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Abordage ingrat

Suite des événements joués ici.



***




Même avec un équipage entraîné convenablement, traverser Grand Line n'était pas une sinécure. En un rien de temps, des nuages d'une noirceur inquiétante avaient recouvert les cieux. Bien sûr, quelques secondes plus tard, des trombes d'eau se mirent à s'abattre sur l'embarcation sans nom des Blattards. Et que serait une pluie diluvienne sans son accompagnement de vents violents ? Tout l'équipage était sur le qui-vive.
Un matelot hardi s'essaya à l'escalade des cordages pour replier les voiles. Son courage ne fut pas récompensé puisqu'une puissante bourrasque le fît vaciller. Après avoir essuyé une chute de près de dix mètres où il atterrit sur le dos, le pauvre homme avait perdu connaissance.

Hélas pour lui, personne n'eut le temps de faire attention à son sort malheureux. La tempête demeurait la priorité des Blattards. Déjà, les vagues se faisaient bien plus menaçantes et le bruit du vent empêchait d'entendre quoi que ce soit à bord. Grite, le tigre qui accompagnait Joe depuis l'île maléfique avait eu le bon sens de se planquer dans la cabine du capitaine afin de poursuivre sa sieste.
Le capitaine lui, était sur le pont avec ses hommes. Dans ces conditions on ne pouvait épargner une paire de mains supplémentaire.

- Capitaiiine !

On lui hurla dans les oreilles, et pourtant, ce qui se disait était à peine audible malgré tout. La situation avait des allures de cataclysme et la météo ne semblait pas disposée à se calmer.

- Il faut à tout prix défaire les voiles !

Grinçant des dents, fronçant les sourcils, le visage hargneux, Joe pestait en son for intérieur. L'embarcation tanguait tellement qu'il ne pouvait se résoudre à tenter d'escalader des cordages de toute manières humides et glissants, pareille entreprise aurait relevé du suicide le plus absurde.

- Est-ce qu'il y a quelqu'un en vigie ?!

Gueulant à s'en déchirer les cordes vocales lui aussi pour se faire entendre, le matelot qui était venu l'apostropher acquiesça. Là haut, recroquevillé dans son petit poste de vigie, Antal priait pour que le mât ne se brise pas sous la puissance des vents. Cela risquait d'arriver si la voile restait dépliée.
Ayant une idée, le cafard rageait de ne pouvoir la faire partager à la vigie dont le rôle était crucial pour ce plan.

- Trouve-moi une corde et quelque chose de lourd pour la lester !

Message reçu par le matelot qui s'engouffra dans la cale du navire afin d'obéir à son capitaine.
Une main accrochée à la visière de sa casquette pour ne pas qu'elle s'envole, le capitaine chercha son second du regard. Ce dernier était à la barre et tentait de manoeuvrer tant bien que mal contre les intempéries qui s'acharnaient sur eux.
Penché en avant, faisant face au vent, il fallut un certain temps pour que le cafard ne parvienne à l'atteindre.

- Zujo ! Délègue ton poste à un homme d'équipage, je vais avoir besoin de toi !

Après que les deux compères aient discuté des dangers de laisser la barre entre les mains d'un novice, Joe lui fit comprendre qu'ils n'avaient pas le choix. Tous deux retournèrent au centre du pont à attendre que l'homme d'équipage de tout à l'heure ne revienne avec le matériel demandé.
Pendant ce temps, le forban fit un tour dans sa cabine, bouscula le tigre qui s'était affalé au milieu de la pièce et rédigea une note qu'il plia dans le creux de sa main. De retour sur le pont où la pluie était aussi forte que jamais, l'homme qu'il avait dépêché était de retour avec une corde et un petit boulet de canon.
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À bord, le plus puissant physiquement était de loin Zujo capable de soulever plus d'une demi tonne à mains nues. C'est pour cela qu'il avait été l'homme de la situation choisi par le capitaine. Ce dernier se saisit du boulet de canon, y noua la corde autour et glissa le petit bout de papier griffonné sous le noeud. Pointant la vigie du doigt, Joe hurla après son second.

- Il faut que tu envoies ce foutu boulet jusqu'à l'intérieur du poste de la vigie ! On n'a aucun moyen de se faire entendre à cause du bruit du vent, mais on a besoin de lui. Je lui ai écris un mot comme quoi il devait se saisir d'une extrémité de sa corde afin de l'enrouler autour du sommet du mât et de hisser la personne qui sera en bas, la corde attachée autour de sa taille, pour qu'elle détache la grande voile.


C'était la seule manière de s'assurer que celui en charge de détacher les voiles ne chute pas à son tour. Le chasseur rechigna à l'idée de jeter le boulet en l'air de peur d'assommer Antal qui là haut, était recroquevillé pour ne pas être ballotté par le vent.

- C'est risqué capitaine !

Lui administrant une solide tape sur l'épaule, Joe trouva les mots justes.

- Si on n'aimait pas le risque on ne serait pas sur Grand Line !

Son plan exposé, le cafard alla relever l'homme qu'ils avaient laissé à la barre tandis qu'on s'occupait de se débarrasser de la grande voile qui, ainsi gonflée par la tempête, manquait de faire chavirer le navire.
Zujo souffla, boulet de canon en main, il le fit s'envoler pour atteindre le poste de la vigie. Son tir fut on ne peut plus précis, mais le vent repoussa le projectile qui retomba violemment sur le pont creusant un trou. Reprenant son calme, le second du capitaine respira et recommença. Cette fois, il avait visé juste, en attestait le cri de douleur d'Antal qui avait reçu le boulet sur le pied.
Il avait fallu lui jeter un boulet de canon dessus pour attirer son attention. Penché par dessus son poste, il vit en bas le chasseur qui lui fit signe de lire le bout de papier. Ceci étant fait, la corde fut solidement nouée autour du plus haut point du mât, juste en dessous du Jolly Rouge qui claquait violemment sous le vent.
Zujo attacha l'autre extrémité de la corde à l'un des hommes d'équipage qui, hissé par Antal, parvint enfin au niveau des voiles et détacha à la hâte le cordage qui les retenait. Ce serait un long travail que de les remettre en place, mais au moins, ils étaient débarrassés d'un problème majeur.

Tenant la barre, le cafard constata que son plan avait été convenablement mis à exécution, cela lui ôtait une épine du pied. Toutefois, les Blattards n'étaient pas au bout de leurs peines.

- Capitaiiine !

Encore une fois on lui hurla dessus pour attirer son attention. Le même homme qui avait été lui ramener une corde et un boulet de canon était de retour pour lui annoncer une mauvaise nouvelle.

- Il y a une brèche dans les dortoirs !

Le contraire eut été étonnant, d'ailleurs Joe ne haussa même pas un sourcil suite à cette nouvelle. Accoutumé aux emmerdes, ceux-ci étaient le lot de sa vie quotidienne, il avait appris à vivre avec.

- Va dire à Zujo de reprendre la barre ! Je t'accompagne en bas !

Tout le monde s'agitait à bord. On se décida enfin à traîner le matelot ayant fait une chute jusque dans les cuisines pour le mettre à l'abri et que personne ne marche dessus. La voile avait été roulée en boule puis déposée avec désinvolture dans le débarras de la cale. Personne n'avait le temps de faire quoi que ce soit convenablement, c'était une situation d'urgence.

S'étant un instant demandé comment une brèche avait pu s'ouvrir dans la coque, le forban comprit très vite en observant avec quelle vitesse les vagues s'écrasaient contre le vaisseau. La coque n'étant pas renforcée, elle ne pouvait subir de telles avaries bien longtemps.
N'étant pas un expert en travaux manuels, Joe s'engouffra dans la cale pour traîner ses guêtres jusqu'aux dortoirs. Un capitaine se devait d'être sur tous les fronts.
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On savait que la situation se présentait mal lorsqu'à peine engouffré dans les étroits couloirs en dessous du pont du navire, on pataugeait dans la flotte. Accélérant le pas, précédé par son homme d'équipage, le cafard arriva enfin jusque dans les dortoirs où seulement trois hommes essayaient de colmater les fissures dans la coque.

- On va être à court de matériaux capitaine !

Sans même un mot, Joe leur tourna le dos et alla dans la remise. Effectivement, les planches commençaient à manquer. Qu'à cela ne tienne, le forban se saisit de trois haches, retourna dans le dortoir et les jeta aux pieds de ses hommes.

- Découpez les lits, les tables, tout ce dont vous avez besoin. Si dans un quart d'heure vous n'êtes pas parvenu à changer la donne, le dortoir sera considéré comme condamné et il faudra sceller la pièce.

Ayant bien compris leur capitaine, tous hurlèrent "Hay cap'taine" et se mirent au travail. Tandis que les uns colmataient encore les brèches du mieux qu'ils pouvaient, les autres s'attaquaient au mobilier à la hache pour obtenir davantage de matériaux. Il fallait faire avec les moyens du bord.
Cette situation plus ou moins sous contrôle, Joe retourna sur le pont pour voir comment s'annonçait la suite des événements.
Malgré les intempéries monstrueuses, le pire semblait derrière eux en terme d'avaries. La voile tombée, le plus gros de leurs soucis avait été résolu.

De mémoire, il semblait au cafard avoir vu un homme blessé traîné plus tôt en cuisine. Il s'y rendit. La faible luminosité dans la pièce l'empêcha de voir convenablement. De ce qu'il pouvait apercevoir, un homme était allongé à même le sol tandis qu'un autre agenouillé était perché au dessus à sangloter.

- Pas le temps de chialer mon salaud ! Retourne filer un coup de main aux autres.

Reniflant comme un morveux qui essayait de se remettre d'une crise de larmes, le matelot hoqueta.

- On... On pourrait au moins l'allonger sur un lit dans le dortoir ?

Ne voulant pas paniquer tout son équipage, Joe se retînt de lui dire ce qu'il était en train d'advenir des dortoirs. Néanmoins il ne pouvait pas laisser un de ses hommes à l'agonie crever dans une cuisine.

- Amène-le jusque dans ma cabine pour le foutre dans mon lit. De toutes manières, sans médecin à bord, c'est le mieux qu'on puisse faire.

Réjoui, celui qui semblait être l'ami du blessé obtempéra. Le forban le devança pour sortir Grite de la cabine et le conduire en cuisine. Sans cesse au four et au moulin, il espérait bien voir le bout de toute cette agitation sous peu.
Essuyant d'un revers de la main toute la pluie qui s'était abattue sur son visage, cela ne servit pas à grand chose puisqu'à peine retourné sur le pont, il fut trempé en un rien de temps.
Des cris à peine audibles pouvaient être vaguement perçus à tribord.

- Un homme à la mer !

Fatigué de tout ce tumulte, sans même la moindre empathie pour son matelot passé par dessus bord, Joe enleva sa casquette, se passa la mains dans ses cheveux trempés pour les plaquer en arrière puis alla grossir les rangs de la petite troupe.

- Lancez-lui une corde bordel !

Évidemment, les hommes à bord avaient eu ce premier réflexe. Cependant, le vent les éloignait tellement de leur camarade que celui-ci était hors de portée de la plus longue des cordes qu'on aurait pu lui jeter.

- Faites quelque chose capitaine ! Vous, vous savez flotter non ?!

Savoir flotter. Ils faisaient référence à sa ceinture de Ventio Dials qui lui permettait de voler dix centimètres au dessus de surfaces stables comme le sol meuble ou la mer. Mais cette mer-ci était déchaînée, s'y jeter eut été de l'inconscience pure.
Cela dit, laisser mourir un de ses hommes sans tenter quoi que ce soit alors qu'il en avait les moyens, c'était une forme de suicide plus lente. Devant le manque d'investissement de leur capitaine pour sauver un de ses hommes, un parfum de mutinerie finirait tôt ou tard par se faire sentir. Ce n'était pas par courage que Joe comptait agir, mais par calcul.

- Faut que je fasse tout moi même si j'ai bien compris ?!

Une fois défait de sa parka et sa casquette qu'il remis dans les mains d'un de ses hommes le voyant comme l'ultime espoir de leur camarade, le cafard prit sa respiration et plongea en activant ses Ventio Dials. Au loin, alors qu'il tenait la barre, Zujo manqua de perdre contrôle du navire tant cette forme de bravoure ne ressemblait pas à son capitaine.
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Qu'avait-il été faire dans cette galère ? Propulsé par ses Ventio Dials, il fusait à une vitesse ahurissante sous l'eau, rivalisant aisément avec les hommes poissons. Mais si il était aussi vif qu'eux, il ne pouvait pas respirer indéfiniment sous l'eau. Tentant d'émerger à la surface pour reprendre son souffle tel certains mammifères marins, il manqua de boire la tasse lorsque d'immenses vagues s'écrasèrent contre lui.

- Ah l'enculé !

C'était tout ce qu'il avait eu le temps de dire avant de devoir replonger. Le ciel était noir et observer quoi que ce soit sous l'eau était plus que compliqué. Néanmoins il avait fini par entendre les cris de détresse de son matelot.

- Tu vas voir toi quand on sera à bord....

Ces paroles, Joe se les adressait à lui même chaque fois qu'il revenait à la surface pour prendre une bouffée d'air. Cet homme tombé à la mer, il comptait bien s'acharner sur lui une fois de retour à bord. En se faisant avaler par les flots comme il l'avait fait malgré lui, le Blattard avait mis son capitaine dans une situation compliquée, le forçant à se jeter à l'eau pour conserver l'estime de l'équipage et ne pas risquer une mutinerie à venir.

- Je te tiens salopard !

Le pauvre homme avait manqué de se faire dessus lorsque son capitaine surgit de sous l'eau, bondissant tel un prédateur marin poussant un cri strident. Sans discuter d'avantage, Joe agrippa le matelot par le col et retourna en direction du navire qui s'était déjà pas mal éloigné. Alourdi par sa prise, le cafard ne fusait plus aussi rapidement, mais suffisamment vite pour rattraper son embarcation.

- Corvée de latrines pour un mois ! Je vais t'apprendre à passer par dessus bord moi !

Quelque peu sonné par ces événements malheureux, l'homme remercie son sauveur malgré le supplice que ce dernier lui annonçait une fois de retour.

Seulement, le voyage de retour ne se passa pas si bien qu'à l'aller. Propulsé par ses Ventio Dials, le cafard ne pouvait semer le requin vindicatif qui les talonnait à moins de lâcher sa prise. Il réfléchit à cette éventualité un instant, se disant que malgré tout, il aurait au moins prouvé à ses hommes qu'il avait essayé de sauver le malheureux matelot.
Cependant, réfléchissant au fait qu'après avoir tué un de ses hommes sur Strong World en guise de punition, et avec le blessé grave qui sommeillait dans sa cabine, perdre un troisième homme en si peu de temps ne l'arrangeait pas trop. Encore une fois, le cafard n'agissait que par pur calcul.

- Il est temps de tester ma nouvelle arme !

Se saisissant de sa prise de la main gauche, il brandit la droite. Au creux de celle-ci, attaché par des bandages, un Thunder Dial se dévoilait. Joe comptait bien calmer le squale d'un bon coup électrisant.

- C... Capitaine... Trempé comme nous sommes,l'électricité risque de nous toucher aussi.

Ça, le forban n'y avait pas pensé. Bras tendu, ne sachant pas quoi faire, la bête fonçait vers lui. Désarmé, sans le moindre moyen de se défendre, le cafard hurla à la mort s'apprêtant à abandonner son homme d'équipage pour prendre la tangente.
Mais un harpon transperça le crâne du requin.

Au loin, Zujo s'était inquiété pour son capitaine et l'avait gardé à l'oeil durant tout le long de la traversée. En bon chasseur, il s'était occupé du squale inconvenant, projetant son arme à cinquante mètres de distance.
Enfin de retour au navire, on les accueillit avec une corde. Joe l'enroula autour de sa taille, tenant son matelot sous les aisselles, et ils se firent tracter à bord, essuyant les vagues violentes qui s'écrasaient sur eux durant l'ascension.

On se rua autour d'eux, acclamant le "brave" capitaine Joe, en réalité parti secourir cet homme d'équipage uniquement par intérêt. Zujo s'approcha à son tour du cafard lui tendant une bouteille de gnôle.

- Cet élan de bravoure capitaine, je me trompe si je dis que tu ne l'as pas fait par pure gentillesse gratuite ?

D'une geste sec, le forban hargneux s'empara de la bouteille et en bu une petite gorgée pour se réchauffer.

- Évidemment... Avec moi, rien n'est jamais gratuit !

Le vent commençait à faiblir.
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Tout le monde à bord était exténué. Se reposant à même le pont, les membres d'équipage soufflaient un instant, ils étaient arrivés à la fin d'un long calvaire. Enfin les cieux étaient passés du noir au gris et le vent s'était calmé. Seule la pluie subsistait, mais avait nettement perdu en intensité.
Pourtant, malgré cette accalmie, le travail à bord ne cessait jamais.

Joe et son second discutèrent avec ce qui se rapprochait le plus d'un médecin à bord : le cuisiner. Olaf avait travaillé en boucherie étant jeune et était celui qui connaissait le mieux les principes anatomiques à bord. Ayant en plus fait l'armée, il maîtrisait les premiers secours. Tous trois se tenaient en face de la cabine du capitaine où se reposait l'homme ayant chuté du haut des cordages peu de temps après que la tempête ne se soit levée.

- Ch'suis pas toubib, j'peux pas l'soigner. Tout c'que j'peux vous dire, c'est qu'Ran r'ssent pu rien en d'ssous d'la ceinture, et ça, s'pas bon du tout.

Un handicapé à bord, cela faisait tâche. Aussi soudés pouvaient être les pirates, un homme incapable de se mouvoir à bord était considéré comme une bouche inutile. Il faudrait se défaire de Ran bien assez tôt, et la piraterie n'assurait pas la moindre forme de retraite à ses anciens membres. Les séparations s'annonçaient difficile.

- Bon, j'retourne en cuisine. C'te putain de tigre a foutu l'bordel à l'intérieur, faut que j'range tout.

Grite était retourné en poupe du navire sur les planches humides afin de reprendre sa sieste avec davantage d'ardeur.

- Zujo... quand un animal souffre...

Le cafard fit doucement glisser son mousquet en dehors de son anorak. À cette idée, son second déglutit. Il savait quel être sournois était Joe et s'en accommodait parfaitement. Mais ces hommes à bord, il les avait connu longtemps avant son capitaine et avait tissé de solides liens d'amitié avec eux. Se résoudre à tuer Ran pour épargner des adieux difficile ne lui convenait pas.

- N... non. Je lui en parlerai quand on sera arrivé sur Shabondy. En attendant s'il te plaît ne lui fait rien.

Sans s'en soucier davantage, le cafard haussa les épaules et rangea son arme.

- Ton problème, ta responsabilité. Je m'en lave les mains.

Impitoyable, Joe descendit en cale pour retrouver les dortoirs et constater les dégâts tandis que Zujo restait debout devant la cabine, anéanti.
Sous le pont, la brèche avait été colmatée. Seule une table avait suffit pour combler le manque de planches.

-nY'a plus rien qui coule ?

Un homme resté dans le dortoir, se reposant sur un matelas humide sursauta en entendant son capitaine entrer comme le diable en ces lieux.

- Hein ? Ah oui ! Euh non capitaine ! Tout est sous contrôle. Ce sera pas long à réparer une fois à quai.

Tout semblait s'arranger. Excepté pour le pauvre Ran dont Joe se foutait éperdument. La situation à bord s'étant calmée, le cafard ne comptait pas laisser ses hommes se reposer de ci-tôt. Le plus longtemps ils se laisseraient bercer par le flot, plus ils risquaient de prolonger leur séjour en mer, s'exposant ainsi à d'autes excentricités météorologiques.
On s'affaira alors à réattacher les voiles qui avaient dû être descendues en urgence. En cale, on épongeait à la flotte, on écopait, et on faisait du rangement.
Pendant ce temps, Joe était allé trouver son navigateur qui remettait le débarras en ordre.

- À quel point on s'est éloigné de la trajectoire ? Il nous restait moins de trois jours avant d'arriver sur Shabondy, je dirais qu'on a perdu une journée supplémentaire grand maximum.

Une journée de plus, c'était ce qu'il craignait. Les provisions suffiraient largement, mais il avait hâte d'être à quai pour réparer ces modestes brèches qui, même colmatées l'inquiétaient. La dernière chose dont il avait envie c'était de devoir atteindre Red Line à la nage. Tapotant l'épaule du navigateur, il retourna à la surface observant plusieurs de ses hommes attroupés à tribord.

- Qu'est-ce que vous avez à tirer au flanc ?! Vous croyez que le bateau va se manoeuvrer tout s....

Comprenant enfin le sujet de la dissipation de son équipage, sa mâchoire manqua de se décrocher. Se ressaisissant assez vite, il sourit de toutes ses dents arborant un regard pour le moins sinistre.

- Tout le monde à son poste, préparez vous à l'abordage !

Au loin, une frégate sans le moindre canon venait de croiser leur chemin. Leur mât d'artimon était brisé, ils avaient manifestement subi certaines avaries occasionnées par la tempête. Une proie comme celle-ci, ils n'étaient pas prêts d'en revoir une de ci-tôt.
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Après la morosité induite par la malheureuse tempête, le moral était à nouveau au beau fixe. Rien de tel que l'appel du pillage en mer pour stimuler des flibustiers. Tel le sang qui rendait les requins frénétiques dans les eaux sombres de la mer, l'or était une promesse qui stimulait bien des ardeurs chez tout pirate qui se respecte.
Déjà on s'activait à s'équiper.

- Oubliez les armes à feu, avec la pluie qu'il y a, ça ne nous servira à rien.

Cette remarque, Joe se l'adressait à lui même. Pas de mousquet à triple canon pour cette fois. Pas de Thunder Dial non plus, trempé comme il était, c'eut été un suicide pour le moins ridicule. Si ce n'est son canon portatif miniature équipé d'un Jet Dial et ses quatre Impact Dials dans la doublure de ses manches de manteau, il n'irai pas bien loin.

- Capitaine ! C'est un navire de plaisance ! Ils vont rien voir venir !

Navire de plaisance, cela signifiait en effet peu de personnel de sécurité à bord. Les pauvres avaient dû s'égarer de leur route maritime faute de la météo qui avait dû les faire chavirer. Le simple fait que la frégate ne tente pas de s'enfuir en voyant un pavillon de pirate signifiait que leur gouvernail était touché. Le malheur des uns faisait le bonheur des autres.

- Surtout ne faites pas tonner les ca...


BOUM BOUM BOUM


Soupirant à en vider entièrement ses poumons, Joe fut au regret de constater que déjà, la frégate avait trois beaux trous dans sa coque. L'eau s'y engouffrait abondamment. Sous le pont, le capitaine put entendre ses trois canonniers pousser des hurlements de joie. Ceux-ci précéderaient les hurlements de douleur issus de la torture que le cafard comptait leur faire subir.
Zujo parti d'un pas pressé sous le pont pour rejoindre les trois hommes et les avoiner comme il se devait. Certes, ils étaient de bons tireurs, mais maintenant que le bâtiment ennemi était sur le point de couler, les Blattards n'avaient aucun moyen de le rafler. Une prise en moins, et pas des moindre.

Mais si navire de plaisance il y avait, les mondains richissimes se devaient d'avoir apporté quelques effets. Le tout à présent était de piller tout ce beau monde avant que la frégate n'ait entièrement sombré.
Le chasseur revint avec les trois hommes à bout de bras qu'il jeta sur le pont. Il avait été particulièrement réactif.

- Vous m'êtes malheureusement trop utile pour que je vous bute. Aussi, vous pourrez vous asseoir sur la part du butin qui vous revient ce jour-ci. J'ajouterais à cela...

D'un signe de la main il demanda à un homme de s'approcher. Il s'agissait du rouquin au bandana qui avait peint l'insigne de leur drapeau. Pour l'occasion, il avait un couteau entre les dents.

- Toi. Coupe leur les petit doigts à chacun.

Surpris, pour ne pas dire terrifiés, les trois canonniers se crispèrent, mais Zujo les tenait trop fermement.

- Comme ça, vous pourrez continuer à travailler. Mais attention, au bout de cinq coups fourrés, ça va être plus contraignant pour vous hinhin.

Puisqu'il s'agissait d'un ordre du capitaine, le rouquin s'exécuta sans sourciller, posant à plat la main de chaque fautif sur le socle d'un tonneau, accomplissant sa sale besogne et jetant les doigts manquants à la mer. Olaf le cuistot s'empressa de leur amener un torchon sale à chacun pour contenir l'hémorragie. Sur le navire, la question sanitaire laissait cruellement à désirer.
N'ayant pas le temps de se soucier des trois fautifs, s'étant parfaitement fait comprendre par l'équipage en cas de manquement aux ordres, Joe  prit la barre.

- Soyez prêts ! Et surtout, ne tuez que ceux qui sont armés !

De la compassion ? Non. Une simple idée sordide qui venait de lui traverser l'esprit.
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Longeant la frégate qui était presque à l'arrêt, voiles déchirées, gouvernail détruit, les hommes, tels des chiens enragés bavaient presque devant cette opportunité de s'enrichir.
L'un des canoniers, une fois s'étant emparé d'un sabre regarda leur proie quelque peu intrigué.

- De loin leur bateau avait l'air plus grand.

Ses camarades le recadrèrent à coups de baffes dans le visage.

-nC'est parce que l'eau l'fait couler mongol !

Et une nouvelle série de frappes s'abattit sur la tête du pauvre canonnier qui essayait de se protéger tant bien que mal de sa main ne possédant plus que quatre doigts. Mais l'heure n'était pas à la dispute. Enfin suffisamment proches de la frégate, les hommes, aidés de cordages se jetèrent à bord comme des animaux sauvages. Une dizaine de gorilles à peine les attendait, le reste des personnes à bord se terrant dans leurs cabines.
Croulant vite sous l'essaim de Blattards qui fondait sur eux, les charcutant à coups de sabre, le personnel de sécurité, armé de mousquets inutiles une fois la poudre mouillée par la pluie, succomba rapidement.

Déjà, pas même deux minutes après l'abordage, on chanta les louanges du capitaine Joe Biutag débarquant à peine sur la frégate une fois la faible résistance écartée. L'abordage était terminé, le pillage pouvait commencer.
Sous le pont, les hommes fouillèrent de cabine en cabine. Joe était sans cesse sur leur dos à hurler de ne pas s'attaquer à ceux qui étaient désarmés. Nombreuses furent les tentations de l'équipage en tombant sur des jeunes filles fragiles. Seuls les coups de leur capitaine les dissuada d'y toucher.

- Amenez tout ce petit monde sur le pont.

Même si le cafard avait ordonné qu'on ne fasse pas de mal aux passagers et membres d'équipage, on ne prit pas de pincettes à les emmener à l'air libre.

- Capitaine, c'est tous ceux qu'on a trouvé. Y'en a peut-être d'autres planqués.

Soufflant des naseaux en pouffant légèrement, Joe avait tout ce qu'il désirait sous la main.

- Tant pis pour eux, la frégate sera sous l'eau d'ici peu. Allez me chercher des cordes et des menottes pour....

Pointant du doigt les malheureux passagers, il les compta un à un, jubilant un peu plus au fur et à mesure qu'il poursuivait sa comptabilité.

- Soixante deux personnes hinhin !

Ce petit rictus qui lui collait à la gueule chaque fois qu'il préparait un sale coup eut le don de causer quelques frissons parmi les prisonniers en devenir. Ceux-ci étaient serrés les uns contre les autres, littéralement encerclés par la vingtaine de forbans armés de sabres. Un instant, personne ne dit rien, seul le bruit de la pluie et le son de l'eau s'engouffrant dans les cales du vaisseau pouvait parvenir aux oreilles de l'assemblée.

- Bien, je vais pas faire durer le suspense plus longtemps. Vous avez l'honneur d'avoir été choisi par Joe Biutag pour constituer son premier stock d'esclave. Cela mérite des applaudissements.

Cela avait été dit en toute jovialité. Déjà, femmes et enfants se mirent à pleurer à chaudes larmes. L'esclavage était rarement une perspective joyeuse pour ceux qui allaient devoir porter les chaînes. Cependant, entre une noyade certaine et les fers, peut-être avaient-ils tiré la carte leur étant la plus favorable. Cela dit, ce n'avait pas été pour leur faire une faveur que Joe consentait à les réduire en esclavage tous autant qu'ils étaient. Il voyait déjà affiché au dessus de leur tête le prix de vente de chacun.

- Amenez-les sur le bateau. Attachez-les au mât, dans la remise, partout il y aura de la place. On a assez à bouffer pour les nourrir les jours à venir. Et puis, on a de quoi les engraisser de toutes manières !

Le cafard plongea sa main dans le petit tas de bijoux et autres liasses qui avait été amassé par les hommes. À vu de nez, il y en avait pour dix millions de berries. Un cinquième pour lui, la part du lion, ou plutôt celle du cafard, un dixième pour Zujo et le reste à se partager entre dix-neuf personnes moins les trois canonniers.

Alors qu'on s'affairait à se féliciter d'une telle prise et qu'on cherchait de la place sur la petite caravelle où entreposer soixante deux personnes supplémentaires, Joe restait penché les avant-bras sur la rambarde à tribord, observant la frégate couler à pic. Sans l'inconséquence de ses trois canonniers, il aurait pu obtenir un deuxième vaisseau pour ses affaires.
S'accoudant à ses côtés, son second, l'air plus grave que d'habitude apparut. Joe, regard rivé sur le bateau quasiment entièrement immergé tendit une liasse de billets au chasseur, ce dernier ne la saisit pas sur le coup.

- Ran est mort.

Laconique comme à son habitude, on pouvait néanmoins ressentir une pointe de tristesse dans sa voix. À cette nouvelle tragique, Joe, n'ayant pas la moindre forme d'empathie pour autrui, manqua de tact comme il savait si bien le faire.

- Je suppose que ça fera une plus grosse part pour le reste des hommes.

Sans rien ajouter, tous deux, silencieux, observaient la frégate qui sombrait dans les abysses jusqu'à disparaître totalement de leur vue. La victoire ne pouvait pas toujours être totale.
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