Freak Show [Gura]

Paraguas voulait aller au Cimetière d’épaves, à la recherche de cette fameuse « Fée Bleue ». Beaucoup racontait qu’une Fée s’isolait dans des lieux insolites et inaccessibles de l’homme, par conséquent, il se devait de se rendre là où seuls les fous, les plus hardis et les plus aventuriers oseraient poser pied. N’ayant rien à perdre dans ce bas monde, il se lançait donc dans cette folle entreprise, le sourire aux lèvres …

Malheureusement, pour atteindre une telle île, il fallait savoir comment y aller ! Autant dire, claudiquant toujours, il avançait tant bien que mal, regardant autour de lui, cherchant désespérément une carte ou une personne apte à l’aider. Lorsqu’il rencontrait quelques personnes, sous son masque, il tentait de communiquer avec mais ses grognements incompréhensibles avec plus tendances à effrayer qu’autre chose.

Dépité, tête baissée, il regardait à peine où il marchait. Inévitablement, il percuta un obstacle mais celui-ci étonna Paraguas tant par sa « taille », que par sa « consistance ». Il était « mou » et « chaud », avec une odeur de transpiration terrible qui irrita le mutilé malgré sa protection faciale ! Il s’éloigna bien vite, mais maladroit qu’il était, il tomba sur ses deux fesses. Du bas, il pouvait que davantage voir « l’immensité » de la « chose » : un humain qui avait clairement abusé de la nourriture, et des bienfaits de mère nature. Si beaucoup aurait pu être effrayé, ou dégouté, Paraguas regardait avec admiration. A ses yeux, il y avait un autre homme aussi étrange et aussi en marge des autres que lui !

- Graaa ! Grres ! Frrée ! Brrééé ! Trééé ! Ssiiii !

Il tentait de communiquer mais c’était peine perdue. Cependant, malgré tout, il espérait que la personne en face de lui était un être comme lui, avec un langage similaire. Oui, à cet instant, cette rencontre apportait un grand espoir dans le cœur solitaire de notre homme.

Cependant, si son langage « humain » était incompréhensible, son estomac se montrait bien plus … explicite. Un grognement s’éleva de ce dernier, annonçant donc sans aucune pudeur et pitié à son propriétaire qu’il était un être chétif, et extrêmement affamé. En travers de sa longue veste reprisée, et recousue à plusieurs reprises, usée et tâchée, on voyait qu’il n’était qu’un corps flottant et « déformé » un tantinet – tantôt le bras gauche plus petit et torve que le bras droit.

Il semblerait que voir un homme qui mange si bien ne lui montre que davantage qu’il était de ces « clochards » de rue fouillant et farfouillant dans les poubelles à la recherche d’un pain dur de fortune ou des restes que quelques riches des environs.

    Dans cette ville ultra peuplée, je me promène dans les rues comme je sais si bien le faire : c'est-à-dire en slip, et rien d'autre ! Alors c'est toujours la même rengaine, dès que je croise le regard de n'importe quelle autre personne mieux vêtue. Les gens ne peuvent s'empêcher de marmonner entre eux, ou au contraire, de lâcher bien fort ce qu'ils pensent de moi. Enfin, surtout dès que je les ai largement dépassés.

    Mais comme d'habitude, je laisse couler. Au sens littéral du terme, on pourrait dire aussi. Il n'y a qu'à suivre la traînée humide au sol, derrière moi, pour comprendre. Voilà pourquoi on n'ose pas trop s'approcher pour réciter mes quatre vérités, bien en face. Ça, et les über mensurations que je trimbale, qui font ce que je suis : un goret, ni plus ni moins.

    C'est seulement après plusieurs mètres parcourus, ce jour-là, que mes tympans ont bientôt affaire à d'autres étranges remarques. Peut-être que la population en a eu marre de me bassiner avec le même refrain, et a voulu innover un nouveau genre ?
    Bref, comme je ne m'en soucie pas plus, je ne cherche pas spécialement à en savoir plus. J'avance donc tranquillement, droit devant, jusqu'à ce que soudain, ça fait... bouing ?

    _ Hein ? Grogné-je sur-le-champ.

    À peine je baisse les yeux, du haut de mes deux mètres vingt, je vois qu'un sale type vient de se planter entre les bourrelets de mon ventre. Par chance ou par réflexe, il réussit à s'éjecter illico du piège.

    _ En voilà des manières ! Pensé-je intérieurement. Le gars s'est cru à la maison ou quoi ?

    Je fronce les sourcils lorsque je peux enfin le dévisager de haut. Et la chose qui me frappe direct, c'est que le saligaud a vraiment une sale trogne. Peut-être une tête à claques professionnelle, va savoir ?

    Par contre, j'ai une part de ma cervelle qui se demande si ce n'est pas ma graisse et ma sueur qui ont été capables de défigurer quelqu'un de la sorte.
    Mais que nenni ! Jusqu'à preuve du contraire, tous mes anciens adversaires qui sont passés dire bonjour à mon nombril, d'un peu trop près, n'ont jamais hérité de pareils effets secondaires.

    Je présage alors la technique basique du voleur. Et en même temps, il n'y a qu'à mater ses fringues minables pour se faire une idée. En gros, le sauvageon te fonce dessus, et espère te piquer ton porte-feuilles !
    J'ai bien envie de lui sortir le classique : "Désolé mon pote, mais il ne vaut mieux pas que tu saches où je range mon fric, héhé".

    Après quoi, le bonhomme jacte dans un jargon bizarre, mais je crois reconnaître un semblant de quelque chose.

    _ Keuah ? Comment tu connais mon nom ?

    On est bien d'accord ? Malgré son charabia incompréhensible, il a baragouiné "Gura" ? À moins que ce soit "gras", et à ce compte-là, il mériterait une bonne leçon !

    Dans tous les cas, tout s'enchaîne très vite. Son ventre se met à gargouiller et ça me donne envie de consulter le mien également. C'est ainsi que je remarque que, depuis tout ce temps, quelque chose s'était logé dans ma mise en pli huilée et graisseuse.

    _ Un masque ? Dis-je tout en l'extirpant de ma grosse bedaine.

    Le temps d'examiner l'objet, dégoulinant de transpiration, je ne fais déjà plus attention à l'autre bougre à mes pieds. Ni même des potentielles commères alentour.
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    L’enfant-adulte continuait à fixer cette montagne de chair humaine dégoulinante à l’odeur des plus fortes – au point de faire pincer le nez de Paraguas -. D’ailleurs il ne tarda à mettre la main sur le visage pour se empêcher cette terrible et lourde odeur de sueur faire davantage de chemin au sein de ses précieuses narines mais, avec grande surprise, il découvrit cette chair à découverte et non couverte d’un masque. Autant dire, les choses ne tardèrent pas à se gâter.

    La Montagne semblait être agressive, et déjà une foule se formait autour de cette parade de monstre humaine. Si ce grand homme n’était guère gêné – ou peut-être l’était-il, Paraguas était trop préoccupé pour le savoir -, c’était le cas du brûlé. Paniqué, angoissé d’être ainsi en vue de tous et de toutes – une peur insidieuse qui s’était infiltrée en lui à force de côtoyer le monde -, il cherchait furieusement autour de lui son fameux masque.

    Il le découvrit aux mains de l’Homme, après que celui l’est extirpé d’entre ses bourrelets. Autant dire, l’homme au parapluie observait avec presque une « béatitude » chaque geste, et gouttelette coulant sur cette surface lisse peinturlurée. Les yeux dessinés ne devinrent que deux longs fleuves coulants, et la bouche qu’un triste rictus rougeâtre. Il était aussi triste que la condition du quarantenaire à l’esprit enfantin.

    - Grraaa … disait-il d’une toute petite voix.

    Cependant, débrouillard dans le fond, il récupéra son sac à dos avec quelques gestes grotesques qui animèrent le rire de certains, et il en sortit un tout autre masque mais aux traits « neutres », soit une bouche qui n’était qu’un trait horizontal et les yeux, que deux ronds noirs vides. Aussitôt après, il sortit tout autre chose, soit une série de ballon plastique qu’il gonfla sans tarder pour en faire plusieurs formes et offrir à des hommes et femmes. Si au départ, beaucoup craignait, certains s’étaient vites laissés tentés.

    Il tenta d’en faire une toute autre figure – un sorte de sumo – à Gura, et Paraguas tendit donc cette petite icône ballonnée à l’homme. Pensait-il à mal ? Nullement. Paraguas était incapable de penser « méchamment » car personne ne le lui avait appris, et vivre lui avait été interdit jusqu’à récemment.

    Malheureusement, l’échange allait-il durer longtemps ? Déjà, une pierre fut lancée qui atteignit dans l’arrière du crâne de Paraguas, égratinant un tantinet ce cuir chevelu, laissant le sang couler goute par goutte en créant à force un sillon sanglant … Il y met une main, et amena par la suite ce doigt maculé de sang sous ses yeux.

    - Gné … ?

    Pourquoi avait-il mal alors qu’il avait apporté quelques sourires sur certains visages ? Qu’avait-il fait de mal, encore ? Etait-ce parce qu’il n’était pas « beau » ? Il lançait un regard à Gura, tentant de voir s’il saignait aussi, ou s’il était épargné par les Beaux. Non loin, quelques rires s’élevaient déjà.

    Est-ce que la mascarade allait continuer ou non ?

      À force de regarder le masque que j'ai entre les mains, un souvenir me revient doucement mais sûrement. Au début, je me demande pourquoi le truc ne m'est pas inconnu. Et ensuite, je comprends que c'est parce que j'ai déjà croisé l'objet quelque part, tout simplement. Cymbale ?
      À vue de nez, je pencherai pour mon époque du cirque, dans mes plus jeunes années. Que ce soit comme cadeau à refourguer à la marmaille, ou parce qu'un clown en portait un coussi-coussa pour ses numéros.

      Par contre, je dois avouer que je ne pige pas pourquoi ni comment la personne qui me fait fasse a pu obtenir un présent pareil. Est-ce que le type est vraiment un voleur, avec sa dégaine de pauvre sans-abri ? Ça se tiendrait, en tout cas. Et bien que je sois un pirate en devenir désormais, oser piquer dans les affaires des autres, c'est mal !
      À ce moment-là, je ne peux m'empêcher de reluquer le coupable. Le saligaud fait encore des manières. D'abord, parce qu'il se retrouve démasqué. Mais aussi et surtout parce que c'est moi qui détient l'un de ses biens précieux.

      Pourtant, sans s'apitoyer sur son sort outre mesure, le bonhomme trifouille bientôt dans ses autres affaires, afin de se rhabiller de nouveau, avec un second masque. Juste de quoi redissimuler sa face affreuse... pour faire bonne figure devant la populace alentour, en quelque sorte.

      _ Tu n'aurais pas... commencé-je avant de m'interrompre illico.

      En effet, je m'apprêtais à mener ma petite enquête, mais disons que la prochaine action de mon voisin clarifie un peu le fond de ma pensée.

      Le gars enchaîne avec un autre petit tour, celui de fabriquer des conneries avec des ballons gonflables. Bref, encore le genre de numéros fastoches qu'on est susceptible d'apprendre également dans un cirque.
      Puis, Voilà qu'il les distribue dans la foulée, sans espoir de se faire payer d'une misérable petite pièce, malgré son estomac vide et son accoutrement des plus risibles. Tantôt ça amuse la galerie, tantôt ça grimace.

      _ Donc, je disais... rétorqué-je ensuite, avant d'être coupé derechef.

      Cette fois-ci, le coquinou me tend carrément une version basique de ma grosse silhouette. Toujours avec un ballon gonflable.

      Primo, j'ai un hoquet de surprise parce que sa rapidité et sa technique sont indiscutables. Mais deuxio, une part de moi se demande si le gaillard n'essaierait pas de se moquer de mon extrême largeur.

      Quoi qu'il en soit, le bougre est étrangement étonnant. Cependant, je ne suis pas né de la dernière pluie. Enfin, je crois. Alors si le pauvre croit pouvoir m'amadouer avec sa petite ruse, il peut direct se fourrer le doigt dans l'oignon !
      Tiens d'ailleurs, l'erreur de la nature ne tarde pas à se manger un projectile dans la tête, sous peu. Peut-être qu'un autre spectateur a pensé comme moi ? Non mais allo, quoi ! Depuis quand un voleur croit que des adultes, majeures et vaccinées, vont se laisser embobiner par du piètre show pour gamins ?

      _ Maintenant, va falloir te montrer plus explicite, mon pote ! Râlé-je tout à coup. Dommage pour toi, j'ai également travaillé dans un cirque, par le passé ! Alors je connais très bien d'où proviennent ces masques, héhé.

      J'agrémente mon discours avec quelques vagues poses de combattant de ring.

      _ Et comme ta tête ne me dit vraiment rien... soit tu m'as pas marqué, soit...

      Je me fige, poings serrés, et j'esquisse un léger sourire mesquin, comme pour dire "t'aurais pas dû t'en prendre à la famille, dude !".

      C'est vrai, quoi ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des types à allure louche, qui misent tout sur le côté enfantin pour faire plier même le plus naïf des habitants mâtures d'une île quelconque ? À moins qu'il manque une sacrée case au concerné, d'accord... mais ça, c'est loin d'être mon raisonnement.

      Après quoi, je fais semblant de récupérer le petit joujou "sumo", sauf que j'empoigne direct son bras. Et tandis que le ballon tombe au sol, je soulève ma proie d'un coup sec.

      _ Allez, parle ! M'écrié-je, alors que la foule environnante piaille je-ne-sais-quoi à cause de la soudaineté de ma brusquerie. T'avais pas le profil pour entrer dans notre entreprise de comiques, parce que tu faisais trop peur aux gosses. Et du coup, pour te venger, tu t'es dit que tu mettrais à profit ton talent devant les grandes personnes ? Tout ça pour leur soutirer du fric !


      /hrp: fiouuu, c'était pas la joie, lol. Devoir me taper dans le monologue, mdr. Pis comme tu vas pas dans mon sens, et que tu m'dis rien en mp, en échange... bah chavépatro, du coup. ^^'
      bref, j'espère donc que ça va le faire quand même. ;)


      EDIT: bon bah, on dirait que j'peux aller me gratter, hein... donc, tu finiras le rp tout seul, si besoin.
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