, m’faut retourner du bon côté, si possible. Mon infiltration était pas prévue pour durer aussi longtemps, et j’veux pas la prolonger. Ca daube assez du fion pour moi comme ça.
Délicatement, alors qu’on arrive en perte d’inertie, on se remet au près, on reprend de la vitesse. J’allège mes appuis, je me ramasse imperceptiblement. On approche de très près du bateau marin le plus à tribord. En l’état, en plus, il va pas pouvoir nous éperonner. Nos rares canons se mettent à faire feu, les leurs, plus nombreux, aussi.

Semblerait qu’on soit plus précis qu’eux. Des Marines bondissent, quelques-uns tombent à la flotte. A la proue, où j’suis, j’vois tout bien. Mais j’vais reculer un peu, c’est pas très sécurisé, on arrive à portée de balles en plus. Pas question de sortir le Tekkai ou tout autre élément du Rokushiki pour le moment, discrétion oblige. J’veux garder des atouts dans la manche pour Alrahyr et Lowell.
La détonation du canon du GM retentit à peine que j’ai un mauvais pressentiment. Le boulet s’écrase un peu sous moi, dans la coque du bateau, mais au-dessus de la ligne de flottaison. Les esquilles de bois volent, une partie vers moi en prime.

Put-… !

Le choc que j’ai pas eu le temps d’amortir avec le Tekkai coupe le fil de mes pensées. La technique de renforcement a juste empêché la pique de bois de me transpercer l’épaule gauche de part en part. Du sang et un filet de salive s’échappent tandis que le choc me pousse en tournoyant contre le bastingage. Il suffit pas à me retenir. J’essaie d’agripper un truc de la main droite, sans succès, sans trouver de prise. J’croise les yeux d’Alrahyr.

J’tombe.

…-ain ! Putain ! Putain !




Dernière édition par Alric Rinwald le Jeu 8 Jan 2015 - 21:12, édité 1 fois
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Un bordel sans nom.

Des tirs, des débris, des boulets et des balles. Le face à face avec le navire de la Marine le plus proche est impressionnant. Protégé derrière son bouclier, Alrahyr demeure indemne sans avoir à trop craindre pour lui-même.

Mais, alors qu’il se redresse, une fois la salve passée, il croise un regard effrayé, paniqué.

Et Alex tombe à la mer, comme beaucoup d’autres, planté par un bout de bois. Les débris qui transpercent la chair… Les canonnages qui détruisent les navires… Encore et toujours contre la Marine. Des morts, des blessés, des tirs, partout. La même scène se joue à nouveau, l’épisode tragique de la mort de Nayami, la perte de son amie, pour qui il avait tant fait. Et maintenant, Alex, récent compagnon, en qui il n’a pas vraiment confiance mais qu’il commence à apprécier, tombe, lui aussi. Heurté par un morceau de bois. Lui aussi.

Non… ça ne peut pas continuer ainsi. Revivre le même épisode est inconcevable.

Le jeune homme se redresse, le regard porté sur le champ de bataille maritime. Chaque navire semble avoir trouvé son adversaire, des abordages se préparent de partout. Le Jugement se coltine deux bâtiments de guerre, un par bâbord, un par tribord. Continuer à donner des ordres serait superflu : chaque équipage œuvre à protéger sa propre vie. Et il faut désormais faire de même ici.

- ABORDAGE PAR BABORD !

L’ordre est gueulé. Sous-entendu : vous occupez pas de l’autre. Et, pour cause, empoignant un bout attaché à la grande voile, Alrahyr se précipite sur le navire de tribord.

Abordage en solo. Parce que merde, à la fin.

- Būmeran !

Le bouclier vole, heurtant un à un la plupart des soldats sur le pont, rebondissant à chaque fois, les envoyant valser, puis revient dans la main de son porteur.

Parades, blocages, feintes, coups, le Boréalin saute d’adversaire en adversaire, assénant ses plus violents coups à qui veut bien les recevoir. Son sabre lui sert à se défendre, son bouclier à attaquer. Style bâtard qui a l’avantage d’être extrêmement perturbant.

Sa croisade personnelle le mène dans les ponts inférieurs, détruisant une à une les cloisons et poutres principales, donnant congé aux membres d’équipage et aux soldats, et bazardant les canons et autres armes à la mer par les sabords. De l’opposition, il y en a, mais elle ne dure jamais bien longtemps.

Jamais, jusqu’à ce que, de retour sur le pont, il rencontre enfin le capitaine en charge du navire. Un officier d’élite, adepte d’un style de combat à deux sabres, semble-t-il. Un homme de taille moyenne, d’âge moyen, au regard dur comme la pierre. Sans dire un mot, car cela serait superflu en de telles circonstances, les deux adversaires s’élancent. L’un pour défendre son navire, l’autre pour le détruire.

Pendant quelques secondes, les rondes s’enchaînent, véritable danse de deux combattants modèles. Pas de coup bas, pas d’entourloupe, deux styles épurés et précis. Les attaques de l’officier pleuvent à une vitesse formidable, frôlant de peu la peau du Boréalin à chaque fois. L’adversaire apprend rapidement, si bien qu’il parvient enfin à blesser le jeune homme. Une égratignure, à la joue. Une future cicatrice de plus à ajouter à la collection qu’il arbore déjà sur son visage défiguré.

Fort de son exploit, le Marine prend confiance en lui. Un peu trop.

- Būmeran !

Cible unique. Puissance décuplée. L’art du nitoryu ne suffit pas à bloquer le bouclier qui fend l’air, et le projectile atteint sa cible de plein fouet. L’officier va alors s’écraser dans le grand mât, le fragilisant plus que de raison.

Dans la vigie, un tireur d’élite tente désespérément d’atteindre le jeune Kaltershaft depuis le début. Il ne l’avait pas remarqué, mais maintenant il doit s’en occuper.

Bouclier dressé, il escalade les haubans jusqu’à atteindre le planqué, qu’il balance par-dessus bord d’un revers de son arme.

Et il se redresse.

D’ici, il a une vue plus claire de la situation. L’abordage à bâbord du Jugement a échoué, et les Marines prennent du terrain sur le navire de la révolution. Il va être temps d’aller les aider. Alex, lui, est introuvable. Quelque part dans l’eau, il ne reste plus qu’à espérer qu’il ne soit pas mort. Un bon compagnon, ce type. Plus loin, chaque navire en aborde un autre, dans n’importe quel sens, dans n’importe quelle configuration.

Et Edwin Morneplume en fait partie. A l’instar d’Alrahyr, il s’est jeté sur un bâtiment adverse et s’en occupe, soutenu par son équipage. En ce moment, il décime le Monde, le navire de commandement de Lowell. Coups de poings, tirs de révolver. Le Monde a été éperonné, il est immobilisé et à la merci de la Marine. Indéfendable, impossible à sauver. Edwin est en train d’en faire son casse-dalle. Il le dévore comme une friandise.

Mais il ne faut pas s’arrêter là, il faut continuer. Et la suite commence par aller défendre le Jugement. Du haut de la vigie, le manieur de bouclier s’élance dans le vide, en direction du pont du bâtiment de la Marine. Il arme son bras en arrière.

- HAKAI KIRETSU !!!

La combinaison des deux techniques, destruction et fissure, a un effet bien supérieur à celui attendu. Le premier impact brise la résistance des matériaux qui constituent la structure. Le second engage la propagation d’une onde de choc dévastatrice en direction de la coque. Le troisième provoque une onde inverse, qui vient rencontrer la précédente et déchaîner la puissance du coup. Le passage d’Alrahyr dans les ponts inférieurs, détruisant les cloisons, affaiblissant les poutres, entraîne des dégâts encore plus importants. Le navire était déjà fragilisé, le laissant en proie à de plus sérieux dommages.

Et cette combinaison de techniques fonctionne à merveille. Le quatrième impact, la fissure, vient se propager dans toute la structure interne du bâtiment, entrant en résonnance avec les deux autres ondes de choc, brisant la coque déjà affaiblie.

- HAKAI KIRETSU !!!

Les débris volent, éclatent, le pont s'effrite, le grand mât tombe. Le navire tout entier tremble sous l'effet de l'attaque.

- HAKAI KIRETSU !!!

Le bateau de guerre est détruit, et amorce peu à peu sa descente dans les profondeurs de la mer. L’eau s’infiltre de plus en plus rapidement dans la cale, dévorant son repas.

Et le Boréalin s’éclipse, retournant sur le pont du Jugement.

Au loin, bien loin, il aperçoit Edwin, debout, le canon de son arme braqué sur Lowell. Et, d’un coup, la tête du révolutionnaire part en arrière, propulsée par la balle de Morneplume. Le bruit du tir ne parvient pas aux oreilles d’Alrahyr, étouffé par l’atmosphère générale qui règne sur le champ de bataille. Le canon fume, et l’officier d’élite se tourne vers lui, le regard pénétrant, déterminé. Un sourire satisfait aux lèvres. Le Monde a été nettoyé des révolutionnaires.

Mais la bataille est très loin d’être terminée.


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Chère Elsa,

Il est puni, ce révolutionnaire mutin. Il est puni, tu peux enfin te délecter de son âme insoumise qui mérite châtiment. Je te veux si fière, Elsa. Je veux que tu m'aimes à nouveau, comme avant. Ils sont tiens, tous ces impies. Je te les livre. Je te sens tellement proche que je ne peux m'empêcher de sourire, ne serait-ce qu'un simple coin de lèvre.

Il n'y a que toi pour me faire sourire.

Et pour toi je suis prêt à tuer.


Il range son arme toujours fumante sous sa veste, Morneplume, fixant toujours Kaltershaft de ses yeux d'acier. Il mettra la main dessus, ça, il en est sûr. Pour l'instant, cela dit, il a une flotte à faire sombrer. Il se détourne du Boréalin alors qu'un croiseur de la Marine s'infiltre entre le Monde et le Jugement. Détonations tonitruantes, le vaisseau de la Mouette crache d'énormes panaches de fumée à bâbord et tribord, crevant avec violence les coques des deux bâtiments révolutionnaires. Edwin, inébranlable, avance d'un pas déterminé sur le pont du navire destiné à couler, alors que des esquilles de bois volent de toute part et que le Jugement tangue dangereusement. Il ajuste ses gants immaculés alors qu'un peloton révolutionnaire braque une dizaine d'armes sur lui. Regard glacial, les gris déglutissent tous péniblement. La réputation de Morneplume n'est plus à faire, ils ont tous été témoins du sort de Lowell.

Le remous de mes paumes.

Il fonce. Tournoie, virevolte et tourbillonne. Deux mètres de violence qui frappent, giflent, percutent et fracassent crânes, visages, bras, jambes, côtes et torses. Ses gants, symboles de doigté et de classe, se maculent des fluides de ceux qui s'interposent. Il les broie en silence, Morneplume. Ils s'échinent et ploient en hurlant, ses ennemis. Emportés dans la tornade du Lieutenant, ils sont tous repoussés loin d'Edwin, comme éjectés du cœur d'un cyclone. Étourdis, assommés ou inconscients, ils ne se relèvent pas lorsque Morneplume ouvre une trappe, au milieu du pont, menant directement vers la cale. Là, quelques Gris font de leur mieux pour faire obstacle à l'eau de mer qui entre à gros bouillons par les brèches dans la coque. Sans prévenir, sans même qu'ils ne puissent esquisser un mouvement de défense vers lui, Edwin les met tous en joue et les descend mathématiquement les uns après les autres. De nouvelles âmes prêtes à être jugées.

Vous me pardonnerez, lance Morneplume à un cadavre qui s'est affaissé sur de nombreuses caisses de poudre à canon, mais je vais me munir de ceci.

De retour sur le pont, une caisse de poudre sous un bras, le colt dans l'autre main, il abat deux révolutionnaires l'attendant de pied ferme avant de se diriger vers la rambarde de tribord. Comme bâbord s'est avéré sévèrement touché par le croiseur de la Marine, le Monde penche de plus en plus vers ce côté, remontant le bord opposé du navire bien en dehors de l'eau. Juste assez pour qu'Edwin, debout sur la rambarde, puisse surplomber le Pendu qui défile sous ses yeux, de nombreuses armes se braquant déjà vers lui. De simples vers qui n'ont pas encore compris que s'opposer à la Justice revient à un suicide. Ils ne peuvent rien face à "Poigne de Fer" Morneplume. Morneplume qui bondit en se ramassant sur lui-même, véritable prouesse pour un homme de son âge. Il vole dans les haubans, saisissant une corde avec laquelle il se propulse vers l'autre extrémité du Pendu.

Que Justice soit faite. lâche-t-il d'un ton dur en laissant tomber la caisse de poudre noire.

Elle tombe, puis s'écrase sur quelques hommes trop effrayés pour esquiver correctement. Toujours en pleine course aérienne, Edwin dégaine prestement son six-coups, puis tire sa dernière balle directement contre le contenant de bois. Une balle. Une balle pour tant d'hommes vaincu. Edwin lâche la corde, ayant traversé par les airs toute la distance du pont du Pendu, et se réceptionnant du même fait sur un navire de la Marine jouxtant le bâtiment révolutionnaire.

Il tombe souplement sur le pont du croiseur, où l'accueillent plusieurs matelots surpris. Sous leurs yeux, il recharge son arme, puis replace son chapeau, alors que derrière lui s'enflamme la poudre à canon.

Messieurs...

BRAAAAAAOOOOUUUUMMM!

Une déflagration phénoménale balaie les pauvres matelots, alors que Morneplume ne bronche pas, et que, dans son dos, le Pendu est réduit en cendres par la violente explosion.

...nous avons d'autres navires à couler.

Il range ses gants, nonchalamment, puis s'allume une cigarette, reprenant place sur la proue du navire. Il fait fi du chaos qui règne autour de lui, sous les yeux ébahis de ses subordonnés. Partout les balles volent, les gens meurent, hurlent et chutent, les navires sombrent, se brisent et s'enflamment. Toutefois, il reste imperturbable, le Lieutenant Morneplume. Son nouveau navire, lui, pris dans le feu de l'action, fonce directement vers l'Étoile qui lui montre presque gentiment son flanc, une occasion parfaite pour l'éperonner que Edwin utilisera à bon escient pour aborder de plus belle.


Ils n'ont pas terminé de regretter, Elsa.  
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Le choc de l’eau glacé me fait perdre conscience quelques fractions de seconde. Le temps que je recouvre mes esprits, j’suis désorienté, perdu. Les yeux fermés pour éviter au sel de me piquer les clignotants, j’sais plus où est le haut, où est le bas. Sur le coup, j’sens plus ma blessure autrement que confusément. J’ouvre les mirettes, aveuglé. Après avoir cligné des yeux un paquet d’fois, j’repère la lumière.
Battant furieusement des pieds, j’remonte en repoussant les débris de bois, sur mon  chemin. J’espère qu’une saloperie genre un boulet de canon va pas me tomber sur le coin de la gueule pendant que j’respire une grande bolée d’air. Je halète. J’arrive pas à remuer le bras gauche, j’sais pas si c’est la froideur de l’eau qui m’engourdi ou bien la pique de bois plantée dans mon épaule.

En tout cas, j’ai du mal à nager, putain.

Putain, ce juron résonne dans ma caboche au rythme effréné de mes battements de pied. La houle, les vagues manquent de m’submerger à chaque fois, et j’me sens pas la force de flotter des heures, que quelqu’un me récupère. J’regarde autour de moi, m’tordant le cou dans l’opération. Mes vêtements sont lourds à porter, à force, vu comme ils sont aussi imbibés de flotte que mon daron d’alcool bon marché.
Le navire sur lequel j’étais avec Alrahyr est déjà plus loin, et entame un assaut avec deux bateaux de la Marine. De l’autre côté, un rafiot révolutionnaire qu’était un peu à la traine, probablement parce qu’il s’est fait voler son vent, me remarque soudain. Un matelot à la proue fait de grands gestes puis m’lance une bouée et une corde.

De quelques brasses fastidieuses gênées par le bois enfoncé dans ma clavicule, j’me rapproche de ce qui va me sauver et j’me coince dedans, vidé provisoirement de mes forces. Alors qu’on me hisse sur le pont, la douleur se réveille. Tout devient flou devant mes yeux, mais d’un sursaut de volonté, j’me raffermis.
« Tu l’as échappé belle, mon gars. On va t’emmener à l’infirmerie. »
Un marin se place sous mon épaule droite et m’trimballe tant bien que mal chez le toubib. J’y mets pas trop du mien pour l’aider. J’essaie de rassembler mes forces, tout ça. Rassembler mes esprits, aussi. Chiasserie, j’ai mal ! On m’lâche délicatement sur un plumard et un type dégingandé avec des lunettes carrées se presse à mon chevet.

« La bataille a à peine commencé que j’ai déjà du travail, hein ? Bon, voyons voir… La pique de bois dans l’épaule, l’hématome à la tête, autre chose ?
- Je… J’crois pas… Hématome ?
- Trois fois rien, j’vais désinfecter ça. Morphine ? »
Sa question m’fait hésiter. Sans la douleur… Nan j’vais m’endormir. Ca m’gardera éveillé. J’commence à planifier la suite, ce que je vais faire. Tant pis pour Alrahyr. Tant pis pour Lowell. J’dois encore contribuer.
« Pas de morphine, que j’dis au médecin qu’a déjà une seringue à la main.
- Ah ?
- Gardez-là pour ceux qui souffrent.
- Comme vous voulez. »

J’le regarde verser un liquide transparent sur un coton, qu’il me plaque ensuite sur le front. J’oublie mon bras pour m’concentrer sur ma tronche. De l’alcool, mazette !
« Super, tenez ça en place, j’m’occupe du gros morceau. »
D’un geste vif, il arrache le gros morceau, sans la moindre hésitation. Il a une pince à épiler toute prête à côté, et du fil à recoudre que j’perçois à travers le brouillard de mes larmes de douleur. J’ai entendu trop d’histoires sur des agents du CP6 qui meurent, tués par la Marine, sans avoir eu le temps de s’identifier. J’veux pas de ce destin, de cette mort.
A chaque fois qu’il enfonce la pince dans la blessure, j’ai un hoquet que j’masque sous une respiration profonde. Mes mains tremblent.
« C’est courageux, de faire sans morphine.
- Tais-toi et recouds, putain, j’réponds, les dents serrées.
- Oui, oui. Bon, j’ai retiré toutes les échardes, mais il y aura peut-être encore des rejets, pendant quelques jours.
- Ah bah bravo !
- Merci. Je vais recoudre, maintenant. Vous voulez mordre dans quelque chose ?
- … J’veux bien. Et une rasade de rhum, si z’avez.
- L’alcool à 90° ?
- Ca fera l’affaire. »

Quelques minutes plus tard, j’avais laissé l’imprimé de mes quenottes dans un bout de bois, celui-là même qui m’avait transpercé, et la tête qui tournait légèrement. J’remue doucement mon épaule. Ca a l’air d’aller. Pas estropié à vie.
« Possible de m’faire un genre de bandage pour que mon bras bouge pas ?
- Oui, ce sera plus sûr. Vous y retournez ?
- Bientôt, le temps d’reprendre mes esprits.
- Prenez votre temps. »
Le médecin se détourne, les premiers blessés arrivent. Des trucs bénins, pour le moment. Ca sera pire plus tard.

Des plans flottent dans ma tête. J’ai toujours un mal de chien, mais ça va un peu mieux. Bon, j’vais m’retourner contre les révolutionnaires ici, c’est clair. Rester en bas comme j’suis, c’est un coup à se faire sauter par un boulet de canon… encore.
La question, c’est de savoir comment j’fais. Si les marines me voient débarquer, ils vont juste m’aligner à vue, comme tout ce qui ne porte pas l’uniforme. J’envisage de dépouiller une mouette défunte de ses fringues. D’en tuer une, si nécessaire. Nan, trop dangereux. Si on me voit, j’suis cuit. Si on voit que j’suis pas un marin, j’suis cuit.
J’me sens pas de sauter à la flotte à nouveau, de nager. C’est foutu. En plus, ça doit pas être le genre de Morneplume de laisser en vie ceux qui se rendent. Pas d’quartiers, pas d’prisonniers.

Morneplume ! Mornefoutre ! Morneputain, la v’là ma porte de sortie !

Faut que j’arrive à lui arriver sous l’museau. Ca doit pas être son genre d’entrer dans une furie meurtrière et tuer sans regarder à bout portant. J’reste équipé comme un putain d’agent du Cipher Pol, merde ! Et là, il pourra m’sortir de là. J’tripote à nouveau la médaille dans ma poche. Comme au début de la bataille.

Et mes couteaux, aussi.

Au boulot.




Dernière édition par Alric Rinwald le Jeu 8 Jan 2015 - 21:17, édité 1 fois
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Le toubib qui vient de me soigner est en train d’ausculter un autre type. J’m’intéresse pas à ce qu’ils disent. Même enfouis dans les entrailles du bateau comme on l’est, j’entends vaguement le fracas de la bataille. L’est temps d’aller mériter mon salaire. Et d’imposer la justice à ces bâtards.
J’me redresse, puis m’remets sur mes pattes. Ca va, c’est stable. J’ai vraiment que le bras gauche, maintenant solidement bandé, qui bouge plus. J’ai dû perdre du sang, aussi, mais ça devrait aller. J’ai connu pire. Le médecin jette qu’un coup d’œil distrait en arrière avant de se concentrer sur son dernier patient. T’occupe pas de moi…

… Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Le couteau tranche facilement sa jugulaire, éclaboussant de sang le pauvre blessé juste en dessous. Il est le prochain. Il émet qu’un piaillement étouffé ressemblant à s’y méprendre au gargouillement du sang dans la gorge de ma première victime. Victime qu’il rejoint bien vite. L’autre blessé, le troisième du coup, n’a rien vu, rien entendu. Il s’était évanoui un peu plus tôt. J’lui offre de bon cœur une mort sans douleur.
J’marche sans faire gaffe dans les taches de sang qui s’écoulent par terre au rythme des battements des palpitants des défunts. A la porte, un son m’interpelle. Bruit de bas saccadé. J’me planque derrière le panneau de bois. Quand il commence à s’ouvrir, et avant que les arrivants puissent jeter un coup d’œil dans l’infirmerie, j’la referme brusquement, leur claquant à la gueule.

Puis j’l’ouvre d’un geste sec avant de plonger sur les deux bonshommes qui venaient voir le toubib. Un surin dans la pogne droite, un surin dans un cœur, un surin dans un œil. Ils ont pas eu le temps de se relever de leur chute qu’ils foutus. Tah, j’vais quand même pas me farcir tout le bateau comme ça, sont nombreux, putain.
J’rengaine ma lame le temps de les trainer, avec une seule main, dans la pièce du toubib. Deux gars, avec le bateau qui tangue, c’est pas facile. J’suis essoufflé quand j’ferme la porte sur les cadavres. J’prends quelques instants, du coup, pour reprendre ma respiration, effleurer légèrement mon épaule et réfléchir à ce que je vais faire ensuite.

Quand j’suis arrivé, après avoir été hissé, on m’a emmené vers le château arrière. Y’avait un hublot, même, maintenant que j’y pense. La poupe, que c’était. Proche du niveau de la mer ou pas ? Pas moyen d’me rappeler. J’vais pas retourner dans l’infirmerie, en tout cas. Faut aller vite, maintenant, pas trainer. Avant que les révolutionnaires se rendent compte de quoi que ce soit, s’ils sont pas trop occupés à se battre.
J’remonte les couloirs pour pouvoir redescendre. J’vais aller faire un tour dans la cale en premier, c’est là qu’ils doivent être les moins nombreux. En plus, les artificiers, les servants des rares canons, c’est rarement du personnel combattant. Tout à fait dans mes cordes, donc. De là, j’improviserai. Me rapprocher de la zone de combat frontale marine. De Morneplume.

La cale est un coin sombre éclairé par des lanternes à huile. J’vois huit canons de part et d’autre de la coque, avec le grand mât qui pointe au milieu. Ils remarquent même pas mon arrivée, les types. Ils doivent approcher de la vingtaine, se relayant pour apporter des boulets, de la poudre, nettoyer et charger les canons.
Un Soru m’amène au milieu d’un groupe de trois. Mes deux premiers coups de couteau en étendent deux pour le compte, dont l’un qui s’effondre en gueulant. J’l’ai loupé. Le troisième écope d’un coup de talon dans la rotule qui le fait tomber par terre avant qu’une deuxième attaque lui pète le nez.

Les cris ont suffi à attirer l’attention des autres, mais ils ont pas l’air très armés, à part de vétustes sabres d’abordage à leurs ceintures. Leurs attaques rebondissent contre mon Tekkai sans l’égratigner, ne parviennent pas à traverser mon Kami-E et mon Soru me permet de moduler la distance à volonté, me permettant de les éliminer tous.
J’suis en sueur, le souffle court, mais intact. J’ai du sang qui recouvre mes sapes, mon visage. Son odeur métallique imprègne mes narines, mais j’l’ignore. Les canons, le bateau. Que faire ? Facile, on coule un bateau avec des canons, même s’ils sont à l’intérieur. J’me sens pas de jouer à l’incendiaire comme ça.

Difficilement, j’fais pivoter un canon déjà chargé vers le mât. Histoire de pas avoir à lui bourrer la gueule de plomb et de poudre moi-même. Puis j’fais feu. Comme j’peux m’boucher qu’une oreille, la détonation m’rend à moitié sourd, putain. J’secoue la tête. A bout portant, le tronc de bois soutenant la voilure a été brisé comme un fêtu de paille.
Les planches qui le maintiennent en place, elles, commencent à grincer sous le poids qu’elles supportent. Faut que j’me grouille. J’enfile les coursives en sens inverse, au pas de course, un air de panique sur le visage, des fois que j’croise un révolutionnaire. Ca n’arrive pas, ils ont tous l’air très occupés. Rétrospectivement, casser le mât les empêchera juste de manœuvrer, mais coulera pas le bateau, donc les menacera pas.

Putain, j’ai déconné, j’crois. Pas le temps de redescendre mettre le feu aux poudres, de toute façon, ça fera bien l’affaire. J’émerge à l’air libre juste à temps pour voir la structure soutenant toute la voilure s’effondrer, démontant une partie du pont avec lui. Réflexion faite, la perte du mât devrait faire un trou dans la coque qui se remplira petit à petit, j’crois.
J’prends un instant pour assimiler la situation. Le navire révolutionnaire sur lequel j’me trouve est aux prises avec les mouettes, mais aucun n’arrive à grimper sur le bateau de l’autre. La chute de la mâture sur le rafiot d’à côté a ouvert un genre de pont sur lequel la bataille continue pour envahir l’autre.

Sont pas très dégourdis, les marines, quand même, j’sais pas pourquoi, j’m’attendais à mieux. J’essaie maintenant de regarder l’ensemble de la bataille, c’qu’est pas facile de là où j’suis. Les lumières des feux, des colts, des fusils brillent plus fort que l’éclat des armes blanches. Des bateaux fracassés commencent à dériver, à s’éloigner des combats au gré du courant et de la houle. Certains sont en flammes.
Au loin, j’vois Edwin qui assaille un autre vaisseau. Le trouver, m’coller à lui, pas m’faire descendre. M’faire reconnaître et lui rendre sa putain de médaille puis finir cette putain d’mission. Alrahyr, lui, j’le vois pas. Si j’ai l’occasion, quand même, un p’tit poignard entre les omoplates ira bien avec son chapeau ridicule. De Lowell, j’vois aucun signe.

Avec un grognement, j’agrippe une corde et m’prépare à faire route vers Edwin.

Chiasserie de blessure, putain.




Dernière édition par Alric Rinwald le Jeu 8 Jan 2015 - 21:21, édité 1 fois
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Impact violent. La proue du navire s'encastre dans le flanc tribord de l'Étoile, manquant de fendre le navire en deux. Des craquements sinistres s'élèvent des fondations du bâtiment alors que le pont se fissure sur pratiquement toute sa longueur, envahi par la figure de proue du croiseur de la Marine. Sous le choc, les Gris sont projetés de part et d'autre, jetés par-dessus bord ou lancés contre la rambarde du vaisseau. Edwin bondit sur le pont adverse et dégaine son arme, tirant à bout portant les quelques révolutionnaires toujours debout. Froide efficacité sans questionnement. C'en est presque absurde pour ses ennemis que de le voir se débarrasser de leurs frères d'arme sans aucune cérémonie, infatigable machine de mort. Son poing s'arme, puis vole, s'écrase contre des nez qu'il explose et percute des côtes qu'il pulvérise. Ses jointures sèment la douleur et brisent les hommes terrifiés qui cherchent à le tailler ou le fusiller.

Avec une fluidité qu'on ne lui soupçonnerait pas, Morneplume se décale, esquive et contre-attaque avec violence. Il dégarni les rangs révolutionnaires alors que ses hommes montent à l'abordage à leur tour. Les balles sifflent autour de lui, les gens hurlent et demandent pitié. Le chaos. Et dans ce chaos, il fonce de nouveau.

Sa main nue se referme de plus belle sur le cou de sa victime. Le pauvre soldat, la vingtaine, l'air terrifié, suffoque en se cramponnant à la poigne de fer du Lieutenant. Ses tendons cèdent, ses muscles se crispent, sa trachée s'écrase et ses vaisseaux sanguins sont oppressés plus qu'il ne le faut. Mouvement sec du poignet, craquement. Morneplume laisse tomber le révolutionnaire comme on jette un chiffon. Une ombre le surplombe un instant, un simple instant qui le fait réagir avec la rapidité d'un fauve. Il fait volte-face, pointant son arme vers le nouvel arrivant qui se réceptionne sur le pont. Cheveux en bataille, barbe de quelques jours, le bras en écharpe, la médaille de la Pacification à la main.

Agent Rinwald. Quel plaisir.
J'vous rend votre médaille et je m'éclipse, Morneplume.
Merci bien. Jim Lowell a déjà rejoins le fond de l'océan, je vais m'occuper de Kaltershaft.
Je vois ouais…
Ce fut un plaisir de travailler avec vous, Agent Rinwald. Si vous avez la chance de croiser Kaltershaft avant moi, je vous saurais gré de ne pas …
CRRRRRAAC !

Un craquement bien sonore, enterrant même les tirs de canon, coupe court à la tirade d'Edwin. Le mât de son croiseur, toujours bien empêtré dans la charpente de l'Étoile, tombe à toute vitesse vers eux, fissuré à la base par un choc que le Lieutenant n'arrive pas à identifier. Par réflexe, Edwin assène un violent coup de poing à Alric avant de lui-même se décaler vers l'arrière, évitant de justesse le mât qui s'écrase sur le pont, terminant de fracasser l'Étoile. Projeté vers l'arrière, le CP aussi a évité une mort désagréable. Le navire révolutionnaire, néanmoins, sous le poids du mât, se scinde en deux directement là où celui-ci s'est affalé, déséquilibré, Edwin bondit, s'agrippant à la rambarde de son propre vaisseau, alors que l'Étoile est petit à petit englouti par les eaux de East Blue. Il se hisse, soufflant légèrement, la médaille dans une main. À nouveau sur le pont de son navire où gît la moitié de son mât, c'est une scène surprenante qui attend Edwin. Alrahyr Kaltershaft avec, à ses pieds, la totalité des matelots du croiseur, vaincus. Edwin ne sourit pas, mais esquisse une légère grimace du coin de la lèvre, alors que ses yeux harponnent le nouvellement nommé révolutionnaire. Il range sa médaille sous sa veste, sort une cigarette puis craque une allumette avant de cracher une bouffée.

Shintaro Kuroda, comment va Nayami ? Je ne l'ai pas croisé depuis l'interrogatoire que j'ai mené sur elle…

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Dans un fracas épouvantable, Alrahyr fait son entrée. « Mise en scène », lui avait-on appris dans le corps de l’élite, chose que semble également appliquer son adversaire du moment.

Edwin Morneplume, le fléau de la révolution de Boréa. Hautain, provocateur, froid et incisif. Remémorer au Boréalin la perte de Nayami était certainement la chose à faire la plus insensée. L’officier d’élite n’est peut-être pas la raison de la mort de la jeune femme, mais il profite de la situation pour provoquer son adversaire.

Sans comprendre pourquoi, le jeune homme n’est pas affecté par la disparition de celle qu’on lui a enlevée, si brutalement. Il se souvient de tous les détails, les morts, les blessures, cette scène si tragique, si affreuse, mais il n’en est pas touché. Pourquoi ? Il ne se l’explique pas.

Le provoquer. Mais dans quel but ? Le faire agir de manière irréfléchie, par pure volonté de vengeance ? Ce serait le prendre pour un débutant. Non, Alrahyr n’est pas homme à foncer dans le tas. Enfin, pas trop. Un peu ? Bon, parfois il le fait, certes. Mais toujours en ayant établi un plan auparavant. Enfin… souvent…

Bon, c’est vrai que là, le manieur de bouclier n’a absolument rien prévu. Il a vu un moyen de rejoindre Morneplume, et il y est allé. Explosion du grand mât, histoire de mettre la pagaille et de signaler sa présence de la manière la moins subtile possible. Une provocation ? Qu’à cela ne tienne, chacun son tour :

- Shintaro Kuroda n’était qu’une façade pour me jouer de vous. Cela a mieux fonctionné que prévu. Vous avez encore beaucoup à apprendre, Morneplume.

Sur ces belles paroles, Alrahyr s’élance droit sur son adversaire, qui le met immédiatement en joue.

BANG

La balle vient s’écraser sur l’acier Kaltershaft dont est forgé le bouclier, formant une petite piécette ronde, toute plate, qui tombe au sol sans demander son reste. Le sol… Le pont… Il est fissuré de toutes parts, suite à l’effondrement du mât. Mais pour le moment, il ne menace pas de céder.

BANG

L’efficacité du bouclier n’est plus à démontrer désormais. Sa surface est encore totalement intacte, épurée de toute trace, alors que son utilisation a été des plus brutales ces derniers mois. Il faut dire que d’importants tests l’ont éprouvé, le lendemain de sa conception. Les ingénieurs du QG de North Blue se sont bien amusés à en vérifier la résistance, jusqu’à utiliser un canon comme ceux qu’on trouve sur les tourelles des bâtiments de guerre. Cette création, véritable protection inébranlable.

Alors, un coup de revolver de plus ou de moins…

BANG

Ne videz pas votre chargeur là-dessus, Morneplume, ce serait idiot.

Lorsqu’Alrahyr arrive enfin à la hauteur de son adversaire, il lui assène un coup du revers de son bouclier, avec la volonté d’en finir le plus vite possible. Réglons cette histoire.

BEING

Le coup est stoppé net dans son élan, le Boréalin se fige.

Le poing gauche de l’officier est en contact avec le bouclier, en son centre. Bras tendu, Edwin a bloqué l’attaque. Cette attaque si puissante, capable de faire valser n’importe quel adversaire du jeune homme. Mais pas cet adversaire-là.

Une fraction de seconde s’écoule. Une fraction de seconde pendant laquelle Alrahyr remarque un détail non négligeable. De sa main droite, Morneplume le tient en joue avec son revolver. Il presse prestement la détente, la gâchette s’amorce, puis revient pour heurter la balle.

BANG

Une fraction de seconde salvatrice. La balle frôle le regard vivement détourné du jeune Kaltershaft, arrachant au passage un épais lambeau de peau. Putain… Encore une cicatrice.

BANG

Mais le manieur de bouclier a eu le temps de dégager son arme, se protégeant derrière.

BANG

C’était votre dernière balle, Edwin. D’un mouvement rapide, Alrahyr ouvre sa garde pour attaquer directement son adversaire. Mais, alors qu’il voit le revolver transféré dans la main gauche d’Edwin, il remarque qu’un poing fond sur lui. N’ayant que le temps de brandir sa défense d’acier, le Boréalin reçoit le coup à pleine puissance. Le choc le projette en arrière, jusqu’à l’autre bout du pont.

Coup d’œil sur son bouclier. Un très léger enfoncement est perceptible en son milieu, de la forme d’un poing. Un poing droit. Si même un obus de guerre n’est pas apte à causer de tels dommages, quelle est votre force, Morneplume ?

De l’autre côté du navire, l’officier recharge tranquillement son barillet.

Si le simple art du maniement du bouclier ne suffit pas, il va falloir utiliser les grands moyens…

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Il ne se fait pas d’illusion, Morneplume. Kaltershaft est fort, très fort. Ce n’est pas par chance qu’il a vaincu le Colonel Earl Grey, sur Boréa, ce n’est probablement pas non plus par chance qu’il survit constamment à chacun des échauffourées que la Marine lui a tendu. Le révolutionnaire est un battant, un guerrier dans l’âme, à la volonté forgée au cœur du patriotisme Boréalin. La douleur sourde qui se répercute toujours dans son main droite ne peut mentir quant à la force brute de l’homme le plus recherché sur North Blue. Une vérité, cela dit, n’échappe pas au Lieutenant qui ose un demi sourire, alors qu’autour de lui s’écrase une salve de boulets, soulevant des trombes d’eau en frappant la houle. Jamais Elsa ne lui a posé si grand défi. Jamais Elle ne l’a mis à l’épreuve d’une telle façon. Capturer un putschiste, un assassin, un traître et un révolutionnaire affirmé, quoi de mieux pour se prouver à sa douce que de se débarrasser d’un adversaire d’un tel calibre ? Il en vient presque à jubiler, Morneplume, comme il fait tournoyer le barillet de son arme avant de le refermer dans un claquement sec. Elle hurlera, sa Justice, elle hurlera aux tympans de sa proie.

Toutefois, il doit d’abord se débarrasser du bouclier du révolutionnaire. L’acier Kaltershaft est une variable trop décisive dans ce combat que Morneplume devine déjà difficile. Le croiseur sur lequel ils se toisent est déserts, îlot inviolable au milieu du chaos, de la tempête de violence qui agite toujours ce coin d’océan. Les navires s’entrechoquent, se déchirent et se fracassent les uns contre les autres. Les boulets volent, percent et tuent au même titre que les innombrables balles tirées par les deux camps. Des nuages de fumée s’élèvent des épaves enflammées comme des armes échauffées et tâchent le ciel de teintes sombres et opaques. Dans l’air, Edwin hume le sel marin, simple fragrance qu’il dénote à travers les étouffantes vapeurs de mort, de chair brûlée et de bois calciné. L’odeur de l’aventure, le fumet du grand large. Il pourrait être n’importe où ailleurs, sur les mers, mais il est ici, sur le point de mettre fin aux agissements du plus dangereux criminel de l’heure.

Et il se sent vivant. Plus vivant qu’il ne l’a été depuis de nombreuses années.

Ce demi-sourire, il le mérite entièrement.

Alors, dites moi, Kaltershaft, comptez-vous lâcher ce bouclier et vous battre comme on vous a convenablement formé au BAN ? Je ne voudrais pas avoir à réduire en miettes un artefact d’une dynastie de forgerons. Ce serait sacrilège.
Laisse tomber, Morneplume. Celui qui utilise un flingue à bout portant à rien à m’apprendre.
Ah, mais si j’utilise cette arme, c’est simplement pour mieux vous arrêter, Shintaro Kuroda.

Il fait tournoyer la gâchette du revolver autour de son index, puis range vivement l’arme dans le holster sous sa veste. On ne le surnomme pas « Poigne de Fer » pour rien, et il s’apprête à en faire la démonstration à Kaltershaft. Avec une vivacité qu’on ne soupçonnerait définitivement pas à un presque sexagénaire comme lui, Edwin plie ses longues jambes et se ramasse sur lui-même comme un fauve. Comme un ressort trop longtemps contenu, il s’élance, il bondit comme un typhon sur Kaltershaft. Assez rapidement, dirait-il. Trop rapidement, dirait-on. Ses jointures s’impriment à nouveau dans le pavois. Il sent ses os vibrer, pratiquement céder alors que l’acier du lourd bouclier lui renvoie la force de son coup. Il souffre, sent ses articulations gémir, mais ne bronche pas. Il ne bronche jamais, Morneplume. Sous la force du coup, Kaltershaft bascule, juste assez pour avoir à faire un pas vers l’arrière. Un pas qu’Edwin exploite à fond. Son autre main fond vers la bordure du bouclier et s’y agrippe comme un damné s’accrocherait à la vie. Ses doigts serrent le métal à en blanchir, ses jointures en saignent, mais ses serres de rapace ne lâchent pas prise quand Alrahyr secoue son bouclier pour se débarrasser de la poigne de Morneplume. La deuxième main aux allures de piège à ours se referme sur l’acier Boréalin, puis, d’un coup sec, Morneplume tire. Il tire comme un forcené, grognant légèrement alors qu’il propulse le révolutionnaire vers lui et l’accueille d’un formidable coup de tête. Le couvre-chef au nom imprononçable de Kaltershaft se fend sous le choc et du sang coule de son front, révélant le visage du traître pour la première fois.

Eh bien, Kaltershaft, autant vous dire que je me souviendrai de votre visage, une fois que vous aurez rejoins le fond de l’océan.

Étourdi, le révolutionnaire ne peut réagir promptement lorsque le talon de Morneplume claque contre son genou droit, l’envoyant au sol dans un craquement horrible. Le bouclier roule plus loin, sur le pont couvert de cadavres et de débris, quand Alrahyr s’écroule au sol. Les mains ensanglantées, haletant suite à cette lutte coriace, Edwin appuie sa botte contre le crâne de Kaltershaft et dégaine son revolver. Cliquetis, le cran de sureté est relevé, l’arme chargée.

Alrahyr Kaltershaft, vous êtes en état d’arrestation, et en vertu des lois vous déclarant comme recherché mort ou vif, moi, Edwin Morneplume, vais vous livrer à la Justice de la meilleure des façons qui soit. Par la mort.
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BAOUM

Une impressionnante explosion arrête le temps. L’officier lève les yeux de sa proie, autant par réflexe que pour mieux admirer la scène qui se joue devant lui. L’un des bâtiments de guerre de la Marine vient d’être réduit à l’état d’épave fumante. Les révolutionnaires ont certainement réussi à atteindre la cale à munitions et se sont chargés d’y mettre le feu. Technique banale qui a maintes fois fait ses preuves.

Des débris volent de toutes parts, retombant dans l’eau, sur les ponts des autres navires, perçant des voiles ou déchirant les membres des infortunés.

Et en parlant d’infortunés…

Une ombre se dessine à l’emplacement des deux hommes. Une large pièce métallique, de la forme d’un canon, fond dans leur direction à pleine vitesse. Morneplume a tout juste le temps de se jeter de côté pour l’esquiver, mais le révolutionnaire n’a pas cette opportunité. Allongé sur le dos, mal positionné, il tire ses deux plus longs sabres encore pendus à sa taille. Les lames n’ont pas le temps de quitter leurs fourreaux que la pièce de fonte s’abat sur lui.

Sous la charge, le pont s’effondre sous Alrahyr, qui se retrouve à l’étage inférieur, écrasé par le canon, protégé par ses sabres maintenus parallèles au-dessus de lui. L’acier Kaltershaft, quelle merveille de conception. D’une solidité impressionnante, décidément.

Les débris continuent de pleuvoir sur tout le pont, démolissant des parties, épargnant d’autres zones. D’une oreille attentive, l’ex-Sergent d’Elite guette les mouvements de son adversaire, qu’il a entendu descendre à son niveau. Bruyamment, il se dégage de son fardeau métallique et se met en garde, un sabre dans chaque main.

Il fait sombre, ici. Les quelques ouvertures créées par la chute de débris peinent à fournir une clarté suffisante pour y voir correctement. Des puits de lumière ponctuent ça-et-là le pont inférieur, laissant de nombreuses zones noires permettant aux deux opposants de se dissimuler.

La voix de l’officier résonne. Des mises en garde, des « je vous tiens » on ne peut plus arrogants, le genre de provocations froides auxquelles Morneplume s’est entiché.

Les deux hommes continuent leur jeu de cache-cache, se trouvant parfois, échangeant des coups et des frappes, parant, esquivant ou bloquant celles de l’adversaire, sans parvenir à l’atteindre. Quelques balles fusent, laissant une place rapidement comblée dans le barillet par un rechargement rapide. Une pluie de lames, de solides coups de poing, des fauchages et balayettes à n’en plus vouloir.

Ils savent se battre, cela fait l’unanimité.

Mais une telle situation ne peut plus durer, et ils le savent. Les forces de la Marine et de la Révolution semblent quasiment égales, sur ce champ de bataille, et chacun des deux hommes doit aller aider son camp pour espérer remporter la victoire. S’il n’est pas trop tard encore.

De leur duel semble dépendre la suite des événements.

Le pont est humide, la respiration d’Alrahyr enfume l’air ambiant d’une vapeur chaude tandis qu’il se déplace entre les ombres. Cela fait un certain moment qu’il n’a ni croisé ni entendu Edwin. Mauvais signe, cela ne présage rien de bon.

BANG

Un coup de feu vertical, venant du haut, frôle le jeune homme, qui s’écarte avec précipitation.

BANG

La visée n’est pas très juste, bien heureusement.

Au-dessus, des pas, calmes, et un barillet qui reçoit de nouvelles balles toutes fraîches à mesure que le canon chaud en crache.

Morneplume.

- Dites-moi, Kaltershaft, aimez-vous être traqué ?

BANG

Un soupçon de malchance, et la balle fera plus qu’effleurer l’armure d’Alrahyr.

- Personnellement, j’apprécie de vous traquer.

BANG

- Je continuerais bien ce jeu encore un moment…

BANG

- Mais j’ai bien peur de devoir y mettre un terme sous peu.

BANG

Bouclier. Sabres. Force brute. Tant d’atouts qui permettent normalement au jeune homme de dominer ses adversaires. Mais celui-ci est plus coriace. Que lui reste-t-il ?

- Ori…

Un chuchotement, rien de plus qu’une expiration comme tant d’autres, mais portant en elle un mot simple, une solution, une suite plaisante.

- Bien sûr…

Ce mot si simple est la clé. Il ne le connaît que très peu, mais a déjà eu plusieurs aperçus de son potentiel, de sa puissance, du résultat. Un excellent moyen de mettre un terme à ce duel. D’une voix plus puissante, il donne sa position à l’officier.

- Allez vous faire foutre, Morneplume !

Des pas souples, une balle qui perce à nouveau le pont, un doigt agile qui recharge le barillet. Cette manie de compléter ses cartouches pour demeurer à six le perdra. Maintenant.

De ses deux sabres, Alrahyr transperce le plafond. Il les plante de travers, un de chaque côté du pied de l’officier, pour qu’ils se croisent juste au-dessus de son membre, et exerce une forte pression pour que l’étau se resserre. Puissante entrave métallique qui a suffisamment entamé le cuir de ses bottes pour l’empêcher de s’en défaire d’un seul geste. Juste de quoi le distraire.

Prenant appui sur une poutre verticale de son étage, le jeune homme défonce le pont supérieur pour y bondir prestement, directement derrière Edwin. Ne perdant pas une seule seconde, emporté par son élan, Alrahyr tend son bras droit à l’horizontale au niveau du bassin du militaire et fonce. Il se saisit de lui, l’englobant d’un bras à l’autre.

Son membre commence à se déformer, épousant le contour du corps de sa victime, passant comme au travers. Arrivé de l’autre côté, le bras du révolutionnaire se détache de l’ensemble, laissant derrière lui un épais lien aussi solide que de l’acier.

Toujours en conservant sa vitesse, il exécute une frappe pivotante de sa jambe gauche, comme pour faucher les mollets de Morneplume. Mais, à l’instar du bras, la jambe se déforme elle aussi et vient déposer une large entrave au niveau des genoux d’Edwin.

Esquivant une balle tirée dans une dernière tentative de défense, Alrahyr envoie valser le révolver de l’officier.

Ils sont seuls, seuls sur un pont bientôt réduit à l’état d’épave, un pont qui menace de s’effondrer à tout moment. Le jeune homme est allé tranquillement reprendre son bouclier et se tient désormais de l’autre côté d’une crevasse creusée dans le pont, défiant du regard son adversaire solidement entravé.

- Votre justice est inapte, Morneplume. Laissez-moi vous montrer comment mettre proprement un terme à ce duel.

Armé de son jouet métallique favori, Alrahyr Kaltershaft se prépare à bondir pour asséner un coup fatal à son ennemi.


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Le lourd acier cueille directement Morneplume sur la pommette gauche. Incapable d'esquisser un quelconque mouvement de défense, il sent la douleur irradier dans tout son crâne et grogne alors que le bouclier s'enfonce dans son visage désormais fracturé. Le coup est assez puissant pour le projeter contre le sol, mais aussi pour le lui faire traverser. Il s'effondre contre le bois qui craque et gémit avant de céder, lui faisant traverser la cale en entier. Toujours entravé de la pire des façons, le visage ensanglanté, Edwin atterri sur un tas de caisses et de barils qui explosent sous le poids de sa chute, une blessure supplémentaire dont il se serait passée volontiers. Étourdi, crachant plus de sang qu'il ne le faut, le Lieutenant tente péniblement de se relever, gigotant mollement comme un poisson hors de l'eau. D'ailleurs, l'eau, elle tapisse déjà le fond de la cale et ne cesse de gagner en hauteur tandis que le navire, lui, s'enfonce de plus en plus vers les abysses.

Ghhaarr… arrive-t-il piteusement à gémir, rageant intérieurement d'être ainsi vaincu.

Il ne peut mourir. Pas maintenant. Il n'a plus son arme, est vulnérable et blessé. Depuis longtemps qu'il n'a pas connu de tel faux pas, Morneplume. Ses entraves lui entaillent les bras et les jambes, l'eau de mer lui entre par le nez et la bouche, le faisant tousser profondément. Ses yeux froids jettent des regards fous aux alentours. Où est Katlershaft ? Va-t-il attaquer à nouveau ? Il ne peut perdre, il ne peut le laisser partir sain et sauf. Il est Edwin Morneplume, la Poigne de Fer de North Blue. Le pacificateur de Boréa, un révolutionnaire de bas étage comme Kaltershaft ne peut possiblement lui échapper ! C'est tout à fait impossible ! Ses dents se crispent et le font souffrir comme il bouille d'une rage qu'il ne se serait pas soupçonné. Voilà longtemps qu'il ne s'est pas senti à ce point misérable, à ce point faible et incapable. Sa mission n'est toujours pas terminé sur Terre, il ne peut pas être ainsi vaincu par un dévot du mal comme Kaltershaft, défait dans sa divine tâche.

C'est un obstacle qu'il affronte pour mieux se relever. Un défi supplémentaire qu'Elle lui offre, Elsa. Oui, voilà. Un défi de plus pour le mettre à l'épreuve.

Un craquement tonitruant se fait entendre alors que le navire se scinde complètement en deux, s'engouffrant d'un seul coup vers les tréfonds d'East Blue. Dans un effort surhumain, gémissant et soufflant comme un bœuf, Morneplume se lance pathétiquement vers une caisse toujours intacte sur laquelle il s'accroche de son mieux, toujours saucissonné par le fruit du démon de Kaltershaft. Autour de lui, l'épave s'engouffre en soulevant d'importants remous, tandis qu'il s'échine à esquiver des pans entiers du bâtiment pouvant l'entraîner par le fond. L'eau est rouge et noire, parsemée de poudre à canon, de cadavre et de restes de navires. Aucune trace de Kaltershaft à l'horizon, sauf peut-être vers ce navire qui, au loin, quitte les lieux de la bataille, vainement pourchassé par un croiseur de la Marine dont le château arrière est dévoré par les flammes. La gorge étouffée par le sel marin, les yeux obstrués par le sang, il râle et appelle ce dernier croiseur qui sillonne le champ de bataille où ne figurent plus que quelques tristes épaves, attendant leur tour pour rejoindre le royaume de Davy Jones.

Erreur ou non, on le repêche, on le traîne jusqu'en infirmerie où on s'acharne à scier les liens démoniaques qui l'étreignent. On lui demande de répondre, de raconter ce qu'il s'est passé, qui a pu le blesser ainsi, mais il ne répond pas. Ses yeux froids restent braqués vers le vide, où il repasse en boucle ce combat où il s'est tristement incliné contre cet homme qu'il se jure désormais de retrouver et d'abattre une fois pour toute. Plus jamais il ne sera ainsi tourné en ridicule par une révolutionnaire, ou par n'importe quel autre type de criminel. Plus. Jamais. Il en va de son honneur et de sa promesse envers celle qu'il aime. Il doit retrouver cet homme qui a fait naître en lui une telle haine, une telle colère.

Il est sa Némésis. Et il tuera Kaltershaft, un jour ou l'autre.
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Après avoir croisé Morneplume, j’suis allé m’réfugier sur son rafiot amiral. Pris une barque et tout. Heh, mission accomplie pour moi, l’a plus qu’à faire son taf. Qui est de se dépatouiller du Kaltershaft après avoir buté Jim Lowell. T’façon, j’crois que j’suis plus bon à rien. Y’a même un matelot qui m’escorte derrière les lignes, sur un bateau qui fait plus que pilonner les navires ennemis de loin.
Et pour cause, toutes les troupes se sont faites la malle pour aller botter du révolutionnaire au corps à corps. Le fouillis de la bataille, l’affrontement un peu foireux des tactiques fait qu’il n’y a plus vraiment de ligne de démarcation entre les deux camps.

Restent des blessés, allongés dans un coin du pont pendant que les toubibs passent dans les rangs. Et quelques soldats qui tirent de temps à autres, visiblement quand ils s’ennuient, vers un ennemi un peu lointain. Par contre, les connards dans les entreponts et la cale, eux, ils arrêtent pas, ça fait feu à tout va. A ce stade, j’sais pas si on touche des alliés ou des ennemis.
La douleur, la lassitude. J’ai envie de dire qu’on envoie tout le monde par le fond et qu’on sera débarrassé, putain. J’secoue la tête et j’sors une clope. Elle est trempée. J’vais voir un médecin pour lui en taxer une.

« Vous êtes blessé, vous ne devriez pas.
- Faites pas l’enflure, j’ai un mal de chien.
- Morphine ?
- Pas mon truc. J’préfère rester dispo si ça déconne trop.
- Comme vous voulez, dit-il en haussant les épaules.
- ‘Pouvez m’l’allumer, aussi ? S’vous plaît.
- Ouais. Tenez, prenez le paquet et allez profiter du spectacle. J’ai du travail qui m’attend.
- ‘Sûr, merci. »

J’retourne m’accouder au bastingage, sur le château arrière. Y’a pile ce que j’cherche, juste à côté du gouvernail. Une bonne longue-vue des familles, version extra zoom plus plus. D’une main, j’douille à la déplier et à faire le point, j’manque de mordre dedans. Puis j’mate. Les CP ont tous un instinct un peu voyeur, paraît, sinon on ferait pas ce métier. J’me dis que c’est pour mon rapport.
J’cendre pas pendant que j’regarde les passes d’armes de Morneplume et Kaltershaft. J’ai bien fait de pas m’en mêler, c’était un coup à clamser direct. Quand leur duel les amène dans les entrailles du navire, j’porte la longue-vue sur la bataille en générale. Les Marines sont en train de gagner, sans surprise : mieux équipés, mieux préparés. Meilleurs quoi.

J’crache mon mégot à la flotte. Mon bras est tout engourdi, avec une douleur sourde. Faudra que j’fasse examiner ça par un pro. J’me méfie des révolutionnaires. ‘Sont pas fiables. J’l’aime bien, mon bras, j’l’ai reçu à la naissance, c’était un cadeau.
Sourire ironique et satisfait aux lèvres qui s’écrase quand Alrahyr sort de la carcasse du navire. Si c’est lui qu’a gagné, ça craint pour Morneplume, et ça craint pour nous. J’fais signe à un Marine de le viser lui. Un boulet de canon dans la gueule, il en sortira pas propre, malgré sa force, j’en jurerai.

Sauf qu’on le touche pas, il bouge trop vite et sort de la ligne de visée des canons. Il sème le chaos et la mort sur son passage, rejoint un navire révolutionnaire. Et il se barre. Il a dû y laisser des plumes, quand même, faut croire.
Succès en demi-teinte, au final. Au moins, on récupère le vieux lieutenant d’élite, encore vivant, mais mal en point. Comme moi. Pas si mal. J’ai survécu, on a buté Lowell, le Cavalier de la Révolution. On a bloqué l’attaque pour sauver Costa Bravo. Bon, j’ai pas sorti autant d’informations que prévu de la cellule de Luvneel, mais j’ai fait ce que j’ai pu.

Pour les têtes pensantes de chaque camp, cet espèce de pat, d’ex aequo, il n’y avait rien de potentiellement pire.

Putain, enfin j’vais pouvoir m’reposer. Ca fait du bien de relâcher le stress, de temps en temps.



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[Suite pour Alrahyr : Le Schnok papotte]
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