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Zugzwang

Capitaine a misé sur moi pour intercepter une petite barque, la fouiller, y dénicher éventuellement le fruit perdu de Flist. Officiellement. Cette p'tite excursion rafraîchissante va m'permettre de calmer le feu qui m'embrasait l'esprit, officieusement.

Être sauvé m'importait, au final. J'me croyais prêt à embrasser mon sort, à devenir clébard de Flist. Mais finalement, j'l'ai repoussé avec dégoût comme s'il était devenu un boudin, et me suis tourné vers un futur plus aguicheur. Entre mourir libre et vivre asservi, le choix était vite vu ! Mais v'là une autre voie qui se déblaye vers un horizon délavé, sous un soleil de plomb, tandis que je crawle quelques centimètres sous la surface en laissant mon aileron à l'air libre fendre les eaux, pour me donner la prétention d'un vrai requin, vrai de vrai. Ouais, finalement, j'vais pouvoir vivre : et en cadeau de consolation pour mon esprit sinistré par la bête et par les larbins de Flist, on m'offre sur un plateau une copieuse pitance pour ma très chère rancune. Le rêve.

J'suis décidé à leur renvoyer au centuple ce qu'ils m'ont fait. A leur infliger des douleurs qui révulseront même leurs perverses imaginations. Je me sens mort. Je ne revivrai que lorsque je serai vengé. Inverser les rôles, goûter à la légèreté d'être un bourreau libéré des scrupules. Ouais. C'est le cœur léger que j'vais pouvoir leur éclater la gueule. Pour une fois !
« Ils n'ont que ce qu'ils méritent », voilà la p'tite accolade à la culpabilité. Elle justifie tout, et j'me laisserai aller volontiers à la solution de facilité. Pas dit que j'me sentirais mieux après avoir violé mon gosse refoulé. Mais, qu'il se taise, ce sale chiard. L'adulte veut se venger.

J'ai besoin de lucidité pour m'acquitter ma tâche, non pas de rage. Son heure viendra, elle explosera, mais pas tout de suite. Seule compte la mission. Droit devant moi, la barque solitaire que j'dois perquisitionner. La ronde centaine de mètres qui nous sépare me permet pas de détailler la silhouette qui s'distingue dessus. Elle est maigrichonne. La pauvre.

Ta mission n'est qu'un maigre hors d'oeuvre. Tu sais que je ne m'en contenterai pas. Je veux quelque chose de... plus copieux.

On se met à peine à table, encore un peu de patience. J'ai faim de revanche comme jamais, à tel point que je sens mes tripes se froisser à la moindre pensée parasite pour l'une de ces enflures. Ce n'est pas seulement un besoin de rendre justice. Ça va cruellement plus loin. Lorsque mes palmes se serrent et que leurs ongles s'enfoncent jusqu'au os dans le creux de mes paumes, ce n'est pas moi. C'est un désir si puissant qu'il piétine tout ce qui a fait ma fierté ces dernières années : mon pacifisme tenace, ma volonté de ne pas devenir pantin de la douleur et des émotions fulgurantes. J'suis plus moi-même, j'le sais. Et je m'en fous, voilà où est le pire. Mais si je dois en venir à m'tirer une balle pour crever mes doutes une bonne fois pour toutes, ce ne sera pas pour tout de suite. J'ai une liste gigantesque de choses à faire avant de mourir.

Bon. On va tenter l'approche furtive sous-marine. J'plonge.

Et je fend les abysses lumineuses, rasant de près un plancher marin tropical tapissé par des algues scintillantes, squatté par des bancs de poiscailles excentriques et prétentieux sous leurs apparats multicolores. Ils s'écartent de ma trajectoire en me voyant débouler à toute berzingue, suivi par d'épais nuages de bulles et d'ondes. J'ai l'impression de profaner un sanctuaire paradisiaque sous-marin, un p'tit coin coloré et chaleureux qui n'a, au milieu de cette boucherie, jamais été souillé par la moindre goutte de sang humain. Mais tout compte fait, ça reste qu'un décor de carton-pâte pour le théâtre d'une bucolique et trop convenue tragédie. La nature et sa pseudo-beauté teintée de prédation et d'instincts sanglants, j'en ai soupé.  

Te voilà, méprisante coquille de noix, au-dessus de moi. Me regarde pas de haut comme ça. J'peux pas t'pourfendre d'une torpille aquatique. J'peux pas non plus te grignoter la quille. On sait jamais, si ça se trouve, on m'a envoyé sur un canular, et c'est qu'un innocent sur une barque pourrie qui se précipite vers un refuge avant d'se manger un boulet de canon perdu...

J'ai pas autant d'options que j'pensais, en fait...
Je pointe le museau hors de l'eau et déclame au type "C'est pour un contrôle, descendez du véhicule s'il vous plaît" ?
Tss. J'porte l'étendard de la marine, des hypériens et des rhinos. Si j'passe pour un rustre, c'est toutes les mouettes qu'en pâtiront.
Alors on va fermer le clapet à la colère deux secondes, s'orner d'un sourire câlin et réveiller la politesse.
Et si ça craint, je souillerai le joli océan limpide d'un sang bien opaque et bien puant. La routine...

J'émerge.
Une humaine plus colorée qu'un arc-en-ciel, tout en étant suffisamment saupoudrée de paillettes brillantes pour simuler un Soleil. Elle me tourne le dos, la pince bien calée autour du gouvernail. Et elle se fait suffisamment chier pour perdre son regard et ses pensées dans l'ciel, et ne pas calculer mon apparition. Ouais, aucun doute, c'est un arc-en-ciel sur pattes. Ça m'intrigue autant qu'ça me rend méfiant, ce manque de goût.

Hmmf. Excusez moi ?
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Mer à perte de vue, et Jaya loin derrière.

C'est l'idée qui trotte dans la tête de Jess lorsqu'elle quitte son lopin de terre avec sa récompense promise. Fini la piraterie, terminé ces bêtises et ces crimes, Jess fonce droit vers la richesse et le pouvoir. Tout du moins, c'est ce qu'elle croit, et ce qu'elle espère fort, les deux mains sur son gouvernail en regardant l'horizon. De Flist et ses humeurs, elle ne veut plus en entendre parler. Des marines qui ont accosté sur l'île et tant retardés l'inévitable non plus...

Tout ce qu'elle voit, c'est un avenir radieux qui lui tend les bra-

Hmmf. Excusez moi ?
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

Jess bondit, toutes griffes dehors en lâchant son gouvernail. Les yeux rivés sur ta tête grise et tes cheveux trempés, la fixant avec des cils presque papillonnant du type qui veut se montrer gentil. Tu lui as flanqué la peur de sa vie. Et quand cette peur retombe, c'est pour laisser place à une colère bouillante qu'elle te crache à la figure comme une vipère expulse son venin :

NON MAIS C'EST PAS POSSIBLE ! Vous pouvez pas me lâcher la grappe un peu ?! J'ai fait mon boulot, et on vient m'emmerder pour ça ? Qu'est-ce que tu veux, hein ? Non ! En fait ! Tu sais quoi ? JE M'EN FOUS DE CE QUE TU VEUX !

Encore un peu et la fumée pourrait sortir de ses oreilles et de ses narines, en invoquant les éclairs. Mais ce n'est rien, comparé au hurlement strident qui sort de sa bouche en te pointant du doigt :

DEGAAAAAGE !
    Non.

    Je ne m'avale pas trois kilomètres de nage, à remuer des idées sordides et à forcer mon corps à lutter contre sa lassitude pour repartir bredouille. Certes, j'suis bonne poire, mais sacrément acide en bouche, ces temps-ci. Vas te faire foutre. Et mes tympans que tu as vrillés compléteraient bien par un "merde", si mes esgourdes avaient une langue.

    Un boulot ? C'est quoi, ce boulot ?

    Le chien d'chasse renifle la piste. J'irais pas jusqu'à lui aboyer tout de suite mon haleine saturée de relents nauséabonds salés, mais quand j'flaire du louche, je m'y accroche avec la ténacité d'un morpion sur un entrejambe luxuriant et tropical.
    J'suis attendu, ceci dit. Un toubib de guerre, qui descend sur le champ de bataille, et qui, cerise de chair sur le gâteau de merde, est un homme-poisson, ça a un emploi du temps bondé à en craquer. La politesse, c'est bien, mais faudrait pas qu'elle me graille mon temps. J'me hisse sur sa coque, la faisant basculer, la faisant même un brin lécher la surface de la mer. Tandis qu'la donzelle dégoulinante de couleurs tout autant criardes que ses hurlements glisse en distillant quelques jurons, un p'tit fond d'eau prend ses aises, tapisse l'embarcation.

    Oups. J'vous aiderai à vidanger vite fait après. Si vous voulez.

    Ses mirettes s'assombrissent pendant qu'elle recherche son équilibre sur ses deux bottines. Roses et vulgaires. D'mon côté, le temps se couvre aussi. C'est que le barrage qui endigue mon flot de hargne est bien fragile. A peine plus saillant qu'un pauvre tas de bois érigé par de mignons castors. Provoques une averse dans mon esprit orageux et tu vas faire s'emballer le courant. Il emportera ce putain de pathétique barrage, et ces putains de mignons castors avec.

    On va sauter à la scène finale. Ce sera mieux pour nous deux. D'un geste de museau, j'lui désigne le tas de merde planqué sous le banc d'la barque. Des magazines imbibés de flotte, des bibelots en vrac, des rations de luxe, et un coffre.

    Je jette un oeil à ce bordel et j'vous laisse.

    Et j'vais commencer par le coffre. Il m'inspire particulièrement.
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    Ça te regarde pas ! Qu'elle te rétorque en sifflant entre ses dents avec l'impression dérangeante que tu ne l'écoutes absolument pas.

    C'est peut-être le cas d'ailleurs. Puisque tu prends place sur sa barque avec un certain flegme qui lui fait dresser les cheveux sur la tête. Elle tente bien de te retenir, en pestant, s'avance vers toi pendant que ses hauts talons écrasent le parquet mal ciré de sa coque de noix. Et bien sûr, quand tu t'approches de SON coffre, qu'elle a eut beaucoup trop de mal à avoir, elle voit rouge. Mais du genre... ROUGE SANG.

    Hey ! Non mais !

    Vlan !
    Elle bondit et t'arrache le coffre des mains pour le serrer contre sa poitrine fermement. Et elle te lance un regard noir, qui pourrait bien t'annihiler si seulement ses pupilles étaient des Rayons Lazers comme les aiment Oswald Jenkins. Tant pis pour le sel qui lui écaille la peinture de ses pompes, ou des rides qui creusent son front à force de plisser les yeux en essayant de t'imaginer mort...

    Je t'ai pas invité à monter, alors bouge d'ici avant que je t'entarte, tocard !
      Elle en vient aux mots blessants, la furie. Tant que ça reste que des mots. J'aimerais pas qu'elle me sorte un outil blessant. Mais d'un autre côté, j'suis clairement pas dans l'état d'esprit d'un sage et sain diplomate. Alors j'sens mon poing chargé, prêt à tirer. A lui administrer une pêche dans ses dents truffées elles aussi de mauvais goût dans les tons roses. Elle doit crouler sous les thunes faciles pour s'orner de cette nuée de merdes décoratives. Cette pouffiasse est un colifichet ambulant, du genre de l'espèce qui me hérisse les poils et me plie l'aileron.

      J'ai plus beaucoup de cartes à jouer avant d'en venir au joker qu'est la violence.
      J'ai encore des munitions. J'dégaine ma voix duveteuse.

      Ça prendra qu'un instant, mademoiselle. La marine m'a envoyé perquisitionner votre barque pour vérifier que vous ne transportiez pas de contrebande, euh...
      Euh, ouais. Lieutenant Kamina, en fait.


      Merde. Ça s'voit qu'j'ressors ma politesse d'un vieux tiroir poussiéreux. Reléguée très très loin d'mes réflexes de la langue depuis si longtemps que j'sais plus m'en servir. J'avais oublié la base. Mon grade, mon nom, mon putain de statut. J'suis de la marine, donc, et j'ai les épaules couronnées de jolis gallons. Autorité comprise.  

      Si vous avez rien à vous reprocher, ayez confiance.

      Mais, eh, elle est lisible comme un bouquin ouvert, qui serait écrit en gros caractères. "JE SUIS COUPABLE, SOURNOISE, VILAINE !" Tes menaces trouvent plus d'auditoire, mam'zelle. Peu importe que tu m'planques une surprise aiguisée ou je n'sais quoi qui crache du feu sous ton déguisement de princesse. Tes manières me tartinent une couche de dégoût par-dessus ma nausée stagnante. Viens en aux insultes racistes et j'ferai pour de bon une indigestion de connerie. Et quitte à te balancer par-dessus bord, je te prendrai ce coffre. La façon dont tu me l'as arraché des palmes comme s'il était ton bébé, c'est une invitation à insister lourdement.

      Par contre, si vous me planquez quelque chose, vous allez morfler. Hum. Sauf votre respect.

      Je tremblais tant sur la gâchette que la provoc' est partie toute seule, tiens. Tant pis. Vas te faire foutre, j'ai dis.
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      Il y a un autre truc qui part tout seul.

      C'est le coffre qu'elle tient dans les mains direction ton crâne alors que tu la menaces maladroitement avec tes mots compliqués qui t'autorisent à beaucoup trop de choses à son goût. Et si jusqu'ici tu as voulu te montrer sympathique et courtois, elle n'en est franchement pas à ce stade. Elle ne veut qu'une chose : Se tirer. Loin. TRES LOIN. Et évidemment, tu l'en empêches.

      Alors la voilà qui écrase le coin du coffre sur ta mâchoire, en hurlant comme une désespérée :

      DEGAGE

      Nouveau coup sur l'arrière du crâne avec la tranche de la boite.

      DE MON

      Et finalement, c'est le plat du couvercle qui termine imprimé sur ton visage.

      NAVIRE !!!

      Sa petite danse ne se termine que quand elle a l'impression de t'avoir assommé. Ça serait tellement bien, pour elle. Il lui suffirait ensuite de te faire rouler à la flotte pour se débarasser de toi, ni vu, ni connu. En attendant d'en être sûre, elle sert le coffre contre son cœur, encore, comme une gosse qui garde ses secrets.
        J'ai vu trop d'étoiles durant tout Jaya pour être impressionnées par celles qui m'tournent autour de la tronche. Ma cervelle est bardées d'lésions autrement plus graves que ça, si profondes qu'elles rognent sur mon âme. Mes crocs, m'en tape, ça repousse, c'sont des rasoirs jetables. Et mes gencives, elles se marrent devant l'arrogance de cette salope qui s'prétend capable de les traumatiser à coup d'coffre. Et moi, j'me marre aussi, tiens.

        Même si j'suis groggy, affalé en bout de barque, le front pissant de sang, j'me marre.

        Intérieurement, que j'me marre, en toute intimité. Les sarcasmes m'rebondissent entre les neurones crépitants. C'est à ça qu'ressemble la fin d'mon odyssée initiatique sur Jaya. C'est ainsi que j'conçois une mélodie qui sonne doux et juste à mes oreilles, elle va crescendo : un pirate fou, un commodore enragé, un Toji fallacieux puis un Flist vicelard. Puis cette putain de fausse note, cette pouffiasse qui respecte pas la partition qu'je lui imposais. Dernier doigt d'honneur du destin. J'essuie un peu l'hémoglobine qui m'repeint le front de gouttes puantes.  

        D'accord...

        J'me le répète, tout en me relevant, encore et encore, je gave mon brasier de petit bois : j'ai bientôt mis Jaya dans ma poche à souvenirs maussades, après des efforts titanesques, merde. Et le dernier obstacle est une catin à hauts talons qui serre un coffre comme un doudou. Mes deux mirettes globuleuses se remplissent de hargne. Elles débordent, elles en foutent partout. Ça y est, y a plus de barrage.

        Pour lui prouver qu'je déconne pas, et que mon crâne est un roc d'une densité à en faire jalouser du diamant, j'lui envoie dans le front pour qu'elle en éprouve par elle-même la solidité. Alors ?

        Bon. Tu m'donnes ce coffre ou j'te bute, princesse. C'est clair ?

        Hin. J'ai p'tet surestimé la violence de mon coup de boule. Moi, j'vois toujours plus d'étoiles dansantes, y aurait de quoi remplir une galaxie assez balèze. Elle, elle se frotte son front rougi en grinçant des dents. Mais ses mains restent comme rivées à son-à MON coffre. J'pourrais lui bondir dessus, hein ? Lui arracher des mimines, renchérir avec quelques phalanges au creux d'ses joues rouges de frustration, voire quelques crocs à planter dans le peu de chair qu'elle a sur les bras. Le top niveau efficacité. Ça lui ferait lâcher le coffre...

        Ouais, non. J'veux pas. Sérieusement, toute pouffe qu'elle est, j'me sens pas de profiter d'être au large pour lui dégueuler mon violent fiel à la tronche. Ça serait jouer le jeu de la bête. J'dois rester moi-même. J'dois rappeler les castors mignons. Venez reconstruire votre barrage. Me fuyez pas. Pitié, merde ! Ma lutte pour devenir quelqu'un de bien, j'la mène depuis des années. C'est pas quelques pulsions exhumées par Jaya qui vont venir faire capoter tout mes efforts.

        Je t'aide à te relever, tu me montres ce qu'il y a là-dedans, je repars et on oublie tout.
        J'voudrais pas te faire de mal.


        J'lui tends ma palme. J'la supplierais bien encore de pas m'forcer à explorer trop loin par delà mes anciennes frontières. J'veux pas m'aventurer dans la sauvagerie, non non. On fait la paix ?
        • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
        Bon, ce coup là pique un peu, quand même.

        Y'a pas à chipoter, tu cognes fort. Et Jess le constate bien malgré elle en sentant sa vue se rétrécir après ce que tu viens de lui infliger. Si elle reste par terre, c'est parce qu'elle sait qu'elle va marcher de travers sur ses échasses de luxe. Et aucune envie de passer encore plus pour une cruche... Du coup, elle te renvoie un regard furieux, et tes menaces ne lui font ni chaud ni froid.

        NON.

        Elle persiste, et signe. Et s'il faut en venir au main pour le reste, elle est prête à le faire, volontiers même. Parce qu'avec la bosse qu'elle va se payer dans les prochains jours, hein... Alors du coup, elle n'a pas beaucoup de solution : Partir à la nage, ou te virer de son navire.

        Et comme elle n'a aucune chance à la nage, même indienne, elle bondit plutôt sur son gouvernail, le tourne violemment pour que le mât change de direction. Et la voile te rentre dans le crâne pendant qu'elle s'amuse à déstabiliser le navire. Un coup à droite, un coup à gauche. On ne l'arrête plus. Et si son équilibre à elle est toujours précaire, elle tient bon en te faisant danser habilement sur SON navire. Un bras tenant le coffre, un coup de trop, elle finit par le lâcher en glapissant comme une fillette.

        Chié !

        Elle prend une vague de côté, manque de faire chavirer le bâteau. Mais elle s'en fout. Sa priorité, c'est surtout le coffre qui glisse d'une rambarde à l'autre en manquant à chaque fois de passer par-dessus bord, après lequel elle court.

        SON coffre. Oui oui.
          Meeeerde !

          Après la donzelle et son coffre, c'est le bateau lui-même qui m'attaque. J'ai la nuque grésillante après tout c'qu'elle vient d'se bouffer, et chaque coup m'obscurcit un peu plus la vue et mon sacro-saint pacifisme. J'lui ai laissé une chance qu'elle s'est empressée de jeter par-dessus bord. Mes nerfs tendus et acérés comme des cordes de piano vont se rebiffer, t'enfoncer leur hymne guerrier dans le crâne, et des poings bien crispés avec.

          Tu l'auras cherché, là...

          Et que j'me viande juste après ma menace, la dégonflant complètement. Ma joue embrasse d'amour vache le rebord de la barque, se truffe d'échardes. Puis j'glisse tête la première, moi et mes hématomes, laper l'fond d'eau qui tapisse le fond de cette putain de coquille. Ça s'arrête brusquement, dans une pause où j'prends quelques secondes pour me mirer les quatre fers en l'air. Puis j'comprends qu'le coffre est en danger. A force de le balader d'un bout à l'autre de la barque, il a fini par avoir envie d'aller voir ailleurs.

          Comme j'le comprends !

          Elle a bondit dessus, la mégère, et moi, j'm'empresse de poser une palme puis deux sur le coffre à mon tour. Qu'elle sache ce qui lui appartient une bonne fois pour toutes. J'ai carrément plus de force qu'elle dans mes p'tits bras, même s'ils payent pas de mine pour un bel homme-poisson dans la fleur de l'âge. J'peux au moins m'vanter d'être plus balèze qu'une fillette saupoudrée de pellicules roses et montée sur échasses.

          C'est pas une grande prétention. Ni très compliqué à le deviner. Sûrement pour ça qu'elle m'envoie un nouveau coup d'angle pile dans mon museau strié de souvenirs de Jaya, c'est la seule arme qu'elle a face à moi. Elle repeint tout mon putain de faciès blanc en rouge et noir, cette pouffiasse. Sauf que j'en démords pas avec la boîte, quitte à encaisser toujours plus de bleus. S'il y a bien un truc que j'fais mieux que personne, c'est encaisser. Ah putain, encaisser ! J'arrête pas, ouais ! Si c'est du pognon que j'encaissais, de la part de Jenkins, de Flist, de Pouffiasse, j'serai là bien loin d'ces conneries à me pavaner sur des himalayas d'or. Pas radin de raclées, c'troupeau d'enfoirés !

          Pas bon signe. De divaguer.
          Eh, j'vois mon reflet sur la serrure. Fissurée. La serrure, fissurée. Mon reflet aussi, mais différemment...

          Un d'mes crocs se fait la malle dans une brume de postillons tandis qu'ma mâchoire s'fait violer par le coffre. Un coup à gauche... et un coup à droite, pour compléter l'cliché et expulser une autre de mes dents. Elles vaudront chères quand j'serai célèbre, des reliques d'un héros. C'est ce que j'voulais, être célèbre. Mais pas n'importe comment. Célèbre et reconnu, et aimé. Être aimé pour ce que j'suis et ce que j'fais. On dirait que c'était trop demander. Soit l'univers est un nigaud ingrat, soit c'est moi qui exploite pas judicieusement les filons qu'je possède. Bravoure, générosité, violence, tout ça. Violence, non, pas violence. Brutalité, envies de meurtre. Non. Ça a rien à foutre là, ça.

          PUTAIN !

          Comme pour virer les divagations sombres qui s'invitent dans ma caboche, j'renvoie mon front dans le sien. Sauf qu'c'est du bois et du plaqué or. Aaah, j'vois. Elle se sert de son coffre comme bouclier, maintenant. J'm'imprime la marque de la serrure du coffre sur le front. Hihi. J'dois avoir l'esprit noyé dans l'sang, parce que j'souris béatement à l'idée.

          Hinhin.

          Et v'là, la serrure du p'tit coffre est toute fracassée. Quand j'te disais qu'j'avais un crâne de diamant, cheffe !
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          Elle a beau se tortiller dans tous les sens pour récupérer son coffre, tu n'as absolument pas l'air décidé. Alors, plus grand, plus fort, elle ne lâche pourtant pas l'affaire pour autant. A croire qu'il contient une richesse inespérée. A laquelle elle tient plus qu'à sa propre vie. L'aboutissement de toute une quête, une vie, une destinée. Et toi, tu es là, à la contraindre de revoir ses plans... Alors, elle a tout l'air d'un chaton qui se bat contre un pitbull, mais très honnêtement, elle s'en cogne. Et elle hurle comme une harpie lorsqu'elle arrive à te cogner en fissurant la serrure.

          Elle ne s'est pas ménagée. Elle ne le remarque même pas d'ailleurs, puisqu'elle recommence encore une fois, jusqu'à ce que la serrure cède. Et emportée dans sa folie violente et desespérée, le couvercle s'ouvre et laisse s'échapper une drôle de masse molle qui s'écrase plus loin sur le pont. Quelques secondes. Où vos regards se croisent, où vous comprenez tous les deux ce que ça implique :

          Il y a un fruit, au milieu du pont, là. LE fruit que toi tu cherches. LE fruit qu'elle ne veut pas te laisser. Tes sources étaient fiables, tu n'as pas fait le déplacement pour rien.

          Mais Jess n'est pas d'humeur à laisser du terrain. À en démordre...

          Et c'est ainsi que vous continuez à vous chamailler tous les deux, jusqu'à ce qu'elle te mette à terre avec une technique de ninja, en tentant de t'enjamber pour aller récupérer son bien. Et que toi, tu l'étales dès qu'elle te franchit en lui choppant les chevilles.

          Et que la meilleure limace gagne !
            Mords la ! Mords la !

            Insatiable appétit d'revanche. J'lui mordille la godasse au bout d'la cheville que j'ai attrapé, comme une morsure de somation. La prochaine, c'est dans ton mollet qu'mes crocs viendront se planter.

            ... aucune réaction, si c'n'est sa semelle éventrée qui m'tambourine dans le museau, et des cris stridents qui viennent me froisser les tympans, tout timorés aux fonds d'leurs oreilles pliées. L'espèce de pomme pourrie d'un brunâtre répugnant qui s'est éclaté en quasi-compote sur le plancher compte plus pour elle que sa vie d'arc-en-ciel ambulant, qu'on dirait. Wow. J'avais jamais vu d'fruits du démon en vrai. Apparence bien hideuse, qui recouvre, paraît-il, un goût tout autant ignoble. Un démon habite ce fruit. Un démon sans aucun sens esthétique, qu'a choisi un taudis comme logis. Il aurait pu s'installer dans l'creux d'une noix de coco baignée de soleil, il a préféré une pomme pourrie. Chacun ses goûts, même chez les démons.

            Ça y est, j'ai les naseaux qui giclent. Ça devait arriver. L'alchimie d'une morve qui macérait là depuis des plombes, mêlée à cet hémoglobine bien brûlante qui fuse dans mes tuyaux. Y a même plus la moindre once de douleur dans c'pif. Il est tant habitué à servir de punching-ball qu'il tend la narine droite lorsqu'on lui frappe la gauche.

            ARF !

            Est-ce qu'elle lit dans mes pensées ? Et est-ce qu'elle est assez conne pour pas détecter l'second degré ! Bah ! Me rev'là avec un robinet flasque qui fuit en guise de pif. Et ma mâchoire surexcitée qui enserre ces infects bas d'laine, pour épiler brutalement ce qu'il y a dessous. Epilée à coup de rasoirs. J'enfonce lentement mes dents dans sa tendre chair, pour éviter d'lui sectionner. Ça serait ballot d'perdre un pied pour un fruit. Quoique dans c'monde de barge, un fruit vaut p'tet bien plus cher qu'un pied.

            Ça faisait trop peu de temps qu'j'avais pas goûté la viande. Dégueulasse, acide à en dissoudre ma langue dans un sang glougloutant, gerbant à en renvoyer les miettes des rations militaires que j'ai graillé c'matin. Le bain de sang redouble. Le tapis de flotte vire au rouge. Quelque chose me dit que partager un bain de sang avec une donzelle dont on a mordu les pattes, c'est pas d'la plus prude des galanteries. Beh. Voilà sur quel note la sonate de Jaya va se terminer : le grand méchant squale bouffe un pur peton de femme en plein milieu de l'océan. Un auteur plein de mauvais goût pourrait bâtir tout un film compromettant sur ma race à c'sujet.

            J'décale mon museau pour cracher dans la flotte un mollard puant de chair crue, qui s'installe comme une île glauque au milieu d'une mer rouge. Et elle hurle. L'arc-en-ciel. Il perd ses couleurs, l'arc-en-ciel. Il devient blême, blanchâtre. Comme si j'venais d'le délaver.

            On va s'arrêter là.

            J'aurai tout le temps de plancher sur mes actes et pulsions nauséabonds au chaud dans ma cage du sous-marin. J'me redresse à quatre pattes. Non, à trois pattes. La quatrième palme s'en va à la rencontre du fruit. Mission accomplie...
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            Elle la jambe en sang, et toi en train de cracher des paillettes...

            Et tu comptes vraiment qu'elle s'arrête là ? Tu as à peine la main sur le fruit qu'elle te colle une claque sur les doigts et repousse son bien du tape dessus. Le voilà qu'il glisse jusqu'à la rambarde pendant que vous retenez votre souffle tous deux. Il a bien failli passer par-dessus bord !

            Et vous auriez été tous deux dans de beaux draps !

            Mais ce n'est pas tout... La mer plus ou moins calme s'agite. Une vague plus grosse qu'une autre, et voilà que le navire se penche. Le fruit se remet à glisser. Cette fois dans votre direction. Il s'arrête, repart à bâbord, puis à tribord. Et un nouveau tour, pendant que vous luttez tous les deux pour le saisir, à un moment où à un autre... Si vous n'aviez pas tous les deux le pied marin, toi plus que Jess, vous seriez sans doute à vous vider les tripes par-dessus bord.

            Et ce qui doit arriver arrive. Une vague de plus, et le fruit se plante pile devant vous deux. Vous avez terminé de rouler à gauche à droite, et il vous nargue. Et alors que vous tendez tous deux la main pour le saisir, voilà qu'un ressac le fait basculer. Il roule boule, dangereusement, et vous voilà tenus en haleine devant lui jusqu'à ce que...

            SPLASH.

            Le fruit s'imprime sur ta tête, Craig. Pile sur ton museau. Il a éclaté. Comme un fruit trop mur et un pourri. Et Jess te regarde, avec de grands yeux, outrée...

            Mon... Mon fruiiiiit !
              J'pensais qu'il existait rien de pire que l'ordurière saveur de l'hémoglobine qui s'infiltre sur tout l'palais, déversant son infection sur sur les papilles, s'infiltrant jusqu'à leurs racines. Mais en fait... Le fruit pourri qui peint le gosier d'morceaux transpirants, ça... cette chose avait la couleur et le goût de la merde, littéralement. Moi qui m'était juré de jamais m'abaisser à m'empiffrer d'charogne, qui aurait cru que j'me serais un jour retrouvé avec des selles en bouche...

              Un fruit. Eh, si j'graillais un fruit du démon, j'serais plus un homme-poisson, et encore moins un humain. J'deviendrais un genre de bâtard sans race qui n'pourra même plus jamais revenir sur les terres où il vit le jour. Une crasse apatride. Dont les racines ont été brutalement arrachées par quelques miettes d'un fruit chargé d'un Mal dont j'saisis pas le sens de l'existence. Non mais ouais, des pouvoirs démoniaques. Pourquoi ? Un moteur d'injustices d'plus, qui nous propulse vers le terminus de c'pauvre univers assiégé par le chaos et la violence.

              Hihi. Ce serait bien l'diable si un démon décidait de s'installer en moi. Ça doit être crade, là-dedans, une coquille miasmatique à l'extérieur comme à l'intérieur. Quel sieur démon irait choisir une telle enveloppe, souillée et délaissée par son propre propriétaire, comme doux domicile le temps de quelques décennies ?

              ...

              J'ai... J'en ai mangé un peu...

              Une quinte de toux me libère la pensée. Probablement mon estomac qui se hérisse à l'idée d'porter en lui l'excrément du diable. Encore plus de sang qui rejoint l'fond de la barque. Un sang brun, gras, visqueux, en un tas gargouillant. Une colline de sang pourri qui émerge de la flotte.

              C'est pas du sang. Si cette abomination était mon sang, ça ferait longtemps qu'je n'serais qu'un golem macabre expurgé d'sa vie. C'est d'la boue, putain. Une boue vorace qui boit.

              Jaya m'a fécondé et m'a mis enceint d'un monstre. D'une rage monstrueuse. Et avec cette malédiction, bien plus palpable que celle que j'pensais porter en moi depuis tout petit, voilà ma colère qui mute en une glaciale amertume. Mes crocs grincent, encore dégoulinants d'une sauce mi-ketchup, mi-mayo. Et tellement blasé, tellement déçu, tellement bilieux, que ma voix brisée qui s'élève se fait encore plus monotone que les jeux sadiques auxquels on m'a forcé à participer sept putains de jours.

              Je réquisitionne cette barque.

              Que j'crache, tout en me tâtant ma nuque cabossée. J'y sens des stries, des crevasses de chair. Mes branchies. Fermées, opaques. Comme déprimées par leur nouveau statut. Oui. Branchies, palmes. J'ai aucune idée des capacités de l'agrume ignoble qui s'est incrusté dans ma gueule. C'qui est certain, c'est qu'il me condamne à jamais à... à ne plus jamais... Adieu. Adieu, l'écume, le sel et les bulles, adieu l'eau fraîche des lagons turquoises.

              J'm'en rends pas encore bien compte. Tout à l'heure, je savais pas que c'était la dernière fois que l'océan me chatouillait, que les vaguelettes s'attelaient à éteindre le malsain incendie qui me rongeait les fondations. J'en ai pas profité, je m'en veux. J'ai pas eu le temps de lui dire Adieu. Adieu à la mer. Elle a toujours été câline avec moi, comme la vraie mère que je n'ai jamais eu. C'est bizarre. Je me sens orphelin.
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              Impossible.

              Impensable.

              Tout s'est joué à quelques centimètres. Et pour quelques centimètres, tu viens de lui voller son avenir. En ajoutant d'une voix grave que tu en as mangé un morceau, comme si tu disais « OUPS, j'ai fait une bêtise hihi ». Elle te fixe avec des yeux gros comme des billes de billards...

              Et quand tu te redresses en disant que tu récupères le navire, elle devient folle.

              Te bondit dessus et t'enfonce les doigts dans la gorge en hurlant :

              RECRACHE CA ! RECRACHE TOUT DE SUITE !!!!!

              Jusqu'à ce que tu vomisses. Ça ne lui importe que peu, désormais. Elle veut son fruit. Elle en a même les larmes aux yeux...

              Sauf que ses larmes de crocodiles n'y changeront rien. Et elle le sait, même si elle ne s'y résout pas.
                EH ?!

                Plus que s'y enfoncer, ma gorge lui avale ses doigts. Même moi, j'pane pas. Et quand elle me claque le dos furieusement, idem. Mon aileron se froisse en pâté visqueux, mon dos s'ramollit et lui lèche la mimine.

                Et mes bras toujours libres l'enlacent, dans un ultime câlin de consolation.

                La mer. Putain, la mer...

                Et j'la bouscule. Trébuchante sur la rambarde, elle embrasse l'océan. Tu sais pas la chance que tu as, paillette. T'as perdu un peton, mais t'as toujours tes poumons qui t'servent de bouée, qui t'maintiennent à la surface. Moi, quand j'effleure la surface du tapis de flotte que j'ai installé dans la barque, j'ressens une gêne. Un infime engourdissement à la pointe de l'index. Tu comprends ? Non tu comprends pas. Imagine un bébé auquel on interdirait de se pieuter dans son berceau. V'là. Tu comprends mieux ? J'suis ce bébé.

                J'choppe les rames, j'laisse chuter mon lourd fessier sur le banc. J'sais pas m'servir d'une voile. J'sais rien faire d'autre qu'ouvrir des bides et y plonger l'museau pour en arracher les tumeurs. C'est le rôle que je m'suis attribué en ce bas monde, arracher les tumeurs. Mais Jaya m'a infecté, les rôles se sont inversés.

                J'ai plus qu'une ligne à écrire à cet affreux chapitre de ma vie. J'pourrai ensuite, l'espace d'un instant, refermer le livre et imaginer la foule d'autres tournures que le scénario aurait pu prendre.

                Un logia. C'est un logia, dirait-on. Un logia. Des tarés tueraient pour obtenir un pouvoir d'ce calibre.

                J'ai remarqué, ouais. Elle a essayé d'me tuer, là, la furie qui blasphème au milieu d'l'océan. Avec cette vapeur rouge qu'elle disperse partout autour d'elle, p'tete bien que mes cousins d'génome vont venir la boulotter. De vrais squales, mis en appétit par le sang. Pas des tarlouzes lâches et perdues comme moi. Je l'ai tuée.

                Et j'suis privé d'océan. A jamais. Tu veux pas m'repasser quelques souvenirs sous-marins, toi qu'a la main sur ma mémoire ? Quand j'me sentais pas bien, j'm'isolais souvent dans l'silence des abysses. Mon temple. Mon regretté temple.

                "Orphelin". Sérieusement ? Ton cordon ombilical est tranché ! ENFIN ! Tu vas pouvoir affronter tes soucis seul, désormais, comme un adulte !

                Possible. Mais laisses moi au moins faire le deuil de mon Moi passé...

                Pas l'temps ! Cap pour Jaya ! La gloire t'y attend !
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