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- Moussaillon, aide les autres à amarrer le navire, après, tu iras chercher ce qui se trouve sur la liste que je t'ai confié.

Grommelant, cela agaçait Joe d'être rabaissé au rang de "moussaillon" par son capitaine. Il avait déjà vingt trois ans et avait participé à plusieurs dizaines d'abordages. Cette condescendance à son égard finirait par avoir raison de sa patience.
Mais, agacé ou non, il fallait obéir si on voulait un repas chaud le soir. Il obéit, mais sans y mettre du sien, ce furent ses camarades qui se fatiguèrent à attacher solidement le navire au ponton, c'était tout juste si Joe avait supervisé le travail.
Frappant un coup dans ses mains comme pour se préparer, il leur annonça :

- Bon, bah moi je vais faire les emplettes du capitaine les gars, amusez vous bien à nettoyer le navire en mon absence hinhin.

Les trois pirates le regardèrent partir en se retenant de rire. Personne n'allait briquer le pont, tous étaient conviés par le capitaine à aller se saouler à la taverne la plus proche. Seul Joe était en réalité de corvée ; trop bête pour s'en rendre compte, il se dirigeait vers le centre ville en se pavanant.
En ce temps là, il n'avait pas ce large manteau qui lui descendait mi-cuisse, seul un juste au corps à manche longue et un jean étroit constituaient ses vêtements journaliers. C'était une époque où la seule arme qu'il possédait était un mousquet à silex simple, qu'il gardait enfoncé à l'avant de sa ceinture.

- Ah quand même ! Il a fini par s'apercevoir qu'on manquait de sel l'autre gros con !

Ces derniers jours, son système digestif avait quelque peu souffert. Les produits avaient été mal conservés, et Dieu sait qu'il vaut mieux éviter de manger du poisson entreposé dans une cale où il faisait près de quarante degré durant plusieurs jours. Deux membres d'équipage étaient d'ailleurs mort de la dysenterie avant d'arriver à Amerzone.

- Du sel, de la viande, du citron, de la farine.... Putain, mais je suis pas une mule !

Cela dit, il ne se plaignit pas trop, pensant que les autres à bord du navire étaient en train de trimer à brosser le pont, tandis qu'ils étaient en réalité en train de descendre des litres de bière et de se payer les prostitués les moins vérolées de l'île.
Un large baluchon sur son dos, le cafard gambadait beaucoup moins vite que tout à l'heure. Le cafard... Ce surnom lui avait été attribué il y a peu par son capitaine, avec l'aval de tous ses hommes. Cela tenait au fait que Joe ressortait toujours sans la moindre égratignure de chacun des abordages. Parfois même, la balle chargée dans son mousquet n'avait pas été tirée, et pourtant, il parvenait toujours à ramener de l'or, qu'on avait d'ailleurs du mal à lui faire partager avec les autres. Rusé et fourbe, on savait que ce n'était pas à sa force qu'il devait ses prouesses, mais plutôt à son tempérament lâche et vicieux. Dès lors, il fut "le cafard".

Tout cafard qu'il était, il ne croula pas sous le poids des provisions et parvint jusqu'au bateau....vide. Jetant les provisions à la hâte, il s'exclama avec le lyrisme qu'on lui connaît :

- Les chiens de leur chienne de leur race ! M'ont fait bosser pendant qu'y prenaient du bon temps, c'est la quatrième fois !

Depuis le temps, il aurait pourtant du les voir venir. Qu'à cela ne tienne, il irait prendre du bon temps aussi. Ayant ramassé une petit pécule, il alla faire un tour en ville ; au diable la gnôle et les filles de joie, il préférait les armes.

- Un ou deux mousquets en plus, ça peut changer la vie de son homme ça !

Faisant sautiller sa bourse d'or dans sa main, il s'en retournait au centre ville. Il avait bien évidemment de quoi acheter les deux mousquets surnuméraires qu'il recherchait, mais, avare et cupide, le cafard comptait mettre ses talents de négociateur au service de son porte monnaie, afin que celui-ci ne perde pas trop de son embonpoint.


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 27 Déc 2015 - 17:34, édité 1 fois
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La ville de Portgentil était très vivante. Des commerces à perte de vue, sans compter les marchés à ciel ouvert, c'était l'endroit rêvé, aussi bien pour les pirates que les révolutionnaires, mais aussi la marine.
En effet, le gouvernement mondial avait marqué South Blue de sa griffe, le bois d'Endaur était presque sous leur monopole exclusif et les commandes pour leurs vaisseaux affluaient par dizaines auprès du chantiers naval de Portgentil. Mais ça n'empêchait pas les ennemis de la marine d'arpenter les rues à visage découvert.

- Mais... L'est sur un avis de recherche le con là ! Pis lui aussi tiens !

Pointant du doigt des figures connues de la révolution et de la piraterie, c'était un véritable défilé de criminels qui se présentait à lui. Si la marine avait de nombreuses commandes sur l'île, il faut croire qu'ils n'avaient pas pour autant jugé utile de poster de nombreuses sections dans le coin. Après tout, pour les bâtisseurs et autres commerçants, l'argent n'avait pas d'odeur, tant que tout le monde se débrouillait pour cohabiter sans faire de vague, ils se foutaient bien des motivations de leurs clients.
Joe, qui cherchait dans un premier temps un armurier, avait fini par se résoudre à acheter des pièces de seconde main au marché, les prix des boutiquiers étant bien trop élevés pour son avarice maladive. Une chance d'ailleurs qu'il n'était pas coutumier de la frénésie dépensière, tout sur son chemin semblait crier "achète moi".

- Nous y voilà.

A même le sol, sur un tapis, un vaste étalage de mousquets en tout genre étaient répandus. Le cafard comptait examiner chaque marchandise avec précaution, c'eut en effet été embarrassant de se rendre compte qu'une arme ne fonctionnait pas en plein abordage. Embarrassant et mortel.
Mais il ne pu se saisir de la moindre arme. Autour de l'étalage s'était attroupée une vingtaine d'hommes. Au centre, le marchand, qui prétendait venir de Grand Line, brandissait une arme bien singulière : un mousquet à silex possédant trois canons.
Ce dernier scandait que l'on pouvait tirer à trois reprises sans même recharger entre chaque coup. Une aubaine.

- Mesdames et messieurs, l'enchère commence à cinq cent mille berries, j'entends bien voir ce prix exploser d'ici à ce que je vous remette la bête.

Déjà, beaucoup de déçus partirent dépité. Leur bourse ne leur permettait pas de s'accaparer une telle merveille de technologie. Mais Joe devait mettre la main dessus à tout prix. Cette arme, c'était l'assurance d'être à l'avant garde de la piraterie, il lui fallait quel que soit coût. Seulement, il n'avait que deux millions de berries sur lui et il faudrait la jouer fine pour remporter les enchères.

- Cinq cent mille berries, je dis cinq cent mille berries, qui dit mieux ? Allez allez, ne faites pas les timide, c'est une chance inestimable, je dis cinq cent mille berries, vous me dîtes ?...

La bataille des enchères était à présent engagée.

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L'annonce de la somme initiale de l'enchère à cinq cent mille berries avait permis d'écrémer les possible acheteurs. Bien qu'à l'origine ils étaient environ vingt, tous déterminés à mettre la main sur l'arme, il ne restait que quatre candidats à l'achat, Joe inclut. Ce dernier scruta avec attention chacun de ses "adversaires".
Parmi eux, deux pirates, cela était évident compte tenu de la nature de leur accoutrement et de leur gueule cassée, l'un portait un sac en bandoulière, l'autre un bandeau noir autour de la tête. Mais le troisième larron l'inquiétait. Un civil, vêtu d'une redingote qu'il avait dû payer le prix fort, bien peigné, quelques bagues assez voyantes aux mains : il était bien parti pour rafler la mise. Prudent, Joe se plaça légèrement derrière le bougre.

- Cinq cent cinquante.

Un des pirates fit monter les enchères, il tenait une liasse dans sa main, à vue de nez, il devait y avoir un million de berries dans le tas. De fait, il ne représentait aucune menace pour Joe.

- Cinq cent soixante quinze.

C'était son voisin issu lui aussi de la piraterie qui fit monter timidement la somme. Surenchérir de seulement vingt-cinq mille berries semblait indiquer qu'il ne pouvait pas faire augmenter la somme par paliers de centaines de milliers de berries, encore moins de millions. Par conséquent, il ne restait qu'un adversaire de taille dont il fallait se méfier.

- Un million cinq.

Les yeux du cafard s'écarquillèrent. Le pirate qui n'avait plus tôt qu'une liasse de billets en sorti deux autres de sa besace qu'il portait en bandoulière. Trois millions de berries. A présent, ils étaient deux à être mieux préparés que Joe pour les enchères. D'un air hautain, le civil bien paré s'apprêtait à lever le doigt pour surenchérir. Puis, comme pétrifié annonça, à la surprise générale.

- J... Je me retire.

Il se retirait alors qu'il n'avait même pas annoncé la moindre somme. Partant d'un pas pressé, le cafard l'observait du coin de l'oeil, s'assurant qu'il ne revienne pas. Si cet homme si riche d'apparence avait abandonné si vite, c'est parce qu'en levant la main, il avait sentit le canon froid d'un mousquet lui chatouiller l'épine dorsale. Joe l'avait menacé discrètement pour se débarrasser d'un candidat gênant.
Puisque l'autre pirate avec le bandeau autour du crâne était lui aussi parti, il ne restait que deux forbans en compétition. Mais Joe, possédant un pécule bien moindre que son compétiteur était alors mal parti. Dans un premier temps, il envisagea l'idée de le laisser gagner pour l'assassiner plus tard. Mais compte tenu de la densité de la population fourmillant dans l'île, sans compter la présence éventuelle de membres d'équipage du pirate, cette hypothèse était exclue. Cependant, le cafard avait une dernière carte à abattre.

Ouvrant sa petite bourse où se trouvait son or, il farfouilla à l'intérieur pendant court moment.

- Un million cinq cent mille une fois !

Avant que le décompte ne s'étende davantage, il en sortit un joyau d'un bleu scintillant, faisant pâlir son voisin.

- Il me semble que c'est la seule pierre précieuse qui vaille moins de trois millions en ma possession. Elle coûte un million sept cent mille berries. Je surenchérit de cette somme.

Dépité, le pirate à ses côtés rangea ses liasses et retourna explorer le marché à la recherche d'une autre opportunité d'achat telle que celle qui venait de lui passer sous le nez.

- A... adjugé au monsieur mal coiffé.

Ne voulant pas gâcher l'opportunité de mettre la main sur l'arme, Joe laissa passer la remarque. On ne pouvait dire qu'il était pas mal coiffé puisqu'il ne se servait jamais de peigne. S'emparant du mousquet tant convoité, Joe remis une quantité d'or venant de sa bourse, pour un montant de un million sept cent mille berries.

- Oh... Je pensais que vous alliez me remettre le saphir que vous aviez sorti tout à l'heure.

Sèchement, Joe lui répondit :

- C'était un faux.

Puis, le cafard reprit la route, sa nouvelle acquisition en main, sous le regard médusé de celui qui venait de lui vendre. Cette pierre factice que Joe avait exhibé, il l'avait achetée jadis le prix fort comptant la revendre au double, mais s'était fait arnaqué car n'ayant aucune notion d'expertise en pierres précieuses.

- Je savais bien que ça me servirait de la garder héhé.

Avec un coup de bluff, il avait cassé les enchères et s'était emparé d'une arme qui devait bien valoir dix fois le prix auquel elle avait été achetée. Retournant au bateau, ses camarades étaient revenus. Après s'être fait copieusement engueuler par le capitaine pour avoir laissé les provisions à l'air libre, l'équipage se massa autour de lui ayant remarqué son arme.

- Ou que t'as eu ça le cafard ?! Je veux le même.

Mesquin et rancunier, Joe répondit à son compagnon.

- Je vais te dire où je l'ai pas trouvé ! Au fond d'un verre ou dans le cul d'une tenancière de bordel ! Si vous passiez moins de temps à picoler et vous dévergonder vous auriez pu l'avoir.

Sa remarque incisive étant lâchée, il embrassa sa nouvelle acquisition. D'un pas pressé, il se dirigea vers le dortoir des matelots, là, il pourrait enfin charger les trois balles que pouvait accueillir cette merveille de technologie que représentait son arme. L'avenir lui permettrait à plusieurs centaines de reprises, de pouvoir faire parler la poudre, et se sortir de nombreuses impasses grâce à ces trois canons.
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