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Ne plus se faire marcher sur les pieds v2.0



Début Janvier 1626
Ne plus se faire marcher sur les pieds
Avec : Annabella Sweetsong | Lieu : Boréa | En cours

Le regard vague et le crâne appuyé contre le carreau, Egao observait d’un œil vitreux les flocons de neige tomber délicatement du ciel et rejoindre leurs nombreux camarades sur la terre givrée de Boréa. Perdu dans ses pensées, le jeune garçon repensait à cette fameuse nuit où Midnight Santana, la commandante de la 444ème division de la Marine — et accessoirement responsable de cette dernière sur l’île aux reflets de cristal — lui avait sauvé la vie. Avide d’aventure, le nordien s’était lancé sur les flots sans autre forme de réflexion et sa première traversée fut des plus catastrophique. Le blizzard l’avait surpris alors qu’il longeait les côtes de Boréa et la force du vent l’avait forcé à s’échouer non loin des mines des Boyettes. À bout de force et gelé jusqu’aux os, le garçon ne pensait pas survivre à la nuit si la commandante Santana ne l’avait pas trouvé à moitié inconscient dans la neige et ramené à la base de la Marine.

Depuis ce jour, Egao vouait une admiration sans limite à la guerrière, voyant en elle le modèle de vertu et de courage que représentait pour lui la Marine. Et c’est donc naturellement qu’il s’était mis à la suivre partout et à faire tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider.

Sa présence au sein de la base de la Marine n’avait pas tardé à intriguer les soldats et le jeune garçon se mit peu à peu à les aider dans leurs tâches quotidiennes. Il se rendait compte que quelqu’un le trouvant inutile ne tarderait pas à poser des questions sur la présence d’un jeune garçon parmi les soldats et Egao voulait à tout prix retarder ce moment. S’il était toujours en quête d’aventure, la sécurité et le modèle que lui procurait Midnight était encore difficile à quitter pour un jeune garçon qui venait justement de quitter les siens.

Alors qu’il aidait l’un des soldats à éplucher les pommes de terre, Egao entendit l'un des sergents de la base réprimander sévèrement un de ses hommes.  

— Tu te tais et tu fais ce que je te dis, espèce de débile ! C’est la dernière fois que la Marine passe pour une incompétente sur cette île, et si pour ça il faut que j’attache un soldat sur chacun des mâts de ces foutus navires, je le ferai sans hésitation !

Les bruits de pas s’éloignèrent rageusement puis la porte des cuisines s’ouvrit timidement sur le visage pâle d’un des soldats.

— Eh ben Radson, qu’èsse t’as encore fait pour te faire engueuler comme ça ? Lâcha un cuisinier hilare.

— Te fous pas d’ma gueule Karl… Répondit piteusement le dénommé Radson. C’est le sergent qui pète un câble pour rien. Il en avait déjà méchamment pris pour son grade quand les révolutionnaires ont volé l’un de nos croiseurs. La hiérarchie le tient pour responsable. Et là on vient d’apprendre qu’un autre groupe de petits malins compte recommencer. Alors il s’énerve…

— Et il compte faire quoi du coup ? Demanda le soldat à la droite de Egao.

— Il veut choper le groupe en question. Il a envoyé des soldats surveiller le port. L’ordre c’est d’attendre que les voleurs arrivent et leur tomber dessus.

Egao laissa tomber les patates et se leva. Il avait déjà atteint la porte des cuisines quand une voix l’arrêta.

— Eh ! Bah tu vas où gamin ?

Le jeune garçon se retourna et décrocha à l’assemblée son sourire le plus étincelant.

— Bah j’vais les aider !





Lavallière était décidément une ville superbe. Bien que relativement froide lors de la saison d’hiver, elle n’en devenait pas pour autant moins animée grâce à sa position de principal pôle économique et démographique de l’île. Les petites maisons de briques, étroites mais confortables et accueillantes, rappelaient à Egao les habitations de son île natale et un sentiment de « chez-lui » emplissait toujours le jeune garçon quand il laissait ses pieds le promener à travers les dédales de la ville.

Le petit protégé de la Marine arriva rapidement au port et chercha immédiatement des yeux les soldats chargés de la protection des navires. S’il voulait aider Midnight et se rendre indispensable, c’était la mission idéale. Surtout que les responsables semblaient largement partis sur la mauvaise tactique. Il repéra l’un des uniformes de la Marine sur le premier navire du port et alla à sa rencontre.

— Eh m’sieur ! L’interpela Egao. C’est vous qui devez protéger le coin du vol de bateau ?

Le soldat bomba fièrement le torse.

— En effet, en effet. Avec mes hommes là-bas, répondit-il avec suffisance. Qu’ils essayent donc de se ramener, ces voleurs. Ils verront de quel bois se chauffe la Marine.

Il sembla alors soudainement réaliser qu’il s’adressait à un jeune garçon.

— Mais comment t’es au courant de la mission toi ? Demanda-t-il soupçonneux.

— Bah j’suis un pote à Midnight, répondit Egao de son plus beau sourire. Elle m’a envoyé vous aider.

L’argument ne sembla pas convaincre le soldat mais l’évocation de sa supérieure hiérarchique sembla l’empêcher de mener plus loin son interrogatoire.

— Mouais, fais comme tu le sens, finit-il par lâcher en haussant les épaules. C’est pas comme si avait besoin de l’aide d’un gamin.

Egao se gratta la tête.

— Eeeeeeet… vous comptez vraiment les attendre comme ça, les voleurs ? Demanda-t-il au Marine.

— Comme je te l’ai déjà expliqué gamin, répondit-il avec impatience, on s’est réparti entre les différents bateaux et on les attend de pied ferme. On a reçu l’ordre de les capturer, morts ou vifs.

— Capturer mort, c’est pas vraiment capturer… marmonna Egao pour lui-même.

— Quoi ?

— Non, non rien. Mais je comprends pas très bien, les voleurs, ils veulent piquer des navires à la Marine sans qu’on le sache c’est bien ça ?

— En effet.

— Mais alors, si vous les attendez comme des débiles bien en vue sur le pont, vous croyez pas que les voleurs bah… vous les verrez jamais ? C’est pas un peu compliqué pour les capturer du coup ?

— Qui est-ce que tu traites de débile, espèce de sale petit insolent ? Je te conseil de garder tes commentaires pour toi et de déguerpir. On a pas besoin de l’aide d’un morveux qui ne comprend rien aux stratégies militaires.

— Bon, bon, j’ai rien dit, t’énerves pas comme ça…

Egao s’éloigna du navire et du phoque en colère qui le surveillait et observa le port du mieux qu’il pouvait. S’il était un voleur de bateau et qu’il constatait à son arrivée qu’une bande de soldats au Q.I. de poisson clown protégeait les prises intéressantes, qu’aurait-il fait ?

Ses yeux tombèrent alors sur les entrepôts de marchandises. La totalité des gardes avaient été alloué à la surveillance des navires au détriment complet de leurs responsabilités habituelles. Résultats des courses, si les bateaux semblaient inaccessibles, certaines cibles l’étaient à présent beaucoup moins. Egao sourit en pensant à l’attaque cardiaque que Midnight aurait fait si elle s’était rendue compte du manque flagrant de bon sens que possédaient ses hommes.

Prenant parti de son jeune âge comme camouflage, le jeune garçon alla s’asseoir non loin des entrepôts afin de les tenir à l’œil. Il espérait au moins que s’il donnait l’alerte en cas d’attaque les idiots postés plus loin réagirait. Mais le garçon avait comme un doute…

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- ...et voilà, l'auberge du Sacré Cœur, vous y êtes !

Je congédiai le garde d'un vague merci avant de m'engouffrer dans l'auberge. J'avais débarqué dans le début de la soirée, vers seize heures environ - la présence du pôle non loin faisant que le soleil se couchasse tôt - il faisait froid, un froid polaire mais j'avais bien pris soin de me vêtir pour l'occasion. Dans le couchant, j'avais pu contempler les lumières du port jouxtant les horizons gelés de l'île, un paysage sympathique rappelant une certaine chaleur nostalgique que l'on retrouvait aussi dans les habitants. Sitôt j'eus mis pied à terre que je fus accueillie par un bonhomme, une sorte de guide, qui se présenta comme un héraut de l'aurore et me proposa de m'aider à trouver un logement. Comme je suis pas du genre à cracher dans la soupe, que de toute manière j'avais mis mes cache-oreilles pour être à la fois insensible au froid et au flot continu du baratin du nigaud, j'avais éventuellement accepté d'être escortée de la sorte. Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée devant cette authentique chaumière à trois étages qui se présentait comme une auberge et n'en donnait pas moins l'impression d'en être une.

Ma venue sur l'île était due aux récents événements qui avaient fait basculer le poids de la Marine sur l'île, réduite à l'état de cendres autant pour les locaux que pour ceux qui les peuplaient. Les révolutionnaires avaient fait parler d'eux et notamment un certain Alrahyr Kaltershaft, une pourriture de premier ordre qui s'évertuait à commettre des exactions partout où il passait, mettant systématiquement le Gouvernement Mondial dans un drôle d'état. Cette fois-ci, le bonhomme s'était barré incognito avec un navire des forces de l'ordre, transportant avec lui des confrères révolutionnaires qui avaient réussi à s'échapper des purges précédentes. Même si, apparemment, on avait déjà des gugusses qualifiés sur le coup pour retrouver l'énergumène, je n'en croyais rien. Mais en plus de ça, il semblerait que d'autres olibrius du même types soient tentés de refaire le coup une deuxième fois.

Étrangement, cette île de North Blue avec ses groupuscules dissimulés dans l'ombre et ses rumeurs criminelles ne m'avait pas laissée de marbre et j'avais fait la demande d'être mutée là-bas illico pour essayer de retirer un peu du pu qui suppurait de la plaie qu'était devenue Borea pour les instances de la justice. C'était alors pas tant l'ordre de mission qui m'avait attiré, mais le contexte de celle-ci qui me semblait étrangement louche. En soit, les révolutionnaires étaient connus pour commettre leurs crimes dans le plus grand secret et j'étais très étonnée de voir que ceux-ci étaient si facilement percés à jour, dans le coin, sans qu'à chaque fois ils ne se doutent de rien. Apparemment, c'était l’œuvre d'un talentueux agent du CP6 qui faisait office de mouchard à la seule condition qu'on ne vienne pas le faire chier. Même si j'étais sacrément tentée à l'idée d'interroger l'individu, je savais aussi bien que ça pourrait mettre sa mission en échec.

Bon il fallait pas être trop con non plus. Je doutais que les révolutionnaires allaient mettre leur plan en application, à moins qu'ils aient de l'eau dans le cerveau à peu près au même niveau que les zigomars au QI d'huitre de la Marine qui pensaient probablement que la meilleure solution était de camper le coin pour empêcher les anarchistes de réaliser leur coup. Et voilà, c'était comme ça qu'on se retrouvait avec des prisons à moitié vides dans tous les coins des Blues : des officiers incompétents incapables de prévoir un plan d'action. Si seulement ils avaient attendu que les gars se pointassent pour les coffrer, je dis pas, mais là c'était sûr qu'ils allaient pas montrer le bout de leur nez. Du coup j'avais choisi d'être spectatrice d'un tel désastre, je m'étais dit qu'une petite nuit dans le coin serait pas de refus, histoire de faire un peu de tourisme aussi tant que j'y étais, de voir comment la mode se comportait ici. Et donc, j'étais rentrée dans la bâtisse sans attendre pour prendre une chambre, poser mes affaires et me barrer aussi sec.

***

- Saucissons, c'est le moment, prix spécial saucisson ! Sanglier, noisettes, ail, demandez votre saucisson !

Le marché était surpeuplé, comme ces jours de fête stupides ou bien encore ces jours où le marché est surpeuplé car les autres jours, ben y'a pas de marché. Quelle drôle d'idée j'avais eu de passer par là, en même temps, mais il faut bien faire le sacrifice de sa misanthropie lorsque l'on se balade en ville.

- Jupes longues, jupes courtes, jupes à pois et jupes déchirées. Chez Charlotte, la mode c'est top.

Les commerçants gueulaient leurs slogans, les clients en avaient rien à foutre des gens autour d'eux et les marmots avaient pas de meilleure idée que de jouer à chat ou au loup dans la foule transpirant sous la chaleur corporelle qui avait fait fondre la neige sur tout le périmètre et donnait à la zone un climat tropical pour peu qu'on soit vêtu en hiver. J'affichais une mine atterrée, perdue dans ce flot de têtes blondes ; foutus scandinaves qui se ressemblent tous. Qu'est-ce que j'étais venue foutre là ?

- Avec Duplex, protégez-vous du froid. Chez nous, les K-Way sont à moitié prix !

Et puis progressivement, la température redescend, la populace s'amenuise, le bruit diminue et je me retrouve dans une sorte d'avenue, d'axe principal où la chaussée est assez large pour permettre aux véhicules de passer. Je souffle, je suis plus très loin du port. C'est l'occasion de me trouver une place, un banc, un truc pour me poser dessus et manger mon sandwich en admirant le spectacle. Ah ces Marines, toujours là pour faire rire. Mieux encore qu'une pièce de théâtre quand il s'agit de se donner en spectacle. J'arrive bientôt pas très loin d'un grand escalier en pierre, avec un petit muret bordant un jardin en hauteur : un petit parc au bord d'un dénivelé menant aux quais, plus bas. Je trouve rapidement un banc libre, m'assois, sors ma bouffe, ma couverture, je m'étale, me mets à l'aise, l’œil rivé sur les fonctionnaires. Le panorama est parfait, je vois tout.

Certains vont au cinéma, moi je vais voir les soldats.
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