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Apple Pie

Apple Pie #1

Accoudée sur le comptoir, la joue nichée au creux de ma paume, je baille pour la énième fois alors que des larmes perlent en coins de mes yeux.

On est au milieu de l’après-midi et à cette heure-ci de la journée les clients ne se bousculent pas mais aujourd'hui est encore pire que les autres jours. Je m’emmerde donc royalement derrière la caisse.

J’aime pas rester à ne rien faire mais je n’ai pas le choix. Je dois garder la boutique. Je suis prête à payer quelqu’un pour rester derrière le comptoir à tourner les pouces à ma place mais je sais que ma maman ne l’accepterait pas. J’ai déjà tenté une fois mais elle m’a engueulé en me crachant qu’il fallait que j’assume mes obligations sauf que certaines de mes obligations sont vraiment hyper chiantes comme celle de rester à attendre qu’un client se pointe comme maintenant.

À choisir, je préfère courir partout à servir des clients que de rester comme ça dans le calme. Cela pourrait nuire à ma santé physique et mentale.

Je bâille encore une fois sauf que ma maternelle me surprend cette fois-ci en rentrant par la porte qui donnait dans la pièce où étaient stockés nos produits.


« Eva ! Combien de fois je t’ai dit de mettre une main devant ta bouche quand tu bailles et d’éviter de te comporter comme ça quand un client peut te surprendre à tout moment ? Ce n’est pas croyable ça ! »

Par « comme ça », elle voulait parler de mon comportement avachi que j’avoue ne devrait pas montrer une très belle image de moi, du coup ni de notre établissement par la même occasion. Soigner son imagine, comme je déteste cette connerie mais je sais que c’est très important pour le commerce. Ne jamais montrer qu’on s’emmerde ou fatigué, se montrer aimable même envers un client que tu as plutôt envie de casser la gueule ... Des contraintes du métier que j’essaie de respecter au mieux mais il arrive souvent, très souvent même, que je dérape. Heureusement que ma mère est là pour rattraper mes conneries.

« Désolée mam ! Lâche-je d’une voix à demi-endormie sans chercher à me ressaisir.
- Tu ne m’as pas l'air si désolé ! ... Tiens, va m’exposer ça ! » Fait ma mère tout en déposant sur le comptoir une plaque avec des diverses petites pâtisseries aux couleurs chatoyantes et appétissantes.

Je m’exécute en allant ranger les produits dans la vitrine à pâtisserie.

Alors que je dispose un mini-macaron saveur citron sur la pile du même produit, je vois un groupe de marines qui se dirige vers notre établissement, plus exactement du côté salon de thé qui était complètement désert.

Le carillon qui signale qu’une personne avait franchi l’entrée retentit. Je me précipite alors vers le comptoir pour y déposer la plaque, où restaient quelques produits à ranger, puis je vérifie rapidement que mon tablier, avec l’insigne de la maison, était propre et bien en place puis je dirige vers l’annexe salon de thé qui était séparé par un simple mur du côté où on vendait nos créations culinaires. Une grande porte battante, qui s’arrêtait au niveau de la taille, permettait d’accéder d’une salle à l’autre.

Servir dans le salon de thé est l’une de mes tâches principales avec celle de mettre la main à la pâte tôt le matin pour préparer les produits du jour.

Je ne me suis pas gourée, le groupe en uniforme bleu et blanc était bien là. Je me rapproche des quatre hommes pour les accueillir. Ils s’installent à une table après m’avoir lorgné de la tête aux pieds. J’ai l’habitude de ce genre de regard. À croire que j’ai quelque chose de ne pas normal parce que je ne pense pas être comme ma mère qu’on regarde pour sa beauté.

Je leur apporte une carte de la maison à chacun. Je leur laisse le temps de choisir avant de revenir prendre leurs commandes que je note rapidement avant de filer les préparer. En quelques minutes ils sont tous servis. Pendant qu’ils prennent leur thé avec quelques assortiments de pâtisseries faits pour accompagner le liquide chaud, je m’occupe dans la salle, à nettoyer ou à ranger des choses ici et là, histoire de rester à leur disposition.

« Moi je te dis qu’elle ne la fréquente que pour son grade. Elle est trop bien roulée pour lui cette fille !
- C’est vrai qu’il n’a pas le charisme du Vice-amiral Fenyang. Lui au moins, on sait que les femmes ne l’aiment pas que pour son titre.
- Charisme ? Tu veux plutôt dire qu’il a les hormones en effusion ?
- Ha ! Ha ! Ha !
- Franchement, je suis content d’être envoyé ici. Les filles d’ici sont des vraies beautés exotiques ... Je me ferai bien la petite Esméralda.
- Tu parles de cette fille qui se trémousse dans les rues. J’avoue qu’elle est canon mais je parie que beaucoup d’hommes y sont déjà passé.
- Au moins il aura sa chance le petit Tony !
- Ha ! Ha ! Ha !
- Arrêtez, ce n’est pas drôle les gars ! »

Je soupire face aux bassesses que j’étais forcée d’entendre. Les marines n’avaient pas tout à fait tort concernant Fenyang que je connaissais de réputation être un homme à femme mais j’aurais préféré ne pas avoir à subir leur commérage. Là était l’un des fardeaux de mon métier : entendre les clients jaser. J’évite toujours de me mêler de cette futilité mais il arrive parfois que je m’emporte quand j’entends qu’on dise du mal et à tort des gens que je connais.

Parmi les ramassis de conneries que j'entends, j’ai néanmoins appris une chose d’intéressante : Fenyang avait pris du galon. De Contre-amiral il était passé Vice-amiral. Nouvelle qui ne va pas changer ma vie et dont je m’en foutais un peu mais ce n’était pas une information de merde.

Alors que je m’atèle à essuyer le comptoir qui était pourtant suffisamment propre que je pourrai même le lécher, un des marines lève un bras pour attirer mon attention. Je laisse alors tomber ma tâche pour occuper le temps et me dirige vers mes clients.

« Oui ? Fais-je d'une voix docile et commerciale.
- Je vais prendre une nouvelle part d'amandina.
- Et du kenafeh pour moi.
- Autre chose ?
- Non. Ce sera tout,» lâche un des hommes après quelques secondes.

Je m’en vais chercher leurs commandes dans l’autre salle et là je vois que Dana, une de nos employées avait remplacé ma mère derrière le comptoir.

« Elle est où mam ?
- Partie régler le problème de la farine chez Nono's Industrie ... J’espère qu’elle va réussir à régler ce souci avant que nous tombons en stock zéro. Je refuse d’utiliser cette farine de mauvaise qualité. Les clients sentiront de suite la différence avec nos produits habituels et pourraient bien préférer se fournir chez un concurrent.
- Ne t’inquiète pas. Mam est très douée en négociation et puis, je suis sûr que c’est juste une magouille du fils qui cherche à nous escroquer, » fais-je calmement tout en se servant dans la vitrine pour les clients d’à côté que je ne tarde pas à aller servir.

Nono's Industrie est notre fournisseur officiel en farine. Habituellement c’est le père Nono qui gère les affaires mais il est tombé gravement malade alors c’est son fils ainé qui s’occupe de faire tourner l’entreprise durant sa convalescence sauf que la farine qu’ils nous ont livrée dernièrement était d'une qualité bien inférieure à celle qu’on reçoit habituellement alors qu’on avait payé pour avoir le produit habituel. Ma maternelle était donc allée régler le problème sur place.

Les marines étaient restés une bonne heure avant de régler addition et partir sans oublier de m’accorder un dernier regard qui me paraissait cette fois-ci intéressé. J’ai même eu droit à un sourire de la part des deux auxquels j’ai répondu avec sincérité. J’aime recevoir des clients aimables même s'ils jasent trop à mon goût.

Je débarrasse la table qui avait été occupée avant de m’atteler à la nettoyer. Je n'avais pas encore terminé que le carillon retentit pour annoncer la venue d’un nouveau client et qui n’était autre que le Vice-amiral Fenyang.

Je délaisse immédiatement ce que j’étais en train de faire pour aller accueillir le haut gradé de la Marine et avec mon plus beau sourire.

« Je vous souhaite la bienvenue chez Les Délices des Langorat Vice-amiral Fenyang. Je vous en prie, installez-vous donc où vous voulez ! » Fais-je tout en s'inclinant légèrement.

En deux générations, notre établissement qui portait le nom de Les délices des Langorat était réputée sur tout Alabasta. On a déjà reçu des membres de la famille royale dans notre modeste salon de thé mais Fenyang était le premier de l’amirauté à venir nous rendre visite. Sa venue me faisait particulièrement plaisir parce que'outre sa réputation de coureur de jupons dont je me tamponnais complètement car c’est une histoire qui ne regarde que lui, c’était un homme qui a fait beaucoup pour ce pays. Sa dernière action me touchait particulièrement, moi qui adore les enfants. Il avait ouvert un bien majestueux orphelinat à la périphérie de ma ville natale : Nanohana ...


Dernière édition par Eva Langorat le Mer 19 Oct 2016 - 0:07, édité 6 fois

    - « Et bien merci ! T’as vu Salem ? On est accueilli par une jolie demoiselle ! T’es pas d’accord ? »

    Le gamin assis sur mes épaules se contenta de secouer sa tête comme pour marquer son approbation, puis se remit à sucer… Mes cheveux tout en tenant fermement le crane. J’eus un soupir, puis un rire amusé. Il avait clairement faim. C’était d’ailleurs pour lui que j’avais fait un détour ici. Cette pâtisserie, je la connaissais bien. De nom, de vue etc… Mais je n’y étais jamais rentré. J’avais surtout passé l’âge de bouffer des gâteaux  et autres, bien que ça ne me déplaisait pas du tout de temps à autre. Par contre, je connaissais parfaitement la proprio. Une connaissance de l’une de mes nombreuses maitresses. Une très belle femme avec tout ce qu’il faut là où il faut. C’était drôle parce que la petite lui ressemblait vachement : Même gueule, même teint mate, mêmes formes surtout au niveau des hanches… Bref, une bonasse quoi. Après, sa bouille de garçon faisait vite de me conforter sur une chose : C’était pas une biatch. En ma qualité de pervers de son état devant l’éternel et de fin connaisseur en la matière, je pouvais le certifier sans aucune hésitation. Donc, la garçonne devait sans doute être sa fille quoi… Ma main à couper. Telle mère, telle fille donc. Du moins physiquement. Sacré coin. Elles ne devaient pas manquer de clients. Si j’étais un dalleux, je viendrai sans doute tous les jours histoire de les draguer ou de les mater pour le plaisir…

    - « Vous pourriez m’apporter des serviettes de tables ? Ou des mouchoirs ? Vous seriez aimable… Après, j'aimerais bien que veniez me conseillez sur vos meilleures pâtisseries. Je n'ai plus l'habitude d'en manger, vous savez. »


    Je lui fis moi aussi mon plus beau sourire. Un peu charmeur, mais le plus beau. La raison de ma demande ? Salem (L’enfant avait le même prénom que moi) A force de gober, mâchouiller mes cheveux, l’petit bavait sur moi. Ça m’amusait un peu, mais à la longue, ça allait me desservir. D’ailleurs, il avait redoublé d’ardeur, sans doute parce que les bonnes odeurs qui émanaient du local titillaient sa petite faim. Après, il restait tellement mignon qu’on ne pouvait que tout lui pardonner. Faut dire que depuis que je les avais sauvé de leur misère, ses frères et lui, Salem ne me lâchait plus une seule seconde. Comme un bébé koala. A croquer. Ma propre mère était in love et passait ses journées à le câliner quand il ne me prenait pas pour un arbre. Le fait que je me promène très souvent avec lui induisaient beaucoup de personnes en erreur : Si certains le prenaient pour mon fils, d’autres le considéraient comme un membre de ma famille. Faut dire qu’on avait en commun un p’tit air. En plus du prénom. Nul doute qu’il deviendrait un beau gosse comme moi à l’avenir. J’en étais persuadé. Cette pensée me fit rire, avant que je ne dépasse la jeune serveuse pour me diriger vers les vitrines/rayons où étaient entreposées les différentes pâtisseries bien disposées. C’est à cet instant précis que je le tirai par la peau du cou pour le tenir dans mes bras forts et musclés.

    - « Alors toi, qu’est-ce que tu veux ? Tu peux choisir ce que tu veux ! »

    Le gosse dodelina de la tête, me regarda un instant avec sa bouille la plus craquante, se tourna vers les desserts et se mit à pointer presque tout ce qui se trouvait sous ses yeux et ce à une vitesse ahurissante. Stupéfait par son ardeur, je finis par éclater de rire avant de m’éloigner rapidement des rayons. Il gonfla ses joues, puis se mit à me mordiller les doigts. Il avait décidément la dalle, mais lui laisser faire des choix n’était pas forcément une bonne chose à l’instant. Bah après, puisqu’il voulait tout tester, il n’y avait pas à s’inquiéter. N’importe quel choix ferait l’affaire, à moins d’un revirement de dernière minute de gâté pourri, mais peu importe. Je pris place à une table à côté d’une baie vitrée qui donnait une belle vue sur la rue, avant d’installer le gosse sur la table, carrément. Ceci dit, je me tournai vers la serveuse pour anticiper l’une de ses premières demandes : « Un jus de fruits pour qu’il patiente aussi, s’il vous plait ! » Et s’il y en avait, mais je ne me faisais pas de soucis pour ça. Je me tournai vers le petit qui s’était un peu éloigné de moi et qui avait collé sa face contre la vitre pour regarder l’extérieur et faire des grimaces à des passants qui le voyaient et qui s’en amusaient. Que du bon. On était décidément loin du petit bout d’homme craintif qui vivait dans des conditions plus qu’ignobles. Le destin faisait bien les choses…

    Cet orphelinat était actuellement ma plus grande fierté.
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    Apple Pie #2

    Le Vice-amiral n'était pas venu seul mais avec un gamin, d'environ quatre ans, assis sur ses larges épaules d'homme bien bâti. Je parie qu'il était venu pour le bambin car depuis le temps que je l'entends trainer dans le coin jamais il n'était venu dans notre établissement. Il était certainement là pour gâter le petit veinard.

    Alors qu'ils rentrent je me dirige derrière le comptoir pour aller chercher une carte de la maison et les serviettes que le Vice-amiral avait réclamées.

    De ma position, je fixe mes nouveaux clients attentivement et discrètement. C'était étrange de voir le Vice-amrial dans un moment de tendresse pareil. Bon ok, c'est la première fois que je le rencontre de ma vie alors je n'ai pas eu l'occasion de le voir dans d'autres situations mais j'étais persuadée que ce que je voyais là devait être exceptionnel.

    En experte en matière des enfants, je décèle quelques maladresses dans la conduire du Gouvernemental avec le petit et cela m'arrache un sourire amusé.

    Je me demande si le gamin est celui d'Alheïri S. Fenyang car non seulement ils avaient un air de famille mais en plus je trouvais suspect le fait qu'il ne venait qu'avec ce bambin-là avec toute la marmaille qui séjournaient dans son établissement. Mes petits à moi y étaient d'ailleurs depuis que l'ancien orphelinat avait été abandonné après la construction du nouveau qui était bien plus accueillant et confortable pour les enfants. Je connais tous les pensionnaires du vieil établissement car je leur donnais régulièrement des cours de pâtisserie et un de mes meilleurs amis y travaillait également. Comme les enfants et tous les membres du personnel, mon ami avait été transféré à l'Orphelinat Hayat Jadida.

    À mi-chemin pour apporter au Vice-amiral la carte et les serviettes je fais demi-tour pour aller chercher un jus de fruits pour le petit. On n'accueille pas mal des parents avec leurs enfants qui n'avaient pas l'âge de savourer le thé alors on avait des boissons adaptées pour eux.

    Je m'approche de la table où le Vice-amiral s'était installé. Je lui tends la carte de la maison et les serviettes puis je dépose le jus sur la table. Je tire ensuite une chaise avant de soulever le petit par la taille pour le faire assoir sur la chaise avant de lui donner le jus mais le gamin se met à chialer tout pointant du doigt les friandises exposées dans la vitrine.

    « Non. Ce n'est pas pour les enfants qui pleurent. Si tu en veux, il faut arrêter de pleurer et boire ton jus de fruit, fais-je calmement. Le petit pleure de plus belle sauf que je voyais trop que ce n'était que du cinéma. Bon, tant pis pour toi ! Ajoute-je sur un ton un peu plus sévère, tout en déposant le jus sur la table. Tu en auras seulement quand tu auras cessé de pleurer car les larmes vont gâcher le gout des gâteaux ! »

    Magique, le petit garnement cesse sa comédie et attrape le jus de fruit qu'il se met à boire avec ardeur. Avec douceur, je caresse la petite tête mais le gamin rejette ma main. Je n'insiste pas, je ne me vexe pas. S'il avait été plus grand, j'aurai réagi autrement mais ce n'était qu'un enfant un peu trop gâté. J'aurais pu faire la remarque au Vice-amiral mais je ne dis rien car j'aime pas me mêler des affaires qui ne me regardent pas.

    Oubliant un moment le bambin, je porte mon attention au gouvernemental.

    « Préférez-vous des douceurs au sucre ou au miel ou bien fruité ? Nous avons aussi des épicées et des salées mais ces dernières sont plutôt pour l'apéritif mais nous ne vendons pas d'alcool. Ceci dit, vous pouvez tout à fait les déguster telles quelles. Et pour le thé, vous avez la liste avec leur description ici, fais-je tout en lui montrant la page concernée sur la carte qu'il avait en mains. Si vous hésitez entre plusieurs, je peux vous les faire déguster avant de faire votre choix. Pour le petit, je vous conseille le mantecado s'il aime le sablé ou bien le divorcé s'il préfère de la crème ou bien le classique gâteau au chocolat. Ce sont nos produits préférés des enfants. »

    J'ai tellement des choses à dire à cet homme mais pour l'heure je dois d'abord le servir alors en bonne serveuse, je reste debout à côté de lui, prête à prendre sa commande et à le conseiller plus si besoin …


    Dernière édition par Eva Langorat le Mer 19 Oct 2016 - 0:06, édité 2 fois

      Voilà bien une science qui m’échappait encore : Calmer les gosses avec quelques mots bien placés et bien choisis. Je n’étais certes pas très maladroit avec les gosses, mais il faut dire qu’ils arrivaient à tout avoir de moi. Le grand guerrier que j’étais et qui avait tué de nombreux malfrats, n’était rien devant des meufs bien faites et des gosses qu’ils soient pourris gâtés ou non. Le petit Salem ne faisait pas vraiment de caprices avec moi, mais je dus avouer être bluffé devant les manières de la jeune femme qui avait réussi à faire taire et à être calme. Une pro. J’aurai voulu applaudir, mais elle s’adressa rapidement à moi avec tranquillité. D’ailleurs, ça aussi, c’était plutôt rare, surtout sur Alabasta. Peu de femmes s’adressaient à moi sans faire de mimiques qui en disaient long sur leurs états d’âmes. Bah, des beaux gosses, elles devaient en voir passer tous les jours. Elle était peut-être même autant harcelé que les serveuses bien foutues dans les bars les plus crasseux de cette ile. Vu ses formes, ça m’étonnerait pas tellement…

      - « T’as entendu la demoiselle ? »

      Salem secoua sa tête très rapidement pour faire signe que oui.

      - « Tu veux quoi ? »

      - « Chocolat ! »


      - « Ooowww. »


      Le gosse était trop craquant avec son visage brillant, ses yeux plein d’étoiles. Qui pouvait résister à cette bouille aussi mignonne ? Pas moi en tout cas ! Pour lui, j’étais capable de faire des folies. Comme le laisser bouffer ma chevelure, tiens. Je le contemplai pendant de longues secondes, avant de me retourner vers la garçonne, sourire aux lèvres tout en haussant les épaules. Le petit avait fait son choix comme un grand. Inutile de penser à autre chose. Il pourrait peut-être prendre autre chose s’il finissait sa commande, mais en attendant, c’était gâteau au chocolat pour lui. Quant à moi, je pris les mouchoirs pour m’essuyer vigoureusement la tête, tout en réfléchissant à ce que j’allais prendre. Franchement, le thé, les pâtisseries tout ça, c’était pas mon fort. J’avais beau être classe, mignon et tout ce que vous voulez que j’étais super difficile en bouffe tant qu’il y avait de la viande en quantité et un bon verre d’alcool. Du coup bah, je ne savais pas trop quoi prendre. J’aurai pu faire comme le gamin, mais ça n’allait pas être fendard…

      - « Au sucre. Ou fruité. En fait, j’en sais rien. Rapporte autant de gâteaux que tu peux et je les goutterais. Pour le thé, je veux bien passer par la case dégustation. Je ne suis pas très difficile, donc surprends-moi ! »


      J’eus un sourire pour la p’tite albinos. Bah, à défaut de faire le connard et la foutre dans mon pieu, je pouvais bien profiter des yeux. Du coup, je comptais sur le fait qu’elle se retourne aller chercher nos commandes pour profiter de la vue de son fessier que j’avais pu entrevoir et qui était à couper le souffle ! Une vraie native du coin, assurément. Sa peau mais aussi ses formes ne trompaient pas une seule seconde. Si elle était un peu plus âgée, elle aurait fait une parfaite maitresse. Ou même une très bonne femme au foyer vu son doigté avec les bambins. J’eus aussitôt une pensée pour celle qui faisait battre mon cœur de maintenant presque quatre ans, tout en soupirant lourdement. Elle me manquait. Affreusement. Mais je ne pouvais malheureusement pas passer toute ma vie à attendre, à la rechercher sans cesse et à espérer. J’avais déjà souffert de la perte de ma première femme pour encore me meurtrir le cœur de la sorte ; sans compter que je ne savais même pas si mes sentiments étaient réciproques. Le sexe est une chose, l’amour une autre…

      - « Ce sera tout ! N’aie pas peur pour le prix. Je règlerai tout en espèce. Et encore merci pour les mouchoirs. D’ailleurs, c’est quoi ton nom ? »

      J’avais fini par balayer ces pensées tristes de mon esprit pour parler à la garçonne devant moi. Sans que je ne m’en sois trop aperçu, j’avais commencé à la tutoyer pour avoir l’air plus amical et moins formel. Vice-amiral ou pas, je restais quelqu’un de très simple qui aimait les bonnes choses comme tout le monde. Par contre, le gamin m’alarma lorsque je me retournai vers lui et que je vis qu’il avait déjà vidé la moitié de son jus. Rapide ! M’enfin, ça devait sans doute être super bon. Je calai un coude sur la table et posa ma tête dans le creux de ma main avant de l’observer, sourire aux lèvres. Il était définitivement kawai ! Son geste de tout à l’heure, je ne l’avais pas souligné parce que je ne le comprenais que trop bien. Il avait depuis sa tendre enfance, connu la misère et le mépris. J’étais sans aucun doute le premier adulte à qui il a pu s’ouvrir sans trop de craintes avant qu’il ne fasse confiance à ma mère et aux autres domestiques. Pour le reste des gens, c’était encore un peu difficile. Mais il allait se rendre compte de lui-même que la tenancière n’était pas méchante…
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      Apple Pie #3

      « Eva, » réponds-je à la question du Vice-amiral avant de tourner les talons.

      Je file derrière le comptoir pour aller faire mijoter de l'eau dans une bouilloire sifflante grâce à un heat dial aménagé. Je file ensuite dans l'autre pièce d'où je reviens quelques minutes plus tard avec un plateau orné des pâtisseries variées que je repose sur la table du gouvernemental.

      Je dépose une petite assiette avec une assez grosse part de gâteau au chocolat sur lequel trône une fraise toute fraiche et bien mure devant le gosse avant de pousser le plateau devant Fenyang. En général, les enfants raffolent des fruits, surtout à Alabasta où ces derniers ne poussaient pas n'importe où et coutaient assez chers mais il existe des petits capricieux qui font le difficile. Certains n'hésitent même pas à les jeter par terre.

      À chaque fois, j'attends avec impatiente la réaction d'un enfant face à ce fruit dont l'idée venait de moi. Parfois, je fais exprès de servir le gâteau avec un fruit amer ou acide rien que pour le plaisir de voir la mimique que le gamin ferait en le gouttant. Bien sûr cette taquinerie enfantine je ne la réserve qu'aux bambins dont je sais que les parents s'amuseront avec moi de la réaction de leurs enfants au lieu de me blâmer. Pour le petit du Vice-amiral que je ne connais que de réputation j'évite donc la farce qui pourrait très bien se retourner contre moi. Je n'ai vraiment pas envie de me mettre un gouvernemental à dos. Lui pourrait ruiner la réputation de notre établissement en quelques mots ou m'envoyer en prison sur simples paroles alors je préfère éviter de le taquiner.

      « Je vous ai servi ce que nous avons des meilleurs ! Je vous apporte les thés de suite ! » Fais-je après avoir constaté que le petit mangeait la fameuse fraise avec un plaisir évident. Chose qui m'arrache un sourire ravi.

      Je vais derrière le comptoir où la bouilloire sifflait déjà depuis quelques secondes. Avec attention, je prépare une petite quantité de différents types de thé que nous disposons, évitant les fruités qui sont en général plus appréciés par les femmes et les enfants que les hommes. Je reviens auprès du Vice-amiral et le bambin - qui avait déjà bien entamé son gâteau - un plateau de petites tasses de dégustation en mains.

      « Pour la dégustation. Le nom de chaque thé est inscrit sur chaque récipient le contenant. Je vous conseille de prendre une bouchée de friandise après chaque gorgée de thé ! »

      Ce procédé permettait d'atténuer le goût du produit précédent pour mieux sentir celui du suivant. Ordinairement, la plupart de nos clients demandent à déguster entre deux ou trois thés mais le Vice-amiral Fenyang n'avait fait aucun choix. Chose qui démontrait qu'il ne s'y connaissait vraiment rien. Si ça se trouve le thé n'était même pas son truc.

      « J'espère que vous trouverez un à votre convenance Vice-amiral sinon je peux vous servir du jus de fruit ou de l'eau, » ajoute-je d'un ton aucunement moqueur mais bien sérieux.

      Je ne pense pas que le gouvernemental était le genre d'homme qui carbure avec du jus ou de la flotte mais s'il n'aimait pas le thé, je ne voyais pas l'intérêt de le forcer à en boire.

      Alors que je patiente pour attendre le verdict de Fenyang, le carillon de l'entrée retentit. Je me retourne pour voir deux clientes habituelles pénétrer l'établissement.

      « Veillez m'excuser ! Fais-je auprès du Vice-amiral tout en m'inclinant légèrement avant de filer accueillir les nouvelles arrivées. Bonjour, je vous laisse vous installer comme d'ha … »
      - Haaa ! … Alheïri S. Fenyang ! Crie la première tout en se tenant les joues comme une petite fille.
      - Non, c'est vrai ! » Réagit la seconde tout en se précipitant en direction du Vice-amiral, son acolyte ne tardant pas à la suivre.

      Je soupire malgré moi appréhendant la suite des évènements.

      Shara et Esmaella étaient des femmes de plus coquettes qui n'avaient pas froid aux yeux. Elles sautaient sur le moindre homme qui leur plaisait. Elles avaient respectivement deux et trois ans de plus que moi mais leur liste des amants était genre cent fois plus long que le mien. Après, on n'était pas à mettre dans le même panier. Si elles courent après des histoires sans lendemain moi je ne cherche qu'une qui dure mais je n'ai pas vraiment de bol avec les hommes. Je me suis déjà faite largué cinq fois sans savoir vraiment pourquoi ça n'avait pas fonctionné. Deux m'avaient déclaré m'apprécier mais qu'ils ne pouvaient pas continuer, un m'avait simplement dit que tout était fini sans me donner d'explication, un s'était barré de la ville sans rien me dire et le dernier en date je l'avais surpris avec la tête d'une autre entre les jambes.

      Ma mère m'avait dit un jour que le problème venait de ma trop forte personnalité. Il paraît que j'ai tendance à étouffer celui que j'aime sans m'en rendre compte. Comme dans la rage, on dirait qu'en amour je fais aussi dans l'excès.

      Je rejoins la table du Vice-amiral qui était à présent occupé avec Shara et Esmaella.

      « Vous avez choisi Vice-amiral Fenyang ? » Glisse-je, profitant d'un petit silence.
      - Les mêmes choses qu'habituellement pour moi s'il te plait, fait Esmaella tout en tirant une chaise pour s'installer à la table même du gouvernemental qui, quant à lui, n'avait même pas eu le temps d'exprimer son choix alors que c'était à lui que je m'étais adressé.
      - Le trio de friandises habituel pour moi s'il te plaît mais je vais prendre du thé gyokuro pour aujourd'hui, » demande Shara qui s'était invitée à la table du Vice-amiral elle aussi.

      Je note dans ma tête les commandes des deux jeunes femmes tout en guettant Fenyang du regard. S'il le réclamait je pourrais demander à mes clientes de s'installer ailleurs car remettre chaque client à sa place si excès était faisait partie des devoirs contraignants de mon métier …


      Dernière édition par Eva Langorat le Mer 19 Oct 2016 - 0:05, édité 2 fois

        Pendant plus de cinq minutes, j’étais là, à me demander ce que j’avais pu faire au ciel. La célébrité, ça a ses avantages et ses inconvénients. Mais là, j’étais en plein inconvénients : Deux commères sorties de nulle part, s’étaient effectivement « invitées » à ma table et monopolisaient la parole depuis les cinq longues minutes déjà mentionnées. Un calvaire, je vous jure. Une plaie même. Elles avaient beau être belles que… J’en avais rien à foutre. A vrai dire, j’avais plus d’intérêt pour la serveuse au gros cul qu’à ces filles en face de moi. Ces petites n’étaient pas en reste au niveau des formes, soyons francs, mais elles ressemblaient aux putes que j’avais eu le loisir de foutre dans mon lit à de maintes reprises depuis un bon moment maintenant. De ce fait, elles étaient malheureusement ennuyantes. Prévisibles aussi. Des gamines que je pouvais facilement culbuter pour une bonne nuit ou plusieurs fois de suite. Mais dans ma tête, c’était définitivement non. Je ne voulais pas. Je me demandais d’ailleurs pourquoi Eva ne volait pas à mon secours, parce que c’était clairement elle que je voulais à leur place. Peut-être n’étais-je finalement pas à son gout ? Possible…

        - « SALE GAMIN ! REGARDE CE QUE TU AS FAIS ! »

        L’histoire aurait pu finir de la même manière que toutes les histoires et rencontres que j’avais vécu de la sorte. Sauf que les Dieux en décidèrent autrement : En effet, j’étais tellement ancré dans mes pensées que je n’avais pas vu que Salem avait renversé le contenu de son verre sur l’une des filles. Sans le faire exprès en plus. Mais ça, j’en avais pas grand-chose à foutre pour le moment. Ce qui m’avait surpris était la force avec laquelle l’une des jeunes femmes gueula sur le gamin comme s’il venait de commettre un grave péché. Une faute quasiment impardonnable. Une réaction tellement excessive que j’en étais resté coi pendant quelques secondes. Salem aussi beugua pendant quelques instants, avant de commencer à pleurer franchement. Loin de s’excuser, la bavarde continua de pester en essuyant tant bien que mal la partie tâchée. Elle ne décolérait pas. Loin d’être offusqué aux premiers abords, je pris alors le gamin dans mes bras avant de le serrer bien fort. Ce dernier se pelotonna contre moi et se calma un peu en sniffant bruyamment. C’est à cet instant précis que je tournai mon visage vers la gaffeuse qui commença soudainement à regretter…

        - « Dégage d’ici. »

        - « Non… Mais… Je voul… »

        - « Je ne vais pas me répéter trois fois : Barre toi. Ne me force pas à être vulgaire ou brutal. »


        Cette fois-ci, ma voix fut d’une froideur inimaginable et mon faciès presque froissé par une colère qui ne présageait rien de bon pour la fautive. Celle-ci se leva à la hâte et prit ses jambes à son cou non sans verser des larmes au passage. Désolée ou pas, c’était pas mon problème : Le mal était fait. On n’avait pas idée de gueuler comme ça sur un gosse. De 3 piges d’ailleurs. D’autant plus que celui-là était plutôt fragile dans son genre et s’épanouissait à peine. Elle ne pouvait pas le savoir, mais même… L’autre était également intimidée voire aussi chagrinée. Ne sachant pas où se mettre, elle préféra alors se lever pour faire mine de rattraper sa pauvre pote. Pour ma part, je n’avais d’yeux que pour mon gamin. Je lui caressai la chevelure, tout en l’ayant enlacé, sourire aux lèvres. Je savais qu’il aimait être réconforté de la sorte. Et ça marcha ! Il finit par se calmer définitivement, même s’il refusa par la suite de regagner sa précédente place. Il se sentait bien contre moi. Un koala dans toute sa splendeur. Qu’est-ce je l’adorais ce petit gars ! Mon boutchou ! Clair que j’allais faire un papa poule moi, ce qui ne serait certainement pas un mal.

        Je ne savais pas être « dur » avec les gosses de toute façon…

        - « Je suis désolé, Eva. Tu as perdu deux clientes à cause de moi. En compensation, je suis prêt à payer ce qu’elles ont l’habitude de prendre. Si ça peut rattraper ma connerie… »

        J’y étais pas allé de main morte. Pas étonnant si elle m’en voudrait du coup. D’ailleurs, je n’avais même plus la foi de toucher à toutes les choses qu’elle m’avait rapporté. Elle pouvait également me virer après mon culot. Culot qui s’expliquait, mais auquel elle pouvait ne pas adhérer… Bref, pas de joie pour le coup… C’était même à mon tour de me sentir mal à l’aise et il y avait de quoi. « En plus, j’aimerais bien que tu prennes place avec nous, histoire de nous tenir compagnie. Pas vrai mon grand ? » Le gamin eut un temps de latence où il observa vaguement la jeune femme avant de hocher vigoureusement la tête. Les deux autres étaient méchantes et celle-là semblait être un ange à leur côté. « On peut d’ailleurs ravoir du jus pour lui… ? » Vu que tout le contenu de son premier verre était renversé (La pauvre allait devoir tout essuyer) je n’avais pas eu le choix que de demander quelque chose pour lui. D’ailleurs, le gamin se mit à faire les yeux doux à Eva comme pour appuyer mes dires. Ce petit chenapan savait y faire pour attendrir les gens avec moi. Ça marchait généralement avec moi quand il sentait que je voulais le gronder, parfois.

        Mais là, quelle allait être la réaction d’Eva ?
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        Apple Pie #4

        Dans le silence, j'assiste à la scène. Une expression de désappointement avait dû se dessiner sur mon faciès lorsqu'Esmaella s'en prend au gamin qui avait renversé malencontreusement du jus sur ses vêtements. Je m'apprête à intervenir pour faire comprendre à la demoiselle que ce n'était qu'un enfant et que son verre s'est renversé par accident mais le Vice-Amiral intervient avant moi.

        Honteuse, Esmaella finit par partir de l'établissement dans la précipitation et, ne sachant plus où se mettre, Shara finit par suivre son amie.

        - À la prochaine et navrée pour le désagrément, lance-je à ma cliente qui s'éloignait d'une voix faussement désolée.

        Lorsque la jeune femme se retrouve enfin dehors, je pouffe comme une idiote avant de finir par éclater de rire. Depuis le début, je me retenais pour ne pas rigoler mais là je n'en pouvais plus. Je ne déteste pas mes deux aguicheuses de clientes - car sinon, je ne les ferai même pas rentrer dans notre établissement -mais les voir se faire remballer de la sorte était vraiment amusant.

        Je sais très bien que se moquer de malheur des autres n'est pas bien mais je suis du genre à ne pas savoir contenir mes émotions. Il n'y a que les pleurs que j'associe à une faiblesse que j'arrive à refouler. Pour les restes, c'était expression à volonté.

        - Non c'est bon. Pas besoin de payer. Je ne les avais même pas encore servi ... Désolée pour cet incident Vice-Amiral, finis-je par lâcher une fois m'être calmée. Je vais te chercher un autre jus, s'adresse-je ensuite au petit tout en lui caressant la tête afin de le rassurer.

        Je ramasse le verre qui s'était renversé puis je reviens rapidement avec un autre rempli d'un jus bien frais que je tends au gamin. Avec application, je nettoie ensuite la table et le parterre où le liquide avait fini par couler.

        Une fois tout bien propre, je m'en vais me laver les mains puis je retourne auprès de mes deux clients avec un verre d'eau fraiche que je dépose devant le Vice-amiral.

        - On dirait bien que le thé n'est pas votre truc, fais-je dans un langage non plus commercial mais qui m'était propre. Ne vous force pas à en boire juste pour me faire plaisir, ajoute-je avec le sourire avant de soulever le petit Salem pour m'assoir à sa place alors que lui je le dépose sur mes jambes. Aussitôt installé, le gamin se colle à moi, reposant sa tête contre ma poitrine qui devrait être bien douillet. Il est trop choupi. Il vous ressemble beaucoup. Un vrai séducteur en devenir, ajoute-je sans détour avant d'accorder enfin toute mon attention au gouvernemental. Je vous remercie énormément pour la construction de l'Hayat Jadida Vice-Amiral. J'ai hâte de m'y rendre pour continuer à donner des cours de pâtisserie à mes petits de l'ancien orphelinat et aux autres enfants ... Avec votre permission bien sûr. Je comptais contacter votre mère pour lui demander l'autorisation mais puisque vous êtes là, je m'adresse à vous directement. Ne vous inquiétez pas, ça sera qu'une ou deux fois par semaine, en fonction de mon emploi du temps et ça sera gratis. Je fais pas ça pour de l'argent mais pour les bouts de choux, fais-je tout en pinçant gentiment le petit nez de Salem qui secoue la tête pour se débarrasser de ma main taquine ...


        Dernière édition par Eva Langorat le Mer 19 Oct 2016 - 0:04, édité 2 fois

          - « Alors pour toi, je suis un séducteur, c’est ça… ? »

          J’avais carrément ignoré sa demande pour m’intéresser à quelque chose qui était bien plus intéressant à mes yeux. Séducteur ? Ouais. Forcément. Mais c’était pas comme si j’avais tenté de la draguer, même si j’avais de bonnes raisons pour, vu ses formes et sa joliesse. Après, pas besoin que je fasse quoique ce soit pour qu’elle en arrive à cette conclusion, mais ses dires m’étonnaient tout de même. A croire qu’elle avait déjà dû entendre les nombreuses rumeurs qui courraient sur mon cas. Rumeurs fondées d’ailleurs. Je devais avouer que je ne me cachais pas du tout, si bien que certaines personnes se foutaient de ma gueule, carrément. Un peu d’ordre dans ma vie ne me ferait pas de mal, surtout à bientôt 40 piges. Faudrait pas que je donne le mauvais exemple aux plus jeunes qui m’idolâtraient. C’était peut-être pas trop tard. Après, je devais avouer que la petite m’avait vite grillé. J’avais la nette impression qu’elle avait pris les devants pour que je ne m’essaye même pas de jouer avec elle. Je trouvais ça presque dommage, mais je pouvais tout aussi bien ne rien faire et profiter de l’instant présent. Pis avec ce gosse, pas évident…

          - « J’aime le thé à la menthe. Simple et efficace. Par contre j’en bois très peu. Et puis, à la base, je suis venu ici pour ce gosse, pas pour ma gueule… »

          Vu le langage qu’elle avait adopté, il n’y avait pas de raisons que je ne prenne pas moi aussi mes aises. On pourrait penser que ça craignait pour le petit mais il était tellement occupé à se débarrasser de la main taquine d’Eva qu’il ne nous écoutait même pas. D’ailleurs, il finit par se dégager, chopa par la suite son nouveau verre de jus et commença à le boire joyeusement, la tête bien calée contre les boobz de la jeune femme. Le petit veinard ! On en serait presque jaloux, tiens. Mais pour ma part, j’avais plutôt un sourire aux lèvres en le voyant aussi bien. Un vrai petit pacha. C’est dire aussi que la gamine avait une fibre maternelle et c’était touchant. Pas comme cette conne que j’avais fait fuir en quelques mots seulement. Rien qu’en repensant à sa gueule, j’avais presque la haine. « Pour ta requête, je pourrai peut-être y réfléchir autour d’un diner… » J’eus un rire. En un instant, j’étais passé du coq à l’âne. Et puis, j’étais presqu’entrain de forcer un rencart là. C’était du moins ce qu’elle pouvait croire, puisque pour ma part, je rigolais tout simplement. Rien de vraiment très sérieux, d’autant plus que je n’avais pas le dernier mot.

          - « Tiens t’en à ton idée de base. Va voir ma mère. Moi ce genre de trucs, je suis pas à même de les gérer. T’es fiable, t’as l’air de savoir t’y prendre avec les gosses, donc ça devrait pas vraiment poser de problème. Au cas où, je lui parlerai de toi en rentrant. »

          J’eus un sourire. Je pouvais bien l’engager, mais si la vieille venait à ne pas la vouloir, il n’y aurait rien à faire, même pour moi. J’étais un garçon qui écoutait sa môman après tout. Puis il me vint une idée pour accélérer le tout. Mon sourire s’élargit à mesure que les secondes s’égrenaient et que ladite idée ne murissait dans ma petite caboche, puis je me levai de mon siège au moment même où le gamin avait fini de boire tout son jus comme un grand. Je le pris dans les bras de la jeune bombe qui ne devait pas manquer de tourner les têtes surtout avec une poitrine aussi forte, avant de le chatouiller ce qui ne manqua point de lui arracher un petit rire. Il était vraiment mignon : « Il y a plus ou moins une cinquantaine d’enfants qu’on a recueillis. Du coup, pour faire tes preuves, rien de tel qu’une grosse commande histoire de voir s’ils vont adhérer. » J’eus un clin d’œil pour Eva avant de fouiller dans mes poches et en ressortir une liasse de bien tellement faramineuse que n’importe qui en serait épaté. Y’en avait peut-être pour un million, quelque chose comme ça. Je sortais toujours avec une conséquente somme d’argent au cas où.

          C’était pas comme si on risquait de voler le grand gaillard que j’étais de toute façon.

          - « Viens quand tu veux avec la commande. Tu pourras mieux proposer tes services après ça. D’ailleurs, j’ai déjà hâte de te revoir, héhé ! Allez, dis au revoir à la demoiselle, Salem. »

          Le petit lui fit rapidement signe de la main, sourire aux lèvres, avant que nous ne quittâmes les lieux. Il se faisait déjà tard et c’était l’heure de son bain.
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          Apple Pie #5

          - Vous devez savoir que « vos » réputations vous précédent Vice-Amiral, fais-je d’une voix dénuée de reproche.

          Par « vos réputations » je parlais de sa célébrité en tant qu’un haut gradé de la Marine et de celle d’un homme à femmes.

          Je n’avais fait qu’avancer un fait qui était au-delà d’une simple rumeur. Le voir en personne m’avait suffi pour affirmer que le côté séducteur était bien la vérité. Je ne suis pas une mangeuse d’hommes à l’image de mes deux clientes de tout à l’heure mais j’en ai fréquenté assez pour reconnaitre un fin dragueur et un homme avec « un balai coincé dans le cul ».

          Les propos que le Vice-Amiral lâche quelques secondes plus tard seulement effacent tout le doute sur sa nature de coureur de jupons. Chose qui ne m'offusque aucunement mais qui m’arrache plutôt un sourire amusé. Je doute que son invitation à diner était réellement sérieuse mais je pense qu’il ne reviendrait pas sur ses paroles si jamais j’acceptais. Ne préférant pas cependant jouer à un jeu qui ne m’intéressait pas, je préfère ne pas s’attarder là-dessus. Ceci dit, je n’aurais pas été contre le diner mais celui-ci n’aurait pas eu le même sens pour nous deux. Lui, je le voyais plus comme un père que j’aurais bien aimé avoir que comme un petit copain ou un amant potentiel. Son âge n’avait rien avoir dans l’histoire car je le trouvais personnellement bien plus séduisant que nombreux de ces jeunes qui me tournaient autour mais disons que j’admirai le grand homme qu’il était et non pas le séducteur.

          - Merci pour la commande et le service Vice-Amiral. Au plaisir de vous revoir. Sois sage toi, ajoute-je ensuite au petit Salem tout en lui pinçant gentiment la joue.

          Je les laisse sortir de l’établissement avant de sauter sur les billets laissés sur la table, des étoiles plein les yeux. Je laisse exploser ma joie que je contenais jusque-là. Avec tout ça, je vais pouvoir offrir des cadeaux convenables à mes petits choux, chose que je n’avais jamais eu l’occasion de faire. Puis, se rendant compte que l’argent n’était pas au fait pour moi mais plutôt pour notre établissement car c’était pour payer les gâteaux commandés, ma félicité retombe soudain. L'ascenseur émotionnel me fait effondrer sur une chaise. Je pourrais ne donner que quelques billets à ma mère puis garder le reste pour moi mais je ne suis pas un escroc. Je suis une fille droite, du moins envers ma famille, mes amis et les autres qui méritent mon respect.

          ***

          Deux jours plus tard.

          Le soleil ne s’était pas encore levé que j’étais déjà aux portes de l’orphelinat Hayat Jadida. Étant déjà venue rendre visite à mes petits choux qui ont été transféré ici, ce n’était donc pas la première fois que j’y mettais les pieds mais la splendeur du lieu m’arrache un ébahissement comme pour la première fois. L’orphelinat était digne d’un véritable palais. Une fois de plus, je remercie intérieurement la famille Fenyang d’avoir fait construire un endroit aussi magique pour les orphelins qui y séjournaient.

          J’avais prévenu la veille mon arrivée par denden alors à peine arrivée, on vient m’accueillir. Avec l’aide des employés, la charrette aménagée exprès pour la livraison des produits de Les Délices des Langorat et tirée par Becham - un dromadaire femelle un peu hautain appartenant aux Langorat depuis des années – fut vidée de son contenu rapidement. Un serviteur du lieu amène ensuite Becham à l’endroit aménagé pour accueillir les animaux de transport de son genre alors que je pénètre enfin l'un des bâtiments qui composaient le grand orphelinat.

          Comme la dernière fois, en rien de temps, j’étais encerclée par des enfants. Quelques-uns de ceux que je connaissais déjà depuis longtemps s’étaient accrochés à mes bras et vêtements comme s'ils craignaient que je parte de suite.

          - Toujours autant de succès à ce que je vois ma petite Eva, lance une voix souriante qui m'était très familière.

          C’était l’ancienne directrice de l’orphelinat qui avait été déserté suite à l’ouverture de celui-ci. Les Fenyang lui avaient offert un poste avec autant de responsabilité que l'ancien bien qu’elle n’avait plus le statut de directrice.

          Sans se débarrasser des adorables sangsues accrochées à moi, j’incline la tête pour saluer convenablement la dame qui me faisait face le sourire aux lèvres.

          - Tu es donc Mademoiselle Langorat ? Mon fils ne m'avait pas menti. Tu sembles effectivement savoir t'y prendre avec les enfants, lâche une douce voix alors que je ne m'étais pas encore redressée.

          Je relève la tête puis je pivote tant bien que mal à cause des gamins qui ne voulaient toujours pas me lâcher. Mon cœur manque de lâcher voyant la beauté qui se tenait devant moi. Ne croyant pas mes yeux, je secoue vigoureusement la tête mais futilement car l'illusion ne semblait pas vouloir disparaitre.


          J'ai déjà beaucoup entendu parler de Marie Fenyang, la directrice de l'Hayat Jadida, et même vu ses photos dans les journaux locaux - auxquels je n'ai jamais vraiment prêté attention - mais c'était la première fois que je la voyais en vraie. Les rumeurs disaient vraies, c'était une vraie beauté que le temps semblait avoir peur de flétrir. Entre elle et ma mère, je ne saurais dire qui était la plus plaisante à regarder alors que jusqu'à présent, à mes yeux, ma maman était la plus belle femme du monde.

          Trouvant certainement mon comportement bien étrange, Dame Fenyang se met à rire. Je rougis alors comme une pivoine comprenant que je devais vraiment être ridicule.

          Énergiquement, je fais une courbette bien basse pour enfin saluer la Maîtresse du lieu mais aussi pour pouvoir cacher mon faciès embarrassé.

          - Ravie de vous rencontrer Madame Fenyang ! Fais-je sans se redresser …


          Dernière édition par Eva Langorat le Mer 19 Oct 2016 - 0:03, édité 5 fois

            - « Eh ben… »

            Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Eva était bien foutue. Et sa courbette devant ma mère n’arrangeait pas tout ça. J’étais rentré dans la même pièce qu’eux, pile au moment où elle faisait sa révérence qui exagérait les rondeurs de son derrière. Autant dire que devant cette scène cocasse, je restai ébloui pendant une bonne poignée de secondes. Pour un fou de callipyges comme moi, ça se comprenait aisément. Et puis même, ça s’était presque imposé à moi. Il n’était pas question de lubricité ou de voyeurisme donc. Je finis néanmoins par sourire et détacher mon regard de son auguste fessier lorsque quelques enfants s’étaient précipités vers moi. Tous mignons, tous souriants… Un véritable bonheur ! Je n’avais pas de gosses à proprement parler, mais je les considérais tous comme les miens. De petits anges. Ou démons, tant ils étaient parfois épuisants ! M’enfin… Tout ça ne les rendait que plus adorables !  Je vis le petit Salem tirer mon jogging, avant de le soulever pour le foutre sur mes épaules. Aussitôt, il agrippa fermement ma chevelure et se mit à mordre dedans. J’eus un soupir désabusé, avant de me marrer, tout en m’approchant de la vieille et de la jeune pâtissière. N’eut été la présence de tout ce monde, je lui aurai bien foutu une bonne tape sur le cul moi. C’est qu’il donnait envie. Malgré moi. Chassez le naturel et il revient au galop.

            - « T’as pas tardé gamine. C’est bien. »

            Hormis ses fesses, j’étais plutôt content de voir qu’elle était venue. C’est qu’elle devait sincèrement tenir à son projet. C’était d’autant plus louable qu’elle ne faisait pas ça pour de l’oseille mais pour tous les gosses du coin. Des filles aussi sincères et biens, on en trouvait plus des masses. Elle ferait surement une bonne épouse à l’avenir. A cet instant précis, j’espérai très sincèrement qu’elle tombe sur un mec bien et pas sur un connard de mon genre qui ne pensait qu’à tremper son biscuit. Encore que j’avais commencé très sincèrement à doser mes différentes relations. Mais bref, là n’était plus important. Ce qui était intéressant, c’était de voir que les gamins la kiffaient bien en plus du fait que ma vieille avait le sourire aux lèvres ce qui en disait long. Eva lui avait fait bonne impression. Tout comme moi lorsque je la vis pour la première fois quoi. Ma mère approcha Eva, l’aida à se redresser et prit l’une de ses mains entre les siennes. « Tu ressembles beaucoup à ta mère. Toute belle ! N’est-ce pas Salem, qu’elle est magnifique ? » Là-dessus, j’eus un gros soupir comme ça. Avec le sourire un peu trop innocent qu’elle montrait et sa voix mielleuse, j’arrivais à peu près à deviner ses pensées sans passer par le mantra pour la sonder –Il s’agissait de ma mère tout de même. Je répondis en hochant mollement ma tête avec une tronche de déterré qui la fit elle-même soupirer.

            Pas question de me brancher sur une fille comme ça. Qu’est-ce qu’elle croyait ?

            - « Viens donc nous aider à servir le petit-déjeuner aux enfants. Tu permets que je te tutoie, Eva ? »

            Et sans attendre sa réponse, ma mère la tira avec elle vers l’une des cantines de l’orphelinat. J’aurai pu aller les aider, mais je décidai que non. Ce qui suivrait ne me regardait pas vraiment. Ma présence influencerait sans aucun doute le choix de la vieille dans son « test ». Encore que test était un bien gros mot, mais Eva aurait sans aucun doute une réponse à sa demande. J’avais également parlé d’un contrat d’exclusivité entre l’orphelinat et « Les délices » à ma mère concernant l’approvisionnement en viennoiseries et autres produits que vendrait leur boutique ; mais là encore, la décision lui revenait vu qu’elle tenait le budget et qu’elle était plus apte à prendre ce genre de décisions. Alors que tout ce beau monde disparaissait vers la cantine, je fis descendre le petit Salem –Qui avait bien bavé sur ma tête- de mes épaules, avant de le confier à sa sœur qui s’était tenue tranquille à mes côtés et qui m’avait prise la main gauche. Ce ne fut que lorsqu’ils disparurent de mon champ de visions que je partis dans une chambre pour prendre une douche. Je m’étais levé très tôt pour m’entrainer comme il se faut. Après ça, je fis un tour du propriétaire de l’orphelinat dans l’ensemble. Il n’était pas encore achevé et n’avait pas accueilli le nombre d’enfants qu’il pouvait contenir, mais ce début était déjà prometteur. Les maçons étaient à pied d’œuvre.

            La fin des constructions était prévue avant la fin de l’année.


            ***


            Quelque temps plus tard, on pouvait me voir accoudé à l’une des portes de l’entrée principales de l’orphelinat, clope au bec, yeux levés vers le ciel bleu.

            J’attendais tout simplement la sortie d’Eva pour qu’elle me raconte un peu ce qui s’était passé.

            Et ce que ma mère avait décidé.
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            Apple Pie #6

            Whouah ! Elle me touche les mains ! … Il ne faut pas, elles ne sont pas propres ! Panique-je intérieurement alors que le rouge me monte aux joues et mon cœur menace de défoncer ma case thoracique tant celui-ci battait fort.

            Heureusement que j’ai le teint foncé qui camouflait un tantinet le changement de couleur embarrassant. C’est que son mes airs de dure à cuire je suis extrêmement sensible. En ce moment, c’était la panique totale face à la proximité d’une Déesse que je pensais devoir se tenir loin de moi qui ne suis qu’une simple pâtissière issue du petit peuple.

            Je hoche vigoureusement la tête pour accepter l’invitation de la belle Marie de les aider à préparer le petit déjeuner des petits orphelins. Toujours un peu confuse, je me fais tirer par Madame Fenyang - qui ne semble pas vouloir me libérer la main ; sans doute qu’elle avait peur que je me taille ou que je refuse sa proposition - en direction d’une autre pièce. Je manque de tomber tant je ne m’attendais pas à une telle initiative de la part de la Maîtresse du lieu.

            Alors que je me faisais entrainer, mon regard se pose malgré moi sur le Vice-Amiral mais ce dernier ne semble pas remarquer la détresse que je lui lance. En général c’était moi celui qui sautais sur les gens et qui imposais mes envies alors voir quelqu’un d’autre endosser ce rôle et sur ma propre personne me déroutait complètement. Surtout que je ne m’attendais pas du tout à une telle familiarité de la part de la Déesse aux cheveux bleutés.

            Malgré mon état de détresse, ma situation ne me déplaisait guère car autrement, j’aurais déjà collé mon poing dans la figure de la Dame Fenyang, bien qu’elle fût une femme très importante. Oui, quand je ne suis pas d’accord, je le fais comprendre sans détour et sans réfléchir aux répercussions de mon acte. Le coup de beigne tout comme le respect, je le distribue équitablement à chacun sans se soucier de leur position hiérarchique ni même de leur puissance de frappe. Comportement qui m’avait déjà attiré tant d’ennuis dont celui de rentrer chez moi bien démolie ou encore celui de croupir en prison mais cela ne m’a pas fait changer pour autant. Un jour, je perdrais surement une main peut-être même les deux ou carrément ma tête à cause de mon impulsivité mais aujourd’hui je ne compte pas changer malgré ces éventualités plutôt lugubres.

            ***

            - Ces enfants mangent les mêmes choses tous les matins mais vu que tu es là, tu vas pouvoir leur préparer autre chose ! Fait Marie Fenyang avec le sourire.

            La réclamation de la Maîtresse du lieu sonne à mes oreilles comme un ordre que je me pesse d’exécuter. En quelques minutes, un tablier par-dessus mes vêtements, je me trouve devant un bol géant en train de préparer de la pâte pour faire des crêpes épaisses sucrées au miel. Le miel était un sucre naturel très apprécié des enfants et bien meilleur pour la santé que le sucre raffiné que nous remplaçons par un produit plus sain si possible dans nos pâtisseries. En plus de parfumer agréablement la préparation, le miel lui donnait une couleur ambrée très appétissante.

            En général, on laisse reposer la pâte pendant au moins une heure mais l’impatiente des enfants me force à sauter cette étape pourtant importante pour la professionnelle en pâtisserie que je suis. En moins de trente minutes, les enfants étaient en train de se régaler alors qu’une bonne odeur de farine cuite mariée à celle du miel flottait dans les airs. Le bonheur qui se lisait sur les visages des petits gourmands illumine le mien alors que je les regardais manger, les bras croisés dans un coin.

            J’étais tellement absorbée à observer les bambins que Madame Fenyang me fait légèrement sursauter alors qu'elle venait m’aborder.

            - Mon fils m’a parlé de ton souhait et j’accepte volontiers que tu viennes donner des cours de pâtisserie aux petits. Je pense que ça leur ferait grandement plaisir. Je fournirai tout dont tu auras besoin, extensibles comme ingrédients. D’ailleurs, je te solliciterai aussi pour quelques cours personnels. Tu seras rémunérée pour le service.
            - Non, pas la pei …
            - J’y tiens ! Insiste la belle Marie. Bon, les devoirs m’appellent alors je te dis à bientôt … Eva. Si besoin, n’hésite pas à me contacter directement. Le bonjour à ta grand-mère et ta maman de ma part.
            - Je … je ne manquerai pas de leur transmettre le message ! Fais-je d’une voix intimidée tout en se courbant bien bas telle une servante s’inclinant face à sa Maîtresse.

            Je suis loin d’être timide mais il m’arrive de l’être face à certaines personnes comme maintenant. C’était fort étrange mais jusqu’à présent seules des femmes avaient réussi à me mettre dans cet état vraiment embarrassant. Sans doute parce que mon être était plus enclin à se rabaisser face à une personne du même sexe que moi alors qu’il tenait à tenir tête à tous ces Messieurs.

            Mon comportement fait sourire Marie Fenyang comme la première fois que je m’étais inclinée devant elle.

            - Tu es vraiment drôle en plus d’être bien mignonne !
            - Je … Je vous remercie, bégaie-je face aux compliments alors qu’une fois de plus le rouge vient teindre mes joues couleur caramel.

            Je me redresse puis je regarde Madame Fenyang qui s’éloigne. Je me dirige ensuite dans la grande cuisine. J’attrape une boîte carrée en carton - avec le nom de notre établissement écrit joliment dessus - que j’avais pris soin d’entreposer en hauteur, hors portée des enfants. Je me mets ensuite en quête du Vice-Amiral que je ne mets pas longtemps à trouver en interrogeant les employés de l’orphelinat.

            Sans hésitation je m’approche de lui. Je me retiens de lui arracher le cigarette qu'il avait en bouche. Chose dont je ne me serais pas privé s'il était l'un de mes proches. Il m'arrive de boire mais jamais encore je n'ai essayé de fumer et je n'ai aucune envie de commencer. Rien que l'odeur que dégage cette chose me rebutait. Pour ne pas froisser le Vice-Amiral, je me retiens de lui montrer mon dégout bien que je sente la fumée nauséabonde me titiller les narines.

            - C’est pour vous, lance-je d'une voix sereine tout en tendant à deux mains la boîte.

            Celle-ci contenait une tarte aux pommes revisitée par moi-même. Les pommes de première fraicheur et de qualité avaient été arrosées de sirop de roses au rhum puis saupoudrées de sucre de canne avant d'être dorées à souhait au four sur une patte ni trop fine, ni trop épaisse. Ce qui donnait une tarte parfumée et au gout légèrement relevé. Celle-ci était très appréciée des adultes même par ceux qui n'étaient pas très friands de pâtisserie.

            - Je vous remercie pour tout Vice-Amiral. Votre mère a accepté que je vienne donner des cours de pâtisserie aux enfants et je suis certaine que vous y êtes pour quelque chose ... Je dois rentrer travailler. J'espère vous revoir très bientôt.

            Sur ce je m'incline légèrement puis, ne tenant pas à partir comme une voleuse, je retourne vers la cantine pour dire au revoir à l'ancienne Directrice de l'ancien orphelinat et aux enfants …
              - « Où tu vas comme ça ? »

              Sans me gêner une seule seconde, je retins la jeune callipyge par l’épaule, tout sourire. En plus d’être bien gaulée, -La vue de son popotin m’arrachait à chaque fois des frissons, or Dieu seul sait que j’en ai vu passer, des croupes aussi saillantes- elle était carrément marrante. Sans même sonder son esprit à l’aide de mon haki, j’avais compris ce à quoi elle avait pensé juste avant de m’adresser parole. Il est vrai que l’odeur de la cigarette pouvait incommoder des gens, ce pourquoi j’avais vite fait de cracher mon mégot par terre avant de l’écraser. Bien entendu, les senteurs de tabac persistaient encore, mais elle allait s’y faire, le temps que je puisse lui parler. Je finis alors par la retourner vers moi avant de lui offrir mon plus beau sourire, puis je tirai gentiment l’une de ses joues comme s’il s’agissait d’un enfant, ce qu’elle devait être quelque part si l’on faisait fi de son corps incroyablement voluptueux. Je finis par lâcher sa joue avant de l’admirer en silence. Elle était vraiment jolie. Et puis, maintenant que la vieille l’avait vu, même si je le souhaitais, je ne pouvais plus la foutre dans mon lit à moins d’envisager une histoire sérieuse. En gros, elle était assurée de ne pas être une énième de mes « victimes ». Quelque chose du genre.

              - « J’aimerais mieux te connaitre. En dehors du cadre du travail. Un moment entre connaissances ou camarades, si on peut dire ça comme ça. »

              J’aurai bien voulu ajouter : « T’inquiète, j’veux pas te draguer », mais je restais un homme, d’autant plus qu’avec moi, tout pouvait arriver. Je finis par pouffer de rire avant de cogiter rapidement. Un diner ferait sans doute jaser dans le coin. Si ma réputation était déjà foutue à ce niveau, j’avais pas envie que la gamine en face de moi se trimballe avec une étiquette sur la tête. L’inviter dans mes quartiers pourrait avoir le même effet quand j’y pense. Ce serait même pire. C’était dommage, parce que j’étais un bon cuistot. J’aurai pu lui faire gouter l’une de mes recettes. Le mieux était d’oublier cette idée. Du coup, c’est tout en l’admirant sous toutes ses coutures, en silence, que je réfléchissais à ce qu’on pourrait faire ensemble. Et là, je me souvins qu’il y avait un festival traditionnel dans la ville demain soir. Avec tous les stands qu’il y allait avoir et toutes les activités ça et là dans la ville, peu de personnes nous remarqueraient. Dans cette ambiance festive, c’était clairement le meilleur moyen de la connaitre. De briser les barrières de la classe sociale aussi. J’étais un noble et qui plus est, un vice-amiral, mais je me comportais comme Monsieur tout le monde. J’ai jamais vraiment été fait pour les us et coutumes de la haute. Pas mon truc…

              - « J’espère que t’as rien prévu pour le festival de demain soir. Je passerai te chercher chez toi vers sept heures du soir. T’as intérêt à pas me faire poireauter ! »

              Ni à refuser d’ailleurs. Puisque c’est sans attendre son avis que j’avais disparu comme par magie de son champ de vision. Ce n’était pas du soru, mais de la vitesse pure qu’une personne de son niveau assimilerait à un tour de magie ! C’était ça, que d’être fort ! J’étais allé me planquer vers un bâtiment inachevé, histoire de déguster tranquillement les délices qu’elle avait préparé elle-même. Un vrai régal ! Elle ferait une merveilleuse femme la gamine ! J’étais pas porté sur les pâtisseries, mais je devais avouer qu’elle se surpassait ! Je bouffai toute la tarte en un clin d’œil, avant de me barrer définitivement de l’orphelinat pour ne pas qu’elle me retrouve histoire de décliner mon invitation. Y’avait pas moyen qu’elle se défile. Je la voulais à mes côtés pour demain soir et je l’aurai coûte que coûte. Ce n’était rien qu’une simple soirée entre connaissances après tout. Mais ce n’est que lorsque je fis à l’entrée de Nanohana que je me crispai. Si je connaissais son lieu de travail, je ne savais pas vraiment où elle habitait précisément. Mais bien vite, je haussai les épaules. Il ne me suffirait que de capter « sa voix » à l’aide de mon haki pour la retrouver. Je pouvais aussi me renseigner et avec sa joliesse, j’étais sûr et certain qu’elle était plutôt bien connue…


              ***


              Le lendemain soir, j’étais dans les ruelles déjà animées. Ruelles bondées d’ailleurs. Tout le monde avait à cœur de faire la fête. Il faut dire qu’hormis la capitale et Rainbase, cette ville était un endroit où il faisait bon vivre. Je la préférais à la capitale d’ailleurs. Elle était un peu plus traditionnelle, avec le faste et la technologie qu’il faut pour une cité de son genre. Le juste milieu en somme. La gente féminine était aussi incroyable. Les danseuses et serveuses qui bougeaient ça et là avaient l’art de me faire tourner la tête. Ceci dit, je n’avais pas le droit de succomber à la tentation puisque j’avais un rencart imposé. Et puis, comme compagne d’un soir, Eva valait largement la peine. Elle était belle et pleine de vie. Elle avait un côté garçon manqué, mais cela ne gâchait pas du tout son charme, surtout qu’elle avait des formes affriolantes qui m’émouvaient tout de même. Les gamines étaient bien précoces de nos jours. J’eus un sourire, avant de me fier à sa voix et j’arrivai devant une jolie maison pas très loin de la boutique des Langorat. Je sonnai alors en espérant qu’elle viendrait ouvrir d’elle-même. Mais en attendant qu’elle vienne, je réajustai ma chemise blanche sur mes épaules –que je n’avais pas boutonné vu la chaleur ambiante- ainsi que mon jeans.

              Tenue relaxe, sourire aux lèvres… J’étais paré pour passer une bonne soirée avec elle.
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              Apple Pie #7

              Alors que je m'apprête à prendre la parole, le Vice-Amiral disparaît comme par magie. Se demandant si je n'avais pas rêvé, je reste un moment à fixer le vide tout en me frottant telle une gamine ma joue qui s'était faite pincé. Quelques secondes s'écoulent puis je décide à reprendre mon chemin en direction du réfectoire où je fais mes au revoir aux enfants ainsi qu'aux employés de l'orphelinat qui trainaient dans le coin. Sans oublier de les informer de ma venue prochaine. Chose qui ravit plus d'un et pas seulement les enfants dont certains ne voulaient pas me lâcher.

              * * *

              - Tu crois vraiment que c'est raisonnable, Eva ? Je sais bien que tu admires cet homme mais sa réputation avec les femmes risque de nuire à ton image ! Je sais qu'il ne te touchera pas sans ton consentement et je suis certaine que tu ne te laisseras pas embobiner par son charme mais tout de même, cela pourrait faire courir des histoires si tu t'affichais seule en sa compagnie.
              - Je m'en fiche de ce que pourraient bien penser les gens ! Vice-Amiral Fenyang est un homme bien. Je n'ai aucune honte à m'afficher avec lui … Hi hi ! Je vais rendre jalouses ces pouffiasses si elles nous voyaient.

              Rien que l'idée de voir la tête que ferait Esmaella et Shara en me voyant aux côtés de l'homme qu'elles convoitaient m'arrache un sourire niais qui n'échappe à ma grincheuse de grand-mère.

              - Et voilà ! Elle en pince déjà pour ce coureur de jupons ! Lâche la vieille bique croyant que le sujet de ma jubilation était le Vice-Amiral. Elle va finir par nous donner un bâtard, elle aussi !

              Se sentant visé parce qu'elle m'avait eu avec un homme qui ne s'était pas préoccupé d'elle et qui n'était même pas au courant de mon existence, ma mère reste silencieuse.

              - Tais-toi vieille bique ! Râle-je. Je ne suis pas une bâtarde ! Me retenant l'envie de lui balancer un gâteau à la figure, je me dirige vers la sortie.
              - Tu vas où Eva ?
              - Je rentre chez moi ! Lâche-je d'une voix teintée de colère sans même me retourner.
              - Maman, je t'avais demandé de ne plus évoquer ce sujet en sa présence. Elle souffre déjà assez de l'absence d'un père.
              - La faute à qui ?

              Tout en me dirigeant vers mon appartement que je louais pour pas trop cher à une connaissance de la famille depuis mes dix-huit ans, je bouillonne de rage. D'un violent coup de pied, je fais voler une bouteille vide qui trainait sur la route. Le récipient de verre se fracasse contre le mur d'une maison.

              Contrairement à ce que pense ma mère, ce n'était pas le fait d'évoquer mon père qui me mettait en colère mais que ma grand-mère l'abaissait au rang d'une trainée alors qu'elle avait accouché d'un homme qu'elle aimait profondément. Je sais que ma grand-mère avait poussé ma mère à m'avorter mais cette dernière avait refusé. Depuis, une sorte de tension s'était créée entre la mère et la fille sans pour autant qu'elles se détestaient. Il paraît qu'avant, elles étaient aussi proches que je le suis actuellement avec ma mère. C'est donc à cause de l'entêtement de ma mère à vouloir me garder que sa relation si fusionnelle avec sa mère avait été brisée mais pour moi, cela ne justifiait pas le comportement méprisant de ma grand-mère envers ma mère. Je m'en fiche si elle s'acharne sur moi mais je ne supporte pas qu'elle attaque ma mère.

              On me salue mais je ne réponds pas alors qu'habituellement, j'étais la première à leur dire bonjour. Comprenant que j'étais en colère, ils se taisent et restent à l'écart car ils savent qu'il ne faut pas m'approcher quand je rage. Je suis du genre à vider ma colère sur ceux qui tentaient de me consoler. Ceux qui me connaissent ont compris qu'il valait mieux me laisser seule quand je suis irritée.

              Lorsque j'atterris chez moi, je m'étais déjà calmée. C'est que la colère montait en moi aussi rapidement qu'elle retombait.

              Après une bonne douche, je me couche directement alors qu'il faisait encore jour.

              * * *

              Le lendemain, je me rends très tôt à l'établissement familial comme d'habitude pour aider à la préparation des pâtisseries du jour et à ouvrir la boutique. La tension était toujours palpable entre moi et ma grand-mère mais c'était devenue une routine à laquelle elle et moi étions habituées désormais. Cela ne nous empêchait de travailler ensemble car malgré tout on ne se détestait pas réellement. C'est juste qu'on n'arrivait pas à s'entendre comme devrait l'être une grand-mère et sa petite fille.

              Sur ma demande, ma mère m'autorise à finir plus tôt. Je me précipite alors chez moi pour prendre une douche et me changer pour la soirée que je m'apprêtais à passer avec le Vice-amiral Fenyang. Bien que j'aille me balader avec un homme très important, je me contente des accoutrements classiques dans lesquels je me sentais à l'aise : bermuda pas trop serré et débardeur de couleur unie dénué de motif que je rentre dans le pantalon avant d'enfiler une ceinture de faux cuire tressé avec des petits coquillages ici et là en guise d'ornements. Une fois habillée et sans le moindre maquillage, je me laisse tomber sur le dos sur le lit en attendant qu'il vienne me chercher. Il ne m'avait pas demandé mon adresse mais je sais qu'il saura me trouver. Après tout il n'était pas n'importe qui.

              La sonnerie ne met pas longtemps pour de retentir. Bondissant du lit, je me précipite pour aller enfiler une paire des scandales à la mode locale puis je me dirige vers la sortie. J'ouvre la porte que je referme dernière moi puis je me tiens face au Vice-amiral que je dévisage de la tête aux pieds sans me gêner.

              - Vous allez tourner la tête de toutes ces dames Vice-Amiral, plaisante-je, le sourire aux lèvres, comme si on se connaissait depuis belle lurette.

              Chez moi, la familiarité arrivait rapidement si elle n'était pas immédiate. Le temps que je me sente à l'aise avec la personne et je permettais déjà de lui parler comme j'en avais l'habitude après cela passait ou se cassait.

              - Je ne vous ai pas fait trop poireauté j'espère ?

              La réponse était pourtant bien évidente car j'étais sortie au moment même où il avait sonné mais j'avais balancé cette phrase par faute de ne trouver rien de mieux à dire. Ne pas savoir quoi dire ne m'était pas habituelle mais étrangement, une sensation de gêne s'empare de moi comme si mon être se rendait enfin compte que j'étais sur le point de passer un moment privilégié avec un homme que j'admirais. La peur de le décevoir me ronge tout doucement …
                Putain…

                Que m’étais-je dit. Intérieurement on s’entend. Parce que dit de vive voix, ça aurait vraiment fait vulgaire. Un peu trop. Si bien que j’étais resté baba devant elle. Magnifique la meuf. Vraiment magnifique. Si j’avais été un peu plus jeune ou un peu moins pervers, je l’aurai surement embarqué avec moi. Elle avait tout pour plaire. Le minois, les formes, l’allure, le code vestimentaire… Admiratif ? Ouais. Parce que des beautés naturelle comme ça, sans artifices, on en trouvait presque pas. Après, il fallait que j’arrête de rêvasser pour rien. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. J’eus donc un sourire en la reluquant sous toutes ses coutures. J’avais bien entendu son compliment qui m’avait fait sourire, mais je n’avais pas répondu, trop occupé à la reluquer. Et puis quelque part, elle était un peu moqueuse la gamine. Fallait qu’elle me rappelle tout le temps que j’étais un serial dragueur. Un peu comme un garde-fou pour me dire qu’elle n’était aucunement disposée à se laisser draguer, approcher par moi. Ce n’était clairement pas mon intention malgré l’effet qu’elle me faisait, mais je trouvais ça plutôt dommage. Je finis donc par soupirer, avant de lui prendre ma main et de l’entrainer avec elle et non sans lui dire ou plutôt répondre :

                - « L’attente en valait la peine. »

                J’eues un petit clin d’œil malicieux pour elle, histoire de la taquiner à mon tour. En vérité, elle avait dû guetter mon arrivée puisqu’elle avait été très réactive. C’est à peine si j’avais attendu plus d’une minute même. Et c’était plus que flatteur. Oui oui. Même pour le dragueur que je suis qui pouvait se targuer d’être sortie avec les plus belles filles de ce monde. Quoique les plus vilaines aussi. Et c’était quelque part ce qui me chagrinait la plupart du temps. Il y avait pas mal de putes à mon tableau de chasse, ce qui l’assombrissait quelque peu. Comme quoi, on peut être un grand homme et ne pas être parfait. Même si ma réputation à ce niveau ne me portait pas vraiment préjudice puisque j’étais relativement un homme bien ; il n’en demeurait pas moins que j’étais parfois gêné lorsqu’on me jetait mes manies de Casanova en pleine figure comme c’était le cas avec cette gamine. J’eus un autre soupir, puis je chassai toutes ces pensées de mon esprit pour me concentrer sur l’instant présent. Plus rien n’avait d’importance à part notre petite soirée. L’idée était maintenant de s’amuser, de manger un morceau et… De s’amuser ! D’ailleurs, j’avais sur le chemin, vu des stands plutôt pas mal qui pourraient intéresser la gamine :

                - « Allez viens ! J’ai vu un secteur assez distrayant. Je suis certain que tu vas apprécier les jeux proposés ! »

                La soirée promettait monts et merveilles. Nul doute que nous allions nous éclater ensemble.
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                Apple Pie #8

                À notre passage, les gens nous fixent et beaucoup font des messes basses. Comme je m’y attendais, marcher seule aux côtés du Vice-Amiral Fenyang allait faire fuser des histoires mais au lieu de prendre ma distance, animée par un désir de provocation bien enfantin, je décide de me rapprocher de lui. Alors qu'Alheïri avait les mains dans les poches de son pantalon, sans hésitation je glisse un bras dans le sien qui se trouvait de mon côté. Je lève ensuite le visage pour lui adresser un grand sourire, bien trop grand pour être naturel, qui l’invitait silencieusement à ne rien dire. Je ne le connaissais pas encore très bien mais je pense qu’il aurait préféré que je ne prenne pas ce genre d’initiative qui pourrait, non qui allait, aggraver la situation. Dans les regards qui nous suivent, j’arrive à lire les pensées de ceux qui nous regardent : « elle est tombée dans les bras du Fenyang ! », « je savais que c’était une trainée cette fille ! », « il n’a pas honte de sortir avec une telle gamine à son âge ? » …

                Au lieu de baisser la tête, je fixe devant moi fièrement. Après tout, je m’étais mise dans cette situation volontairement. Je m’amusais même à saluer de ma main libre ceux qui étaient clairement en train de nous cracher intérieurement leur venin. Qu’ils parlent donc ces idiots. Les critiques des inconnus me passent par-dessus la tête. J’accorde de l’importance qu’aux reproches de ceux que je juge aptes à me réprimander, comme ma mère ou mes amis.

                J’en ai cure de mon image qui était d’ailleurs déjà bien souillée. En effet, je suis considérée comme une mauvaise graine par beaucoup dans le coin, à force de me retrouver mêler à des bagarres dont certaines m’ont valu quelques séjours en prison. Les conséquences de mes initiatives d’appliquer ma propre justice. Chose qui pouvait être sévèrement puni lorsqu’on touchait à des êtres bien placés dans la société même si ceux-ci s’avéraient être des véritables déchets de l'humanité.

                - Qu’ils jasent donc ces cons ! Finis-je par exprimer à vive voix et dans un naturel dont je savais si bien faire preuve avant de lever de nouveau la tête pour capter le regard du Vice-amiral. J’espère que vos maîtresses ne vont pas me caillasser quand je vais devoir me balader seule ! Ajoute-je avec le sourire qui prouvait que mes propos n’étaient point un reproche mais juste une nouvelle taquinerie bien gamine de ma part.

                Tels des amants nous nous avançons dans la foule qui ne cessait de grossir. Étant une habituée du festival qui avait lieu chaque année et que je ne manquais jamais dès plus mon jeune âge, je sais où se situent exactement les stands qui m'intéressent mais aujourd'hui, je laisse mon "compagnon de soirée" m'amener là où il veut. Après tout, ce soir j'étais son "invitée".

                Après avoir dépassé plusieurs stands sans s'arrêter, je finis par me décrocher du Vice-amiral alors qu’ils nous avaient mené auprès d’un stand qui me convenait. Enfin, je ne sais pas s’il voulait m’amener là ou plutôt vers le kiosque à barba à papa juste à côté ou encore au stand où fallait miser entièrement sur la chance pou gagner un bon lot car il suffisait juste de tirer sur une ficelle au hasard pour savoir ce qu'on avait gagné mais je me dirige vers celui qui proposait de faire tomber des canettes avec des balles. J’adore les jeux qui recourent à l’adresse, notamment ceux qui demandent de la dextérité en tir.

                - Je me demandais justement quand tu allais venir me dévaliser Eva, lance avec gaieté l’homme dans la cinquantaine qui tenait le stand que j’approchais.

                J'accueille les propos avec le sourire avant de saluer celui qui venait de m'adresser la parole. À force de venir chaque année m'amuser sur les mêmes stands, j'ai fini par développer des relations plus ou moins amicales avec certains forains comme ce bon vieux Wassin que j'ai connu avec moins de cheveux blancs.

                Je paie pour avoir mes balles et en quelques minutes je me retrouve avec trois peluches géantes après avoir enchainé des "strikes". J'arrête de jouer pour ne pas "dévaliser" mon ami Wassin. Je me rapproche ensuite du Vice-amiral à qui je tends la plus petite des trois peluches mais qui était tout de même grande par rapport à la taille standard des jouets du genre.

                - Tenez ! Cela vous fera un souvenir de cette soirée … ou de moi si vous préférez, fais-je avec le sourire tout en guettant la réaction du Grand homme.

                C'est que je commençais à bien aimer taquiner le Vice-amiral Fenyang avec qui je me sentais bien à l'aise malgré mon appréhension de départ …
                  Or, le problème avec les blagues et les taquineries, c’est que plus elles sont longues, plus elles sont ennuyeuses et plus elles peuvent engendrer des catastrophes. Il en fallait beaucoup pour me faire chier, personnellement. Mais les mêmes allusions à force, ça use. Même un peu. Et ça m’avait un peu fatigué au fil des minutes. J’étais un pervers et un queutard notoire. Quelle femme sur cette terre ne le savait pas si elle me connaissait un minimum ? C’était pas glorieux dit comme ça, mais c’était un fait ; et on avait l’art de me pardonner mes péchés puisque je me rattrapais bien en défendant la veuve et l’orphelin et en redressant les torts quand il le fallait. Seulement, me le prendre tout le temps à la gueule… Mouais. Ça frisait une certaine tension. Je voyais bien qu’elle ne voulait pas se faire embobiner. Etait-ce cependant la meilleure façon de se protéger ? J’en doutais fort, d’autant plus que beaucoup d’autres pervers auraient vu ces signaux comme des appels francs. Mais passons. Là n’était pas le plus important et je n’allais pas trop m’en formaliser. Le plus inquiétant par contre, c’était mes quelques maitresses qui m’avaient vu me pavaner avec la gamine à mon bras ainsi que ses propres soupirants. Ce n’est pas parce qu’on a un style à la garçonne et qu’on est une tête brulée qu’on n’attire pas des mecs. Bien au contraire. Tous les gouts sont dans la nature. Eva donc ne dérogeait pas à la règle. Et elle avait pas mal de mecs enragés à son cul.

                  - « Aah… Heu… Merci, c’est gentil ! Il est mignon en plus ! »

                  Ou plutôt à notre cul, disons. Si bien que je n’avais même pas suivi le jeu auquel Eva avait joué. Mon haki de l’observation avait été occupé à sonder l’esprit de ces rageux de la vie et j’avais passé la majeure partie de mon temps à soupirer. Je me demandais d’ailleurs si elle s’était rendue compte qu’elle avait pas mal de gars qui voulaient la foutre dans leur lit. Parce que oui, ils étaient nombreux. Nombreux à péter un câble. Et à me traiter de tous les noms alors que je n’avais rien fait jusqu’ici. Voilà bien l’inconvénient du mantra. Même en filtrant les pensées qui affluaient vers moi ou en essayant de ne pas me focaliser dessus, j’entendais tout et je sondais facilement le cœur de ces gens lambda. Mes maitresses aussi n’y allaient pas par quatre chemins. Si certaines rongeaient leur frein, d’autres pestaient carrément à voix haute et ce n’était pas pour flatter la pauvre Eva, loin de là. En la matant, puis en regardant la peluche qu’elle m’avait offerte, j’en vins à me demander si j’avais eu la bonne idée de l’inviter comme ça, sans me soucier des conséquences. Autant je ne craignais rien, autant le cas de la gamine était carrément différent. M’enfin… Vu que j’avais repéré chacune de mes maitresses, il me suffirait de leur glisser un mot pour qu’elles ne fassent rien de con. Pour leur propre bien… Parce que je le sentais clairement, que la garçonne à mes côtés était suffisamment puissante pour les envoyer à l’hôpital. Ce qui ne serait pas pour arranger mon cas.

                  Mais en attendant… Il fallait que je me débarrasse de toute cette foule de jaloux qui nous suivaient de loin et de façon pas discrète depuis un moment. Ses soupirants comme mes maitresses. Leurs pensées négatives polluaient mon esprit et ça me saoulait plus qu’autre chose. J’étais venu passer du bon temps, pas subir ça quoi. Du coup, je pris les peluches de la gamine avant de les rendre au propriétaire du stand où elle les avait gagné : « On revient les chercher plus tard le vieux ! On repasse sous peu ! » Puis j’avais chopé la main de la gamine avant de l’entrainer dans la foule plus que dense. La fête battait son plein maintenant. L’objectif était de se fondre dans la masse, se faire complètement oublier, sauf que nos poursuivants n’en démordaient pas et ne nous lâchaient pas d’une semelle. La jalousie, c’était quelque chose quand même ! J’accélérai le pas en trainant la pauvre fille derrière moi et ce, sans lui fournir la moindre explication pendant une bonne quinzaine de minutes, mais quedal. Ils n’en démordaient pas. Au bout de la quinzième minute, j’en avais eu marre. J’aurai pu me retourner vers eux et leur montrer un regard dur pour qu’ils fuient, mais je n’aimais pas procéder par intimidation. De plus, j’avais compris que se cacher ou fuir n’était pas forcément la solution adéquate à ce problème. Il n’y avait plus qu’à enfoncer le clou. Et puis ce serait une bonne punition pour la gamine quand j’y pense. Qui s’y frotte s’y pique, comme on dit.

                  - « Viens par là… »

                  Je l’entrainai en dehors de la zone de la fête foraine, dans un couloir sombre, un peu à l’abri des regards, ce qui ne manqua pas d’alarmer nos différents poursuivants qui ne se gênèrent pas pour nous traquer, encore et encore. Cependant, ils tombèrent tous des nues lorsqu’ils nous virent enfin, seuls dans la pénombre, en intimité : J’étais penché vers elle, entrain de lui rouler une grosse pelle qui devait elle-même la surprendre. La cerise sur le gâteau, c’est que nous étions collés serrés comme il faut, avec mes grandes paluches plaquées sur son énorme croupe. Croupe avec laquelle je m’amusais d’ailleurs en la caressant, la secouant dans tous les sens et la pelotant parfois grassement. Et y’avait pas à dire : La gamine était extrêmement bien roulée. Je pouvais comprendre tous ceux qui l’avaient en ligne de mire. Après, ces gestes et cette initiative brisait un peu toutes les résolutions que j’avais prises, mais… Tant pis. J’étais pas connu pour savoir réprimer ce genre d’envies en tout cas. Alors que je la galochais toujours avec autant de passion sans lâcher ses formes ne serait-ce qu’une seule seconde, je fis usage de mon haki pour sonder les impressions environnantes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne fus pas déçu : Ils battirent tous en retraite. Mes maitresses étaient en pleurs, tandis que ses dragueurs étaient soit enragés, soit déçus et impuissants de ne rien pouvoir faire. Le plan avait marché : C’était ce qui s’appelait joindre l’utile à l’agréable.

                  Lorsqu’ils furent partis, j’arrêtai de l’embrasser et je libérai son opulent derrière de mes grandes mains calleuses, tout en la gardant blottie contre moi.

                  - « Je suis désolé… Mais je ne pouvais plus me retenir… »

                  Qu’avais-je dit, le tout avec mon sourire le plus craquant.

                  Et tant pis si elle ne me pardonnait pas ou si elle s’avérait déçue, abusée.

                  On ne vit qu’une fois.
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