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Tendre luxure

Manshon, Balty, une cité à ton image : éhontée, impudique, libéré de tout ces petits tracas hypocrites fardés par la dignité. Manshon, Balty ! Le vice en norme et la norme au service du vice. Manshon, Balty ! Manshon, Balty ! Sa réputation a envahi tes oreilles comme un doux hymne à ton avarice ! Ses fruits pourris qui se cueillent comme s'il en pleuvait dans l'un des jardins les plus pollué de notre pestilentielle planète ! Des primes à foison et une marine léthargique qui ne mettra aucun bâton dans les roues carrées de tes putrides méthodes.

Bien sûr, tout bac à sable compte son lot de caïds ! Tu devras la jouer serré pour éviter de te mettre à dos l'une ou l'autre mafia locale. Le jeu en vaut la chandelle, mais gare à ne pas déclencher d'incendie, mon impétueux feu follet ! Quoique le spectacle d'un noble bâtard noircissant sa chair tout en émanant un délicat fumet de porc grillé doit être particulièrement réjouissant !

Le plus difficile sera de me décider sur ma proie. Je dois trancher les têtes présentants plus avantageux rapport risque/prix ! Hinhinhin ! L'embarras du choix ! Cela me rappelle ces gigantesques buffets à volonté d'antan que nous organisions pour mon anniversaire !

Ce n'était pas pour fêter ton anniversaire, Balty ! Mais plutôt pour hâter la Mort de venir s'emparer des âmes de tout ces nobliaux pantouflards qui se vautraient dans l'opulence en l'attendant. J'adorais les voir nager dans l'ivresse et la bidoche à s'en rompre la panse, à les voir ramper à mes pieds dans des lacs de vomissures et de fange immonde. Pénètres donc en ce bar, là au coin, Balty. Il sent la laide vinasse d'ici, répand son atmosphère viciée dans toute la ruelle. Son mauvais goût me rappelle étrangement celui de nos congénères...

Bonne idée. Traquer les renseignements n'est pas aussi grisant qu'écarteler l'un de ces pendards déviants, mais il faut bien un début à tout...

Oooh, mais ! Tu approches de ta trentième année, au fait, Balty ! Quel effet cela fait-il, misérable amas de chair presque pourrie, de sentir sa jeunesse lentement préparer ses bagages ? Ce genre de sentiments me paraissent si lointains et maintenant, je ne peux qu'en savourer leurs sévices sur la conscience des autres...

Je ne me sens pas vraiment vieux...

Usé, aigri, malsain, c'est comme si tu trimbalais une éternité de déchéance sous ta carcasse, mon pauvre Balty. Dois-je te sonner la cloche, damné corniaud ? Regarde toi ! Tu es une âme faisandée dans un corps de trentenaire négligé. Hinhinhin !

Tandis que tu pousses la porte du vil tripot, l'infection qui l'habite, à base de vapeurs d'infâme gnole, de tabac chaud recyclé et de tout ce panel de relents charnels commun aux basses extraces, vient te mordre les naseaux et t'essorer les tripes. Quant à la merdaille qui tapisse ce plancher crasseux, on ne peut la qualifier autrement que de repoussante. Trois rats dispatchés à travers la salle putride, et ce barman silencieux enfonçant ses torchons dans ses verres. Ah ! La criminalité des nobles, elle se parait d'un prestige superficielle, elle s'embarrassait d'un fallacieux sens de l'honneur, elle avait la prétention de tendre vers l'Art ! Mais la criminalité des bouseux... Fange abjecte ! Dégénérés désespérés trop feignants pour affronter les problèmes ! Pillent les honnêtes péons pour émerger de leur océan de crasse !

Cette haine qui te submerge, Balty ! Elle n'altère rien à la vacuité exaspérante de cette gargote. Admettons que tu te fonds à merveille parmi cette masse de cafards. Aucun ne te calcule, vaquant à leurs creuses occupations sans douter du moindre instant de ton appartenance à leur caste. Une humiliation traditionnelle, un orgueil habitué aux morsures ! Admettons le, Balty ! On jurerait que tu es l'un des leurs, mais, attention, ne confondons pas cafards et cancrelats !

Ô Seigneur, Ô, Seigneur irrécupérable qui crachez sur moi depuis vos confortables cieux ! Qu'ai-je bien pu vous faire pour que vous décidiez de me précipiter tête la première dans ce nid grouillant de la plus rance des lies de l'humanité... ?

Le "Seigneur" doit bien te rire à la figure, au moins autant que ton auditoire, qui s'esclaffe en prenant bien soin de ne guère retenir leurs postillons.

Wow, mec, génial. T'es un genre de bouffon errant, c'ça ?
Vas-y, fais nous rire, l'comique !
Crachez moi les noms de vos maîtres, cohorte de gorets ! Les noms et leurs valeurs !
Tu t'y prends mal. Tu dois d'abord convaincre un p'tit public, et ensuite t'iras te produire devant les grands patrons.
Ouais c'est ça ! Fais nous rire, l'comique !

C'est à croire qu'ils lisent dans les pensées d'un fantôme, plus dématérialisées que dématérialisées. Vois-tu, ton entrée en scène laissait dès le début à désirer, Balty, et tu es passé pour un pitre. Laminant d'office tes chances de leur soutirer des informations en usant de ta crédibilité et tes capacités... embryonnaires, pour être gentille, de manipulation.

Non, Balty, chez toi, la parole ne sert à rien. Seule la peur les fera parler.

Par la crinière tu attrapes l'un de ces gueux, tandis que ta lame colorée d'une rouille glaciale lui caresse la pomme d'Adam. Il a commis le triste exploit d'avoir des muscles moins puissants que les tiens, il ne parvient guère à se desserrer de ton emprise. Dans ton étau il sue, et ta menace fait se lever toute l'assistance. Tu captes toute l'attention désormais, Balty, sordide humoriste ! Hinhinhin. L'ambiance du vieux bar s'électrifie, et toi avec ! Tu ne peux décemment pas résister à l'appel du sang vain...


Woh, c'est pas drôle ça, l'comique ! Lâches moi !
L'un de vous est-il primé ?
T'es qui ? Un cinglé du gouvernement ? Un de ces sales chiens de chasseurs de primes ?
T'sais à qui tu t'attaques, crétin ?


Tu as les dents longues, mon mignon et vicié petit bébé, de longues dents qui se brisent contre des obstacles trop coriaces pour sa ridicule mâchoire de chiot enragé. Un vilain petit bouledogue aussi sournois et têtu qu'une mule sans en avoir la puissance et encore moins la sagesse ! Enfoncer tout ton bras dans la ruche pour en éprouver la virulence des habitants est devenu coutume chez toi ! Faute de prudence, tu ne manques pas de culot déraisonné...

Mec, mec, mec, t'es sûr de vouloir faire ça ?
Cherches dans ton noyau rabougri la réponse, pendard !
Putain ! Tu vas regretter cette blague, l'comique ! Fais pas ça !
J'sais pas qui tu es. Mais si tu fais ça, tu sortiras pas de Manshon vivant, fils de catin.
C-Ce bar est sous la protection des Mancinelli ! Wayne Fuglace, le plus gros proxénète du quartier ! Il est primé à cinq millions ! Laissez nous tranquille !


Le barman, tremblant sur ses deux grosses pattes de pourceau, n'a pas tenu bien longtemps avant de vendre la mèche, au grand dam de ses habitués qui lèvent les yeux au ciel, semblant y chercher une réponse à sa lâcheté. Aucune réponse ! Seulement l'argumentaire d'un couteau sous la trachée d'un de ses clients ! Ta lame glisse, ouvre le cou caillé du minable, qui s'effondre tête la première sur sa table dans un gargouillement sordide, repeignant le gris boisé d'un rouge vif du plus bel effet, mis en valeur par ses lueurs froides. Je m'avoue conquise, Balty ! Il y a du potentiel en la barbarie aveugle, lorsqu'elle lorgne sur l'Art !

Recommences donc avec ces deux gorilles qui mugissent quelques vérités blessantes à ton encontre.
Celui qui s'avance poings nus n'est qu'une formalité. Mais l'autre figurant du grand drame de ta vie dégaine un fort beau sabre. Ne finis pas trop tôt en rondelles, Balty... Avoir déjà un pied dans la tombe n'est pas une raison pour narguer la Mort à chaque instant. La gourmandise est un si vilain défaut !
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Son sabre parlait, mais son talent était muet. Notre escrimeur n'a eu que le temps de te voir dégainer tes coutelas avant de découvrir qu'ils étaient assoiffés du sang de ses viscères... Il en avait dans le ventre, sans aucun doute. Tu as eu l'occasion de le vérifier lorsque tu lui as ouvert. Le ventre. Hinhinhin.

Et suite à une flopées de jurons, l'autre brute dévergondée s'est montré vaillante pugiliste pour venger son partenaire. Le coup rageur qu'il ta asséné au menton te fait miroiter des astres tournoyants. Ton dos en morceaux risque de se ramasser à la petite cuillère s'il vient à s'envoyer un nouveau mur ! Quant à ton menton éclaté, la machoire t'en tombe et ton arrogance te quitte pour laisser place aux manigances de ton instinct de survie déluré !

J't'interdis d'crever maintenant, maigrichon. Tu vas m'dire pour qui tu bosses.
Pour qui je bosse ? Hinhin...eurk ! Je suis un loup, pas un caniche servile de ton acabit ! Ne me prends pas de haut !
Toi, t'as la langue bien pendue... c'est l'heure de pendre le reste.
Ark ! Attends !

Tu te lèves, je te crains. Je crains que tu ne tombes dans le péché de couardise. Oh, sa démonstration de force t'a impressionné, nul doute là-dessus. Au point que tu vibres jusqu'au plus profond de tes moelles en te relevant... Hinhinhin. Tu t'en sortiras, j'en suis sûre. Tu bafoues l'ordre des choses par ta seule existence, tellement puissamment que la Mort elle-même t'abandonne à ton triste sort... Tu ne peux pas mourir. Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers. Et toi, tu es le pire.

Tu négocies.


J-Je te propose une montagne d'or. Une montagne d'or contre ma vie ! Je suis le baron Brixius ! Ce nom t'es forcément parvenu aux esgourdes !
'connais pas. Même si tes conneries étaient vraies, j't'avoue que j'te buterais quand même, en pissant sur ton corps en prime ! T'es gonflé, connard, d'essayer de m'empêcher d'venger mes potes pour des... pour des thunes...
Allons, des serviteurs, des manoirs, une liberté complète et... et plus aucun autre chef que toi-même !

Hinhinhin. Tu brosses ses vices dans le sens du poil, c'est visible ! Ses vices ronronnent. Cette fois-ci, ta panique donne crédit à ton jeu d'acteur à peine simulé ! Tu avances de quelques pas en sa direction, bafouillant toujours plus de tentations. Hypnotisé par ses doutes, le putride coupe-jarret ne bronche pas, perdu en ses pensées.

N'y a-t-il pas un rêve que tu aimerais combler ? Pour rester en vie, je serais prêt à m'enfiler une laisse et à le réaliser à ta place...
Tu disjonctes complètement, mec, j'ne... AH ! SAL-SALAUD...

Comme une sauce épaisse, le sang ruisselle de sa plaie. Bloquée entre deux côtes, ou dans l'une d'entre elle, qui sait ? Ta dague ne chancelle pas. Peu importe, tu ne comptais pas l'extraire. Le temps que ce primate s'en charge lui-même, poussé par cet instinct sordide et furieux de chasser le poignard rouillé et puant planté dans son grand torse velu, tu en profites pour le taillader. Sur son imposant biceps, puis à la racine du cou. Aucun calcul sous ces frappes, rien de chirurgical : seulement ton couteau guidé par tes pulsions !

A son tour il chute lourdement sur ses genoux, son énergie vitale le fuyant progressivement.

Saurais-tu où je pourrais dénicher Fuglace, manant ? Je t'épargnerai, si tu parles.
V-Vas t'fai...re foutre...
Hihihihi. Tu tiens bien peu à ton existence de rat. Soit ! Je n'insiste pas. Vois cela comme une faveur !

Ton bras qui catapulte sa dague au sommet de son crâne. Et ce sang gras de roturier qui vient à toi, comme si tu l'avais dressé !

Cela fait toujours un pas de plus vers le... le... mais... hummf !

Hinhinhin ! Que tu es gauche, mon vilain petit canard ! Tes deux poignards rouillés, enfoncés dans les os du sacripant, ne bougent plus d'un pouce ! Et toi, parachevant le gag, mobilisant tes faibles petits muscles pour les dégager du cadavre, sans succès ! Excellent ! Je n'ai jamais rien vu de tel ! Ces parias avaient raisons, Balty. Tu as un potentiel comique proprement surnaturel ! Un véritable petit diable en boîte. Tout dans la surprise et dans l'absurde !

Peste ! Mordiable ! Fichue diablerie ! Mais de quoi sont faits ses os ?!

Serait-ce trop te demander d'interrompre momentanément tes loufoqueries, Balty ? Notre audacieux barman s'est enfui, et il y a fort à parier qu'il ne reviendra pas seul...

Mais je dois... Cette canaille me bafoue même par-delà la mort ! Rends moi mes... couteaux...  infâme charogne ! Tombes en Enfer et restes-y !

Un impétueux crachat que tu lui administres, comme pour appuyer tes ordres d'un argument sans failles. En effet, qui voudrait squatter un corps mort surmonté de ta salive, Balty ? Cela devrait presser l'âme de notre acharné maroufle à embrasser l'éternité d'obscurité qui lui est due et à te laisser tranquille...

Hummf ! Hummf ! Enflure de teigne ! Boursouflure porcine purulente ! AAAH ! Mes poignards sont plus émoussés que de damnés épluchoirs paysans ! CAMELOTE ! CAMELOTE !

Là-dehors, les pavés humides se font piétiner par une horde de taureaux enragés. Tu les entends venir, les renforts, les serfs du proxénète, de ce lamentable petit prince autoproclamé de la luxure ! C'est bien ce que je pensais, le barman a rameuté ses amis. Dépêche-toi, vilain gourd ! N'inverse pas les rôles, Balty ! Ne deviens pas une nouvelle fois la proie ! Tu sais ce qu'il te reste à faire, pas vrai ? Tu dois te planquer, et plus vite que ça ! Grincer des dents et te plaindre au bon et sarcastique Dieu en lui murmurant quelques inepties ne t'extirpera pas de ce nid de vautours au milieu duquel ta viande tiède se déhanche !

D'un bond disgracieux, tu t'élances par-dessus le comptoir. Après un dernier coup d'oeil empli de regrets à tes deux coutelas de pacotille, comme s'ils étaient tes deux seuls compères en cette cruelle planète avare de chaleur humaine -hinhinhin !-, tu t'engages dans l'arrière-boutique, ruminant encore et encore la même haine... te préparant, comme à ton habitude, à détaler tel un lièvre loin du danger.

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C'est magistral. Tu as un nom, mais pas de lieu. Tu as la hargne, mais pas d'armes. Tu as l'avidité, mais pas les compétences. Toujours incomplet, mon pauvre Balty... Toujours bridé par cette horde de pulsions qui chevauchent ta conscience. Sacré sot !

Te retrouvant là, embusqué, à lorgner discrètement depuis l'angle de la rue les parasites accourir vers l'humble et souillé tripot, tu contemples, impuissant, le sort de tes deux chères lames corrodées et gorgées de tant de souvenirs, d'une palette de sangs caillés, ces échos de délicieuses souffrances, qui leurs conféraient un dégradé d'un brun vers le carmin époustouflant...

Les camarades de tes vilaines victimes n'ont, dirait-on, pas réussit à extraire tes dagues non plus, alors elles font désormais comme partie intégrante de la dépouille de notre obstiné et friable roturier.

Ils évacuent le cadavre. Les mines graves et les voix portant loin leurs commérages dégradants à ton encontre. L'activité fleurit dans la rue, dans un rassemblement de mauvaises graines qui voudraient, dirait-on, bien te voir dans le même état que leurs défunts collègues. Mais tes dagues bien-aimées, toujours solidement encastrées dans la viande et la moelle du cadavre du rustre pugiliste comme s'il était devenu leur amant, s'éloignent avec !

Non contents de braver mon statut et de me drainer temps et vigueur, les voilà qui me volent aussi mes nobles outils de chasse ! Scélérats !

Et alors, Balty ? Tu vas bouder, mon petit minet sociopathe ? Rougir de frustration et taper du pied en menaçant de retenir ta respiration si on ne te rend pas tes jouets ? Caprice pathétique ! Tu te trouveras bien vite du matériel digne de remplacer tes deux babioles. Ce qui risque de rapidement te manquer, en revanche, c'est le temps ! Ta proie est peut-être déjà au courant qu'un traqueur bien maladroit renifle sa piste. Le temps, c'est de l'argent, Balty, c'est une prime de cinq millions ! Ne gaspille pas tes secondes en frivoles jérémiades !

Tu... Tu as raison. Si nous errons dans son quartier, le maquereau ne peut pas être bien loin. Et j'aurai bien assez de ma ruse innée et de mes instincts acérés pour l'abattre !

Tu es autant fin et rusé qu'un chacal affamé, mon miteux bambin égaré !

Tu t'enfonces dans la sordide ruelle qui t'a servi de refuge. Tes mirettes blanches attirées par un odorant coffre à trésors : une benne à ordures. Il est certain que tu y dénicheras quelques instruments tranchants, perforants, tel que ces tessons ensanglantés imbibés de la rage de leur ancien propriétaire, ou encore un ustensile idéal pour une strangulation furtive et putride, comme ce rouleau de câble électrique dénudé. Un pied de biche, l'arme contondante raffinée par excellence, aguiche aussi tes désirs d'exécuter ton dessein dans un agrément optimal. Tu as bien assez des nombreuses poches crasseuses qui parsèment tes fripes pour stocker tout ce barda recyclé sans problèmes.

Cet arsenal improvisé, rudimentaire mais chic dans sa simplicité et sa polyvalence, t'enrobe d'une excitation fiévreuse. Un rictus crispé se sculpte dans ton visage de cire :

Hinhin. Il devrait y avoir de quoi joindre l'utile à l'agréable parmi ce grossier attirail...

Il ne te manque plus qu'une route à suivre, Balty. Penses-tu pouvoir t'y retrouver tout seul ou veux-tu que ta pauvre mère te dispense ses sages -mais si évidents- conseils, mon jeune corniaud ?

Bah, je vais simplement faire le tour des maisons closes. Ils me parleront de leur maître, de gré ou de force.

Si sot ! Si vicelard ! Si rustre ! Suis-je bien ta mère, félon ? Mais comment aurais-je pu pondre un tel balourd ?

Mais...

Les rivaux de notre adorable marlou se feront probablement plus bavards à son sujet que ses compagnons dont il paye le silence ! Cette idée aurait du s'imposer à toi comme cette baffe que j'aurais tant voulu pouvoir t'envoyer dans la figure pour te secouer le ciboulot !

C'est... C'est juste.

Alors déguerpis ! Visites donc les temples du plaisir des quartiers voisins, quémandes-y quelques informations, quelques ragots, voire, soyons fous, quelques idées. Exploites le peu de charisme qui te dégouline de cette bouille crasseuse et haineuse pour investiguer sans répandre plus de sang inutilement. Je te rappelle ce vieil adage : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Qui sait ? Peut-être trouveras-tu des amis primés... Hinhinhin.

J'espère tout de même retrouver mes douces dagues. Je m'étais attaché à elles, maman...

Hinhin. Tu es comme l'Amour, Balty ! Idiot mais sournois.
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"Le lapin en sucre". Hinhinhinhin ! Serait-ce un espèce de sarcasme ? Quel mufle dépourvu d'esprit irait nommer sa maison close d'un nom aussi convenu, sordide et suintant de paresse intellectuelle ? Il y a pourtant tellement à déblatérer sur le thème du péché de luxure !

Tu attends trop de ces sagouins indélicats, maman.

Certes, je conchie cette tendance qui m'étreint à surestimer les capacités des demeurés que je vois gigoter dans ce misérable monde. Dont les tiennes, Balty, bien entendu ! En tant que mère, je suis certaine d'être soumise à ces ridicules instincts conservateurs, assignés d'office par cette mégère de Mère Nature. Je suis doux avec mon poupon. Trop doux ! Ciel ! J'ai du t"élever n'importe comment pour que tu finisses tour à tour dans un tripot crasseux où tu fis couler plus de sang que de mousse, dans une benne à faire des courses, puis dans une étable de juments débauchées ! Si seulement j'avais reçu ce martinet barbelé que j'ai attendu au pied de mon arbre de Noël toute ma -trop courte- vie, bâtard !

Je rentre ?

Qu'est-ce que tu attends ? Je n'ai guère de mousquet pour sonner le top départ, Balty.

Tu soudes ton clapet et pénètres enfin ce temple en l'honneur de l'impureté, de la virginité bafouée. Te prennent les narines ces parfums arrogants, intrusifs, plus puissants qu'une horde de phéromones. Et dans l'ambiance tamisée de l'accueil, je te sens accablé par une chaleur torride qui n'est qu'invitation à laisser tomber ses vêtements pour se revêtir d'une nouvelle peau, celle de la débauche, à la façon du fourbe serpent qui mue et se repaît de chair fraîche. Je t'interdis formellement de lorgner sur l'imposante poitrine de la fétide hôtesse, petit salaud !


Quoi ? Tu sais que ça ne m'a jamais intéressé... Pertes de temps que ces caprices charnels !
Hmm ? A qui tu parles, beau gosse ?
Restez à votre place, tentatrice ordurière !
J'vois, t'es du genre coincé ? T'inquiètes, on a des cérémonies "spéciales" toutes prêtes pour les... premières fois... Hihihi ! Tu as maté nos tarifs, bout d'chou ? Tu sais c'que tu veux ?
Des informations.

La gourgandine fait la moue, son sourire se ternit, sur cette peau plastiquée dédiée aux plus exécrables des vices.

Tu sais qu'il existe des offices de tourisme à Manshon, hein, bébé ?
Je cherche Wayne Fulgace.
Huhuhuhu ! Pas de Wayne ici. Désolé, trésor !
J'espérais vous soulager de sa présence... envahissante.
Oooh... Quel gentleman !

Les lueurs tamisées des lieux lèchent son odieux faciès, éclairent un rictus naissant, amusé, attendri, honteux. Tu es comme un petit animal teigneux qu'elle prendrait plaisir à observer se débattre sous ses provocations. On entend d'ici sa cervelle rabougrie turbiner, l'instant de quelques secondes. Puis ses lèvres pulpeuses se dandinent de nouveau :

T'es l'un des pros commandés par le boss, coco ?
Co-comment ?
Adorable. Le business, c'est au second étage, porte du fond. C'est facile à trouver, mais n'hésite pas à te perdre en route ! Mes filles sont en manque de beaux aventuriers crasseux dans ton genre !
Je ne suis...


Tu la fermes, tocard ! Aucune objection ! Contente toi d'emprunter l'escalier que la catin t'indique, d'un hochement d'tête fourré d'un clin d'oeil insistant. Ne viens pas foutre en l'air cette occasion par une curiosité déplacée ! N'est-ce là pas tout ce que tu souhaitais, le "business" ?

J'y-J'y vais.

Enfin ! Pas trop tôt ! Une piste plus sérieuse qu'un simple nom sans portrait ! Tu grimpes les marches deux à deux tout en te murmurant quelques blasphèmes, rongé d'une impatience qui apprécierait volontiers qu'il n'y ait aucun escalier entre toi et ton objectif. C'est que tu t'essouffles vite, avec tes deux poumons plus mollassons que des balles crevées. Dès le premier étage atteint, tu te retrouves la figure rougeâtre et le souffle d'un clébard assoiffé. Et lorsque te voilà au second étage, tu laisses tes bronches exprimer leurs doléances. Une violente quinte de toux, quelques morceaux de charogne globuleuse expulsée par la gorge. Et la machine repart !

Second étage, porte du fond. Tu te le répètes en boucle pour éviter d'oublier. C'est que les données d'une mission trouvent plus difficilement leur place dans ta petite caboche que les mauvais souvenirs du temps où l'on te nommait encore Baron ! Ta mémoire est comme ce parfum fraisé infect qui t'assaille les sinus : insaisissable et irritante.

Second étage, porte du fond. Toc toc ! Audacieux, Balty. Tu frappes avant d'entrer...

Meeeerde... C'est qui ?
Le Baron Balthazar Brixius, traqueur de scélérats, redresseur de torts, purificateur des plus profondes dartres de l'humanité.


L'ambiance tombe à plat. Un ange passe, et se retrouve effrayé par ta face de démon !
Silence. Puis la clenche s'agite sous tes deux mirettes globuleuses. S'extirpe de l'antre un grossier ours au regard aussi acéré que sa pilosité. Hinhinhin. Que fait-il en caleçon, là à ruisseler de sueur, immobile, à te toiser d'un air béat ? On dirait que tu l'as interrompu dans son travail.


Puuuutain, t'es qui ?
Est-ce une forme d'onanisme que tu pratiquais et qui t'a rendu à ce point sourd ? Je suis chasseur, paillard ! Je veux la tête de Wayne Fulgace !
Aaaah, chasseur ! Maaaaais fallait l'dire tout d'suite ! Fuuuulgace est encore plus frigide que ses catins, t'saiiis. Jaaaaaamais il sort d'chez lui.
Maaaais j'ai un ch'tit tuyau qu'intéresse les pros dans ton genre. Tu veux mon tuyau ?


Tu lèves des yeux écarquillés, révulsés, écoeurés, tandis que tu t'apprêtes à lui vomir une plâtrée d'insultes... Heureusement, il te coupe la chique :

J'paaaaarlais d'un tuyau, une infoooo quoi.
Oserais-tu insinuer que j'aie pu entendre quelques grivoiseries cachées dans ta tirade, putride satyre velu ?
Baaaaaah. Dééééformation professionnelle.
...
Breeeef. Tuuuuu l'veux, mon tuyau ?
Perfidies !

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Arôme eux-mêmes charnels : hideuse sueur ! Le patron de ce taudis recyclé en maison close est une immense véritable fontaine velue. D'un sourire malsain exposant une dentition en touches de piano, entendons truffée de gros trous noirs... Je ne comprends pas. Lorsque le corps est un outil de travail, ne faut-il pas l'entretenir comme toute machine indispensable à la rentabilité de l'entreprise ? Voilà un proxénète bien peu consciencieux, ce n'est pas pour me rassurer sur le futur déroulement des choses...

... il t'accueille en sa tanière étouffante. Lui, et l'une de ces demoiselles de légère vertu qui... Détourne les yeux, Balty ! Foutu petit bouquetin obscène !


Laiiiiiisse nous, Cynthia. Nouuuuus terminerons ta formation tout à l'heuuuure...

La gourgandine s'échappe, ne manquant pas de te gratifier d'un sourire amusé. Tu te contentes de la mépriser et de ne pas lui offrir l'insigne honneur d'exploiter la brève vue plongeante sur son décolleté qu'elle te tend. Bien... Je n'aurai pas à te hurler dessus, pour une fois !

Voilààààà... Preeeeends donc un siège...
J'ose espérer que tu ne vas pas me retenir assez longtemps pour que je me sente fatigué de rester debout.
Soiiiiis pas pressé...

Tu prends sur toi pour ne pas lui sauter à la gorge. Il faut avouer que ses immenses paluches crispées comme des tenailles pourraient te faire amèrement regretter ton impatience, si elle se fait un peu trop démonstrative... Tu t'écrases, tel un bouledogue face à un loup, et tu l'écoutes baver ses âneries.

Voilààààà le topo. Le gouuuuvernement, il t'offre cinq millions pour la têêêête de cet abruti. Moiiii, j't'en refile dix. A toiiiiii de voir à qui tu f'ras la livraison... Çaaaaa, c'est dit.

Eeeeensuite. Mooooooi, je faiiiiiis attention à mes amis. Maiiiiiiis, j'suis encore plus attentif à mes rivaux ! Tuuu savais que ce gnome de Fulgace s'accroche à une routine réglée comme du paaaaaapier à musique ? Queeeeelle imprudence ! Daaaaaaans notre beau métier, la préééééévisibilité tue, mon ami !


Blabla stérile qui trahit ceux qui n'ont rien à dire mais qui aimeraient dire quand même. Tsssk.

T'aaaaaas une heure, mon peeeeetit. Uuuuuune heure avant qu'il ne quitte sa troupe de looser pour paaaartir se fournir en herbes qui font riiiire auprès d'son dealer faaaavori, dans la ruelle adjacente à l'avenue Sakazuki, au niiiiveau de la "Boîte à bonheur"... une auuuuuutre maison close. C'eeeeeest le quartier des maisons closes. Tuuuuuuu saisis ? Maaaaais la meilleure, c'est la mienne.
Arrête de me faire perdre mon temps, maudit maroufle ! Je m'élance promptement ôter ce Fulgace du tableau que mon exceptionnel destin me peint...
Tuuuu perds pas ton teeeemps tout seul, toi, à caaaauuser pour rien dire ? Hohoho !


Hinhin. Ce grizzly t'a bien eu, mon raton. Ta seule réaction en toi, c'est un ego blessé qui murmure une idée saugrenue à ta rancune : ce maquereau prétentieux, peut-être est-il primé ? Peut-être, en ce cas, pourrais-tu faire d'une pierre deux coups : en échange de Fulgace, tu lui prendrais dix millions, ainsi que sa vie ?

Rictus déplaisant qui te barre le visage, tranchant tes deux joues, exposant tes chicots sombres qui résument bien ton être entier : aussi pourri à l'intérieur qu'à l'extérieur. Comme tu sembles infect lorsque tu souris, Balty !

... et sans plus t'attarder dans le bureau squatté par ces étouffantes et infectes vapeurs de sueur, tu retournes d'un pas décidé dans le couloir, fort d'informations qui éveillent en toi un ardent... appât du gain.

Eeeeeh ! En fait...

Tandis que ton pied tombait sur la première marche d'escalier, la voix du ténor résonne derrière toi. Bien sûr, tu n'as pas assez d'égard pour sa tête de melon moisi pour te retourner...

... t'eeeees pas seul sur ce coup. Et t'aaaaas beaucoup de retard. Booonne chaaaaance, hohohoho !

Tu tournes la tête brusquement, à t'en rompre la nuque, soufflant comme un taureau. Tu te jures intérieurement quelques promesses sanglantes de lui faire payer son insolence... Et tu dévales les marches, quatre à quatre, manquant plusieurs fois de choir durant ta course et d'embrasser le tapis... Ce qui aurait été profondément burlesque et aurait pu, qui sait ? Me faire sincèrement hurler de rire une nouvelle fois aujourd'hui. Quel rabat-joie tu fais...

Bref. Des rivaux. Tu as des rivaux, qui ont une longueur d'avance sur toi. Un défi charmant ! Comment le prends-tu ?


Par la sainte purulence des dragons célestes ! Tout ces efforts pour me laisser voler ma proie par un roturier recyclé en trappeur ? Je ne l'accepterai pas !  
Eh, t'es en sueur, coquin... C'est quand même pas l'boss qui t'a mis dans cet état ?
Ta gueule, pétasse !

Léger ricanement de la catin, vite écrasé par le gargouillement sourd produit par la rencontre d'une femelle humaine avec un pied de biche.

Hinhinhinhin ! Où est passée ton arrogance, je ne l'entends plus ? Je ne l'entends plus ?
Gaarggll... Arrêtge... Conna-arggkglll...
Oh ! Je l'entends de nouveau ! Vite, avant qu'elle ne se relève !


Encore une fois, ton instrument de mort s'abat, et la délicieuse symphonie des os qui craquent et de la chair qu'on mord te porte au ciel. Ton pied-de-biche, jusque là d'un gris argenté délicat, se pare d'un gluant pourpre toujours plus profond au fur et à mesure qu'il danse sur le corps inanimé, broyé... corrompu. Par la luxure. Un simple et juste retour de flammes ! A trop chercher un vice particulier, on finit par rencontrer son frère ! Ta colère s'apaise d'un cran, tandis que tu contemples les restes broyés de cette petite crâneuse.
Oh oh oh. Oh. Elle est méconnaissable, la catin. Combien de coups ? Une dizaine, une vingtaine ? J'ai cessé de compter lorsque... Oh, mon dieu. Un chef d'oeuvre de barbarie. Un monochrome nonchalant qui explore toutes les nuances de rouge. Et de rose. Beau... Beau, très beau. Un bain de sang absolument superflu, mais ça n'enlève rien de sa splendeur. De sa valeur esthétique.


Formidable ! Ton arrogance... ? Parfaitement silencieuse. Je tends l'oreille et rien ne vient me la piquer. Je suis donc parvenu à faire taire ta stupide insolence, à jamais ! Ton sort, je le réserve à tous les provocateurs... C'était ton ultime défi, salope !

Surveille ton langage !

Désolé... Maman.

Tu as perdu assez de temps et d'argent comme ça, foutu bouledogue enragé, la bave moussante aux lèvres, incapable de résister à l'appel du chaos ! Tu repars dans ta course, au quart de tour, retrouvant ce rythme fou et saccadé qui t'a amené jusqu'ici. Derrière toi ? Le boucan d'une porte qui claque, vibrante, les gongs craquants, vite aplati par un orchestre de cris.
Tu es fier de toi ? Crétin inconscient ! Tu es fier de toi ? N'as-tu donc aucun sens des valeurs ?

Non, je ne suis pas fier, maman...

Crois-tu que cet espèce d'ursidé là-haut ne fera pas le lien entre le meurtre sauvage de sa pouilleuse esclave, et toi, instable sagouin à la langue acérée ?

Aucun sens des valeurs !
Tu viens de te faire perdre cinq millions de berries !

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Là-haut, le soleil qui sombre, subitement honteux d'avoir glandé là-haut au beau fixe toute la journée, décidé à camoufler son odieux visage derrière l'horizon. Le ciel dort, l'océan se prépare à faire de même, tandis que Manshon, convulse en ses vices, mire sa gangrène lentement la ronger, le crime tentaculaire ! déplore le marasme de ses foutues défenses immunitaires, la marine tétanisée ! se prépare à traverse une nouvelle nuit tourmentée. Manshon l'insomniaque, la malheureuse vit ses cauchemars éveillée !

Déambulant sous ce crépuscule à travers des ruelles lentement plongées dans l'obscurité, tu gargarises ta hargne un peu plus à chaque pas, fermement accroché à ce pied-de-biche, le pinceau grâce auquel tu veux peindre un nouveau destin pour l'abominable proxénète.
Tes jambes frappent les pavés, tu dévores les kilomètres. Ton souffle souffreteux s'accélère tandis que tu galopes, propulsé par l'appât du gain mais aussi par l'angoisse, car finalement, c'est comme si l'enfer lui-même roulait après toi, avec tout ce qu'il faut de crânes enflammés vomissant le sang bouilli et de faucheurs décharnés braillant des exécrations dans un torrents d'excrétions, comme si cet enfer là venait t'asticoter le dos de ses gerbes de flammes.

Et par-delà toutes ces chimères que tu peux t'imaginer, il existe un fond de vérité. Là-derrière, tu le sais, tu es traqué. Le carnage du bar, la nymphette corrigée. Tu as fais grand bruit dans ce quartier. Ces pouilleux ne sont pas des tendres : ils le sont aussi peu que toi, à vrai dire. Tu as poussé la débauche de violence très haut, mais ils n'hésiteront pas à surenchérir. Alors, qui tombera en premier ? Fulgace, ou Toi ? Et à quel point souffriras-tu, mon lapin ?
Inutile de courir. Tu ne feras que mourir fatigué.

J'y -keuf- suis -eurk- presque. Errrk. L'enseigne de la -eurk- boîte à bonheur, là-bas. Presque.

Ces secondes durant lesquelles la pouffe se vidait de son sang et de son existence... elles te croquaient sous la dent. La souffrance d'autrui est l'une des rares denrées dont l'abondance n'atténue guère la valeur ! T'en repasser le souvenir encore et encore te ravive la motivation, et tu en redoubles ton rythme quitte à t'en tasser les poumons comme une vieille compote croûteuse dans un bol d'os gras.

Erk-Elle-a-eu-ce-qu'elle...

Tes yeux rougissent pour imprimer ta rancune. Ou parce qu'ils s'apprêtent à éclater dans leurs orbites. Quel piètre sprinteur tu fais !

... MÉRITAIT !

Les badauds qui tachetaient notre décor se retournent, ahuris. Te voient te précipiter au pallier de la boîte à bonheur, hurlant à toi-même quelques insanités. Tu pilles pour t'arrêter au coin du pulpeux bâtiment, rose dans ses briques jusque dans son éclairage, dégoulinant d'un mauvais goût tout particulier. Pendant une précieuse minute, tu te concentres sur les complaintes de tes poumons, leur respiration anarchique et rebelle. Tandis que lentement ton regard coulisse et s'accroche là-haut, au petit panneau fixé sous une corniche, informant tout les rats dans ton genre qu'ils quittent l'avenue Sakazuki pour se rendre au nirvana des millions de berries.

D'une main moite et vibrante, tu extirpes ta montre à gousset dorée finement ornée, vieil artefact de première heure, souvenir douloureux de ta noblesse révolue. Il est évident qu'elle est plus proche de la fin de sa vie que du début, comme toi, et qu'elle te lâchera bientôt. Mais pour le moment, elle fonctionne encore.
Dieu soit loué -à moindre prix, bien sûr-.


Cinq minutes. Tout l'art du prédateur qui sonne la perte de sa proie avec cinq coups d'avance, hinhinhin !

Tu te glisses à pas de cabot dans la ruelle, y repérant aussitôt la cachette idéale qui rendra possible une embuscade particulièrement corsée.

Tout commencera et finira dans une benne à ordures, dirait-on !

Tu te sens décidément fort à ton aise parmi les déchets, Balty.

Le temps t'est compté, et tu penses inutile de gaspiller quelques secondes supplémentaires à vérifier qu'aucun rival n'est camouflé dans le coin. Une imprudence digne de ton impudence !
Tu soulèves le couvercle à deux bras, sourire satisfait lorsque tu constates qu'elle est quasiment vide. Puis la benne t'accueille en elle. Des contorsions qui te plient en quatre, en cinq, en six, puis de nouveau en quatre, jusqu'à atteindre une position que l'on pourrait, avec beaucoup de nonchalance, considérer "confortable".

Et dans les ténèbres de ce sanctuaire pestilentiel, deux imposantes globuleuses braquées comme des phares sur ta personne tremblotante. Et une respiration, et ta respiration, haletantes à l'unisson.

Héhé. Tu n'es pas seul...
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Mais...
...
Qui es-tu ?
...
Réponds, rapace ! Ou je m'empare promptement de ta trachée et l'offrirai en corde à sauter à ton infecte progéniture !

D'un tesson colorié de sang séché, tu lui caresses ce qui lui sert de pomme d'Adam. Lui murmurant d'atroces menaces, affrontant ses yeux fous qui provoquent en tes moelles d'honteuses vibrations. Hors de question de te dégonfler maintenant, pas vrai, mon vautour d'amour ?

Sa langue se dénoue, mais pas la situation.


... si tu me butes, tu sortiras pas de cette benne vivant. Elle deviendra ton tombeau. Il t'irait bien, t'trouves pas ?

D'un revers de main innocent, il n'a aucun mal à écarter ton avant-bras armé. Il ne fait aucun doute qu'il ressent ta surprise et s'apprête à la convertir en terreur.

Mes potes t'ont forcément vu rentrer ici. Ils ont des flingues, des fusils. Et dedans, du gros calibre. C'est pas une pauvre couche de métal rouillé qui arrêtera leurs balles. Tu vois c'que j'veux dire ?

Hohoho. Oui. Tu vois absolument ce qu'il veut dire. Tu grimaces, tu laisses ton visage se déformer et ton arrogance t'échapper.

J'suppose que t'es là pour Fulgace, toi aussi ?
Oui.

Ta répartie inexistante traduit bien tes humeurs intérieures ! Comment avoir le coeur à fusiller quelqu'un de sa verve lorsque l'on est sous la menace de balles littérales ? Reprends-toi, Balty ! Perdre tes moyens, ce serait signer ton arrêt de mort !

Dommage alors, mec. Tu t'es dérangé pour rien. Il est à nous.

Il t'annonce ça épris d'une insolence qui te retourne le coeur !

F-Fils de vautour incestueux ! M'arracher ma-MA PROIE ! Bafouer mon nom et mes EFFORTS ! Puisses ta mère s'être crevée en te déféquant !
Ça fait du bien d'insulter les gagnants, j'te laisse cette petite revanche. Par contre, si tu gueules trop fort...

L'éclat gris rouillé dans le noir, coup de tonnerre dans les ténèbres. Te voilà la gorge coincée entre un poignard et un tas d'ordures, surmonté d'fusils vicieux camouflés dans les murs de la ville. Une impasse, oh oui, une impasse dont tu n'pourras cette fois pas te sortir en simplement gravissant le mur tout au fond... et pourtant, impulsif chimpanzé que tu es, la frustration qui stagne en toi se fait acide à t'en ronger la raison. Tu as envie de le prendre à la gorge, lui mordre à plein crocs les gencives à lui décoller avec sa mâchoire néandertalienne, de lui faire avaler son grotesque ustensile de mort...

...
Oh, Balty... Toi aussi, tu as reconnu... ?


Sanie de pirate ! Où donc as-tu volé cette noble dague ?
Chhht.


Entends-tu toi aussi le pavé battu par le pas de celui qui fut ta proie ? Fulgace arrive, tu devines sa présence mais là, tapis dans ton obscurité, tu ne trouves plus aucune raison de bondir hors de ta cachette. Car il n'est plus à toi. Tes mirettes livides incrustées dans le fer creusé de vallons de rouille dévastés. Ta dague. Cet énergumène... tient... ta dague. Charmantes retrouvailles !

Son visage se déforme d'un sourire narquois, d'un oeil te poignardant l'orgueil.

A plus, pigeon.

Et il décolle, ce vautour. Amusant réflexe, tu lui enserres l'avant-bras de ta main tremblante, empêchant sa fuite. Tandis que là-dehors les fusils commencent à chanter...

Dommage, enfoiré ! Pas l'temps !

La benne tressaute sous vos impulsions. Sa lame, TA lame, te bondit dans le torse et c'est une roulade qui te sauve... et te plaque au fond de la boîte à miracles que devient cette modeste poubelle ! Sa paluche calleuse t'empoigne la crinière, on dirait qu'il te prend pour une de ces catins. Et ta tête rebondit, rebondit, rebondit sur l'acier nauséabond, et sur le tapis de vieux emballages et de viande pourrie. Ton front qui craque, croustillant sous la furie de ton comparse pisteur. Tu t'enivres du goût de ta propre hémoglobine, en même temps que les flatulences de putois qui t'étreignent les narines à chaque nouveau choc contre les ordures. L'orage s'arrête. Il n'a duré qu'une pincée de secondes, mais du point de vue de ta petite troupe de neurones secs, ce fut comme une éternité de génocide !

De la chance. T'as d'la chance. Pas qu'ça à foutre, et l'idée d'te laisser baver tes tripes dans cette benne me plie trop pour que j't'achève !

Couvercle qui grince, rayons oranges venant te déchirer les mirettes. Oh, regarde toi, Balty... Tu es à ramasser à la petite cuillère ! Et, il n'est pas dit que la petite cuillère ne cède pas sous le poids de ton cadavre lourdaud, hinhinhin !

Ton compagnon te quitte, saute verser un autre sang, ricanant en silence sur ton sort. Ton crâne fissuré laisse couler une sauce brunâtre fulminante, un magma de haine et de rancune. Mais si ton esprit, toujours brûlant, aimerait illico se venger, ton corps lui réclame une trêve. Le soleil là-dehors se couche, la vie de Fulgace interrompue. Quelques cris de victoire levés par le vent, et toi, tout timide, restant à marmonner dans ta chair et tes os éclatés dans les ordures.

Tes paupières se ferment.
Tes glougloutements grotesques s'éteignent.
Tes derniers espoirs te quittent.
Bonne nuit, Balty !

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Han... Han...

Debout !

Keuf ! Kof ! Eerk...

Crache tes glaires puis relève toi !

RRRRRRRpeuh !

Limace de pus et de sang ! Les sacs crevés font de si doux oreillers pour que tu n'en décolles pas la tête ?!

M'relève. Je M'relèvffe !

Plus vite ! Plus vite ! Et n'oublies pas de bouts au fond de la benne. Une dent coûte une fortune en ces temps si violents, ce serait dommage d'en laisser une au bon soin d'un chien errant.

Foutue garde. Me voler mes précieux coutelas. Me les agiter sous le nfez. Je lui donnerai un avant-goût de la bestiale damnation qui l'attffnfennd... BEEERG !

Ta galette, subtile recette de sang et de vomi, émane d'un fumet qui te force à rechercher l'air, te relevant par le cou et, d'un coup de nuque, frapper le couvercle et t'extraire de la benne.
Rouillés, fracturés, tes os crépitent en choeur avec ta cervelle réduite à l'état de compote pulpeuse précieusement contenue dans ta caboche saignante. Pieds à terre, tu réapprends à marcher. Un pas après l'autre, tandis que le sol se convertit en un plancher marin, les lignes droites s'improvisent diagonales, les diagonales se croient courbes. Il te faut un instant pour te rendre compte que cette brillance qui noie la rue est crachée par la Lune. Tard. Tu nous a fais un gros dodo, Balty ! Et désorienté, encore somnolent, la conscience encore bloquée dans ses abysses, tu n'as pourtant rien perdu de ta hargne.


Payeront. Dette de sang. Ils payeront.

Pathétiquement, tu ordonnes tes jambes. Elles portent un lourd corps chargé de haine.

Mais où vas-tu comme ça, Balty ?


Les retrouver. Me venger. Ma prime. Mes dagues. Ma dignité.

A la moindre rencontre inopportune avec l'un des hommes de l'ours ou du rat, tu es bon pour rejoindre le royaume des oubliés, Balty ! Ceux qui finissent en tranches au fond d'un fleuve, leur viande patiemment broyée par des petites dents aquatiques !

N'veut pas mourir.

Bien sûr. Et si tu partais te rafistoler un brin, Balty ? Tu trouveras bien un charcutier en blouse blanche peu regardant sur l'origine de ses clients. Qui manipule des scalpels de la taille d'une hache, pour qui l'hygiène représente un nid douillet de bactéries. Il pourra peut-être te redresser le faciès ?

Han. Han. Ark.

Et te recoudre la langue ? Qu'elle cesse de baver des syllabes désarticulées ? Ne force pas, Balty ! Suis les conseils de ta malheureuse mère. J'en ai assez de t'admirer morcelé. A quand remonte la dernière fois que je t'ai vu victorieux ?

Nuit paisible, vent aimant se faufilant délicatement dans tes plaies. Aujourd'hui, quelques rats et la confrontation de leurs différents. Rien qui ne vaille la peine pour les souris blanches de sortir la tête de leurs terriers. Seuls témoins de ta déchéance ? Une flopée d'étoiles curieuses en une voûte céleste limpide.

Agréable cité, magnifique théâtre humain.
Le rideau tombe sur une Manshon maculée du sang d'impie.

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