Suite des événements joués ici.
***
Ils osaient appeler ça une prison. Joe devait se tenir debout dans ce qui ressemblait à une cage à oiseau faite de branchages. Bien évidemment, on lui avait ôté ses armes et attaché les mains dans le dos, mais pour le moment, les modalités de captivité laissaient à désirer. La Légion n'avait pas l'habitude de faire de prisonniers, cependant, Joe par un simple mensonge avait obtenu un court répit. Suite à sa malencontreuse rencontre avec Minos dans la forêt, ce dernier l'avait serré si fort entre ses paumes de titan que le cafard en avait perdu connaissance.
A son réveil, il se trouvait captif sur la plage, Minos et les légionnaires qui l'avaient accompagné n'avaient pas jugé utile de traîner leur prise jusqu'à leur base dans les montagnes, ils avaient quelques idées définies concernant l'avenir du forban.
L'air grave, Minos croisait les bras en écoutant ses hommes discuter avec lui. Joe était parvenu à lui faire croire qu'il avait épargné les malheureux légionnaires envoyés à ses trousses, qui étaient en réalité déjà digérés par les mange-cornes. Même si le cafard ne parvenait pas à entendre ce qui se disait, il se doutait bien que ça causait torture. Les révolutionnaires savaient se montrer très imaginatifs quand il s'agissait de faire parler leurs prisonniers.
L'heure de papoter était terminée, Minos s'approcha de sa proie en cage et du doigt lui montra la mer.
- C'est à moi que tu parles ou c'est aux poissons.
Par cette simple phrase, il sous entendait que c'était la noyade qui attendait le forban si il ne se mettait pas table.
- Si les poissons n'ont pas ton haleine, je pense que je vais tenter ma chance avec eux hinhin.
Ce n'était pas des couilles d'acier qu'il fallait pour se moquer ainsi du roi taureau, mais plutôt une case en moins. Minos brisa le bois de la cage à mains nues, se saisit du malheureux cafard, et de sa force prodigieuse, le balança à la mer, là où il n'avait pas pied. Qu'il était difficile de nager quand on avait les mains dans le dos.
Se tortillant comme il pouvait tandis qu'il coulait à pic, Joe paniquait. Il avait beau forcer comme un beau diable, il n'arrivait pas à défaire la corde qui lui liait les mains dans le dos. Cette fois, les recours lui manquaient. Petit à petit, il sentait l'air lui manquer, sa vision devenait trouble. Fermant les yeux peu à peu, l'eau commençait à s'introduire dans ses poumons.
- Ne t'inquiètes pas beau pirate je vais te sauver !
Contre toute attente, une sirène vînt lui détacher les mains. Mais ce ne fut pas tout, elle l'attrapa par la main, et l'entraîna plus profondément dans la mer. Plus il s'enfonçait, plus les tréfonds marins devenaient lumineux. Petit à petit, la sirène l'entrainait vers le Lumière.
Cette incandescence était émise par une montagne de pièces d'or qui l'attendaient au fond de l'eau.
- Riche ! Je suis riche !
C'était trop beau pour être vrai. Alors que le cafard se demandait pourquoi la sirène l'avait machinalement entraîné vers ce gigantesque trésor, il commença à se demander comment il était parvenu à parler sous l'eau.
Se tournant perplexe vers la sirène, celle-ci, avec son visage radieux et sa mine réjouie, lui dit avec une voix de barbare fumeur de cigare :
- Debout vermine on n'en a pas fini avec toi !
Commençant enfin à émerger, Joe quitta le monde merveilleux de son hallucination, pour se réveiller trempé sur la plage, crachant de l'eau de mer par décilitres. Il avait perdu connaissance après avoir retenu sa respiration trop longtemps sous l'eau, et les hommes de Minos étaient partis le repêcher. Décidément, ils semblaient tenir à tout prix à récupérer leurs camarades.
Alors que le cafard finissait enfin de tousser, il esquissa un vague sourire en coin. Cet acharnement pour retrouver des camarades morts était un moyen de pression inespéré pour le forban. Aussi longtemps qu'ils ne sauraient pas qu'ils sont morts, Joe vivrait. Il ne lui restait plus qu'à endurer un supplice pire que la mort jusqu'à ce que leur vigilance soit en berne. Joli programme en perspective.