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Une bouteille anarchiste

J'ai peut-être au fond quelque chose contre ce qui se répète, contre ce qui se rejoue, ce qui s'amène en rengaine, qui parle contre la vie, contre le mouvement et au nom de l'identique, à la faveur de l'immobile et de l'éternel retour.

Moi, les robes de mariée m'ont jamais fait kiffer. Il paraît qu'on leur jette du riz dessus pour célébrer l'union, manière cynique de dire qu'on est au-dessus de ce qui nous fait vivre, qu'on s'en balance pas mal parce qu'on est en meute qu'on est solides et qu'on a tout un tas de choses déjà écrites à vivre. Qu'on prendra jamais le risque de manquer de rien parce qu'on a toujours à assurer quand on a une famille à nourrir. Quitte à piétiner son orgueil et à faire tous les sacrifices.

Les robes de mariée m'ont jamais fait kiffer. Trop blanches, trop belles, trop trop, pour un jour et pas deux parce qu'il a été écrit que tu seras le cœur du monde douze heures durant avant de rentrer dans le rang ; et pendant ce temps là, tu ne pourras que faire semblant de passer du bon temps avec tout tes convives à gérer, dont au moins la moitié n'est là que pour se montrer et bien paraître en son propre foyer. Toi, la grosse meringue, tu enterres ta vie dans l'indifférence des tiens, de tous ceux qui viennent pour boire ton vin. Et tu parles de beauté ? Pas demain la veille que je voudrais te ressembler.

Les grandes familles unies m'ont jamais fait rêver. Je vois le mal là où il est pas, il paraît, mais je les trouve suspectes avec leurs grands sourires et leurs gens différents qui font semblant de bien s'entendre alors qu'ils sont juste trop lâches pour aller voir si l'herbe est pas plus verte ailleurs, du côté du mec sans parent qui crève sur le pavé ou de celui de leur copain d'enfance qui s'emmerde toute la journée. La honte de les avoir laissés tomber devient fierté d'avoir de quoi se sentir rattaché. Je suis meilleur qu'eux, plus fort, plus entouré, plus stable, plus propre sur moi, plus plus ; et jamais je reconnaîtrais que je me suis juste privé de ma capacité à m'adapter. Si mon empire s'effondre, je serais le premier à l'accompagner.

La vie rangée m'a toujours horrifiée. Dieu sait que j'en ai rêvé, Dieu sait que tout en moi en repoussait l'idée. La haine des géraniums, des étagères propres, des produits ménagers, des gens qui te disent quoi faire et quand, des jolis vêtements en forme de prisons mentales et des mômes surprotégés par des parents qui vivent dans un putain de monde violent. C'est mon lot et merde ! Je l'aime mille fois trop, je crois. Ça me fait perdre la tête, des fois.

Je sors sur les collines quand je veux, je prends le café au bistrot le matin, je traîne avec qui je veux, je suis mon propre maître, le capitaine de ma vie, la seule responsable à bord, et je sais pas à quoi demain ressemblera. A force de goûter le risque et la mise en danger, c'est la stabilité et la sécurité qui deviennent pas rassurantes, avec leurs tronches de déjà-vu quelque part et leurs gestes d'automates aux yeux de plastique. Je suis pas née au pays de l'abondance mais ma jeunesse est incandescente ; ceux qui sont parjures envers le feu le sont envers la vie qu'ils portent en eux. Savoir brûler c'est bien, quand on aime reconstruire.

Pour tout ça, j'emmerde l'ordre établi.

J'emmerde l'ordre établi.
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Je m’envole.

Ouais, je m’envole, dans une jolie valse de mots. J’laisse des traces endiablées sur la feuille qui m’sert de piste de danse. Putain, ‘faut que ça démarre. C’est comme le diesel, ça bouillonne mais ça n’sort pas. ‘Faut chauffer les articulations pendant un quart d’heure avant d’pondre quelque chose de potable. C’est là qu’il faut réchauffer l’esprit, en écrivant ce qu’il te passe par la tête. Ce que je fais actuellement, ouais. J’écris sans m’poser de questions, je n’sais même pas où j’vais. Je n’devrais pas m’perdre, j’connais déjà le labyrinthe qui compose chaque parcelle de mon cerveau. ‘Paraît que ça fait du bien de faire joujou avec l’écriture, le diable. Il tire sur ton âme, comme ça, comme s’il extorquait tes trésors les plus vertueux. C’est ce que j’me dis aussi, l’imagination, c’est plus profond que ce à quoi je pense déjà. C’est l’genre de chose qui peut paraître insignifiante mais qui n’disparaîtra pas comme le pétrole. Réfléchis-y, les ressources inépuisables sont souvent les plus bâclées. Comme l’humanité, elle aussi est bâclée. Je n’sais pas si c’est parce que j’envoie la bouteille depuis la capitale mais ici, c’est maussade. Les visages sont à l’image des plus grands peintres, des illustrations sans queues ni têtes. Ils sont tous dans leurs bulles, chacun ayant son vécu que l’autre ne comprendra jamais. C’est ça, c’est encore une excuse pour s’enfoncer dans son nombril. Bientôt on pourra voir l’estomac des plus à plaindre, il n’y aura qu’à diagnostiquer un serpent qui se mange l’arrière train. On en arrive à un grand stade quand même, à celui où rares sont les personnes qui lèvent la tête de l’eau pour faire fuir les mouettes rieuses.

Avant, je pensais qu’il fallait aider son prochain mais maintenant, j’ai de plus en plus l’impression qu’il va falloir prendre l’exemple sur son prochain. Mention spéciale aux fanatiques des vieilles époques qui imposent leurs idéaux à leurs nouveaux nés. Dire que ça existe encore, l’histoire des rangs sociaux. Nan je n’déconne pas, cette moisissure est encore bien accrochée aux mœurs. Dixit les ancêtres qui se rapprochent de fossiles plutôt que de vieux ossements. C’est l’histoire d’une vie, les riches écrasent le monde, les pauvres survivent, les moyens dorment et les… Les entre-deux font office d’entre-deux. L’genre de connard bourgeois qui prend de haut la populace et qui serait prêt à lécher le sol pour le bon vouloir des plus fortunés. Mais c’est comme ça partout, le sourire à s’en déchirer les joues et la dague prête à suriner dissimulée dans le dos. Quoi ? On empile des cadavres à sa manière, c’est la loi de la jungle. Ouais, même si on l’a rasée, si on l’a carbonisée à l’aide d’incendies forestiers, elle perdure. Dans nos cœurs, dans nos rues et dans nos actions. Alors quoi, la vie c’est le fauve et nous, du gibier. Sauf qu’on a le choix de carcasses, ce n’est plus de l’instinct de survie mais de l’instinct bestial. C’est nous les prédateurs, prédateurs entre nous. On régresse, je n’ai plus vraiment l’impression d’évoluer.

Surtout quand je vois ces macaques, ces hommes qui se comportent comme des chacals. Ouais, dis-moi en quoi c’est excitant d’aboyer à celles qui n’ont rien demandé. On dirait des bandes de chimpanzés, des hommes voûtés, croulant sous l’envie plus que monstrueuse de palper des formes généreuses. Une attitude de zombie, lobotomisés pour plonger leurs regards dans les tétons comme s’ils le faisaient avec la pupille des yeux. C’est le reflet de notre époque, pour à peu près n’importe quel domaine.  

J’ai peur d’avoir de l’espoir, l’espoir de voir un jour que ceux qui perdent leurs neurones jour après jour se mettent à récupérer des morceaux en s’incisant leurs propres cordons ombilicales. C’est ce qu’il manque à la ménagère qui vit à travers les nouvelles qu’on lui crache dans la bouche, sors et vis. Lèves toi contre les injustices, fais office de canne à un aveugle.

Le cerveau commence à s’éteindre, l’inspiration s’envole un peu trop. Je n’sais plus où donner de la tête, j’vais finir par m’prendre un verre d’eau avant de dormir à la belle étoile. Lis et dénonce, à travers une bouteille préalablement vidée d’un coup sec. Laisses toi aller par la plume et la journée que t’as passée, peu importe l’endroit où tu te trouves. Ça se rapproche de l’anarchie, c’est de la dénonciation. Fais gaffe, le gouvernement pourrait t’en faire payer le prix. Heureusement, c’est anonyme. Du moins, tant que le CP ne sonne pas chez toi.
    Est-ce que les choses de la vie sont copyrightées par Dieu ? Est-ce qu'on a le droit de les modeler, de les altérer pour leur donner forme unique, sans risquer de nous prendre foudres divines et anges démoniaques aux plus profonds de nos fondements impies ? Est-ce qu'on naît montés sur rails ou bien sur pattes, est-ce que notre miroir nous ment ? Est-ce qu'un rêve est une pierre mal taillée qui s'incruste mal dans la réalité ou est-ce la réalité qui a été fabriquée avec les pieds ? Est-ce que quelqu'un écrit notre existence à notre place ?

    Chez un soldat, qu'appelle-t-on le travail bien fait ? Dépend-t-il de la quantité de sang versé ?
    Ou des vies que son combat a sauvé ?

    Qui connaît l'horizon ? Le beau savant aux mots volés qui te promet les honneurs du Dieu des cons ?
    Ou le crasseux errant qui a ramoné le monde jusqu'au fond ?

    Qui érige l'univers ? Les grands Hommes qui surmontent d'incroyables édifices bardés de lierre ?
    Ou l'oublié qui a posé la première pierre ?

    Que retiens-tu de l'Histoire ? Des guerres qui s'enfilent comme des perles sur un collier ? La rage intemporelle des gens aux idéaux ancrés dans l'instinct ? Des convictions qui s'entrechoquent dans l'acier et les flammes, que reste-t-il des valeurs sous la mitraille ? Tous ces braves deviennent-ils tous de simples paumés hystériques une fois catapultés sur le champ de bataille ?

    D'où viennent les riches ?
    Pourquoi sont-ils vilains ?
    Voudrais-tu devenir riche ?
    Deviendrais-tu vilain ?

    Comment les laisse-t-on accumuler des montagnes d'or sur le dos des corps misérables ?
    Qui est le saint-bernard qui ira déterrer les victimes de ces avalanches ?
    Pourquoi eux et pas toi ?
    Pourquoi crois-tu que tu n'en as pas le pouvoir, alors que tu es des millions ?
    Pourquoi regarde-tu tes voisins comme des étrangers alors que vous vous noyez dans le même bassin de craintes ?
    Pourquoi ne se rendent-ils pas compte que nos différences ne sont que des feintes ?
    Pourquoi ta race a-t-elle aussi peur ?
    Pourquoi se bouffent-ils entre eux sous l'oeil avisé des vrais prédateurs ?
    Et pourquoi la Terre n'a pas de tentacules pour bouffer des astéroïdes et grossir ?

    Fais pas comme eux autres : cherche des réponses.
    On n'enseigne qu'une fois la crinière blanchie, mais on reste élève toute sa vie.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
    ANARCHISTE jusqu'au bout des POINGS
    j'mets ni la majuscule, ni le point
    j'me tape avec plus de marsouins
    que vos mères ont fait le tapin

    ANARchiste jusque dans mes châsses
    j'suis le genre d'élève AU FOND d'la classe
    qui finira en bas des classes,
    qui s'en tape, qui trouve que c'est classe

    Nanarchiste jusque dans mes pas
    j'crie "Société, tu m'auras PAS"
    elle se sert de nous comme appât
    pour pouvoir bouffer son repas

    j'veux pas être prisonnier d'ces hommes
    j'veux pas être l'esclave des rupins
    j'veux pas m'éclater au turbin
    pour mourir dans un verre de rhum

    je crois pas en leurs grands symboles
    en leur devise, en leurs idées
    j'crois pas non plus qu'la liberté
    soit acquise au son d'une parole

    sachez que leur faire des courbettes
    c'est s'pencher pour qu'ils vous la mettent
    si j'm'en vais HAUT sur la colline
    c'est pour pisser sur leur bouclette

    Anarchiste jusqu'au bout des cils
    j't'emmerde, ma vie je la dessine
    j'emmerde le monde, la foule docile
    J'emmerde l'ordre établi aussi.