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Article 2 : Du Capitaine et de l'Equipage




Le Code a écrit:Article 2 : Chaque équipage est doté d'une hiérarchie, au sommet de laquelle trône le Capitaine. Celui-ci a toute latitude pour mener son équipage comme il l'entend ainsi que le navire sur lequel il navigue. Le Capitaine est élu par l'équipage. Si un Capitaine en place n'a plus la confiance de ses hommes, il peut être démis de ses fonctions par un acte de mutinerie. Si une majorité d'hommes suit la mutinerie, le Capitaine en place devra abandonner sa fonction et redevenir simple homme d'équipage. S'ensuivra alors l'élection d'un nouveau Capitaine parmi les membres dudit équipage. Par contre, si la mutinerie échoue, les auteurs seront jugés pour désobéissance et acte de mutinerie infondé. Les sanctions sont à la décision du Capitaine.

Article 2bis : Le Capitaine est épaulé dans sa tâche de commandement par une équipe d'officiers qu'il aura soin de nommer lui-même pour leur attribuer les fonctions qu'il désire. Il peut aussi, parmi ces officiers, nommer un Second, qui assurera son remplacement à la tête du navire en cas d'empêchement ou d'absence.

Le Capitaine est seul maître à bord. On entend souvent cette phrase, mais il est de bon ton de la replacer dans son contexte. Le Capitaine est seul maître à bord, oui, mais uniquement lorsqu’on considère un moment précis. Car, d’une manière beaucoup plus générale, c’est l’équipage qui dirige le navire. Et pas seulement au sens physique du terme, mais plutôt moral.

Que dit cet article ? Deux choses fondamentales.

La première est assez bien connue et très compréhensible : le Capitaine délègue certaines tâches à des personnes précises, et parfois il recrute même certains pirates dans le seul but de leur attribuer telle ou telle fonction, parce qu’il sait la personne à même de remplir ses objectifs avec brio, ou pour toute autre raison. En bref, le Capitaine n’est pas seul décisionnaire, il est aidé, conseillé, épaulé.

La seconde est beaucoup moins répandue, et c’est bien malheureux. Pour faire simple, cette deuxième chose permet de poser le doigt sur ce qui est pour moi la règle d’or de la piraterie : l’équipage est la seule essence réelle d’un navire. Le Capitaine est membre d’équipage, le Second est membre d’équipage, le Quartier-Maître est membre d’équipage, etc. Chaque personne, quel que soit son rang, son expérience, son grade ou sa force est membre d’équipage.

Et cette notion est très importante. Elle ne signifie rien de plus que la toute-puissance de l’équipage dans sa totalité. Ainsi, si une partie de l’équipage considère que le Capitaine actuel ne remplit pas son rôle correctement, elle est en droit de demander un changement. Ce droit s’exerce via le procédé de mutinerie, qui a malheureusement pris une tournure agressive. Non, une mutinerie n’est pas censée est violente à la base.

A l’origine, une mutinerie s’effectue comme tel : les membres d’équipage ont un représentant, un porte-parole auprès du Capitaine. Il s’agit du Quartier-Maître, qui est le seul à être élu par l’équipage et non pas nommé par le Capitaine. Bien entendu, le Capitaine a le droit de vote pour le choix du Quartier-Maître, mais il n’est pas seul décisionnaire. Ainsi, la personne portant ce rôle a le droit et surtout le devoir de communiquer à la fois avec la totalité de l’équipage et avec le Capitaine. Il relaie l’ensemble des informations. C’est, en fait, la personne qui connaît le mieux chaque personne à bord. Sans exception.

Lorsque des matelots estiment que le Capitaine doit être remplacé, ils en informent le Quartier-Maître, qui cherche alors à savoir combien de membres d’équipage sont concernés par cette demande de changement. Si ces personnes jugent qu’ils sont suffisamment nombreux à demander cette modification, le Quartier-Maître aura la charge de l’annoncer au Capitaine, qui conservera sa fonction jusqu’à la prochaine élection, c’est-à-dire le plus rapidement possible. Si les conditions le permettent, l’affaire peut être réglée dans l’heure.

A partir de là, on considère qu’il y a acte de mutinerie, et on appelle « mutins » l’ensemble des personnes à l’origine de la demande de mutinerie. A l’issue de l’élection, deux cas sont possibles.

Si les membres d’équipage, par leurs votes – et cela inclut aussi le vote du Capitaine, qui est bien un membre d’équipage – élisent quelqu’un d’autre que le Capitaine actuel, celui-ci est démis de ses fonctions et redevient simple membre d’équipage. Le nouveau Capitaine prend le commandement du navire et nomme les personnes de son choix aux postes clés. Il peut évidemment conserver les personnes actuelles.

Si les membres d’équipage, par leurs votes, élisent à nouveau le Capitaine actuel, la mutinerie a échoué. Le Capitaine conserve sa fonction et est en droit de sanctionner la totalité ou une partie des mutins, selon son choix. Cette sanction reflète le fait que du temps a été perdu, du temps qui aurait pu être utilisé pour poursuivre une cible et donc gagner un butin, source du train de vie des pirates. La sanction est à l’entière décision du Capitaine. On peut par exemple avoir une simple réduction de la part des mutins sur le prochain butin, pour refléter cette notion de temps perdu, ou on peut avoir également une exécution des mutins.

Et ça, allez le faire comprendre à des pirates qui ont encore du mal à se rappeler qu’il existe un Code de la piraterie.

Nous sommes en 1615, et cela fait plus d’un mois que je navigue avec l’équipage du Grand Ours, un Capitaine pirate assez classique, qui connaît un peu le Code et qui a accepté que je le fasse appliquer à bord. Et, comme tout homme doit servir son navire par des actes réellement importants – car pour lui, l’application du Code n’est pas un acte réellement important, malheureusement – il m’a surtout recruté pour mes contacts au marché pirate et mon habileté à revendre à bon prix les marchandises pillées.

Eh oui, n’oublions pas ce point : c’est bien beau d’aborder et de voler des navires, mais il faut être en mesure de revendre le butin au meilleur prix ! Ça n’est pas donné à tout le monde, mais mon expérience me permet d’être l’un des plus efficaces.

Ainsi voici ma tâche : responsable de l’inventaire, gardien du Code, et membre d’équipage à bord de l’Oursinière, une frégate pirate dirigée avec brio par le Grand Ours, de son vrai nom Arnold Mc Kulgan.

Cet homme a un gros défaut : il n’est pas tendre du tout avec son équipage. Au contraire, il est même très dur avec eux, notamment lorsqu’il doit attribuer des sanctions. En cela, les matelots ont peur de lui, peur de commettre un impair, peur de recevoir son courroux. Ça sent, que dis-je, ça pue la mutinerie depuis deux semaines. Mais le souci, c’est qu’ils ont trop peur de se lancer.

Et moi, bon conseiller que je suis, je suis devenu le confident du Quartier-Maître.

- Monsieur Ellington, j’peux vous parler ?
- Sûr. Viens donc t’asseoir ici.

L’avantage de mon travail à bord, c’est que j’ai ma propre cabine, avec mon bureau pour faire ma comptabilité.

- Dis-moi tout.
- Vous savez comment est le Grand Ours avec l’équipage, hein ?
- Mouais, ça se pourrait. Tu précises ?
- Bah… Il est… Enfin vous voyez quoi…
- Faut pas avoir peur de dire les mots, Zack. Ça n’est pas comme si j’allais aller tout raconter au Capitaine, tu commences à me connaître à force.
- Oui Monsieur, évidemment. Bon, bah, avec les hommes, on n’en peut plus de son comportement, de sa violence envers nous. C’est pas une vie, ça.
- Oui, et ?
- Bah vis-à-vis du Code, il y a bien une partie à propos de ça hein, je me trompe pas ?
- A propos de quoi, Zack, des mots s’il te plaît.
- Bah… Vous savez, à propos de l’équipage qui veut changer de Capitaine, tout ça…
- C’est l’article 2 ça, Zack.

Je pourrais lui citer par cœur, mais le fait de sortir le gros livre fait toujours un effet plus important. Ça donne confiance dans les choses que je raconte. Alors c’est ce que je fais, et je lui lis l’article en question. La possibilité de mutinerie, le vote, les possibles sanctions…

- Ah oui, des sanctions…
- C’est ça qui t’inquiète, Zack ?
- Bah oui, vous savez comment est le Capitaine… C’est quel type de sanction ?
- Au choix du Capitaine, justement.
- Putain…
- Vous êtes combien dans l’équipage à vouloir en arriver là ?
- Environ la moitié… Faut ajouter ceux qui ont le même avis que nous mais qui le disent pas, et retirer ceux qui se dégonfleront au moment du vote. C’est juste, quoi.
- Une chose importante, Zack, c’est que si vous êtes la moitié, le Grand Ours ne pourra pas se permettre de tuer les mutins, en guise de sanction.

A l’extérieur, en haut du mât, la vigie hurle terre en vue.

- Il faut que je te laisse, je dois boucler mes comptes, on arrive à un port où j’ai un contact.
- Pas d’souci, merci Monsieur Ellington. Euh je…
- Oui Zack ?
- Je peux repasser quand ça sera plus calme ? Si j’ai d’autres questions ?
- Bien sûr, tu es le bienvenue.
- Et… Dites Monsieur, vous, vous nous suivez si on utilise l’Article 2 ? Vous êtes pour qui ?
- Pour le Code, Zack. Et rapport au choix du Capitaine, ça va dépendre de beaucoup de choses. Mais sache que je ne ferai pas partie des mutins, même si mon vote pourrait vous aider. Mais pour le moment, je ne te cache pas que je reste en faveur du Grand Ours.

Sans dire un mot de plus, mais en esquissant une moue gênée, le Quartier-Maître quitte mon bureau.

Pourquoi suis-je encore en faveur du Capitaine ? Parce que je considère que ses aptitudes à nous conduire vers des butins satisfaisants lui octroient plus de points qu’il n’en perd à être violent. Et moi, ça ne me dérange pas outre mesure, certainement parce que je n’ai pas encore subi de sanction.

C’est une question de peser le pour et le contre, et dans ce cas présent, j’ai vite fait de me décider. Ce qui m’inquiète, c’est le cas où une mutinerie fonctionnerait. Je ne vois pas d’autre homme parmi nous apte à faire ce que le Grand Ours fait par rapport aux prises de butin. Et l’équipage y perdrait beaucoup, quitte à ce qu’une seconde mutinerie se produise juste après, à cause de la baisse des paiements des matelots.

C’est ça, la vraie piraterie. Nous ne sommes pas des enfants de chœur, nous pillons pour vivre.

Et le fruit de notre larcin, nous le revendons aux bonnes personnes. Et aujourd’hui, c’est à moi de bosser, de faire ce pour quoi j’ai été recruté dans cet équipage par Mc Kulgan.

Me voilà à terre, avec deux membres de l’équipage qui m’accompagnent. Le Capitaine débarque également mais reste au port, pour s’occuper des réparations et du ravitaillement de base. Il sait combien on peut se permettre de dépenser, il me passera la facture après pour que je l’ajoute à mon livre de comptes, que je garde sous le bras pour le moment.

Me voilà au magasin de David Lopki, spécialisé dans la vente de grains et graines en tous genres. Du riz, du blé, de sésame, du pavot, il a de tout. Mais ce qui m’intéresse chez lui, c’est qu’il commerce beaucoup et avec tout le monde. Il fait partie du réseau de mes connaissances, celles à qui je sais que je peux revendre des marchandises en bonne quantité pour un bon prix. Bon, ça n’est pas celui qui me fait les meilleures offres, mais pas le choix, on a les cales pleines et nous voilà ici. Et le Capitaine a déjà une proie pour la suite, alors faut vider la cargaison.

Ce qui m’embête, c’est qu’il est assez dur en affaires, même s’il me connaît très bien. Depuis dix ans, en fait. Je passe régulièrement par ici, seul ou avec un équipage. Lui, la seule chose qui le préoccupe, c’est la qualité des marchandises. Et l’avantage, c’est qu’il sait qu’il peut avoir confiance en moi, car j’ai tout intérêt à être honnête avec lui pour garder ce bon contact. C’est un échange, en fait.

- David, comment vas-tu ?
- Erik ? Oh, ça fait plaisir de te voir ! Bien bien et toi ? T’as quoi de beau aujourd’hui, une nouvelle cargaison ?
- Héhé, oui, et pas des plus minces, je suis obligé de passer par toi parce que la cale est pleine, et Dieu sait que je préfèrerais revendre un pareil butin à quelqu’un qui m’en offrira plus !
- Ha, tu sais que c’est toujours un plaisir de faire affaire avec toi ! Quand tu parles d’une cale pleine, on part sur quoi ? Ta petite chaloupe ?
- Eh non David, je navigue avec le Grand Ours en ce moment, et ça fait un sacré paquet de marchandises.
- Oulah oui, c’est du sérieux.
- Te moque pas, vieux pingre !
- Haha, qui a parlé de se moquer ?

Je lui montre donc la liste que j’ai préparée à son attention. Un détail exhaustif de tout ce qu’on peut lui revendre. Tissus, laine, bois, métal, sucre, riz, blé, pavot, sésame, sucre, et j’en passe. Si son magasin ne s’occupe que des graines, lui s’occupe de tout, car il sait à qui revendre l’ensemble.

- Ah oui, ça fait un sacré paquet là…
- Oh j’aime pas quand tu commences comme ça, tu vas m’annoncer un prix bas toi.
- Non non pas du tout ! Bon, et c’est quoi la qualité ?
- Dans l’ensemble c’est classique. Il y a le tissu qui est vraiment pas mal, le bois en parfait état, mais on  a un ou deux sacs de blé qu’il faut retrier, on a vu quelques grains pourris.
- Vous les avez pas retirés ?
- Ceux qu’on a vus oui, mais pas eu le temps de tout passer au tamis.
- Mmm, ça me rajoute du travail à faire ça.

Evidemment. Je savais qu’en lui parlant du blé il réévaluerait immédiatement le prix, mais pas le choix. Si je ne lui en parle pas maintenant, il m’en parlera la prochaine fois et commencera à perdre confiance en moi. La première fois, j’ai eu du mal à lui revendre même un sac, alors pas envie de recommencer. Il a beau être un peu radin, je suis certain qu’il a toujours une bonne somme de disponible pour mes marchandises.

- Combien tu proposes, David ?
- Là, comme ça, je pars sur 90 millions de berries. A revoir, bien sûr.
- 90 ? Eh David, monte au moins à 100 !
- Mmm à voir… Comment sont les caisses et les tonneaux ?
- Là tu vas être content, pas de marque, prêts à être vendus tels quels.

Dans la revente d’un butin, les conteneurs sont extrêmement importants. David Lopki vend directement ces marchandises au commerce légal, en passant par le grand réseau, pour qu’on ne se demande pas où il a obtenu tout ça. S’il n’a pas à changer les caisses, ça lui fait ça de moins en dépenses et en travail, et il peut donc payer plus cher. Si, au contraire, la capture du butin a engendré des dégâts ou des traces de sang sur les caisses, il aura tout intérêt à en utiliser d’autres pour ne pas se griller.

Toute une science.

- Bon, je monte à 100 millions, mais c’est bien parce que c’est toi.
- Toujours un plaisir de faire affaire avec toi David !
- De même Erik, de même.

On bavarde encore quelques minutes puis je retourne au port, avec mes deux compagnons d’équipage. Les autres s’occuperont d’acheminer les marchandises, mon travail s’arrête ici. J’irai juste vérifier que tout a bien été livré, et que David paye bien les cent millions, et ça sera bon.

Cent millions, ça me fait une part à deux millions ça. Ce n’est pas follement rentable, mais au moins je n’ai pas grand-chose à faire pour l’obtenir.

Et finalement, après une journée au port, on lève l’ancre et on reprend la mer.

A nouveau, le Quartier-Maître demande à me parler.

- Monsieur Ellington, juste pour vous prévenir, on va présenter notre demande au Capitaine. On va demander un vote.

Mutinerie.


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- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Le Grand Ours arrive à pas de géant sur le pont, tout juste prévenu par son Quartier-Maître. C'est un homme deux fois plus imposant que moi, dans tous les sens : deux têtes de plus, deux fois ma largeur d'épaules, et trois fois mon épaisseur de torse. Un ours. Ce type là, il te colle un baffe, tu meurs.

Et là tout de suite, il a envie d'en distribuer, des baffes.

- Monsieur Ellington ! Il est où quand on a besoin de lui ? Monsieur Ellington, hep !

J'émerge de sous l'ombre d'une poutre du château arrière, par derrière lui. Eh oui Capitaine, c'est là qu'est ma cabine, pas besoin de vous énerver.

- Ah vous voilà vous. Bon c'est quoi cette histoire ? C'est autorisé ça ?
- Oui Capitaine, Article 2 du Code.

Comme à mon habitude, j'ouvre mon épais livre et le pose sur une table, devant tout l'équipage, pour leur faire la lecture de la partie concernée. Quand j'ai enfin terminé, le capitaine est abasourdi :

- Une mutinerie, sur mon navire ? Sous mon commandement ?

Il commence à s'énerver et s'avance à grands pas vers le pauvre Zack, qui recule en trébuchant.

- Et puis quoi encore ?
- Capitaine, arrêtez vous.

Je prends mon ton froid et directif de quand je parle au nom du Code. Rapidement, je m'approche de lui et lui saisis le poignet pour l'empêcher de faire une bêtise.

- Capitaine, vous ne contrediriez pas le Code, au moins ? Vous n'oseriez pas ?

Il se retourne, je suis beaucoup plus petit que lui et le regarde donc d'en bas. Mais mon regard n'oscille pas et mon ton n'est pas hésitant. Je conserve ma prise sur son poignet, comme pour bien signifier que je ne le lâcherai pas moralement. Il ne répond pas, mais sa mâchoire se crispe. Il n'apprécie pas.

- Le Code est très clair sur ce sujet.

Mc Kulgan fait une moue d'approbation, n'ayant pas le choix. Pour m'avoir déjà vu combattre lors des abordages, il sait ce que je vaux, et n'a pas envie de risquer sa fierté. D'autant plus qu'il connaît ma ferveur quand il s'agit de protéger les intérêts du Code.

Alors je m'adresse à tous :

- Le vote sera effectué lorsque le soleil aura totalement disparu à l'horizon. Vous avez donc cinq heures pour convaincre. Les candidats, ce qui inclue le Capitaine actuel, doivent impérativement rester dans leurs quartiers. Il est possible de leur parler à tout moment, pour obtenir des réponses à d'éventuelles questions. Les membres d'équipage qui soutiennent un candidat peuvent aller parler aux autres sur le reste du navire pour tenter de les convaincre. Le compte officiel sera fait juste après le vote, et s'ensuivra alors la prise de fonction du nouveau Capitaine si cela a lieu d'être.

Je marque une pose et rajoute, comme pour bien insister sur ce dernier point :

- Absolument aucune bagarre, menace, chantage ou autre forme de différent ne sera tolérée jusqu'au vote. Je compte sur vous pour respecter cela.

Et, appuyant bien mes mots, je caresse le pommeau de mon sabre d'abordage.

Alors les deux candidats se rendent dans leurs quartiers. Le Capitaine actuel, dans sa cabine, entouré de ses hommes d'un côté, et un certain Edgar Pouw, accompagné des mutins, de l'autre. Moi, je reste sur le pont, à observer tout ce remue ménage. Avec moi reste une importante partie de l'équipage, qui ne sait pas encore qui choisir. Parmi eux, je reconnais des personnes qui se disaient mutins, et d'autres que je croyais fidèles à Mc Kulgan.

Comme quoi, tout peut changer.

Toute l'après-midi et le début de soirée, j'assiste aux vas-et-vient de tout le monde. Ici ça discute, là-bas ça argumente à grands gestes dans l'air, et de ce côté ça chuchote. Des nombres sont échangés entre les fidèles de chacun. "On a dix voix", "Une de plus", "A combien ils sont ?", etc.

Au bout de plusieurs heures, un peu las, je n'écoute plus que d'une oreille distraite, le regard perdu à l'horizon du côté opposé au soleil. Nous sommes en pleine mer, aucune voile en vue de toute la journée. Nous n'avons pas descendu l'ancre, c'est trop profond, alors le navire roule un peu au gré de la houle et des creux. J'aime cette sensation naturelle, cette manière de se faire bercer par l'océan.

Que j'aime cette vie.

Alors que le soleil commence à plonger dans l'immensité bleutée, baignant le lointain d'une lumière orangée, l'agitation gagne en intensité à bord. Chacun essaie de nouveaux arguments, mais les indécis se font rares. Mais pour moi, Mc Kulgan doit rester Capitaine. Parce que sinon, on va se taper une autre mutinerie sur le coin de la tronche dans moins d'une semaine.

Et les dernières lueurs du soleil disparaissent, englouties par l'horizon. Fidèle à ma position de gardien du Code, je prends la responsabilité de m'occuper du vote. Muni de la liste des membres de l'équipage - après tout, elle est à ma disposition, c'est moi qui fait la comptabilité et la distribution des payes - je recueille les bulletins, confidentiels bien entendu.

Dans l'ensemble, tout se passe bien, mise à part la figure effrayante qu'affiche Mc Kulgan lorsque les mutins votent.

Et voici le décompte...

Je vous passe le suspens, à vous et à l'équipage : le Capitaine conserve ses fonctions, la mutinerie a échoué. Et, comme selon le Code, c'est au Capitaine de choisir une sanction pour les personnes qui ont demandé un vote.

Alors qu'il exulte de joie et se frotte les mains en pensant à ce qu'il va bien pouvoir faire, je lui murmure :

- Capitaine, je peux vous dire un mot en privé un instant ?
- Mmmh, ça peut pas attendre ? Je vais m'amuser là.
- Justement, c'est à propos de ça.

On se rend dans sa cabine. Pour l'équipage, cette interruption n'a rien d'étonnant. J'ai déjà pris l'habitude de discuter seul à seul avec certaines personnes pour les conseiller.

- Que voulez-vous, Monsieur Ellington ?
- Les sanctions. Je commence à vous connaître, vous faites pas dans la dentelle.
- On a perdu une journée, c'est très justifié.
- Justement, adoptez une punition à la hauteur de l'acte. Une journée de perdue, c'est s'éloigner de la prochaine proie. Réduisez la part des mutins sur le prochain butin.
- Et vous croyez que ça les calmera ? Vous vivez dans votre monde, vous !
- Savez-vous au moins pourquoi il y a eu une mutinerie ?
- Je m'en tape, il y a eu mutinerie sur mon navire ! Je vais les faire passer sous la carène, et seul Neptune jugera leurs actes.
- Justement, écoutez-moi. C'est à causer de votre violence envers les matelots que certains veulent un autre Capitaine. A part ça, vous faites bien votre job, alors déconnez pas. J'ai pas envie de me retrouver avec une fiotte aux commandes, qui nous apportera pas de butin. Et si ça devait arriver et durer, je partirai d'ici, et vous devrez vous démerdez sans moi à l'inventaire. Et croyez moi, c'est pas une partie de plaisir.
- C'est une menace, Monsieur Ellington ?
- C'est une manière de vous faire prendre les bonnes décisions.
- Si vous le dites. Et vous préconisez quoi, mmh ?
- Je vous l'ai dit, diminution de la part.
- Mouais.

Conversation terminée. Immédiatement, on retourne sur le pont, le Capitaine à des sanctions à distribuer, et j'espère qu'il va pas faire de boulette.

Il annonce donc, à ma plus grande satisfaction, que les mutins ne toucheront qu'un dixième de leur part sur la prochaine proie. C'est lourd, mais c'est comme ça. Le Capitaine décide, après tout, et qu'il ait fait ce choix me convient parfaitement. D'ailleurs, un court instant, tout le monde est surpris par ce type de sanction... jusqu'à ce qu'il rajoute, désignant au hasard quelques mutins :

- Toi, toi et toi, passage sous la carène de tribord à bâbord, si vous survivez, c'est que vous méritez d'encore servir à mon bord !

Ascenseur émotionnel pour tout le monde, moi compris. Il peut pas s'en empêcher, hein.

Merde, un jour il va se prendre une nouvelle mutinerie...

En attendant... en attendant, il me rapporte de la monnaie sonnante et trébuchante régulièrement, sans que je me prenne la tête. Et avec ça, j'applique le Code.

La belle vie !

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