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[FB 1624] Ou comment j'ai fait irruption dans la vie de ma meilleure amie.


- Pourquoi il a fallu que ça pète ? J’avais pas besoin de ça moi !

J’te jure ! De la poudre bloqué dans le canon et j’me retrouve obligé d’aller faire réparer l’héritage de papa ! Ça va me bouffer tout ce que j’avais récolté avec le dernier primé ça ! Déjà que ça pouvait tirer qu’une balle par arme, ça se permet d’aspirer mes économies en plus ?

Bon, heureusement, on m’a conseillé un atelier sur une île à l’est où le travail serait de très bonne facture pour des prix raisonnables quand j’ai remis le dernier criminel à la marine. « - Tu seras pas déçu du voyage, haha ! » qu’avait dit Sakhartonne, le lieutenant qui m’a raccompagné à la sortie de la base. J’étais sensé le prendre comment ?

Donc embarquant avec de sympathiques marchands, amenant leur stock de viande et poissons frais pour le marché local du coin, le voyage fut sympathique. M’amusant principalement à jouer aux fléchettes avec les enfants des marchands, le temps passa vite, tandis que j’avais été incapable de gagner une seule partie, comme si le vent s’amusait à détourner chacune de mes fléchettes. Ouais, c’était sûrement ça. Quel enfoiré.

Puis on arriva sur place, tandis que l’aîné du trio de gosses continuait à régurgiter son repas du midi qu’il avait consommé avec une de ses conquêtes d’un jour. Bah ouais mon con, t’as une belle gueule, fallait bien que le bon dieu, si il existe, rééquilibre la balance ! Donc il a choisi de te foutre le mal de mer avec des parents marchands. Et il a sûrement du oublier deux trois cases dans ta caboche vu comment tu viens de tomber à la flotte en manquant ton appui sur la chaîne du navire.

J’adresse à la petite famille un dernier au revoir de la main avant de prendre le chemin de l’adresse que le lieutenant a noté sur un petit papier. Petit papier qui est tellement froissé que j'ai dû passer deux minutes à le chercher dans ma poche sans le trouver.

En chemin, j’observe tranquillement la petite ville dans laquelle se trouvait ma destination. C’est un endroit assez simpliste, visiblement pas très riche, vu les vêtements qui pendent sur des câbles accrochés aux fenêtres. C’est plutôt rigolo comme façon de faire. Et vu que tous les habitants font pareils et acceptent de partager leurs fenêtres, j’devine vite que la plupart s’entendent bien entre eux. Théorie vite confirmée par le fait qu’ils discutent entre eux sans complexe, rigolant à des blagues que seuls eux peuvent comprendre et partageant les ragots du jour. C’est vivant, c’fait plaisir.

Et c’est en marchant tranquillement que je finis par atteindre l’atelier, très voyant avec le mât de bateau planté dans le mur. Élément de décoration ou accident ? La question restera sûrement en suspens mais ça m’amuse d’en chercher la réponse. Puis au final, toquant à la petite porte, j'entre quelques secondes plus tard.


Dernière édition par Ryuko Kuzuryu le Dim 2 Oct 2016 - 15:59, édité 4 fois
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La porte ouverte dévoile une grande et large pièce  où se trouve en son centre un immense bateau amarré entouré de multiples jeunes femmes portant marteaux, scies et autres instruments nécessaires à la menuiserie. C’est… spécial. J’veux dire, vous avez déjà vu un atelier de ce genre entièrement géré par des femmes ? Ça me fait plaisir de voir ce genre de choses en tant que représentante du genre féminin, mais ça surprend !

Je regarde de gauche à droite et voit finalement une porte s’ouvrir au fond. Un homme d’à peine un mètre vingt en sort, tout rabougri, un vieux croûton. S’approchant des bateaux, il regarde avec attention le travail des menuisières. Puis là, sans rien demander, l’air très sérieux en continuant à regarder la réparation sur le bateau, il pose sa main sur les fesses de l’employé. Instantanément, un objet vient lui heurter le crâne, bien violemment ! Bim ! Super Shoot ! Une clé à molette !

Je tourne rapidement la tête dans la direction dont venait la clé. Une fille plus jeune que les autres, les cheveux roux coiffés en queue de cheval, habillée d’un top blanc crasseux et d’un short en jean déchiré se tient là sur le pont, l’air bien énervée.

- Papy, va poser tes mains baladeuses autre part, ou je te mets en foyer du troisième âge sans la moindre hésitation ! Vieux pervers !

Elle continue à grogner puis en tournant les yeux, finit par me voir. Elle attache des câbles suspendus en l’air à sa ceinture et saute du pont sans hésiter. Et fiouuuuuu ! En moins de deux, elle est arrivée devant moi, en volant !

- Bienvenue à l’Epave, le meilleur atelier de bateau et d’armement de South Blue !

Alors qu’elle me parle, je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle dit, j’suis encore trop ébahie par c’qu’elle a fait juste avant. C'tellement cool.

- Tu sais voler ?!
- De quoi ?
- Là, pour venir jusqu’à moi, t’es venu en volant, nan ?
- Ah, ça ! C’est juste les câbles qui me permettent de me suspendre en l’air,  rien d’autre ! T’as jamais vu de tyrolienne ?

J’fais un non vif de la tête pour exprimer le fait que non, la tironiaine, ça m’dit rien.

- Bon bah, j’te ferais essayer ça tout à l’heure ! Au fait, tu viens pour quoi ? Ça m’étonnerait que tu sois rentré par hasard.

Je sors de leurs protections mes deux pistolets que je lui tends.

- Deux pistolets, fabrication ancienne. Celui de droite a explosé de l’intérieur et a abîmé le système alors que j’ai besoin d’eux pour bosser !
- Ils sont sublimes ! J’ai hâte de m’occuper de ce modèle ! J’peux te faire le deuxième  gratuitement si tu veux que je m’occupe de la vérification ! Au fait, j’suis Lana ! Et toi, c’est quoi ton petit nom ?
- Ryuko !

Après avoir négocié sur le prix, elle part dans son coin, me laissant seule à l'entrée de l'atelier. Est-ce que je dois la suivre ? Ou aller faire un tour en attendant ? Beh, j'ai trop envie de voir comment elle va s'y prendre donc j'opte pour la première option.
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- Ça dérange pas que je sois là du coup ?
- Pas d’inquiétude, je ne suis pas un homme donc j’suis capable de faire deux choses à la fois, pas de problème pour discuter tout en bossant.

Il y avait pas à dire, elle avait un sacré caractère la rousse et était visiblement très attachée à sa féminité. Pas étonnant qu’elle soit à la tête de cet atelier du coup. J’veux dire, pour créer et diriger un atelier entier de femmes, faut être soi-même sacrément féministe dans l’âme, non ? Pas que j’insinue qu’on fait moins bien que les hommes, hein, j’pense plus le contraire même mais faut avouer qu’on a en général moins de force brute qu’eux et donc qu’on est un moins destinées au travail manuel qu’eux.

- C’est un sacré truc c’t’atelier ! C’est toi qui l’as fondé ?
- Absolument pas, c’est mon grand-père qui l’a fondé et ma mère qui en a fait un lieu de travail réservé aux femmes. Je n’ai fait que récupérer leur boulot, c’est tout.
- Pourquoi c’est plus ta mère qui s’en occupe ?
- Mes parents, en tant qu’anciens marines, ont été réquisitionnées pour participer à une grande bataille il y a une dizaine d’années je ne sais plus où et y ont perdu la vie donc c’est un peu compliquée pour elle d’être là, si tu vois ce que je veux dire.
- Ah… Mes condoléances ?
- T’prends pas la tête, ce sont des choses qui arrivent, on est tous destinés à crever un jour, sont juste partis un peu plus tôt.

Wow, c’est assez dur comme point de vue. Personnellement, je n’ai pas de mal à parler de Papa parce que je ne me souviens pas de lui mais si je l’avais perdu au même âge qu’elle, j’me sentirais sûrement mal à son sujet. ‘Fin, c’est son histoire, j’peux sûrement pas trop comprendre ce par quoi elle est passée pour en arriver là.

- Arg, j’ai j’té un froid sur la discussion on dirait, désolé, parlons de choses plus joyeuses ! Tu fais quoi dans la vie toi ?
- J’suis une fière chasseuse de primes !... Enfin, temporairement. J’veux pas rester matelot pendant des plombes lorsque j’entrerais dans la marine donc j’essaie de me faire un petit nom en tant que chasseuse de primes en attendant. Puis ça me permet de découvrir un peu le monde en attendant donc c’est tout bénèf’ !
- Sympa comme objectif. Et pourquoi tu veux entrer dans la marine ?
- Pour protéger les gens, bien sûr ! Les marines sont les héros qui sauvegardent la paix dans le monde, c’est mon rêve d’en faire partie.
- Alors tu veux protéger la veuve et l’orphelin ? Classique.
- Et ? Il y a pas de mal à l’être parfois. Puis bon, c’est toujours mieux qu’y accéder seulement pour le pouvoir.
- Pas faux. Mais perso, je verrais les choses en bien plus grand à ta place. Genre viser le poste d’amiral en chef. Une femme à la tête de la marine, t’imagines ?
- Beh, dans ce cas, pourquoi tu t’engages pas ? J’suis sûr que tu peux le faire !

Bon, si tu y arrives, t’auras sûrement pris trente ans dans la tronche d’ici là mais c’est quand même pas impossible. Enfin, je crois. J’sais pas trop comment ça marche à l’intérieur de la marine en soit.

- J’ai un atelier à gérer, t’imagines bien que je ne peux pas trop me permettre de le quitter comme ça.
- Il y a pas quelqu’un qui pourrait s’en occuper à ta  –

Pas le temps de finir ma phrase qu’une femme d’une trentaine d’années débarque dans la petite pièce, gueulant bien fort.

- Lana, le client de l’autre jour, refuse de payer la réparation de son fusil et a ramené des amis à lui !
- Tss. J’m’en occupe, j’vais chercher ma clé. Désolé pour ça Ryuko, on reprend notre conversation après, juste le temps de gérer un client capricieux.

Ni une, ni deux, elle part rapidement récupérer une très longue clé plate et part en direction de l’entrée sans attendre.
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- Aujourd’hui, notre championne Lana affronte une bande de trois clients resquilleurs ! Souhaitons-leurs un bon combat !
- LANA ! LANA ! LANA ! LANA ! LANA !

Si je m’attendais à ça ! Toutes les employées de l’atelier sont postées en cercle sur la partie haute du bâtiment tandis que Lana se tient seule en bas avec sa clé face aux chieurs du dimanche. Il y en a même une postée sur une tribune spéciale où elle peut gueuler comme une malade telle une présentatrice de match de sport, les deux mains autour de la bouche pour que sa voix porte. En gros, l’endroit était devenu une vraie arène, avec le public criant le nom de leur rousse favorite. M’approchant de l’une d’elle, j’essaie de comprendre un peu la situation.

- Vous n’allez pas lui filer un coup d’main ?
- T’inquiète pas, ce n’est pas la patronne pour rien.  Ces combats face aux clients mécontents sont monnaie courante depuis quelques mois, on est quasiment considérés comme l’attraction principale de la ville.
- Je vois...

J’ai du mal à vraiment y croire. Elle a beau être forte tête, je ne vois pas comment elle va s’en sortir contre cette bande de gars tous plus grand d’au moins une tête qu’elle. En plus de cela, chacun d’entre eux porte des poings de fers munis de pointes, histoire de visiblement bien faire mal. Il y a clairement pas moyen qu’elle gagne.

- C’est parti !

Redirigeant instantanément mon regard vers le combat, je vois l’homme du milieu attaquer le premier, tentant de porter un coup dans la joue de la jeune femme. Sauf que fiou, elle baisse sa tête et vient frapper le genou droit du gars avec sa clé géante, ce qui le fait chuter sans attendre, sa tête venant s’écraser majestueusement sur le sol. Forcément, le gars, ça lui plaît pas du coup il tente de se relever tandis que ses deux compères tentent de frapper Lana, chacun d’un côté. Et là, couic, elle fait se lever le blessé en lui prenant le cou avec la clé et l’utilise pour bloquer le poing du premier, achevant définitivement le pauvre gars. Et hop, directement après avoir fait ça, elle se retourne en direction de l’autre et vient lui asséner un superbe coup de pied dans les parties ! Le pauvre tombe par terre et commence à crier de douleur, pas forcément dans le meilleur des états. Elle s’occupe finalement du dernier en lui faisant un petit combo à la clé, lui assénant un coup dans la hanche puis un sous la mâchoire et finalement, passant dans son dos très rapidement, un dans le dos, l’envoyant balader sur quelques mètres.

- Et c’est encore une fois une victoire de notre championne, j’ai nommé Lana !
- YEAH !

Et tel une super-héroïne, la rousse lève haut le poing, fière de sa victoire, après avoir piqué tous les objets de valeurs que pouvaient porter les trois gars. Ces derniers partent d’ailleurs très vite, le seul encore réveillé tractant les deux autres hors de l’atelier. Wow, c’tait impressionnant. Sacrée performance de sa part, il y a pas à dire, j’suis soufflée. Et du coup, j’suis convaincue qu’effectivement, elle a peut-être les moyens de monter les grades de la marine. Pourquoi ? Parce que je la vois trop bien botter des culs en tant qu’Amirale à mes côtés, ce serait une superbe équipière. Faut que je trouve un moyen pour qu’elle puisse quitter son boulot du coup, essayé de lui trouver une remplaçante ou quelque chose du genre, j‘ sais pas. Faut que je fasse marcher mes méninges.

- Allez les filles, on retourne au boulot, la récré est finie !
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Retour dans le petit atelier de réparation, où l’on a repris notre discussion toutes les deux sur si je pouvais l’emmener à mes côtés dans la Marine. Sauf que bon, c’est compliqué de la convaincre, ses obligations la bloquent un peu à ce niveau-là.

- Pas possible j’te dis. Pas moyen. J’suis patronne de c’t’atelier, j’ai pas la possibilité de le laisser tomber comme ça, surtout avec tous les resquilleurs qui viennent ces derniers temps.
- Il suffirait d’apprendre à tes employées à se battre, non ?
- Sauf que ces femmes sont ici pour travailler et non pour se castagner. Ce n’est pas à elles d’assumer la bataille contre les clients de ce genre, surtout que certaines sont sûrement plus vieilles que ta mère. ‘Fin si jamais elle est encore vivante, les parents sont une espèce un peu en voie de disparition ces dernières années.
- Pas d’inquiétude, la mienne est encore bien en forme.

Je l’espère en tout cas. Depuis mon départ de la maison, je n’ai pas encore trouvé le courage d’y retourner. Sûrement par peur de voir ce qu’elle a pu devenir après mon départ, l’imaginant s’être dégradé encore plus qu’avant, incapable de s’occuper d’elle seule. Rien que d’y penser, ça me file la nausée.

- Du coup, si je te trouve un remplaçant, tu me suivras ?
- J’sais pas. Même si j’adore mon boulot, j’ai pas l’envie de passer toute ma jeunesse ici, s’rait du gâchis. Mais je me sens pas prête à laisser tomber mon atelier, surtout pour quelqu’un que je connais à peine…
- Je prends ça pour un oui !

Et c’est ainsi que sans attendre, je pars de l’atelier sans demander mon reste, à la recherche de celui ou plutôt celle, vu le caractère de la demoiselle, qui pourrait reprendre cet atelier. Ce qui ne va pas être chose aisée vu que je ne connais personne ici et encore moins les relations de Lana, bien que dans tous les cas, je ne risque pas de trouver grand-chose de ce côté, elle aurait déjà pu lui proposer sinon.
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- Quelqu’un qui pourrait reprendre l’atelier de ma petite fille ? J’ai bien peur que vous ne trouviez personne qui puisse convenir à cette tâche. La seule qui pourrait la remplir est sa petite sœur mais Lana refuse qu’elle soit la prochaine à l’obtenir.

Le vieil homme lâche un petit soupir à la fin de sa phrase pour me faire comprendre que l’affaire est un peu compliquée. Pourtant, lui aussi m’a bien dit qu’il voulait que la rousse parte voyager et découvrir le monde, aller réaliser un peu ses rêves en dehors de cet atelier dont elle s’occuper depuis déjà des années. Il en est au point où il hésite à fermer cet atelier qu’il a construit pour qu’elle puisse enfin être libérée de son boulot, quitte à ne pas pouvoir subvenir à ses propres besoins. Bien sûr, il ne peut pas réellement le faire, risquant plus de donner des remords à sa petite-fille en supplément du fait de l’obliger à subvenir à ses besoins.

- Et où habite sa sœur ? Elle pourra peut-être m’aider à trouver un moyen !
- A quelques pâtés de maisons d’ici, elle devrait passer dans peu de temps pour apporter son repas à Lana de toute façon.
- Oki, merci Papy !
- Je t’en prie, ça me fait plaisir de voir des jeunes filles m’appeler comme ça.

Bon, la dernière remarque était un peu dérangeante mais au moins, j’ai ce que je veux ! Il ne me reste plus qu’à l’attendre ici. Je me demande si elle a le même caractère que sa grande sœur ? Ou encore plus féministe si ça se trouve, ce serait drôle. P’têtre le total inverse sinon, un garçon manqué absolu plus androgyne qu’un mannequin pour Criminal qui ne voudrait pas être considéré comme une femme.

- Bonjour grand-père !

Wow. Elle est là et c’est loin de tout ce que je pouvais m’imaginer. Une icône même de la pureté et de la beauté. Un ange descendu des cieux pour se fondre parmi nous. Je suis à deux doigts de passer de l’autre bord. Que ce soit sa silhouette fine sans être frêle, ses cheveux roux coiffées en une légère petite queue de cheval, son visage à croquer, orné de ce petit nez adorable et de ces grands yeux verts, tout chez elle attire et émerveille comme une sorte d’objet céleste, divin, qui nous illumine de sa magnificence. Sincèrement, si je n’avais pas déjà cette grosse brute de Katô dans la vie, je pense que je me serais déclarée sans hésiter. Mais bon, je suis fidèle en amour, hors de question que je trahisse ce nounours. Reste la polygamie en solution mais il faudrait trouver la bonne île pour et je n’ai pas le temps.

- Excusez-moi, c’est vous qui vouliez me parler ?
- Oui, c’est bien ça ! Ryuko, enchantée de faire votre connaissance !
- Tout l’honneur est pour moi, je suis Nina. Jolie coupe, si je puis dire.
- Merci beaucoup, j'adore personnellement le collier argenté autour de votre coup.
- Merci, c'est un souvenir de ma mère. Vous vouliez me parler au sujet de ma soeur, non ?

Même sa manière de parler est adorable, tout en politesse et en finesse contrairement à ce franc-parler que possède Lana. J’ai presque l’impression que les deux viennent de deux familles différentes tellement leur éducation semble avoir différer à un certain point.

- C’est ça ! Je suis convaincue qu’elle a beaucoup de potentiel dans le combat et qu’elle est capable d’intégrer les rangs de la marine pour y devenir l’une des meilleurs ! En plus, elle-même est très intéressée par la proposition mais son travail la retient ici. J’aimerais qu’elle ne passe pas sa jeunesse dans un trou paumé comme celui-ci.
- On peut dire que ce n’est pas la subtilité qui vous étouffe vous… Enfin. Je comprends votre point de vue mais je ne vois pas trop ce que je viens faire dans tout cela, j’ai beau être sa sœur, je n’ai pas la recette miracle qui permettra de l’aider. Et d’ailleurs, qu’est-ce que cela vous apporte d’aider une inconnue comme elle ?
- Je compte également rejoindre les rangs de la marine donc c’est normal de donner un coup de main à une possible équipière dans le besoin. Et puis bon, j’ai vachement envie de bosser à ses côtés !
- Ah. Et bien bonne chance, cela risque d’être compliqué.
- Vous ne comptez pas me donner un coup de main ? C’est votre sœur !
- Je suis au courant, merci. Vous ne croyez pas que j’ai déjà essayé de l’en convaincre ? Mon mari est tout à fait capable de s’occuper de ce vieil atelier et il suffirait d’un mot de sa part pour que l’on prenne le flambeau. Le refus vient seulement d’elle. Toutes ces fables à propos de défendre son atelier ne sont que des mensonges, je suis aussi forte qu’elle et elle le sait. Elle refuse juste de laisser tomber l’héritage de notre mère, se sentant comme héritière d’un fardeau qu’elle doit porter toute seule, qu’elle ne peut même pas léguer à sa sœur jumelle.
- Et vous n’avez pas une idée d’où ça peut venir ?
- … Non, malheureusement.
- Bah. Au moins, ça me fait une piste à explorer.


Dernière édition par Ryuko Kuzuryu le Dim 2 Oct 2016 - 17:43, édité 4 fois
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Une piste à explorer, c’est vite dit. Parce que bon, j’ai en soit trouvé un autre point d’approche de la chose mais tout aussi peu réalisable. Qu’est-ce qui a pu motiver une jeune fille à reprendre à elle seule l’héritage de sa mère ? J’ai un peu de mal à croire que cela soit de sa seule volonté, elle aurait clairement refusé mon invitation pour intégrer la marine dans ce cas. Ouais, il y a anguille sous roche, c’est certain. Le problème étant que la pêche, c’est pas mon truc. Du coup, j’vais tenter le coup du côté de la principale intéressée, p’t-être que j’obtiendrais quelque chose en lui agitant l’hameçon sous la tronche.

J’ai donc rejoint Lana une troisième fois dans son petit atelier, l’interrompant au milieu d’une étape visiblement importante de la réparation. Elle reprend cependant sans problème là où elle s’était arrêtée dès que je commence à lancer la discussion, ayant visiblement oublié le fait que je suis sensée être partie à la chasse au remplaçant, prouvant bien qu’elle s’en fichait au fond. Bien sûr, je fais attention à mener petit à petit la conversation vers le sujet qui m’intéresse.

- Reprendre l’atelier a été compliqué, forcément, mais je pense m’en être pas mal sortie ! Maman s’rait fière de moi en voyant ça.
- D’ailleurs, pourquoi tu l’as repris au juste ? Je veux dire, t’avais dix ans quand elle est morte, tu l’as repris à douze ans avec l’aide du vieux, tu devais avoir une sacrée motivation derrière pour accomplir un tel truc !
- Je ne pouvais juste pas refuser, c’était sa dernière volonté.
- Comment ça ?
- Tout simplement qu’c’est elle qui m’a demandé de s’occuper de son atelier après sa mort.
- T’as croisé son fantôme ?!
- Mais nan, elle a simplement décidé d’envoyer une lettre à moi et ma sœur avant de mourir. On l’a reçu deux ans après sa mort. Dedans, elle me demandait de prendre soin de l’atelier si jamais elle devait partir et c’est tout.
- Aaaaaaah, d’accord ! Mais pourquoi ça ne demandait qu’à toi de prendre sa place ? Vous êtes jumelles avec votre sœur, m’étonne qu’elle ne vous ait pas demandé de coopérer.
- Aucune idée.

J’ai une touche, je crois. Il n’y a pas juste une anguille planquée là-dedans, plutôt un gros poiscaille. Et quelque chose me dit que ça ne va pas plaire à grand monde de le voir ramené à la surface.

- Et tu l’as encore cette lettre ?
- Bah ouais.
- Tu peux me la montrer ?
- Pourquoi au juste ?
- Raison personnelle. Il y a quelque chose de bizarre dans cette histoire.
- Désolé mais c’est non. T’es sympa et tout, j’t’aime bien mais je n’ai pas de raisons de montrer à une quasi inconnue mes souvenirs de valeur. Donc à moins que tu ait une vraie raison, elle restera là où elle est rangée.
- Si je te dis que cette lettre n’est pas de ta mère, t’es intéressée ?
- J’ai déjà vu mieux comme bobards, comment tu peux affirmer ce genre de trucs comme ça ?
- Il y a différentes choses qui semblent bizarres dans cette histoire. Que ce soit le temps qu’à mise la lettre à arriver, le fait qu’elle n’indique que toi dans la succession et certains  autres détails, il y a des incohérences qui se créent.
- Et qu’est-ce que ça t’apporterait de voir la lettre au juste ?
- Une preuve de mon raisonnement.

Enfin, je l’espère. Honnêtement, j’ai aucune idée de si c’est vraiment le cas ou non mais si j’ai bien raison, je ferais d’une pierre deux coups, libérant tout le monde de ses ennuis.

- … Très bien, tu vas pouvoir la voir. Je l’ai laissée chez ma sœur, vu qu’elle habite dans notre ancienne maison.
- Parfait, profite du voyage pour lui demander de venir aussi, ça risque de la concerner également !
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- Et donc pourquoi nous avoir réunis au juste ?

Nous sommes quatre, réunis en cercle autour de la grande table au centre de la petite pièce dans laquelle j’ai passé la journée à discuter avec Lana. A chaque coin est assise une personne, chacune une expression différente. Nina, en bout de table, face à moi, semble légèrement énervée, bien moins agréable que tout à l’heure, essayant visiblement de me faire comprendre qu’elle a déjà dit ne rien savoir sur l’affaire et qu’elle n’a rien à faire ici. Heureusement, Lana, à ma gauche, semblant un peu troublée et stressée, ne lui a pas laissé le choix, la tirant de force jusqu’à ce qu’elle se laisse faire. Enfin, à ma droite, se tient le grand père, assis sur un tabouret plus haut que les autres chaises pour qu’il soit à la même hauteur que nous.

- Vous allez vite comprendre.

Enfin je l’espère. En soit, tout ça repose sur un bluff qui ne fera que me mettre tout le monde à dos si jamais il s’avère erroné. Tout repose sur cette seule et unique lettre, qui décidera du sort de Lana.

- Papy, si vous voulez bien me donner ce que je vous aie demandé de ramener. Lana, de même.

Le vieil homme me tend tout d’abord le contrat d’une des plus vieilles employées de l’atelier, écrite à la main par l’ancienne propriétaire des lieux. Certaines lettres sont peu lisibles mais dans l’ensemble, les mots sont encore bien visibles, tout comme la signature. Vient ensuite la supposée lettre de la défunte mère que me donne Lana, encore bien poussiéreuse, prouvant qu’elle est restée longtemps entreposée là où elle était. Prenant chacune des deux feuilles, sans m’intéresser au texte, je me concentre sur les différences entre les écritures et les signatures, ne laissant aucun doute quant à la réponse.

- Il s’avère que j’avais raison, il suffit de jeter un coup d’œil aux signatures pour voir qu’elles sont bien différentes.
- Ça ne prouve pas grand-chose, désolé de te le dire, c’est pas possible exactement de faire la même plusieurs fois. Il m’arrive même d’ailleurs de la changer de temps à autres perso.
- La différence est malgré tout flagrante. Et si l’on regarde de plus près l’écriture, ça ne fait plus aucun doute. Certaines lettres ne sont pas du tout écrites de la même façon, malgré le fait que les écritures semblent proches au premier coup d’œil. Cela prouve donc que cette lettre est bien une fausse !

Pour appuyer mon propos, je fais claquer mes mains sur la table en me levant subitement, provoquant un grand bruit. Sauf qu’une réaction en face n’est pas celle que j’avais imaginée. Lana, subitement, se lève elle aussi, l’air prête à fondre en larmes.

- Excusez-moi, je vais faire un tour, je reviens…

Et sans en dire plus, elle prend la porte sans nous regarder plus longtemps.

- Vous êtes consciente de ce que vous êtes en train de faire ?! Ma sœur a sacrifié toute sa jeunesse à remettre en état l’atelier de sa mère juste à cause de cette lettre et vous lui dîtes que tout ça n’était que le fuit du mensonge et qu’elle base sa vie sur une blague depuis tout ce temps, vous n’avez pas honte ? Vous n’êtes qu’une enfoirée !
- Nina, du calme ! Tu n’as pas totalement tort mais tu n’as pas à t’énerver comme ça. Et vous, j’ai bien voulu vous aider pour le bien de ma petite-fille mais si vous tentez de la détruire, sachez que vous n’êtes plus la bienvenue ici.

Arg. En quelques secondes, je me suis attirée la colère de toute la famille, visiblement prêts à me foutre dehors au moindre mot de travers. Mais malheureusement, si je veux pouvoir régler le tout, il faut que j’aille jusqu’au bout.

- Ne vous inquiétez pas, papy. Mon but n’est pas de tout détruire, juste de l’aider à avancer. Et pour ça, je dois révéler une dernière chose qui lui permettra d’avancer !
- Quoi donc ?
- Le nom de l’auteur de cette lettre.
- Ce n’est pas un simple canular ?
- Loin de là. Une personne s’est servie de cette lettre pour arranger ses affaires durant toutes ses années.
- Balivernes.
- Je ne crois pas, non. Après tout, c’est vous qui l’avez écrite, Nina !
- Ah bon ? Et vos preuves ?
- Une lettre qui oblige votre sœur à reprendre la direction de l’atelier sans que vous soyez impliquée, écrite par quelqu’un qui connaissait suffisamment l’écriture de votre mère pour l’imiter grossièrement ? Je ne vois pas qui d’autre que vous aurait pu le faire.
- La première raison ne prouve rien du tout et la seconde n’en est pas une, de nombreuses personnes l’avait déjà vue.
- Mais j’ai bien une preuve, je peux vous l’assurer.
- Quoi donc ?
- Lana m’a dit elle-même plus tôt que vous aviez reçu chacune une lettre, ce qui semblait logique dans le cas où la lettre viendrait vraiment de votre mère, voulant vous adresser ses dernières paroles. Dans le cas d’un blagueur voulant tromper Lana, il aurait sûrement envoyé une lettre à vous aussi pour que la blague paraisse vraie, évitant l’incohérence. Donc pouvez-vous me la montrer ?
- Ce serait avec plaisir mais je l’ai malheureusement égarée. Je n’étais pas plus attachée à ma mère que ça donc je n’ai pas vraiment pris la peine de la garder en lieu sûr.
- Objection !

J’ai toujours rêvé de gueuler ça un jour, surtout dans un moment comme celui-ci. Faudra que je pense à le cocher dans mon cahier de choses à faire dans la vie.

- C’est gentil de vous contredire comme cela.
- Comment ça ?
- Le collier autour de votre cou ! Vous m’avez vous-même dit que c’était un souvenir de votre mère lorsque nous somme saluées. N’est-ce pas Papy ?
- Effectivement, cela appartenait bien à ma fille, elle l’a donné à Lana avant de partir à la guerre.
- Tss…
- Donc si vous n’êtes pas en mesure de me montrer cette lettre, cela voudra bien dire que vous n’en avez jamais reçue et que vous êtes bien l'auteur de celle de votre soeur !
- Et un motif, hein ?! Qu’est-ce j’aurais gagné à lui faire cette blague ?

Elle s’est levée soudainement, à deux doigts de péter un câble. Son visage plutôt angélique le paraît beaucoup moins maintenant, prête à m’égorger si je dis tout haut ce que je pensais. Mais malheureusement, il en faut plus que ça pour m’effrayer.

- C’est tout simple, avec votre sœur occupée à reprendre l’atelier, vous n’aviez aucunement besoin de vous investir dedans. A vous l’avenir plein de joyeusetés, loin du travail acharné de cet endroit.
- …

Elle se calme soudainement, me fixant avec un air troublé, puis reprends rapidement du poil de la bête, avec cependant un ton moins agressif que précédemment.

- Désolé mais ce n’est pas possible. Nous avions douze ans à cette époque, je n’étais même pas consciente que ce serait à nous de reprendre l’atelier à sa mort.
- Elle dit vrai, c’est Lana qui m’a pris de court avant que je leur explique, soudainement motivée pour reprendre l’atelier alors qu’elle venait de passer deux ans sans quasiment aucun contact social. C’est la lettre qui lui a appris l’existence de ce fait sans aucun doute, Nina ne peut donc pas en être l’auteur !
- Arg.
- Objection…

Tout le monde se retourna d’un coup, fixant la porte de la salle où se tenait Lana, visiblement mal en point au niveau de ses émotions. Elle est restée là tout ce temps à nous écouter derrière la porte malgré tout ?

- Papa nous avaient expliqués que si un jour ils disparaissaient, se serait à nous de nous occuper de l’atelier mais qu’il ne voulait pas que cela arrive, étant une trop lourde charge pour nous deux. Mais quand j’ai reçu la lettre de Maman, j’ai ignorée cela, heureuse de pouvoir accomplir sa dernière volonté…
- Dans ce cas, c’est tout à fait possible que –
- Objection ! Merci pour ton aide mais tu te trompes sur ce point. J’ai compris maintenant le pourquoi du comment. Tu as voulu m’aider, n’est-ce pas Nina ? Vu que j’étais incapable de me remettre de la mort de nos parents, tu as décidé de me donner une raison de vivre à nouveau…

S’arrêtant là dans ses explications, elle fixa sa sœur dans les yeux, tentant de retenir les larmes qui semblaient vouloir à tout prix couler sur son visage.

- Sauf que tu ne t’attendais pas à ce que je continue de suivre et à reposer ma vie sur cette lettre aussi longtemps… Alors tu as continué à mentir, par peur de me briser à nouveau…
- Mais…
- Ça va aller. Je suis plus forte mentalement que tu ne le crois. J’ai fini par m’en remettre malgré tout, tu sais ?

Et sans prévenir, les deux éclatèrent en pleurs, Nina se jetant dans les bras de sa sœur et s’excusant sans s’arrêter pendant plusieurs minutes, voir plusieurs dizaines.
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Deux jours plus tard, port du village.


- Alors t’es sûre de vouloir partir ?
- Ouep, pas d’hésitation, il est temps pour moi d’avancer dans la vie. Je te confie l’atelier sœurette !

Me tenant déjà dans la navire de marchands sensé nous déposer à proximité du QG de South Blue, je regardais de loin la petite scène touchante qui se déroule en bas. Pour faire simple, les deux sœurs se sont expliquées et réconciliés et tout est réellement rentré dans l’ordre, comme il le fallait. Nina, avec l’aide de son mari, va prendre la suite de sa sœur et rendre l’atelier encore plus populaire aux alentours, prévoyant d’augmenter massivement sa renommée. Leur grand-père, rassuré de ne plus voir une seule personne aux commandes, va enfin prendre une retraite tranquille pour profiter des petits plaisirs de la vie tant qu’il le peut encore. Et comme vous l’aurez deviné, Lana a décidé de se joindre à moi pour notre entrée dans la marine. Ouep, c’est une bonne fin. Dommage que je n’ai pas réussi à trouver la vraie solution toute seule par contre, j’me sens un peu conne et surtout méchante d’avoir pensé tout ça de cette pauvre fille. Mais bon, le mal est fait, on ne peut plus revenir dessus. J’suis même pas sûr qu’elle m’en veuille au final.

- Grouille-toi Lana, on ne va pas tarder à partir !
- J'arrive !
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