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Deus Ex Machina

Un grésillement régulier l'arracha à ses rêves. Si elle rêvait. Elle n'en était pas sûre.

Elle ouvrit un œil troublé sur la désolation des lieux. Troublé par ce qu'elle avait elle même accomplit, par ce qu'elle avait été capable de faire. Le sang encore chaud mélangé à l'huile sur le bout de ses doigts fins était désormais comme une seconde peau, un gant qui lui recouvrait la paume. Elle sentait ce mélange, sans le percevoir complètement.
Un long souffle lui échappa alors qu'elle se redressa péniblement. Une douleur vive lui vrilla la tempe, le cou, puis finalement le bras gauche. Une douleur qui ressemblait à une brûlure intense, évasive, large. Une souffrance rendue régulière et aiguë par la contraction réflexe de ses muscles entamés. Elle sentait l'odeur de sa chair qui humait jusqu'à ses narines, lui arrachant des larmes de frustration. Un sanglot lui déroba une nouvelle grimace alors que sa nuque s'affaissait doucement, ne supportant plus de porter sa tête.

Elle s'était mise dans une galère monstrueuse. Rien qui ne déviait de l'ordinaire, effectivement, mais pour une fois dans sa vie, Lilou avait trouvé le pire là où elle ne l'attendait pas. Un petit rire s'échappa de sa gorge, un rire triste de celle qui n'y croyait plus. Elle avait envie de pleurer. Ça n'était pas seulement la douleur qui embuait ses yeux, mais le fait qu'elle avait perdu espoir sur le moment. Qu'il n'y en avait plus rien pour elle, plus comme avant. Lorsqu'elle s'était engagée, elle avait tant espéré. Tant de choses, mais surtout, un avenir pour elle. Elle avait été fière de son parcours, de sa manière d'agir. Elle s'était sortie de la crasse, de la merde de Rokade. Tout du moins, c'était ainsi qu'elle l'avait ressenti.

Mais non. Cette crasse tâchait durablement, et elle n'avait fait qu'en fuir l'odeur sans remarquer que c'était elle qui nécrosait depuis longtemps. Elle était ce monstre qu'elle escomptait échapper depuis toutes ces années.

C'était terriblement ironique de devoir se mettre aux portes de la mort pour le remarquer.

L-Lilou !

La voix inquiète de son confrère scientifique lui arracha un hoquet de surprise. Elle sentit d'abord sa main sur son épaule, et l'écarta d'un geste de son autre main valide. Elle retint avec peine un cri dans sa gorge, avec lequel elle manqua de s'étouffer. Ça faisait mal... ça faisait tellement mal qu'elle avait l'impression saisissante que ses propres muscles étaient en train de se faire dévorer par des flammes...

Vous... V-vous... êtes blessée...

Elle était meurtrie. Dans le plus profond de ses convictions sur le monde, dans ses croyances et les idéaux qu'elle avait dressé comme une bannière, comme un habit la recouvrant, comme une armure la protégeant. La guerrière qu'elle était devenue à force de coup s'était brisée comme du simple verre contre une lourde masse.

Rien de grave, Linus. Tu ferais bien de partir...

Partir. C'était quelque chose qu'elle n'espérait plus faire. La rouquine s'était enchaînée à la fin sans vraiment le vouloir. Lutter ? Pour quoi faire ? Dans quel but ? Et surtout avec quelle volonté ? Elle n'en avait même plus l'envie.

Et v-vous laisser là ? Objecta l'homme comme si c'était évidemment impensable.

Ses pupilles d'ambres se relevèrent vers lui. Vers ce visage troublé par l'inquiétude, alors que son compagnon d'infortune baissait le col de son haut pour contempler la brûlure qui lui dévorait le cou et l'épaule. Il esquissa une grimace, avant de se reprendre. Linus était ce genre d'homme à ne pas savoir cacher ses émotions. C'était comme si elles étaient trop fortes pour qu'il puisse les contenir. Étrange, pour un scientifique, se dit Lilou en esquissant une risette. Étrange qu'elle n'ait pas remarqué avant cette candeur infantile qui pourtant la soulageait sur l'instant. Elle était admirative de cet homme qui avait su rester lui, malgré toutes les années à baigner dans le cru, le vrai, le trop réel.

Tu bégaies moins, nota-t-elle avec un petit sourire en coin, une certaine tendresse dans le regard, à l'observer désormais d'un œil nouveau.
Qu-qu-quoi ? Lilou, qu'est-ce que ?

Etait-elle en train de délirer ? Il lui semblait, en observant la mine perdue de son vis-à-vis, que ses propres paroles ne correspondaient pas à ses attentes. Pourtant, elle s'était toujours montrée douée pour comprendre les attentes des gens, et pour ne jamais y répondre comme il fallait. Elle ne savait pas, au fond, tout au fond d'elle-même, ce qu'il lui avait pris. Ce qu'il s'était passé. La douleur lui vrillait la tête, un autre pique lui transperça les côtes, faisant tordre sa voix dans le fond de sa gorge. Sa respiration se fit traînante, profonde, rauque, elle avait l'impression lancinante que son poumon refusait de gonfler...

Tu devrais partir, répéta-t-elle comme s'il ne lui restait que ces paroles en bouche.

Articuler des mots étaient insupportable, insoutenable, mais ça lui sembla tellement important en croisant les yeux de Linus. Ses joues recouvertes de crasse, ses vêtements tâchés... L'odeur du formol. Là, soudainement, elle se mit à la sentir, couvrant celle de la chair brûlée. Il y avait ce parfum vif de formol, partout dans l'air, et enfin elle le remarquait.

Est-ce que v-vous...

L'odeur disparut en même temps que cette demande timide. Linus la fixait avec un petit regard perdu, une pointe de curiosité dans le fond des yeux. Lilou avait l'impression qu'au bout de ses lèvres, de sa réponse et d'elle, dépendait sa survie.

Est-ce que vous saviez, pour le Commodore ?

Elle le contempla un temps supplémentaire, avant qu'un petit rire lui échappe.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 9:33, édité 1 fois
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Serenity émergea à côté du quai. Sa jungle de surface remonta alors sous les yeux stupéfait des scientifiques et marines du coin. Lorsqu'elle mit le nez dehors, soulevant sa trappe d'accès, elle avança dans cette forêt aquatique, ses hommes derrière elle, avant de se rendre vers une extrémité. Devant elle, une flopée de gens qui avaient relevé le nez vers elle pour la saluer. Elle en fit de même, d'un signe de la main, tandis que dans la foule se distinguait une silhouette qu'elle connaissait pour l'avoir fréquenté quelques jours.

L'Amiral Shiro en personne.

La rouquine fronça les sourcils, lançant un petit regard fâché à Monty qui venait de lui enfoncer le coude dans les côtes pour lui faire passer un message. Elle savait déjà ce qu'il avait derrière la tête, et il n'était pas question une seule seconde qu'elle tente quoique ce soit. Elle prit juste une profonde inspiration en sautant sur le quai, perçant à travers la masse pour se diriger vers l'homme en question. Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, elle se posta à quelques pas de lui pour lui faire un salut militaire d'usage, comme le Capitaine Haddoc lui avait appris à son départ.

Et Shiro lui rendit un sourire et le même salut, respectueux et avenant comme à son habitude. C'était agréable de voir que certaines choses ne changeaient pas, et qu'il ne lui en fallait peu pour être rassurée.

Elle avait appréhendé sa venue, évidemment. Parce qu'elle était seule, qu'elle avait laissé ses compagnons d'aventure à Water Seven, et que c'était la première fois qu'elle mettait les pieds à Marie Joie. Le trajet avait donc été incroyablement long jusqu'à la capitale. Dans la tête de la rouquine, le temps s'était distendu et lui jouait des tours au passage. Lorsque Monty était venu la chercher dans sa cabine pour lui signifier qu'ils arrivaient, elle n'en avait pas cru ses oreilles, son cœur avait raté deux battements, et elle avait tout fait pour ralentir la cadence...
Sauf que rester prostrée et stoppée sous l'eau n'était pas une solution. Bee avait tenté de la rassurer, Monty avait cherché des arguments divers et variés, Pun Bah s'était contenté d'une tape amicale sur l'épaule. Elle devait avoir du courage, elle en avait eu assez pour remettre les machines en route et débarquer pour de bon. Mais ça n'avait pas été simple de s'en convaincre.

Face à Shiro, elle avait l'impression d'être toujours aussi insignifiante. Et ça n'était rien comparé à la troupe de soldats autour, là pour admirer Serenity, qui l'intimidait au passage. Elle ne se connaissait pas aussi réservée, et bizarrement, l'impression d'être faite de verre lui revint au passage. Elle se couvrit de Haki pour se protéger de ces inconnus, de l'inconnu surtout, et Shiro se contenta de lui mettre la main sur l'épaule pour la rassurer.

Ça va, avait-il soufflé d'une voix grave avant de lui désigner le bout du quai : Partons d'ici, nous avons beaucoup à nous dire, je suis sûr.

Elle acquiesça du chef avant de faire volte face, talonné par l'Amiral. Arrivés à l'endroit escompté, il lui somma de le suivre, la conduisant jusqu'à des chemins qu'elle était sûre de ne jamais retenir avec son sens de l'orientation limité. Ils n'échangèrent aucun mot pendant quelques instants, jusqu'à ce que Shiro aborde d'un air détaché le sujet des vacances à Kamabaka.

En une question, la rouquine fut comme débridée. Son regard timide se courrouça très vite, et elle ne manqua pas de lancer à son vis-à-vis qu'il s'agissait d'une très mauvaise idée, autant d'avoir obligé ses vacances que de vouloir en parler. L'ambiance se détendit presque immédiatement, et Lilou en profita pour détailler ce qu'il s'y était passé. Les okamas, le kidnapping, la perte de la moitié de l'équipage restée là-bas pour profiter des licornes et du mascara...
La conversation dévia sur d'autres sujets. Le Léviathan, évidemment, sur l'avancée des travaux, sur l'arrivée de ce dernier. L'amiral lui promit de s'occuper des détails pour les festivités, et que Lilou n'aurait qu'à y jeter un coup d'oeil, serrer quelques mains et retourner à des occupations bien plus intéressantes pour elle, en compensation.

C'était sans doute un moyen pour lui de payer sa dette, de se faire pardonner le fiasco de Kamabaka...

Mais lui en voulait-elle seulement ? Alors qu'elle gardait son sourire, serrant sa veste d'officier sur ses épaules, elle n'en était plus très sûre. L'Amiral Shiro avait cette capacité à se faire pardonner bien trop aisément ses erreurs, quand il en faisait.

Et elle oublia encore plus vite sa rancoeur déjà estompée quand il lui annonça d'une manière totalement innocente que Végapunk cherchait un nouvel assistant.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 9:38, édité 1 fois
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De son bras, jusqu'à son épaule, c'était ça le plus douloureux. Cette partie précise qui la faisait s'essouffler plus vite.

Ça n'était rien comparé à ses côtes meurtries qui hurlaient dans son corps. Ses os brisés à la force des poings d'acier qui s'étaient abattus sur elle pour la casser en mille morceaux. Mais elle était toujours debout, le souffle court, ses yeux d'ambres rivés sur le corps au sol du Docteur Végapunk. L'homme de science la fixait avec un petit sourire en coin, pouffant de rire sans pouvoir se retenir. Sans doute dans le but de se convaincre que tout allait encore bien, comme un chat qui ronronne pour se rassurer.

Il tendit la main vers fauteuil roulant, envoyé valdinguer dans un coin lors de l'affrontement. Il tendit plus loin, allongeant son bras pour tenter s'en saisir l'accoudoir sans y parvenir. Il renonça alors, laissant son membre s'affaisser, et lui retomber au sol. Son rire le secoua toujours, faisant bouger sa poitrine. Sa paume se porta à son ventre, de son beau costume de soie sous sa blouse blanche tâchée de sang. Son sang. Il déglutit péniblement, se laissant soupirer ensuite avant de cracher de l'hémoglobine en s'étouffant à moitié avec.

Je pensais...

Articuler fut douloureux. Lilou le sentait. Comme le bleu qui marbrait son torse, ses côtes flottantes martelées par l'affrontement. Comme la douleur lancinante dans son dos, ou le fait que respirer était devenu un supplice. Son souffle sifflait, elle éprouvait les gonflements de son torse comme une torture à chaque fois. Elle tenait sur ses deux jambes certainement par miracle, elle était debout parce qu'elle n'avait peut-être pas encore fait le choix de tomber...

N'était-ce pas ce qu'elle avait dit à Kiril, dans une de ses lettres, quelques temps plus tôt ? Ça n'était pas tomber qui était une fatalité. Mais mourir. Lorsqu'on tombait, il suffisait de se relever. Un sourire triste sur le visage. « Il suffisait ». En sentant la douleur dans son corps, elle n'était plus sûre que des mots sur une lettre allaient faire la différence pour cette fois. Elle avait eut envie d'y croire, lorsqu'elle les avait écrit pourtant...

Mais maintenant, n'était-ce pas trop tard pour ça ? Pour croire qu'être en vie était suffisant pour poursuivre l'aventure. Et quelle aventure... Est-ce que tout ça valait la peine ? Elle referma les poings, sentant l'huile dessus l'empêcher d'y planter ses ongles. Le gras, désagréable, qu'elle tenta d'essuyer ensuite sur ses vêtements salis et déchirés.

Je pensais pas-

Il recracha un autre glaviot de sang, qui retomba sur son col. Et Lilou eut un petit rire ironique qui fut une véritable torture. Elle aurait mieux fait de s'abstenir.

Au milieu de ce champ de bataille, elle était la dernière encore debout, et elle ne l'était que par miracle. Sa volonté s'estompait progressivement autour d'elle, malmenée, éreintée, mais toujours présente. Couverte de brèches qu'on avait pris soin de creuser encore plus, pour mettre à jour ses failles lors de ce combat.

C'est justement ça le problème...

Sa voix coupa court à ce début de conversation, à ce qui aurait pu être une discussion entre deux morts en sursis. Lilou n'avait pas envie de parler. En fait, elle n'avait pas envie d'échanger quoique ce soit de plus avec cet homme. Elle tituba jusqu'à lui, se pencha pour ramasser un éclat de verre. L'arme, dans sa paume, entailla sa chair sans qu'elle ne grimace de douleur. Elle avait trop mal ailleurs pour s'inquiéter de ça, pour s'en faire pour cette plaie s'élargissant progressivement à mesure qu'elle serrait sa paume.

Elle éprouvait toujours cette furieuse colère au sein d'elle même, comme un nœud incroyablement serré autour de son estomac, emmêlé autour de son cœur. A côté de la douleur perçante dans ses poumons qui lui faisaient un mal de chien... Qu'importait. Elle tituba encore un peu plus, traînant le pied jusqu'au corps étalé du Docteur Végapunk. De cet homme qui l'avait fait rêvé pendant trop longtemps, de celui qui portait un titre trop noble pour qu'elle puisse accepter qu'il l'utilise encore... Lilou ruminait sa colère, nouant un peu plus sa gorge. Elle s'avança toujours, d'un pas lent. Incroyablement lent, comme pour signifier l'inévitable d'une démarche incertaine qui traduisait sa souffrance.

Et alors qu'elle surplombait son vis-à-vis, étalé au sol, Sengoku Jr lui adressa un dernier sourire. Le sang coulant de ses lèvres, tâchant son teint pâle, sa peau de pêche, ses habits de soie, elle s'abaissa brutalement pour planter dans sa gorge le morceau de verre qu'elle tenait jusque là.

Ses doigts mirent un temps infini à se dénouer. Elle ne les sentit pas vraiment faire. En fait, Lilou se sentit juste glisser sur le côté, doucement, s'asseoir au sol et se poser contre l'étagère derrière elle. Elle sentit ses forces la quitter sans rien faire pour les retenir...

C'était plus facile ainsi.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 9:43, édité 1 fois
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Elle avait rencontré Végapunk.

En chair et en os. Et en fauteuil aussi, mais ça n'était pas très important ça. Lilou était restée pétrifiée d'abord devant lui, lorsqu'elle s'était proposée comme candidate au poste d'assistant qu'il désirait. Et quand elle avait le tour de tous ces scientifiques qui enviaient cette place, pour la majorité en service déjà à Marie Joie depuis plusieurs années, qui envisageaient cela comme une véritable promotion, elle se sentit ridiculement petite.
Mais en tant que guerrière émérite, qui avait remonté Grand Line comme une grande, menée un équipage jusqu'à sa fin et travaillé efficacement sur le Léviathan, elle n'allait pas se démonter. Kiril lui avait bien dit : elle ne devait avoir peur que de son elle du passé, que de ce qu'elle était avant. Mais cette peur ne devait être qu'un moteur de plus pour lui permettre d'avancer. Alors, elle avait tenu bon durant cette entrevue brève. Même si Végapunk était un homme atypique, un okama de surcroît, bien maniéré, elle n'en avait eu que faire.

Ses assistants qui l'entouraient comme une véritable armada, avaient fait le tour des rangs pour distribuer des dossiers par dizaine. Avec la promesse d'un entretien plus personnalisé quelques jours plus tard pour chacun, le temps de laisser l'occasion à tout le monde de se familiariser avec les travaux qu'il expérimentait ces derniers temps. Cette place en jeu était donc une aubaine incroyable, une chance à saisir, que Lilou se refusait de laisser passer...

Elle était faite pour cette vie.

Dans le parc de Marie Joie, elle avait laissé sa lettre au service postal, pour que Kiril l'ait, et elle avait décidé d'être appliquée et très sérieuse. Ses dossiers en main, elle profita du beau temps dans la capitale pour se mettre à l'extérieur, sortir de son labo, et chercher l'inspiration. Les premières lignes signifiaient que ce qu'elle avait entre les mains était classé secret défense, ce qui expliquait pourquoi la moitié des paragraphes étaient rayés de noir. Ça commençait presque mal...

Poussant un long soupir, une silhouette dans son champ de vision l'extirpa de sa lecture, elle releva alors le nez en entendant une voix s'adresser à elle :

V-Vous êtes l'Ingénieur Gé-Général des Armées, Jacob, n'est-ce p-pas ?
Mh ?

Devant elle, un homme pas bien grand, svelte. Le visage doux et rond, un petit nez en trompette, des yeux malicieux et des cheveux châtains coupés courts. Lilou le fixa un temps pour essayer de savoir à qui elle avait à faire, mais son visage ne lui revint pas, et elle ne réussit pas à voir l'étiquette sur sa blouse blanche. L'homme se pencha vers elle en tendant la main, s'emparant de la sienne pour la serrer et la secouer avec entrain :

Oh, je s-suis honno-honnoré de vous rencontrer. J'ai été amené à c-croiser b-beaucoup de beau m-monde m-mais je dois d-dire que vos travaux du-durant la r-r-renovation du Lévia-Léviathan sont sincèrement.. F-f-... F-fantastique !
Merci, réussit à placer Lilou alors qu'on lui secouait toujours vivement la paluche en désarticulant à moitié son épaule.
Ce-ce-ce qui m'impressionne l-le plus, c'est le fait qu-qu-que vous ayez menez s-ses membres du même temps. La b-b-b-rigrade scienti-tifique  n'est c-composée d'ordinaire qu-que de scientif-f-fique justement... V-vous êtes la p-première à être à la fois guerrière et s-s-scientifique ! En-enfin...
Je ne dois pas être la première...
La première qu-que je rencontre, d-disons.
Excusez-moi mais... Vous êtes ?

Elle avait tellement l'impression de passer pour une rustre sans manières alors que lui semblait être un véritable fan. Comme elle un peu plus tôt devant Végapunk. C'était surprenant autant d'enthousiasme à la voir. Elle commençait à avoir sa petite réputation, ça n'avait rien d'étonnant, même si elle n'était pas encore familière à tout ça...

Oh... Désolé, je m-manque de manières s-s-souvent... Mauvaises habi-bitudes... Linus M-McBalk. Chimiste.
Je n'y connais rien en chimie alors... Excusez moi si je ne vous remets pas.
P-pas de p-problème. C'est m-moi qui suis du g-genre curieux, en f-f-fait.

Un silence tomba entre les deux. Linus vint s'installer juste à côté d'elle sans qu'elle ne l'invite pour autant. Elle fit mine de rien, bien que ça soit incommodant, et l'entendit taper nerveusement du pied sur le pavé. Elle décida d'engager la conversation, pour le détendre légèrement. Cet homme n'avait pas l'air méchant, mais peu habitué aux relations humaines. C'était ce qui arrivait quand on passait trop de temps dans un laboratoire à parler à des échantillons il fallait croire.

Quelques minutes plus tard, d'une conversation bateau à souhait, Linus se racla à nouveau la gorge et parut soudainement gêné.

Vous... Vous c-connaissiez le Commodore J-J-Jenkins, parait-il ?

Lilou recroisa le regard de Linus, plissant les yeux. Etait-il sérieux ? Il y avait eu beaucoup d'articles sur Jenkins et son odieuse trahison, comme de son attaque d'une des nouvelles prisons du gouvernement, et une enquête avait été mené en toute discrétion sur le Léviathan pour voir si une personne à bord était au courant de ses plans. Lilou avait tout fait pour protéger ses hommes des retombées des méfaits de leur ancien capitaine, et reparler de lui après la relation qu'ils avaient eu restait sensible... elle fit un effort formidable pour ne pas se renfermer totalement, et resta à l'écoute bien qu'un peu plus froide dans sa posture :

Ça p-peut p-p-parraitre indiscret mais, je-je... J-j'ai eu l'occasion de li-lire son dossier psychiatrique et... Sa remise en ser-service était spectacu-cu-culaire... Enfin... Je vou-voulais sa-savoir si vous... Saviez p-pour... ?

Soudainement, son bégaiement qui jusqu'ici ne l’interpellait que peu se mit à lui taper sur le système. Elle crispa les poings, froissant le dossier qu'elle avait entre les mains, avant de reprendre :

Pour quoi ?
Vous s-savez, son... Enfin...

Il arrêta de parler, sentant une flamme de colère brillait derrière les prunelles d'ambre de Lilou. Non, il avait fait un faux pas. Et il fallait être aveugle pour ne pas le voir. L'homme se renfrogna immédiatement, en ajoutant un petit « non, l-laissez-tomber ! C'est s-s-stupide... » qui coupa court à l'histoire. Il fut prêt à partir quand Lilou le retint :

Linus... Si vous voulez qu'on soit amis, il y a quatre sujets de conversations à éviter avec moi. Le premier, la guerre de Jaya. Le second, Tahar Tahgel. Le troisième, Rokade. Et le dernier, Oswald Jenkins.
Eh. B-b-bien. Ça limite la d-d-discussion mais... C'est limpide, comme s-s-solution, fit-il avec sa blague de chimiste qui lui arracha un petit rire. Une blague que Lilou ne saisit pas forcément mais tant pis. Il se réinstalla à côté d'elle, curieux de ce qu'elle avait entre les mains : Vous... Vous avez r-reçu le dossier ? Pour le p-projet H ?
Bien entendu...
Qu'est-ce qu-que vous en... P-p-p-pensez ?
Pas encore étudié. Pourquoi ?
P-pour rien. D-d-dès que vous l'aurez f-f-fait... Ve-venez me v-voir, d'accord ?

La rouquine plissa les yeux, puis hocha la tête ensuite avec un petit sourire :

D'accord.
Nous pourrions p-parler de l'arrivée du Léviathan ! Enchaîna-t-il juste après, une lueur vive dans le regard.

La rouquine n'était pas sûre de ce qu'elle devait en penser. Avait-elle à faire à un stalker ou quelque chose dans ce genre-là ? Ce Linus avait l'air presque trop gentil pour penser quoique ce soit de mal. Peut-être était-elle trop braquée, trop farouche, pour les relations humaines. Mais elle était prête à faire un effort. Linus travaillait ici depuis un moment visiblement, il pourrait sans doute l'aider à ne pas se perdre dans les laboratoires, et ça serait sans doute un bon début.

Bonne idée.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 9:49, édité 2 fois
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Il ne restait que lui.

Lilou poussa un long soupir en portant la main à son épaule. Mais la douleur n'en fut que plus vive, et elle regretta amèrement son geste dans la seconde qui suivit. Laissant une grimace lui échapper, elle fit un mouvement en arrière lorsque le pacifista Y. tenta une nouvelle offensive en se projetant vers elle. Sa carcasse immense s'enfonçant dans le mur derrière elle, qu'elle évita de justesse en tombant au sol. Ses mains s'écorchèrent sur le verre éclaté au sol, trempant ensuite dans le formol qui recouvrait le carrelage, lui dérobant une nouvelle grimace de douleur.

Elle était épuisée. Elle avait lutté longuement la première fois, trop. A deux contre elles, à devoir penser à la survie de Linus, à leur fuite, deux machines de guerre d'une agressivité et d'une obstination sans pareil, elle avait manqué d'y perdre un bras, voire plus. La brûlure qui lui dévorait le cou et une partie de l'épaule en était la preuve. Ses fringues n'étaient presque plus que des lambeaux. Son jean déjà usé était écorché de toute part, et souillé par le sang. Son sang. Car les bêtes qu'elle affrontait ne saignaient pas lorsqu'on les touchait.

Elles ne sentaient pas la douleur non plus, et rien ne les ralentissait. Elle était venue à bout de l'un à force de coup imbibé au haki, mais la fatigue prenait le pas sur le reste, comme la plaie qui lui pompait son énergie à force de la faire souffrir.

La jeune femme se releva dans la précipitation quand le P.Y. s'extirpa des décombres comme on sort un couteau de dans du beurre. Les gravats tombèrent de ça, de là, sans que le pacifista n'en soit plus troublé. Alors, elle prit les jambes à son cou, s'engageant derrière une étagère encore debout. Ça n'arrêta pas la machine, qui s'attela à démonter le meuble à la force des bras, lui balançant les débris comme on balance une balle. Sauf que là, il s'agissait d'une balle de plus de vingt kilos qui lui arrivait en plein visage comme une cartouche de fusil.

Elle l'évita en se jetant entre deux étagères, passant grâce à sa petite taille à travers elle. Ça n'arrêta pas non plus la machine, qui démonta tout sur son passage pour continuer ce qu'elle faisait jusqu'ici. Et courir ne suffit plus à la rouquine pour faire face. Ses jambes la faisaient déjà souffrir, et elle ne savait plus où donner de la tête. Le laboratoire de Végapunk était maintenant un champ de mines, de verre, d'objets contondants qui finiraient pas la broyer. En se redressant, elle eut la surprise de voir une ombre massive au-dessus d'elle... Et en se retournant sur le dos, à peine le temps de croiser les bras devant elle pour soulager l'impact qu'elle reçut.

Piétinée. Elle se faisait piétiner comme un vulgaire insecte par un géant d'acier qui ne voulait rien comprendre de ses cris. Le haki la recouvrait entièrement, amortissant l'offensive pourtant d'une violence sans pareil. Le carrelage se creusa sous elle, formant un cratère terrifiant. Mais sa volonté la lâchait, la faute à la fatigue, à l'épuisement du premier affrontement qui ne l'avait pas ménagé.

Comment pourrait-elle s'en sortir maintenant ?

C'était une question qui lui revenait en tête. Si les accès du laboratoire étaient coupés, mettant presque tout en quarantaine, retardant l'arrivée des troupes au passage, elle ne se voyait plus s'extirper de ce guêpier infernal dans lequel elle s'était fourrée en arrivant ici. Elle avait fait une erreur, terrible et terrifiante, et voilà qu'un robot géant et renforcé en voulait à son intégrité physique.

Elle se saisit d'une occasion. Quand le pacifista releva une énième fois la jambe, plus lentement, elle attrapa de la main une tige métalique, et en profita pour rouler sur le côté. Le pied du cyborg s'enfonça profondément dans le sol, et Lilou se remit sur ses pieds dans la précipitation.
Elle tituba péniblement, prenant d'assaut son agresseur pour cette fois. Avec comme seule arme une barre de fer qu'elle imprégna de son haki. L'armement rencontra la rotule du géant, une fois, puis une seconde dans la foulée, alors qu'elle bloqua l'articulation. Elle tordit la barre quand son adversaire tenta de l'attraper, elle se faufila entre ses bras pour s'éviter de mourir, mais se retrouva coincée quand en passant sous ses jambes, il lui posa la main dessus.

La main, puis un violent coup de poing qui l'envoya s'écraser contre le sol. La rouquine ne réussit qu'à amortir sa propre chute grâce au haki, mais elle ne vit pas venir le second coup qui lui éclata les côtes violemment. Elle retint un cri de douleur parce que respirer et hurler n'en fut que plus douloureux. Par réflexe, son haki des rois prit le pas pour la faire survivre. Il écrasa tout, broya, violemment, une aura puissante qui exhalait d'elle comme jamais auparavant. La vague qui se propulsa d'elle grilla quelques secondes les circuits du pacifista, laissant du répit à Lilou pour se retourner cette fois. Elle se traînait au sol comme un ver, pathétique et si faible. Mais quelques secondes seulement, car le robot se remit en fonction presque immédiatement, toujours motivé par la volonté de l'avoir.

Il l'attrapa dans sa main, la souleva, et étrangement, Lilou se laissa faire. Peut-être parce qu'elle n'avait plus la force de lutter, ou de courir seulement. Sa poigne se resserra autour de sa taille, toujours plus fort... Mais la rouquine se concentra pour maintenir son haki. Si des faiblesses, des failles, apparurent, elle ne renonça pas...

Elle ne voulait pas mourir. Elle ne pouvait pas. Pas ici. Pas comme ça. Pas encore. Quand bien même tout ça semblait inévitable. Sa respiration devenue douloureuse se fit plus lente alors qu'elle tentait de retrouver son calme. Elle devait l'être pour s'assurer une chance, pour rester concentrer. Car progressivement, la machinerie censée la broyer fut au prise avec quelque chose de plus dense. Elle. Son haki. Sa volonté.

Le pacifista ne renonça pas. Il ouvrit la bouche, une lumière vive se concentra à l'intérieur de celle-ci. Il avait l'intention de lui faire cramer la tête pour expédier l'histoire. Mais non, hors de question... Elle lui asséna un premier violent coup de poing chargé au haki, suivi de près par un second, puis d'un troisième parce que jamais deux sans trois. La mâchoire dévia de son axe, le lazer également, éclatant une énième fois le laboratoire, explosant le blindage de la porte d'entrée. Les paumes de la rouquine se placèrent de chaque côté du visage du cyborg. Et elle pressèrent, devisèrent, méthodiquement, avec force, conviction, soulevant en même temps la tête de ce dernier.

Il y eut un crissement singulier, puis un jet d'huile lui sauta aux yeux avant que la tête ne cède finalement et ne se sépare du corps. La colonne suivit, et la main lâcha sa prise, laissant l'ingénieure retomber au sol avec son bien entre les paumes...

Le corps retomba au sol lourdement, juste avant que la rouquine ne fasse rouler la tête qu'elle venait de décapiter au pied du Docteur.


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La rouquine avait eu son rendez-vous de fixé. Sur la trentaine de candidat, elle faisait parti des dix chanceux ayant l'occasion de pouvoir avoir un tête à tête avec le grand Docteur Végapunk. On lui avait confié du coup une vingtaine d'autres dossiers quelconque à étudier, pour qu'elle puisse avoir de la conversation lors de cet entretien, et à peine était elle revenue dans sa chambre qu'elle s'était mise immédiatement au travail.

Beaucoup de choses y passèrent. De la médecine à la mécanique. Mais un seul parmi le lot retint vraiment son attention et lui rappela la discussion étrange qu'elle avait eu avec Linus quelques jours plus tôt.

Le projet H.

La curiosité l'avait poussé à se concentrer sur le sujet, bizarrement, à ne rien laisser passer. Et... Elle avait tourné ça dans tous les sens, elle en était venue à une conclusion qui lui semblait évidente : Il y avait quelque chose d'étrange dans ce projet H.

Mais Lilou n'arrivait pas forcément à mettre la main dessus.

La rouquine avait pourtant essayé de comprendre ce qui ne tournait pas rond, mais peut-être était-ce seulement les résultats en eux même qui la laissèrent songeuse. Peut-être parce qu'elle n'y comprenait pas tout. La chimie restait par exemple un mystère entier pour elle. Bon, bien sûr, elle arrivait à saisir certaines réactions, mais les noms des ions et compagnie, très peu pour elle. Du coup, bien des choses lui échappèrent, et elle resta pensive devant.

C'était surtout la partie mécanique et ingénierie qui la laissèrent le plus dubitative. Bien qu'il était difficile pour elle de lire entre les lignes, surtout quand la majorité était recouverte de feutre noir pour éviter justement qu'elle n'en sache trop, elle n'arrivait pas à comprendre comment ils avaient pu parvenir à obtenir une greffe permettant l'installation de branchies d'homme poisson sur un corps humain. Théoriquement, ça pouvait s'envisager. Mais seulement théoriquement. La pratique était sans aucun doute bien différente, et elle ne voulait même pas parler de rejet des greffes pratiquées.

Elle prit la décision de sortir de sa chambre ce soir-là. Ses pas la menèrent jusqu'aux quartiers où vivait Linus, bien qu'ils la perdirent aussi plusieurs fois dans ce dédale de couloir.

Finalement, elle arriva à la porte de l'homme, frappa plusieurs fois et attendit. Des mouvements à l'intérieur, puis le bafouillement d'une personne jurant qu'elle arrivait. Elle ne s'était pas trompée. Et elle en eut la certitude lorsque le bègue lui ouvrit en s'étonnant de la voir là, sous son nez, à une heure avancée. Certes. Elle avait choisi son moment.

Linus... Vous vouliez qu'on en parle, fit-elle simplement en haussant les épaules.

Le chimiste tenait dans sa main droite sa brosse à dents, dans l'autre la poignée de la porte. Paralysé, étonné et en pyjama à motifs digne d'un enfant de sept ans, il regarda dans sa chambre comme pour s'assurer qu'elle était assez en ordre pour recevoir quelqu'un, et se retourna finalement vers elle :

Ah.

Il lui fit la place, et ajouta simplement :

Entrez...


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La vie était comme un cycle qui se répétait sans cesse. Inlassablement, les mêmes instants repassaient sans que quiconque puisse y faire quoique ce soit pour s'en tirer. Ce cycle était l’inéducable de l'espèce humaine. Les mêmes schémas revenaient, infatigables d'exister. A chaque montée correspondait une chute, que personne ne pouvait éviter. L'apogée appelé forcément la retombée, comme le blanc exigeait le noir, la nuit le jour, la vie la mort. Des empires naissaient chaque hier, d'autres s'effondraient chaque demain.

Un cycle, donc.

Il n'y avait bien qu'une seule entité qui repoussait cette évidence, cette loi de la nature, s'érigeant au dessus de tout principe et de toute morale humaine. Au-dessus même de ce qu'était l'être au plus profond, au dessus des sentiments et de la chair dont étaient faits les hommes. Il n'y avait qu'un être, si on pouvait l'appeler ainsi sans le réduire, pour se permettre de ne plus s'y fier, et même de ne plus s'en soucier. Dieu.

« De dieu vient la Machine.
Et de la Machine vient Dieu.
 »

Deus Ex Machina

Et c'était pour Dieu que c'était pris un homme.

Lilou resta sourde aux demandes du Docteur, évitant avec soin les offensives qu'elle subissait toujours depuis qu'elle avait mis le nez dans ce merdier sans nom. Son adversaire aux commandes de ces monstres d'acier, dont un qu'elle avait réussi à démonter avec le plus grand soin, elle sentait la colère battre à ses tempes, comme si son cœur était à présent dans sa tête, et palpitait à s'en rendre malade. Entendre cette voix aiguë s'élever et s’agacer de ne pas pouvoir se saisir de cette rouquine trop vive pour se laisser mourir ici la crispait déraisonnablement. Jamais de sa vie elle n'avait éprouvé autant de colère envers quelqu'un, et pourtant, Dieu savait à quel point elle pouvait être en colère.

Elle avait cette impression têtue que les muscles de son épaule et de son cou se contractaient avec violence pour la faire souffrir, pour ne pas se faire oublier. Mais comment oublier cette brûlure qui lui dévorait la moitié du bras, hein ? Comment passer outre ? Elle n'en pouvait plus. Esquivant toujours, courant pour sa vie, à en perdre haleine, hurlant pour s'éviter de mourir. Elle se faisait légère et insaisissable pour ne pas passer l'arme à gauche, mais tout ça devenait trop compliqué. Se cacher ? Elle n'y parvenait qu'une poignée de seconde dans les décombres du laboratoire, s'écorchant les genoux sur les morceaux de verre qui parsemaient le sol, se rappant les mains sur les gravats.

Et plus tout cela avançait, plus le temps s'écoulait, plus son corps endurait... Plus elle se rendait compte qu'elle ne s'en sortirait pas. Roulant boulant, elle mit la main sur l'un des outils de Végapunk. Un scalpel, une paire de ciseau, des écarteurs... le plateau qu'elle avait renversé tantôt, en passant par-dessus la table d'autopsie dans le but évident de lui faire la peau. Sur le moment, elle s'était sentie partir, son esprit avait vrillé comme jamais auparavant, laissant place à une violence et une haine qu'elle n'avait jamais ressenti à l'égard de personne...

Lilou s'empara du scalpel, et se faufila derrière les étagères écroulées aux contenus renversés à même le sol. Les expériences du Docteur éventrées, sans plus rien pour les conserver. Elle se fit discrète, cherchant à disparaître... Mais elle ne le put pas vraiment, car le pacifista qui la traquait enclencha l'une de ses fonctions thermiques pour la trouver.

Son répit, elle l'eut seulement parce que Linus bougea de sa cachette à ce moment-là, distrayant le robot en s'enfuyant au pas de courses vers une autre planque. Le géant se mit aux trousses du scientifique, jusqu'à ce qu'une voix s'élève au-delà des décombres, sur une chaise électrique faite de plusieurs bras mécaniques :

Pas lui, idiot ! Il poussa un soupir exaspéré : Tu t'occuperas de lui plus tard !

Le répit qui fut accorder à la rouquine ne fut donc que de courte durée. Mais elle en profita comme espéré, rampant derrière un morceau du plafond pour se rapprocher de sa vraie cible. Sauf qu'on pouvait lui reprocher de ne pas être vraiment discrète, notamment à cause de sa chevelure de feu qui se voyait qu'importait où elle se trouvait.

Là ! Elle est là !

Végapunk s'agita sur son siège à la désignant du doigt, avant d'appuyer sur tous les boutons de son fauteuil pour activer ses bras et vraisemblablement lui même faire le boulot.

Chié...

Prise entre deux feux, elle choisit de se relever et de foncer dans le tas. Mais quand elle comprit qu'elle n'avalerait jamais la distance entre Sengoku Jr et elle avant que le pacifista n'arrive pour lui refaire le portrait, elle choisit le plan B. Elle prit le scalpel comme un couteau de lancé, plaça ses appuies, et étendit son bras. Sa jambe ripa, mais la trajectoire de l'arme tint bon, passa les bras mécaniques et s'enfonça dans le ventre de sa cible, comme dans du beurre. L'homme ne calcula pas immédiatement sa plaie. Il avança encore vers elle, avant que la douleur ne l'empêche d'aller plus loin, et que le sang commence à imbiber sa chemise en soie rare. Il retira le scalpel à l'aide d'un de ses bras mécaniques, et sans doute que ça ne fut pas la meilleure idée du siècle...

Ensuite, elle eut tout juste le temps d'encaisser le coup suivant en se recouvrant de Haki, se faisant projeter à terre comme une poupée de chiffon malmenée par un gamin turbulent et recouvert de métal.


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Le projet H ? ~ ♥

Le rendez-vous.

Elle l'avait attendu en trépignant comme une gamine. Lilou avait été convié dans un bureau spacieux, d'un blanc immaculé. Elle avait eu le temps d'en faire le tour trois fois, d'admirer les œuvres d'arts accrochées aux murs, en se disant qu'un scientifique qui savait apprécier l'art ne pouvait pas décemment être une mauvaise personne. Ou tout du moins chercha-t-elle à se convaincre au fond que ses troubles n'étaient que des doutes incertains qui n'étaient rien de concrets. De sa discussion avec Linus, elle n'avait rien tiré de particulier... Ils s'étaient tous deux dit qu'après l'entrevue, ils y verraient plus clair.

Et elle avait espéré longuement. Elle voulait, plus que quiconque, que cette discussion apaise ses tensions. Quand le bruit de la chaise électrique avait sorti la rouquine de ses contemplations, le docteur et elle avait amorcé une discussion longue à propos de bien des sujets. Ingénierie, mécanique, entretien du Léviathan, gestion d'une équipe de scientifique, médecine. Lilou avait avoué ses faiblesses, ne se privant pas pour mettre ses points forts en avant.

Aux quelques questions tests que l'homme lui avait posé, elle s'était débrouillée. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, l'angoisse et le stress lui tenaient le ventre. Elle était une gamine qui tentait d'impressionner une icône dans bien des domaines, ce qui n'avait rien d'aisé.

Mais tout le long, le projet H lui était resté en tête, tout comme la conversation qu'elle avait eu avec Linus à ce sujet. Alors finalement, elle avait pris son courage à deux mains, se décidant à aborder la question avec le premier concerné. Elle était restée simple, sobre, dans sa manière de faire, posant ses mains sur ses genoux en affichant un sourire rassurant et confiant. L'okama en face d'elle resta circonspect un temps, comme agréablement surpris. Puis, ses lèvres légèrement coloré à l'aide d'un rose fushia s'étirèrent en un sourire ravi :

Vous avez les yeux plus gros que le ventre, mon petit cornichon ! A peine arrivée et déjà vous voulez vous impliquer dans les gros dossiers ! ♥

Voilà ce que c'était. Un gros dossier. Et vu la manière dont il abordait la chose, elle n'était pas sûre de pouvoir en tirer plus. Cette fierté mal placée mêlée à une sorte de malice qu'elle n'aurait su dire bonne ou mauvaise dans le regard. Lilou se crispa légèrement sur son siège molletonné, se dénouant les épaules pour se décontracter juste après :

Je suis juste... Curieuse d'en savoir plus...

Même si ses réponses restaient simples et interchangeables, le Docteur n'en fut que plus content. Cette approche sobre, ni trop conquérante ou exigeante, ni trop timide. C'était peut-être ce qu'il cherchait en l'assistant qu'il désirait. Mais il avait encore trop d'entretien à faire passer pour se décider dès à présent. Une autre sélection allait avoir lieu très vite de toute façon, alors... S'il restait froid aux charmes naturels de la rouquine qui lui faisait face, ça ne l'empêchait pas d'apprécier pleinement cette personnalité vive.

He bien, vous en saurez plus lorsque vous aurez réussi tous les tests ! ♥ Fit-il sans pouvoir cacher sa joie.

Ses yeux papillonnèrent un instant. Avant qu'il se reprenne :

Soyez la meilleure, et je vous dirais tout !


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Un frisson lui remonta l'échine, se plantant à la naissance de son cou.

Elle expira très lentement en se retournant. Linus, à ses côtés, fit un pas en arrière, essayant de s'esquiver du regard des deux pacifistas qui venaient de sortir des sous-sols du laboratoire. Évidemment. Et sur les deux scientifiques dissidents présents dans cette pièce, elle était la seule à avoir l'expérience du combat. Quand elle perçut le premier mouvement du modèle P.Y., elle eut le réflexe de repousser Linus brutalement. Le robot s'élança comme un boulet de canon en ayant pour objectif de pulvériser l'homme au passage. Mais il n'était pas question de le laisser faire.

Linus roula-boula sur le sol quand Lilou lui ordonna fermement de se planquer. Ok. Elle allait être seule face à deux énergumènes contrôlés par un taré consanguin. Très bien. Elle avait vu pire, non ? Après Jaya où elle avait défait Flist, après Kamabaka où elle avait affronté tout un pays... Il y avait pire. Reculant pour s'éviter de mourir en un saut souple, elle respira lentement. Quand le P.Z. arma son poing, la rouquine eut le réflexe de retourner la table d'autopsie par-dessus laquelle elle passa, balançant tout au passage pour se planquer derrière. Quelques insultes fleuries lui furent adresser venant tout droit de Végapunk qui la détestait cordialement désormais...

Mais qu'importait.

La table encaissa le coup non sans peine. L'acier se plia sous le choc, et Lilou prit l'initiative de se trouver un autre endroit où se planquer. Veillant à ce que Linus soit déjà à l'abri, elle voulut se rendre vers la sortie pour s'assurer une issue. Mais Végapunk avait visiblement pris soin de verrouiller le laboratoire, pour être certain qu'elle n'en ressortirait que les pieds devant.  

Elle pesta pour elle-même en faisant volte-face, le modèle Z avait eu le temps revenir vers elle comme un boulet de canon encore. Il ne s'arrêta que pour enfoncer son énorme pied dans la porte qui plia à peine, et que Lilou évita sans mal. Elle perçut vaguement un bruit aigu provenant de la machinerie qui lui faisait face, sans s'en soucier pour autant. Elle passa par-dessus la jambe du robot, assénant un grand coup de poing dans ses abdominaux renforcés, les creusant à son tour. Son haki imbibant ses phalanges, elle mitrailla alors, à la suite, faisant reculer l'armure face à elle qui tentait d'enfoncer ses pieds dans le sol.

Le second pacifista, cherchant Linus, changea finalement de cible lorsqu'il comprit que son allié dans la bataille allait se faire démembrer trop rapidement. Car Lilou était partie pour ça. Elle le voulait. Elle avait mis le chimiste dans cette galère, elle avait une haine palpable à transmettre, n'était-ce pas évident qu'elle allait s'en sortir ? Le modèle Y l'attrapa par l'un de ses poignets, l'empêchant de marteler plus longtemps. Elle se contenta de se hisser à la force de son bras, s'agrippant à l'aide de ses jambes au membre qui la tenait. La poigne d'acier se serra, mais la rouquine s'en moqua éperdument. Elle cogna de toutes ses forces dans l'articulation du pouce, pour l'obliger à lâcher. Il ne ressentait pas la douleur, mais ça n'empêchait pas la défaillance de ses systèmes. Elle se libéra ainsi, sautant sur le second robot à côté qui grésillait toujours...

Elle s'accrocha au cou de ce dernier, prête à lui arracher le crâne à la force de ses mains. Mais alors, elle tomba nez à nez avec une gueule noire se chargeant d'une lumière vive qui l'aveugla :

MERDE ! lâcha-t-elle dans la confusion.

Elle ne l'avait pas vu venir, celle-là. Elle interrompit son geste lorsqu'elle comprit qu'elle n'allait pas pouvoir l'éviter. Elle se laissa simplement tomber, mais trop tard malheureusement pour échapper aux conséquences de son mouvement déraisonnable... Le laser partit comme prévu, pulvérisant tout sur son passage. Il traversa la jeune femme qui ne réussit à rester entière seulement parce qu'elle prit la décision de concentrer son haki sur une seule zone.

Mais alors qu'elle retouchait brutalement le sol, la douleur fut indescriptible. D'une vivacité sans pareille. Elle en eut le souffle coupé, en sentant son épaule comme mangée par les flammes. Ses yeux se posèrent sur son bras meurtrie par l'agression, duquel émanait maintenant une forte odeur de cochon grillé.

Lil-
RESTE A COUVERT ! Hurla-t-elle à s'en déchirer les cordes vocales.

Linus retourna se planquer, et elle décampa sans demander son geste. Un rire narquois s'éleva dans le grand laboratoire, alors qu'elle fila derrière ses étagères. Sauf qu'elle fut talonnée de près par ses adversaires. Si le modèle Y reçut l'ordre de se charger du chimiste, le Z ne lui lâcha pas la grappe. Il défonça sur son passage ce qu'il s'y trouvait, ne manquant pas de renverser l'une des étagères en acier sur la rouquine. Elle se jeta au sol, sentant sa brûlure toute fraîche la lancer affreusement. Elle glapit, coincée, avant de se dire qu'elle devait se tirer de là. Linus s'en sortait pour l'instant en changeant de cachette, mais combien de temps tiendrait-il, hein ?

Non, elle ne pouvait pas laisser faire. Ses paumes s'agrippèrent à l'une des tranches en acier soutenant l'un des meubles. Elle tira dessus, de toutes ses forces, pour entendre les écrous hurler, le métal se tordre et finalement céder. Tout ce qui se trouva dessus tomba et se brisa définitivement. Les tablettes se fracassèrent en un bruit monstre, ce qui laissa le temps au modèle Z. de la trouver. Il releva le meuble et le balança loin, sans jamais que ses yeux vides ne la quittent. C'était troublant.

Mais pas plus que sa volonté de s'en sortir. Les doigts rivés autour de cette barre à mine de fortune qu'elle tenait au péril de sa vie, elle roula pour éviter qu'il ne lui mette la main dessus, roula encore une fois en pensant lui échapper. Sauf que sa main géante agrippa sa jambe. La jeune femme se retourna, et planta son arme dans le dos offert à elle. Il y eut un grésillement perturbant, le pacifista eut seulement un mouvement de recul. Mais non. Elle se servit de cette prise pour tirer sur lui un bon coup sec, faisant basculer ce poids vers elle. Son pied s'imprima d'un coup violent sur la tempe du monstre de fer, lui enfonçant le crâne.

Quand le titan fut mis à terre, la rouquine en profita pour faire ce qu'elle savait faire de mieux. Elle le démonta, pièce par pièce, malgré la douleur lui vrillant le crâne. Le bras le plus proche d'elle y passa d'abord. Quand la bête luttait pour se remettre debout, elle cognait dans les genoux pour le remettre au sol. Et elle plongea la main dans le col de sa mécanique, agrippant des fils par poignées qu'elle extirpa sans faire de distinction.

Lorsqu'elle se stoppa, le robot sous ses yeux n'étaient plus qu'un tas indistinct. Au milieu de son torse, la barre à mine plantée dans le mille. Des yeux vides arrachés, une mâchoire disloquée...

Elle souffla un bon coup.

Zut ! Pas grave ! On se reconcentre ! ordonna Végapunk.

Les directives du second changèrent à nouveau.
Encore pour sa pomme.


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J'ai p-p-peur de ce qu-que ça peut vouloir d-dire...

Linus marchait de long en large dans sa chambrette, sans jeter un regard à la jeune femme assise sur son lit. Elle, fixait les papiers qu'elle avait étalé sur le matelas, écoutant d'une oreille distraite les mots de son confrère scientifique :

C-Ces résultats ne sont p-p-pas les miens, p-pas du tout ! Des analyses qu-que j'ai faite, d-dans mon labo, aucun de c-c-correspond à ceux affichés l-là-dedans ! Et ce que c-ce dossier m-montre est un p-parfait n-non sens, je v-vous jure ! Je ne suis q-que Chimiste et pas Médecin, ou Ingénieur, mais... Il n'y a pas b-besoin de s-six doctorats pour v-voir qu'il y a un truc l-l-louche là-dessous, p-pas v-vrai ? Je n-ne suis pas en t-train de devenir fou ! Et m-mon travail est b-bon ! Je suis un b-b-b-bon scienti-tifique !

Linus avait travaillé sur le Projet H. En tant que chimiste réputé et talentueux, d'une discrétion sans faille, faisant un travail remarquable, il avait été embauché par Végapunk pour mener quelques tests sur la réactivité des cellules d'un champignon aquatique réputé pour être du genre à se fixer sur les poissons, lorsque ces idiots s'amusaient à s'en nourrir tout du moins, comme une seconde peau. Amphisphaeriaceae, répéta plusieurs fois Linus tandis que Lilou, elle, ne se risqua pas une seule fois à le prononcer. L'expérience en elle même n'avait rien de très compliqué, puisqu'il s'agissait juste de tests menés sur le dit champignon pour voir sa capacité de colonisation. Ce champignon se comportait finalement comme un ver s'il n'était pas traité en fin de compte. S'emparant son hôte à vitesse grand V, prenant le contrôle de son moyen de se développer, jusqu'à tout pomper et ne rien laisser derrière. Il pouvait se développer à la fois dans des fonds marins que sur des surfaces terrestres, même si sur ce dernier point, il était beaucoup plus lent et fragilisé.

Vous en avez parlé au Docteur ? Demanda Lilou.
O-O-Oui ! Il m'a d-d-dit que je m'inquiétais p-p-pour rien, m-m-mais... J'ai essayé d-d-d'en parler à d'autres, j-je l-leur ai demandé, co-comme à vous, de ven-venir me voir pour qu'on en d-discute... De ceux r-restant, des trois derniers qui po-postulent au po-poste d'Assistant... Aucun n'a v-voulu ! Vous êtes l-la seule !

Linus semblait affolé. En fait, depuis qu'elle avait passé cette porte en espérant avoir des réponses, elle ne se retrouvait finalement qu'avec plus de questions encore à poser. Et peu d'eau à apporter à leur moulin... C'était étrange. Pourquoi ne pas prendre en compte les résultats d'un scientifique sur une étude, pour joindre finalement des expériences truquées à un dossier sur un projet conséquent ? En observant ça, Linus avait du se sentir sur le siège éjectable... Ou alors, il avait du comprendre qu'il se retrouvait avec une cible dans le dos s'il se mettait à faire trop de vagues à ce propos.

Vous vo-vous rendez co-compte de ce qu-qu-que ça impl-plique ? Fit-il en s'approchant d'elle, s'installant juste à côté. Elle secoua la tête comme toute réponse : Je travaille d-dans son laboratoire depuis des années, et je n'ai j-j-jamais eu à m'inquiéter de rien ! J'ai trouvé un m-m-m-moyen utile de transporter des r-remèdes pour les maux de mers, j'aime ce que je fais ici, mais quand il m'a confié ce dossier, j'ai... J'aime m-mon travail, mais ça... Il y a qu-quelque chose qu-qui ne v-va pas dans ces r-rapports, j'en suis s-sûr.
On a qu'à aller vérifier par nous même !

La rouquine lança ces mots avec une légèreté assumée, en se redressant finalement de sur le lit. Linus eut un mouvement de recul, avant de fixer la jeune fille avec une mine troublée :

P-pardon ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 10:17, édité 2 fois
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Discussion close, avait-il dit.

Et Lilou n'avait pas bronché sur le moment. Elle avait laissé l'homme retourner à ses affaires, en serrant simplement les poings. Sa tête était rentrée dans ses épaules alors qu'elle se renfrogna instinctivement. Mais ses yeux se posèrent sur le corps sans humanité sous elle, sur cette table d'autopsie, s'il s'agissait de ça ou d'une table d'opération, et alors la colère la reprit immédiatement.

C'était un monde... Un monde incompréhensible qu'elle n'arrivait plus à saisir. L'intensité de cette déraison lui vrilla les tempes et la conscience, son self control se fendit en mille morceaux. Elle fut sourde au bruit que fit la porte lorsqu'elle claqua, encore plus lorsque le verrou tourna sur lui même pour leur fermer définitivement la sortie. Si Linus se retourna pour essayer de comprendre, Lilou resta stoïque en foudroyant du regard le Docteur Végapunk sur sa fauteuil électrique...

Qu'est-ce q-que ?

Un autre claquement retentit, plus loin, dans un couloir en dehors du laboratoire du plus grand scientifique du monde. Puis une lumière au-dessus de la porte se mit à teinter, une lumière rouge qui n'annonçait rien de bon pour eux deux. Le coulissement de deux trappes se fit entendre, mais Lilou resta plutôt concentrée sur son envie pressante de lui broyer le crâne entre ses paumes.

Vous n'irez nulle part ♥ ! fit-il avait un sourire méprisant qui tordait son visage poupon en une expression que la rouquine trouva digne de lui.

Là, au fond d'elle-même, elle avait enfin l'impression de rencontrer celui qu'il était vraiment. Et elle ne savait pas ce qui la révulsait le plus dans tout ça. L'envie de vomir qui lui tenait toujours le ventre violemment en observant les expériences qu'il avait pu faire jusqu'ici. Ou le fait que tout ce temps, elle avait idolâtré un malade complet qui n'avait pas le gaz à tous les étages.

Elle fit un pas vers l'avant, posant la main sur le biceps du cobaye qui avait jusqu'ici trop subi. Ses yeux d'ambres croisèrent les noisettes du docteur, son visage pâle, avant de lui lancer un air aussi méprisant que le sien. Et là, sous son nez, elle débrancha méthodiquement tous les câbles qui reliaient cet homme à la vie.

Qu'est-ce que vous faites ?! S'offusqua-t-il en se mettant en marche jusqu'à elle.

Mais quand il arriva au bord de la table, l'individu fut pris de convulsion. Sengoku Jr tenta de rebrancher son expérience, mais la rouquine l'en empêchant en plantant des ciseaux dans les câbles, en les coupant, en renversant même la tablette sous le nez du scientifique. Linus, derrière, n'en revenait pas non plus. Le cobaye saliva à outrance, avant d'arrêter simplement de bouger. Un dernier soupir s'échappa de ses lèvres et il n'y eut plus rien. Seulement un silence des plus pesants qui fut coupé pas le bruit mécanique d'un mouvement robotique dans son dos.

Lilou arrêta de respirer en comprenant ce qu'il se passait.

Vous allez le payer cher...

En effet. Elle s'en doutait parfaitement maintenant.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 13:13, édité 2 fois
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C-C-C'est une m-m-mauvaise id-dée, murmura Linus en regardant sans arrêt en arrière.
Je ne vous ai pas obligé à venir, Linus...

Ils passèrent un couloir avant que Lilou ne l'arrête d'une main. En haut, à l'angle du plafond, un dendencaméra attendait son heure. Elle somma l'homme d'avoir l'air parfaitement normal, ce qu'il eut toutes les peines du monde à faire. Elle le fixa alors de haut en bas, lui demandant de se détendre des épaules. On aurait dit qu'il s'était enfoncé trop profondément un balai dans le fondement, ce qui avait l'air d'une part très inconfortable et qui avait de quoi le rendre totalement rigide. Sa mine crispée n'arrangeait rien du tout au tableau qu'elle avait sous les yeux. Poussant un soupir, elle fit mine de rien, gardant sa clef d'accès entre les mains en poursuivant sa route.

Linus la talonna encore, sa démarche craintive donnait l'impression qu'il avait une bombe sous ses vêtements. Mais l'air décontracté de Lilou laissait penser que ça allait. De toute façon, au pire, que risquaient-ils ? Une petite tape sur les doigts ? Des réprimandes ? Ni elle ni lui n'avaient huit ans désormais, ils pouvaient bien faire face aux conséquences de leurs actes. Lilou en était persuadée.

Ce n'est p-pas le problème ! Reprit-il en soufflant. Vous v-vous rendez compte que l'on v-v-va s'introduire dans le laboratoire de Végapunk, sans s-sa p-per-permission !

Lilou roula des yeux. "N'importe quoi !" eut-elle envie de rétorquer en s'abstenant quand même. Bon, c'était quand même un peu ça, mais la curiosité lui tenait trop les tripes pour avoir envie de renoncer pour une question de conscience. Et puis... S'il faisait des pieds et des mains pour maintenir le suspense, c'était un risque à envisager, non ? Elle soupira un bon coup avant de se remettre en route. Linus arrêta de parler quelques secondes quand ils croisèrent un scientifique dans sa blouse blanche qui ne les regarda pas un seul instant, plongé dans un dossier. Lilou tenta de rester imperturbable, tandis que son voisin fit comme si de rien n'était en dépassant l'individu. Tous deux ne faisaient pas vraiment tâche dans le décor, ça pouvait encore passer...

Mais quand ils atteignirent le bout du couloir, Linus ne manqua pas de tirer sur la manche de la jeune femme pour lui dire avec une mine angoissée :

Faire ça, c'est... C'est co-comme violer s-son intimité ! Pénétrer d-dans son cerveau ! C'est de l-la folie.

Bon sang, c'était infernal. Et tous les dossiers qu'il lui avait remis ? Les examens ? Les échantillons analysés ? Il s'en moquait finalement ? C'était de lui que venait le doute, c'était lui qui avait implanté la graine, et voilà qu'il jouait les farouches...

Je ne vous oblige à rien, Linus...

Elle commençait doucement mais sûrement à se lasser. Mais elle ne voulait pas le brusquer. Se retournant pour y aller, l'homme la retint une nouvelle fois :

Je sais ! Mais c-comprenez-moi, je-
Bon, Linus.

Voilà. Trop tard.

Écoutez. Je sais que ça vous angoisse, mais il va falloir arrêter de parler. Si vous ne voulez pas venir, ne venez pas. Encore une fois, je ne vous oblige à rien. Vous pouvez même aller me balancer à la sécurité, le temps de vous y rendre et j'aurais eu mes réponses. Je ne vous en voudrais même pas. Mais si vous voulez savoir ce qui se trame ici, fermez-la. Elle lui lança un regard appuyé, comme pour lui dire qu'au moindre mot supplémentaire, elle l'assommerait pour de bon. On retrouve son calme et on se tait ?

Linus confirma du chef.
La rouquine souffla un bon coup avant de se remettre en route. Ils arrivèrent dans une sorte d'antichambre, d'un blanc immaculée. Devant eux, une porte blindée, et un petit boîtier qui nécessitait un code pour ouvrir probablement la porte. Lilou tenta de passer sa carte, mais le boîtier lui refusa l'accès sans hésiter. Très bien... Son avantage et ses accréditations s'arrêtaient ici. Ceux de Linus, n'en parlons même pas.

La rouquine porta la main à son chignon, et tira son tournevis de là. Ses cheveux se lâchèrent immédiatement, tombant en cascade sur ses épaules. Elle cala l'outil entre ses dents, le temps de regarder plus attentivement le boîtier. Elle espérait pouvoir créer un faux signal signifiant au lecteur que la porte pouvait s'ouvrir, mais ça n'avait rien de simple... Bien qu'elle soit une ingénieure qualifiée, Végapunk avait pris le temps de bien s'entourer et s'équiper, ce qui semblait normal. L'homme protégeait des secrets et des inventions importantes...

Quelques minutes. Le temps de dévisser l'objet, d'en regarder l'intérieur, de faire le suivi. Ils avaient tous les deux l'air louche, voilà pourquoi Lilou demanda à Linus de guetter, comme convenu. Ils n'avaient besoin tous deux de quelques minutes pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur, ressortir, et se faire tirer les oreilles.

Il y eut un bip sonore, puis un bruit de décompression. La porte grinça doucement, s’entrouvrant légèrement au passage. Lilou esquissa un petit sourire en coin avant de souffler à son voisin :

On y est...


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Alors, c'est ça, votre projet ? Cracha la rouquine sans réussir à se retenir.

Elle se renfrogna, sentant ses bras se tendre à outrance, et sa mine se fermer à toute remarque. Un profond dégoût lui tenait les entrailles, et une migraine commençait à lui ronger le lobe frontal. Sans doute la frustration, et cette forte odeur de médicaments et de javel qui flottait dans l'air...

Une partie, de mon projet ♥, vous le voyez bien, rectifia Végapunk comme si c'était parfaitement évident et qu'il ne reprenait qu'une élève un peu étourdie. Qui me vient d'une demande d'un homme très important pour moi ♥ Il y a eu dans un premier temps les greffes, commença l'Okama doucement avec un air sérieux d'instituteur prêt à offrir les clefs de son savoir. Je suis parti du présupposé qu'une transplantation de poumons de poissons pouvaient arranger les choses pour les hommes, qu'ils pourraient s'en servir, mais en fait, l'anatomie des hommes poissons est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, et elle ne s'associe pas forcément à celui d'un bipède normal. J'ai fait plusieurs tests, tous infructueux jusqu'ici, avant de changer de domaine pour l'allier au premier ! La médecine pouvait aboutir à un résultat, mais elle avait besoin d'aide ! C'est pour ça que j'ai commencé à chercher parmi mes hommes pour voir s'ils avaient des idées à ce propos ! Des combinaisons, des sous-marins, des machines de ce genre... Aucune n'était spécialement adapté au problème, mais comme je suis un scientifique, je sais me montrer adaptable...

Oh bon dieu, elle n'en croyait pas ses oreilles. Linus à côté d'elle fronçait les sourcils d'incompréhension, pendant qu'elle avait envie de le chopper par le col de sa blouse pour lui hurler dans les oreilles qu'il n'était qu'un grand malade. Et c'était ça, sa justification ? « Je suis le plus grand scientifique du monde et j'essaye de jouer à dieu, c'est rigolo » ? Elle avait envie de vomir. Elle sentait la bile lui remonter dans la gorge, et si elle n'avait pas eu un si grand contrôle d'elle-même, sans doute qu'elle lui aurait sauté au visage pour le lui éclater sur son fauteuil.

Je suis tombé sur vos travaux, mademoiselle Jacob. Fascinant, vraiment. Complet, et habile, vous faites de grandes choses avec de petits outils ! Votre sous-marin miniature, votre combinaison de plongé,... Serenity,... Ils avaient le mérite de se rapprocher dans le fonctionnement de ce que je voulais faire ! ♥ Elle retint une injure en se détournant de lui. Le regarder faisait qu'elle avait des crampes d'estomac de plus en plus douloureuses. Et lui, le fameux docteur, ne s'arrêta pas pour autant : Se rapprocher juste, ceci dit. Alors... Avec mon intelligence, mes facultés extraordinaires, j'ai allié votre ingénierie pour fignoler mes recherches... Et je pense, sincèrement, que ça va marcher ! Je vais marquer l'Histoire, et vous y aurez contribué largement !

Ses expériences, ses recherches, ses progrès, avaient servi à l'aider ? Lilou se sentit fébrile tout à coup, eut presque envie de se plier en deux. Mais Linus l'attrapa par le coude. Inconsciemment, elle s'était approchée d'un pas de Végapunk. Un pas que le chimiste avait perçu comme une menace réelle et palpable.

Les essais ne sont jusqu'ici pas concluant, mais je crois être proche de réussir ! Si proche ! ♥ Il ne manque pas grand chose pour comprendre ce qui jusqu'ici me faisait défaut ! Si proche, et si loin à la fois ! N'est-ce pas fascinant... ? Rien que d'en parler, j'en ai des frissons...

C'en était trop. Insoutenable. Lilou se plia finalement, posant ses mains sur ses genoux en prenant de profondes et lentes inspirations. Elle sentait la tête lui tourner, elle vrillait complètement. Mais pire encore, c'était les larmes de haine lui montant aux yeux qui lui faisaient le plus peur dans le lot. Elle tremblait, sensiblement, serrant ses doigts sur ses articulations pour garder au mieux son calme.

Docteur, c'est... C'est de la folie, fit doucement Linus en s'approchant.
Linus, voyons ! s'offusqua l'Okama. La folie et le génie sont souvent confondus, mais que vous, vous fassiez l'erreur me surprend sincèrement !
Les fous courent après la Vérité sans arrêt, rétorqua Lilou en se redressant finalement.
Ces métaphores me mettent mal à l'aise. Arrêtez enfin... Je ne suis pas fou, c'est là toute la nuance.

Elle foudroya son vis-à-vis du regard, tandis que Linus tentait toujours de l'apaiser en l'appelant doucement.

Permettez-moi d'en douter...

L'expression de Végapunk changea. De sa bonhomie communicative, il passa à une mine déçue de cette réponse. Ses espoirs, ceux qu'il avait placé en elle et en sa volonté d'obtenir le poste visé, s'effondraient. Elle qui, jusqu'ici, s'était montrée brillante et avant-gardiste, ouverte d'esprit sur bien des points. Elle qui avait un avenir...

Je suis... Désappointé. Je dois dire que je pensais que mes recherches vous fascineraient, et que vous m'y aideriez... Je pensais justement à vous promouvoir encore, comme mon assistante. Votre savoir sur la cybornétisation pourrait m'être très utile et...
Et je préfère cent fois retourner sur Jaya que d'être votre complice.

Végapunk se renfrogna sur son siège, fronçant les sourcils. Il ne comprenait pas. Qu'avait-il fait de mal ? C'était son travail, après tout...

Enfin... La complicité sous entend un crime.
Et vous ne voyez pas le votre ? Rétorqua-t-elle à nouveau en s'approchant d'un pas, les poings serrés.
Ce n'est pas un crime ! C'est de la science ! Ouvrez les yeux ! Réalisez ce que vous voyez ! Comment pouvez-vous vous tromper de la sorte ? Il passa au chimiste et lui hurla après : Linus ! Dites-lui !

Mais l'homme resta silencieux sur le moment, incapable d'articuler quoique ce soit. Ses mots s'étouffèrent, et il baragouina en se reculant d'un pas. Non, il ne voulait pas être mêlé à ça. Il ne pouvait tout simplement pas y prendre part...

Vous êtes le Docteur Vegapunk ! siffla Lilou entre ses dents serrés
Justement ! Je-
Vous êtes gardien d'une éthique ! Explosa-t-elle finalement : Du respect de la vie ! Votre travail doit servir cette Vie, la chérir, l'améliorer, la rendre possible ! Ce que vous avez fait, ce n'est pas de la science... C'est de la Barbarie !

Le mot tonna comme un coup d'éclair dans le laboratoire en même temps que le haki des rois de la rouquine se fit incontrôlable. Linus tituba, soudainement pris d'une migraine en demandant ce qu'il se passait, Végapunk se sentit trembler sans savoir pourquoi. Lilou resta sèche, froide, dans sa posture et ses regards. Lorsqu'il comprit que ça venait d'elle, il eut un rictus méprisant. Puis un silence tomba sur leurs épaules, comme une chape de plombs. Le docteur ferma les yeux, doucement, en poussant un long soupir. Très bien, il s'était fourvoyé sur le compte de sa vis-à-vis. Il s'était fait des idées, trop vite. Le fantasme avait forcément toujours une fin, puisqu'il n'était qu'un fantasme.

Vous auriez pu prendre ma place, un jour, vous le savez n'est-ce pas ?

Lilou pouffa d'un rire sans joie. Elle avait rêvé de cette place des centaines de fois, s'était imaginée aussi souvent à la tête de ce monde de science et de création. Mais maintenant qu'elle en découvrait les bas-fonds, et la tumeur qui y grossissait en dévorant tout sur son passage, elle ne voulait même plus l'envisager. C'était trop horrible. Trop sordide. Et le corps toujours sous ses yeux, ne vivant que grâce à des machines, le corps de cet homme qui ne ressemblait même plus à un homme sur cette table d'opération... Il était la preuve que trop de limites avaient été franchi de la part d'un être qui se voulait génial.

Si prendre votre place implique que je dois devenir un Monstre, je préfère en détruire le Trône.

L'okama souffla. Son fauteuil roulant avança finalement jusqu'au clavier de son ordinateur, et il tapota dessus comme si de rien n'était. Lilou se mit en position, sans trop savoir pourquoi. Un frisson lui remonta l'échine, pour se nouer à sa nuque. Ses poings se serrèrent et se recouvrirent de haki, ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume. Et à sa tempe battait une envie furieuse de lui faire ravaler ses expériences en les lui enfonçant profondément dans la gorge.

Je vois, lâcha Végapunk avec un mépris assumé. La discussion est close.

Evidemment. Il n'y avait plus rien à dire.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 10:31, édité 1 fois
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Son souffle s'était fait la malle à l'instant où elle avait franchi la porte coulissante après avoir forcé l'entrée à sa manière. Lorsque ses yeux s'étaient fait au peu de lumière qu'il y avait dans la pièce, et qu'elle avait commencé à distinguer l'horreur dans des bocaux exposés sur des étagères. L'incertitude laissa place à une sorte de contemplation violente, puis à un ahurissement incertain. Elle se demanda à plusieurs reprises ce qu'elle était d'ailleurs en train de regarder. Elle interrogea ses pupilles d'ambres pour savoir si elle n'était pas en train de s'imaginer tout ça...

Mais non. Elle en avait perdu l'usage de la parole, et la capacité à respirer tout simplement. Ce fut comme un grand coup de poing dans ses tripes, lui remontant furieusement le diaphragme, forçant ses poumons à se vider de leur air. Ça n'était pas possible. La main de la rouquine s'empara d'un récipient qu'elle retourna, avant de sentir un haut les cœurs la prendre soudainement. La nausée lui tenait le ventre, quand elle réalise : Elle en était certaine, c'était des vrais poumons, probablement humain au vu de la taille et pas dans le formol depuis assez longtemps pour avoir jaunis.

Elle déglutit péniblement, Linus à côté d'elle, qui en avait oublié de bégayer pour sa part. Elle n'était pas sûre de ce qu'elle pouvait dire, ou de ce qu'elle devait dire. C'était comme si les mots n'avaient plus assez de poids pour décrire ce qu'ils avaient sous les yeux. Des créatures, ou des morceaux de créatures, difformes, incertaines, méconnaissables pour la plupart. Il lui sembla plusieurs fois croiser des visages dans ces amas de chair et de tissus, s'il s'agissait de ça.

Sa gorge se serra alors, comme si quelqu'un avait fait un nœud trop serré avec sa trachée.

Oh bon sang...

Ils étaient bien loin de pouvoir s'imaginer tout ça. Loin de s'imaginer que l'homme qu'ils avaient suivi, l'un comme l'autre, et sa fine équipe mise dans le secret, s'amusaient à jouer à dieu avec des vies humaines, pour créer quelque chose. Quoi ? Lilou n'était même pas capable de l'expliquer. Parce qu'il n'y avait pas de raisons logiques à ces actes. Ils étaient dans l'antre d'un savant fou, d'un génie psychopathe qui s'amusait avec la création. Elle plaqua sa main devant sa bouche par réflexe, pour s'éviter de vomir là, comme ça. Elle en avait pourtant grandement envie...

Ses pas étouffés s'aventurèrent plus loin, Linus toujours sur ses talons. Ils passèrent près d'une sorte d'aquarium branché à une machine de respiration, ou des branchies étaient extraites et laissés à l'eau, à côté d'une paire de poumons à nouveau. Le chimiste à ses côtés retint une injure en détournant le regard, préférant éviter de vomir lui aussi très probablement. Lilou, elle, tentait vaguement de garder son calme, son assurance, quand bien même ce qu'elle avait sous les yeux la troublait profondément.

Ça ne pouvait pas être vrai. En fait, elle voyait ces choses sans pouvoir y croire. Végapunk, cet homme, ce grand homme qu'elle avait admiré et envié, devait forcément avoir une explication logique et implacable pour justifier ce paysage barbare. Elle fit un pas en arrière, rencontrant le dos de Linus qui n'avait plus bougé d'un pouce, comme figé. Elle se retourna en allant pour lui demander ce qu'il se passait, s'il y avait un problème. Mais elle s'en empêcha en croisant ses yeux bruns happés par un second spectacle. Son teint avait pâli, et ça n'avait rien à voir avec l'éclairage de la pièce qui les rendait tous les deux glabres, voire malingres.

Ça avait à voir plutôt avec le corps étendu sur une table d'opération... Ou une table d'autopsie, ni l'un ni l'autre n'étaient capable de le déterminer. Un corps inerte, complètement nu, recouvert d'un simple drap. Le corps d'un homme il semblait, qui portait sur son visage un masque à oxygène. Des tuyaux en sortaient de toute part, allant vers des poches de médicaments, et une machine pour le faire respirer. Le bruit régulier des moteurs, du sac d'air se gonflant mécaniquement et se compressant ensuite, rythmait le silence d'une mélodie odieuse.

C'était comme une chanson que ni Linus, ni Lilou, n'étaient prêts à oublier. Les cicatrices encore rouges, à peine bien recousues, sur la naissance du cou, sur le torse, laissaient penser qu'il avait été opéré il y avait peu de temps. Ses bras nues affichés des tatouages délavés, faits il y avait quelques années, les marques qu'un homme avait pris le temps de se faire pour se souvenir, ou pour le symbole... Et comme devant un film d'horreur, le corps se mit à bouger. Le corps, ou l'homme ? Quoiqu'il en fut, les deux sursautèrent de stupeur puis de dégoût en réalisant ce que ça voulait dire...

Il est toujours en vie ?! demanda-t-elle complètement interloquée en s'en voulant dans l'instant d'avoir laissé la surprise la trahir.

Il y eut un bruit derrière, et une forme sortie de l'ombre sur un fauteuil électrique. Linus eut le réflexe de se mettre en retrait, en craignant immédiatement les conséquences de sa présence ici... Lilou, elle, resta pétrifiée devant ce freak show incroyable. Le docteur Végapunk, lui-même, se pencha pour régler le flux d'une poche de médicaments, avant de relever son regard doux vers les deux intrus de son laboratoire...

C'était à s'en arracher les cheveux.

Désolé pour ça, c'est sans doute un peu... déroutant.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 19 Sep - 10:35, édité 1 fois
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Est-ce que vous saviez pour le Commodore ?

Son rire sans joie se dissipa à force. Un quinte de toux la prit ensuite, sans faire taire la douleur crue qui lui dévorait le bras, les côtes, les épaules. Mais rire ainsi lui avait fait un bien indicible, qu'elle ne pouvait décrire ni expliquer. Pendant quelques secondes à peine, Lilou en avait oublié dans quel Enfer elle s'était embarquée. Sans doute conditionnée depuis tout ce temps, un Enfer qu'elle avait monté elle-même, de ses propres mains, cautionné possiblement, ignoré si elle désirait s'en disculper.

Pas vraiment. Tout du moins, elle ne l'envisageait plus. Ou ne pouvait plus.

Mais penser au commodore, à Oswald, à celui qu'elle avait aimé, un homme dans sa vie parmi tant d'autres, lui permit brièvement de se changer les idées. Elle avait cru en lui. En ses idées bêtes, en ses choix décevants, en ses regards tendres et ses baisers amoureux. Mais de lui, elle n'avait plus rien, à part des souvenirs éparpillés ça et là, qui n'avaient plus aucun sens pour elle. Comme un verre qu'on laisse s'éclater au sol, les morceaux s'éparpillant autour, il ne restait d'eux que des éclats tranchants. S'attacher revenait à se faire blesser, c'était la conclusion qu'elle avait tiré de cette rencontre, puis de cette amitié, et enfin de cet amour mort-né.
Et s'attacher à Oswald avait été une erreur, une parmi tant d'autres, mais l'une des plus belles qu'elle avait faites dans sa vie. Parce que pendant quelques jours au milieu du chaos elle avait été heureuse. Elle était persuadée, avec le recul et le peu de temps qu'il lui restait à souffrir, que de ne pas le suivre aurait été une erreur encore plus grosse. Finalement, sur le bilan de sa vie, ne pas oser mettre les voiles aurait été le pire de tout. Ça ne ferait pas partie de ses regrets. Celle d'avoir suivi la mauvaise voie en pensant dur comme fer qu'elle s'engageait sur la bonne route, par contre...

L'ironie.
Comment avait-elle pu se bercer d'illusions aussi longtemps ?

Elle n'avait jamais compris la trahison d'Oswald, elle l'avait même haï pour ça. Elle n'avait jamais entendu les mots de Rafaelo à propos du monde, croyant qu'il avait des œillères grosses comme des feuilles de palmier qui l'empêchaient de voir le monde comme il l'était. C'était peut-être elle finalement qui ne voyait pas le monde comme il le fallait, cru, et injuste, et sale. Ou alors...

Ou alors peut-être que la vérité se trouvait entre eux deux.

Mais elle n'avait plus aucune certitude à ce sujet. Elle avait cru en des gens fous, elle avait espéré que ceux qui menaient la terre le faisaient parce qu'ils étaient bons. Mais c'était à croire que l'horreur était comme la rouille. Elle ne partait jamais vraiment, et finissait forcément par s'étendre lorsqu'on y détournait les yeux.

Elle... Elle avait seulement été aveugle.
Et la vérité était à vomir.

Pas le moins du monde, articula-t-elle avec un sourire doux.

Avait-elle un jour songé qu'il l'abandonnerait sur le Léviathan, pour partir libérer les géants qu'il s'était acharné à mettre en prison ? Aurait-elle pu un jour seulement imaginer qu'elle était tombée dans les bras d'un potentiel révolutionnaire ? Non. Oswald avait toujours eu cette double face qu'elle avait sous-estimé. Pour lui, elle avait eu des centaines de secrets. Et pour elle, il en avait eu le double, ou plus encore. Ces secrets les avaient finalement éloigné, et leurs envies communes de faire mieux encore plus. Ils avaient été deux âmes qui s'étaient crues sœurs, qui auraient pu l'être, mais qui avaient manqué le rendez-vous le plus important de leurs existences. Oswald avait été l'un des hommes de sa vie, un autre sur cette longue liste d'hommes qu'elle avait connu, et avec qui elle n'avait rien réussi à construire. Et il arrivait trop souvent qu'elle repense aux mots de Rachel à son propos... Cette image d'elle que la gothique avait, celle d'une femme qui aurait pu se poser. Maintenant, c'était tout simplement impossible.

Il n'y a qu'Oswald Jenkins pour comprendre ce qui se passe dans la tête d'Oswald Jenkins...

Elle haussa une épaule, l'autre la faisant trop souffrir. Elle qui avait cru pendant un temps pouvoir amadouer l'ancien commodore, elle qui avait pensé pouvoir en briser la carapace alors que la sienne était déjà colmatée... Elle avait été une naïve et une incorrigible optimiste.

Linus pouffa silencieusement. Puis, il se pencha vers elle pour passer une de ses mèches de cheveux dans son dos. Elle grimaça, finalement, jusqu'à ce qu'il se rapproche pour passer ses deux bras sous ses aisselles. Appuyant sans le vouloir contre sa brûlure, elle glapit en le suppliant de s'arrêter, mais il ne l'écouta pas. Non. Il la tira à lui, la hissa péniblement sur ses jambes, pour la garder tout contre lui finalement...

Je vais vous sortir de là...
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