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Manshon



L'éducation des jeunes c'est quelque chose d'important. C'est d'ailleurs pour ça que l'on place essentiellement les retraités ayant échoués en formateurs. Depuis le héros légendaire Garp jusqu'à l'oublié Canard. L'expérience et le niveau ça n'a aucun intérêt. Rien de mieux pour motiver les troupes que ceux qui ont abandonné tout espoir. Si des types comme ça ont réussi à atteindre le top de la Marine, pas de raison que qui que ce soit d'autre n'y arrivent pas. Ainsi cette année, une nouvelle bande de recrues motivées suivaient impatiemment les leçons de notre protagoniste. Tournant principalement autour de "comment lever le poing et le coller dans la face d'un pirate". Un cours malheureusement théorique, le vieillard étant incapable de se déplacer sans fauteuil roulant. Depuis dix-sept ans qu'il avait été chaleureusement invité à quitter son poste de Vice-amiral, sa vie avait pris un sombre détour.

Passer d'affrontement contre les pires crapules au monde à enseigner sans même être capable de coller des coups de pied aux culs.

- Hé Monsieur, et si il est super rapide et que sa tête passe à côté du poing ?
- On a pas encore vu ça, mais je crois qu'il faut en donner un autre
- Hm... Mais sa tête est vraiment super rapide hein, genre PFIOU, elle passe à côté
- Et si il a une épée c'est différent ou dans ce cas là on peut pas se faire couper la main ?
- Et si il nous jette des cailloux ?
- J'crois qu'il faut une feuille contre les cailloux
- Monsieur un bout de vêtement ça suffit ou faut vraiment une feuille ?
- Et si il a une épée ?
- Genre sa tête elle passe vraiment ZIOUM ZIOUM entre tous les poings, dans ce cas là faut continuer ou bien faut utiliser la feuille et les vêtements ?
- Il a un cailloux avec la tête ou pas ?
- Je sais pas, en tout cas il a une épée
- C'est différent alors
- Ou un petit couteau au moins


Quand on est antipathique comme Canard Un il faut rapidement trouver une technique d'enseignant appropriée. La sienne consiste à regarder un endroit fixe sans parler aussitôt qu'un élève prend la parole. Le vieillard passa des années à la parfaire. Aujourd'hui il est capable de passer une journée entière sans hurler sur qui que ce soit. Quelque chose qu'il ne maîtrisa jamais durant sa période active.

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Une troupe de Marine parcourant la rue de Manshon est chose rare. S'ils sont autorisés à parcourir la ville comme ils le souhaitent, étrangement les soldats oublient de le faire. La caserne détient ainsi un record, oublier de patrouiller pendant 2000 jours consécutifs. Et si les détracteurs voudraient poser des guillemets sur le verbe en question, rien n'a jamais été prouvé.

Aujourd'hui s'ils traversent la ville, ce n'est pas grâce à un soudain gain en mémoire, mais une demande d'intervention.

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Canard étant un être exécrable, l'expression "s'il y a bien une chose que notre héros ne pouvait pas sacquer" ne fonctionne pas vraiment. Ou alors il faut terminer avec "c'est le reste de l'humanité". Seulement ça devient difficile de décrire précisément un phénomène quand on est obligé de détailler le reste du monde en même temps. Ainsi je vais commencer par : Parmi les très nombreuses choses notre protagoniste ne peut pas sacquer, les médias ont toujours eu une place particulière. Lire le journal, c'est pour les bons à rien qui préfèrent apprendre passivement les nouvelles plutôt que participer directement à l'histoire. Se baser sur ce que raconte un quelconque écrivain, qui n'a certainement même pas assisté à l'action, c'est une façon de penser digne d'un de ces misérables artistes. Canard de son temps préférait être partout à la fois. Plutôt qu'admirer avec distance, coller sa face dans le problème. Et si le marine ne pouvait pas être un acteur majeur de l'action, il se contentait de l'ignorer entièrement et passer à autre chose.

Puis il se retrouva coincé sur North Blue dans une chaise à roulette. Alors Un fit ce que font tous les vieillards sans foi ni but. Oublier ses convictions pour sombrer dans la masse. Les articles lui permettaient d'avoir des nouvelles sur les vieux potes. Et, plus souvent, de sourire en apprenant la mort d'un ancien ennemi. Ainsi l'ancien amiral cherchait des yeux un visage familier et tomba sur celui de Carton Mardino.

Mystère chez l'homme-d'affaire-parfaitement-honnête Mardino. Le célèbre businessman s'est fait cambrioler. Son portrait grandeur nature, réalisé par le défunt Vincent Pablo, le peintre pirate a disparu.

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La troupe de Marine entrait désormais dans la villa personnelle de Mardino. Un grand bâtiment quelconque, excepté pour les énormes lettres formant le nom de famille de l'homme sur le toit. Et le panneau devant le portail expliquant "Bâtiment acquis grâce à un salaire durement gagné à la force de mes mains, et des années de travail. Ce que vous avez entendu c'est des mensonges". L'adjudant pas très rassuré qui dirigeait le groupe se présenta alors au maître des lieux.

- Adjudant H.R.G.J.K Lordrandu, monsieur, à votre service.
- POUR QUI TU TE PRENDS PETITE MERDE, ENTRER CHEZ MOI AVEC TA TROUPE DE GLANDUS. J'VAIS VOUS APPRENDRE A ME RESPECTER MARINES PURULANTS, Y A
Hurlait le "mais non je vous jure je suis pas un mafieux, dites moi ça vous dit de faire un tour au port ? Attendez je dois récupérer des chaines chez moi, j'veux dire des reines... des laines ? TANT PIS, les gars collait le dans un sac !". Utilisant toutes leurs forces, les deux gardes du corps essayer de contenir leur patron.
- Boss c'est nous qui les avons appelé !
- Oups, t'as raison. S'c'usez moi les gars, c'était une bourde !
- Y y a, y a pas de problème, ahah
Se contenta de répondre H.R.G.J.K avec le rire le plus forcé du monde.
- Suivez moi donc sur les lieux du crime. Une traversée de nombreux couloirs tous plus louches les uns que les autres plus tard et le petit groupe se retrouva dans un sympathique salon. Quelques fauteuils, des tables basses, une cheminée et une absence évidente de tableau au dessus de cette dernière. C'est ici, vous pouvez faire votre business.
- Heu dites moi, monsieur Mardino, ce ne serait pas un cadavre sur le fauteuil ?
- LES GARS GROUILLEZ VOUS FAUT VIRER UN CORPS DU SALON. ET LES MARINES. VOUS POURRIEZ FAIRE UN PEU GAFFE BANDE DE TROUDUCS, FAUT PAS LAISSER TRAÎNER CES, oups attendez une seconde, c'est pas un des notre.
- ...
- C'est juste mon neveu faites pas attention, il s'est fait avoir par le voleur.
- Par, par le voleur ? Je pensais que c'était un cambriolage. Là y a affaire à un, un assa, un assassin.
- Un peu de sérieux gamin, c'est pas le moment de chercher des noms, on m'a piqué mon oeuvre !


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A bord d'un petit navire récupéré rapidement, Canard arriverait bientôt sur Manshon.
    J’descends de mon petit navire taxi en disant merci au capitaine et à l’équipage, qu’ont bien voulu m’transporter jusqu’à destination, moyennant finance ‘videmment. Manshon. Un coin calme. J’espère que ça le restera, et que j’suis pas sur la piste d’un truc trop gros pour moi. J’me rappelle les éléments du dossier en avançant vers la caserne de la Marine. Des vols d’objets d’art. Une de mes premières enquêtes en solo.

    Dans les rues, tout le monde avance tranquillement, se balade, fait ses courses, va bosser. On dirait un coin normal, si la ville avait pas l’air d’être autant remplie de types couturés de cicatrices, de tatouages ou quoi. Mais le genre rangés. Manshon, sa mafia, ses parrains à la retraite, et sa Marine recluse dans sa base.

    Une fois à la caserne, j’montre mon accréditation bidon de CP2. Aurélius, tout à fait, soldat. La faute à mes vieux, v’savez ? Mais j’suis pas là pour tailler la bavette, ‘doutez bien. Allez hop, j’veux voir le patron.
    « C’est qu’il est occupé.
    - Il fera bien du temps.
    - On vous laisse voir, alors. »
    Le rond-de-cuir reprend sa surveillance de l’allée qui mène à son chez-lui, une allée dans laquelle y’a personne qui passe, probablement par désintérêt total pour ces Marines qui veulent pas d’emmerdes. Chacun chez soi et les Marines seront bien en vie, hein ? Chiasserie de branques.

    On m’introduit enfin chez le patron du coin. Une Mouette d’âge moyen, propre sur elle, un sourire affable plaqué sur le visage. Le genre de gars qui fait profil bas dans son propre village, avec joie et bakchichs.
    « Bonjour. Agent Aurélius, c’est bien cela ?
    - Tout à fait, Aurélius, Cipher Pol 2.
    - Colonel Mandillo. Qu’est-ce qui vous amène parmi nous ?
    - Voyez-vous, je suis sur la piste d’un cambrioleur.
    - Un cambrioleur qui amènerait un agent des Bureaux jusqu’ici ? Cela semble difficile à croire.
    - Et pourtant. »
    Le type m’énerve déjà. Il a une voix qui va bien avec son tronche, embobineur, tout ça. Ses doigts reposent sur un stylo-plume de luxe, finition à la feuille d’or, sûrement un cadeau des vrais patrons de l’île. A tous les coups, il sort de la famille et a pris un chemin détourné pour revenir.

    « Vous n’êtes pas sans savoir que cette île est remarquablement calme. Tellement calme, en vérité, que nous n’avons rien eu à reporter depuis plusieurs années.
    - Ouais, surprenant.
    - Pas de plaintes, pas flagrant délit, rien. Je pense sincèrement que l’action de sensibilisation menée par la Marine porte ses fruits dans des proportions jamais vues auparavant.
    - Ouais, grave, sûrement ça.
    - Et donc, vous voulez ?
    - Une escouade sous mes ordres.
    - Désolé, mais il vous faudrait pour cela une accréditation numéro F-608 ainsi qu’un mandat M-22 et…
    - Oui, oui, j’ai tout ça, là. »
    J’sors les papelards de l’intérieur de ma veste, même pas des faux. Il les lit attentivement un moment.

    « Et donc, pour quel motif ?
    - Pour m’aider à arrêter ce voleur d’art qui fait du tort aux habitants des îles du Gouvernement Mondial, et par conséquent, au Gouvernement Mondial lui-même.
    - Tout de même, quel timing.
    - Comment cela ?
    - Et bien, on vient de nous reporter un vol, sur l’île-même. Nous mettons évidemment toutes nos capacités pour retrouver le coupable mais il est possible qu’il soit…
    - Lié à cette affaire, oui. Donc vous allez me fournir cette escouade pour faciliter mon enquête et…
    - C’est que, malgré la présence de toutes les accréditations, il faut d’abord que j’en réfère, vous comprenez.
    - Réfère à qui ?
    - A ma hiérarchie, de toute évidence.
    - Quelle hiérarchie ?
    - Laissez ça à la Marine, mon garçon.
    - Mon garçon ?! Dites voir un peu, mon vieux, vous avez vos ordres, et vous allez y obé… »

    La porte s’ouvre brusquement, sans toquer. Un Marine galonné lieutenant s’arrête quelques secondes sur la porte, surpris que j’sois là. Le patron lui fait signe de s’approcher. Le nouveau venu, plutôt jeune, s’approche, puis lui souffle à l’oreille des trucs que j’comprends pas pasqu’il parle tout doucement. Mais, juste sous mes yeux, Mandillo devient progressivement tout pâlichon, puis carrément livide. Ses mirettes s’écarquillent, aussi.

    Il prend une inspiration hachée tandis que son acolyte le regarde, l’air inquiet, mal à l’aise, aussi.
    « Il s’passe quelque chose ? Que j’demande.
    - Rien qui ne vous concerne.
    - Un nouveau cambriolage ? Que j’m’entête.
    - Non, non, rien de tout ça… »

    Puis il cligne des yeux, et j’vois un léger rictus se dessiner avant que ça se transforme à nouveau en sourire affable, le même que depuis le début. Il reprend bien vite des couleurs et, d’un geste, dit à son inférieur hiérarchique de se barrer. La porte claque martialement. J’ai un genre de mauvais pressentiment. Les mains de Mandillo se posent à nouveau sur son beau stylo-plume, qu’il prend avant de saisir une feuille dans un tiroir. L’affectation dont j’ai justement besoin.

    « Hé bien, vous jouez de chance, agent Aurélius. Je vais finalement pouvoir vous fournir vos hommes. »
    Avec un entrain à peine dissimulé, il signe les papiers et les tamponne de toute son autorité de chef.
    « Un problème, agent Aurélius ?
    - Non, non, je suppose…
    - Bien, tout est en ordre. En ce moment-même, il devrait être en train d’accoster. Je ne sais pas exactement s’il est venu accompagné, je vous laisserai voir cela avec lui.
    - Hum ?
    - Tout va pour le mieux, alors.
    - Oui… Merci pour votre coopération.
    - Mais de rien. »

    Un sourire un peu carnassier.
    « Bon courage avec le Lieutenant Canard Un. »

    J’sors. Canard Un. J’gratte ma mémoire, en essayant de voir si y’avait un truc important, si c’était quelqu’un de spécial. Rien. J’en grille une devant la base en attendant qu’il se pointe.

    Sale histoire, j’le sens pas, putain.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t12258-alric-rinwald
    • https://www.onepiece-requiem.net/t12168-alric-rinwald

    Lorsque l'on cherche la définition du mot "introduction" dans le dictionnaire Larousse, on peut y voir une certaine note, précisant qu'utiliser l'introduction "la définition dans le dictionnaire Larousse" pour quoi que ce soit est tellement cliché que même les personnes possédant encore un dictionnaire physique devraient l'éviter. Ou l'auteur imagine, il ne fait malheureusement pas partie de ces personnes, étant un fier utilisateur d'internet, et ne pourra pas vérifier. Par contre, malgré l'année passée à ne pas s'approcher d'un forum sur lequel incarner un pirate, il reste particulièrement doué pour commencer un post. La poste, c'est d'ailleurs là que se trouvait notre nouvelle intéressée dans l'histoire. Une grande femme. Le genre de femme qui dépasse tout le monde dans la pièce, si elle ne se trouvait pas dehors -et dire qu'elle dépasse tout le monde dehors serait légèrement présomptueux, l'auteur n'étant pas à jour sur tous les personnages du forum, il pourrait très bien y'en avoir des grands-. Le genre de femme qui pousse les mauvais romanciers à la qualifier avec "le genre de femmes". Le genre de femme qui cache un pistolet accroché à son bras, sous la manche. Malheureusement, aussi le genre de femme qui oublie de porter des manches longues et se retrouve maintenant à essayer d'expliquer l'arme en question à un quelconque badaud. Ce dernier n'est un genre de rien du tout, on va l'oublier dans quelques lignes alors ne perdons pas notre temps avec des figures de styles inutiles. La femme donc. Pendant un instant elle expliqua. Qu'elle ne savait pas du tout d'où venait cet étrange ustensile. Puis qu'elle l'avait certainement scotché par erreur à son bras. Puis qu'elle n'avait de toute façon jamais rien vu de tel, et respectait toujours la loi alors le badaud devrait avoir honte de l'accuser ainsi. Puis que de toute façon c'était pas ses affaires, hein. Et finalement, elle se rendit compte qu'elle n'avait effectivement aucun comptes à rendre à ce type et pouvait se contenter de le tuer en silence. Ouaip, dans une histoire sur le vol d'art. Et ce retournement de situation ne vient absolument pas du fait que l'auteur a oublié tout ce qu'il avait écrit dans le post précédent. Non non non monsieur.

    - ain de saloperie de récitait le héros légendaire des océans on va m'en faire voir avec ces alors qu'il se baladait pas du tout joyeusement sur l'île d'espèce d'indéc afféré de devoir à nouveau s'occuper d'une quelconque et même pas des gros, des tout petits co avec l'aide d'un d'enfoirés de première de fils d ce qui le poussait à marmonner comme le vieil homme qu'il et j't'en foutrais moi du pu particulièrement, mais attendez une seconde, pourquoi j'suis interrompu moi j'suis le narra jusqu'à Marie Joie et les fesses en alors ça c'est la meilleure, c'est lui que faut couper, pas moi, moi je décr comme une bonne grosse connasse ah bah super, vous stoppez même plus au bon moment maintenant, il vient de dire connasse exactement comme son empaffée de bon ça va bien cinq minutes mais branluchards tous autant qu'ils MAIS TA GUEULE.

    Donc, je disais. Canard Un avançait rapidement sur le port, s'occupant l'esprit en marmonnant des insultes à tout va. Tel le vieillard aigri qu'il était indéniablement. Le marine venait de recevoir ses ordres. Comme quoi il devait enquêter. Comme quoi il devait enquêter avec un autre type. Peut-être quelqu'un de fortement capable, peut-être le plus grand enquêteur au monde. Seulement, l'entière part du monde qui entre dans la catégorie "autre type", Canard la déteste. Qu'ils soient des officiers admirables ou des criminels notoires. Et c'est pas une question de sexisme non plus. Il y a bien eu quelques exceptions dans la catégorie "autre meuf", ses ex-femmes, ses deux filles (spoiler pour l'intrigue n°41 des histoires du lieutenant, qui sera certainement écrite en 2056) mais éventuellement même elles ont finies dans la longue liste des détestés. Avec le reste du monde. Et certainement des autres mondes. Si l'on admet l'existence de dimensions parallèles ou d'univers alternatifs, on peut partir du principe que Canard Un déteste les gens qui y vivent.

    - Lieutenant Canard Un je présume ?
    - Présume ta mère. Se contenta de répondre l'intéressé sur un ton on ne peut plus nonchalant. Il avait complètement abandonné l'idée de politesse. Ou de respect. Si le collègue aurait pu prendre la pique, il regarda un instant l'armure de combat, contempla rapidement ses souvenirs liés aux faits d'armes du lieutenant et décida finalement de laisser passer. Puis indiqua la direction générale de la base à notre protagoniste.

    Contrairement à un populaire héros criminel ne possédant aucun sens de l'orientation parce qu'il faut bien donner du potentiel comique même à un personnage complètement sérieux et classe et badass et gnagnagna (Canard Un lui-même en a, qui apparaîtront dans les intrigues n°08, 17, 22 et 39) le vieillard se débrouillait avec la géographie. Et les faibles indications furent suffisantes pour atteindre le QG. Devant lequel se trouvait un petit con. Sans le moindre élément de jugement, toute personne ayant moins de la trentaine entre par défaut dans la catégorie. Surtout lorsqu'ils n'ont aucune autre caractéristique remarquable, identifiable et collable d'un adjectif négatif. Après avoir passé une vie à suivre les ordres, à essayer tant bien que mal de contenir sa colère pour l'humanité dans un recoin renfermé de son cerveau, tout ça dans le but de servir ses principes, ses objectifs. Défendre la justice, quitte à sacrifier son aigreur. Aujourd'hui Canard avait abandonné tous ces machins là, ce qui le poussait à ne plus rien contenir. Au contraire, lorsqu'il rencontrait quelqu'un, il essayait de trouver la chose la plus désagréable qu'il puisse faire, histoire de bien lui montrer qu'il ne pouvait pas le sacquer. Dans notre cas, ce fut s'approcher de Rinwald, et étendre la cigarette en l'écrabouillant d'un geste de la main en acier.

    - J'suppose que t'es l'éventuelle raclure avec qui on m'a collé ? Le certainement incapable que j'vais devoir me coltiner ? Subtil mélange entre l'insulte directe et le conditionnel.

      J’regarde, interloqué, la cigarette qui jusqu’à présent envoyait sa fumée dans mes poumons et qui maintenant n’était plus qu’un baton tordu et éteint. Puis j’arrête de loucher comme un con et j’mate le coupable, un vieux en armure avec une sale bouille. J’éjecte ce qui reste de ma clope deux mètres plus loin et j’en sors une autre. Stoïque.

      J’baisse à peine mon briquet après l’avoir allumée qu’il tend à nouveau la main pour l’éteindre, mais j’avais davantage prévu le coup cette fois-ci. J’me tourne et j’sens le déplacement d’air de son mouvement et j’prépare un ricanement de bon aloi. Puis mes pieds se prennent dans le sien, tendu, et j’trébuche.

      Le cul par terre, j’ai l’air vachement moins malin.

      Mais ma clope est toujours allumée et dans ma bouche. Les p’tites victoires.

      J’me relève et j’époussette mes fesses, le visage impavide.
      « Vous êtes ?
      - Le type qui va devoir faire babysitting d’un gamin assez jeune pour encore têter le sein de sa mère et en même temps résoudre un crime.
      - La réponse que j’attendais, c’était Lieutenant Canard Un, mais si c’est pas vous, je vais attendre. C’est vrai que ça paraissait bizarre, qu’on me refile un vioque qu’a l’air de sortir de son cercueil. »

      Il pousse un grognement et s’adosse à un mur. J’fais pareil.

      Un quart d’heure après, on regarde tous les deux, fixement, devant nous, en ignorant celui qu’est à deux mètres à peine. Le grouillot du chef de la base de tout à l’heure s’approche de moi en jetant des regards méfiants au vieux.
      « Dites, vous pensez pas que vous devriez y aller, maintenant ?
      - J’attends le Lieutenant Canard Un, en fait.
      - Mais il est juste à côté de vous.
      - J’saurais pas dire, il refuse de se présenter. Puis, soyons franc, il est trop vieux pour être encore dans la Marine…
      - Comment ça, trop vieux ? Qu’il interrompt.
      - Si, si, je vous assure, c’est le Lieutenant Canard Un. Il faudrait que vous y alliez. Le Colonel a reçu des appels et les patr… habitants se demandent quand ce sera résolu.
      - Tant pis, vais y aller, on verra si un lieutenant Un me rejoint.
      - D’accord, bon courage ag… Hé, vous faites quoi, Lieutenant ?
      - J’y vais le premier, on verra si un bleu-bite du Cipher Pol me rejoint. »

      La bouche encore ouverte, il nous regarde partir côte à côte mais pas ensemble.

      J’commence à cerner le papy. Déjà, c’est vraiment le lieutenant Un. J’veux dire, contrairement aux apparences. Et, surtout, mais surtout, il est très pénible. J’sais pas si c’est son arthrose qui le rend agressif ou quoi, mais il est comme ces p’tits vieux qui te donnent des coups d’canne à Marie-Joie l’air de rien puis t’accusent de les bousculer dans le train.

      Il nous faut pas long pour arriver au manoir de Mardino. Le message écrit en gros indiquant qu’il est honnête m’fait renifler. J’te cramerais tout ça, avec les gens à l’intérieur, et tout le monde se porterait mieux. Ou ça déclencherait une guerre des gangs qui ferait des milliers de victimes, y compris dans la population civile.

      Quand on entre dans la pièce où le larcin a été commis, la première chose à noter, c’est le cadavre assis sur une chaise, et un grand mur blanc. Plus blanc que le mur autour, en fait. Il délimite donc a priori la taille du tableau, un machin finalement assez énorme.
      « C’est vous les experts ? Demande un mafioso. P’tet le commanditaire.
      - Non, je suis venu tout seul, dit Un.
      - Mais alors… C’est qui, le type en costard ? C’est un des nôtres, Paolo ?
      - Ah pas du tout, yé lé connais pas, boss. »

      Il sort un magnifique revolver à poignée de nacre et le pointe dans ma direction.
      « Enchanté. Et…
      - ‘Ttendez ! J’viens aussi pour résoudre l’affaire du tableau. Je suis l’agent Aurélius du Cipher Pol 2. Je suis avec mon assistant, le Lieutenant Canard Un. »
      D’un entrechat, j’esquive le pied qu’il essaie de m’écraser sur les orteils.
      « Il faisait une farce en disant qu’il était venu seul. Nous sommes venus ensemble de la caserne.
      - Hm… Peu importe, en fait. Résolvez-moi ça, et retrouvez-moi ce putain de tableau.
      - Et le cadavre ?
      - C’est mon neveu, j’en ai pleins d’autres. Des tableaux comme celui-là, je n’en avais qu’un seul. Et maintenant je n’en ai plus. »

      J’marche direct vers le macchabée. Possible que le voleur, jusque-là sans accroc, soit tombé sur un os et ai dû commettre un crime pour pas se faire choper. Canard s’est lui dirigé vers l’emplacement du tableau et examine soigneusement les bords du cadre maintenant absent, ainsi que le sol. Grand bien lui fasse.

      J’commence l’examen de la victime, tout comme j’ai pu apprendre. Âge, apparence, caractéristiques de la blessure. Là, c’est clairement un coup de poinçon en plein cœur. On voit même la croûte de sang séché au niveau de la poitrine. Puis le neveu était déjà soigneusement assis dans son fauteuil, confortable avec un verre de… cognac à l’odeur, et un cigare qui a achevé de se consumer dans un cendrier en cristal.

      La classe de mafioso, quoi.

      Soit il avait confiance en l’assassin, soit il s’était endormi, j’saurais pas trop dire.
      « Il nous faudrait le nom du neveu.
      - Paolo ? Il s’appelait comment déjà ?
      - C’était Benvenuto, boss.
      - Merci. Lieutenant Un, vous trouvez quelque chose du côté du tableau ou vous voulez que je vienne vous aider à regarder ? A votre âge, vous devez avoir les yeux abîmés… »
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      Ah l'autre petit con fait le détective sérieux qui investigue comme un chef ? Et bah nous aussi on peut le faire. On est tout aussi bien. On a pas de leçon à recevoir d'un jeunot à peine sorti de la quelconque école enseignant le CP-chose. Et puis comme s'il était si efficace que ça, lui qui nous a fait attendre deux heures devant la caserne. Si y'a un truc qu'on peut pas saquer, c'est les gens en retard. Le respect des dates c'est primordial bordel de cul. Alors oui, certains argumenteront qu'il était là à l'heure, il se contentait d'ignorer l'Canard. Mais c'est tout comme. Voilà, je l'ai dis, c'est la même chose et pis c'est marre. Et si vous êtes pas d'accord, tant pis pour vous. Donc. Désolé, je me perds dans cette affaire, mais vous comprenez ça me met hors de moi ce genre de comportement. J'en ai même oublié si j'parle en tant que narrateur ou si c'est un paragraphe à la première personne. Hop, disons première personne, ça me permettra de transitionner plus facilement. Comment ça transitionner c'est pas un vrai mot ?! Non mais vire moi ces petits zigouigouis rouges, open office. A tous les coups si j'avais payé pour word, il me soulignerait pas ça avec des vaguelettes. Comme quoi dans cette société capitaliste on peut pas, ah mais merde, j'avais dis première personne du personnage, j'ai zappé. Promis juré craché, cette fois j'me détourne plus, vous pourrez faire confiance au « je » à partir de la prochaine phrase. J'trouve quand même qu'ils ont l'air con ces mafieux avec leur gomina, ils pourraient se permettre mieux. Crotte, y'avait pas de « je » dans la phrase, me voilà bien embêté. Moi et ma tendance à coller des apostrophes n'importe où, j'me suis bloqué sur un « j' ». Si on m'avait dit que c'était un tel bordel la première personne, j'aurais pas tenté. J'abandonne ces conneries, on va retourner vers une sympathique troisième personne du singulier. Ou alors j'peux être edgy comme les jeunes et partir sur de la deuxième personne ? Non c'est vraiment trop péteux. Tu avançais dans une obscure allée sombre et gnagnagna, quel ennui total. Si vous m'demandez c'que, oh une seconde. Canard Un transbahutait sa large armure à travers la pièce, à la recherche d'un quelconque indice, dans l'objectif peu sympathique de clouer le bec au p'tit Rinwald en résolvant l'affaire avant lui. Quand il manqua soudainement à quelques millimètres près de tomber sur une note intéressante. A la place sa main s'arrêta sur la bouteille de cognac, qu'il étudia un nombre invraisemblable de secondes. Invraisemblable pour un type n'ayant aucune idée de ce qu'il faisait. S'il avait plutôt ramassé la note déposée sur la table basse, le lieutenant aurait pu lire :

      "A qui de droit.
      Je suis humblement désolé pour ce que je m'apprête à faire. Mais je n'ai plus le choix. Mes dettes s'accumulent, ma famille se meurt, ma maison s'écroule, mon frigo est vide, et tout ça par gène. Parce que je n'ai pas osé demander à tonton. Mais vous comprenez, on a pas vraiment cette relation. On est plutôt du genre «Bonjour, alala, ça fait longtemps depuis Noël dernier, ça va bien le boulot ? Oh bah comme toujours hein, haha». Aucun sujet de conversation, c'est terrible, mais on y peut rien. Pourtant on essaie tous les deux, on fait des efforts pour discuter aux repas de famille. Mais rien à faire, y'a des blancs longs comme mes taxes d'habitation. Alors vous comprenez, je ne pouvais pas. Rassembler la force, le courage, baisser ma fourchette, me tourner vers lui et dire «Tonton Mardino, peux-tu me prêter 100 balles, j'suis en galère ce mois-ci ?». Entendre les conversations s'arrêter, voir les regards se pointer vers moi. Oh non, pas possible.
      Du coup à la place, j'lui ai piqué sa peinture préférée pour faire croire au travail du voleur d’art qui fait du tort aux habitants des îles du Gouvernement Mondial et j'vais la revendre au marché noir, par contre j'ai du buter le cousin Bienvenuto qui se trouvait là, déso mon gros.
      Allez à plus, svp pardonnez-moi, tonton on se voit à Noël."

      C'est quand même dommage. A la place notre héros abandonna la table basse afin de recommencer. A crapahuter dans la pièce, sans véritable but. Pour admirer l'absence de tableau.
      - Merci. Lieutenant Un, vous trouvez quelque chose du côté du tableau ou vous voulez que je vienne vous aider à regarder ? A votre âge, vous devez avoir les yeux abîmés… Lança Alric avec une couleur spécialement sélectionnée pour l'occasion.
      - J'ai effectivement les yeux bien niqués, et ça m'empêche de voir ta tronche de p'tit con, donc si tu veux mon avis c'est tout bénéf', sale gamin. Alors j'te laisse la place pour mieux regarder, si ça peut te faire plaisir. Il vous en faut peu pour vous occuper dans votre branche.
      - C'est normal le côté "vieux couple en dispute" ? C'est un nouveau service offert par la marine avec l'enquête, duo comique ? Demanda un Paolo sarcastique à qui l'on n'avait pas encore donné de couleur non plus.
      - Exactement. Je vous avais bien dit qu'il aimait les farces, le lieutenant Un. Répondit avec sourire Rinwald, à qui je viens de changer la couleur parce qu'en fait l'autre me convenait pas tant que ça.
      - Ecoutez moi bien les lourdauds, y'a trois trucs que je déteste. Les farces, les gags, et les gens en retard, alors Ah lui aussi ! C'est toujours cool de se retrouver dans un personnage. Incroyable quand même ce phénomène, comment on peut s'identifier avec tout et n'importe quoi sans problème. D'habitude les personnages de vieux cons fachos de droite j'peux pas les saquer, mais là ça passe. Juste grâce à cette haine commune contre les retards. C'est beau. donc à l'arrière. Merde me v'là bien, j'ai rien suivi et Canard a continué tout seul. Qu'est-ce qu'il pouvait bien raconter ? J'me retrouve à devoir enquêter avec peu d'indice, comme eux. Et j'suis super nul comme enquêteur, si seulement j'avais eu une ds enfant, j'aurais pu jouer à Phoenix Wright ou Professor Layton et être capable de m'en sortir. Mais là je me BANG aaaaargh, ah ça tue, putain d'crotte. Je pisse le sang, merde. Une balle, je, je... j'crois bien que... uuuuuurrrrh.

      "A qui de droit.
      L'autre narrateur étant particulièrement chiant avec ses blagues à deux balles et sa tendance bien lourde à détourner l'histoire, j'me suis permis de l'éliminer. Dans le but tout simple de le remplacer, et vous offrir ainsi un texte bien plus efficace, sans conneries inutiles et autres jeux de formes masturbatoires. La suite du récit pourra donc continuer de manière classique.
      Allez à plus, svp pardonnez-moi, Alric on se voit à Noël."

      Les deux représentants de l'ordre sortaient doucement, toujours suivis par les mafiosos, certainement peu tranquilles à l'idée de voir ce genre de gars se balader dans les couloirs. Dans le silence total. Devant la porte, ils restèrent de marbre un bon moment. Jusqu'à finalement, un mot décida de quitter les lèvres du lieutenant Poulet.
      - Alors, grand enquêteur, quelle est la marche à suivre maintenant ? Laissez-moi deviner, trainer dans les bars louches pour récupérer des informations ? Continuer de discutailler avec la pègre plutôt que la tabasser ? Avec un grand sérieux, il posa ses questions, les sourcils éternellement froncés et. Non mais c'est de la merde ! C'est super mal écrit ! Toi ?! T'étais mort !! Eh non, j'ai survécu ! C'est pas une simple balle qui va suffire mon p'tit gars ! Et t'oses critiquer ma narration, connard ?! Non mais t'es un incapable, c'est tout pourri à lire. En plus tu connais même pas le nom du personnage, c'est Canard, du-gland ! Je m'en fiche, je t'écoutes pas ! De toute façon t'es en retard, le poste est terminé. MOI EN RETARD ?! VAS-Y RÉPÈTE SI TU L'OSE !! JE DÉTESTE CA LES RETARDS ET J'LE SUIS JAMAIS, TU PEUX DEMANDER A MA MÈRE. Oh t'as un flingue, tu crois qu'ça m'fait peur ? On va voir c'que

      Qui des deux narrateurs l'emportera ? La prochaine réponse arrivera-t-elle finalement le 25 décembre ou continuera-t-on sur cette pente destructrice ? Sera-t-il écrit vers minuit parce que quelqu'un a pas eu le temps le jour même ? Ah et Canard et Alric arriveront-ils à travailler ensemble pour trouver le coupable, aussi.

        Quelque part. Quelque temps. Quelque chose.

        Quelque chose décroche un denden mushi, et lui flanque une pichenette pour que le bon numéro se compose, comme de par hasard. Et ça arrive. A l’autre bout, deux formes indistinctes arrêtent quelques secondes de se battre pour un crayon, une causalité, des conséquences. Les ridules qui s’écartaient d’eux pour impacter la réalité se calment, et l’air redevient stable. D’un commun accord, pour la première fois depuis bien longtemps, ils décrochent l’escargophone qui vient d’apparaître devant eux.

        « C’est pour quoi ?
        - Je ne sais pas qui vous êtes. Je ne sais pas ce que vous voulez. »

        Les mots suivants se perdent dans le tissu de la réalité, hors sujet, et n’arrivent pas à y faire leur place.

        « Je vous chercherai, je vous trouverai et je vous tuerai.
        - Hein ?
        - Hein ? »

        Dans le même instant, les trois quelque chose sont réunis, et l’un d’eux manie une arme qui ressemble à s’y méprendre à un pistolet en scénarium. Il le brandit vers l’endroit où se trouverait la première tête, et tire. Le second coup de feu est tellement rapproché qu’il semble se confondre avec le premier, et les deux narrateurs meurent. La dernière silhouette radie une impression de satisfaction, et jette un coup d’œil à la feuille de papier. Les protagonistes sont sortis les mains vides, sans objectifs, pendant que les autres faisaient n’importe quoi. Sur un geste de sa part, quelques mots s’écrivent sur la feuille, avant qu’il ne disparaisse.

        Comme s’il n’avait jamais été là.

        ***

        J’ai une impression bizarre, celle d’oublier quelque chose. Puis on entend un bruit d’essoufflement derrière, quelqu’un qui court. J’me retourne sèchement, pour voir un des larbins du manoir me tendre un bout de papier. J’le parcours rapidement, avant de le tendre à Un, histoire qu’il en prenne connaissance.

        « C’était posé juste à côté de la bouteille que le Marine a prise avec lui.
        - Il a dû confondre les deux, que j’réponds. Allez, merci, bonne journée. »

        L’autre lit tranquillement le texte, en bougeant ses sourcils broussailleux.

        « Ben en fait, je comptais effectivement faire les tavernes minables et discuter avec des informateurs louches.
        - M’étonne pas. Méthode de merde, on vous apprend plus rien, vous les jeunes, de nos jours. A mon époque, j’peux dire que…
        - Que Manshon c’était déjà ce trou à rats de merde dans lequel on arrangeait nos petites affaires entre collègues ?
        - Mais pas du tout, j’ai fait la guerre, et de mon temps… »

        J’écoute d’une oreille distraite en hochant la tête et en lâchant des « hm-hm », comme avec ma grand-mère. Ça leur fait plaisir, ils ont l’impression de servir à quelque chose.

        « … comme ça que je te fous un coup de pied au cul. »

        Bon, vachement plus hargneux que mamie, que j’me dis en frottant mon postérieur.

        « Sinon, vu qu’on a les preuves du petit papier, on peut pas juste essayer de retrouver le cousin en question ? Hep. »

        J’siffle un des mafieux qui nous suit à la trace.

        « C’est qui, le cousin de Benvenuto qu’est super fauché ?
        - Personne n’est fauché dans la Famille, nous sommes dignes et…
        - Bordel, gamin, tu sais pas t’y prendre. »

        Canard Un fout deux claques au larbin, un coup de poing au diaphragme, une béquille, puis le choppe à la gorge. Vif, le vieillard.

        « Tu réponds ou on te bute, puis on bute ta famille ?
        - Mamma mia, pas la familia ! C’est le cousin Malevento !
        - Et ben quoi, Malevento ?
        - On ne le voit qu’à Noël, autour du sapin !
        - Mais c’est bientôt, ça, non ?
        - Je reste pas sur cette île jusqu’à Noël ! Grince le vioque.
        - Trouve-le avant, alors.
        - ‘Sûr, j’vais te montrer comment on fait.
        - Non-je-veux-pas-savoir. »

        Et il part comme une furie en direction des bas-quartiers. J’sens que ça va pas bien se passer, alors j’le suis au pas de course, avec le majordome et deux gorilles qui nous suivent à la trace, prêts à tout pour essayer d’éviter l’incident diplomatique. D’ailleurs, j’sens que le rapport que j’vais devoir écrire sera pas joyeux. Scorpio va me taper sur les doigts, si on déclenche une guerre ou un Buster Call, même si ça ferait pas de mal à l’île et…

        Un s’engouffre dans le premier bâtiment dégueulasse qu’il croise, et qui ressemble à s’y méprendre à un truc de marchand de sommeil. La première personne qu’il croise prend un coup de poing dans la gueule, avant qu’il se mette à crier à son oreille.

        « JE. VEUX. MALEVENTO. »

        Il va faire ça dans toutes les barraques de l’île ? Nan parce qu’à ce compte-là, on y sera encore à Noël, et on aura juste à le cueillir au pied du sapin. Ça ferait un joli cadeau, mais j’ai comme qui dirait l’impression qu’il manquerait la toile, et que c’est plutôt ça qu’on est censé retrouver avant qu’elle soit vendue et finisse sur une autre île, ou dans le bureau d’une famille rivale.
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        A l'intérieur de l'armure, les os grincent plus bruyamment que la mécanique. Il devrait pas bouger l'vieux débris, a déjà dépensé ses années naturelles dans des extravagances oubliées, serait mieux au fond d'un fauteuil beaucoup trop moelleux avec une bouteille d'un quelconque breuvage pour lequel développer une addiction tardive. Mais non, grâce à la merveille de technologie, il marche, il bouge, il cogne. Les réservoirs pompent l'énergie fabuleuse alimentant l'exosquelette à travers des tuyaux encore flambants neufs. D'une qualité inégalée, le moindre recoins de l'outil dépassant par des centaines d'années le niveau des ingénieurs lambdas peuplant notre monde. Les rouages s'enclenchent, la vapeur en sort lentement, et le vieillard n'y attache désormais plus grande importance. Habitué à cette manœuvrabilité retrouvée, il agit comme il a toujours agit, selon son instinct de con. Alors l'arme futuriste, dont le prix ne serait-ce que d'entretiens est plus élevé que l'ensemble de l'argent que pourra gagner un quidam moyen au cours de sa vie, est utilisée pour défoncer des portes les unes après les autres. Avant que Canard ne gueule à pleins poumons, eux étrangement sains malgré des heures passées dans des réunions avec l'Etat-Majeur et leurs cigares, le nom d'un quelconque mafieux. Puis, n'obtenant aucune réponse satisfaisante, passe à la maison d'à côté. Des millions investis dans une armure à la pointe de la technologie pour une utilisation pareille. L'ingénierie au service de la connerie.

        Avec derrière l'agent secret non-équipé, n'ayant lui pas besoin d'une tenue mécanique pour suivre notre héros en ajoutant une petite remarque sarcastique quand il en a l'occasion. Comme quoi chercher chaque bâtiment de l'île n'est pas hyper efficace comme technique. Sans pour autant proposer une alternative.

        - JE. VEUX. MALEVENTO. Grogne-t-il une fois encore, la porte encore dans la main, détachée de ses gonds mais étonnement solide.
        - Désolé, c'est pas ici.
        - MERCI, AU REVOIR. Il redépose la porte qui s'écroule immédiatement puis passe à la bicoque suivante. Alors qu'il s'apprête à dégommer une nouvelle porte, il est soudainement coupé en plus geste, du pied cette fois, par le p'tit gars du cipher-pol.

        - Bon, c'est pas que je m'emmerde à vous regarder casser des murs, mais si on pouvait éviter d'ajouter encore deux-cent lignes à la catégorie "destruction de mobilier" de mon rapport, ça m'arrangerait. Donc on va s'arrêter deux minutes et réfléchir. Je sais que c'est compliqué pour vous, Lieutenant Un, mais il y a sans doute moyen de retrouver ce type de manière un peu; et qu'est-ce qu'il y a avec le sourire satisfait ?! Finit-il par être obligé de demander puisque le Canard montre ses dents depuis plusieurs secondes. Le genre d'énorme sourire de petit con fier de lui. En guise de réponse, il pointe du pouce la plaque au dessus de la porte qu'il allait joyeusement défoncer. "Chez Malevento".

        Alors qu'ils pénètrent dans l'entrée, Alric croisant les bras avec un air grognon, Malevento apparaît tout de suite comme le genre de pauvre investissant dans une plaque à son nom. La misère camouflée habilement à travers toute la maison, capable de faire croire à qui que ce soit que non, les rumeurs à son sujet sont bien évidemment fausses. Il a du pognon. La preuve, il le dépense dans toutes ces savantes tactiques servant à faire croire qu'il en a.
        - MALEVENTO, OÙ TU TE CACHES ENFOIRÉ ?! Beugle le soldat.
        - DANS LE SALON. C'EST QUI ? Beugle une voix à travers plusieurs murs.
        - LE PÈRE NOWEL, J'SUIS EN AVANCE. Ils traversent les couloirs, notre protagoniste bien à l'étroit avec son armure gigantesque à se faufiler dans la baraque exiguë. Ils trouvent le Malevento, au physique que je n'ai pas le temps ni l'envie de décrire, assit dans un fauteuil à bouquiner. Canard l'attrape immédiatement par le col, le soulevant d'une bonne quarantaine de centimètres avant de lui hurler au visage QU'EST-CE QUE T'AS FAIS DU TABLEAU DUCON ?!
        - Du ? Tente-t-il de répondre avec un mauvais bluff. Sans plus attendre, le marine le balance à travers la pièce, le pauvre civil s'écrasant dans une armoire. Parce que apparemment retrouver éventuellement une œuvre d'art excuse tant de brutalité policière. ACAB, qui l'eu cru que les révolutionnaires avaient raison. Et alors que le narrateur commence doucement à, de nouveau, raconter n'importe quoi, alors que sa mort prématurée dans le poste précédent l'avait calmé quelque temps, Malevento révèle sa vérité. A un Alric agenouillé à ses côtés, faisant office de bon flic.
        - Je... je l'ai vendu... A la meuf qui avait été introduit dans une réponse de Canard y'a genre 4 ans, dans un premier paragraphe ou un truc du genre.
        - Ah bah merde, personne se souviendra de ça. On la retrouvera jamais.

        Et effectivement, même l'auteur serait incapable de se remémorer ce qu'il avait écrit dans le paragraphe en question. Canard embarque malgré tout le petit gars sur son épaule alors qu'ils quittent la maison, histoire de ne pas le perdre de vue. Puis cette réponse se termine dramatiquement, afin d'éviter qu'elle ne recommence à devenir meta insupportable comme la dernière fois.

          Plus ça va, et plus j’me demande où j’me trouve. Enfin, ça, j’le sais, même si j’ai presque tendance à l’oublier avec le temps qui passe. J’ai l’impression que ça fait des années que j’suis là, tellement les minutes défilent lentement. Mais on avance, et après un peu de recentrage, j’me rappelle où j’suis : dans les rues de Manshon avec un vieux en armure cybernétique qui porte un cousin désargenté sur l’épaule, pendant que la véritable commanditaire de toute cette affaire est sans doute en train de filer vers d’autres horizons.

          J’me demande comment j’vais tourner ça dans mon rapport à Scorpio : on a fracassé la moitié des baraques de la rue jusqu’à trouver notre cible, qui savait finalement pas grand-chose et nous a orienté vers quelqu’un d’autre. Doit y avoir moyen… De toute façon, je vais tout charger sur le vieux con, sa carrière est déjà morte, lui va bientôt l’être, de vieillesse a minima, donc il peut bien se sacrifier pour la jeunesse.

          « C’est elle ?
          - Non.
          - C’est elle ?
          - Non.
          - Elle ?
          - AVOUE C’EST ELLE ?
          - Toujours pas.
          - Elle, alors.
          - C’est un homme.
          - T’es sûr ?
          - Plutôt, oui.
          - Hmm… Tu t’en sors bien. Elle ? »

          Ça fait que deux minutes, mais c’est déjà long. En même temps, la nana, on sait pas à quoi elle ressemble, alors dans la logique dégénérée du Lieutenant Un, il faut pointer chaque individu de sexe féminin ou qui pourrait l’être, et visiblement ça faisait longtemps qu’on l’avait pas sorti du formol, pasqu’il a parfois du mal à les identifier.

          J’cligne des yeux. J’me demande pourquoi on fait compliqué, comme ça.

          « Hé, Malevento, que j’commence en coupant la parole.
          - J’ETAIS EN TRAIN DE PAR…
          - BEN LA C’EST MON TOUR MAINTENANT. MALEVENTO, ELLE A DIT CE QU’ELLE VOULAIT FAIRE AVEC LE TABLEAU, LA BONNE FEMME ?
          - C’EST ELLE ? C’EST ELLE ? C’EST ELLE ? »

          J’me demande si je devrais pas lui planter un poignard dans le cou, genre juste pour qu’il se taise. Y’aurait à peine quelques effets secondaires. Le pauvre cousin, lui, sait pas où donner de la tête, avec deux débiles qui lui hurlent dans les oreilles en exigeant qu’il réponde à chacun en premier. Finalement, il lève les bras au ciel et se met à gueuler comme un putois aussi. Honnêtement, c’était la meilleure option.

          « NON. NON. ELLE A PARLE D’ENVOI. NON. NON. NON. ELLE A DEMANDE COMMENT C’ETAIT, DANS LE COIN. NON. JE LUI AI DIT QU’ON AVAIT UNE NOUVELLE COLLECTION DE TIMBRES. NON. NON. NON. NON. PUIS ELLE EST PARTIE ET MOI AUSSI. »

          C’est un peu difficile de tout piger, forcément, tout est très bruyant, en très gros, et les gens nous regardent un peu mal, en prime. Pas que j’en aie grand-chose à foutre, mais le majordome et les autres mafieux doivent se dire qu’on leur a pas vraiment envoyé l’élite du Gouvernement Mondial. A la réflexion, j’espère qu’ils le pensent depuis le début, sinon ça serait vachement inquiétant.

          « Des timbres et un envoi ? Comme…
          - COMME LA POSTE, P’TIT JEUNE. »

          Avec jeune qui sonne vachement comme con, mais c’est difficile à distinguer exactement. J’plisse les yeux. Faudrait qu’il arrête de couper la parole alors que j’suis en train de tout élucider.

          « A MON EPOQUE, ON ECRIVAIT DES LETTRES AVEC DU PAPIER ET DE L’ENCRE, ET ON L’ENVOYAIT PAR LA POSTE, TU VOIS ? MAINTENANT, VOUS ÊTES LA AVEC VOS DEN-DEN MUSHIS, CA MARCHE PAS, FAUT LES RECHARGER TOUT LE TEMPS, PUIS TU TROUVES PAS QUE LE SON SUR SKYPE EST QUAND MÊME VACHEMENT MEILLEUR QUE SUR DISCORD ? FRANCHEMENT, JE COMPRENDS PAS COMMENT TU POURRAIS VOULOIR CHANGER ALORS QUE L’INTERFACE EST SI BELLE, ERGONOMIQUE ET PERFORMANTE. JE PEUX TE DIRE QUE MOI, J’ENTENDS RIEN SUR DISCORD, ALORS QUE SUR SKYPE…
          - Je croyais que t’entendais rien tout court.
          - Non, ça, je fais semblant pour pas que les p’tits merdeux dans ton genre viennent me casser les roustons.
          - Ah, ouais, j’me disais bien.
          - Mais pour revenir à ce que je disais…
          - Est-ce qu’on irait pas plutôt à la poste ? Je sens que ça dérape à nouveau, et que ça n’a plus aucun sens, déjà. »

          Léger silence.

          « Ca me fait mal de l’admettre, mais il a pas tort, interjecte Malevento.
          - Bon, bon… Avançons, alors. »

          Ça doit être Noël avant l’heure, j’ai pas d’autre explication. Ou pile à l’heure. Allez savoir, avec ces minutes qui deviennent des années.

          On s’retrouve donc à faire la queue à l’extérieur de la poste, avant de se rappeler qu’on est des gens importants, donc on bouscule tout le monde avant de se précipiter à l’intérieur, on est entré dans la poste sans faire TOC, Gouvernement Mondiel, ferme ta gueule c’est un hold-up…

          « EST-CE QUE C’EST ELLE ?
          - NON ! EUH, SI, SI, C’EST ELLE ! »

          Ah ben voilà.
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          • https://www.onepiece-requiem.net/t12168-alric-rinwald

          Une petite bonne femme. Probablement. A l'époque j'utilisais souvent des images pour éviter d'avoir à faire des descriptions physiques. C'est comme la couleur pour les dialogues, on n'est pas des bêtes, on a des outils pratiques, on va pas s'en priver. Enfin si, y'en a qui s'en privent. Ceux qui se contentent du minimum. Qui refusent toujours d'aller vers l'excellence, trop enfermés dans les codes idiots créés par des ancêtres décédés. Le genre de moutons qui préfèrent semer la DISCORD parce que quelqu'un d'important quelque part leur a dit "c'est mieux que l'alternative". Faudrait surtout pas donner l'impression qu'on est capable de réfléchir par soi-même, non non. Alors on se satisfait de services nazes, d'outils dépassés, parce que c'est comme ça, et que c'est pas autrement. Et bien pas moi, mes petits gars. Moi j'en ai rien à carrer de vos mœurs débiles, j'utilise des images. Bon du coup, je l'ai plus l'image hein. Ca fait au moins 6 ans, j'ai changé d'ordi depuis, je garde pas toutes les conneries de forums sur lesquels je passe une fois tous les lustres d'un disque dur à un autre. Alors on va partir du principe qu'elle était, heu, petite, brune, dans un pull col roulé avec des manches atteignant jusqu'au bout des doigts, un pantalon bien rembourré pour les hivers north bluein, et un sac à dos à la forme étrange. Très carré. Les deux agents du gouvernement se regardent une seconde avant de beugler en même temps. Chacun essayant immédiatement d'être le premier à énoncer l'évidence. Canard gueule un peu plus fort et avec un peu plus d'habitude, il prend les devant.

          - LE TABLEAU EST DANS SON SAC !!
          - Bah oui bravo, vous êtes vraiment un détective de génie.
          - RIEN A BRANLER DE TON SARCASME. C'est moi qui l'ai déduit en premier, p'tit con.
          - Déduit, carrément, sans exagération.
          - Héhé.
          Pour son petit rire moqueur, Malevento se fait balancer dans un mur. Plus besoin de lui de toute façon. Faudra quand même penser à lui mettre des menottes pour faire bien, mais il devrait plus trop bouger. Ou au mieux le petit doigt.

          - HÉ MACHINE TU  qu'il commence à hurler avant de se prendre une balle dans le bide. Le faux bide, heureusement, s'il portait pas l'armure il serait mort sur le coup le pauvre vieux. S'il portait pas l'armure il serait mort après le premier pas hors du lit, ce matin, en même temps. Déjà à moitié décomposé sous le métal.

          Remarquant que le flingue n'a eu aucun effet, la meuf à qui on n'a toujours pas collé de nom passe à la mêlée. Avec un talent surprenant, elle place son pied, habituellement si proche du sol, contre le visage pourtant pas mal élevé du lieutenant. Qui ne bouge pas trop, forcément, il est quasiment cloué. S'en suit alors un épique combat. Qu'on laissera l'honneur de décrire à notre illustre partenaire, l'important c'était surtout de le lancer. Dans le but évident de pouvoir réclamer un maximum de dorikis lors de la demande de récompenses. Quel serait l'intérêt de se casser le cul à écrire un sujet pendant huit ans, pour finalement n'obtenir qu'une décimale de ces chiffres tant appréciés. En théorie les gains maximaux ne devraient être que de 200 dorikis, flashback oblige. Une broutille, ridicule. Seulement, ce serait sans prendre en compte un élément extrêmement important. L'inflation. Les aventures du Lieutenant Canard Un et du blaireau Alric Rinwald datant de 2014, il est nécessaire de considérer le courant du doriki. Les deux personnages devront donc être récompensés avec des dorikis de 2014, dont la valeur actuelle équivaut à environ 1897 dorikis. Hors taxes. Et là d'un coup, ça devient beaucoup plus intéressant. Là on se sent soudainement d'ajouter tout un tas d'action. Allez, on va dire que la brune claque des doigts, et trois autres types surgissent de l'extérieur. Tous des experts en arts-martiaux et blablabla. Et si ça chouine, me cherchez pas, j'hésiterai pas à poster des demandes de PNJs.

          - Faites gaffe à votre cul, Rinwald, elle a des renforts. J'voudrais pas qu'on m'accuse d'avoir pas su vous protéger si vous vous faites un bobo.

          Il se moque, mais à force de bouger dans tous les sens, il fatigue bizarrement. Il devrait pas, dans l'armure. Pourtant il souffle de plus en plus fort. Ses mouvements de plus en plus lent. Il sent une douleur toute nouvelle dans la poitrine. Merde, le sujet dur depuis trop longtemps, le vioque risque de crever à tout moment. Il était déjà pas bien frais au début, après huit ans c'est trop.

            Pourquoi est-ce que chaque interpellation, chaque enquête, doit obligatoirement finir par un combat ? Pas que j’me plaigne, le vieux m’a tellement tapé sur les nerfs que ça me détendrait de tabasser des coupables, des sous-fifres, des manifestants aux cheveux longs, voire même des passants qui ont rien à voir avec le bouzin. Mais ça serait pas bien sérieux, et, surtout, c’est pas leur faute. C’est la ligne éditoriale ‘’shounen’’ qui veut ça. Puis d’abord, ça n’a aucun sens, petit garçon, ça veut rien dire.

            Alors, bien sûr, on fait tout ça pour les dorikis, pas dourikis, ne pas confondre, ça n’a rien à voir. Le premier, c’est un truc vaguement utile, le second, c’est un mot utilisé par des gens complètement cons. Mais même en comptant l’inflation, avec la complexité des règles pour les flashbacks sur les blues à partir du moment où on n’est plus une grosse merde, ça va donner quoi ? Vingt, quarante dorikis maximum ? Non, vraiment, autant pour Canard Un, ça fera peut-être une différence, autant pour moi, quel est l’intérêt ? Si c’est pour gagner cinq points patates, parce qu’en plus le topic est vraiment pas terrible, j’aime autant ne pas me faire chier. Après, les règles ont peut-être changé depuis l’époque où c’était moi qui gérais le bouzin, je vais honnêtement pas aller voir.

            Sans compter que j’ai aucun souvenir des techniques auxquelles j’ai accès en flashback, ça fait trop longtemps. Sûrement une gros bout du Rokushiki.

            En plus, le hasard a fait que j’ai un compte rond : sept mille tout pile. Un grand théoricien disait qu’au-delà de ça, les gens devenaient complètement cons et grosbill. Franchement, la théorie se prouvait plutôt pas trop mal à l’époque, mais avec l’inflation généralisée, ça a p’tet changé et le palier est plus haut. Je préfère pas prendre de risque. Puis j’ai un peu honte, à la réflexion.

            J’baisse les yeux sur mes mains pendant que les méchants font des poses impressionnants dans le background. Ne suis-je pas déjà trop puissant ? Déjà que je jouais pas mes sept K dorikis, plutôt ressenti cinq, je devrais faire encore monter le compteur ? A quoi bon ? Pouvoir continuer à martyriser des PNJ-kleenex créés pour l’occasion, que je tabasse puis que je jette dès la fin du topic, sans leur accorder davantage qu’un regard ?

            Quelque part, ça serait plus plaisant que tout se règle par une discussion à l’amiable, et que Canard touche que dalle s’il a l’audace de foutre le topic en récompense.

            Et ça, c’est sans compter le débat sur doriki-force vs doriki-destinée. J’ai jamais retrouvé le topic où ça en parlait, pas faute d’avoir fouillé les archives. Tout ça, ça avait fait couler de l’encre, c’est sûr. On va pas refaire le match ici et maintenant, le ciel en soit loué.

            Pendant que j’me perds dans des réflexions oiseuses et vaseuses, les employés municipaux de la Poste bougent avec la vivacité de castors neurasthéniques pour se mettre à l’abri des éventuelles attaques. Y’en a un tout proche de moi qui, plutôt que se blottir derrière une table ou le comptoir, se dirige vers une porte de l’arrière-boutique. Prendre la fuite : bon plan.

            « Tu diras à Ludo que je prends ma pause café. J’ai pas arrêté, ce matin, alors que j’ai même pas raconté mon week-end à Sylvie de la compta. Au bout d’un moment, les cadences infernales, ça suffit. »

            A voir la grimace des gens qui font la queue depuis deux heures, ils sont pas convaincus : c’est que Jean-Charles, il est arrivé, il a pointé, il est sorti discuter avec sa clope et son café. Les clients s’amoncelaient déjà en nombre, et le regardaient glander tranquillement. Quand il est revenu, avec des gestes vifs qui n’étaient pas sans rappeler l’aï, ce pathétique singe des jungles du sud, il a traité les clients sans entrain ni motivation, en s’arrêtant dès qu’il le pouvait pour demander de l’aide, traîner, discuter avec ses collègues ou avec Jeannine, la vieille qui vient tous les matins pour faire semblant d’avoir un peu de compagnie depuis le décès de son mari, y’a vingt ans. Depuis le temps, on pourrait croire qu’elle est habituée, mais non.

            Bref, nos moutons.

            « T’inquiète, Un. J’ai sûrement de puissantes techniques à disposition pour survivre et régler le problème. Alors que toi... toutes ces années et même pas deux mille dorikis, franchement... Et autant à l’époque, les posts étaient longs et travaillés, là, ça se voit que tu fais de moins en moins d’efforts. La vieillesse, c’est vraiment la déliquescence du corps et de l’esprit, y’a pas à tortiller du fion pour chier droit. »

            On allait enfin entrer dans le vif du sujet et croire qu’il allait se passer quelque chose dans ce post, quand un paquet de gars en costard cravate ont brusquement débarqué. Encore un peu et on croirait à une escouade du Cipher Pol, mais avec leurs cheveux gominés et leurs bananes -la coupe de cheveux, pas l’accessoire hideux ni le fruit-, ils appartiennent clairement à la mafia locale.

            « Malevento ! Tu as réussi à retrouver le tableau ! Beugle l’un d’eux.
            - Euh...
            - OUI ENFIN C’EST PLUTÔT MOI QUI AI TOUT FAIT. »

            Je réagis pas : je sens que la fin est proche, et que je vais enfin être libéré de ce fardeau. Il continue juste à peser sur le régime de retraite, mais à part ça, ça devrait être supportable. Puis il doit pas lui rester bien longtemps à vivre : c’est comme Pludto. En vrai, il devrait être mort, avec son truc de perdre un doriki tous les ans, doriki symbolique qu’il donnait d’ailleurs à l’époque à un autre joueur. Là, faut pas se mentir, il va être clairement dans le négatif.

            Les quatre coupables lèvent les mains en signe de reddition, et je me rappelle pourquoi je suis ici : j’ai cru, pour une raison tout à fait mystérieuse, que ce sera cool de faire un topic avec un Fromage.

            Quelle erreur, putain.
            • https://www.onepiece-requiem.net/t12258-alric-rinwald
            • https://www.onepiece-requiem.net/t12168-alric-rinwald