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Tout juste sortis du four !

Fin des vacances depuis un mois, jour pour jour. J'ai la nostalgie du désert, je crois, le coin est tempéré, et il fait encore frais. On est qu'en mars, l'air de rien. Et j'avais pas encore sorti mes deux fringues d'hiver du sac.

Je sens le renfermé, du coup. Renfermé comme le ciel plombé de gris, grosse laine planquée sous l'uniforme. Le talon qui claque sur le pavé. J'suis venue prendre mon poste en garnison. Un taff tranquille, qu'on m'a dit. Je le crois, parce que « on », c'est Bermudes, et que Bermudes, c'est un type bien. On a eu l'occasion de pas mal faire connaissance, à force d'aller se promener dans le désert ensemble avec trente kilos sur le dos et des jeux de pistes à faire sous quarante degrés à l'ombre – sans ombre. Et puis, je kiffais la zone. Vrai de vrai. Le désert, ça m'arrivait d'y retourner même en soirée, en attendant Craig qu'avait des horaires souvent un peu décalés. Je me foutais les deux mains dans une dune rouge de sable, pendant que le soleil baissait. Je jouais à le faire passer dans mes paumes, et je regardais l'horizon en pensant à rien, puis à tout ce qui venait. C'était bien. Et puis le désert, c'est comme la mer, sauf que ça bouge moins. De temps en temps, une caravane passait et je leur achetais des dattes. J'en avais jamais mangé. C'est sucré, et la chaleur les chauffait. C'était comme manger un fruit qu'aurait eu un cœur qui bat.

Bref, Hinu Town, c'était bien. Inu, j'aurais pu croire que ça ressemblerait. Mais non. Une petite île toute verte, proprette, avec ses habitants petits-bourgeois enracinés dans leur routine centenaire. Autant dans le désert, avec mon supérieur à grosse voix et mes bédouins, je pouvais oublier à quel point je pue la zone. Ici, un peu moins. Y'a pas à dire ; quitter l'habit de sœur m'a aidé à garder la foi, mais pas à conserver une bonne image de moi. Malgré l'uniforme, j'ai l'impression qu'on me juge sur ma manière de marcher. Vieux réflexes mal enfouis. Mon premier poste en-dehors d'une garnison auto-suffisante, ici, on doit faire avec les gens. D'un côté, c'est le signe qu'on m'a bien acceptée dans la régulière. D'un autre, je sais pas trop comment me positionner. Et j'ai un peu peur du fait de plus vivre à la caserne, de devoir me trouver une baraque, de pas forcément avoir la cantine matin et soir. Avec les sœurs, j'étais pas souvent seule. C'est con. J'ai peur de la liberté.

Liberté conditionnelle, quand même. J'ai entendu les bruits de couloir, après qu'on ait visité les lieux. Les sergents sont tyranniques, et c'est d'autant plus drôle que je suis sensée en faire partie. Mon premier poste avec ce grade ; d'après qu'il y en a qui font leur trou depuis des années ici. Qu'ont fondé une famille et tout, même. J'ai du mal à me projeter. Jusque là, j'ai capturé un révo en nettoyant des chiottes, j'ai fait la guerre et j'ai été blessée, puis je me suis rétablie pour marcher dans le désert. Des aventures, pas toutes chouettes, mais des aventures, l'impression de voyager pour de vrai. J'aime pas l'idée de me fixer ; pourtant, pour pas se fixer, faut faire carrière, et je crois pas assez en l'uniforme pour ça. Quel connard de gradé s'amuserait à épingler les médailles du commandement sur la poitrine d'une pauvre fille qui se sert de la marine plus qu'elle ne la sert ? Jusque là, j'ai fait illusion à cause des circonstances. Mais je fais confiance à ma copine Fortune. Je sais que ça pourra pas durer longtemps.

J'erre dans la rue, littéralement. Les gens sont gentils, me disent bonjour quand je passe. Y'en a même qu'ont l'air de vouloir causer plus. Mais je les regarde comme des bateaux qui passent. En quête d'infos, me faut une baraque, y'a que les soldats qui restent à la base, qu'on m'a dit à la réunion, ce midi. Une baraque, parce que c'est signe de richesse, d'autorité, et qu'en tant que sergent tu as enfin le salaire pour. Mais j'ai jamais fait ça. Et comme je sais pas trop où aller, je me cale derrière une file de boulangerie.

De toutes façons, il est midi et faut que je me pose un peu. Me ressemble pas de pas m'adapter comme ça. Une cabane, simple, au bord de la mer ; ça le ferait. Si je vois l'océan par la fenêtre, ça le fera forcément.

-Eh, bonjour ? Mademoiselle ?
-Ah, bonjour. La baguette, là. Et puis les deux chaussons, avec un saucisson, là.

Oui, ça sera tout ; deux-cent berrys, bien, pas la ruine. Une petite baraque près de la mer ? Oui, peut-être, mais repasser plus tard parce que là, bon, c'est gentil mais il y a du monde au portillon, et la concurrence est rude avec le gros fournil en face de la rue. Très bien, je repasserais. Me laisse le temps de me caler sur un banc. Je salue sans trop calculer la tignasse rose de la boulangère. Et je me pose sous le cri des mouettes.

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Jour cent quarante quelque chose après la disparition d'Acceril. Mon méchant grand frère qui est parti en mer sans raison et sans explication. Ce vilain frérot qui m'abandonne moi, sa petite sœur adorée, à Inu Town où nous avons grandis. Vraiment ... c'est pas bien gentil de sa part.
Mais je m'en moque. Je me moque de tout. Et je m'ennuie même pas, j'ai du pain à vendre. Plein de clients. Des tas de clients. J'ai pas besoin de lui j'ai du travail moi. Pappa et Mamma ne sont pas là. Mamma fait les courses et Pappa vient de sortir rendre visite à un ami. Ce n'est pas important, le pain est déjà là et prêt.

Toujours le même discours. Bonjour, que désirez-vous ? et servir rapidement parce que d'autres attendent derrière et qu'il ne faut pas les faire attendre sinon ils pourraient aller chez la concurrence. Enfin, c'est ce que dis Pappa ça, moi je suis pas sûre qu'il ait raison mais il fabrique et vend du pain depuis bien plus longtemps que moi alors je fais comme il a dit c'est plus simple. De toute façon je sers à rien et c'est pour ça qu'il est parti ... ça sert à rien que je réfléchisse alors. Je vais juste faire des inutilités.
Je m'ennuie. Ne pas oublier de sourire, ça fait plaisir et les gens reviennent. Si Pappa le dit ... moi j'en pense rien. Mais même si je souris pas large, j'ai l'impression de forcer. J'ai pas la tête à ça. J'parie que j'ai le regard d'un chiot affamé. Quoique j'en ai jamais vu de chiot affamé et il n'y a pas de miroir dans la partie boutique de la maison.

Et cette vieille dame qui ne se décide pas. Deux baguettes. Non, une baguette et un pain au chocolat. Finalement remplacez le pain au chocolat par un pain de campagne. Non non, mettez-moi plutôt trois baguettes. Arh, décide-toi mamie ou je vais, je vais ... bof.
A quoi bon. Ça la fera pas commander plus vite. Et ça se fait pas de secouer les clients, après Mamma va m'en parler pendant des heures et plus encore et je vais m'endormir et elle va encore passer la nuit à m'en parler.

Et la grand-mère qui part lentement dehors et laisse sa place dans la queue. Oui, désolé de vous faire attendre mais je suis seule au comptoir et à la caisse, je ne peux pas faire mieux quand les grand-mères ne savent pas quoi choisir.

Et après, moi, ça me va ... ça me ... sais pas m'en fiche.

Et puis je sers quelqu'un. Une autre personne. Une troisième. Une quatrième. Une cinquième. Comme toujours. Heureusement certains sont plus rapides que les mamies pour choisir et se tiennent à leur choix. Des fois je prends un peu de temps pour tout attraper, comme pour cette marine mais je connais les prix par cœur, suffit de les additionner et donc je peux donner le prix total pendant que j'attrape le tout. Des fois je m'embrouille et attrape la mauvaise chose, du coup. Mais en général ça va quand même plus vite.

Encore deux personnes après la marine. Puis un couple.

- Bonjour, que désirez-vous ?
- La caisse pour commencer, répondit l'homme.
- Pis ta vie si tu nous fais perdr not temps gmine, ajoute sa femme.

Ma vie ? Et puis quoi encore ? Si Acceril était ... mais il est pas là. Ma tête retombe. C'est nul, pourquoi il est parti ?

- Eh, t'as compris ou t'es débile ? Allez, aboule le fric sans trainer. Ils sortent des armes ... ah non ça va, c'est pas des armes, juste des ciseaux. Vachement énormes pour des ciseaux. Je parie qu'ils pourraient couper un bras. Ou un tronc. Ou un très gros cheveu.

Ciseaux, cheveux, cheveux, ciseaux ... ah mais non, pas question qu'ils touchent à mes beaux et longs cheveux roses. Ils sont trop mignons pour être attaqués comme ça.
Je suis censée faire quoi dans ce genre de cas déjà ? Acceril il m'aurait sauvé mais il est plus là.

Leur sauter dessus, les déstabiliser et partir en courant par la porte ? Mais ils sont plus grands et plus forts et pt-être plus rapides que moi et puis à quoi bon ?
Mais je vais quand même pas leur donner la caisse, y a des choses qui se font pas.

J'opte pour la porte de derrière, vers le four. Sans prévenir, je cours dans l'arrière-boutique et verrouille la porte. Puis je vais ouvrir celle qui mène dans la rue de derrière. Je pose la main sur la poignée.
Derrière moi, un crac. Je me retourne, la porte ... la porte qui sépare la boutique de l'arrière-boutique ... elle est où la porte ? Pourquoi elle est en miettes autour du cadre ? Pourquoi il y a des ciseaux qui la traversent ? Et ... et ... elle est censée être solide.


J'ai peur. Je crie.
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J'ai entendu crier. Du bois qui casse, aussi. Ça venait de la boulangerie, bien sûr. D'après qu'il y a une légende comme quoi certains pirates ont le monopole du braquage de fournils. Histoire de comptoir en début de soirée, de la bonne humeur, ou à peu près, je crois. J'aime pas trop cette histoire. Ça parle toujours du même assassin qui s'attaquait aux petites vieilles avec leurs baguettes sous prétexte de rendre service parce que leurs pains étaient cramés. Même que ça faisait marrer les gens autour, parce que le gars clamait à qui voulait l'entendre qu'il était sympa, qu'il faisait ça pour le bien du peuple, comme quoi le pain brûlé, c'était dangereux et tout. Moi, ça m'a jamais fait marrer. A Fushia, y'avait un vieux père qui donnait toujours ses restes de pain, moisis ou pas, brulés ou pas, à mon frère. C'était du pain. Ça nous a fait vivre, c'est peut-être grâce à ça qu'on a réussi à pousser sur les ordures sans s'arrêter en cours de route.

Je pense à tout ça, mais je suis déjà debout, en marche, puis à l'intérieur. Pas armée, mes deux sacs croisés sur les épaules. Gênée dans mes mouvements, mais les poings levés. Et là...

-Je vous déconseille fortement d'intervenir.
-Arrête d'enculer les mouches, t'as une porte à berziller !
-Me donne pas d'ordres !
-Ta gueule. Fais pas le malin. T'as cramé ton quota du mois ! C'est ta faute si on en est là !
-Ah ! Je... bon, d'accord. Te met pas en colère, ma chérie...
-Vous avez vraiment rien d'autre à foutre ?

Le grand se jette sur la porte qu'il achève d'un coup d'épaule, ses gros ciseaux sur le dos. Arme d'amateur, faite pour intimider. Et ça marche. Dans la boulangerie, y'a plus personne. Sauf la raison pour laquelle j'ai pas bougé alors que l'autre s'élance dans l'arrière-boutique. La femme. Avec une môme, qu'elle tient le couteau passé sous la gorge.

-Dégage, sale bigorne.

J'aurais du laisser mes sacs dehors. Ils sont tous les deux brodés de l'insigne de la mouette. C'est ça qu'a du me griller. J'ose pas croire que l'armée m'a peint ses armes au milieu du front et jusque dans mes attitudes. J'sais que c'est pas vrai. J'ai chopé la rigidité, la manie du vouvoiement, des trucs, des détails. Mais dans le fond, je pue toujours autant la zone.

-Si je dégage, c'est pour courir après l'autre. Ou pour fourguer ton signalement au poste.
-Ma gueule appelle au peuple, m'en cogne.
-Hein?
-J'te dis qu'y a mazille sur mézigues.
-Toujours pas.
-Y'en a qui voudraient se cailler la fouillouze 'vec...
-Ta gueule en fait.
-Toi, ta gueule.

J'ai pas mon arme de service. Juste une baguette de pain, bien cuite. Envie de la lui casser avec, de lui faire bouffer mon poing. D'inverser la logique. Mais y'a la gamine. Et ça se presse autour du portillon, et j'ai pas encore l'âme assez dure. Ça me tue de la voir me regarder de haut avec sa gouaille de rue cultivée pour avoir l'air plus sale. Comme ça me tue de la voir menacer une gosse qui pourrait être sa fille. Même si j'ai jamais eu foi en l'instinct maternel. Pas ça qui a empêché ma mère de nous abandonner dans la décharge. J'ai juste des principes, qui me courent sur l'échine de longue date. Alors, je dis :

-C'est que du fric, je m'en branle. Laisse la môme.

Mais elle s'en va, cette garce. Par la porte fracassée. Je capte que la boulangère est plus là. Situation de merde si on apprend que j'étais là et que j'ai rien fait, symbole ébranlé dans la zone. Je sens que je resterais pas dans le coin très longtemps. Sauf que ça colle pas à mes plans. Faut que je me pose. Ici ou ailleurs, mieux vaut ici parce que c'est pas la guerre et que le taff a l'air tranquille. J'sais pas. Dans le doute, je pars à la suite et je suis de loin. Au moins pas les perdre de vue, sécuriser la môme, quelque chose. N'importe quoi qui puisse éviter de m'attirer des emmerdes.
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Ils m'ont attrapé alors que j'allais m'enfuir, puis la marine arrive, puis ils me lâchent, puis ils me poursuivent. C'est n'importe quoi

Faut que j'cours. C'est pas comme si j'avais le choix, si j'veux pas me faire cisailler. Y a ce vilain aux ciseaux qui me poursuit. C'est pt-être un adulte, mais moi je connais la ville.
Du coup j'cours. Et l'autre me suit. Bon, comme je sais pas où aller, je cours en rond. Mais j'finirais bien par avoir une idée.

Je tourne dans la ruelle Gorzonla, à l'angle de la rue du Pain Farci. Je prends un risque, y a une barrière au milieu de la ruelle. Mais d'habitude il y a des caisses, des cartons et plein d'autres trucs et c'est comme d'habitude le cas. Je jette un coup d’œil derrière moi. Et j'vois le mec qui déboule à l'angle de la rue. Il a l'air de s'amuser. Il a aussi l'air d'être complètement taré.

- Arrête de courir la boulangère, j'vais juste t'arracher les bras et te tuer !
- Mais je veux pas moi ! J'en ai besoin de mes bras, que je lui réponds sans m'arrêter de courir. En regardant à nouveau devant, je bondis sur une caisse en bois. Puis je m'élance par dessus la palissade, je pose ma main dessus, je bascule et frappe mes pieds contre les planches de la barrière.
Mes pieds tapent le sol et je reprends ma course. Ah, j'voudrais le voir faire ça, ce grand dadais.

KRAK.

Hein, quoi ? Je tourne la tête et je vois d'où vient ce son pas normal. Y a une grande lame en fer qui traverse la palissade. Puis elle se retire et en voilà deux. Il est en train de défoncer le passage avec son arme. Mais .. eh ... c'est pas légal du tout ça, c'est d'la triche !!

Euh ...
Ah mais ! Faut pas que j'oublie de m'enfuir pour autant.

- Reviens ici la cornegrise !

Et puis quoi encore ? Alors qu'il m'insulte et qu'il veut me tuer ? Mais il est complètement bête. Et dangereux. Bête et dangereux. Acceril, il lui aurait refait la tronche à ce type.

...
Buh.


Je passe dans la rue Saint Ternal, l'autre méchant toujours à mes trousses.
Je saute au-dessus d'une barrique, pas de soucis, ça me ralentit pas moi, je sais sauter super haut. Lui, il l'explose avec ses ciseaux, y a plein d'eau partout. Même sur ses habits. Même par terre. Il glisse sur les pavés et s'étale. Pendant qu'il se relève, moi j'me suis pas arrêtée. Je suis pas bête non plus.
Direction l'allée des Tailleurs, même si j'ai jamais vu de tailleur là-bas. Ils ont tous déménagé, il parait. Dans le virage, je me loupe un peu, je bouscule une madame qui portait un panier. Tous les oeufs qui décollent et s'envolent dans les airs avant de retomber un peu plus loin dans un splash un peu nul. Houlàlà, faut pas que je reste ici sinon je vais me faire engueuler moi.
Je reprends mon équilibre et ma course, la femme m'insulte et j'entends de nouveau les pas du criminel qui me rattrape. Pas le choix, je passe dans un espace super étroit, juste entre deux monsieurs qui se croisent.
Ils râlent, surpris par mon passage. Puis j'ai l'impression que le méchant les percute, parce qu'ils tombent par-terre et crient encore plus et que j'entends toujours l'autre qui crie qu'il veut me tuer et j'sais pas quoi.

- Arrête de courir, que j'te bute !
- Mais j'veux pas moi !! J'vous ai rien fait du tout ! J'évite un chien qui passait par-là.
- C'est pas le problème. J'entends un couinement de chien.
- Si !! Je vois le chien qui vole à côté de moi, me dépasse et fait des roulades par terre avant de s'arrêter. Je savais pas que ça volait les chiens.
- T'es boulangère, ça me suffit !
- La caisse elle est restée au magasin !
- Je me fiche de ça, ma Monique s'en occupe ! Moi, je suis là pour ma vengeance !

Sa vengeance ? Alors que je lui ai rien fait ? Mais il est pas bien dans sa tête ce gars. Complètement ciseaux.
Ahah, j'ai fais un jeu de mots.

- Mais y a aucun rapport !
- Si ! Car je hais les boulangers ! Alors tu t'arrêtes que je te coupe la tête.

Pas question. Ma tête, c'est comme mes cheveux, on y touche pas. Eh, j'arrive devant chez Ludo là. Je vois sa mère qui sort de chez eux. Je me précipite par la porte, là il va pas me suivre le fou.

- Pardon m'dame Tremonzi j'fais que passe.

Entrée chez eux, je dévale l'escalier et tourne à droite. J'entends la mère de Ludo qui proteste alors que le méchant la vire sur le côté et me poursuit dans la maison. Mais moi, j'suis déjà dehors, j'ai ouvert la fenêtre et je me barre par les toits. Ah, j'voudrais le voir me suivre là, j'suis trop méga équilibriste moi.

Je saute sur la maison suivante et tourne la tête. Héhé. Je souris, le méchant il a du mal à me suivre sur les tuiles, avec ses ciseaux dans la main ça doit pas l'aider à bien tenir droit en plus.
Je prends le temps de me fiche de sa gueule.

- Et maintenant c'est qui le gros qui pue ? C'est toi !
- La ferme merdeuse. T'es bien comme tous les boulangers, une engance à exterminer.
- Mais t'as quoi avec les boulangers ?
- J'étais coiffeur, avec Monique. On vivait bien. Jusqu'au jour où un boulanger à détruit notre boutique à coup de pains explosifs.
- Mais ... c'est ... le pain ça fait pas ... c'est n'importe quoi !
- Ma mère a perdu un œil !
- Menteur !

... C'est pas normal qu'il devienne tout rouge, non ? Il saute, ça fait un super long pas. Woaa et il atterrit jusqu'à côté de moi. Surprise, je réalise que je suis de nouveau en danger. Mais pourquoi, pourquoi je me suis arrêtée ?
Ahlala, j'suis vraiment trop cruche des fois moi. Acc ... mais il est pas là de toute façon donc c'est trop nul. Bon, n'empêche qu'il faudrait que je me remette à courir. Parce que l'autre il va pas pédaler sur les tuiles pendant deux heures.

On est où là ? Tout est différent vu d'en-haut, mais on dirait bien .. eh, je suis presque revenue à la boulangerie en fait.
Alors que je saute entre deux maisons, je me dis que je suis vraiment dans une histoire de dingue. Et que j'ai intérêt à plus m'arrêter de courir plus vite que le dingue qui est derrière avec ses ciseaux.


Dernière édition par Gallena Scorone le Mer 23 Déc 2015 - 11:10, édité 1 fois
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-Il se rend compte l'autre, là, que c'est toi qui a la caisse, et que je peux te casser la gueule pour la reprendre pendant qu'il joue à courir après les gens ?
-Essaye seulement !
-Vous cherchez quoi exactement ? Pourquoi tu l'as lâchée alors que tu l'avais en otage ?
-Il adore ça.
-Pardon ?
-Te casse pas la tête. On...

Tiens ! Revers aux pommettes et un bon crochet bien lourd. Couchée pour un moment, et que je l'achève en frappant avec la caisse. Deux coups, mats, qui résonnent longtemps à cause des pièces qui se sont échappées et qui rebondissent sur les vitrines et sur le parquet. T'as raison, je vais pas me casser la tête. Au final, ça te va mieux.

Je l'attache aux pieds du comptoir après l'y avoir retrainée avec de la grosse ficelle trouvée dans un tiroir ; les parents de la môme ont toujours pas l'air de se montrer. Bizarre, ouais. Jamais vu une boulangerie sans un boulanger à s'agiter en permanence autour du four. Peut-être une urgence, le feu à la maison, la vieille tante à enterrer, je sais pas. Me disais qu'elle était un peu jeune, la gamine. Après, c'est vrai que je faisais des taffs moins nets à son âge. Mais j'ai pas grandi non plus dans un coin aussi propre.

Les grolles sur le pavé, les deux sacs toujours croisés en bandoulière, je me dis que j'ai déconné ; parce que le temps que ça a duré avec l'autre, j'ai eu le temps de perdre le grand et la petite. L'angoisse. J'ai pas géré mon coup, ça a été trop rapide ; même pas bien compris ce qui s'est passé, je pensais qu'ils allaient juste la prendre en otage, mais non ; ils l'ont laissée s'enfuir, et je suis pas loin de penser qu'ils l'ont fait volontairement. Et ils avaient la caisse... La caisse du matin. Sûrement pas de quoi se payer le bistrot pendant plus d'un jour ou deux. J'ai pas eu souvent affaire à des voleurs du genre. La marine, c'est l'armée, pas la police. Faut pas croire que le gouv' protège le peuple ; c'est surtout des grandes banderoles et beaucoup de pétards, on se réjouis en haut quand de gros équipages se décident à lancer de vrais raids. Le reste, c'est plus commun, mais c'est pas assez pour nous.

En remâchant tout ça, je jette des regards autour de moi ; jusqu'à reconnaître des cris familiers, qui me font lever la tête. Je lève un sourcil. Soit ils ont tourné en rond, soit ils n'ont pas du aller bien loin. Peut-être que c'est la gamine qui a manœuvré de manière à ce que je puisse venir l'aider ? C'était sûrement la meilleure chose à faire. Je lâche mes sacs, et je bondis sur un tonneau, puis un muret ; mes mains accrochent une gouttière, je suis sur le toit. Deux tuiles à la main. Je cours, en me rendant compte au passage que j'ai léger le vertige et que j'ai du mal à garder l'équilibre. Mais je fais avec. Sauf qu'ils sont plus rapide. Alors, je gueule, en espérant que de son côté, la gamine capte la manœuvre. Mais ou bien elle m'entend pas, ou bien elle en fait qu'à sa tête. A sa place, je penserais peut-être plus au mec qui me poursuit avec des ciseaux géants qu'à la cliente du matin qui cherche à prendre sa place dans la course. Du coup, je pointe, et je tire ; à la tuile...

La première rebondit sur une cheminée, vole en éclat, et éborgne un chat de gouttière avant d'écraser un cafard qui passait par là.

La seconde suit un arc de cercle ample, et tourne sur elle même avec la régularité d'un couteau. Un moment, j'cours après sans arrêter de regarder, fière de mon lancer.

Puis j'capte que j'ai pas tenu compte des changements de direction aléatoires.

La tuile, c'est la gamine qu'elle touche.

* * *


-Putain, c'est quoi ce bordel ? Y'a personne pour servir ?
-'Jour. J'vous servirais bien moi par exemple, mais c'est qu'y'a des bandits qui sont v'nus et qui m'ont gentiment fait mon affaire.
-Oh non... ils ont oser vous... dans votre boutique, je veux dire...
-Mais non, ducon. On m'a défloré la caisse, c'est toute l'affaire !
-Mon Dieu ! Les monstres ! Vous... êtes visibles ? Que je vous libère... il faudrait appeler la marine...
-Bah, de nos jours, vous savez ce que c'est.
-Euh. C'est à dire qu'à nous, ça nous arrive guère.
-Z'êtes prêteur à gage ? Rien à voler de pas gardé, hein ?
-C'est terriblement gênant.
-Haut la glotte, on entend pas là-derrière mon pote !
-Ecoutez, je vais chercher de l'aide. Des voisins, avec ce qu'il faut...
-'Sont venus avec une gamine. Mon mari essaye d'la prendre en chasse pour les faire chanter. Sont sur le toit, de c'que j'comprends du boucan qui s'fait là-derrière.
-Les monstres !
-Ah, j'vous l'fais pas dire.


* * *


Jules le docker était un grand voyageur ; ou plutôt, la vie avait fait de Jules un grand voyageur malgré lui. Malgré sa forte carrure et son tempérament d'honnête homme, il tombait presque systématiquement sur des travaux louches pour le profit de figures douteuses. La faute à sa tendance à accepter n'importe quel travail et à considérer tout homme comme un individu louable et recommandable. C'est donc tout naturellement qu'il s'en vint chercher de l'aide chez ses collègues du moment – pour l'essentiel, des boucaniers qui tenaient un petit abattoir clandestin et qui fournissaient le marché noir local en viande salée. Ils volaient en général les bêtes en détournant les pattes trainantes d'un troupeau. Tous avaient de profondes marques de crocs et de griffe sur le visage, souvenirs de l'opposition de la communauté des vaillants patous à un commerce pourtant aussi lucratif que florissant ; et créateur d'emploi. Jules en était bien la preuve vivante.

Ce fut donc en compagnie d'une petite tribu d'écorcheurs mal rasés et patibulaires qu'il s'en revint à la boulangerie. Tout en pensant avec la plus grande candeur que ces hommes, ses frères de travail, se soucieraient aussi bien de la vertu outragée de la voix de derrière le comptoir que du retour de la caisse. Même s'il fallait, pour cela, menacer une enfant. Après tout, c'était bien connu : les chats ne faisaient pas des chats, et les fils de truands devenaient très vite pires que leurs parents. Les parents de Jules étaient d'honnêtes gens ; quoi de plus normal que leur fils devienne à son tour un modèle d'humilité et de compassion ?
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Là, c'est très flou ce qui suit. Déjà avant, c'était le bazar, pour ce que je m'en souviens. Mais la suite, c'est pire.
Comme je veux pas risquer de retourner dans la boulangerie au cas où la cambrivoleuse y est toujours, même si je sais pas pourquoi elle serait restée aussi longtemps, ben je reste sur les toits. Ça signifie le toit de la boulangerie, puis la maison d'après, puis celle qui suit, puis et puis et puis d'autres toits.
Le soucis des toits, c'est qu'on y trouve des tuiles.
Sur le moment, j'ai juste super mal à la tête après un choc.
Et ma vision qui devient toute troublée.
J'la vois taper d'autres tuiles sur le toit et rrbondir.
J'm'assois sur le toit à califourchon sur l'arête, même si c'est vraiment pas une bonne idée à cause du méchant qui me poursuit. J'avais trop mal à la tête pour penser correctement.
Je monte ma main pour voir, et ça saignait. C'est pas bien ça. Après c'est galère à nettoyer.
Et j'ai commencé à m'endormir sur le toit. Me suis pas endormie, mais j'en ai bien envie. Marrant, comme d'un coup on a pas les mêmes priorités. Tout à l'heure c'était m'enfuir et là c'est juste pas m'endormir.

J'aperçois vaguement le méchant qui se bat contre ... quelqu'un. J'arrive pas à voir qui. C'est trop flou. Il agite ses gros ciseaux un peu dans tous les sens, mais il sait pas se battre vraiment, je pense. Ça fait peur mais ça sert à rien les ciseaux, sinon ça serait une arme plus répandue.
J'réfléchis trop là, c'est pas bon. Pas bon du tout.

J'parie que tout ça serait pas arrivé si Acceril il était là. Et j'aurais pas mal à la tête qui saigne comme ça.
Va falloir que j'aille me passer la tête sous l'eau et mettre un gros pansement. Ou quelque chose.

Le gars tombe en arrière, je crois qu'il a glissé sur une tuile. Ou quelque chose comme ça. La femme en face lui met un pain dans la face. J'entends un gros truc métallique qui tombe par terre dans la rue, doit être les ciseaux. En tout cas il a plus l'air de les avoir dans les mains.

Il finit par plus bouger. Elle doit l'avoir assommé. Vu qu'elle l'a cogné, elle doit être une pas méchante, elle. J'espère. Parce qu'elle vient vers moi et moi j'ai vraiment trop envie de dormir.

Tant pis. Je vais piquer un somme maintenant et ici ...
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