-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Dunk Low
64.99 € 129.99 €
Voir le deal

La peau fond plus vite quand on s'amuse

C'est gentil d'avoir accepté de faire une intervention dans mon cours, docteur Romanov.
Tout na-naturel.
L'expérience d'un chimiste prestigieux sera sans aucun doute très utile à mes galopins, à l'occasion du cours thématique hebdomadaire.
Ludique.
Oui ! Votre matériel est dans votre sacoche ?
Oui.
Qu'est-ce qu'on va rire ! J'en frissonne d'avance !
Oui. De l'hi-hilarité liquide dans mes fioles. Ludique.
C'est ici. Vous n'êtes pas trop timide en public, j'espère ?
Un peu.
Ils ne mordent pas !
Probablement pas oui.

Pas l'habitude de convertir mes pensées en paroles claires devant une foule. Paroles claires ne provoquant pas de réactions virulentes et de projections d'objets tranchants, j'entends. La grande difficulté des interactions sociales multiples réside en leur totale imprévisibilité. Encore que le groupe social auquel je vais m'adresser aujourd'hui ne devrait pas être des plus sensibles à mes sautes verbales.

Pousse la porte qui couine pour annoncer notre venue. La classe stoïque, constituée de statues de cire incrustés dans des uniformes qui semblent avoir été repassés à même leur peau. Quelques moustaches et regards austères ça et là qui parachèvent l'ambiance scolaire de ces geôles aménagées avec brio. Preuve que le recyclage et l'optimisation du passé peut permettre d'élaborer un futur résolument moderne.

Oh. La timidité. C'est pas de la timidité. Je suis un repoussoir social. Ce genre de panique génère en moi d'intenses remontées gastriques, des bégaiements incontrôlables ainsi que des fuites de mémoire accablantes. Généralement, j'ai compris que ce sont les jets de vomi et les gargouillements gênés qui frustrent le plus mes interlocuteurs. Mais c'est pour étudier, comprendre et supprimer cette faiblesse que je suis ici. Mon sujet d'expérience, aujourd'hui, c'est moi ; moi face à cette légion d'écoliers galonnés. La question à laquelle je veux répondre porte, encore une fois, sur une optimisation. Comment évacuer cette précieuse matière première que génèrent mes neurones sans la détériorer, passée par le filtre de mes failles d'élocution et le mépris agacé catégorisé que ma seule présence laisse naître autour de moi ? Comment passer outre ce limité et contre-productif langage oral pour parvenir à transmettre l'information la plus brute possible ? Comment communiquer les pelotes d'idées que tissent mon génie à des esprits étriqués, primitifs et enfermés dans leurs egos ennuyeux ?

Une assemblée d'élèves est effectivement le meilleur terrain d'essai pour résoudre ces envahissantes équations.

Bonjour tout le monde ! Bienvenue dans votre quatrième cours de torture de l'année !
Aujourd'hui, messieurs, mesdames, le docteur Romanov ici présent vous démontrera que la nature met à votre disposition tous les ingrédients dont nous avons besoin pour cuisiner un suspect dans les plus brefs délais, dans un cadre bon enfant qui vous feront tomber amoureux une nouvelle fois de votre fabuleux métier !
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
S'adresser aux apprentis tortionnaires sans les prendre de haut. Ménager leur susceptibilité. Éviter de les inonder de termes techniques, non seulement pour ne pas les perdre, mais également pour qu'ils ne se sentent pas ignares, même s'ils le sont peut-être. Perte de temps malgré tout nécessaire pour ne pas risquer d'émettre ce que je qualifierais d'ondes néfastes qui interfèrent avec une atmosphère convenable pour intégrer du savoir. La nomenclature de ces spécimens est des plus complexes à aborder. J'ai l'habitude de m'adresser à des simples d'esprit à l'ego envahissant, c'est dans ce moule que sont produits la majeure partie des officiers de la marine. Mais ici, la composante élève ajoute une inconnue à l'équation, un facteur x que je découvre.

Pré-présenté. Docteur Romanov.
Chimiste gouvernemental. Spécialisé en gaz de combats. Aff-ffectionne aussi les acides et les poisons-sons.

J'aperçois quelques rictus naître au-dessus de mentons stoïques. Ma race n'est guère bonne vendeuse quand il s'agit pour moi d'offrir mes inestimables talents à de vieux scouts garnis de préjugés. Un autre obstacle à la bonne marche du savoir. Un frein serré infligé à la productivité. Dégoûtant racisme. Absurde frayeur maquillée en idéaux arriérés, comme tous les phénomènes de masse infectant les pensées, le racisme puise sa source dans les instincts nauséabonds des animaux humains. Ici. La peur.

Un poiscaille chimiste ? Vraiment ? Tu vas nous disséquer de l'eau salée ?

Prévisible. Le trait d'esprit qui trahit leurs esprits aveugles et confirme ma théorie. Une houle de ricanements se déverse en écume sous mes semelles. Je suis trop haut pour me noyer dans ces puérilités.

Il a pas tort de f-faire cette remarque en fait. L'eau salée est un cruel irritant. En emplir les poumons d'un être vi-vivant c'est lui promettre un calvaire langoureux qui ne dé-débouchera même pas sur une morte libé-bératrice. Donc oui. Une ressource de sou-souffrance facile renouvelable et disponible sur n'importe quelle île, nous en parlerons aussi naturellem-ment que des isotopes du chlore.

Oui. Plus à l'aise lorsque j'expose ce que je connais de l'épicentre de mes centres d'intérêts. Son sourire est toujours là mais aucun mot agressif ne sort plus de ses lèvres striées de rognures ensanglantées. J'ai capté son attention. Positivement. Ainsi, par extension, celle de la pièce entière. Je toussote en produisant au passage de timides bulles de salive qui se disloquent à la sortie de ma bouche. Puis reprend le fil de mon exposé.

La chi-mie est, diraient les scientistes, le lang-gage dans lequel la nature a été programmée.
Ce sont bien sûr des sor-sornettes. La chimie est un ou-outil, un instrument comme un autre au service de nos basses be-besognes... humaines, et de nos plus hauts besoins tels que ceux gouvernementaux. Un outil complexe et fascinant.
Savez-vous combien de temps faut-il pour faire fondre un corps humain moyen dans une baignoire d'acide sulfuri-rique standarde ?

... Sept heures. Il y a fo-fort à parier que votre suspect vous aura avoué tout ce que vous désirez, et même p-plus, en sentant ses os lentement rongés par un PH acide. Un PH gour-gourmand.

L'un d'entre vous est-il fo-formé à la manipu-pulation de solutions d'acidité élevée ?


D'autres sou-rires générés par mes mots, et non pas par mes manières, cette fois-ci. Quatre bras se lèvent. Les sourires perpendiculaires à ces bras sont encore plus luisants que ceux des autres. Probablement une certaine fierté d'avoir une longueur d'avance sur leurs camarades. Ils ne savent pas ce qui les attend. Le professeur affiche une mine enjouée. Probablement a-t-il hâte que nous passions aux démonstrations. Aux preuves de ce que j'avance.

C'est mon premier chapitre. Les a-acides. La base. Les acides. Vous quatre. M'assisterez dans mes démonstrations. On passe en salle de T-TP ?
Oh, comme c'est excitant ! Allons-y, suivons le docteur Romanov ! Et en silence, ne dérangeons pas les autres classes !
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
C'est un prisonnier politique, un révolutionnaire, un traître ou je-ne-sais-quoi. En tout cas, si le gouvernement a jugé qu'il serait bon de l'envoyer à des aspirants-tortionnaires pour affiner leurs savoirs, c'est qu'il n'a seulement du lui mettre quelques bâtons dans les roues, mais également des poutres. Il est la souris de mon cours. Mais contrairement à la plupart des cobayes scolaires, celui-ci est toujours vivant. Bien sûr. Enseignement de la torture sur sujet décédé très limitée.

C'est un jeune humain. Un spécimen des plus classiques, orné de nombreuses balafres. Un dur à cuire arborant des tatouages révolutionnaires. Classique. Enchaîné dans la baignoire que j'ai sélectionnée. Chaînes de granit marin. Résistante à des événements corrosifs de catégorie A à C. La baignoire, elle. Rouillée et cabossée pour un impact psychologique maximum, son étanchéité reste irréprochable, pour notre sécurité à tous. Sauf la sienne bien sûr. La baignoire est jetable, ça tombe sous le sens, elle n'est qu'un récipient provisoire. Une fois remplie d'acide, elle deviendra comme un estomac qui se digère tout seul en même temps que la viande d'homme avalée qui stagnera en grumeaux en son fond. Un poète trouverait sûrement cela fort inspirant. Mais la poésie n'est pas encore parvenue à descendre aussi profond dans les geôles du gouvernement mondial.

Enfin, de petits boyaux gisent de part et d'autres de la baignoire. Sont des pompes qui aspireront les substances éducatives pour les faire gicler dans le récipient contenant le suspect. Dans son dos. Sur ses jambes. Sur son torse. Sur ses mains. Ou dans sa tête. Fondre un visage est un dernier recours. On en arrive rarement là car c'est dangereux. Car si les cordes vocales du personnage malingre et haineux qui se trémousse devant ma classe cèdent, comment nous parlera-t-il de ses projets d'avenir ? Bon.

Comment t'appelles-tu-tu ?
V-Vas te faire enculer !
Première étape. Dé-découvrir son nom. Facile. Vous êtes formé à reconnaître les suspects friables et malléables. Celui-ci en est un. Comme v-vous pouvez le consta-tater, il tâche d'éloigner sa terreur en se plongeant dans un état de surexcitation rythmé de séquences de vulgarité. Bien ma-mal lui en prend, car ça con-contracte ses mu-muscles. Rien de plus doulou-loureux qu'un muscle contracté.
Pour le-le bien de la démonstra-tration, je te de-demanderai de résister au moins vingt minu-nutes.
C'est à moi qu'tu parles... ?
Oui.

Il déglutit. J'invite l'un des apprenants à s'avancer à mes côtés. L'un des quatre qui connaissent le fumet d'une soupe acide déposée sur un épiderme organique. Lorsqu'on le découvre, ça surprend tant qu'il est délicat de réprimer des sursauts gastriques. Quand il s'avance, je l'observe réprimer un haut-de-coeur. Pas qu'il ait l'air d'un amateur. Mais je sens qu'il traîne de moins imposants bagages que ses camarades moustachus. Jeune élève. Très bien. Jeunes élèves souvent candides et bouffis d'egos. Croient qu'ils ont la main mise sur leur empathie et qu'elle ne se permettra plus jamais de se plaindre sans leur autorisation.

Je me sens plus serein. Maîtrise de la situation et des élèves. Seul capitaine à bord. Le professeur même m'alloue le respect que je me sens mériter. Bien.

C'est pas compliqué. J'ai juste à ouvrir ces robinets ?
Oui, mais à quel rythme ?
Un par question ? On asperge d'abord les membres, puis le torse et le dos, puis le visage.
Essayes.
J'CAUSERAI PAS ! BANDE DE MALADES ! AAAAAH !

Main très lourde sur le robinet, un jet sous pression embrasse le mollet du révolutionnaire et empourpre instantanément sa peau, qui émet une odeur de porc chimiquement traité pour ne pas arriver trop sale sous le couperet de l'abattoir.

Hem. J'y suis allé trop fort.
Bah ouais ! A c'rythme, il tiendra pas cinq minutes, l'couillon ! T'as fait tes classes où, Kora ? Au BAN, bwahahaha ?!
T'es lourd, José.
L'idée était bonne, mais gardez tous en tête que l'acide est encore meilleur. Contrôlez le PH de la substance dont vous vous servez avant chaque séance pour définir avec justesse le débit à infliger à chaque jet pour rester efficace sans devenir mortel.

Le professeur esquisse des rictus saccadés qui lui distordent les joues. Sadique primaire. Il réprime des ricanements grossiers qui saperaient sa crédibilité auprès de ses apprenants. Le révolutionnaire contemple, médusé, sa jambe rongée comme un os anémique par un chien affamé. Sauf qu'en guise de chien, nous avons de l'acide sulfurique. Qui n'aboie pas mais crépite, écoulé au fond de la baignoire, dévorant les fesses du suspect dans la même bouchée que sa dignité.

C'est marrant, mais y a pas trop d'contact avec le suspect. Moi j'aime le contact. J'me lasserai vite, j'pense.
Bien. Faisons un aparté sur les produits réellement récréatifs.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
Celment ! M'appelle Celment ! Arrêtez !
V'là. Rigolote cette machine. Il a avoué son nom, mais tant qu'on y est, on peut continuer, hein ?
Une qu-question, un robin-net. Vous vous souvenez ?
Ouais. Je lui bousille... Le dos, cette fois !
A moi, à moi !
Eh, t'es pas le seul à avoir droit de pratiquer !
Mais moi j'ai été formé ! Z'allez vous brûler tout seuls !

Il commence à s'agiter. Prévisible, il a noué une affinité avec son suspect, une relation malsaine comme il ne peut s'en former que dans ce genre de temple à la gloire de l'amoralité. Le gouvernement, entité schizophrène qui prêche justice et beauté le jour pour piétiner négligemment ses détracteurs la nuit, recrute volontairement ses tortionnaires parmi les moins luisants de sa portée d'animaux bien dressés.

La plupart sont ce que le commun des mortels qualifie de déchets. Des bâtards inavoués. Des enfants inquiétants abandonnés à leur naissance. Des monstres en couche-culotte qui ont appris la haine dans leur maternelle. Des "déchets". Mais le gouvernement a compris que les "déchets" n'existaient pas. Qu'il n'y avait que du fumier réutilisable dans d'autres récoltes. Ici, récoltes d'informations, par exemple. Puérils, excités, sadiques et passablement limités dans leurs raisonnements, leur unique compétence réside en leur passion pour les cris stridents, les lames de rasoir, les acides ainsi que les recoins sordides. Ne sachant pas refroidir leurs pulsions, ils les utilisent comme outil de travail. Un outil certes zélé, qui s'aiguise avec les années à parfaire sa connaissance de la souffrance humaine, des innombrables failles d'un corps et des -encore plus- infinies fêlures d'un esprit. Mais qui malheureusement ne prend pas la peine de s'aventurer dans les domaines de la science.

Ils savent qu'en gonflant les poumons de leur cible d'un gaz bâtard fils du dioxygène et du chlore, ils enflammeront sa poitrine avec la même intensité qu'un brasier sous sa cage thoracique. Mais contrairement au brasier. Le ClO² va pas jusqu'au meurtre. Ils savent tout ça. Mais savent pas pourquoi. C'est ce qui différencie le savant à l'homme de main. Le savant enfourche l'homme de main comme un cheval fou et lui dicte où aller et quoi éclater sous ses sabots. Le cheval fou se contente d'obéir, de ruer et d'apprécier la mélodie des os qu'il broie.

Je peux au moins le reconnaître. Ils sont esthètes. Barbares. Rustres. Impulsifs. Mais ont la volonté de parfaire leur art plutôt que se reposer bêtement sur ce qui provoque en eux des réactions émotionnelles de plaisir déjà explorées. Ils cherchent d'autres sensations.

Ouais ! Comme un ballon de baudruche !
C'plus drôle que j'croyais. Les gaz. J'pensais pas qu'ça pouvait faire des bulles comme ça sous le cuir.
On dirait du magma ! Un magma d'peau ! Bwahahaha !
Vous n'oublierez pas de prendre des notes sur vos observations ! Ce n'est pas le tout de s'amuser, pensez aussi à retenir les résultats de vos expériences !
Si avec ça, j'valide pas mon semestre !

Un nouveau cobaye relié à des bombonnes bon marché. Rien de bien méchant. Sentir son ventre enfler et sa respiration conquise par un troupeau d'officiers rigolards constitue, en soi, une pression des plus mesquines suffisante pour lui faire avouer son identité, celle de ses amis, de sa famille, de son épicier aussi. Parfois, nul besoin de chercher bien loin pour élaborer une stratégie efficace de torture. Il suffit d'invoquer la honte et le grotesque d'une situation dont le suspect devient malgré lui acteur principal. Alors il se retrouve déboussolé, humilié, croit s'être laissé happé par un cauchemar éveillé, et devient propice à vouloir repasser aux formes traditionnelles de torture au plus vite.

Quand ils lui posent une question, il répond, peu importe si elle a un rapport avec ses activités ou pas. A disséminer des interrogations sérieuses au beau milieu d'un marasme de sarcasmes moqueurs et malsains, le suspect finit par ne plus faire la différence. Il répond. A tout. Puis supplie que ça cesse.

La m-meilleure forme de torture est p-pas forcément la plus doulou-loureuse. Mais sans conteste, elle est la p-plus dérangeante. Bâtissez une atmosphère g-glauque et laissez s'exprimer la p-péversité de votre imagination. F-faites découvrir au suspect d'originaux c-contextes auxquels il n'aura f-forcément pas été formé à résister, auxquels donc il ne saura pas convenablement réagir.
La créativité est la c-clé d'un interrogatoire réussi. Le sujet se perdra dans le labyrinthe de folie que vous lui aurez vous-même dessiné. Il deviendra vite prêt à abandonner sa dignité pour s'en sortir.


Le cours a pris une teinte bon enfant. Cadre relativement adapté compte tenu du public, lui-même enfantin, à qui je dois faire intégrer des enjeux aussi complexes que les multiples rôles de la chimie dans les séances de torture. Je reste académique dans ma démarche.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
L'heure touche à son terminus et je suis satisfait d'être parvenu à rester sur les bons rails. Mes faiblesses sociales ont pas enrayé mes explications, mis à part le bégaiement. Pas d'interférence avec la passion que je portais à la transmission du savoir. La science va faire des petits. Ils sont fiers de ce qu'ils font et peuvent l'être. Leur talent en la matière est réel et j'ai pu le sculpter pour lui donner forme plus exploitable. Ils se contentent plus seulement d'arracher des vérités à leurs proies désormais. Ils les brisent, les ouvrent, les secouent, et alors les informations chutent d'elles-mêmes à eux.

Un peu comme frapper dans une pinata pour en collecter le contenu. Finalement.
Mais bon. Suite à cette heure reposante, il va être temps de réintégrer mes routinières investigations parmi les secrets de l'univers. Passer des douleurs et des perditions humaines à l'intimité de la matière en un clin d'oeil. Une transition qui équivaut à une puissante et soudaine décharge d'adrénaline. Une heure à m'observer également, à notifier mon évolution en environnement social. A décortiquer intérieurement mes relations. A disséquer les réflexions qui naissaient et grandissaient en moi. Comme autant d'étranges animaux aux régimes inconnus.

Notre dernier suspect, peu à peu, se transforme en un véritable bonhomme de glace vivant. Grâce à l'action d'un azote liquide aussi glacial qu'impitoyable, comme notre gouvernement. De l'azote liquide appliqué par le biais d'un karcher que les élèves s'arrachent. S'arrachent. S'arrachent comme s'il était constitué de cocaïne pure saupoudré d'endorphines. J'ai jamais vu des êtres vivants porter autant d'amour possessif à un objet aussi banal. Ou plutôt, ils sont des enfants autour d'un gâteau d'anniversaire. Gourmands, insatiables et passablement égoïstes.

Mais voyons, vous êtes suffisamment grands pour vous partager le plaisir sans brutalités ! Soyons civilisés, hihihi !

Prof m'assène plusieurs clins d'oeil que j'interprète comme une invitation à poser le point final de ce cours. Le suspect fige son regard sur ses membres gelés. Pas le moindre son n'ose pointer hors de sa gorge. Il faudra pourtant qu'il se fasse un peu plus bavard si je veux pouvoir achever le cours sur des notes mélodieuses. Celles de la symphonie désaccordée qui sert de voix aux hommes-icebergs.

Ton n-nom ?
P-Pitié...
T-Ton nom ?
Freddy Saturny...
M'dis quelque chose. C'serait pas l'un des espions d'la révolution que l'CP0 course depuis trois ans ?
Ou bien c'juste un clodo ramassé dans des poubelles pour nous servir de sac de sable ! Te fait pas d'idées Frank, c'juste un cours !

La plupart des cobayes de pailles installés ici sont des SDF auxquels on a offerts une riche prime en échange de la donation de leur corps aux tortionnaires de demain oui. Mais on recycle ici également les traîtres. De préférence ceux capables de résister aux supplices afin d'offrir une difficulté aux élèves.

Nous arrivons au bout de notre heure !
Oh, déjà ?
C'est super la chimie !
Remercions le docteur Romanov pour nous avoir apporté sa si précieuse intervention !
Le temps passe trop vite quand on s'amuse.
J'aurais pas cru qu'un poisson pouvait proposer des activités aussi marrantes. Pas que j'sois raciste hein. J'ai de très bons amis hommes-poissons.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
Il n'empêche que l'interrogation persiste. Je me demande si ce suspect était bien l'un des rénegat du CP0. Et comme une question sans réponse macère et infecte ma concentration, je dois de suite amputer ce maux. Alors je m'offre quelques heures supplémentaires en compagnie du dernier cobaye involontaire. Afin d'approfondir l'enquête que nous menions ensemble, tout à l'heure. A ma vue, il se crispe aussitôt, réflexe de défense qui puise sa source sous ses plus bas instincts ; incontrôlable, même pour le plus valeureux des espions.

Je lui en tiens pas rigueur. C'est la suite qui me fixera vite sur sa vérité.

C-comment as-tu trouvé mon-mon cours ?

Sa mâchoire déboîtée se soulève en grinçant. Une purée dégoulinante de mots s'en extirpe.

T'vas m'ffaire qfoi d'pluffe ?
Te demander ce que t-tu faisais avant de s-servir ici.
J'vfendais... des truites... fur le port...
Des truites ?
Elles étaient comme toi. Jveunes... et arrogantes ! Keuf ! Keuf !
D-Délires pré-décès. Dois-je te c-considérer trop usé pour r-rester utile ?

Il sourit. D'un rictus déplaisant. Qui n'offre aucune solution tangible à mes interrogations. Cette race de suspect est toujours profondément frustrante. En tout cas. Il se fait trop confiant, planté sur le seuil de la mort, tandis qu'une simple pichenette le ferait sombrer pour de bon, il se fait trop confiant pour n'être qu'un marchand de poisson. J'en déduis que c'était une tentative de second degré. Une provocation de professionnel. Rapport que j'aie moi-même des séquences communes avec l'ADN des poissons cartilagineux. Hum.

Tu d-devais pas être important pour tomber ici.
Si tu savais...
Tentative creuse de réveiller mon intérêt. Je te souhaite une joyeuse agonie.
Attends !

Psychologie primaire. Blessure narcissique. Souvent plus efficace qu'une plaie causée par un outil tranchant. Pris à revers, il se décide à me faire passer un message. Parce qu'il préfère partir dans un élan de mystère que sous l'anonyme voile du pathétisme.

Quoi ?
Tu diras à tes... chefs qu'Ils arrivent... ils pigeront...
Ça m-m'étonnerait que mes supérieurs aient accès à ce gen-genre de secret.

Ça rentre dans les confidences du cipher pol. Officiellement, je sais d'eux seulement les informations qu'ils laissent gambader dans les laboratoires. Officieusement, une serrure se croche très aisément avec une épingle à linges.
Quoiqu'il en soit, je vais signaler son comportement suspect aux responsables. Je pourrais m'en occuper moi-même mais des gens sont payés pour s'empourprer les mains à ma place.

Bon. T-Tu es périmé. Ce qui te sort de la b-bouche sent pas bon. Sent la f-folie d'un agonisant qui veut se soustraire à son inévitable réalité.
Le fou mourra la conscience tranquille... Lui.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc
Alors j'ai rien appris. Si ce n'est qu'il a des choses à nous apprendre. Ce qui est en soi une belle découverte. Sur plusieurs facettes, ce cours était instructif. Il m'a renseigné sur la nature des tortionnaires du gouvernement mondial. De simples personnalités psychopathes-types qui violeraient et matraqueraient des enfants dans les rues de cités miséreuses si leur intéressante particularité n'était pas plus intelligemment exploitée ici. On peut reprocher une liste de choses au gouvernement qui serait si longue qu'elle s'affranchirait probablement de la gravitation terrestre. Mais on peut pas lui reprocher de ne pas savoir où cueillir ses champignons.

En parlant de champignons. Ma salade est prête. La cantine n'est pas bien productive, alors j'ai tendance à moi-même enfoncer quelques éléments d'un repas équilibré dans un tupperware. Par repas équilibré, j'entends équilibré à la calorie prête. Pas de place pour un kilogramme de trop ou de moins dans la diététique. Optimiser mon alimentation pour qu'elle assiste ma longétivité et, par là, contribue à l'avancée de la science, nécessite de précises pesées caloriques quotidiennes.

Alors j'ingère ces nutriments qui se présentent à mon gosier grâce à l'action frénétique de mes biceps zélés. Et ma faible mâchoire de broyer les aliments à son rythme, et ma salive de les fondre avec la même patiente virulence que l'acide sulfurique ne s'immisce jusqu'aux chairs des plus ou moins distrayants cobayes.

En parlant de distraction. C'est ennuyeux de manger. Ce repas est reporté à ce soir.
...
Où en étais-je ? Ah oui. Nutriments. Papilles gustatives excitées positivement.

C'était un instructif séjour dans les geôles nauséabondes de la capitale du monde.
J'aurai découvert qu'une tranche de tomate de 3cm vaut trois rations de concombre, d'un point de vue calorifique. Un gain de place considérable.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14958-zero
  • https://www.onepiece-requiem.net/t14864-zeke-romanov-uc