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Bam bam bam !

Retour dans les couloirs, direction l'étage au-dessus pour une mission très importante selon les mots de Cutter. Après un plan C trop bien mené et quelques courses dans les couloirs, Cutter avait dit quelque chose d'assez intelligent pour être notifié par Kurn, et plus tard par Fantine qui n'écoutait ces zouaves que d'une oreille distraite. Les canons tonnaient toujours à intervalles réguliers sur les pirates qui luttaient dehors, et eux étaient les mieux placés pour palier à ce problème.

« On va rester 'ci et attendre l'fuite, annonça Cutter. »

Alors qu'ils remontaient tous la base, l'homme s'était stoppé, essoufflé, avec les quelques uns qui lui restaient à côté. Kurn et Fantine se stoppèrent finalement eux aussi, pour prendre en compte ce fait. L'occasion rêvée pour faire une pause et de panser les quelques plaies qu'ils avaient. Ils profitèrent de ce temps mort pour enrouler la jeune fille dans des bandages de fortune comme elle le désirait et pour soigner les blessures que Kurn s'étaient fait durant la lutte contre le pacifista.

« Vous cont'nuez ?
Carrément ! Y'a d'autres trucs à visiter ici, c'est super chouette ! Lança la momie en sautillant sur place.
Euh, ouais, souffla finalement Kurn en restant comme d'habitude moins enjoué. »

Puis surtout, chose incroyable, ils avaient une mission. Le sabotage qu'ils avaient entamé, et que Fantine était en joie de continuer, ne pouvait pas s'arrêter en si bon chemin. C'était bien la première fois dans sa vie qu'elle pouvait faire quelque chose qu'elle adorait tout en se rendant très utile pour les autres. La jeune fille ressentait en elle un sentiment nouveau, comme l'impression d'accomplir quelque chose de bien pour ses semblables, et de pouvoir s'en féliciter. Était-ce ça qu'on appelait « l'altruisme » ou un truc du genre ? Ça sonnait comme un gros mot prononcé comme ça, mais on lui avait dit que c'était surtout un compliment, un très beau dans le genre.

Et Fantine, elle, n'était pas habituée aux gentils compliments.

« A plus tard !
B'nne chance ! »

Ils filèrent, la jeune fille manquant de se prendre les pieds dans ses bandages mal attachés, dégringolant les marches dans un sens pour les remonter finalement dans l'autre en insultant Groot qui avait mal fait son travail.

Ils arrivèrent en fin de compte dans un autre couloir, ou une grande porte les attendait. Toujours au bout de la base, et ayant pour but de la remonter pour arriver de l'autre côté, Fantine préféra ne pas perdre trop de temps ici. Elle n'en discuta pas cependant avec son coéquipier, rentrant dans la salle en enfonçant sauvagement la porte qui atterrit dans la tête d'un marine, en hurlant en même temps :

« COUCOU C'EST NOUS !
AH ! UNE MOMIE ! Hurla l'un.
TOUS AUX ABRIS ! Cria l'autre.
EN JOUE ! Fit le dernier bien décidé à ne pas se laisser surprendre.
BANG ! »

Bang fut le bruit que fit le poing de Fantine lorsqu'il entra en contact avec la mâchoire du donneur d'ordre. Un bang doublement appuyé donc, surtout lorsque l'os se disloqua et que l'homme vola vers ses suivants. Les balles sifflèrent, les coups de canons stoppèrent comme prévu, et Kurn pénétra finalement dans la pièce pour venir mettre un poing ferme et définitif à toute cette mascarade.
Quelques droites et coups d'épées plus tard, des canons retournés contre leurs propriétaires et pas de gradés trop occupés ailleurs pour venir se charger de leurs comptes, les deux compères se retrouvèrent donc dans une salle en bordel. Les marines à terre, certains défenestrés, d'autres ensanglantés au sol en train de rendre leur dernier soupir. Et Fantine qui passait soigneusement la main sur toutes les pièces d'artilleries.

« Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Kurn, prêt à repartir vers ailleurs.
Cutter me manque, alors je nous fais un autre Cutter ! »

A peine annoncé qu'une couleuvrine leva la gueule vers elle et que la jeune momie lui annonça fièrement :

« Toi, tu t'appelleras Cutter !
Okidoki!
Cool ! »

Une bonne chose de faite.
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Le souci, c'est que visiblement, Cutter lui manque vraiment beaucoup, songea Kurn en regardant les trente "Cutter" qui les suivaient. Il y avait la première couleuvrine, qui menait la charge, et deux autres canons plus petits mais un peu plus larges. Puis une colonie de boulets câlins qui s’entrechoquaient à la recherche d’un peu de contact.
En tout cas, il n’y a plus que nous, à faire un vacarme de tous les diables dans les couloirs de la base. Et, bizarrement, on ne croise pas grand-monde. De ce que Kurn se rappelait de la forme de la base, ils étaient en train de faire tout le tour par la gauche. Donc d’ici quelques heures, ils devraient se retrouver à nouveau à la porte, mais de l’autre côté de l’entrée d’eau.

Ramdam derrière eux.
« Par ici ! Cria une voix familière. »
Kurn se figea, pencha la tête sur le côté.
« Fantine, ça ne serait pas Ichidura, ça ?
- Si ! Tout ça pasque tu m’as empêché de la tuer !
- On n’avait pas le temps. D’autres Marines arriv…
- Oui bin là on a pas le temps non plus !
- Pas faux. »

Encore à courir. C’est un mensonge, cette histoire comme quoi on se bat du lever au coucher du soleil. Nous, on ne fait jamais que courir, trotter, trottiner, et courir encore. La Commandante d’élite, en se réveillant, avait dû prendre le contrôle d’une section de Marines pour les poursuivre. Alors qu’ils n’étaient même pas primés, en plus.
Cinq boulets leur dirent adieu en se laissant rattraper. Puis ils firent moult câlins affectueux aux pauvres soldats, se laissant marcher dessus pour les faire tomber à terre. Contre Ichidura, ils n’avaient pas la moindre chance. Leur sang doit maintenant inonder les pavés de la base… Ah non, ce sont des boulets en acier.

Finalement, ils arrivèrent dans une pièce vide dont ils refermèrent immédiatement la porte renforcée, et un des canons se posta devant pour empêcher d’ouvrir. Il devait bien peser ses quelques quintaux. En face, plus loin, il y avait une autre porte qui menait à d’autres couloirs qui continuaient à faire le tour de la base, et sur les deux côtés se trouvaient des ouvertures. A droite, elle menait vers une terrasse qui surplombait la baie, et à gauche à de simples meurtrières armées pour tirer sur tout ce qui bougeait à l’extérieur.

Fantine ouvrit, comme à son habitude, la porte d’en face d’un coup de pied. Kurn ne vit que les gueules d’un grand nombre de fusils et attrapa la jeune fille par le col, la ramenant à l’intérieur et claqua le battant sur un mur de balles. Puis il s’applatit contre pour empêcher les Mouettes de l’ouvrir et d’envahir la salle dans laquelle ils se trouvaient tous.
« Euh. On fait quoi ?
- On les défonce !
- T’as vu combien ils étaient ?
- Non !
- Beaucoup.
- Beaucoup pleins ?
- Beaucoup pleins, oui.
- Bon bah on les défonce beaucoup pleins pleins, alors.
- Non.
- Et si Cutter tire au canon ?
- Lequel ?
- Moi ! S’exclamèrent-ils tous en cœur.
- Ca règlera pas le problème qu’on est en train de courir tout le tour de la base pour rien, avec pleins de Marines derrière nous. Et qu’on risque bien de tomber sur un os à un moment.
- Pfft t’es pas drôle, ouvre la porte.
- Non !
- Si ! Tout ira bien !
- Je vois pas comment tout pourrait bien aller alors qu’on est pris en tenaille entre deux escouades de la Marine avec des commandants d’élite au milieu.
- Mais si, tu verras, l’important c’est d’y croire !
- T’es sûre ?
- … N… Euh oui, bien sûre ! J’ai toujours fait comme ça et ça c’est toujours bien passé !
- Hum. »

Quelques instants de silence ponctués par des coups sourds contre les deux portes.
« Si, si, ça s’est toujours bien passé ! Je t’assure !
- Non, vraiment pas, répondit Kurn en repensant à toutes les fois précédentes.
- T’as mieux comme plan, peut-être ?! Puis c’est moi le capitaine alors…
- On va sur la terrasse et on plonge dans la baie !
- Dans l’eau ? Vraiment ?
- Oui, bon, tu ne pourras pas nager mais…
- On n’a qu’à se propulser vers l’île au centre avec les canons ! Comme au cirque ! J’ai toujours voulu…
- L’île au centre ? Pourquoi là-bas ? Ca a l’air vachement dange…
- Vachement marrant ! On va là-bas !
- Cutter ! Venez sur la terrasse ! »

Tous les canons et boulets désertèrent la porte qu’ils bloquaient pour suivre Fantine et il ne faudrait pas longtemps avant qu’Ichidura entre dans la pièce. Kurn dut donc emboîter le pas à ses compagnons, et se retrouva en équilibre sur Respora, posée sur la gueule de la couleuvrine. La jeune fille était accrochée sur son dos et donnait de la voix pour encourager tout le monde.
Les meitous de premier rang sont censés être indestructibles mais quand même, un coup de canon à bout portant et…

BOOUM !

Il n’eut pas le temps de davantage s’intéresser à la question que Cutter numéro un faisait feu, les éjectant extrêmement rapidement à plusieurs dizaines de mètres sans que Respora n’émette le moindre son, à part peut-être un grondement de dépit. Ou peut-être est-ce le bruit du vent. Ou Fantine qui hurle des cris stridents dans mon oreille. Jetant un regard derrière lui, en direction du pilier central, Kurn ne pensa qu’une seule chose.

Trop court.

Puis un autre boulet fila à côté d’eux en criant ‘’Câliiiiiiiiiiiin !’’.
« Groooooooot ! Surfe sur les boulets !
- Mais… C’est totalement con !
- Youhouuuuuuuuuuuuu ! »

Le tir suivant était sensiblement mieux cadré. La langue baveuse de la boule d’amour et de métal pendouillait sur le côté de la gueule béante du boulet et l’homme-poisson brandit Respora pour bloquer ce qui manqua de lui arracher la tête. L’impact les éjecta un peu plus loin. Plus près du pilier.

C’est totalement con. Mais ça peut marcher.

Quatre tirs plus tard, Kurn regarda derrière lui et vit le pilier, tout proche. Il vit aussi la vitre de la salle d’observation, qui se rapprochait à toute allure. Vite. En se contorsionnant avec l’aide de Fantine et en faisant contrepoids avec Respora, il parvint à se retourner pour faire face au verre.
Il arma sa lame pour fracasser la paroi et…

Trop lent.

Les deux pirates s’écrasèrent face la première contre la vitre, sous les regards surpris des Marines chargés des communications qui se trouvaient à l’intérieur. Totalement applatis par l’impact et l’énergie cinétique accumulée, ils restèrent collés quelques longues secondes, yeux écarquillés et bouches ouvertes, avant de commencer à glisser.

Tout doucement.

Au ralenti.

Vers le bas.

L’eau.
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Fantine n'avait jamais ressenti sa joue de cette manière. Tout d'abord, la sensation froide lui compressant la peau, puis la douleur lui transperçant la mâchoire. Suivi par ce semblant de perception râpeuse, causé par l'iode sur la vitre, lui laissant un arrière goût salé mêlé à la rouille dans le fond de sa gorge. La faute à deux molaires déchaussées très probablement et les dents retravaillées par la douce Ichidura lors de leur affrontement...

Mais là, elle était sonnée. Très clairement. Sans pouvoir s'agripper à quoique ce soit pour ralentir la chute, Fantine sentit son corps se décoller progressivement de la surface, et glisser comme le ferait une feuille de papier vers le sol. Portée par le vent, ondulant délicatement... Ou pas. Tombant plutôt comme une masse molle vers l'inévitable, direction la flotte ou elle mourrait très probablement si Kurn ne se décidait pas à venir lui porter secours.

Tout ça ressemblait à la base pourtant à une très bonne idée. Mais quand son corps rentra en contact avec l'eau malgré ses tentatives inutiles pour soudainement apprendre à voler en battant des bras super vite, Fantine sentit toute volonté, toute force, la quitter en une poignée de seconde. Comme si son énergie vitale se faisait la malle, absorber par quelque chose de bien plus grand qu'elle, totalement indescriptible dans sa forme. La maigre bouffée d'air qu'elle réussit à prendre n'allait pas lui faire long feu à ce rythme.

Avoir manger ce fruit avait bien des avantages, et elle ne le regrettait presque jamais.

Excepté lorsqu'elle se retrouvait totalement immergée et incapable de lutter pour sa survie, condamner à mourir à petit feu sans pouvoir rien y faire.

Fort heureusement pour elle, Kurn était son ami. Ou un truc du genre, ce qui pouvait y ressembler le plus de loin et dans les grandes lignes de la définition. Peut-être même qu'il était plus approprié de le qualifier d'ami obligé de l'être puisqu'elle l'avait embarqué dans ses aventures un petit peu sans son avis, et s'il ne rechignait plus trop à la suivre, les débuts n'avaient pas été des plus simples. Dans tous les cas, Kurn l'attrapa par le col de son T-shirt avant de la tirer vers le haut. Et bien qu'a bout de force, ravoir la possibilité de respirer lui fit beaucoup de bien. Ses poumons absorbèrent le plus d'air possible, de peur que celle-ci ne se fasse encore la tangente.

« Groot, je veux pas rester là-dedans, geint-elle alors qu'il la mit sur son dos et qu'elle s'accrocha comme elle le put à son cou. »

Il la ramena à la terre ferme, tout du moins... Plutôt devant une immense paroi à escalader avant de retrouver la « terre ferme ».
La portant d'une seule main d'abord, il prit de l'avance tandis que Fantine retrouvait progressivement ses esprits. Elle sentait encore l'eau sur elle, l'impression d'être faible toujours, mais regagnant peu à peu ses forces.

Elle déchargea son ami au bout de quelques minutes pour prendre à son tour l'ascension. Ils arrivèrent finalement tous les deux au sommet où l'affrontement était toujours de mise, et faisait surtout pas semblant. Essorant ses cheveux devenus lourd, elle suivit l'homme poisson dans une certaine direction en assommant au passage un pauvre gars qui n'avait rien demandé à personne, s'esquivant dans la seconde d'après.

« Moi j'dis qu'il faudrait songer à faire le plein et à partir, Groot !
Tu crois ?
Oui oui ! Tu sais, je m'y connais en piraterie, ajouta-t-elle pleine de sagesse dans son explication. Et quand ça commence à être aussi confus que maintenant, c'est là que tu te mets à piller comme un sale avant de t'en aller encore plus salement ! »

Et le raisonnement se tenait parfaitement pour une fois.

« Ils ont bien des trésors dans le coin ! Une spécialité locale !
Ouais, plus d'une !
Comment tu sais ça toi ?
J'ai pris le temps de me renseigner avant de venir...
Ah ouais, c'était une bonne idée de faire ça ! T'as bien eu raison ! »

Les couloirs qu'ils avaient quitté quelques minutes plus tôt, les deux les regagnèrent rapidement pour s'y enfoncer. Et la liste que Kurn présenta à Fantine fut plutôt sympathique. Des éternals ou des log poses (ça semblait utile surtout sur Grand Line, même si ni l'un ni l'autre ne savaient s'en servir), des armes sophistiqués, même des navires pouvant être maniés...

Et la jeune fille était à peu près sûre qu'ils pouvaient commencé leur liste de courses en suivant la route très bien indiquée vers la log cave. Y'avait peut-être même moyen d'en trouver avant avec un peu de chance.
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Mais ils ne trouvèrent rien avant. Il suivirent la ligne noire pendant longtemps. Très longtemps. Très très longtemps.
« C’est encore loin ? Demanda Fantine.
- Je ne sais pas. Je ne pensais pas que c’était aussi grand.
- C’est encore loin ?
- Tu vas continuer à demander longtemps ?
- C’est encore loin ?
- Grmbl… »
Au bout d’un moment, excédée, la jeune fille prit un virage dans l’autre sens et Kurn partit en courant derrière elle.
« Reviens ! Tu vas où ? C’est pas par là, les panneaux indiquent que…
- Tes panneaux ils sont nuls ! Et toi aussi Groot ! Laisse faire mon super sens de l’orientation !
- Nan, il est nul, ton sens de l’orientation !
- C’est toi l’chat !
- Argh. »

Au bout d’une longue cavalcade, ils arrivèrent à une grande caverne quasiment vide, à l’exception d’un type en rouge bizarre qui rappelait vaguement quelque chose à Fantine que…
« Le Père Noël ! S’exclama-t-elle.
- Chhhhhut !
- C’est le Père Noël ! Tout en rouge !
- Non, c’est Red !
- Le Père Noël s’appelle Red ?
- Non, Red n’est pas le Père Noël !
- Red a volé le costume du Père Noël ?
- Mais nooon…
- Mais quoi alors ? T’es pas clair, aussi !
- Shhh, y’a du monde !
- Tu me ‘’shhhh’’ pas, toi ! »

Kurn plaqua sa main immense devant la bouche de Fantine, qui tenta de le mordre gentiment, sans succès. Elle gigota tandis que le gigantesque coffre-fort était ouvert puis qu’un homme à l’air dangereux et patibulaire demandait ce qui se passait. Cela ne nous regarde pas.
Sitôt que Red engagea le combat, les deux pirates se mirent à longer discrètement les murs, en frottant contre. Respora faisait un bruit de ferraille à chaque fois qu’elle cognait. Mais, trop absorbés par ce qu’ils faisaient, les deux grands méchants loups ne prêtèrent aucune attention au décor qui bougeait avec la patience et le style de hiéroglyphes dans une pyramide.

Fantine et Kurn passèrent les gonds arrachés de la porte et pénétrèrent dans l’immense coffre-fort qui était appelé la Logcave, une des sources de la domination du Gouvernement Mondial grâce à tous les eternals qui se trouvaient dedans. Et ne découvrirent que des étagères vidées soigneusement de tout contenu intéressant.
« Ils sont où les cadeaux, Groot ?
- Je sais pas, normalement ils sont là, pourtant…
- Je veux les cadeaux ! On est venu ici pour prendre les cadeaux avant le Père Noël !
- Quel Père Noël ? Ah, Red, oui. Ils sont peut-être cachés dans le fond ?
- J’ai l’impression que c’est un cauchemard. Ces mauvais rêves où c’est les soldes mais je dors et je me réveille pas, et à la fin y’a plus rien !
- Mais non, mais non, on trouvera sûrement quelque chose… Peut-être
- Quoi ?
- Sûrement. Sûrement.
- Allons-y, alors, fit-elle en se mordillant la lèvre. »

Mais dans les rayons, pleins d’étiquettes avec des noms d’îles super exotiques. Plein de place pour ranger des Poses. Mais d’Eternal ou même de Log, pas la moindre trace. Tout à l’arrière néanmoins, à défaut de trouver pleins de ce qu’ils cherchaient, ils trouvèrent un homme habillé dans les mêmes vêtements de camouflage militaire que celui qui surveillait la porte.
Armé d’une parabole presque aussi grande que lui, d’un cache-œil et d’un cigare, il les observa de son seul œil un long moment avant de prendre la parole d’une voix de basse.
« B’jour les pirates. Désolé, le GIGM est déjà passé par là, on a tout pris. Vous pouvez rentrer chez vous. Si vous y arrivez, tout du moins.
- Rendez-moi mes cadeaux !
- Ca appartient au GM, tout ça, fillette. On a juste délocalisé ça dans un endroit en sûreté.
- C’est quoi le sac derrière toi ?
- Ce qui reste à embarquer, je suppose.
- Je le veux !
- Non.
- A moi ! A moi ! A moi !
- J’aurais dû m’y attendre, de la part de pirates. On va vite voir si vous ne vous êtes pas perdus sur le chemin du goûter. »

En même temps, on n’est pas venu jusqu’ici pour rien, non plus. Donc autant essayer d’obtenir ce qu’on peut…
« Tu es sûre que c’est une bonne idée, Fantine ?
- A l’assauuuut ! Pour mes cadeauuuux !
- Bon. D’accord. »

Le type du GIGM, Edward Capton, attrapa sa parabole par le pied et la brandit comme une massue pour intercepter l’attaque de Fantine. Kurn dégaina Respora avec un soupir et se concentra sur le combat qui l’attendait.
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En lançant l'affrontement, Fantine ne s'était pas tout à fait attendue à ne pas pouvoir mettre littéralement la main sur ce mec. Sous son apparence de militaire avec un balai énorme coincé dans le rectum se cachait en fait un mec à l'elasticité sans pareille, aux mouvements réflexes affûtés, qui semblait avoir constamment une longueur d'avance sur eux. En fait, c'était comme s'il savait avant Fantine ou Kurn ce qu'ils allaient faire. Et c'était drôlement frustrant, car chaque offensive était totalement vaine, inutile, désuète, et plein d'autres adjectifs jolis dans le genre.

Dans le fait, la jeune fille avait l'impression d'être prise dans une danse dont elle ne connaissait pas la chorégraphie, et c'était drôlement frustrant. D'habitude, Fantine était du genre à pouvoir compter sur sa rapidité pour rentrer dans la garde de l'ennemi, et alliée à la force brute de Kurn, ils arrivaient à défaire n'importe qui... Mais là, elle se prenait des petites claques bien gratuites et très agaçantes dans la tête pendant que l'homme poisson était en train de galérer bien sagement avec Respora contre une parabole.

Non, franchement, se faire défoncer par une parabole, c'était carrément la honte.
Et Fantine avait très envie de la lui coller au fond de la gorge jusqu'à ce que ça ressorte de l'autre côté, histoire de bien se venger.

Sauf que ça n'avait rien de simple. Entre les petites claques justement et les larges offensives, l'agent du gouvernement s'en sortait vraiment trop bien. Et qu'importait comment ils s'y prenaient, la frustration gagnait du terrain, en même temps que l'échec qui se profilait à l'horizon. Perdre contre un type comme ça, c'était nul. Et il y avait bien une chose que Fantine n'aimait pas être, c'était nulle.

Surtout lorsque des jolis cadeaux étaient à la clef. Le cauchemar des soldes passées parce qu'elle ne s'était pas réveillée, c'était déjà horrible... Mais il y avait pire encore. Le cauchemar de s'être bien réveillé à l'heure pour faire les soldes, et ne rien pouvoir récupérer au milieu de cette masse de grognasses fanatiques de shopping. Et là, l'agent du Cipher Pol faisant parti de l'équipe de choc du GIGM était l'incarnation réel de tout ce que Fantine haïssait au plus haut point, viscéralement, intimement, jusque dans sa propre moelle osseuse.

Après une tatane bien sortie qui la fit valdinguer plus loin, et une estoque à la parabole qui désarma Kurn et l'obligea à récupérer son arme en reculant, Fantine sonna la semi-retraite :

« POUCE ! Hurla-t-elle en plein milieu du combat : Dans mon bureau, tout de suuuuuite ! »

Oui, voilà, la semi-retraite.
Ce qui prit au dépourvu leur adversaire, leur laissant le temps d'une discussion débile en tête à tête :

« Euh, Fantine...
Pourquoi on arrive pas à le toucher ! Je veux bien qu'il soit fort, mais on est pas des branques bordel !
Faut croire que si...
Non, moi je pense que y'a de la triche quelque part, un truc qui le fait carrément pas, on devrait le disqualifier et il devrait nous rendre nos cadeaux !
Tu sais, quand on combat contre un pirate en étant un membre du gouvernement, généralement, tricher, c'est carrément du jeu.
Bon, s'il triche, on doit en faire autant alors !
Comment tu veux t'y prendre ?
Tu lui tiens les bras et je cogne !
… Ouais, ok. Quelque chose dans le genre. »

Et l'assaut reprit.

Pour en revenir presque au même point que tantôt. Quand Kurn tenta une percée qui fut parée par la parabole gigantesque d'Edward, Fantine se prit un formidable coup de pied retourné qui l'envoya s'écraser par terre. Sonnée, elle laissa son compagnon s'occuper un petit peu plus longtemps de leur adversaire, tentant de se remettre de ses émotions et les idées en place, elle se laissa le répit de ça pour guetter un peu mieux le dit adversaire. Même si Groot était en train de se faire gentiment latter et qu'elle ne l'aidait pas du tout.
Il savait. Tout. A l'avance. C'était ça le problème. C'était comme s'il lisait dans les pensées des gens avant même que ceux-ci ne se mettent à agir. Comme s'il voyait l'avenir immédiat. Comme s'il sentait toutes ces choses-là. Un peu comme lorsqu'ils étaient dans le couloir tantôt et qu'elle avait deviné l'attaque d'Ichidura avant qu'elle n'arrive. Elle avait su, comment, elle n'en avait aucune idée, mais ça avait fait la différence sur le moment.

Est-ce que ça pouvait se reproduire ?

Fantine ferma les yeux très forts et attendit. Sans que rien n'advienne. Et quand Kurn se mit à grogner qu'il avait plutôt besoin d'aide et que c'était visiblement pas le moment de se taper une sieste, la jeune fille repartit à l'assaut. Comme un chat, elle se faufila vers l'ennemi et bondit dans sa direction. Et alors qu'elle était sur le point de se faire balayer à nouveau par la parabole de leur ennemi, Fantine eut le pressentiment qu'elle recherchait : Une aura sombre recouvrit le bras de Kurn puis la lame de Respora. Il para sans attendre la parabole et son allonge qui vibra à cause du choc, faisant lâcher l'homme sous l'effet de surprise. Dans un second temps, la jeune fille profita de cette dernière, passa par-dessus l'homme poisson et envoya son pied s'imprimer dans le nez d'Edward qui craqua sous le choc.

En retombant habilement sur ses mains, elle fit une souplesse arrière et attrapa la parabole au sol. De nouveau sur ses jambes, Fantine esquissa un grand sourire satisfait une nouvelle arme pour s'amuser et faire tout comme Kurn :

« A nous maintenant ! »
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L’ennemi était enfin dépourvu de sa parabole, qui était tout à fait douleureuse les fois où elle perçait leur garde. Maintenant, c’était Fantine qui la maniait, encore que pas si facilement, en raison de leurs tailles relatives. Non, elle s’en servait en utilisant surtout la force centrifuge pour compenser le manque de puissance immédiate pour manier l’objet. Le bon choix, évidemment.
Maintenant que l’adversaire n’avait plus d’arme, Kurn pouvait rengainer la sienne le cœur léger et donner la pleine mesure de ses arts martiaux. Pas aquatiques, vu l’isolation de l’endroit, mais ce serait toujours mieux que rien. Mieux que le lourd cimeterre en tout cas. On ferait bien d’en finir ici et de reprendre notre route avant d’être pris à revers par les autres Marines.

Même désarmé et le nez cassé, Edward Capton restait un redoutable combattant, et il était presque plus vif qu’auparavant, quand il avait encore son arme. Kurn nota distraitement qu’après tous les impacts, y compris contre Respora, la parabole n’était même pas abîmée. Puis le bout de ses doigts fila rapidement vers le torse de leur adversaire, qui esquiva en se tournant sur le côté.
A l’endroit où se trouvait la tête du GIGM il y avait une fraction de seconde, Kurn voyait désormais une grosse parabole qui termina sa course en frôlant le sol dans un nuage de poussière avant de repartir en l’air en tourbillonnant.

Les attaques se succédèrent, aucun des deux camps ne parvenant à trouver la faille dans la défense adverse. Quand Capton attaquait l’un ou l’autre des pirates, le second parvenait toujours à intervenir pour empêcher des dégâts importants d’arriver. Nous commençons à avoir un vraiment bon travail d’équipe, songea Kurn, à force de nous battre ensemble. A l’inverse, quand le duo attaquait, l’agent du Cipher Pol semblait encore et toujours anticiper, puis esquiver, bloquer, parer. Heureusement qu’on couvre mutuellement nos angles morts pour l’empêcher de contre-attaquer efficacement…

Néanmoins, les petites blessures s’accumulaient des deux côtés, de légers hématomes globalement en raison des armes contondantes utilisées. D’un salto arrière, Capton évita une attaque combinée visant sa tête et ses chevilles et resta suspendu en l’air quelques secondes, avant que des lames d’air partent en sifflant vers la jeune fille et l’homme-poisson. La rascasse se jeta sur le côté tandis que Fantine se cachait derrière la parabole en retenant son souffle.
« Arg ! Ma parabole !
- Elle est à moi maintenant !
- Ah, non, c’est bon, elle a rien. Je vous tue et je la récupère.
- Tu vas voir, oui ! Graouuuh ! »

Défiant les lois de la gravité et du poids de son arme, Fantine bondit en l’air et asséna un coup de massue verticale qui surprit Capton et l’envoya au sol, où il atterrit sur ses pieds et sans donner l’impression d’avoir subi le moindre dégât. Kurn était prêt et une couleur noire recouvrit totalement ses écailles, cachant même les zones les plus claires de son bras droit. Son poing frappa la garde de boxeur de Capton avec un craquement de mauvais augure et l’agent vola vers le mur le plus proche, qu’il percuta dans un son d’impact qui manqua secouer le sol.

Mais ils étaient dans un coffre-fort, après tout, donc le mur n’indiquait qu’un léger creux, et le GIGM se releva en contemplant son avant-bras gauche, tordu par l’attaque de la rascasse. Puis il les pointa de l’index de sa main droite. Le doigt devint flou, et Kurn cligna des yeux devant un brusque trouble de l’air. Fantine se planqua à nouveau derrière sa parabole, ce qui fit penser à l’homme-poisson que c’était dangereux. Mais trop tard. Les balles percèrent sa cuisse, son ventre et son épaule, sans causer de liaison grave. Heureusement.

« Faut en finir, Groot !
- Humpf, oui. »
Sans prêter attention à ses blessures, en partie en raison de l’adrénaline du combat, il rejoignit Fantine à mi-distance de leur ennemi, qui se téléporta tout d’un coup à leur rencontre. Si l’homme-poisson fut surpris, ce ne fut pas le cas de la capitaine pirate, qui semblait avoir prévu le coup. La parabole cueillit l’agent du Cipher Pol au genou, l’envoyant au tapis.
Le poing noirci de haki de l’armement de Kurn s’abattit en plein milieu du torse de leur adversaire, qui laissa échapper un grognement de douleur alors que ses côtes transperçaient ses poumons et qu’un crachat de sang jaillissait entre ses lèvres. Puis il arrêta de bouger, la tête basculant doucement sur le côté.

Aux aguets, prêts à frapper à nouveau, Fantine et Kurn l’observèrent pendant une longue minute, leurs souffles respectifs se calmant petit à petit.
« Et maintenant ? Demanda le géant.
- Maintenant ? On se venge !
- Comment ça ? »
Avec un geste lui enjoignant d’admirer le travail, la jeune fille aux cheveux bleus leva le pied, puis l’abattit à répétition sur le corps immobile d’Edward Capton, qui ne réagissait que mollement aux coups. Suivant l’exemple de son capitaine, la rascasse fit pareil.
Dans leur agitation frénétique, un nuage de poussière se souleva autour d’eux tandis qu’ils tatanaient sans le moindre scrupule le corps inanimé de l’agent du GIGM qui aurait mieux fait de partir avec ses copains pendant une bonne dizaine de minutes.

« Pfiouuu ! Ca va mieux.
- C’est vrai que ça fait du bien, avoua Kurn. »
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Fantine poussa un long soupir, qui ressemblait dans les faits plus à un souffle exténué qu'autre chose. Couverte des pieds à la tête de bleus, eux-mêmes couverts de bandages, eux-mêmes couverts de sang (d'un autre), la jeune fille commençait à en avoir marre. Lorsqu'elle disait tantôt qu'il était grand temps de partir, elle ne rigolait pas. La fatigue se faisait sentir, la douleur lui rongeait les articulations, et même Groot qui ne se plaignait que rarement de son état physique commençait à sérieusement grincer des dents.

« On était peut-être pas obligé de tout prendre, tu sais ? Souffla Kurn, un énorme sac en toile sur ses épaules en fixant sa camarade qui galérait avec l'énorme parabole. »

Elle la traînait derrière elle, la faisant racler un coup le sol, un coup le plafond, rappant les murs étroits du couloir vers les marches qui menaient à l'extérieur. Rien à faire, la gamine ne savait plus comment la mettre, terminant de la hisser sur son épaule en essayant de maintenir un contrepoids, finissant par se rétamer sur les fesses à cause du poids de celle-ci la tirant vers l'arrière :

« Je relèverais même pas cette remarque tellement elle n'a pas de sens, répondit-elle avec une pointe de fierté mal placée dans la voix. »

Kurn se plaqua la main sur le visage avant de reprendre :

« Ça ne nous servira jamais, t'es au courant ?
Elle dit qu'elle voit pas le rapport.
Elle ? Qui ça « elle » ?
BAH MOI.
Ah... »

Nouveau soupir de la part de Rascasse qui observa sa compagne se casser la figure dans les escaliers que tous deux venus juste de gravir. Chaque rebond laissait échapper des petits glapissements d'animal blessé dans son orgueil. Finalement, elle s'arrêta en bas, ramassant ses affaires, se délestant d'un sac ou deux qui iraient à d'autres pirates de passage, pour se traîner derrière elle l'objet le plus massif qu'elle avait.
Au grand désespoir de Kurn :

« Bon, Fantine, pose cette parabole, elle-
JAMAIS.
Sérieux, tu vas en faire quoi ?
JE SAIS PAS MAIS CA PEUT NOUS ETRE UTILE.
ET SURTOUT POURQUOI TU CRIS ? ON VA ATTIRER D'AUTRES GENS COMME CA !
JE SAIS PAS, TU ME STRESSES ! »

L'homme poisson eut raison, car à peine eut-elle fini de revenir à son niveau que des bruits de pas se firent entendre, puis des éclats de voix en contre bas. Les deux se regardèrent, regardèrent le bout du couloir et des marches, avant de soupirer de concert :

« Oh non, j'en ai marre...
Moi aussi... »

Il se décida à attraper la parabole dont sa camarade ne voulait pas se séparer, et traîna l'une comme l'autre à bout de bras jusqu'à une porte à battant donnant pile sur la sortie. Coup de chance, ou pas, puisque si l'endroit où ils se trouvaient était déserté, ils n'étaient pas pour autant sorti d'affaire. Remettant Fantine sur ses jambes après avoir fait le drapeau jusqu'ici, ils regardèrent les alentours sans trouver de solution.

« Et maintenant ? Fit Kurn avec une moue sur le visage qui traduisait autant sa frustration que sa fatigue.
On a qu'a se cacher !
Ah oui... Et ou ? Tu as vu ma taille, non ?
Là-dedans ! »

Son doigt pointé vers le quai, ou une masse recouverte d'une grande bâche qui la cachait flottait doucement. Sûrement un bâtiment, ou un navire pas bien grand, qui pourrait probablement faire l'affaire. En tout cas, beaucoup plus qu'un tonneau dans lequel Kurn ne rentrerait pas, ou une caisse ou Fantine ne se tiendrait jamais tranquille :

« Ouais, ça peut marcher, souffla la rascasse.
Vite Groot ! »

Elle n'avait pas attendu son avis pour prendre la direction, soulevant à peine la grande bâche, balançant ses biens, et attendant que son ami homme poisson en fasse autant. Lorsqu'elle s'y balança à son tour, l'unité de la marine arriva sur place et poursuivit sa route vers les autres quais en les dépassant, sans doute persuadé de poursuivre encore quelqu'un...
Alors qu'en fait...

« Je propose qu'on reste là, et qu'on bouge plus jamais jamais jamais, chuchota-t-elle. »

Et Kurn n'était pas loin d'accepter.
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Dix longues minutes passèrent. Kurn et Fantine étaient tous les deux tapis sous la bâche qui recouvrait le bateau, et il n’y avait plus aucun signe de vie dans le hangar, à moins que les Marines ne soient revenus subrepticement. Rampant tout doucement vers le bord du navire, l’homme-poisson souleva un coin du tissu pour jeter un coup d’œil.

Rien, effectivement.

Il revint vers sa coéquipière.
« Fantine, il faudrait y aller, chuchota-t-il.
- Non. On a dit qu’on bougeait jamais jamais jamais !
- Mais on ne peut pas rester ici !
- Je bouge pas, c’est tout !
- Hm… »

Laissant la jeune fille bouder un peu au calme en serrant sa parabole contre elle, Kurn se redressa et regarda un peu autour de lui. Le bateau sur lequel ils se trouvaient était relativement petit, avec trois mâts dont les voiles n’étaient pas sans rappeler des jonques. Et, bizarrement, deux tuyaux qui dépassaient de la poupe. Ouvrant doucement la porte, il se baissa pour passer l’embrasure, tassant ses plus de trois mètres pour passer le chambranle. A l’intérieur, le plafond était toujours relativement bas, l’obligeant à rester penché en avant.
Le couloir menait à plusieurs cabines d’une part, et à la cale d’autre part. La rascasse descendit sans hésiter, méfiant tout de même. Mais, en bas, rien du tout, si ce n’était l’ouverture vers les deux cheminées qu’il avait vu du dehors. A part quelques tonneaux de lest, et un système pour faire tourner des roues à aubes. Hm, étrange, tout ça.

En remontant, il retourna voir Fantine, qui n’avait pas bougé depuis.
« J’ai examiné le navire, Fantine.
- M’en fiche, on bouge pas !
- C’est bizarre, on dirait qu’il n’y a rien pour faire marcher les roues à aubes.
- Hum.
- Mais si, tu sais, les roues à aubes, sur les côtés, qui permettent d’avancer super vite ! Cajola-t-il.
- Et alors ?
- Je me disais que comme on avait volé ton fruit à la Marine, peut-être qu’ils avaient prévu un bateau exprès pour le fruit, qui marche pas sans.
- Et alors ?
- On peut y aller ?
- Non.
- Vraiment pas ?
- Non. »

Le silence retomba un long moment.
« Tu sais, Fantine, si on part pas, on va se retrouver au milieu des Marines et il ne restera que nous.
- Ouais.
- Et les autres nous auront tous abandonnés.
- …
- Ils seront partis sans nous parce qu’ils sont méchants.
- …
- Tous les pirates avec lesquels on est venu. Tous partis.
- …
- Sans nous attendre.
- …
- Sans scrupule.
- …
- … Songea Kurn en ayant utilisé toutes ses balles pour convaincre la jeune fille de bouger.
- C’est vrai ?
- De quoi ?
- Qu’ils vont tous partir sans nous.
- Oui, sans aucun doute possible. Ils vont partir sans rien dire, comme ça, pouf !
- Pff.
- Oui, hein ?
- Ben si c’est ça on va partir sans eux avant eux et comme ça c’est eux tous qui seront abandonnés !
- Comme des vrais pirates !
- Harharhar !
- Har. Har. Har.
- Plus fort, ordonna-t-elle. HarHarHar !
- Har. Har. Har.
- HarHarHar !
- Har. Har. Har. »

Prenant tous les deux leur souffle, ils répétèrent :
« HARHARHARHARHAR ! »

A l’autre bout, de l’autre côté des portes du hangar, une escouade de la Marine tourna la tête vers les rires hystériques mais étouffés qui venaient de l’intérieur. L’officier en charge fit signe d’aller voir. Les hommes ouvrirent les portes à temps pour voir une énorme bâche les recouvrir, bloquant tout leur champ de vision. Le poids du tissu suffit à les mettre à genoux quelques instants, et le temps qu’ils s’en dépêtrent, ils purent voir un navire expérimental se faire la malle, arrachant le panneau ‘’En travaux’’ qui était accroché non loin.
Plissant les yeux, le chef distingua une parabole dans le nid-de-pie, qui tournait la tête de tous côtés, une jeune fille aux cheveux bleus à la proue, doigt pointé vers l’horizon de la baie de Navarone, et un homme-poisson massif au gouvernail. Il cligna une fois, puis deux. Et rameuta ses soldats pour qu’ils retournent tous à leur poste.

Sur le bateau, les voiles battaient mollement dans l’absence totale de vent et c’était les roues à aubes, relativement bavardes, qui faisaient le travail. Le gros problème, pensa Kurn, c’est que leur bouche est dans l’eau la moitié du temps, donc on entend que des glouglous incompréhensifs… Mais cela ne semblait ni les empêcher de tourner, ni de continuer à parler.
La lumière du jour les éblouit brièvement après le temps passé dans le hangar et dans le noir, puis ils distinguèrent la bataille navale qui se livrait encore sous leurs yeux ébahis. Heureusement, ils n’était pas trop loin de la porte qu’ils avaient eux-mêmes contribué à désactiver, et la rascasse donna un grand coup de gouvernail pour longer l’intérieur des murailles, restant à l’ombre de ces dernières.

Quelques boulets passèrent bien à quelques mètres d’eux, mais le petit navire restait véloce et maniable, et présentait surtout une cible sans grand intérêt pour des Marines déjà aux prises avec des bateaux autrement plus dangereux.

Voilà les portes… Nous en sommes sortis !

« Vers Armadaaaaaaaaa et au-delààààààààà ! Cria Fantine. »

Kurn hocha la tête en prenant le cap à l’aide de leur vivre card.

Nous avons survécu à la bataille.
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