Peu après avoir terrassé le terrifiant capitaine de l’équipage pirate Blood Slave, le lieutenant d’élite obtint l’aide des derniers flibustiers encore vivants pour manœuvrer le navire afin de le faire accoster sur l’île visible au loin. Cet accord, quoiqu’inhabituel et dégradant pour l’officier, paraissait être un bon compromis pour les deux parties. Il était en effet souhaitable pour chacun de gagner sain et sauf le rivage, mais chacun de leur côté cela semblait fort compliqué. Une brève alliance s’imposait donc. Les larbins restés figés sur place après la mort de leur chef se remuèrent alors pour pouvoir débarquer au plus sur la terre ferme, pensant bien que ce Marine ne leur ferait pas de cadeau s’ils restaient trop longtemps dans les parages, exécutant les ordres du bretteur, à savoir amarrer à quai le bateau et descendre le pavillon. Pour sa part, Showl comptait bien les tuer jusqu’au dernier en arrivant là-bas, histoire d’être en accord avec son karma. Laisser partir un seul boucanier serait extrêmement fâcheux, pour sûr. Pendant que les sous-fifres s’agitaient, l’escrimeur entreprit de visiter les quartiers du défunt maître du vaisseau afin de retrouver ses Meitous égarés. Si son intuition ne le trompait pas, il y avait tout lieu de penser que ceux-ci devaient se trouver dans les appartements de ce Kôhen. Pénétrant dans une pièce faiblement éclairée, le noble fut scandalisé devant la décoration de l’endroit qui, certes, restait en accord avec la personnalité de ce fanatique Jashiniste, mais osait faire l’apologie des pires tortures et sévices imaginables par un esprit aussi tordu que celui de ce démon. Entre crucifix, scalpel, chaise cloutée et cage à viande, on ne pouvait que s’horrifier en pensant aux multiples souffrances possibles avec de tels instruments. Dégageant peu à peu le chemin, l’élite commença à fouiller méticuleusement la chambre, dans l’espoir d’y trouver ses sabres. Après de longues minutes passées à déplacer de lourds objets et à regarder dans les moindres recoins, il finit par trouver ce qu’il cherchait. Posés dans l’angle d’un mur, derrière une ceinture de chasteté, et près d’un coffre d’apparence ordinaire, ses deux katanas l’attendaient patiemment. Sa main eut vite fait de reprendre son dû. À ses pieds, le coffre assez imposant l’intriguait de plus en plus. Se décidant à en vérifier le contenu, l’aristocrate fut surpris en constatant qu’au lieu de vieux outils de torture défectueux ou usagés, la malle contenait de nombreux objets en or massif, selon leur poids. Cela était-il le butin fructueux résultant de l’attaque d’un navire marchand ? C’était bien possible. Pendant quelques minutes, l’élite passa en revue chacune des statuettes en or afin d’établir une valeur approximative de l’ensemble. Certes, son avis ne valait pas celui d’un expert, mais après avoir baigné dans le luxe et l’opulence toute sa jeunesse, il avait obtenu un talent assez prononcé pour l’estimation de la valeur pécuniaire d’objets en métal précieux. De ce qu’il en pensait, il devait y en avoir approximativement pour une cinquantaine de millions de berry’s, un très beau butin pour un raid. Cela aurait certainement suffi à nourrir l’équipage durant plusieurs années. Quelle déveine pour ces mécréants qu’ils n’aient plus la possibilité d’en profiter. Un pareil trésor ne pouvait revenir qu’à une personne exceptionnelle et sur ce galion, l’héritier des Dark était la seule personne de valeur, à n’en point douter. Il n’y avait donc pas lieu de tergiverser, ce magot lui revenait de plein droit ! Et gare à qui voudrait se l’approprier. Traînant jusque sur le pont le lourd coffre, le jeune marine eut le plaisir de voir qu’ils accostaient justement au port de l’île aperçu. S’était-il vraiment absenté aussi longtemps ? Mais qu’importe ! À présent, il convenait de respecter ses engagements et de châtier comme il se doit ces criminels de bas-étage. Non seulement pour le crime d’avoir pris la mer sous fanion noir, mais surtout pour avoir commis l’irréparable : l’avoir séquestré pendant plusieurs jours dans une cellule. Dégainant l’une de ses lames, l’escrimeur se fit un devoir d’envoyer par le fond chacun de ces mécréants. Pris de panique, tous essayèrent de fuir, tentant de vite sauter du rafiot, quitte à se noyer. Se mouvant rapidement, sa lame transperça les corps en décomposition des malfrats. Hélas, il ne réussit à tous les avoir à temps. Quelques-uns eurent le bonheur de réussir à plonger dans l’eau de Grand Line avant de trépasser. Pour le justicier, c’était une bien mauvaise chose, l’eau les rendant inatteignables. Il fallait donc espérer qu’ils se noient. Débarrassé de la vermine, l’élite mit en place la passerelle puis quitta le bâtiment, son pesant coffre sur son épaule droite, l’autre épaule le lançant encore, et ses katanas rengainés, comme si de rien n’était. Le plus important maintenant consistait à trouver un moyen de transport pour rejoindre au plus vite l’île de Sukarigu où son équipage l’attendait depuis maintenant quelques jours. Certes, son second devait maintenir l’ordre et s’assurer que les réparations de la caravelle soient finies à temps, mais on ne pouvait attendre grand-chose de la part d’une dizaine de bras-cassés. Mieux valait donc vite rentrer. Alors qu’il regardait autour de lui s’il n’y avait pas quelque personne pouvant l’aider, un homme de petite taille au crâne à moitié rasé, à la moustache bien fournie et au ventre proéminent, l’interpella alors. D’une démarche assurée, l’étrange personnage à la tenue vestimentaire assez soignée se rapprocha du Marine pour continuer la conversation à peine entamée.
- Il est à vous ce superbe galion ?, demanda le petit homme après s’être arrêté près de son interlocuteur.
Interloqué, le noble consentit tout de même à répondre au bonhomme. Mais au moment même où il ouvrait la bouche pour formuler sa réponse, celui-ci reprit de plus belle d’une voix claironnante :
- Oh mille excuses ! J’en oublie mes bonnes manières. Je me présente, je me nomme Hercule Séraphin, entrepreneur et directeur de la société Sérastal spécialisée dans l’achat, la revente et la construction des navires d’aujourd’hui et de demain. Je possède plusieurs chantiers navals de par le monde. Voici ma carte, dit-il en tendant une carte de société au lieutenant d’élite qui lui faisait face. On pouvait lire en grosses lettres à côté de sa photo « Directeur général ». Cet homme avait tout l’air d’être la personne qu’il prétendait être.
Alors que l’officier regardait en détail la carte, M. Séraphin reprit de plus belle, tel un commerçant tentant d’appâter le client.
- Alors que je me promenais tranquillement sur la berge, j’ai aperçu votre magnifique trois-mâts et, je dois dire, que dès cet instant j’ai eu l’envie de l’acquérir. Alors, je vous l’annonce sans ambages, seriez-vous d’accord de me céder votre navire ? Votre prix sera le mien, assura-t-il.
Profitant de cette question qu’il lui posait pour enfin parler, le noble tenta de clarifier la situation.
- Et bien, M. Séraphin, vous paraissez bien être l’homme que vous prétendez être. J’ai déjà entendu parler de votre société, aussi je ne m’étonne pas de votre proposition, commença le Marine.
- Ah, je vois que nous nous entendons. Dans ce cas, peut-être est-il possible de trouver un accord. Pour tout vous dire, un pareil navire est assez rare, aussi je ne compte pas regarder à la dépense. Je suis prêt à vous offrir 240 millions de Berry’s pour obtenir ce bateau, qu’en dites-vous ? Cela me semble être une bonne affaire pour vous, n’est-ce pas ?, avança l’homme d’affaire. Toutefois, avant cela, pourrais-je juste voir l’intérieur ? Je ne doute pas qu’il soit à la hauteur de l’extérieur, mais j’ai parfois quelques mauvaises surprises, voyez vous, expliqua le businessman.
Cet homme d’âge mûr risquait bien de lui faire perdre un temps précieux s’il lui faisait visiter le bâtiment flottant. En outre, son instinct l’avertissait que les cadavres éparpillés sur le pont feraient fuir en un rien de temps ce véreux personnage. Il fallait donc éviter à tout prix qu’il monte sur le pont !
- Oublions cette visite, je suis pressé. Je vous le fais à 140 millions. Cela vous convient ?, tenta de marchander l’élite. À l’énonciation du prix, les yeux ronds du petit homme brillèrent d’une lueur caractéristique chez les entrepreneurs, celle qui annonçait une affaire en or.
- Pardon ?! 140 millions dites-vous ?, s’étrangla le bonhomme replet.
- Si vous pré…., commença le bretteur avant d’être brutalement interrompu.
- Mais bien sûr ! marché conclu ! Où puis-je signer ?, s’enthousiasma le magnat.
- Et bien…, articula le noble.
- Oh, peu importe ! je vais vous faire un chèque ici tout de suite, il vous suffira d’aller l’encaisser. Ne vous en faites pas, vous ne risquez pas de vous retrouver avec un chèque en blanc. Le chiffre d’affaire de ma société est des plus encourageants, s’emporta l’acquéreur.
Quelques minutes plus tard, l’affaire était conclue et l’aristocrate s’était éloigné des quais afin de ne pas être là quand l’étrange monsieur découvrirait la surprise qui l’attendait sur le vaisseau. Se dirigeant vers la ville, l’élite en profita pour aller encaisser le chèque et convertir en berry’s ses statuettes en or. Arrivé devant une banque, le noble y entra et s’arrêta à un guichet. Un employé lui demande alors ce qu’il désirait.
- Bienvenu à la Rotschild Bank of Akashomi ! Que puis-je faire pour vous ?, demande le préposé.
Akashomi. Voilà donc où il se trouvait. Si sa mémoire ne le trahissait pas, c’était, des trois îles, celle qui vivait de ses abondantes richesses minières. Ainsi donc, il n’avait pas atterri si loin que ça. C’était tant mieux.
- Bonjour, j’aimerais convertir ceci, le lieutenant posa son lourd coffre sur le comptoir et en sortit une statuette de couleur dorée, en moyen de paiements moins encombrants, si je puis dire.
Nullement étonné par l’énorme contenant, le guichetier répondit d’une voix posée :
- Bien sûr, suivez-moi, je vais vous conduire dans l’un de nos salons, indiqua le jeune homme d’apparence soignée, comme le voulait la coutume dans une Banque.
L’aristocrate fut alors conduit dans l’une des salles adjacentes qui servaient de salons pour les affaires les plus importantes. La salle, dans son ensemble, était somme toute assez réduite, mais restait cependant confortable. Autour d’une table basse en chêne verni deux divans avaient été disposés en vis-à-vis. Prenant place dans le premier, l’héritier des Dark attendit que son banquier arrive. Le jeune réceptionniste lui indiqua alors qu’un certain M. Griffins n’allait pas tarder. Articulant un bref « bien », le Marine se contenta de patienter en silence dans la pièce. Maintenant qu’il était installé, force était de constater que la salle ne lui paraissait plus aussi petite qu’avant. Elle lui apparaissait désormais assez spacieuse, l’espace étant peu meublé et les murs pratiquement nus, cela accroissait l’impression de place. Quelques instants plus tard, un homme d’apparence plus âgé entra dans la pièce et gratifia Showl d’un salut cordial avant de prendre place dans le sofa opposé. Passé les formules de politesse d’usage, ledit M. Griffins expertisa les statuettes afin de s’assurer de leur valeur. Selon sa propre analyse, le total devait atteindre environ une cinquantaine de millions, mais bien entendu, lui n’avait pas les instruments de précision pour se livrer à un examen approfondi des objets. Armé d’une loupe et de tout un attirail d’instruments hétéroclites, le bien-nommé M. Griffins examina avec la plus grande attention chaque statuette. Au bout d’un bon quart d’heure durant lequel l’escrimeur passa en revue chaque élément de la pièce, le respectable monsieur parut sur le point de rendre son verdict. Selon son expertise, qu’il jugeait en tout modestie évidemment irréfutable, l’ensemble des objets avait une valeur monétaire de soixante-cinq millions de Berry’s tout rond. Par rapport à l’évaluation du justicier, cela correspondait à une hausse de trente pourcents de la valeur pécuniaire, une bonne affaire. Satisfait de l’analyse, Showl demanda alors à ce que ledit montant lui soit versé en échange du coffre et de son contenu, ainsi que dans le même temps à encaisser son chèque. Acceptant avec le professionnalisme qui le caractérisait, M. Griffins s’absenta quelques instants pour procéder aux opérations bancaires. À nouveau seul dans le salon d’affaire, l’élite jeta un coup d’œil à travers la baie vitrée qui donnait sur une rivière à l’eau cristalline. Si tout se déroulait sans accrocs, il serait bientôt de retour à Sukarigu et pourrait ainsi continuer son périple vers Navarone, sa destination. Tout ce qui restait à faire désormais, c’était trouver le moyen de rentrer. Sortant de ses pensées, le bretteur eut le plaisir de voir revenir au même moment son banquier avec deux épaisses valises noires dont le contenu ne devait pas faire l’ombre d’un doute. Après avoir posé les valises sur la petite table basse, le vieil homme les ouvrit afin de laisser l’opportunité à son client de vérifier l’exactitude des sommes placées dedans en coupures de 10 000 Berry’s. Pendant que le jeune Showl se livrait à la vérification d’usage, M. Griffins donnait les dernières précisions, avec un timbre qui ne laissait place au doute quant au fait que ces phrases lui soient connues. Ainsi donc, comme le disait le banquier, chaque valise contenait 102 500 000 Berry’s très exactement, pour un total de 205 000 000 de Berry’s, les 65 millions des statuettes et les 140 millions donnés suite à l’encaissement du chèque, et bien entendu, les valises étaient toutes deux munies d’un code à composer pour en permettre l’ouverture. Code qui serait déterminé à la seule discrétion du bénéficiaire, cela s’entend.
Les modalités énoncées et le recomptage ayant été effectué, les deux hommes se serrèrent la main puis son hôte invita le Marine à sortir. Ses deux valises à la main, celui-ci quitta le salon et se dirigea vers la sortie après avoir remercié son banquier. Dehors, c’est l’esprit tranquille que l’élite se décida à retourner sur les docks pour y chercher un équipage capable de le conduire à Sukarigu. Son entretien à la banque avait duré un bon bout de temps, s’il voulait lever l’ancre avant la tombée de la nuit, il avait intérêt à vite trouver un marchand. Sur les quais, l’officier de la Marine put constater que le galion vendu à l’entrepreneur avait disparu. Apparemment, la surprise présente à bord n’avait pas dérangé outre-mesure le magnat et il l’avait bien vite emporté. Tant mieux. Cela éviterait de lui causer d’autres problèmes. Après tout, il avait déjà perçu sa récompense pour avoir éliminé les primés. Cela, ajouté aux millions qu’il tenait entre ses mains, constituait un bon pécule. Cherchant quelque matelot, un équipage attira son attention. À l’autre bout des quais, une dizaine d’hommes chargeaient une frégate avec des tas de caisses. C’était sa chance. Se dirigeant vers le bateau, le noble s’adressa à l’homme qui semblait diriger les autres, un type aux cheveux brun rasés courts, au visage bien expressif et cependant à la mine peu enjouée, d’un âge assez avancé, probablement avait-il la cinquantaine bien entamée même, lui demandant quelle était sa destination. Ce dernier répondit alors, non sans une pointe de méfiance dans la voix, que son équipage et lui-même faisaient voile vers Fuji Island puis vers Sukarigu avant de revenir sur Akashomi. Cela ne tombait pas si mal que ça, avec un peu de chance peut-être même pourrait-il commencer par desservir Sukarigu. C’est avec cet espoir que l’aristocrate demanda à rejoindre l’équipage :
- Cela tombe assez bien. Je cherche à rejoindre au plus vite Sukarigu. Vous serait-il possible de m’y conduire ?
- Ma foi, je veux bien. Mais je dois impérativement livrer la commande de Fuji Island en premier, afin de bénéficier d’une escorte pour arriver à Sukarigu. La zone est infestée de pirates, impossible pour mon navire marchand de passer au travers sans protection, expliqua le capitaine.
- Je vois, dans ce cas et si je vous servais de protection, vous pourriez changer d’ordre de destination ?, interrogea l’élite, sûr de sa capacité à arrêter tout forban.
- Ha ha ha ! Franchement, vous me faites bien rire. Vous débarquez ici comme une fleur, exigeant qu’on vous conduise sur votre île, prétextant pouvoir affronter les dangers alors que vous êtes couvert de blessures. Allez donc plutôt soignez vos blessures et revenez la semaine prochaine. Je fais mon tour de livraison chaque semaine. Dans votre état, ce n’est vraiment pas prudent de prendre la mer, répondit le vieux marin.
Piqué au vif par la pitié que semblait éprouver le marin-marchand pour lui, l’épéiste haussa le ton.
- Bien, dans ce cas, je réquisitionne ce bâtiment !, s’exclama le jeune aristocrate.
- Elle est bien bonne ! Et au nom de quoi, hein ? D’un caprice d’enfant ?
- Au nom de la Marine ! lança le lieutenant d’élite sur un ton de défi tout en montrant son insigne à son interlocuteur.
Le visage de celui-ci, subitement devint blême. Apparemment, son esprit lent commençait enfin à enregistrer l’irrévocabilité de cet ordre. Ne pas rendre service à un Marine lui coûterait très certainement assez cher et lui vaudrait même un procès et ça, ce ne serait absolument pas bon pour ses affaires à lui. C’est à contrecoeur que le dénommé Archie invita l’homme aux cheveux noir de jais à bord de son Trois-Mâts. Ce dernier, satisfait de l’effet produit sur son bienfaiteur, n’hésita pas à faire usage de son pouvoir d’intimidation, s’octroyant tour à tour de superbes appartements pour la durée du voyage et une ribambelle de gens censés répondre par l’affirmative au moindre de ses désirs. Le tout, devant un capitaine de plus en plus excédé par son invité surprise. Cependant, la marine faisant loi, le navire leva bien vite l’ancre en direction de Sukarigu, sans aucune autre forme de désapprobation qu’une mine renfrognée. Pour Archie, ce choix de destination était synonyme de grands périls à venir. Mais hélas, dans cette histoire, son avis passait derrière celui de ce personnage hautain de la Marine. Deux jours entiers qu’il allait devoir encore le supporter, autant dire une éternité ! Vite surpris par la nuit tombante, chacun gagna sa chambre ou sa casemate pour s’y reposer. Pendant la journée qui suivit, l’héritier des Dark réserva la plus grande partie de son temps à la lecture d’un traité d’océanographie que ses yeux inquisiteurs avaient trouvé au milieu d’autres ouvrages dans la succincte bibliothèque du navire. On y parlait notamment de la faune maritime, mais surtout de l’influence des courants marins dans la navigation sur Grand Line. Cette lecture lui permettait, en outre, de reposer son corps fort mis à mal avec les affrontements de la veille. À bien y repenser, si cette dernière attaque n’avait pas abattu Kôhen Sakatsuki, c’aurait certainement été lui qui serait dans l’au-delà à présent. Pour cette victoire, l’élite pouvait chaudement remercier les enseignements de son oncle, sans lesquels c’eut été une cuisante défaite. En fin d’après-midi, alors que le soleil déclinait à l’horizon, on l’informa que le bateau devrait accoster dans pile une journée. Content de voir que tout se déroulait correctement, le noble s’en fut pour une seconde nuit sur le vaisseau. Dans ses quartiers, peu avant de se coucher, le lieutenant d’élite utilisa son den-den mushi portatif pour contacter son second, le sous-lieutenant d’élite Frieman. Un homme compétent et de confiance. La discussion fut brève, à peine quelques phrases d’échangées qui pouvaient se résumer au fait de donner son heure d’arrivée et de prendre connaissance de l’avancée des travaux. Après avoir appris que sa caravelle était à nouveau opérationnelle, l’héritier des Dark raccrocha et se coucha. Les choses se passaient à merveilleusement bien, tout s’arrangeait au final. Malgré quelques imprévus, il serait bientôt à nouveau en chemin pour la base marine de Navarone. Cette certitude en tête, l’escrimeur s’endormit. Le lendemain, à l’aube, des cris stridents le sortirent de ses rêveries.
- Kaizoku-da !, s’écriait la vigie, alors qu’un navire de moyenne taille arborant un fanion noir se rapprochait dangereusement de leur vaisseau.
Après avoir sauté dans son costume et pris ses katanas, l’homme aux cheveux noir de jais sortit de sa cabine et se dirigea vers la proue où se concentraient les voix. Là, il put assister à une scène d’une rare intensité. Le capitaine s’époumonait à crier à qui voulait bien encore l’entendre :
- Je l’avais dit ! Je vous l’avais bien dit qu’on aurait que des emmerdes en passant d’abord par Sukarigu !
Puis, ayant aperçu son invité fraîchement débarqué, il s’adressa à lui :
- Tout ça, c’est votre faute, à vous la bleusaille ! Si vous n’aviez pas insisté et montré votre carte de mouette, on n’en serait pas là maintenant ! criait-il, en proie à l’hystérie.
Gardant son calme, l’officier de la Marine décida de passer outre les injures et se contenta de répondre sur un ton neutre :
- Et je vous avais dit qu’en pareil cas, je me portais garant de votre sécurité. N’ayez crainte, je vais m’occuper d’eux.
Hélas, ces paroles censées rassurer son hôte eurent plutôt l’effet inverse.
- Je vais vous protéger, je vais vous protéger, le singea le vieux Archie sur un ton résolument moqueur. Fallait m’écouter alors, bon à rien, au lieu de jouer les pleureuses !, lui hurla-t-il.
Là, cela commençait à faire beaucoup. Soufflant pour évacuer sa colère, l’aristocrate ignora les remarques désobligeantes du bougon personnage et alla s’appuyer sur le bastingage pour mieux apprécier la situation. À quelques encablures de là, un navire se rapprochait, arborant un soleil levant sur fond noir en guise d’étendard. À qui pouvait donc bien appartenir ce drapeau-là ? De ce qu’il se souvenait, jamais encore il ne l’avait vu sur une affiche de recherche. Difficile de déterminer leur puissance, dès lors. Du peu qu’on pouvait en dire, c’était qu’ils avaient choisi un bien atypique moment pour une attaque. Quant au reste, leur navire-marchand paraissait être plus grand, mais aussi bien moins armé. Quelle idée d’acheter des vaisseaux aussi peu armés quand on connait la dangerosité de notre route commerciale ? Pour le Marine, c’était absolument irrationnel comme choix. Toutefois, dans la présente situation, en faire la remarque n’était peut-être pas le moment le plus judicieux. Soit, le jeune noble constituait le gros des défenses de ce cargo. Ce serait presque réducteur que d’affirmer que tous comptaient sur lui pour les sauver. En l’état, au vu de la vitesse des deux bâtiments, la fuite semblait impossible. Ne restait donc pour ainsi dire que l’attaque. Cependant, étant donné leur nature de navire-marchand, s’ils relevaient les voiles, ces forbans ne devraient pas engager la canonnade puisque leur but devait être, sans nul doute, de s’emparer de la cargaison. Ainsi, cela pourrait lui permettre de les surprendre au moment opportun. Cela semblait être un choix plus raisonnable qu’une fuite improvisée qui ne risquait que de les mettre en difficulté. Après tout, c’est bien connu que nul prédateur ne recule devant un repas qu’on lui offre sur un plateau d’argent. Ordonnant qu’on relève les voiles, dans l’incompréhension la plus totale, l’aristocrate essaya ensuite de ne pas écouter les jérémiades incessantes du capitaine.
- Mais vous êtes fou ! Vous êtes bon à interner, ce n’est pas possible ?! Vous souhaitez qu’on se laisse cueillir par ces malandrins ?! Vous voulez donc qu’on y passe tous ? Autant vous dire de suite que je ne suis pas de cet avis !, geignit le commerçant.
Comme attendu, les pirates mordirent à l’hameçon, ne se doutant pas qu’un officier de la Marine se trouvait sur ledit vaisseau et les attendait de pied ferme. Lorsque les deux navires furent côte à côte, un groupe de samouraïs monta à bord de la frégate, mené par un étrange bonhomme plus sérieux que les autres, au point de même porter le kabuto. Se croyaient-ils au carnaval ? C’était l’impression que donnait leur accoutrement. Pour le vieux Archie, il paraissait clair que ce n’était rien de plus « qu’un ramassis de guignols en robe de chambre ». Pour sa part, le lieutenant d’élite avait appris à ne pas se fier aux apparences de puis son entrée dans la Marine. Aussi restait-il imperturbable. Conscient que son entrée en scène n’avait laissé personne indifférent, le chef pirate se mit à parler.
- Je suis le chef des pirates du Soleil Levant, mon nom est Amatô Renji ! Soumettez-vous ou périssez !, déclara ce dernier.
Voilà un discours des plus percutants qui expliquait bien des choses, comme l’heure de l’assaut ! Hélas, il risquait d’y avoir un petit accroc dans ce plan fignolé par ce type au style vestimentaire plus que douteux.
- Hélas, il m’est impossible d’accéder à votre requête. Par contre, je peux vous proposer un marché plus équitable. Que diriez-vous d’aller en Enfer en premier ?, avança le bretteur, non sans un sourire narquois.
- Comment ?! Très bien, tu l’auras voulu mon gaillard ! Emparez-vous de lui !, ordonna Amatô à ses subordonnés.
Aussitôt six hommes dégainèrent leur sabre et encerclèrent l’aristocrate. Que croyaient-ils donc pouvoir faire avec leurs cure-dents ? Nullement impressionné, le marine n’esquissa pas un geste et se contenta d’attendre. Attendre le bon moment, oui, c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Comme un seul, les six mécréants foncèrent sur leur cible, sabre en avant pour effectuer leur attaque spéciale « la fleur de cerisier ». Hélas pour eux, ils risquaient bien d’en ressortir déçus. Ne murmurant que faiblement « Tekkaï », le corps de l’officier de la Marine devint alors aussi dur que du fer. Comme une seule, les six lames se brisèrent sur son épiderme renforcé, laissant une foule pantois. L’instant suivant, le sexte se retrouvait à terre, ses membres lacérés, tandis que l’homme aux cheveux noir de jais fixait du regard le capitaine des flibustiers, l’un de ses sabres, dégainé, teinté de rouge. L’aristocrate reprit alors :
- Bien, et à présent ? Êtes-vous plus disposé à accepter mon offre généreuse ?
Le visage du samouraï s’empourpra alors. Ce vermisseau venait de le ridiculiser. Comment osait-il ?
- Raah, très bien ! Vous l’aurez voulu ! Je vous défie !, annonça le boucanier.
- Me défier en duel ? Ce ne serait à bien y réfléchir pas très égal…, commença Showl.
- Je suis l’enseignement du Bushido ! Et j’ai une prime de 32 millions de Berry’s sur ma tête ! Préparez-vous à mourir !
À l’énonciation de la prime, l’escrimeur parut plus intéressé et se décida à prendre plus au sérieux son ennemi. Après avoir fait reculer les spectateurs au maximum, le Marine se mit en garde. Son adversaire fit alors de même avant de demander :
- Quel est votre nom ? Que je sache quel nom noter sur votre tombe !
En voilà une question bien étrange ! Pour la première fois, un malfrat souhaitait connaître son nom. Quel étrange bonhomme ! Toutefois, le sabreur ne voyait pas de raison de refuser cela.
- Showl, lieutenant d’élite de la Marine. C’est tout ce dont vous aurez besoin de dire quand on vous demandera en Enfer qui vous envoie, répondit l’officier.
- Îdarô Showl ! Hajime mashou-ka !
Les deux adversaires fondirent alors l’un sur l’autre, katana à la main. Essayant un coup d’estoc en guise d’entrée, le marine d’élite fut surpris de constater que son ennemi avait pu s’écarter à temps et lui destinait, dans le même temps, un coup horizontal de revers. Inclinant à temps la tête en arrière, l’aristocrate profita de cette position pour prendre appui sur le sol avec ses mains et décocher un double coup de pied au samouraï. Celui-ci, ne s’attendant pas à pareil contre, se prit de plein fouet le coup dans le ventre. Envoyé en l’air, le pirate réussit à se reprendre et, le visage exprimant la hargne, tenta à son tour un coup d’estoc. Déplaçant son centre de gravité en avant, Amatô effectua un piqué à grande vitesse sur le patricien, son sabre en avant. Une posture qui n’était pas sans rappeler celle d’un rapace fondant sur sa proie. Se relevant au même moment, Showl eut le réflexe de se déplacer sur sa droite. Hélas, bien trop rapide pour lui, le mécréant réussit à toucher son flanc gauche, l’entaillant. Cet ennemi se révélait être un redoutable adversaire en fin de compte. Esquissant un rictus en ressentant la douleur de la blessure, le lieutenant se massa l’entaille avec sa main gauche, pendant que de sa main droite, il destinait à son ennemi un coup d’épée. Avec une pareille attaque, le samouraï devait forcément se rétablir. Et tout comme pour un oiseau, c’est au sol qu’il est le plus vulnérable. Mais à son étonnement, le capitaine des pirates du Soleil Levant parvint à se relever et à effectuer une attaque hémi-circulaire qui bloqua en même temps la lame du Marine. En à peine cinq secondes de combat, voilà que déjà ce guerrier des temps anciens l’avait blessé, désarmé et s’apprêtait à en finir. Que faire ? Jamais il ne parviendrait à parer le prochain coup en ramenant son katana. Le timing serait trop juste. Il ne pouvait pas perdre maintenant. Pas après avoir échappé aux griffes de ce Kôhen. Il ne pouvait que se défendre. Continuant son action, le mécréant reprit à deux mains son arme puis fondit sur sa cible, prêt à donner l’ultime coup. Au dernier instant, le samouraï poussa en avant son katana afin de donner plus de puissance à son coup, étouffant par la même occasion le cri du Marine dans une bourrasque. L’impact souffla sur plusieurs mètres la zone de combat, laissant une expression de terreur sur les spectateurs ayant assisté à la scène. Relevant sa tête qu’il avait inclinée durant son assaut, le forban vit à sa grande surprise que contrairement à ce qu’il croyait son ennemi n’avait pas été transpercé par sa lame, mais n’avait que reculé de quelques mètres sous la puissance de l’impact. En lui-même, le flibustier pensa alors « manqué, hein ». Ce devait être de la même manière que ce gredin avait réussi à briser les sabres de ses sous-fifres. La raison de cette incroyable résistance l’importait peu, il se devait de briser cette armure pour laver son honneur entaché par ce « gaijin ». Cependant, en dépit des apparences, son puissant coup avait bien touché l’officier. Son Tekkaï avait été brisé en la pointe de l’arme. Encore un coup comme cela et sa vie risquait bien de prendre fin ici-même. Laissant échapper un soupir, le pirate ne se déconcentra pas et d’un salto arrière pris de la distance tout en tranchant de bas en haut le buste du Marine. Fort heureusement pour ce dernier, sa technique, quoique brisée en un point, tint le choc. Comment donc réussir à battre un adversaire aussi agile et puissant capable d’enchaîner les coups sans temps mort ?
Alors qu’il se le demandait, Amatô, revenu au sol, se préparait à tenter un nouvel assaut. L’heure n’était donc pas à la réflexion, mais à la protection. Réactivant son Tekkaï, n’eut que le temps de sentir le vent balayer sa chevelure, tandis que le chef des boucaniers effectuait sa technique. En un rien de temps, celui-ci avait porté son coup et s’était placé dans le dos du Marine. Une vive douleur fit alors grimacer le lieutenant. Baissant les yeux, le noble put voir une large incision sur son flanc droit. Ce vulgaire criminel avait réussi à totalement passer sa défense et sans qu’il ne s’en rende compte. Pestant, l’aristocrate sentit un nouveau courant d’air et ne put que placer sa propre arme au-dessus de sa tête pour échapper de peu à la décapitation. Hélas, en exécutant ce double salto arrière, le malfrat avait tout de même réussi à entailler une bonne partie de son dos près de son épaule gauche. Quel coup du sort ! Cela n’arrangeait décidément rien du tout ! À nouveau devant lui, l’officier n’eut pas le temps de souffrir de sa blessure que déjà on lui destinait un nouveau coup. Cela commençait à devenir vraiment mortel ! Instinctivement, le noble inclina sa tête en arrière, juste à temps pour voir une lame trancher l’air au-dessus avec une vitesse et une précision phénoménales. Cependant, cette esquive instinctive déséquilibra le justicier. Effectuant une glissa en avant pour se rattraper un peu, l’homme aux cheveux noir de jais parvint à déstabiliser son adversaire en fauchant ses pieds. Ainsi placés tous deux, l’aristocrate vit une occasion en or de porter un coup. Bougeant un peu en avant son bras droit, le chef des pirates eut le déplaisir de voir son buste être tranché de tout son long avant de lourdement s’écraser sur le sol, la tête en premier. À terre tous deux, les féroces adversaires ne mirent pas longtemps à se remettre debout pour terminer leur duel. L’un avait plusieurs blessures alors que l’autre n’en avait qu’une mais de grande taille. On pouvait donc dire que le match nul se profilait si rien ne changeait. Mais, à la différence, le samouraï perdait beaucoup de sang, dû à la profondeur de l’entaille. Lui qui souhaitait se venger ne pouvait être défait aussi facilement. Oh ça non ! Il allait lutter jusqu’à la mort s’il le fallait. De son côté, le marine ne paraissait pas moins déterminé. Il lui fallait terrasser ce redoutable bretteur s’il voulait rejoindre son équipage et poursuivre sa route vers Navarone. Le prochain échange déciderait certainement du vainqueur. Se regardant dans le blanc des yeux, chacun semblait attendre que son adversaire agisse en premier. Puis, soudain, alors qu’une vague venait se fracasser sur la coque de la frégate, les deux hommes s’élancèrent, sabre à la main, décidés à en finir d’un unique mouvement. Le pirate préparait un autre puissant coup d’estoc tandis que pour sa part Showl semblait essayer une découpe horizontale. Mais, au moment de frapper, Amatô ressentit une vive douleur au niveau du buste. Incapable de tendre son bras à temps pour embrocher le marine, ce dernier lui lacéra poitrine. Ainsi atteint, le vaillant forban ne paraissait plus être en mesure de poursuivre. Son sang s’écoulait de plus en plus, l’amenant peu à peu à la frontière de la mort. Comment diable une blessure avait-elle pu compromettre sa dernière action ? Quelle malchance ! Peu après, le capitaine des pirates du Soleil Levant s’effondra, raide mort. Son équipage, miné par sa disparition en resta là, les boucaniers ne sachant pas quoi faire désormais. Affaibli, l’aristocrate fut contraint de laisser vivre ces mécréants, incapable de s’en débarrasser par ses propres moyens. Laissant là les vermisseaux, le navire-marchand refit voile en direction de Sukarigu.
Soulagés de n’être finalement pas mort, le capitaine ne sembla plus montrer d’animosité particulière du reste du voyage. Soigné à bord par l’infirmier, l’élite put se remettre quelque peu de ses émotions durant les heures qui suivirent. Toutefois, le combat chamboula ses projets. Avec cela, l’arrivée à destination avait été reportée au lendemain matin, ce qui avait tout de même comme bénéfice de permettre une meilleure récupération au justicier. Le lendemain matin, comme promis, ils arrivèrent en vue de Sukarigu, l’île des joailliers. Quittant précipitamment les marchands après l’amarrage au port, l’épéiste se hâta de rejoindre la ville afin de rentrer au plus vite. En chemin, une boutique attira son regard : « Seila couture ». Avec ses derniers combats, son costume se trouvait dans un état déplorable. Ce ne serait certainement pas du luxe de s’en faire confectionner un nouveau. Une demi-heure plus tard, l’aristocrate ressortait, vêtu d’un costume flambant neuf, son portefeuille allégé de quelques centaines de milliers de Berry’s. Enfin présentable, plus rien ne devait le retenir ici désormais. Tout du moins, c’est ce que le noble pensait jusqu’à ce qu’une affiche publicitaire attire son regard comme la boutique. Cette fois-ci, il n’était pas question de vêtements, mais bien de concours pour un projet immobilier dans le centre-ville. Maintenant qu’il y repensait, il avait remarqué un bel emplacement à bâtir dans le centre-ville lors de sa visite il y a quelques jours. En fin connaisseur, peut-être cela valait-il la peine d’y participer ? Pour ce faire, il fallait rencontrer le bourgmestre, apparemment. Soit. Une simple formalité de plus. Rien de bien embêtant. Le seul souci était que le concours prenant fin aujourd’hui même, peut-être valait-il mieux se dépêcher ? Se remémorant un schéma mental de la ville, le bretteur arpenta ensuite les rues jusqu’à arriver à destination. Dans un joli quartier, une imposante bâtisse blanche servait de bureau au bourgmestre en fonction. Ne perdant guère de temps à observer les lieux, le jeune Showl entra et expliqua à l’employé placé derrière un comptoir en bois mal poli l’objet de sa venue. Quelques instants plus tard, le Marine pénétrait dans le bureau de M. Rofilon, le bourgmestre. L’homme, à la quarantaine avancée, au teint pâle et à la bonhomie prononcée, lui serra chaleureusement la main avant de l’inviter à prendre place dans le fauteuil en face du sien.
- Vous venez donc pour le concours, c’est bien cela ? Avant de vous laisser la parole, j’aimerais juste repréciser les conditions exactes de celui-ci. Si votre projet est choisi, vous bénéficierez d’une subvention de vingt millions de Berry’s pour sa construction. En outre, celle-ci ne devra pas prendre plus de deux mois. Auquel cas votre idée serait alors purement et simplement abandonnée au profit d’une autre qui permettrait de donner plus rapidement satisfaction. Bien, cela dit, je terminerai juste en disant que si votre idée est dans l’ordre d’un bar, d’un restaurant ou que sais-je s’y rapprochant, j’ai déjà ici une bonne liste qui les répertorie. Aussi, si tel est le cas, inutile de perdre plus de temps, et quittons-nous immédiatement.
- Rassurez-vous, mon projet n’est pas du tout de cet acabit. Non, à vrai dire, il s’agirait plutôt de sublimer votre centre-ville par une création qui rendrait autant hommage à vos habitants qu’elle encenserait les touristes. C’est donc tout naturellement que j’ai pensé à l’édification d’un Musée à la gloire de ce qui fait la fierté de votre bourgade : l’artisanat et plus particulièrement le travail du cristal. Ainsi, les habitants et les touristes pourraient admirer les plus belles créations de vos maîtres-artisans, le tout pour quelques billets seulement, expliqua Showl.
- Mais c’est une excellente idée ! Bien meilleure que tous ces bistrots et cafés dont on m’a rabattu les oreilles ces derniers jours. Et bien, je n’ai qu’une chose à vous dire ! Si vous pensez que ce musée peut être prêt pour dans deux mois, vous pouvez d’ors et déjà considérer que vous avez le feu vert !
- Et bien, un mois et demi devraient suffire pour sa construction.
- Magnifique ! Nous discuterons alors plus longuement de cela demain matin si vous le voulez bien ?
- C’est entendu. En outre, j’ai ouï dire que vous aviez essuyé une attaque de pirates dernièrement ?
- Oui, c’est exact. Nous avons eu quelques problèmes, mais tout est rentré dans l’ordre, soyez rassuré !
- Je vois. J’aimerais tout de même effectuer une petite donation. Sortant de l’une de ses valises quelques liasses de billets l’aristocrate les tendit au bourgmestre. Voici vingt millions qui devraient ainsi vous permettre de développer davantage encore votre ville. En réalité, le marine se sentait coupable de n'avoir pu arrêter ces mécréants la première. Faire don était donc un moyen pour lui de se racheter.
- C’est très généreux de votre part, cher monsieur.
- Il n’en est rien. Votre cité le mérite. Bien sur ce, nous nous reverrons demain.
Après une nouvelle poignée de main, l’élite quitta la mairie pour enfin se diriger vers la forêt. Certes, le voilà qui était coincé ici pour encore pratiquement deux mois, mais au moins, son équipage pourra profiter d’un peu plus de confort qu’une plage de sable. Une bonne heure plus tard, le lieutenant réapparut sur le campement, au grand bonheur de ses hommes. Deux mois plus tard, le Musée était inauguré par M. Rofilon et Showl. D’une valeur de cinquantaine millions, les vingt de la subvention plus trente investis par le Marine, le bâtiment resplendissait dans le décor et fit la joie des habitants.
- Il est à vous ce superbe galion ?, demanda le petit homme après s’être arrêté près de son interlocuteur.
Interloqué, le noble consentit tout de même à répondre au bonhomme. Mais au moment même où il ouvrait la bouche pour formuler sa réponse, celui-ci reprit de plus belle d’une voix claironnante :
- Oh mille excuses ! J’en oublie mes bonnes manières. Je me présente, je me nomme Hercule Séraphin, entrepreneur et directeur de la société Sérastal spécialisée dans l’achat, la revente et la construction des navires d’aujourd’hui et de demain. Je possède plusieurs chantiers navals de par le monde. Voici ma carte, dit-il en tendant une carte de société au lieutenant d’élite qui lui faisait face. On pouvait lire en grosses lettres à côté de sa photo « Directeur général ». Cet homme avait tout l’air d’être la personne qu’il prétendait être.
Alors que l’officier regardait en détail la carte, M. Séraphin reprit de plus belle, tel un commerçant tentant d’appâter le client.
- Alors que je me promenais tranquillement sur la berge, j’ai aperçu votre magnifique trois-mâts et, je dois dire, que dès cet instant j’ai eu l’envie de l’acquérir. Alors, je vous l’annonce sans ambages, seriez-vous d’accord de me céder votre navire ? Votre prix sera le mien, assura-t-il.
Profitant de cette question qu’il lui posait pour enfin parler, le noble tenta de clarifier la situation.
- Et bien, M. Séraphin, vous paraissez bien être l’homme que vous prétendez être. J’ai déjà entendu parler de votre société, aussi je ne m’étonne pas de votre proposition, commença le Marine.
- Ah, je vois que nous nous entendons. Dans ce cas, peut-être est-il possible de trouver un accord. Pour tout vous dire, un pareil navire est assez rare, aussi je ne compte pas regarder à la dépense. Je suis prêt à vous offrir 240 millions de Berry’s pour obtenir ce bateau, qu’en dites-vous ? Cela me semble être une bonne affaire pour vous, n’est-ce pas ?, avança l’homme d’affaire. Toutefois, avant cela, pourrais-je juste voir l’intérieur ? Je ne doute pas qu’il soit à la hauteur de l’extérieur, mais j’ai parfois quelques mauvaises surprises, voyez vous, expliqua le businessman.
Cet homme d’âge mûr risquait bien de lui faire perdre un temps précieux s’il lui faisait visiter le bâtiment flottant. En outre, son instinct l’avertissait que les cadavres éparpillés sur le pont feraient fuir en un rien de temps ce véreux personnage. Il fallait donc éviter à tout prix qu’il monte sur le pont !
- Oublions cette visite, je suis pressé. Je vous le fais à 140 millions. Cela vous convient ?, tenta de marchander l’élite. À l’énonciation du prix, les yeux ronds du petit homme brillèrent d’une lueur caractéristique chez les entrepreneurs, celle qui annonçait une affaire en or.
- Pardon ?! 140 millions dites-vous ?, s’étrangla le bonhomme replet.
- Si vous pré…., commença le bretteur avant d’être brutalement interrompu.
- Mais bien sûr ! marché conclu ! Où puis-je signer ?, s’enthousiasma le magnat.
- Et bien…, articula le noble.
- Oh, peu importe ! je vais vous faire un chèque ici tout de suite, il vous suffira d’aller l’encaisser. Ne vous en faites pas, vous ne risquez pas de vous retrouver avec un chèque en blanc. Le chiffre d’affaire de ma société est des plus encourageants, s’emporta l’acquéreur.
Quelques minutes plus tard, l’affaire était conclue et l’aristocrate s’était éloigné des quais afin de ne pas être là quand l’étrange monsieur découvrirait la surprise qui l’attendait sur le vaisseau. Se dirigeant vers la ville, l’élite en profita pour aller encaisser le chèque et convertir en berry’s ses statuettes en or. Arrivé devant une banque, le noble y entra et s’arrêta à un guichet. Un employé lui demande alors ce qu’il désirait.
- Bienvenu à la Rotschild Bank of Akashomi ! Que puis-je faire pour vous ?, demande le préposé.
Akashomi. Voilà donc où il se trouvait. Si sa mémoire ne le trahissait pas, c’était, des trois îles, celle qui vivait de ses abondantes richesses minières. Ainsi donc, il n’avait pas atterri si loin que ça. C’était tant mieux.
- Bonjour, j’aimerais convertir ceci, le lieutenant posa son lourd coffre sur le comptoir et en sortit une statuette de couleur dorée, en moyen de paiements moins encombrants, si je puis dire.
Nullement étonné par l’énorme contenant, le guichetier répondit d’une voix posée :
- Bien sûr, suivez-moi, je vais vous conduire dans l’un de nos salons, indiqua le jeune homme d’apparence soignée, comme le voulait la coutume dans une Banque.
L’aristocrate fut alors conduit dans l’une des salles adjacentes qui servaient de salons pour les affaires les plus importantes. La salle, dans son ensemble, était somme toute assez réduite, mais restait cependant confortable. Autour d’une table basse en chêne verni deux divans avaient été disposés en vis-à-vis. Prenant place dans le premier, l’héritier des Dark attendit que son banquier arrive. Le jeune réceptionniste lui indiqua alors qu’un certain M. Griffins n’allait pas tarder. Articulant un bref « bien », le Marine se contenta de patienter en silence dans la pièce. Maintenant qu’il était installé, force était de constater que la salle ne lui paraissait plus aussi petite qu’avant. Elle lui apparaissait désormais assez spacieuse, l’espace étant peu meublé et les murs pratiquement nus, cela accroissait l’impression de place. Quelques instants plus tard, un homme d’apparence plus âgé entra dans la pièce et gratifia Showl d’un salut cordial avant de prendre place dans le sofa opposé. Passé les formules de politesse d’usage, ledit M. Griffins expertisa les statuettes afin de s’assurer de leur valeur. Selon sa propre analyse, le total devait atteindre environ une cinquantaine de millions, mais bien entendu, lui n’avait pas les instruments de précision pour se livrer à un examen approfondi des objets. Armé d’une loupe et de tout un attirail d’instruments hétéroclites, le bien-nommé M. Griffins examina avec la plus grande attention chaque statuette. Au bout d’un bon quart d’heure durant lequel l’escrimeur passa en revue chaque élément de la pièce, le respectable monsieur parut sur le point de rendre son verdict. Selon son expertise, qu’il jugeait en tout modestie évidemment irréfutable, l’ensemble des objets avait une valeur monétaire de soixante-cinq millions de Berry’s tout rond. Par rapport à l’évaluation du justicier, cela correspondait à une hausse de trente pourcents de la valeur pécuniaire, une bonne affaire. Satisfait de l’analyse, Showl demanda alors à ce que ledit montant lui soit versé en échange du coffre et de son contenu, ainsi que dans le même temps à encaisser son chèque. Acceptant avec le professionnalisme qui le caractérisait, M. Griffins s’absenta quelques instants pour procéder aux opérations bancaires. À nouveau seul dans le salon d’affaire, l’élite jeta un coup d’œil à travers la baie vitrée qui donnait sur une rivière à l’eau cristalline. Si tout se déroulait sans accrocs, il serait bientôt de retour à Sukarigu et pourrait ainsi continuer son périple vers Navarone, sa destination. Tout ce qui restait à faire désormais, c’était trouver le moyen de rentrer. Sortant de ses pensées, le bretteur eut le plaisir de voir revenir au même moment son banquier avec deux épaisses valises noires dont le contenu ne devait pas faire l’ombre d’un doute. Après avoir posé les valises sur la petite table basse, le vieil homme les ouvrit afin de laisser l’opportunité à son client de vérifier l’exactitude des sommes placées dedans en coupures de 10 000 Berry’s. Pendant que le jeune Showl se livrait à la vérification d’usage, M. Griffins donnait les dernières précisions, avec un timbre qui ne laissait place au doute quant au fait que ces phrases lui soient connues. Ainsi donc, comme le disait le banquier, chaque valise contenait 102 500 000 Berry’s très exactement, pour un total de 205 000 000 de Berry’s, les 65 millions des statuettes et les 140 millions donnés suite à l’encaissement du chèque, et bien entendu, les valises étaient toutes deux munies d’un code à composer pour en permettre l’ouverture. Code qui serait déterminé à la seule discrétion du bénéficiaire, cela s’entend.
Les modalités énoncées et le recomptage ayant été effectué, les deux hommes se serrèrent la main puis son hôte invita le Marine à sortir. Ses deux valises à la main, celui-ci quitta le salon et se dirigea vers la sortie après avoir remercié son banquier. Dehors, c’est l’esprit tranquille que l’élite se décida à retourner sur les docks pour y chercher un équipage capable de le conduire à Sukarigu. Son entretien à la banque avait duré un bon bout de temps, s’il voulait lever l’ancre avant la tombée de la nuit, il avait intérêt à vite trouver un marchand. Sur les quais, l’officier de la Marine put constater que le galion vendu à l’entrepreneur avait disparu. Apparemment, la surprise présente à bord n’avait pas dérangé outre-mesure le magnat et il l’avait bien vite emporté. Tant mieux. Cela éviterait de lui causer d’autres problèmes. Après tout, il avait déjà perçu sa récompense pour avoir éliminé les primés. Cela, ajouté aux millions qu’il tenait entre ses mains, constituait un bon pécule. Cherchant quelque matelot, un équipage attira son attention. À l’autre bout des quais, une dizaine d’hommes chargeaient une frégate avec des tas de caisses. C’était sa chance. Se dirigeant vers le bateau, le noble s’adressa à l’homme qui semblait diriger les autres, un type aux cheveux brun rasés courts, au visage bien expressif et cependant à la mine peu enjouée, d’un âge assez avancé, probablement avait-il la cinquantaine bien entamée même, lui demandant quelle était sa destination. Ce dernier répondit alors, non sans une pointe de méfiance dans la voix, que son équipage et lui-même faisaient voile vers Fuji Island puis vers Sukarigu avant de revenir sur Akashomi. Cela ne tombait pas si mal que ça, avec un peu de chance peut-être même pourrait-il commencer par desservir Sukarigu. C’est avec cet espoir que l’aristocrate demanda à rejoindre l’équipage :
- Cela tombe assez bien. Je cherche à rejoindre au plus vite Sukarigu. Vous serait-il possible de m’y conduire ?
- Ma foi, je veux bien. Mais je dois impérativement livrer la commande de Fuji Island en premier, afin de bénéficier d’une escorte pour arriver à Sukarigu. La zone est infestée de pirates, impossible pour mon navire marchand de passer au travers sans protection, expliqua le capitaine.
- Je vois, dans ce cas et si je vous servais de protection, vous pourriez changer d’ordre de destination ?, interrogea l’élite, sûr de sa capacité à arrêter tout forban.
- Ha ha ha ! Franchement, vous me faites bien rire. Vous débarquez ici comme une fleur, exigeant qu’on vous conduise sur votre île, prétextant pouvoir affronter les dangers alors que vous êtes couvert de blessures. Allez donc plutôt soignez vos blessures et revenez la semaine prochaine. Je fais mon tour de livraison chaque semaine. Dans votre état, ce n’est vraiment pas prudent de prendre la mer, répondit le vieux marin.
Piqué au vif par la pitié que semblait éprouver le marin-marchand pour lui, l’épéiste haussa le ton.
- Bien, dans ce cas, je réquisitionne ce bâtiment !, s’exclama le jeune aristocrate.
- Elle est bien bonne ! Et au nom de quoi, hein ? D’un caprice d’enfant ?
- Au nom de la Marine ! lança le lieutenant d’élite sur un ton de défi tout en montrant son insigne à son interlocuteur.
Le visage de celui-ci, subitement devint blême. Apparemment, son esprit lent commençait enfin à enregistrer l’irrévocabilité de cet ordre. Ne pas rendre service à un Marine lui coûterait très certainement assez cher et lui vaudrait même un procès et ça, ce ne serait absolument pas bon pour ses affaires à lui. C’est à contrecoeur que le dénommé Archie invita l’homme aux cheveux noir de jais à bord de son Trois-Mâts. Ce dernier, satisfait de l’effet produit sur son bienfaiteur, n’hésita pas à faire usage de son pouvoir d’intimidation, s’octroyant tour à tour de superbes appartements pour la durée du voyage et une ribambelle de gens censés répondre par l’affirmative au moindre de ses désirs. Le tout, devant un capitaine de plus en plus excédé par son invité surprise. Cependant, la marine faisant loi, le navire leva bien vite l’ancre en direction de Sukarigu, sans aucune autre forme de désapprobation qu’une mine renfrognée. Pour Archie, ce choix de destination était synonyme de grands périls à venir. Mais hélas, dans cette histoire, son avis passait derrière celui de ce personnage hautain de la Marine. Deux jours entiers qu’il allait devoir encore le supporter, autant dire une éternité ! Vite surpris par la nuit tombante, chacun gagna sa chambre ou sa casemate pour s’y reposer. Pendant la journée qui suivit, l’héritier des Dark réserva la plus grande partie de son temps à la lecture d’un traité d’océanographie que ses yeux inquisiteurs avaient trouvé au milieu d’autres ouvrages dans la succincte bibliothèque du navire. On y parlait notamment de la faune maritime, mais surtout de l’influence des courants marins dans la navigation sur Grand Line. Cette lecture lui permettait, en outre, de reposer son corps fort mis à mal avec les affrontements de la veille. À bien y repenser, si cette dernière attaque n’avait pas abattu Kôhen Sakatsuki, c’aurait certainement été lui qui serait dans l’au-delà à présent. Pour cette victoire, l’élite pouvait chaudement remercier les enseignements de son oncle, sans lesquels c’eut été une cuisante défaite. En fin d’après-midi, alors que le soleil déclinait à l’horizon, on l’informa que le bateau devrait accoster dans pile une journée. Content de voir que tout se déroulait correctement, le noble s’en fut pour une seconde nuit sur le vaisseau. Dans ses quartiers, peu avant de se coucher, le lieutenant d’élite utilisa son den-den mushi portatif pour contacter son second, le sous-lieutenant d’élite Frieman. Un homme compétent et de confiance. La discussion fut brève, à peine quelques phrases d’échangées qui pouvaient se résumer au fait de donner son heure d’arrivée et de prendre connaissance de l’avancée des travaux. Après avoir appris que sa caravelle était à nouveau opérationnelle, l’héritier des Dark raccrocha et se coucha. Les choses se passaient à merveilleusement bien, tout s’arrangeait au final. Malgré quelques imprévus, il serait bientôt à nouveau en chemin pour la base marine de Navarone. Cette certitude en tête, l’escrimeur s’endormit. Le lendemain, à l’aube, des cris stridents le sortirent de ses rêveries.
- Kaizoku-da !, s’écriait la vigie, alors qu’un navire de moyenne taille arborant un fanion noir se rapprochait dangereusement de leur vaisseau.
Après avoir sauté dans son costume et pris ses katanas, l’homme aux cheveux noir de jais sortit de sa cabine et se dirigea vers la proue où se concentraient les voix. Là, il put assister à une scène d’une rare intensité. Le capitaine s’époumonait à crier à qui voulait bien encore l’entendre :
- Je l’avais dit ! Je vous l’avais bien dit qu’on aurait que des emmerdes en passant d’abord par Sukarigu !
Puis, ayant aperçu son invité fraîchement débarqué, il s’adressa à lui :
- Tout ça, c’est votre faute, à vous la bleusaille ! Si vous n’aviez pas insisté et montré votre carte de mouette, on n’en serait pas là maintenant ! criait-il, en proie à l’hystérie.
Gardant son calme, l’officier de la Marine décida de passer outre les injures et se contenta de répondre sur un ton neutre :
- Et je vous avais dit qu’en pareil cas, je me portais garant de votre sécurité. N’ayez crainte, je vais m’occuper d’eux.
Hélas, ces paroles censées rassurer son hôte eurent plutôt l’effet inverse.
- Je vais vous protéger, je vais vous protéger, le singea le vieux Archie sur un ton résolument moqueur. Fallait m’écouter alors, bon à rien, au lieu de jouer les pleureuses !, lui hurla-t-il.
Là, cela commençait à faire beaucoup. Soufflant pour évacuer sa colère, l’aristocrate ignora les remarques désobligeantes du bougon personnage et alla s’appuyer sur le bastingage pour mieux apprécier la situation. À quelques encablures de là, un navire se rapprochait, arborant un soleil levant sur fond noir en guise d’étendard. À qui pouvait donc bien appartenir ce drapeau-là ? De ce qu’il se souvenait, jamais encore il ne l’avait vu sur une affiche de recherche. Difficile de déterminer leur puissance, dès lors. Du peu qu’on pouvait en dire, c’était qu’ils avaient choisi un bien atypique moment pour une attaque. Quant au reste, leur navire-marchand paraissait être plus grand, mais aussi bien moins armé. Quelle idée d’acheter des vaisseaux aussi peu armés quand on connait la dangerosité de notre route commerciale ? Pour le Marine, c’était absolument irrationnel comme choix. Toutefois, dans la présente situation, en faire la remarque n’était peut-être pas le moment le plus judicieux. Soit, le jeune noble constituait le gros des défenses de ce cargo. Ce serait presque réducteur que d’affirmer que tous comptaient sur lui pour les sauver. En l’état, au vu de la vitesse des deux bâtiments, la fuite semblait impossible. Ne restait donc pour ainsi dire que l’attaque. Cependant, étant donné leur nature de navire-marchand, s’ils relevaient les voiles, ces forbans ne devraient pas engager la canonnade puisque leur but devait être, sans nul doute, de s’emparer de la cargaison. Ainsi, cela pourrait lui permettre de les surprendre au moment opportun. Cela semblait être un choix plus raisonnable qu’une fuite improvisée qui ne risquait que de les mettre en difficulté. Après tout, c’est bien connu que nul prédateur ne recule devant un repas qu’on lui offre sur un plateau d’argent. Ordonnant qu’on relève les voiles, dans l’incompréhension la plus totale, l’aristocrate essaya ensuite de ne pas écouter les jérémiades incessantes du capitaine.
- Mais vous êtes fou ! Vous êtes bon à interner, ce n’est pas possible ?! Vous souhaitez qu’on se laisse cueillir par ces malandrins ?! Vous voulez donc qu’on y passe tous ? Autant vous dire de suite que je ne suis pas de cet avis !, geignit le commerçant.
Comme attendu, les pirates mordirent à l’hameçon, ne se doutant pas qu’un officier de la Marine se trouvait sur ledit vaisseau et les attendait de pied ferme. Lorsque les deux navires furent côte à côte, un groupe de samouraïs monta à bord de la frégate, mené par un étrange bonhomme plus sérieux que les autres, au point de même porter le kabuto. Se croyaient-ils au carnaval ? C’était l’impression que donnait leur accoutrement. Pour le vieux Archie, il paraissait clair que ce n’était rien de plus « qu’un ramassis de guignols en robe de chambre ». Pour sa part, le lieutenant d’élite avait appris à ne pas se fier aux apparences de puis son entrée dans la Marine. Aussi restait-il imperturbable. Conscient que son entrée en scène n’avait laissé personne indifférent, le chef pirate se mit à parler.
- Je suis le chef des pirates du Soleil Levant, mon nom est Amatô Renji ! Soumettez-vous ou périssez !, déclara ce dernier.
Voilà un discours des plus percutants qui expliquait bien des choses, comme l’heure de l’assaut ! Hélas, il risquait d’y avoir un petit accroc dans ce plan fignolé par ce type au style vestimentaire plus que douteux.
- Hélas, il m’est impossible d’accéder à votre requête. Par contre, je peux vous proposer un marché plus équitable. Que diriez-vous d’aller en Enfer en premier ?, avança le bretteur, non sans un sourire narquois.
- Comment ?! Très bien, tu l’auras voulu mon gaillard ! Emparez-vous de lui !, ordonna Amatô à ses subordonnés.
Aussitôt six hommes dégainèrent leur sabre et encerclèrent l’aristocrate. Que croyaient-ils donc pouvoir faire avec leurs cure-dents ? Nullement impressionné, le marine n’esquissa pas un geste et se contenta d’attendre. Attendre le bon moment, oui, c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Comme un seul, les six mécréants foncèrent sur leur cible, sabre en avant pour effectuer leur attaque spéciale « la fleur de cerisier ». Hélas pour eux, ils risquaient bien d’en ressortir déçus. Ne murmurant que faiblement « Tekkaï », le corps de l’officier de la Marine devint alors aussi dur que du fer. Comme une seule, les six lames se brisèrent sur son épiderme renforcé, laissant une foule pantois. L’instant suivant, le sexte se retrouvait à terre, ses membres lacérés, tandis que l’homme aux cheveux noir de jais fixait du regard le capitaine des flibustiers, l’un de ses sabres, dégainé, teinté de rouge. L’aristocrate reprit alors :
- Bien, et à présent ? Êtes-vous plus disposé à accepter mon offre généreuse ?
Le visage du samouraï s’empourpra alors. Ce vermisseau venait de le ridiculiser. Comment osait-il ?
- Raah, très bien ! Vous l’aurez voulu ! Je vous défie !, annonça le boucanier.
- Me défier en duel ? Ce ne serait à bien y réfléchir pas très égal…, commença Showl.
- Je suis l’enseignement du Bushido ! Et j’ai une prime de 32 millions de Berry’s sur ma tête ! Préparez-vous à mourir !
À l’énonciation de la prime, l’escrimeur parut plus intéressé et se décida à prendre plus au sérieux son ennemi. Après avoir fait reculer les spectateurs au maximum, le Marine se mit en garde. Son adversaire fit alors de même avant de demander :
- Quel est votre nom ? Que je sache quel nom noter sur votre tombe !
En voilà une question bien étrange ! Pour la première fois, un malfrat souhaitait connaître son nom. Quel étrange bonhomme ! Toutefois, le sabreur ne voyait pas de raison de refuser cela.
- Showl, lieutenant d’élite de la Marine. C’est tout ce dont vous aurez besoin de dire quand on vous demandera en Enfer qui vous envoie, répondit l’officier.
- Îdarô Showl ! Hajime mashou-ka !
Les deux adversaires fondirent alors l’un sur l’autre, katana à la main. Essayant un coup d’estoc en guise d’entrée, le marine d’élite fut surpris de constater que son ennemi avait pu s’écarter à temps et lui destinait, dans le même temps, un coup horizontal de revers. Inclinant à temps la tête en arrière, l’aristocrate profita de cette position pour prendre appui sur le sol avec ses mains et décocher un double coup de pied au samouraï. Celui-ci, ne s’attendant pas à pareil contre, se prit de plein fouet le coup dans le ventre. Envoyé en l’air, le pirate réussit à se reprendre et, le visage exprimant la hargne, tenta à son tour un coup d’estoc. Déplaçant son centre de gravité en avant, Amatô effectua un piqué à grande vitesse sur le patricien, son sabre en avant. Une posture qui n’était pas sans rappeler celle d’un rapace fondant sur sa proie. Se relevant au même moment, Showl eut le réflexe de se déplacer sur sa droite. Hélas, bien trop rapide pour lui, le mécréant réussit à toucher son flanc gauche, l’entaillant. Cet ennemi se révélait être un redoutable adversaire en fin de compte. Esquissant un rictus en ressentant la douleur de la blessure, le lieutenant se massa l’entaille avec sa main gauche, pendant que de sa main droite, il destinait à son ennemi un coup d’épée. Avec une pareille attaque, le samouraï devait forcément se rétablir. Et tout comme pour un oiseau, c’est au sol qu’il est le plus vulnérable. Mais à son étonnement, le capitaine des pirates du Soleil Levant parvint à se relever et à effectuer une attaque hémi-circulaire qui bloqua en même temps la lame du Marine. En à peine cinq secondes de combat, voilà que déjà ce guerrier des temps anciens l’avait blessé, désarmé et s’apprêtait à en finir. Que faire ? Jamais il ne parviendrait à parer le prochain coup en ramenant son katana. Le timing serait trop juste. Il ne pouvait pas perdre maintenant. Pas après avoir échappé aux griffes de ce Kôhen. Il ne pouvait que se défendre. Continuant son action, le mécréant reprit à deux mains son arme puis fondit sur sa cible, prêt à donner l’ultime coup. Au dernier instant, le samouraï poussa en avant son katana afin de donner plus de puissance à son coup, étouffant par la même occasion le cri du Marine dans une bourrasque. L’impact souffla sur plusieurs mètres la zone de combat, laissant une expression de terreur sur les spectateurs ayant assisté à la scène. Relevant sa tête qu’il avait inclinée durant son assaut, le forban vit à sa grande surprise que contrairement à ce qu’il croyait son ennemi n’avait pas été transpercé par sa lame, mais n’avait que reculé de quelques mètres sous la puissance de l’impact. En lui-même, le flibustier pensa alors « manqué, hein ». Ce devait être de la même manière que ce gredin avait réussi à briser les sabres de ses sous-fifres. La raison de cette incroyable résistance l’importait peu, il se devait de briser cette armure pour laver son honneur entaché par ce « gaijin ». Cependant, en dépit des apparences, son puissant coup avait bien touché l’officier. Son Tekkaï avait été brisé en la pointe de l’arme. Encore un coup comme cela et sa vie risquait bien de prendre fin ici-même. Laissant échapper un soupir, le pirate ne se déconcentra pas et d’un salto arrière pris de la distance tout en tranchant de bas en haut le buste du Marine. Fort heureusement pour ce dernier, sa technique, quoique brisée en un point, tint le choc. Comment donc réussir à battre un adversaire aussi agile et puissant capable d’enchaîner les coups sans temps mort ?
Alors qu’il se le demandait, Amatô, revenu au sol, se préparait à tenter un nouvel assaut. L’heure n’était donc pas à la réflexion, mais à la protection. Réactivant son Tekkaï, n’eut que le temps de sentir le vent balayer sa chevelure, tandis que le chef des boucaniers effectuait sa technique. En un rien de temps, celui-ci avait porté son coup et s’était placé dans le dos du Marine. Une vive douleur fit alors grimacer le lieutenant. Baissant les yeux, le noble put voir une large incision sur son flanc droit. Ce vulgaire criminel avait réussi à totalement passer sa défense et sans qu’il ne s’en rende compte. Pestant, l’aristocrate sentit un nouveau courant d’air et ne put que placer sa propre arme au-dessus de sa tête pour échapper de peu à la décapitation. Hélas, en exécutant ce double salto arrière, le malfrat avait tout de même réussi à entailler une bonne partie de son dos près de son épaule gauche. Quel coup du sort ! Cela n’arrangeait décidément rien du tout ! À nouveau devant lui, l’officier n’eut pas le temps de souffrir de sa blessure que déjà on lui destinait un nouveau coup. Cela commençait à devenir vraiment mortel ! Instinctivement, le noble inclina sa tête en arrière, juste à temps pour voir une lame trancher l’air au-dessus avec une vitesse et une précision phénoménales. Cependant, cette esquive instinctive déséquilibra le justicier. Effectuant une glissa en avant pour se rattraper un peu, l’homme aux cheveux noir de jais parvint à déstabiliser son adversaire en fauchant ses pieds. Ainsi placés tous deux, l’aristocrate vit une occasion en or de porter un coup. Bougeant un peu en avant son bras droit, le chef des pirates eut le déplaisir de voir son buste être tranché de tout son long avant de lourdement s’écraser sur le sol, la tête en premier. À terre tous deux, les féroces adversaires ne mirent pas longtemps à se remettre debout pour terminer leur duel. L’un avait plusieurs blessures alors que l’autre n’en avait qu’une mais de grande taille. On pouvait donc dire que le match nul se profilait si rien ne changeait. Mais, à la différence, le samouraï perdait beaucoup de sang, dû à la profondeur de l’entaille. Lui qui souhaitait se venger ne pouvait être défait aussi facilement. Oh ça non ! Il allait lutter jusqu’à la mort s’il le fallait. De son côté, le marine ne paraissait pas moins déterminé. Il lui fallait terrasser ce redoutable bretteur s’il voulait rejoindre son équipage et poursuivre sa route vers Navarone. Le prochain échange déciderait certainement du vainqueur. Se regardant dans le blanc des yeux, chacun semblait attendre que son adversaire agisse en premier. Puis, soudain, alors qu’une vague venait se fracasser sur la coque de la frégate, les deux hommes s’élancèrent, sabre à la main, décidés à en finir d’un unique mouvement. Le pirate préparait un autre puissant coup d’estoc tandis que pour sa part Showl semblait essayer une découpe horizontale. Mais, au moment de frapper, Amatô ressentit une vive douleur au niveau du buste. Incapable de tendre son bras à temps pour embrocher le marine, ce dernier lui lacéra poitrine. Ainsi atteint, le vaillant forban ne paraissait plus être en mesure de poursuivre. Son sang s’écoulait de plus en plus, l’amenant peu à peu à la frontière de la mort. Comment diable une blessure avait-elle pu compromettre sa dernière action ? Quelle malchance ! Peu après, le capitaine des pirates du Soleil Levant s’effondra, raide mort. Son équipage, miné par sa disparition en resta là, les boucaniers ne sachant pas quoi faire désormais. Affaibli, l’aristocrate fut contraint de laisser vivre ces mécréants, incapable de s’en débarrasser par ses propres moyens. Laissant là les vermisseaux, le navire-marchand refit voile en direction de Sukarigu.
Soulagés de n’être finalement pas mort, le capitaine ne sembla plus montrer d’animosité particulière du reste du voyage. Soigné à bord par l’infirmier, l’élite put se remettre quelque peu de ses émotions durant les heures qui suivirent. Toutefois, le combat chamboula ses projets. Avec cela, l’arrivée à destination avait été reportée au lendemain matin, ce qui avait tout de même comme bénéfice de permettre une meilleure récupération au justicier. Le lendemain matin, comme promis, ils arrivèrent en vue de Sukarigu, l’île des joailliers. Quittant précipitamment les marchands après l’amarrage au port, l’épéiste se hâta de rejoindre la ville afin de rentrer au plus vite. En chemin, une boutique attira son regard : « Seila couture ». Avec ses derniers combats, son costume se trouvait dans un état déplorable. Ce ne serait certainement pas du luxe de s’en faire confectionner un nouveau. Une demi-heure plus tard, l’aristocrate ressortait, vêtu d’un costume flambant neuf, son portefeuille allégé de quelques centaines de milliers de Berry’s. Enfin présentable, plus rien ne devait le retenir ici désormais. Tout du moins, c’est ce que le noble pensait jusqu’à ce qu’une affiche publicitaire attire son regard comme la boutique. Cette fois-ci, il n’était pas question de vêtements, mais bien de concours pour un projet immobilier dans le centre-ville. Maintenant qu’il y repensait, il avait remarqué un bel emplacement à bâtir dans le centre-ville lors de sa visite il y a quelques jours. En fin connaisseur, peut-être cela valait-il la peine d’y participer ? Pour ce faire, il fallait rencontrer le bourgmestre, apparemment. Soit. Une simple formalité de plus. Rien de bien embêtant. Le seul souci était que le concours prenant fin aujourd’hui même, peut-être valait-il mieux se dépêcher ? Se remémorant un schéma mental de la ville, le bretteur arpenta ensuite les rues jusqu’à arriver à destination. Dans un joli quartier, une imposante bâtisse blanche servait de bureau au bourgmestre en fonction. Ne perdant guère de temps à observer les lieux, le jeune Showl entra et expliqua à l’employé placé derrière un comptoir en bois mal poli l’objet de sa venue. Quelques instants plus tard, le Marine pénétrait dans le bureau de M. Rofilon, le bourgmestre. L’homme, à la quarantaine avancée, au teint pâle et à la bonhomie prononcée, lui serra chaleureusement la main avant de l’inviter à prendre place dans le fauteuil en face du sien.
- Vous venez donc pour le concours, c’est bien cela ? Avant de vous laisser la parole, j’aimerais juste repréciser les conditions exactes de celui-ci. Si votre projet est choisi, vous bénéficierez d’une subvention de vingt millions de Berry’s pour sa construction. En outre, celle-ci ne devra pas prendre plus de deux mois. Auquel cas votre idée serait alors purement et simplement abandonnée au profit d’une autre qui permettrait de donner plus rapidement satisfaction. Bien, cela dit, je terminerai juste en disant que si votre idée est dans l’ordre d’un bar, d’un restaurant ou que sais-je s’y rapprochant, j’ai déjà ici une bonne liste qui les répertorie. Aussi, si tel est le cas, inutile de perdre plus de temps, et quittons-nous immédiatement.
- Rassurez-vous, mon projet n’est pas du tout de cet acabit. Non, à vrai dire, il s’agirait plutôt de sublimer votre centre-ville par une création qui rendrait autant hommage à vos habitants qu’elle encenserait les touristes. C’est donc tout naturellement que j’ai pensé à l’édification d’un Musée à la gloire de ce qui fait la fierté de votre bourgade : l’artisanat et plus particulièrement le travail du cristal. Ainsi, les habitants et les touristes pourraient admirer les plus belles créations de vos maîtres-artisans, le tout pour quelques billets seulement, expliqua Showl.
- Mais c’est une excellente idée ! Bien meilleure que tous ces bistrots et cafés dont on m’a rabattu les oreilles ces derniers jours. Et bien, je n’ai qu’une chose à vous dire ! Si vous pensez que ce musée peut être prêt pour dans deux mois, vous pouvez d’ors et déjà considérer que vous avez le feu vert !
- Et bien, un mois et demi devraient suffire pour sa construction.
- Magnifique ! Nous discuterons alors plus longuement de cela demain matin si vous le voulez bien ?
- C’est entendu. En outre, j’ai ouï dire que vous aviez essuyé une attaque de pirates dernièrement ?
- Oui, c’est exact. Nous avons eu quelques problèmes, mais tout est rentré dans l’ordre, soyez rassuré !
- Je vois. J’aimerais tout de même effectuer une petite donation. Sortant de l’une de ses valises quelques liasses de billets l’aristocrate les tendit au bourgmestre. Voici vingt millions qui devraient ainsi vous permettre de développer davantage encore votre ville. En réalité, le marine se sentait coupable de n'avoir pu arrêter ces mécréants la première. Faire don était donc un moyen pour lui de se racheter.
- C’est très généreux de votre part, cher monsieur.
- Il n’en est rien. Votre cité le mérite. Bien sur ce, nous nous reverrons demain.
Après une nouvelle poignée de main, l’élite quitta la mairie pour enfin se diriger vers la forêt. Certes, le voilà qui était coincé ici pour encore pratiquement deux mois, mais au moins, son équipage pourra profiter d’un peu plus de confort qu’une plage de sable. Une bonne heure plus tard, le lieutenant réapparut sur le campement, au grand bonheur de ses hommes. Deux mois plus tard, le Musée était inauguré par M. Rofilon et Showl. D’une valeur de cinquantaine millions, les vingt de la subvention plus trente investis par le Marine, le bâtiment resplendissait dans le décor et fit la joie des habitants.