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Madame Sasori

C'était une très belle matinée. Les rayons du soleil traversaient la vitre de la fenêtre et venaient chatouiller doucement les paupières de Myosotis. Allongé sur son tatami, il était emmitouflé dans de duveteux draps, sa tête posée sur un coussin rond. Les bras de Morphée le délaissaient peu à peu, reprenant le doux rêve qu'ils lui avaient donné. Dans ce songe, il se voyait au beau milieu d'une forêt de saules pleureurs, emporté dans un tourbillon de pétales venues d'ailleurs. Ça faisait deux semaines qu'il était  pensionnaire à l'auberge du Moineau Sasabe, à Honnoji. Reçu comme un véritable prince, son séjour à l'hôtel a jusqu'ici été un véritable paradis. Et ceci tant sur la qualité du service que la prévenance du personnel. Il ouvrit fébrilement les yeux, son regard tombant sur un brin de muguet. Les employés déposaient des fleurs sur les tables de chevets lorsqu'ils faisaient les chambres, une différente pour chaque jour ! Et hier soir le garçon eut le plaisir de découvrir une tige de petites clochettes blanches dans un simple pot.

Il se leva en prenant son temps, s'habilla, puis partit prendre son petit déjeuner dans la salle commune. Le tenancier, portant le même nom que son enseigne, préparait lui même les repas et les apportait en personne à ses clients, ne rendant que son établissement plus honorable. Myosotis s'était demandé pourquoi on le surnommait le « moineau ». Il fallait croire que, depuis sa plus tendre enfance, Sasabe avait toujours été quelqu'un de très tête en l'air et rêveur. Il avait pour habitude de flâner ça et là, ses promenades pouvant aller jusqu'à durer des heures...Il avait exploré toute l'île de fond en comble plusieurs fois mais trouvait toujours de quoi s'émerveiller lorsqu'il partait à l'aventure. Intarissable, il racontait toujours des anecdotes différentes quant à ses ballades. Étaient-elles vraies ? Personne ne le saura jamais. En tout cas, le moineau avait constamment le sourire, sous ses moustaches taillées en pointe, son nez aquilin et ses yeux plissés aux pupilles brunes. Il travaillait de concert avec son épouse Tokuko, une femme à la figure aussi bienveillante que son mari. Plus petite et trapue, elle préparait le thé mieux que personne et pratiquait l'art de la composition florale. Ses bouquets ornaient presque toutes les pièces de l'auberge. Extrêmement douée, elle accompagnait souvent son mari lors de ses promenades pour cueillir des fleurs afin d'élaborer de nouvelles compositions.


Dans la salle commune, Myo' dégustait tranquillement les tartines grillées qu'il avait commandé. Tokuko se présenta très vite en dodelinant, un verre à la main rempli d'une mixture dorée.

- Voici le jus de pommes que vous avez commandé ! Bon appétit à vous !

Le jeune homme la remercia avant de prendre une gorgée du frais breuvage. La saveur sucrée de la boisson lui faisait du bien et sa fraîcheur l'aidait bien à se réveiller convenablement. Il commençait cependant à entendre un peu de bruit dans la rue, ce genre de liesse et de vacarme typique qu'on entend lorsque quelque chose de spécial approche. Curieux, Myosotis décida de poser la question.

- Qu'est ce qu'il se passe dehors ? La rue est plus bruyante que d'habitude...

La patronne se retourna, gardant toujours son sourire chaleureux.

- Ooh, c'est vrai vous êtes arrivé il y a peu ! Dans deux semaines a lieu le Festival de la Lune ! En ville on commence déjà à faire les préparations. D'ailleurs, nous allons bientôt nous charger de la décoration également...

Un festival ? Effectivement, le cartomancien n'était pas au courant. C'était une aubaine, il pourrait découvrir de bien belles choses.

- En quoi consiste ce festival exactement ?

- Et bien, lors de cette fête nous célébrons les génies et démons de la nature ! Les gens se déguisent, on défile dans la rue...Il y a plein de stands un peu partout, des lanternes, des guirlandes...Tout le monde se mêle aux festivités, même les notables ! C'est certainement la fête que je préfère dans l'année ! Fit-elle toute réjouie.

Même les notables hein... ? Myosotis trouva l'information intéressante. Si même les riches bourgeois d'Honnoji prenaient part aux défilés et aux parades, alors il pourrait peut être également sortir pour s'adonner au vol à la tire et peut être mettre la main sur plusieurs bijoux, grappiller des berrys ! Il pourrait peut être même se déguiser aussi et se dire augure des démons, capable de briser malédictions et maléfices ou donneur de bénédictions divines ! Voilà ce qui le mettait à présent de bonne humeur : la perspective de bonnes affaires et d'une bourse remplie !

- Hm, il va falloir que je me mette en quête d'un déguisement dans ce cas là. Je ne voudrais pas manquer ce festival !

- Vous allez rester ? Ooh, c'est formidable ! Allez faire le tour de la ville aujourd'hui si vous voulez, on dresse déjà quelques décorations et préparatifs. Ça vous donnera une idée de ce à quoi on aura droit cette année !

Excellente idée. Décidément cette femme était une véritable crème. Prévenante, prévoyante et elle avait de superbes suggestions. C'est décidé, c'est ce qu'il allait faire ! Un peu d'exploration ne lui ferait pas de mal. Il avait déjà visité Honnoji mais cette fois l'angle serait différent, et il aurait de nouvelles choses à voir, de nouvelles informations à glaner...


*Hé hé, ça va être amusant ! *

Suite à cela, Myosotis termina bien vite son petit déjeune en engloutissant ses tartines de quelques bouchées, puis partit en direction de la salle des bains pour se débarbouiller un peu avant de sortir. Comme la tenancière lui avait dit, beaucoup de gens circulaient dans la rue et étendaient des guirlandes de lampions, d'autres en papier coloré. Ainsi, tout le quartier semblait être parsemé de myriades de couleurs chatoyantes et vives. Si bien que le garçon se dit que ça devait être encore plus beau la nuit, éclairé par les lumières douces des lanternes de papier. Derrière lui, deux enfants le dépassèrent en courant, des épées en bois à la main.

- Hééé ! Tu crois qu'y aura un lâché de lanternes volantes cette année ?

- J'espère ! Répondit son compère, c'est trooop beau !

Des lanternes volantes ! Voilà un spectacle que Myosotis était désireux de regarder, ces grosses sphères dorées qui s'envolent vers les ténèbres célestes avant de disparaître. Plusieurs contes et légendes disaient que c'était comme ça que les étoiles étaient nées, les lumignons restant perchés dans le ciel pour admirer la terre.

*C'est vrai que ça doit être beau... *

Bien, par où devait-il aller en premier ? Toute cette effervescence, il lui était bien difficile de savoir où donner de la tête. Devait-il aller vers la rue commerçante ? L'avenue principale, là où se tiendrait très probablement l'ensemble des festivités ? Ou alors...

*Ah mais oui ! Pourquoi j'y avais pas pensé... ! *

Il savait où il allait commencer ses recherches : là où, justement, la plupart des notables et favorisés se réunissaient pour se détendre, discuter des derniers potins et ragoter en paix. Là où ils allaient pour ne pas côtoyer le reste de la populace, bien qu'ils fassent curieusement un effort pour le festival lunaire. Là où il pourrait récolter tout les renseignements qu'il veut simplement en restant discret. À l'endroit le plus raffiné et distingué de toute la ville : la maison de thé Shiroboshi.
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Dame Shiroboshi était une vénérable connue et respectée par toute la ville. Elle venait du village de Kawaii et avait appris l'art de préparer et servir le thé auprès des plus talentueux maîtres de thé de Shimotsuki. De fil en aiguille, elle réussit à ouvrir sa propre maison à Honnoji, si bien que le nom Shiroboshi est devenu gage de luxe et de raffinement. Sa clientèle bourgeoise et très riche font sa réputation et forment un club très fermé qui a élu sa maison comme principal quartier général pour leurs réunions et pour passer leurs moments de détente. Si bien que la directrice de l'établissement a très rapidement ouvert son enseigne à d'autres jeunes filles désireuses d'apprendre toutes les subtilités du thé, faisant ainsi de sa maison de thé une école par la même occasion. Travaillant de concert avec les thés Tonray, elle servait très probablement le meilleur thé d'East Blue.

Pour se rendre à la maison Shiroboshi, il fallait tout d'abord traverser un petit jardin de bonsaïs taillés en différentes formes, au bout d'une allée de dalles grises. Surélevée, c'était une maison on ne pouvait plus traditionnelle aux portes coulissantes et au toit triangulaire se dressant en flèche vers le ciel. Derrière, s'étendait une petite marre peuplée de carpes, cachée à l'abri d'un érable qui, parfois, laissait tomber ses feuilles ambrées sur l'onde. Mais pour le savoir, il était nécessaire d'y rentrer. Les clients étaient toujours accueillis par une hôtesse et emmenés dans la salle de leur choix. Il y avait cinq pièces dédiées à l'accueil des clients. Deux grandes salles ouvertes à tous, et trois étant des salons privés. L'étage supérieur de la maison, plus petit, était le lieu où Dame Shiroboshi enseignait et où se trouvait son bureau.

Maison de thé Shiroboshi:

*Bon...Par où passer... *

Il était onze heures du matin. A cette heure-ci, quelques bourgeois devaient encore profiter des services de la maison avant leur collation de midi. Il était passé plusieurs fois devant le jardin conduisant à la maison, et à cette heure-ci il voyait toujours quelques personnes entrer. Des habitués visiblement. Ces gens là ne le remarquaient pas, mais le jeune homme en avait repéré deux plus voyants que les autres. Le premier, imposant et gras, était toujours habillé d'une robe jaune avec une double d'or, un collier de crocs bleus autour de son cou. Sur sa tête était posé un couvre-chef en forme de bateau dans lequel il fourrait tout et n'importe quoi. Un jour, Myosotis l'avait même vu sortir une cuisse de poulet qu'il avait caché là-haut...Le second, mince, était paré d'un ensemble azur ainsi qu'une fraise lilas, agitant constamment un éventail blanc pour rehausser son côté dandy. Le Moineau avait dit au cartomancien que l'homme enrobé se nommait Takara. Il était possesseur de plusieurs bateaux marchands à Nagaya qui faisaient le transit entre plusieurs îles d'East Blue. L'autre bleuet était Sir Eri, un hurluberlu joli cœur qui fait la cour aux belles jouvencelles de l'île. Souvent accompagné d'une femme à son bras, il est le fils d'un grand maître forgeron et profite de l'argent et de la notoriété de son père pour pavaner un peu partout. Les autres membres du groupe, Myo' n'avait pas réussi à retenir leurs visages, ces deux types étant les plus voyants avec leurs signes distinctifs.

Noble Takara:

Sir Eri:

Bien caché dans des buissons en face de la maison de thé, il réfléchissait à comment il pourrait espionner en paix sans se faire pincer. En montant sur un arbre ? Non, il serait trop haut pour entendre quoi ce soit. L'entrée était gardée par une des assistantes de Shiroboshi, bien assise derrière un comptoir qui faisait face à la porte. Il aurait beau se montrer le plus discret possible, il se ferait repéré s'il passait par là. Il avait toujours la perruque noire qu'il avait chipé dans un théâtre d'East Blue, il s'en était servi pour charmer un dramaturge et lui voler une boule de cristal. Il l'aurait bien mise mais il n'avait pas vraiment autre chose pour compléter son costume et ne pas paraître suspect...Le petit devait bien se rendre à l'évidence, il n'y avait qu'une seule solution : passer sous la maison.

S'apprêtant à sortir de son fourré, Myosotis vit alors la figure de quelqu'un qui pointait le bout de son nez. Non...C'était..Dame Shiroboshi ! Il la reconnaissait avec son visage fripé et ses cheveux gris coiffés en un chignon strict, son grand kimono violet et son collier de grosses perles. Elle marchait constamment avec une canne de bois. Derrière elle, deux gardes à la carrure de gorilles armés de katanas. Ils étaient chargés de la sécurité de la maison. N'ayant pas grand chose à faire, Shiroboshi s'en servait d'hommes de main pour dissuader les potentiels fauteurs de trouble. La propriétaire se mit à échanger quelques instructions à la fille chargée de la réception avant de repartir au loin dans un couloir, où Myo' ne pouvait plus la voir, suivie de ses deux laquais.

Dame Shiroboshi:

Aller. Bon c'était le moment ! Vif comme un lièvre, il bondit hors de son bosquet pour plonger ensuite sous les pilotis du bâtiment. Rampant en s'aidant de ses coudes, il avançait à tâtons contre la terre. Il détestait cette sensation, il savait qu'il était en train de souiller ses vêtements et ressortirait couvert de saleté et de poussière. Écartant une toile d'araignée, il envoya une pichenette à l'arachnide pour la renvoyer plus loin. Une voix, au dessus de lui ! Une femme, elle chantonnait mélancoliquement. En tournant la tête sur la gauche, il remarqua qu'il se situait juste sous l'entrée en voyant la lanterne de pierre sensée se trouver au bout du chemin de dalles.

*Euh, essayons un peu plus loin vers la droite alors... *

Se déplaçant dans la direction indiquée, Myosotis continua sa progression sous la maison de thé. Contournant un pilier de bois enfoncé dans le sol, il recroisa miss l'araignée. Cette dernière choisit de s'enfuir à la vue de celui qui l'avait éjecté sans vergogne de sa toile et avait détruit sa maison. Hé ! Il y avait quelqu'un d'autre au dessus de lui, il arrivait à percevoir un peu d'agitation, des pas.


- Haha ! Takara, ne mangez pas trop vite ! Fit une voix enjouée et pédante.

- Mais...C'est que j'adore ces petits biscuits ! Répondit une autre voix, ahurie et bêta.

Il y avait deux clients juste au dessus ? Salle commune ou salon privé ? Bah, aucune importance. Myosotis espérait que les deux parleraient de leurs plans pour le festival, qu'ils puissent les retrouver le soir venu et les charmer comme il savait le faire ! Sinon, il serait venu jusqu'ici pour rien et devrait se trouver autre chose à faire...C'était tout lui, agir dans la précipitation lorsque la chaleureuse main de l'argent et du luxe se tendait face à lui. Il ne pouvait pas s'empêcher de la prendre avec joie ! Les voix reprirent :


- J'ai hâte de goûter à tout les plats du festival ! Reprit Takara. L'année dernière le chef Baku avait préparé même préparé du homard royal à l'ananas !

- Héhé...Et moi j'ai grande hâte de voir quelle beauté aura dégoté Noda !

- Hein ? De quoi tu parles Eri ?

- Noda, le type qui monte la pièce de théâtre tout les ans, benêt ! Répondit le riche aguicheur. Il met en scène la légende de la Femme-Renard. Le premier rôle est féminin et il recherche une beauté chimérique pour jouer le rôle ! Je suis déjà pressé de passer ma main dans ses cheveux...

- Il l'a pas encore trouvé ? Le festival est dans deux semaines... s'exclama Takara, surpris.

- Noda est exigeant. Tu le connais. Plein de filles se sont proposées, mais il les a toutes négligé d'après ce que j'ai entendu...

L'autre gourmet reprit une bouchée de biscuit et but bruyamment une gorgée de thé avant de recommencer à parler.

- Il paye combien son premier rôle cette année ? Va falloir qu'il monte ses tarifs s'il doit prendre une fille au dernier moment. Elle aura pas beaucoup de temps pour apprendre le texte...

- D'après ce qu'on m'a dit, il compte verser un salaire de 250 000 berrys.

*HEIN ?! QUOI ? *

Deux cent cinquante milles berrys. Un salaire, juste pour apprendre un texte de théâtre et l'interpréter. Myosotis trouvait ça nettement plus intéressant que de faire les poches à ces deux zigotos stupides ! Gagner honnêtement un salaire...Non, pas si honnêtement que ça finalement, il devrait quand même mentir : il devait devenir une femme.
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*Wow ! Pas mal ! Voilà qui est plutôt alléchant. *

Ce que venait de dire Sir Eri au sujet de la pièce de théâtre était vraiment très intéressant. Depuis qu'il était arrivé sur Honnoji, il n'avait pas vraiment gagné beaucoup avec ses voyances, mais deux cent cinquante berrys. Ça devenait une belle somme. Assez correcte, mais au moins il n'aurait pas à trop se fouler pour l'obtenir. Et, en plus de ça, il pourrait peut être se créer une petite réputation sur l'île. Le seul hic, c'est qu'il serait reconnu en tant qu'actrice. Et on la connaîtrait elle. La perspective ne le dérangeait pas, mais il devrait faire relativement attention.

*Hé mais...on va risquer de me reconnaître...Faut que je fasse attention... *

Effectivement, il avait passé assez de temps sur l'île pour que certaines personnes puisse le reconnaître et savoir qui il était réellement, notamment Sasabe et Tokuko ainsi que les quelques clients qu'il a pu avoir. Pour rester incognito il sera donc nécessaire qu'il grime à la perfection et qu'il agisse et parle comme une véritable femme. Il devrait adopter une voix plus claire, être encore plus délicat qu'il ne l'était déjà, adopter une démarche plus aérienne et gracieuse. Et surtout avoir la main à la fois habile et légère concernant le maquillage pour rester le plus naturel possible. Au dessus, à travers le sol, les voix reprirent.


- Oooh on est vraiment obligés d'aller voir la pièce ? J'aurais préféré rester aux buffets pour manger...

- Bien sûr qu'on est obligés d'y aller ! Répond Eri du tac-au-tac. Cette année, l'année prochaine et les années suivantes ! Tout le gratin d'Honnoji sera là-bas. Et même un peu de peuple. C'est toujours une bonne occasion pour bien se faire voir à la fois de la populace et du reste de la bourgeoisie !

- Mais euh...! Manger c'est quand même plus amusant...répondit Takara, sa déception était tellement palpable.

- Tu mangeras après ! Scanda Eri, agacé.

Une voix survint alors, une femme était entrée dans la salle.

- Veuillez m'excuser messires. C'était une serveuse visiblement. Vous m'aviez demandé de venir vous prévenir lorsque l'heure...

- Ah oui oui. Coupa Eri précipitamment. Merci bien ma chère. Allons-y Takara.

De nouveaux pas se firent entendre, le gros Takara frappait ses pieds bien plus fort que son comparse. Si bien que Myosotis eut l'impression que le sol s'effondrait sous le poids de ce pachyderme au gros portefeuille. Le jeune homme attendit qu'il n'y ait plus de bruit dans la salle pour se remettre à bouger.

*Bon. Où-est ce que je fais trouver une tenue moi...J'ai bien ma perruque dans mon sac... *

Aller acheter une robe et du nécessaire de toilette revenait à gâcher toutes ses chances de leurrer qui que ce soit. A moins que...Mais oui ! La maison de thé ! Il y avait plusieurs serveuses et apprenties de Shiroboshi, il devait forcément y avoir de quoi s'habiller quelque part ! Roulant sur le côté, le garçon arriva à ressortir de sous les pilotis et revenir à l'air libre. Se relevant, il remarqua comme il s'y attendait que ses jambes et son torse étaient entièrement couverts de terre, de poussière, il avait même quelques morceaux de toile d'araignée entortillés entre quelques mèches de ses cheveux. Il s'épousseta le mieux possible avant de procéder au nettoyage de son sac. S'il devait rentrer là-dedans par une fenêtre, autant qu'il ne laisse pas de trace. Myo' restait tout de même accroupi, prêt à sauter tête la première dans un buisson au cas où quelqu'un le surprenait.

Bon, il était propre à présent, ou plutôt présentable. Au dessus de sa tête, une fenêtre qui devait donner sur la salle dans laquelle se trouvaient Eri et Takara. En se redressant, Myosotis glissa sa tête devant la fenêtre. Il avait effectivement vu juste en voyant que, à l'intérieur, se trouvait une table couverte d'assiettes de nourriture vides dans lesquelles il ne restait plus que des miettes. Ainsi qu'un service à thé et des tasses vides.

*Essayons à côté... *

A quelques pas il y avait une autre salle, mais cette fois-ci sans fenêtre. Toutefois une porte coulissante permettait d'y accéder. L'éphèbe escroc s'avança et fit quelque pas avant que...

- Ah, ils sont enfin partis ! Pas trop tôt !

Myosotis se jeta ventre à terre sur le sol et ne bougeait plus, un peu comme un animal qui fait le mort. Il s'apprêtait à ouvrir la porte mais au même moment une serveuse de la maison l'avait ouverte ! Il était juste en dessous d'elle ! La jeune hôtesse ne pouvait pas le voir, il n'était pas dans son champ de vision. En effet cette dernière fixait droit devant elle d'un air nonchalant, à la limite de l'exaspération. A terre, Myo' s'en retenait presque de respirer pour ne pas qu'elle le repère.

*Dégage... !! Dégage ! *

Derrière elle, une autre voix se fit entendre, pour le plus grand bonheur du furtif voyant.

- Te réjouis pas trop vite, il faut qu'on nettoie le salon maintenant.

- Roh...Super. En plus de ça le Takara met des miettes partout...On va en avoir plus longtemps !

- Chut ! Si on t'entendait !

- Et alors ? Y a personne ici de toute façon...

*Héhé, que tu crois.... *

Sur ces entrefaites les deux femmes sortirent comme elles étaient rentrées. Celle qui avait ouvert la porte sur l'extérieur ne prit même pas soin de la refermer.

*Mais quelle gourde ! Pourquoi Shiroboshi a engagé une fille pareille ? *

Myosotis se releva et entra dans la pièce. Si les jeunes filles y entraient comme dans un moulin, ça devait sûrement être une salle spéciale pour les employés, pour leur repos. Elle était on ne pouvait plus sobre : une table basse décorée d'une fleur. Au fond, des rangements avec des vases disposés dessus puis, encore à droite, une coiffeuse avec du nécessaire à maquillage et à coiffure, de façon à ce que que les hôtesses soient convenablement parées pour recevoir la clientèle. Une aubaine pour Myosotis ! Il n'aurait pas à chercher longtemps ni changer de salle ou risquer de tomber sur une autre rombière pas maligne. Ce qu'il redoutait, c'est que Shiroboshi fasse irruption dans la pièce. Elle devait avoir certainement mieux à faire que de traîner dans le local du personnel de toute façon...

Salle du personnel:

En ouvrant l'un des placards, le jeune homme tomba sur plusieurs kimonos. Il devait faire vite et choisit le premier qui lui passa sous la main : un rouge avec des papillons d'or et fleurs de cerisiers brodées dessus. Sur la ceinture obi était représenté un autre papillon, aux ailes plus grandes et plus enchanteresses encore que ceux sur la robe. Dans le placard d'en dessous, des paires de chaussures de bois, dites geta. Myosotis choisit une paire ne possédant qu'une seule « dent » de bois longue d'une quinzaine de centimètres. Désireux de ne pas perdre l'équilibre en effectuant un mouvement trop brusque, il mit les chaussures dans sa sacoche afin de les mettre plus tard, lorsqu'il quitterait la maison de thé. Bien, l'étape facile avait été accomplie, maintenant le plus complexe : le maquillage. Passant vers la coiffeuse, il enfila la perruque noire qui était toujours dans son sac et entreprit d'abord de faire sa coiffure. Attrapant plusieurs ornements parsemés sur la poudreuse, il plaça les faux cheveux de sorte à former un chignon à l'avant de sa figure, retenu par plusieurs piques ainsi qu'une pince à fleurs et de petites billes dorées pas plus grosses que des baies. Il accrocha une deuxième barrette à fleur à l'arrière de sa tête pour être sûr que la perruque ne tombe pas et reste bien fixée sur ta tête. En se tournant vers le miroir, il constata qu'il n'aurait finalement pas à trop se maquiller. Son visage était étonnement féminin, encore plus que la première fois où il s'était travesti pour leurrer un autre dramaturge. Cette fois, il avait réellement l'air de quelqu'un d'autre, d'une autre personne...C'était plutôt déstabilisant sur le moment, à vrai dire...

Myosotis déguisé !:

*...Rah, faut que j'arrête...Bien, juste un peu de ça et je file. *

Il prit délicatement un peu de rouge-à-lèvres qu'il appliqua sur sa bouche, lui donnant une teinte plus sombre.

*Enfin prêt. Noda, à nous deux ! *
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Makoto Noda était un écrivain, poète et dramaturge très connu sur Shimotsuki. Tout les ans, au festival lunaire, Noda écrivait et montait en scène une pièce en se basant sur les contes et légendes du monde dans lesquels intervenaient lutins, fantômes et autres génies. Tout comme le Moineau, Noda aussi était un autre rêveur. Les deux se connaissent depuis d'ailleurs qu'ils sont enfants, partageant ce goût et plaisir pour la nature et les histoires. C'est Sasabe qui motiva Noda à s'exprimer à travers des pièces et nouvelles pour partager ses idées et sa débordante imagination. Et, très rapidement, tout le monde sur l'île se mit à lire et apprécier les écrits de l'auteur. Sa pièce annuelle a toujours été un succès retentissant, réunissant beaucoup de personnalités d'Honnoji. Noda était aussi un amoureux des animaux, il possédait notamment trois petits lapins qu'il chérissait comme si c'étaient de véritables enfants. Ses petits amours, Yoko, Yuki et Yumi. Il les avait trouvé lors d'une balade en forêt en compagnie de Sasabe. Ils n'étaient encore que de petits lapereaux et se laissèrent apprivoiser. Là où Yoko a de longues oreilles ainsi que des pattes au duvet noir et un gros corps blanc, les deux autres partageaient un pelage immaculé comme la neige.

Cette année, comme l'avait signifié les notables à la maison de thé, il avait choisi de mettre en scène la légende de la Femme-Renard, également appelée Sorcière-Renard. Myosotis ne connaissait pas cette histoire, elle avait peut être diverses variantes mais ce conte ne lui disait rien. Quoi qu'il en soit, il avait réussi à sortir de la maison Shiroboshi sans se faire repérer, repassant entre les fourrés par lesquels il était passé. Aucune autre employée en excès de zèle n'était repassée. Dans la rue, il réajusta sa coiffure et retira délicatement toutes les feuilles qui avait réussi à s'accrocher dans son kimono. Ensuite, il retira ses bottes à talons pour ensuite chausser les chaussures de bois. Perché en équilibre à une quinze centimètres du sol, il manqua de basculer en avant puis en arrière à de multiples reprises. Heureusement pour lui, personne n'était passé par là pour être témoin cette humiliation.


*Hé mais c'est n'importe quoi ces chaussures ! *

Rien ne valait les bonnes vieilles habitudes, il rechaussa ses fidèles talons avant de balancer les souliers au loin. Il donnerait nettement mieux le change avec une paire avec laquelle il arrivait à être gracieux, et pas avec ces sortes d'échasses qui vous donnent l'air d'un épouvantail ! Bien, nouvelle difficulté à présent : trouver Noda. Le garçon ignorait à quoi il ressemblait ni où le trouver. Il ne pouvait décemment pas rentrer à l'auberge pour demander à Sasabe. Demander à un passant peut être, en espérant que l'un d'eux le sache, mais il en aurait pour la journée...Mais avant ça, autant aller voir à l'endroit le plus logique : au théâtre de la ville. Si Noda montait en scène la pièce, il devait y être !

Sur le chemin, Myosotis en vint à se demander comment est-ce qu'un dramaturge pouvait prendre autant de retard et ne pas avoir engagé l'actrice principale de sa pièce à deux semaines de la date fatidique. D'après ce que Sir Eri avait dit, Noda était un homme exigeant et pointilleux.


*Ouais, ça doit surtout être un type vachement en retard plutôt...ou alors y a pas une seule fille assez jolie dans cette ville pour jouer le rôle. À deux semaines du festival presque plus personne va venir se présenter... *

Le fourbe travesti arriva enfin devant le théâtre d'Honnoji. C'était un imposant bâtiment rouge criard aux portes laquées et peintes de doré, plusieurs piliers de bois soutenant la structure. À l'intérieur, il n'y avait qu'une seule salle, très vaste, capable d'accueillir un millier de personnes. Une passerelle de bois permettait aux visiteurs d'accéder à leurs places, situées sur des coussins entre des tréteaux de bois disposés perpendiculairement sur le sol. Tout au fond de la salle, la scène, surélevée et surmontée d'un toit et entourée de graviers blancs. De chaque côtés, des accès permettaient aux acteurs de se rendre en coulisses et, derrière, on pouvait abaisser un grand panneau sur lequel on avait peint le décor. Le bâtiment n'était pas très ancien, il devait avoir une cinquantaine d'années.  Mais fut remis au goût du jour par Noda qui l'a investi depuis environ vingt ans, si bien qu'aujourd'hui beaucoup de personnes se ruent sur les places dès qu'il annonce la venue de son spectacle. Devant l'entrée, plusieurs personnes s'activaient en décorant les piliers, les entourant de guirlandes fleuries, fanions et autres sphères de papier.

*Il est peut être quelque part... *

Myosotis ne savait pas trop à qui s'adresser, il y avait tellement de gens en train de s'affairer, il ne savait plus vraiment où donner de la tête. À quelques pas, sur sa droite, se tenait une petite dame brune affairée à confectionner d'autres guirlandes, assise sur une des marches du théâtre. Il se dit qu'il pouvait bien tenter...

- Excusez moi madame, sauriez-vous où se trouve Noda ? J'aurais bien aimé m'entretenir avec lui.

La petite releva vers le garçon déguisé un visage souriant et chaleureux.

- Oh, bien sûr mademoiselle. C'est lui même qui nous a demandé de venir décorer la façade ! Il est dans le hall du théâtre, juste derrière. Passez la porte, vous ne pouvez pas le rater !

- D'accord, merci beaucoup. Tâcha-t-il de répondre en essayant lui aussi d'adopter un sourire, il fallait d'ors et déjà se fondre dans le personnage.

C'est ainsi qu'il gravit rapidement les marches, laissant la passante à ses occupations. Poussant la porte, la fausse demoiselle entra dans le hall du théâtre. L'intérieur était très sobre, un guichet juste en face, un sol dallé de noir et blanc et, au plafond, un lustre de bronze. Ici aussi, plusieurs personnes allaient et venaient en disposant, tables, ornements décorations diverses aux quatre coins de la pièce.

Kiii ?

Un sifflement provenant du sol attira subitement l'androgyne. Il prit peur l'espace d'un instant, le bruit lui rappelant étrangement celui d'une loutre très agressive qui avait manqué de le tuer pendant une course-poursuite...Baissant vite la tête, le jeune homme déguisé remarqua qu'un petit lapin au pelage tout blanc sautillait à ses pieds, le regardant avec ses pupilles rubis.


*Hé, c'est quoi cette boule de poil ? Qu'est ce qu'elle fiche ici ?! *

- Ooh Yuki, qu'est ce que tu fais ma toute belle !

Une voix se fit entendre en provenance d'un rideau de bambou et un nouveau personnage entra dans le hall. C'était un grand homme frêle habillé d'une tunique bleue comme le ciel et un menton carré. Dans ses bras, il tenait un autre lapin avec des oreilles noires et, à ses pieds, un autre tout aussi blanc que celui qui se trouvait devant Myosotis. L'homme s'apprêtait à s'avancer vers l'animal mais, au dernier moment, remarqua la sublime demoiselle en kimono qui se trouvait devant la porte et s'arrêta net.

Makoto Noda:

- Excusez moi monsieur, sauriez vous où se trouve Noda le dramaturge ? J'ai besoin de lui parler.

Penaud, l'autre se redressa.

- Euh oui...Oui bien sûr ! Makoto Noda, c'est moi !

- Oh, excellent. Je venais me proposer pour jouer dans votre pièce, on m'a dit que vous cherchiez une jeune fille pour le premier rôle.

Le subterfuge semblait bien fonctionner, Noda était complètement subjugué par l'apparence de Myosotis. C'était parfait, le rôle était à lui !

- Je...Et bien... continua Noda. Vous seriez parfaite pour le rôle mademoiselle, vous êtes vraiment très belle, sincèrement. Mais une autre fille est venue ce matin et, elle aussi, me convenait...Elle m'a dit qu'elle reviendrait plus tard pour confirmer qu'elle jouerait bien le rôle...

Hein ?! Quoi ? Une autre fille l'avait devancé ? C'est pas possible, ce type n'a trouvé personne pendant tout ce temps et à deux semaines de la représentation une greluche ose se présenter et lui voler le rôle ? Non, il était à lui ! Le salaire lui appartenait. Il fallait qu'il garde bonne figure.

- Ah oui ? Oh, je suis un peu déçue je vous l'avoue...Qui est l'heureuse élue ?

- Hm, elle s'appelle Busuama, c'est la serveuse du bar à saké de la rue commerçante ! Elle s'est vraiment présentée au dernier moment, haha !

Une serveuse...Il voyait parfaitement où se trouvait ce fameux bar, il était passé de nombreuses fois dans la rue commerçante. Il n'y était jamais entré ceci dit, il ne savait donc pas à quoi pouvait bien ressembler la dite Busuama. Mais bon, si Noda avait accepté après tant de refus c'est qu'elle était au moins digne du titre.

*Plus belle que moi ? Oh non, ça je ne crois pas... *

- Tant pis. Je reviendrais en fin de journée pour voir si vous changez d'avis. Qui sait, peut être que mademoiselle Busuama se sera désisté ! Je croise tout de même les doigts !

Et c'est avec un grand sourire factice qu'il tourna les talons. Il devait à présent régler un autre problème : se débarrasser de cette voleuse de rôle. Toutefois, Noda n'en avait pas véritablement fini avec lui...

- Attendez, comment vous appelez vous ? Je ne connais pas votre nom...

Myosotis se retourna élégamment, faisant onduler les manches de son kimono, la pose gracieuse, ses bijoux et ornements brillants grâce à la lumière qui passait par la porte derrière lui. Et c'est avec un autre sourire qu'il déclara :

- Madame Sasori.
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