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A toutes les unités à proximité...(FB 1626)

L'Arbitre tenait bon la trombe qui se déchaînait dehors, combattant les vagues et le vent grâce à son équipage expérimenté et sa coque de qualité, tandis que Shalyne continuait sa lecture imperturbable du 14ème numéro de l’Homme-Mouette. C’était son numéro préféré ; celui où Mouetteman affrontait une tarée cannibale qui avait kidnappé son acolyte numéro 1, Superjuriste l’huissier maniaque. Elle aimait cet épisode ; Bruce y montrait pour la première fois le visage derrière le masque. L'homme derrière le héros. Une belle histoire. Faudrait que je m’achète la suite, quand on sera arrivé. C'est pas si mauvais à lire, ce truc.

Elle était allongée sur son hamac, sous le pont où les hommes s’affairaient avec la tempête qui faisait tanguer la frégate avec une amplitude et un grincement inquiétants. Là-haut, Ils travaillaient en effectif réduit ; en effet, Proctor préférait mettre ses meilleurs éléments, vétérans de la navigation-et lui-même, face à ce temps dangereux, renvoyant tout les autres dans la cale. Il refusa même l’aide de l’unité d’élite malgré l’insistance de Shalyne qui appréciait l’initiative, prétextant que sa mission était de les faire transiter à Alabasta, et qu'il n'avaient pas à s'en mêler. Nelson le soupçonnait de vouloir éviter les frictions entre la régulière et l'élite.

Les marines d’élite n’avaient pas forcément besoin d’un tel traitement ; mais il était vrai qu’Alabasta n’allait sûrement pas être une partie de plaisir. Grand Line était un endroit dangereux en soi, mais se mettre en poursuite de Rafaelo di Auditore était presque équivalent à du suicide. Il faut que je trouve un moyen de me débarrasser de mes gars, se dit-elle. S’ils me suivent, ils risquent de crever avec moi.

« Mon caporal ? »
, fit un soldat trempé jusqu’à l’os. Il venait d’en-haut.

« Soldat ? »


« Le colonel veut vous voir. C’est urgent. »


Elle monta sur le pont, suivant l’homme qui semblait plutôt pressé. C’était un véritable champ de bataille, hommes et femmes bataillant contre les éléments. Chacun s’accrochait à ce qu’il pouvait. L’homme qui l’attendait, le colonel Proctor, se tenait sur le pont arrière, s’accrochant aux cordages, fixe tel un mat face au vent, distribuant ses ordres. La quarantaine, l’homme à la moustache fournie semblée avoir affronté des tempêtes de toute nature. Même humaines.
Elle se mit au garde à vous.

« Monsieur ? »


« Repos, caporal. Foutu temps, n’est-ce pas, soldat ? »


Shalyne opina du chef.

« Vous tenez le coup ?
s'égosilla-t-elle. Vous êtes sur que vous avez pas besoin de plus de mains, mon colonel ? »

« C’est pas la tempête, le plus ennuyeux, si vous voulez mon avis. Suivez moi ! »


Elle n’entendait même plus le bruit du bois qui grinçait à chacun de ses pas. Seule, la tempête bruitait, faisant tanguer toute la frégate sous sa puissance. Le navigateur devait sans doute utiliser toute la puissance de son savoir-faire pour réussir à ne pas faire chavirer le vaisseau.
Il tendit le doigt vers l’ombre noire en face d’eux.

« Vaisseau pirate,
analysa-t-elle rapidement. Voile et pavillon déployés... Ils sont complètement cons, ils vont se tuer. »

Proctor lui tendit une longue vue.

« Détrompez-vous, caporal. Regardez plutôt ça.»


Donner la pleine voile avec des vagues aussi grandes et un vent aussi fort, c’était la garantie de faire voler en éclat un navire. Sauf si le navire en question était suffisamment gros pour...

Oh bordel. Un trois-pont.

«... Avec tout le respect que je vous dois, mon colonel, ça va être chaud. »


Le colonel souffla du nez, et se départit d’un rire bref et amer. Bien sûr qu’il sait que ça va être chaud.

« On est sur du soixante quatorze canons, soldat. 38 canons sur chaque bord. Le genre de magnifique jouet qu'on utilise pour bombarder des villes et soutenir des Buster Call. »

«Ouais, j’ai déjà servi sur l’un d’entre eux. Ils auront même pas besoin de nous aborder. Deux salves suffiront. Ils auront plus qu’à ramasser les morceaux derrière. »


Proctor roula sa longue moustache entre ses doigts.

« Mais enfin, dit-il, des pirates de South Blue n’auraient jamais accès à un tel arsenal sans que l’on s’en rende compte... »

Shalyne tira une longue bouffée sur sa cigarette.

« C’est peut-être pas des pirates. Leur pavillon est entièrement noir. Et je ne vois pas pourquoi des pirates attaqueraient des vaisseaux du Gouvernement Mondial de front, si vous voyez ce que je veux dire. »


Proctor avait vu beaucoup de conflits et de combats, avait frôlé la mort plusieurs fois, mais cette révélation le fit tressaillir. Shalyne le remarqua, malgré toutes les perturbations alentour.

« Quelque chose ne va pas ? »
Elle haussa un sourcil.

Le colonel fit voleter sa cape imperméable tandis qu’il faisait un demi-tour aussi sec.


« Si vous ne vous trompez pas... Je crois savoir ce qu’ils cherchent. »
    Un bruit de chaînes s'entrechoquant contre le sol retentit.

    Et un autre.

    Puis un autre.

    Un gémissement d'effort se fait entendre.

    Puis un autre.

    Mais ces sons s'évanouissent dans l'intensité d'un plus grand vacarme. Le bruit des trombes d'eau s'effondrant sur le bois du navire prend de l'ampleur. Le raffut créé par l'orage couvre celui-ci lorsque la foudre s'abat. Les nuages noirs cachent les rayons apaisants du soleil. Rien n'est favorable. Ni les vagues s'écrasant sur la coque, ni le navire tanguant à tout va. Le bois grince, les planches se tordent de douleur. La force avec laquelle la mer se déchaîne est sans pareille, et ni les ordres aboyés à pleine cordes vocales, ni les rugissements déclenchés par des marins sous pression ne peuvent être plus intense que la violence de la tempête.

    Néanmoins, si l'on s'enfonce plus profondément dans les entrailles du bâtiment. On les entend. Ces entrechoquements. Ces bruits de chaînes. Ces hurlements d'un homme qui à la fois est et n'est pas déchaîné. Ces rugissements impétueux, ces torrents de jurons.
    Là, assis en tailleur, le visage incliné vers le sol et couvert par de l'ombre, gît un homme à l'apparence crasseuse. Sa chevelure grasse et sale tombe sur ses pectoraux couverts de sang séché. Ses biceps sont contractés et ses coudes s'affaissent sur ses genoux.  Il ne dit rien, il ne regarde rien. Tout ce qu'il fait, c'est frapper contre le sol avec ses chaînes. Et il frappe. Et il frappe plus fort. Et il essaye de passer ses mains à travers l'étreinte d'acier. Mais il n'y parvient pas. Mais il essaye. Il essaye encore, il essaye plus fort.

    Les raisons pour lesquelles il se trouve ici importent peu. Ce qui importe, c'est ce qui se passe maintenant, ce qui se passe ici. Malgré le tumulte créé par les flots et la tempête, il reste là, de marbre, effectuant en boucle la même action.
    Et le bruit d'une trappe se refermant violemment retentit. Restant tapis dans l'ombre, il relève un peu la tête, et arrête de frapper contre le sol. Il arrête de lutter. Intrigué par ce qui arrive, ses yeux se plissent. Sur le pont, les hommes semblent excités, aux abois. Il ne sait pas ce qu'il se passe, mais il sent que la chance va tourner. Oui, Kevan le sait, Kevan le sent.

    Et lorsqu'au fond du couloir se dessine la silhouette de deux gradés de la marine, son sourire se propage sur tout son visage. La partie basse de frimousse est maintenant visible. Mais tout ce qu'il reste au dessus du nez reste couvert par les ténèbres. Une fois à proximité de la cage, ils voient leurs airs inquiets. Il voit leurs airs de regrets. Le Révolutionnaire ne sait pas ce qu'ils cherchent, mais ils veulent quelque chose. Des informations ? De l'aide ? Il ne sait pas, et il s'en fout. Et il s'en fout tellement que son sourire se transforme en rire. Un rire sardonique, presque agaçant. Une odeur pestilentielle de sarcasme commence à se propager autour de lui, comme une aura. Et il approche la tête, dévoilant la totalité de son visage aux deux sous-officiers, officiers ou quoi qu'ils peuvent être.

    - Allons, ne faîtes pas cette tête, ça n'peut pas être si grave ! Dîtes moi tout, vous avez perdu votre nounours les mouettes ? Hinhin.
      Proctor et Nelson restèrent de marbe face à la figure moqueuse du révolutionnaire en haillons.

      L’homme, entre deux âges, semblait avoir franchi le palier de la quarantaine. Son rire aurait pu être pris pour de la folie, mais Shalyne savait ce que c’était. Elle commença alors à remarquer certains détails. On est dans la merde, et ça se voit sur nos tronches. Léger tremblement, les doigts du colonel qui tapotent sa cuisse, et mes dents serrées. Il a l’oeil, le salaud. Il a l’oeil.

      L’oeil d’un type qui a expédié une dizaine de gars solides ad patres avant d’avoir été immobilisé.


      Proctor entama les présentations d’un air monotone.

      « Matricule de transit 470 : Désignation, Kevan Helmet. Je suis le colonel Proctor, et voici le caporal d’élite Shalyne Nelson.
      Vous avez tenté de libérer les prisonniers révolutionnaires d’Inu Town... »



      Shalyne sourit. Les phrases robotiques, étaient bien assorties à la carrure constamment crispée caractéristique du colonel Proctor. Il ouvrit la porte. La caporale sortit son arme de service et se prépara à intervenir en cas de pépin.

      « Mais prendre le colonel Mortimer pour un con dans son propre fief a été une très mauvaise idée, fiston. Tu t’es attaqué à trop gros pour toi, et t’as eu une chance miraculeuse pour t’en être sorti vivant. Mais il semble qu’aujourd’hui soit votre jour de chance. Le caporal Nelson ici présent va vous expliquer pourquoi, et avec un peu de chance, vous convaincre de faire au moins une bonne décision dans votre chienne de vie. Caporal (il se tourna vers Shalyne)... Je vais devoir discuter tactique avec mes officiers, et tenter de chopper le vaisseau en face par DenDen et leur signaler qu’on a le dénommé Kevan Helmet à bord. Bon courage. » fit-il, lançant un dernier coup d’oeil condescendant au révolutionnaire enchaîné.

      Elle opina du chef, et le laissa monter. Shalyne  n’y alla pas par quatre chemins. Le temps leur était compté.

      « Nous avons un gros trois-ponts sur le cul, 470. On n’a aucune idée de qui c’est. Vous avez une idée, vous ? »


      Elle fit les cent pas autour de la cage du lion.

      « Répondez, mon vieux. Répondez honnêtement, et on vous dégottera une remise de peine. Dites de la merde, et vous finirez noyé comme tout le monde. Les révolutionnaires disposent-ils d’un vaisseau amiral de ce type sur les Blues ? »
        Plus tôt, devant les barreaux d'une prison de North Blue...

        - Toi... Qui es tu ? Ta tête me revient pas... Et de toute manière... Que viens tu faire ici alors que les révolutionnaires se réunissent actuellement sur Tequila Wolf ?

        - Mon nom est Kevan Helmet... Je ne suis ici que par erreur, mais en entendant des rumeurs sur des comparses révolutionnaires mis aux fers, je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir vous aider.

        - Pauvre fou... Tous nos navires se dirigent vers East Blue, j'en déduis que tu es tout seul ! Même si tu nous sauvais, on ne pourrait pas s'enfuir de l'île. Alors autant rester là.

        - Sérieusement... Je viens en vous proposant mon aide et vous me condamner à subir le même sort qu vous ?

        - Non... Tu viens en déblatérant des stupidités sur comment nous faire perdre nos têtes. Et en perdant nos têtes, qui allons nous aider ?

        Voilà ce qu'il s'était dit auparavant... Alors quand ce caporal quémande la vérité à propos des ressources militaires de la révolution, l'homme emprisonné est tout de suite intrigué, et son sourire s'efface. Soit ce qu'il avait entendu quelques jours auparavant était d'une inexactitude magistrale, soit... La marine se leurre sur les intentions du bâtiment qui s'apprête à les couler. Quoi qu'il en soit, que le lancier réponde que le navire appartient à la révolution ou pas, cela ne changera rien. Au final, si ce fameux trois-ponts coule la frégate sur laquelle se trouvent la marine et Helmet, savoir que les rebelles possèdent ce genre d'armement ne sera pas bien utile. Néanmoins, il voit une opportunité. Une opportunité de retourner la situation à son avantage si ils s'en sortent vivant.

        Voyez-vous, après avoir été emprisonné suite aux émeutes de St Uréa, Kevan perdit tous ses contacts, qui devinrent soit six pieds sous terre, soit sur une mer bien trop dangereuse et imprévisible pour lui. Alors, quand on se retrouve à être le seul sachant qu'on est un révolutionnaire, forcément, on ne peut pas faire grand chose. Mais là. Si il leurs fait croire qu'il est important. Et qu'ils n'auraient pas dû. Peut être tenteront ils la négociation... Ainsi ils croiront qu'il est important, et en plus il aura la possibilité de s'enfuir. Ingénieux, non ?
        Le sourire de Hemet revient, et s'agrandit plus encore qu'il ne l'était auparavant.

        - Peut-être que c'est ce que mes alliés - menés par mon Valet - enverraient si il s'avérait qu'un Cavalier de la révolution se trouve dans les geôles d'un bâtiment de la marine...
        Et peut-être qu'une négociation serait possible, si vous daignez faire bouger les choses avant qu'ils ne vous coulent.
        Bien sûr, étant un Cavalier de la révolution, ils s'attendent à ce que je survive à l'assaut, héhé. Tandis que vous... Vous risquez de boire la tasse avec quelques créatures des fonds marins. Durararararara !


        Il fait une pause, puis se lève. Son rire sardonique résonnant toujours dans les fonds du navire, il se rapproche des barreaux. Là, il regarde le Caporal de plus près, et tente de lui faire comprendre par diverses mimiques du visage qu'elle... Qu'elle n'a pas le choix.

        - Alors bien sûr, vous avez le choix entre mourir et... Laisser un révolutionnaire haut de gamme partir... Et morte, vous ne pourrez plus jamais m'attraper.. Durarararara !

        Et son rire sardonique résonne encore, et il résonnera jusqu'à la réponse de madame.
          C'était pas qu'un mec taré. Il était clair qu'il jouait à un jeu. Le jeu des plus cons. Et si je continue, il va me rabaisser à son niveau, et il va me battre par expérience.
          Madame, donc, qui pointait son arme sur le salaud, appuya sur la gâchette. La balle se ficha dans le bois, faisant voler son lot de sciure dans les yeux de Kevan. La vision arracha un sourire satisfait à Shalyne.


          « Bien. Merci du tuyau. »
          fit-elle avant de lui tourner le dos et partir d'un pas décidé vers les ponts supérieurs. Il y avait tout un foutu chapitre dans le manuel sur ça. Cavalier de la révolution. Cible prioritaire. Il fallait à tout prix le garder.

          Dans la partie supérieure de la soute, avec le reste de l’équipage non occupé à naviguer, l’unité Sakazuki faisait ses derniers préparatifs. Visiblement, le combat était envisagé ; et même, imminent. Cain, seul religieux de l’unité, récitait une prière. Mallory allumait un cigare.  Les autres étaient probablement derrières, affairés à choisir quels effet personnels ils allaient garder sur eux. Ils savaient pertinemment que le vaisseau aller couler, et que tout ce qu’ils laissaient là, le diable l’emportera.

          Quant à Shalyne, elle n’avait besoin que de deux choses : Son pistolet, et son sabre d’abordage. Dotation standard de la marine d’élite, l’arme n’avait rien de spécial ; mais elle ne l’avait jamais lâché, et ne la lâchera jamais. Elle vérifia que l’arme était chargée, et se retourna : toute son unité était parée et prête. Mallory admirait le corps de la jeune femme ; mouillé par la pluie, son débardeur se moulait à ses formes. Ses affaires trouvées, elle réunit l’unité.

          « Messieurs,  vous êtes assez grands, et donc j’vous le cache pas : cette opération est probablement la plus foireuse de toute vos carrières réunies. Maintenant, je ne vais pas vous mentir, j’en ai rien à foutre de savoir si ce bateau va couler ou pas. Dans tout les cas, on a probablement un foutu cavalier de la révolution avec nous, et on va pas le laisser s’enfuir comme ça. Préparez-vous; il va y avoir des morts. »



          Mallory enclencha une balle dans son fusil, cigare à la bouche et sourire à pleines dents.

          « Vous avez entendu la dame, les gars. »


          ***
          Là haut, la pluie battait de plus belle. Mais le navire était déjà à une cinquantaine de mètres, et commençait à tirer avec ses canons avant pour endommager la voilure, sans succès pour l’instant. Le colonel était sur la dunette, tenant la barre, discutant avec ses bras droits.


          « Colonel, c’est un foutu cavalier de la révolution, voilà ce qu’on a. Ils ont déployés ce... truc pour le reprendre. Il y a un valet dedans. Du moins, c’est ce qu’il dit.»

          Le bateau n’était plus qu’à une vingtaine de mètres.

          « Il est trop tard pour agir, maintenant. De toute façon, je n'ai reçu aucune réponse par Den Den. J'ai l'impression qu'il n'envisageront pas l'option pacifique. Très peu étonnant, avec cette telle débauche de moyens...»


          Le bateau tangua violemment. En s’accrochant aux cordages, elle se dressa sur la pointe des pieds. Le trois points arrêta de tirer. Une idée fusa dans la tête de Nelson. Et si...

          « Et si on les abordait ? »


          Le colonel haussa un sourcil, perplexe.

          « Négatif, caporal. Nous avons des cordes, mais sans grappins, et par ce temps, c’est un suicide. »


          « Pas besoin. Quelques planches suffiront. »


          « Expliquez vous...
          (le lieutenant lui dit quelque chose à l’oreille, et il afficha un air agacé) Le temps nous est compté. »

          « Regardez ça.  Ce vaisseau fait deux fois notre hauteur. Et en plus, avec ce temps, impossible d’avoir une solution de tir correcte à moins de se mettre juste en face. Et là, ils commenceront à tirer en masse pour tuer un maximum de personnes.. Ensuite, ils aborderont, achevant le reste, et prenant le butin.
          Leur plan va déconner à la deuxième étape. Laissez les nous doubler par bâbord. Montez tout les canons sur le pont. Mettez les tous dans le même endroit, superposez les, mais bordel, faut que tout le monde tire au même moment. Et là, vous tournez à babord toute : on heurte le navire et on rentre tous par les trous. »


          Le colonel et le lieutenant observèrent la jeune femme, extrêmement dubitatifs, mais pourtant désemparés. En attendant, Shalyne calmait sa nervosité en se rallumant une cigarette,  et avec succès malgré la pluie environnante.

          « Ecoutez, caporal... »
          Commença le lieutenant.

          Shalyne leva sa main droite pour l’interrompre, la cigarette coincée entre l’index et le majeur.

          «  Même si je n'ai ni le temps ni l'envie de vous sortir l’argument du ‘meilleur plan’, mon lieutenant, mais il nous reste 10  petites minutes avant que les autres connards de pirates, révos ou je sais pas quoi fassent quelque chose qu’ils vont regretter. Du je vous le demande : Avez-vous un meilleur plan ? »


          Le lieutenant s’apprêtait à répondre quelque chose, mais le colonel était déjà tourné vers le pont.

          « Soldats, je veux chaque canon de pièces d’artillerie et canons de fusils pointés bâbord, et je les veux tout de suite. Pour équilibrer le navire, mettez tout le reste, grain, tables, affaires et je ne sais quoi à tribord. Jetez les, empilez-les, débrouillez-vous, mais vous avez 10 minutes. Rompez ! Et ça vaut aussi pour l’élite. »


          Il prit alors Shalyne à part, fixant le caporal de toute l'intensité de son regard :
          « Bien, caporal. Que votre plan m’a l’air suffisamment fou pour cette situation, c’est peu dire. Et vu qu’on a plus de temps pour réfléchir, je mise tout sur vous. Je tiendrai la barre pour cette manoeuvre. Lieutenant, vous prenez le commandement, appuyés par l’unité de Nelson. Bonne chance. »


          Mais Shalyne avait déjà une idée. Elle s’infiltra dans le bordel ambiant, descendant dans la soute, puis les cales inférieures.

          Que je sois damnée si je laissais ce salopard rejoindre le vestiaire de Davy Jones sans avoir le coeur sûr.


          « Hé, de la cage. »


          Elle pointa son arme sur lui, le « clic » du chien de l’arme se fit entendre. Elle observa l’homme droit dans les yeux. Les yeux d’un homme qui voient la mort. Ça ne trompe jamais.

          « Je vais être clair, mon vieux. J’ai pas envie de perdre des gens dans ce foutu combat de merde. Alors je vais vous demander calmement de remonter avec moi sur ce foutu pont, et m’expliquer en route pourquoi vos amis veulent pas répondre. Si vous répondez honnêtement, je vous donnerai une chance de vous amnistier. Il n'y aura pas de "sinon".»


          Dernière édition par Shalyne Nelson le Lun 19 Jan 2015 - 19:54, édité 2 fois
            Un soupir se fait entendre.

            Puis des jambes se décroisant, dans un entrechoquement de chaîne constant.

            Toujours accompagné de ce bruit de fond agressif, le prisonnier se relève, doucement.
            Il essaie tant bien que mal de ne pas le montrer, mais il est épuisé, affaibli. Ses effets avaient été confisqué dès qu'il fut pincé. A présent, il est dans l'ignorance totale de la position de sa lance et de ses dagues. Mais ce n'est pas l'important actuellement. Il s'approche avec nonchalance des barreaux de la prison. Toujours en arborant un sourire agaçant et horripilant, il hoche la tête en réponse au Caporal, concluant ainsi un accord qui - cela va sans dire - s'écroulera bien vite.
            En effet, un mensonge de cette ampleur ne peut tenir en place bien longtemps, lorsque l'on est seul contre tous. Sans la moindre idée de qui est sur le navire d'en face, impossible de continuer dans cette direction. Après tout, Helmet sait très bien qu'il est impossible qu'un navire de cette taille se trouve ici actuellement, à moins qu'il n'ait dérivé. Et si il a dérivé, alors... C'est à la fois une aubaine pour lui et une calamité pour la marine.

            Réfléchissons. Un navire de cette ampleur. Si il est révolutionnaire, alors il n'y a qu'un Cavalier pour naviguer à son bord. Aucun révolutionnaire soliste ne pourrait naviguer cela, et sans le titre qui va avec, impossible de devenir un meneur d'homme. Sans respect, pas de cohésion. Sans unité, pas de force.
            "Force à travers l'unité, Unité à travers la foi." comme dirait l'autre.

            Les grilles s'ouvrent. Dans un grincement assourdissant, le révolutionnaire met un pied dehors. Puis l'autre. Toujours poignets et chevilles contraints, il avance en suivant la téméraire Caporale de la marine. Et, tout en étant téméraire, elle est loin d'être stupide. Notre protagoniste se rend bien compte de cela, et le doute s'empare de lui. Il va bientôt être coincé. Il va bientôt rencontré une impasse et s'enfoncer dans sa propre entourloupe. Alors quoi ?
            Alors ça.

            Hein ?

            Quoi ?

            Où ?

            Là.

            Heh ?

            Ici, tu vois ?

            Non ?

            Si. Là.

            Devant lui, des escaliers. Les marches sont très espacées. Parce qu'il faut économiser quelque part, considérant le fait que ça coûte cher de construire un navire. Le révolutionnaire fronce les sourcils. Certaines mimiques de la démarche de la Caporale montrent qu'elle sent aussi le malaise. Kevan baisse les yeux et regarde ses chevilles. Enchaînées. Alors quoi ? Il ne peut pas monter ces marches à moins qu'on l'aide. A moins qu'on lui retire ces entraves. Mais, sans ironie, on ne profite pas du voyage. Alors il montre toutes ses dents et…

            - Oh, je me sens faible, je crois que même sans chaînes je ne pourrais pas monter… Il faut me porter madame… S'il vous plait madame… Portez moi et je vous dirai tout… ♥

            Mais son sourire qui est l'un des plus difficile à faire disparaître s'efface d'un coup de son visage. Pourquoi ? Derrière lui, dans une pièce entre-ouverte, un bruit attire son attention. Un sifflement. Le sifflement de quelque chose fendant l'air à toute vitesse. Mais quoi ? Nous ne savons pas, mais il sait. Il sait et il sent. Il entend et il reconnait. Accompagné du sifflement, des gémissement d'effort. Quelqu'un manie une arme. Mais en quoi est ce important ? Cette lame, c'est celle qu'il y a au bout de la lance du révolutionnaire. Ses sourcils se froncent alors. Ses poings serrent. Il montre ses dents, mais cette fois elles sont serrées. On pourrait croire que sa mâchoire va se briser, et que la veine se trouvant au milieu de son front s'apprête à exploser.
            Il se retourne alors avec rapidité et indélicatesse, puis se dirige vers la dite pièce. Derrière l'endroit, c'est l'armurerie. Il rentre avec violence, sans aucune gêne. Il tombe sur un gamin. Sûrement collé là car trop maladroit, à moins qu'il ne soit caché. A voir. Mais ce n'est pas l'important.

            - C'est à moi, ça, petit con ! Lâche ça !

            Il veut pas la lâcher. Bordel.

            - Lâche ça j'te dis.

            Kevan s'approche en ne cachant aucunement ses intentions de lui broyer la trachée et d'arracher ses membres.

            - Eloignez vous ! Madame la Caporal ! Il m'agresse !

            Ses mains feintent d'atteindre le cou du jeune homme pour faire diversion. Car c'est la lance qu'il veut obtenir. Et c'est la lance qu'il obtient. Sans se soucier alors du jeune garçon devant lui, il se retourne brusquement, armé de son attirail de prédilection et prêt à en découdre avec miss fumette.
              Shalyne n’était peut-être pas suicidaire, mais elle était réaliste. Que son plan ne se déroule qu’à moitié comme prévu, et c’en était fini pour tout l’équipage. Et lorsque Kevan eut dégainé sa lance, Shalyne a jeté son arme à terre. Le soldat derrière eux, choqué, semblait hypnotisé par la scène, la pointe de la lance sur la gorge de Shalyne.

              « Vous voulez m’affronter ? Allez-y. Déjà, ça prouve que vous avez pas une foutre idée de ce qui se passe dans le vaisseau ennemi. Vous n’aviez rien à perdre, dans cette négotiation. »


              Doucement, sans mouvement brusque, elle mit sa main sur la lance.

              « Nous perdons du temps. Bateau révolutionnaire ou pas, ils ne vous reconnaîtront pas et vous tueront avec les autres dans la tourmente. Ils couleront le vaisseau d’une seule salve. Et quand bien même vous trouviez un moyen de survivre à cette salve, les marines survivants ne vous laisseront jamais rejoindre l’autre bateau. Vous allez finir mort, peu importe votre choix. Alors que, si vous nous filez un coup de main... »


              Un soldat descendit dans la cale.

              « Caporal, tout est en place, mais le navire est presque à notre niveau ! On se fait canarder par les snipers, le colonel a dit que si vous montiez pas avant le début de la salve, on va se faire exploser ! Caporal ? »


              De là où il était, il n’arrivait pas à voir le couple.

              « Remontez, soldat, c’est un ordre. J’arrive dans une seconde. »

              Le bruit de la trappe fermée se fit entendre, et elle continua.

              « Je sais ce que vous avez fait, là bas. Vous êtes forts, très fort. Il va nous falloir effectuer une percée  dans leur navire en très peu de temps. Venez avec moi en première ligne. Pris par surprise, ils n’auront aucune chance. Merde, si vous m’évitez le reste de l’opération, vous aurez tout les moyens de prendre un canot pendant la cohue. Alors ? Décidez-vous vite, bordel. »


              Dernière édition par Shalyne Nelson le Lun 19 Jan 2015 - 19:55, édité 1 fois
                Elle marque un point, la marine qu'est en face de lui. Et il le sait, et pour c'est précisément parce qu'il le sait qu'il ne tarde pas à baisser son arme. Toutefois, l'autre marin derrière lui ne recevra jamais d'excuses, faut pas déconner, on touche pas à ce qui n'est pas à soi.

                - Ouais, c'est pas faux.

                Qu'on soit bien clair, notre protagoniste a tout bien compris à ce que la Caporale vient de déblatérer. Mais lui donner raison de façon totale lui laisserait un goût acerbe et fade dans la gorge. Alors la technique, c'est de lui faire comprendre qu'elle a raison, mais qu'on est pas convaincu. Sinon, la personne prend la grosse tête et va croire qu'elle est votre supérieur, ou votre chef, enfin, votre despote, en quelque sorte.

                - Quand la bataille sera finie, ne me cherchez pas.

                Et il suit la marine assez autoritaire et directe à travers la trappe. En haut, concrètement, c'est le bordel. Ouaip. Y en a qui prient, y en a qui gueulent, y en a qui sautent par-dessus bord, enfin, c'est désespérant quoi. Le type de situation que l'on voit du côté le moins apte à gagner. Et c'est rien de le dire. Mais au-delà de ça, rien n'est clair et tout est flou. Tout le monde serait plus serein, plus concentré, moins flippé, si le temps était favorable. Mais il ne l'est pas. Et c'est de là que viens la discorde. On peine à distinguer ce que l'on voit. Les cordes qui tombent s'écrase contre le pont en effectuant un brouhaha monstrueux. L'orage tonnant toutes les vingt secondes donne un sursaut à tous les hommes de ce navire à chaque fois qu'il gronde. Bordel. Et puis. Ça.

                - ... Merde, quand même...

                Ça, c'est ce que Kevan laisse filtrer en voyant l'imposant bâtiment qui s'apprête à balancer leur salve de boulet sur eux. Mais peu à peu, il se rend compte qu'ici, c'est organiser. Ils ont un but. Quelque chose prend forme. A bâbord, des canons commencent à s'amasser. Qu'est ce qu'ils vont tenter de faire ? Kevan s'interroge. Ce qu'il se passe à l'air fou. Toutefois, ils pensent à tout. A tribord, tout plein de conneries ; du magasine porno au sac de patate. Il comprend petit à petit ce qui se passe ici. Mais sans être convaincu par cette tentative.

                Bientôt, le navire adverse les aura en ligne de mire. Bientôt. Bientôt.

                Et la salve part.

                - Chier, chier, CHIER !

                Dans la panique, tout le monde se met à couvert. C'est quand même trente huit boulets de canon qui se dirigent vers eux, avec pour seule volonté de réduire à néant le plus de choses possibles. Que ce soit du matériel, ou des personnes. Une foutue salve de trente huit messagers de la mort qui cognent à leur foutue porte. Ça va être un carnage. Quelques secondes plus tard, c'est l'impact.
                Le bois s'éventre, des marins perdent leur bras, leur jambes, leurs bras et leurs jambes. Certains tombent à la mer.
                Kevan est projeté de sa position vers le mât, que sa tête heurte de plein fouet. Il n'entend pas bien. Tout résonne dans sa tête. Merde, c'est un carnage. Les cris devraient être couverts par le grondement du tonnerre, mais on les entend tout de même comme si ils sont à côté, hurlant leur mère, couinant pour leur vie.

                Il se relève difficilement en prenant appuie là où il peut. Mais putain, l'eau rentre dans les entrailles du navire. Si ils veulent foutre leur plan à exécution, c'est maintenant.

                - C'est quoi le plan, alors !?

                Mais pas besoin de demander, le navigo est déjà sur le coup. Motivé comme jamais à survivre, tous les marins commencent à rugir une sorte de cri de guerre. Les pirates vont pas faire long feu contre une bande de dégénérés déterminés à ce point. Une, deux, trois manœuvres et le bâtiment dépasse leur navire par bâbord. Mais faut faire vite, sinon, ils risquent de se prendre une autre foutue salve destructive. Ils y sont presque et...

                - FEU !

                Le rugissement du colonel résonne sur tout le bâtiment, maintenant, ils ont les cartes en main.
                  Lorsque les premiers boulets frappèrent, Shalyne plongea droit devant. Sauter sur les côtés, c’était s’éloigner des canons disposés par le colonel, et retarder la contre-attaque. Elle tint donc le coup, attrapant plusieurs des canons à bras le corps pour éviter qu’ils ne se dispersent à cause des tirs. Un boulet en heurta un, qui frappa la tête de Shalyne et lui fit siffler ses oreilles et la désorientant pendant plusieurs secondes.

                  « Merde... »


                  Ses jambes chancelèrent, mais brusquement, quelqu’un lui attrapa la tête et la secoua sauvagement en lui hurlant dessus, ce qui eut pour effet de la réveiller. Elle ouvrit les yeux. Où était-elle ? Ah, merde. Le combat. Les salves. Le bateau avait frappé. Elle leva la tête. Le vaisseau devait faire deux fois la taille du leur. Fort heureusement, dans les trois-pont, les canons gigantesques des Buster Calls étaient installés à la proue du navire. Il fallait monter dans le vaisseau, maintenant.

                  Le colonel Proctor lui hurlait dessus depuis la dunette, des paroles qu’elle ne comprenait pas.. Faire feu...? Merde...  Ah oui, faire feu !
                  Elle tira sur toutes les cordes, aidée par les marins à qui ils restaient encore des couilles.  Une brèche se forma. Il ne fallait à tout prix ne pas perdre de temps. Il suffirait que quelques pirates couvrent la brèche et c’en était fini.

                  « Achab ! Cain ! Couvrez nous ! Mallory et Trophée, n’entrez que lorsque je vous ferais signe... Et le taulard ? » fit-elle à l’attention de Kevan.


                  Pour attirer son attention vers elle, Shalyne ramassa un truc en métal par terre et lui jeta à la tronche.

                  « Ramenez vos fesses, vous sautez avec moi ! »


                  La jeune femme bondit par-dessus bord, prenant appui sur le bastingage, traversant la brèche et atterrissant au beau milieu des ennemis, hébétés. Pendant une fraction de seconde, elle put voir la mer en furie, bouillonnant d'impatience... Écumant de désir d'avaler les pauvres marins. J’aimerais pas être à leur place.

                  « C’est l’heure de la Justice. »


                  Elle tira dans la tête ahurie des marins les plus proches qui la fixaient. Puis, jetant son arme vide, elle sortit son sabre et se jeta sur les ennemis qui abandonnaient leurs postes pour lui foncer dessus.


                  Dernière édition par Shalyne Nelson le Dim 25 Jan 2015 - 1:57, édité 1 fois
                    Tout s'accélère lorsque les premiers coups de canons tirés de notre côté retentissent. Le bordel sans nom que c'était tout à l'heure est maintenant bien pire. Des planches de bois déchiquetées voltigeant dans tous les sens, des marins éventrés, démembrés, démotivés tombant à la mer, criant leurs mères en espérant pouvoir voir le soleil du jour d'après. Voilà à quoi se résume ce qu'il se passe sur le navire. Mais tout cela est vite balayé lorsque le Caporale Nelson s'élance dans les entrailles du bâtiment ennemi. Un bout de métal heurtant son crâne plus tard, l’étreinte de l'ordre autoritaire balancé à Helmet quelques secondes avant son saut vient se serrer autour du cœur et des couilles de Kevan. Le regard dictatorial lancé au même moment n'est que le prémisse d'un futur bien noir.

                    A ce moment là, le révolutionnaire ne peut qu'imaginer cette marine en reine absolue d'une contrée soumise à son regard noir et sa poigne de fer. Clairement, elle est tout désignée pour être une future ennemie redoutable de la Révolution. L'éliminer aujourd'hui ne ferait qu'éviter une multitude d'embûches pour un jour prochain. La décision est donc vite prise de son côté. Il empoigne sa lance, effectue un petit bond pour se conforter dans l'idée qu'il va l'aider pour mieux la tuer, puis se rue du milieu du pont vers l'emplacement le plus proche du gouffre béant créé dans le navire adversaire. C'est bancale. Il n'arrive pas à accélérer convenablement.
                    Il tangue d'un côté, puis de l'autre. La flotte s'abattant violemment et à foison l'empêche de voir correctement où il va. Il doute. Il n'atteindre peut être pas l'endroit. Là-bas, il distingue l'ombre de la Caporale tirant à foison. Rhh, si il la perd de vue, il ne la retrouvera jamais dans un navire de cette taille. Courir. Plus vite.

                    Arrivée à la fin du pont, il s'apprête à bondir. Mais il remarque enfin une chose. Si le navire bougeait autant, et de cette façon, c'est parce que le navigo s'est déjà mis à virer de bord. Et là, il est au bord de l'eau. Et là, le navire s'apprête à -.
                    Et voilà. Dans un craquement terrible et un tremblement monstrueux, Kevan est projeté vers l'intérieur du navire adverse. La force avec laquelle la collision s'est effectuée est assez intense pour qu'il puisse être envoyé directement à bon port. 'jour Caporale.

                    Là, notre olibrius aux idéaux révolutionnaires se retrouve à glisser à l'intérieur du trois ponts fesses en l'air, à plat ventre. Grimaçant, il n'a pas l'air de se sentir bien du tout. Faut dire que ça retourne, ce genre de projection. D'un coup, comme ça, ça fait pas du bien par où ça passe. Mais notre gars n'est pas une petite frappe, loin de là. Aussitôt qu'il remarque être arrivé à destination, il se relève avec rapidité et se met en garde. Çà et là, des hommes armés visent les deux protagonistes, mais Nelson ne les laisse pas faire. No Pain no gain, elle fonce dans le tas armé de son sabre. Seuls dix adversaires sont présents, les autres étant sur le pont alors qu'ils s'apprêtaient à débarquer sur le navire de la marine. Malheureusement pour eux, ils les ont pris de court.

                    Kevan suit et entre dans la mélée, ce ne sont que des petites frappes. Le gros étant en haut, cela ne prend pas longtemps. Des coups de lances bien placés et ils sont hors jeux. Foutu sous fifres, ça fait perdre un temps fou, et ce po-.

                    Merde. C'est quoi ça. Qu'est ce qu'il fait ? Il est sérieux ? Merde alors personne ne fait ça. Personne !

                    - Vous avez voulu jouer aux cons avec vos canons ? Bah nous, eh beh, on est encore PLUS cons !

                    Face à Nelson et Helmet, trois hommes, armés de canons de premier choix sont allumettes à la main. Bientôt, la flamme touchera la mèche.
                      Beast by Nico Vega on Grooveshark

                      Les canons pointèrent, les mèches s’allumèrent, et les secondes se dilatèrent au moment ou Shalyne visualisa, analysa, puis réalisa la situation. Cinq secondes.

                      Elle ramassa un pistolet qu’un des cadavres avait lâché sans pouvoir l’utiliser.

                      Quatre secondes.


                      « TOUS A TERRE ! »

                      Kevan semblait avoir compris au même moment, et s’était mis à couvert. Les premiers marines qui s’engouffraient par la brèche également. Si Shalyne ne trouvait pas un truc, les boulets allaient faire une dizaine de morts. La jeune femme tira en plein dans la tête d’un des artilleurs. Restent deux.

                      Mais recharger l’arme allait prendre trop de temps. Elle sortit son couteau de combat.

                      Aucun des marines n’allaient mourir. Pas aujourd’hui.

                      Trois secondes.

                      Elle jeta le poignard dans la main du deuxième canonnier. Il laissa tomber son arme. Le dernier visa son arme en plein sur Shalyne.

                      Deux secondes.

                      Elle avait réussi.

                      Une seconde.


                      Shalyne plaça sa main gauche devant elle. Tout droit en direction du canon.

                      Boom.


                      La marine d’élite ferma les yeux. La détonation fit siffler les oreilles de tout le monde sur le pont.

                      Le canon arriva brûlant, relâchant toute son énergie cinétique dans la paume gauche de Shalyne. L’onde de choc vibre à travers le bras, disloquant les articulations et faisant vibrer les os jusqu’au point de rupture. Mais il fallait résister.

                      Elle fit un pas en avant. La douleur fut tellement vive qu’elle ouvra les yeux brusquement, pupilles dilatées, un horrible rictus de douleur et de colère déformant son visage. Le boulet de canon tomba à ses pieds, déformé par la résistance de sa main, et l’ensemble de son bras gauche tomba, détruit et inutile.

                      Shalyne fit un autre pas en direction du canonnier. Et un autre. Puis un autre, doucement, tandis que les autres étaient subjugués par la scène, et que plus de marins s’engouffraient par la brèche. Elle jeta son sabre à terre, tandis que le troisième baroudeur acculé sans aucun moyen de s’échapper, attendait paralysé et stupéfait par la scène qu’il a contemplé.

                      Elle jeta un regard négligent vers ceux qui arrivaient.

                      « Vous attendez quoi, bordel ? Divisez le groupe en deux, ponts inférieurs et supérieurs. Kevan, menez le bas. Je prends le haut. »


                      La blessée ouvrit la paume de sa main valide et la frappa sur le torse du pirate de toutes ses forces.

                      « Seiteki Atemi. »


                      Il ouvrit des gros yeux de merlans frit, avant de s’effondrer, organes internes sérieusement endommagés.

                      « Maintenant, le capitaine. »


                      Shalyne monta les escaliers en direction pont du vaisseau de ligne, main droite à bras le corps, souffrant le martyr. L’épaule n’était pas déboîtée, et c’était un miracle, mais le coude, et les doigts ne ressemblaient plus à grand chose. Elle prit une longue inspiration et monta les escaliers. Où était le colonel ? Elle jura, et pria brièvement pour lui avant de monter les escaliers qui menaient tout droit au pont.
                        Bon. Faut l'avouer. A la vue du Caporal Nelson arrêtant un boulet de canon à main nue, Kevan déglutit. Si il voulait auparavant la mettre six pieds sous terre pour que la révolution soit tranquille plus tard, là, l'idée ne lui vient même plus à l'esprit. Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne la croit plus du tout au même niveau que lui. Une telle prouesse, ça ne se voit pas à tous les coins de rue sur cette mer. Pour apercevoir un tel exploit, il faut - d'habitude - traverser Reverse Mountain et se retrouver de l'autre côté. D'ailleurs, quelqu'un d'aussi fort montra vite en grade et se retrouvera vite là-bas. Bon vent. Ca laissera les mers bleues à des gens un peu moins fort, genre, Helmet.

                        Même si le spectacle en jette, Shalyne n'en sort pas indemne. Si tout le monde semble l'oublier, elle a quand même perdu un bras. Alors remontez les mâchoires, car au final, n'importe qui est capable de sacrifier un bras. Enfin, théoriquement. C'est pas n'importe qui qui a les couilles de le faire. Oui, là, ça insinue que le Caporal a des couilles. Et c'est assumé. Finalement, cela colle bien à son caractère, à sa façon autoritaire de parler. Pas si étonnant, en fait.

                        Mais l'étonnement est bien vite balayé d'un regard noir et d'une phrase agressive. Bientôt, les marines se mettent à se bouger. Elle ordonne au révolutionnaire de gérer les troupes dans la partie basse du bateau. Sauf que, elle se prend pour qui, elle ? Déjà, c'est complètement con, parce que jamais des fiers militaires au service du peuple n'acceptera d'être sous les ordres d'un hurluberlu de prisonnier. Et puis, de deux, il est où le foutu colonel qui devrait mener l'opération, hein ? Caché dans les chiottes, n'est ce pas ?

                        Alors que Shalyne et ses hommes disparaissent en montant au niveau supérieur, les marines sensés être avec Helmet commencent à partir sans lui. Bah, oui, comme dit, y allait avoir un sérieux problème d'entente.

                        - Ai.. Aidez moi !

                        Ils sont tous partis devant, en se ruant à l'étage inférieur tels des groupies en rûte. Délaissé à l'arrière, Kevan est interpellé par une voix semblant s'adresser à lui. Interloquer, il se rapproche de la brèche créée précédemment par Nelson. Là, en contre-bas, une main semblant peiner à rester accrochée. Le révolutionnaire se penche donc un peu plus en avant pour apercevoir le visage de l'âme en attente désespérée d'un coup de pouce. Cette âme, c'est celle du Colonel.
                        Le dilemme est intense entre le meurtre et l'assistance... Après tout, c'est un colonel... Un de moins, c'est au moins un révo de plus en liberté. Mais... Est il à son niveau ? Certes, à bien des moments il n'a eu aucun remord à ôter la vie de quelqu'un. Mais ils l'avaient tous mérité, et n'avaient pas de famille, ni de proches. Lui, qu'a-t-il fait ? Fait il partie des esclavagistes ? Fait il partie de ceux qui ne font que respecter les ordres à la lettre ? Qui est il ? A-t-il une famille ? Peut-il se résoudre à rendre un enfant orphelin, une mère veuve ?
                        Sa mâchoire se serre. Sa veine frontale se gonfle. Il grogne. Il grogne pour montrer sa douleur intérieure. Puis, tout en regardant ailleurs, sa main se tend vers celle du marine. Instinctivement, le Colonel la saisit. Mais c'est un colonel, voyez vous. Pensant encore que Helmet est un Cavalier de la Révolution, il tire sur sa main de toutes ses forces. Une fois des appuis solides pris, il tente de faire basculer Kevan par-dessus bord. Et il y parvient.

                        - Foutus révos.

                        Aucun remord. Bien un foutu marine reformaté de base. Toutefois, il ne remarque même pas que Helmet s'est rattrapé à une corde pendante venant du pont. Empoignant celle-ci, il débute une ascension ardue contre vent et marées. Les bourrasques sans pitié le balancent avec loin du navire, puis, la gravité le fait revenir à son point de départ, le faisant heurter avec violence le flanc du navire.

                        Après maintes épreuves comme celle-ci, il arrive enfin au bastingage, puis l'enjambe avec aisance. Il est maintenant sur le pont. Par contre, il n'y a personne. Ils se sont tous dirigés vers les étages inférieurs.

                        - Bon, je fais quoi ?

                        Balayant l'horizon des yeux, il s'arrête un instant sur le navire de la marine. Si il avait fait l'erreur de sauver le Colonel quelques minutes auparavant, il se promet que cela ne se reproduira pas. Ce n'est pas de la vengeance, c'est de la prévention. Le navire marine est en train de couler, là-bas. Ce qui fait de ce navire leur seul moyen de s'en aller si ils parviennent à prendre le contrôle du bâtiment. Ainsi donc, c'est ce navire qu'il faut saboter. Mais avant, il faut laisser une marque. Quelque chose. De l'encre. Pas l'espèce de machin hyper lourd qu'on lève et qu'on jette. Non non. De l'encre. Il se dirige donc vers la cabine du capitaine, endroit où il est sensé avoir le plus de chance d'en trouver. Là-bas, pas de chance. La porte est fermée.

                        - Heeeey ! Qu'est ce que tu fais !? La marine est en bas !


                        Ca, c'est un pirate, et il est sacrément con. Lorsqu'il n'y a que deux groupes caractéristiques : La marine et les autres, tous ceux qui sont habillés comme les autres sont... Forcément des autres. Parce que l'intelligence moyenne d'un pirate se limite à ça. Noir ou blanc. Pas de gris. Pourtant, ce sont ceux qui représentent le gris qui un jour sauveront le monde.  Pas les bleus, pas les rouges, pas les blancs, pas les noirs. Les gris.

                        - Le capitaine m'a demandé quelque chose ! Pars devant !

                        Ca, c'est un mensonge. Et l'autre, il le croit. Et il se barre. Pourquoi le capitaine lui aurait demandé de chercher quelque chose dans sa cabine sans prendre la peine de lui donner la clé ? Un, deux, trois coups de pieds plus tard, la porte s'ouvre. Cherchant d'un rapide coup d'oeil autour de la pièce, il se rend compte qu'il doit chercher sur le bureau. Bingo. Pot d'encre en main, il ressort de la cabine.

                        Au milieu du pont, il se met à écrire quelque chose. Quelque chose de poëtique. Quelque chose de beau. Quelque chose de fin.

                        "RESPECT EXISTANCE, OR EXPECT RESISTANCE."


                        Ceci fait, il se relève et contemple son oeuvre. Satisfait, il se retourne vers la barre.

                        - Bien, commençons par saboter la barre. Puis, le gouvernail.
                          Le capitaine Havelock, sur le pont de son vaisseau l’Inarrêtable,  jura un grand coup. Tester son armement récemment acquis sur un éclaireur marine en pleine tempête, s’était révélé être une très mauvaise idée, que son équipage payait de son sang. Dire qu’il était parti pour Grand Line... Maintenant il devait tout reprendre de zéro. Recruter de nouveaux gars, réparer le rafiot, racheter des canons... Quel gâchis.

                          La bataille pour le vaisseau faisait rage sur le pont. Tout les étages inférieurs étant vide, les pirates s’étant repliés sur le pont, les marines acculés attaquaient avec la férocité des lions blessés. Mais Havelock n ‘était pas inquiet ; rendant coups d’estocs sur coup d’estocs, parant jusqu’aux plus fourbes des frappes que ses ennemis marines lui donnaient, c’était un guerrier vétéran et un sabreur hors pair. La bataille était loin d’être perdue, pensait-il, le nombre des marines vivant allant en s’amenuisant. Mais pourtant, il se surprenait à reculer. A reculer devant les coups d’une jeune femme qui brûlait d’une rage de vaincre qui le déstabilisa pendant un dixième de seconde, avant que son expérience de vieux briscard le fit récuperer son sang-froid. Il sourit. Elle n’utilisait pas son côté gauche. Il se jouait d’elle, s’autorisant des passes spectaculaires, frappant l’épaule gauche de Shalyne, lui faisant souffrir le martyr, imposant à la jeune femme le déplacement de sa propre arme. Un sourire confiant s’étira sur son visage, laissant apparaître des chicots. Mais Shalyne n’était pas encore découragée. Elle était même plutôt en colère. En colère que cette mission n'en finisse pas, et que ses hommes tombassent comme des mouches.

                          « Pourquoi tu rigoles, enculé ? J’ai vidé chaque pont à moi toute seule. Et maintenant, c’est toi que je vais vider. »


                          Son sourire disparut aussi vite. Et alors qu’il jeta un coup d’œil circulaire alentour, il se rendit compte que les marines récupéraient l’avantage et renégociaient la donne, se surprenant à reculer pour tenir la ligne. Il décida alors qu’il était temps d’arrêter la rigolade et d’en finir au plus vite.

                          « Ça va pas être aussi évident que ça, gamine. »


                          Shalyne tenait le coup. Sur le flanc tribord, Mallory avait réuni quelques braves gars autour de lui et tenait bon, tandis que le front bâbord était couvert de Trophée appuyé par Achab et Cain en longue portée. Mais que faisait Proctor, bordel ? A lui seul il aurait pu se faire la moitié de la division ! Elle jura entre ses dents, tentant de se défendre tant bien que mal contre le pirate. Et elle s’avançait, tant bien que mal, lui faisant remonter le pont jusqu’au dernier mât et la passerelle grâce au front marine. Et c’est alors que son épée accrocha celle du capitaine, qui la jeta loin, désarmant Shalyne dégaina son pistolet. Mais avant qu’elle ne put sortir l’arme, il la frappa d’un coup de pied au ventre bien senti, la déséquilibrant. Profitant de son avantage, il lui tordit le bras gauche, lui arrachant un hurlement de douleur, et la tira vers lui, jusqu’au bastingage. Réaliste, Havelock avait réalisé que ses talents de bretteurs ne suffiraient pas à remporter la victoire. Il fallait donc frapper sous la ceinture. La faisant monter sur un tabouret disposé là avant les hostilités, il pointa son pistolet sur elle et hurla.

                          « STOP ! »

                          Mallory, et Trophée s’arrêtèrent net lorsqu’ils virent la scène. Achab et Cain tentaient en vain d’avoir une solution de tir mais trop près de Shalyne, le tir était trop risqué.

                          « Vos conneries s’arrêtent maintenant, bandes de moules. Posez vos armes, ou je la tue.»