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Sheepball'Xtrem

Boréa, ruelle, 21h32.

– Loup ?
– Ouais.
– Renard ?
– Oui.
– Loutre ?
– C'est bon, on est tous là.
– Bon, bon. Simple vérification. Vous vous souvenez tous du plan ?
– Oui, oui, on peut y aller maintenant ? On se les gèle ici…
– … Je dis ça surtout pour éviter que certains d'entre vous n'en fassent qu'à leur tête. On s'en tient au plan, au poil de cul près, compris ? Ça s'adresse surtout à toi, Loup. Tiens t'en à ton rôle. Compris ?
– Hmpf. Compris.
– Bien, on y va.

* * *

Boréa, bureau sombre, 22h04.

– James ?
– Oui ?
– Je peux te poser une question ?
– Allez-y.
– Pourquoi est-ce que tu t'en es pas tenu au putain de plan ?
– Hm. Je pense que c'est une question de-
– C'est une question que les plans, t'en a rien à foutre et que tu veux procéder comme tu l'entends. Comme d'habitude quoi. Sauf que tu nous as tous foutu dans la merde. Comme d'habitude. Il est p'tête temps que tu comprennes que t'es pas en charge du lieu.
– Je voulais jus-
– J't'aime bien, t'es sans aucun doute plus compétent que la moitié des pauvres laissés pour compte qui nous rejoignent ici chaque semaine, mais tu me gonfles.
– Très bien, je comprends, je me rattraperai à la prochaine mission. Promis. Je vais retrouver la cible.
– Ouais, je crois pas James. On a décidé de t'assigner une nouvelle mission.
– Je fais plus partie de l'opération Chasse-neige ?
– Non. On a besoin de toi ailleurs.
– … ?
– Tanuki.
– Tanuki ?
– Tanuki.
– On a besoin de moi à Tanuki ?
– Exactement.
– Évitez de me complimenter en disant que je suis compétent si c'est pour vous moquer de moi juste après.
– Mais je ne me moque pas de toi ! De nouveaux ordres t'attendent. Tu pars demain.
– Admettez que c'est une punition, ça sera plus simple.
– Mais non, tu vas servir la Cause de Tanuki.
– Y'a rien là-bas. C'est une punition.
– Non… Allez, des vacances, si tu préfères.
– Forcées.
– Forcées.
– Donc une punition, en somme.
– … C'est une façon de voir les choses.


* * * * *



La nuit était déjà tombé depuis longtemps. Pas que ça ne fasse grande différence, il ne s'agit là que d'un simple constat. Ici, de jour comme de nuit, on ne doit pas croiser beaucoup de monde. Je ne suis pas sûr d'aimer ça. Disons que je suis le produit des grandes villes. Ne vous méprenez pas : j'apprécie moi aussi le calme, la nature et ces choses là.

Mais rien ne vaux la grandeur, les bruits, la foule et tout ce que propose les grandes cités. Ici, j'aurai presque l'impression d'être nu, d'être à découvert. Il s'agit peut-être également d'un symptôme de l'ennui. Oui, probablement. Je viens de débarquer ici il y a peu, et me voilà déjà ennuyé comme jamais. Je sais très bien que je ne trouverai rien à faire ici. Pour les amoureux de la campagne, c'est probablement le paradis sur Terre. Pour moi, c'est -à la limite-, un endroit pour récupérer et se cacher en cas de coup dur. Ou une punition, en l'occurrence.

Même le plus grand village de l'île, par lequel j'ai débarqué, me semble dérisoire à côté des cités dans lesquelles j'ai l'habitude d'évoluer. Et je n'y reste même pas. Là, si je suis assis à ce comptoir extérieur, entrain de siroter un nectar que je découvre à peine, c'est tout simplement pour gagner du temps. Je n'avais pas soif, je n'étais pas fatigué, rien. Je n'ai juste pas envie d'aller voir mes compères.

Parce que je sais très bien qu'ici, je n'aurai rien à faire. Qu'on m'a envoyé ici pour m'emmerder et me faire la leçon. Alors je m'accorde un peu de temps avant que la punition ne commence vraiment. Je me demande comment ils sont d'ailleurs, mes paires. Ils ne font rien, c'est un fait que tout les révolutionnaires de North Blue connaissent. Mais ils piquent tout de même ma curiosité. Pas le temps d'y réfléchir, ni le besoin, je vais les rencontrer bien assez tôt.

Malheureusement.

* * *

J'arrive bientôt à ma destination. Il faut dire que ce n'est pas bien éloigné de la ville. Quelques minutes de marche, tout au plus. En général, la révolution est suffisamment bien intégré pour se dissimuler en ville. Ici, la base est à l'extérieur du village principal. Je suppose que c'est plus discret.

Il s'agit en effet d'une ferme, tenu à ce que l'on m'a dit par un vieux fermier qui passe son temps à s'occuper de ses moutons. Drôle d'endroit pour accueillir les ennemis du gouvernement, mais c'est sans doute justement là qu'est tout l'intérêt.

Et me voilà rendu. Je pousse lentement la vieille barrière de bois, en espérant ne pas m'être trompé de ferme. Malgré l'heure, je vois une légère lumière s'échapper d'une des fenêtre du premier étage. On a du les avertir de mon arrivée, et je les ai probablement fait un peu trop attendre. Je m'approche tranquillement par l'allée en gravier, avant de toquer à la porte. De la poussière semble voler au contact de mes phalanges, mais je divague probablement. On vient m'ouvrir peu de temps après. Un vieil homme en peignoir, avec à peine assez de cheveux gris pour pour faire le tour du haut de son crâne.

– J'peux vous aider ?
– Il me semble que je suis attendu. Mon nom est Ulric Baldwin, et je-
– Oh, c'est vous James Fastfood ?
– James Whitewood. Mais oui. Désolé d'avoir mis si longtemps à venir. Et d'être arrivé si tard, du coup.
– Z'inquiètez pas, c'est l'heure ou j'me lève normalement de toutes manières. Le soleil va pas tarder. Les autres sont en bas. Dans l'armoire, il suffit de lev- Non, je vais plutôt vous montrer, suivez moi.

* * *

L'endroit ressemble à une vieille cave. Typiquement le genre de décor que je connais bien. Me voilà déjà un peu plus dans mon élément. Assis à la table au centre de la pièce, trois hommes jouent aux cartes et semblent bien trop concentrés pour me prêter attention. Alors en attendant, et tandis que le vieil homme remonte, j'observe la pièce. Sale, sombre, avec quelques papiers qui traînent ici et là, des armes blanches recouvertes de poussière exposés au mur craquelé. Oui, c'est comme ça que je m'imaginais le tout. Même mes paires qui jouent aux cartes, c'est exactement comme ça que je les voyais dans l'image mentale que je me faisais d'eux. Fascinant.

– Hm… Bonjour ?

– Salut.
– B'jour.
– Ouais.

Pas un regard. La partie doit être tendue.

– Si tu veux nous rejoindre, prend une chaise et hésite pas.
– … Hmpf.

Il n'y a visiblement pas mieux à faire.

* * *

– Bon sang, encore perdu.
– Tu joues contre des professionnels, Whitewood.
– Pff… Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire ?
– Non.
– Vraiment… ?
– T'as qu'à feuilleter le registre qu'on tient, si tu ne nous crois pas.

Il pointe du doigt un vieux bouquin posé sur une table. Sans doute tiennent-ils toutes les choses intéressantes entendues et vues sur l'île. Voyons-voir… Tout est organisé en dates…

19 octobre 1620 : Rien à signaler.
20 octobre 1620 : Rien à signaler.
21 octobre 1620 : Rien à signaler.
22 octobre 1620 : Rien à signaler.
23 octobre 1620 : Rien à signaler.
24 octobre 1620 : Rien à signaler.


… Bon, je tourne les pages jusqu'à trouver les dates plus récentes.

Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Richard crie encore au vol.
Rien à signaler.
Rien à signaler.


Bon sang. Je m'attendais tout de même pas à ça.

– Alors, convaincu ?
– Oui.
– Bienvenue chez nous !

C'est ça, rigole.

– Au final, qu'est-ce que vous faites ici ? Vous avez rejoint la révolution… pour ça ?
– Pas vraiment. Considère nous comme étant en vacance. Ou en retraite. On ne compte pas rester éternellement ici. Ici, on tourne régulièrement. Revient dans six mois, et tu verras sans doute de nouvelles têtes.
– Certains restent. Comme le vieux qui habite ici.
– Tu veux dire que lui aussi est un frère ?
– Bien sûr ! A la base, il était venu ici que pour quelques jours. Au final, il a décidé de rester, parce que « c'est pas si mal ».

Bon sang.

– … Et c'est quoi ça, « Richard crie encore au vol » ?
– Richard, c'est un éleveur de mouton du coin. Juste à l'Est d'ici, y'a une colline. Il vit juste derrière. Et depuis quelque temps, il se plaint qu'on s'introduit chez lui. Mais à chaque fois rien n'est volé. Mais tout ça, c'est ce qu'il raconte, et Richard, il est connu pour son amour de la boisson, tu vois ?
– Je vois.
– Il serait même pas capable de compter correctement ses moutons.
– Je vois.
– Il doit même pas savoir pisser dro-
– Oui, je vois.

Je regarde l'heure. Le soleil doit être levé depuis quelque temps maintenant. Alors je me dirige vers le petit escalier qui remonte jusqu'au rez-de-chaussé.

– Je vais faire un tour.

Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Perdre mon temps chez ce fameux Richard ne peut pas être pire que de le perdre ici. Et puis son nom m'est mystérieusement sympathique.
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