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Recrutements Ottorisés

-Merci pour tout, Amiral Anderman. Et bon courage pour vos futures fonctions.

Kenora se retourne face à l’assemblée. Plusieurs officiers de l’Amirauté lèvent haut leur verre, portant un toast en l’honneur du tout nouveau Contre-Amiral Anderman, du moins officiellement. L’intéressé affiche un sourire de circonstance, humble et ravi. La cérémonie n’a pas été bien longue. Dans l’une des grandes salles de réception réservées à l’Amirauté, tout le gratin de la Marine s’est réuni pour dévorer les hors-d'œuvre et vider le bar. Il y a du contre, du sous, du vice et une en chef ; l’Amirauté dans toute sa diversité. La cérémonie a été parfaitement calée pour enchainer sur l’heure du repas, servant ainsi de collation entre collègues. L’administration Makuen est tel que l’on préfère optimiser le temps de chacun. Tout le budget ne va pas passer en apéritif dinatoire. De toute façon, ils sont rares à vouloir esquiver leur responsabilité respective. L’Amirauté est une institution bien huilée au sein de la marine et les tire-au-flanc ne font pas de vieux os sous le regard inquisiteur de l’Amirale en chef.

Le toast fini, on commence à vider les verres et le bruit des discussions remplit peu à peu la salle après le silence cérémonieux seulement brisé par le discours d’Otto et Kenora. On lui propose une coupe qu’elle refuse d’un geste de la main tandis qu’elle balaie la salle du regard, glacial. Tout cela ne lui correspond pas trop, mais il est de bon aloi à ce que les officiers généraux partagent du temps ensemble, à échanger des informations qui peuvent parfois amener à certains individus à faire des recoupements. Mais aussi renforcer les liens d’amitié au sein de l’institution afin de former un groupe soudé qui peut se reposer les uns sur les autres pour mener à bien leurs différentes missions. De son côté, Otto discute déjà avec quelques officiers qu’il ne connait pas, sirotant sa deuxième coupe, distrait. Kenora vient jeter un froid dans la discussion en s’introduisant au sein du cercle des quatre officiers. Les trois autres estiment le moment opportun pour retourner au buffet.

-Nous n’avons pas encore établi tous les détails, contre-amiral.
-En effet, Amiral.

Il vide son verre d’un trait avant de le déposer sur le plateau d’un lieutenant désigné d’office pour faire le service.

-On est toujours bien d’accord pour votre affectation ?
-Oui. Le Nouveau Monde.
-Vous êtes sûr de vous ?
-Bien sûr. Je n’ai pas quitté Navarone pour me faire dorloter quelque part. Je veux me sentir utile et je ne pourrais que l’être dans le Nouveau Monde.
-Vous savez que Grandline a ses propres problèmes, n'est-ce pas ?

Otto lâche un regard perçant à Kenora qui ne cille pas, glacial.

-Non, je n’ai pas oublié Red et ses sbires.
-La puissance d’Armada augmente de mois en mois.
-Il reste un pirate. Il restera peu de chose tant qu’il n’aura pas conquis le Nouveau Monde. Et dans ce dernier, il y a bien plus dangereux.
-En effet. Vous comptez toujours sur votre projet d’équipage… école ?
-Toujours. Les hommes compétents le sont déjà. Les éléments prometteurs ont besoin d’expérience pour devenir compétents. C’est quelque chose d’important à mes yeux.
-Je ne suis pas opposé à cette démarche. Vous pouvez former votre équipage comme vous l’entendez. Par défaut, vous héritez de l’équipage complet du contre-amiral Ketanos. Vous pouvez modifier selon votre convenance.
-l’équipage de Tot ? Euh… je veux dire, du contre-amiral Ketanos.
-Il s’est proposé quand il a appris votre retour sur les mers.
-Je reconnais bien là ce vieux loup de mer. Ces hommes sont compétents. Ils formeront un excellent cadre aux recrues.
-Je vous conseille de faire halte à Sekan. De là, vous pourrez mener à bien vos premières missions. Je vais charger l’un de mes aides de camps de vous transmettre des lettres de recommandations aux officiers de Sekan afin qu’ils apportent un soutien au début. Vous pourrez aussi adapter votre équipage à vos besoins à l’aide des cinq divisions de Sekan. Et renouveler votre équipage fonction de vos résultats.
-Vous pensez à tout, Amiral.
-C’est pour cela que je suis Amiral.

Bref instant de silence, Kenora fait mine de prendre congé, mais Otto l’arrête d’un geste de la main.

-Oui ?
-Vous n’avez pas oublié que l’on m’a fait l’honneur de manger un fruit du démon ?
-Non. J’ai justement signé le blâme à l’attention du colonel Tamaka pour avoir abusé de son pouvoir pour détourner un fruit qui revenait de droit à la marine. Mais les choses sont ainsi faites et je ferais avec.
-Du coup, puis-je continuer le projet GM42 ?

Instant de réflexion dont le visage de Kenora ne laisse rien paraitre.

-Ce projet a plus de chance d’apporter un résultat qu’avec son … prédécesseur. Vous êtes suffisamment compétent et digne de confiance pour que je vous accorde cela. Vous pourrez former en parallèle les troupes de la GM42. J’espère que ce nouveau talent saura vous apporter un avantage certain.
-J’en suis persuadé. Surtout si je peux former une garnison en prenant des éléments divers tels que des hommes de la brigade scientifique, peut-être la sous-marine, ou d’autres.
-Voyez avec les responsables respectifs. Ils ne seront pas de trop pour ce qui vous attend.
-Merci encore, Amiral.
-Vous me remercierez quand vous reviendrez en vie.
    Quelques heures plus tard, c’est dans un tout autre environnement que le contre-amiral Anderman se promène. Après avoir vidé un verre avec Totrino Ketanos pour lui remercier de sa confiance en lui offrant son récent équipage, il s’est mis en tête de prospecter sur des éléments qui peuvent renforcer son effectif. Malgré la qualité de l’équipage offert par Totrino, qualifié sans emphase comme « Une sacrée bande de grosses couilles » par son ex-capitaine, les nouveaux hommes d’Otto Anderman sont des soldats compétents et surtout vétérans. D’après les dires de Totrino, la quasi-totalité a déjà plus d’une dizaine d’années d’expérience sur Grandline et le Nouveau Monde et le contre-amiral Ketanos a certifié qu’il n’avait rien à redire sur eux. En même temps, il y a peu de doute que les fortes têtes et les fainéants n’ont pas fait long feu sous la poigne des « Mots d’Amour ». D’où la nécessité de mélanger les plus expérimentés avec la nouvelle génération aux talents multiples, mais aux états de service plus maigres. Afin de faire la marin de demain ; ce en quoi croit Otto Anderman. À se trimballer avec les Totrino, les Kenpachi ou les Gentry, on se fait plus facilement à l’idée qu’il vaut mieux compter sur l’avenir. La Marine ne peut pas n’être que des vieux croulants extrêmement compétents, mais sur la fin de service.

    Un peu de sérieux, quoi.

    Après un tour dans l’un des centres de formation de Marie-Joie pour communiquer son besoin auprès de quelques vieux instructeurs qu’il a connu par le passé et qui sauront lui dégotter les talents dont il aura besoin, c’est avec un peu moins d'espièglerie que le vieil officier se dirige vers le centre médical. Il en profite pour faire le tour de quelques blessés, rassurant ceux dont c’est la première fois, exhibant quelques blessures et échangeant quelques souvenirs avec des habitués de ses salles. Il avise l’un des médecins généraux afin de, là aussi, trouver les éléments qui sauront compléter son équipe médicale au sein de Céldèborde. On lui répond que la perspective de suivre un officier si prestigieux motivera certainement quelques jeunes dont certains sont sûrement passés par le Centre Sengoku de Navarone. Otto finit son recrutement avec le sourire, certain qu’il bénéficiera d’un service de santé compétent et assidu.

    Vient le moment d’un objectif plus personnel et à sa question, on lui répond que le jeune homme est dans une pièce à part, probablement à cause du cas particulier qu’il représente. On le dit faible, mais conscient, encore un peu troublé par les récents événements qui l’ont touché. On demande à Otto de le ménager et celui-ci le jure. Il n’est pas là pour tourmenter son vieil ami. On le fait rentrer dans la petite chambre et on referme derrière lui, le laissant seul avec le patient. Allongé sur le côté en direction de la fenêtre, il n’a pas fait attention à son visiteur. Son regard dans le vague est troublé tandis que son visage est marqué par les récentes épreuves malgré la jeunesse de ses traits. Otto vient se placer derrière lui en plusieurs pas discrets et prend place sur l’unique chaise. L’officier note la légère épaisseur de poussière qui ne laisse pas de doute sur la non-existence de visiteurs régulier. Il laisse une minute se prolonger, regardant le plafond et le mobilier comme si ceux-ci étaient particulièrement intéressants. Puis, il toussote.

    Pludto se retourne et lève son regard vers son vieil ami.

    Recrutements Ottorisés 473-5

    -Otto ?
    -Salut Pludto. Ça gaze ?

    Le jeune fronce les sourcils et se fend d’un sourire de circonstance.

    -Tu ne devrais pas essayer de faire le jeune. Ça ne passe pas. Moi, je peux.
    -c’est pour ça, j’essaie de me mettre à ton niveau. C’est raté. Je note.

    Léger silence tandis que les deux hommes se dévisagent avec des sourires en coin. Il y a beaucoup d’histoires entre eux. Anciennes et récentes. Et ni l’un ni l’autre ne sait vraiment par quoi commencer ni même ce qu’il faudra éviter d’aborder. Otto décide de commencer par les banalités.

    -J’ai appris pour ta précédente mission. Un succès, il me semble ?
    -On peut dire ça. Le capitaine Gharr Hadoc a enfin été libéré, mais ça s’est passé dans la douleur. D’où ma… convalescence.

    Le ton de Pludto semble dire qu’il ne veut pas s’étaler sur les détails. Otto comprend.

    -C’est plutôt une bonne chose alors. Des projets ?
    -Non, pas vraiment.

    Il cache quelque chose et Otto se doute de ce que c’est. Taquin, il cherche à lui faire révéler.

    -Tu peux toujours quelque chose à faire avec la GM42.
    -ça va être problématique…
    -Pourquoi ?
    -Il n’y a plus de GM42…

    Pludto a les yeux baissés. C’est une chose qui le chamboule pas mal. Et Otto se contente de le fixer, une lueur d’amusement dans le regard. Pludto consent à des explications, nécessaires à ses yeux.

    -C’est au cours de la libération de Gharr Hadoc. J’ai croisé la route… de ce type là. À la réputation légendaire…
    -Pludbus Céldèborde ?
    -Ne te moque pas… Saladin. Je m’en souviens. Il m’a retiré mon fruit. Ça … ça a été…
    -Un choc ?
    -Oui. Il parait que je suis resté inconscient un bon moment. Heureusement qu’on était sur la fin.
    -Et c’est pour ça que la GM42, c’est fini pour toi.

    Lueur d’incompréhension.

    -Bah oui. Sans la fruit de la citadelle, il n’y a plus de GM42 !
    -Cela veut dire que si ce pouvoir était toujours disponible, tu serais toujours d’attaque ?
    -Naturellement…
    -Hé bien, ça tombe bien. J’ai mangé le fruit de la citadelle.

    Pludto s’immobilise, sondant le regard d’Otto qui ne reflète que la vérité de ses propos. La stupeur laisse place à l’incrédulité et le contre-amiral se fend d’un sourire franc.

    -Les hasards du destin. Il s’avère que l’on m’a offert un fruit et c’était le tien. J’ai eu peur sur l’instant qu’il ne te soit arrivé quelque chose.
    -Je ne pensais pas que je comptais autant pour toi.
    -Allons, allons. Pas de ça avec moi. Sans toi, mon histoire aurait été différente.
    -Sans compter l’Histoire…
    -ça, c’est autre chose.
    -Certes.

    Nouveau silence pour que Pludto réfléchisse, mais Otto attaque.

    -Comme maintenant, c’est moi la GM42. Et comme tu veux toujours continuer l’aventure, je te propose le poste de commandant de la GM42.
    -Hein, que quoi ?
    -Je suis convaincu que tu sauras mener à bien cette mission. C’est toi qui a le plus d’expérience en la matière.
    -Attend ! Attend ! Pouce !
    -Pouce…
    -Tu me veux… en commandant ?
    -Oui. C’est si incroyable que ça ?
    -Bah … euh… oui.
    -Enfin, Pludto. Je ne vais pas laisser mon intimité à la merci de n’importe qui. J’ai confiance en toi.
    -Ton intimité ?
    -En quelque sorte.
    -C’est sale.
    -Roooh. Pas d’idée déplacer, je suis sérieux.

    Et il a bien l’air sérieux. Pludto finit par le reconnaitre. Il se calme et avise la proposition avec réflexion. Il a apprécié commander une garnison. Pas qu’il aime donner des ordres, mais plutôt qu’il se plait à soutenir cette formidable machinerie qu’est une base de la marine. Que l’ensemble des hommes sous son commandement ait confiance en lui. Ça lui plait. Commander la GM42 ? De l’intérieur cette fois-ci ? L’idée lui plait. Vraiment. Elle n’est pas comme les autres bases et il n’est pas comme les autres commandants. Et commander aux côtés d’Otto Anderman ? Ça ne peut qu’être positif. C’est les points pour. Il y a des contre. Vouloir plus de liberté, d’autonomie, s’éloigner d’Otto et de ce qu’il représente et de ce qu’il connait. En lui, une autre blessure résonne au contact du vieil homme qui ne manquera pas de lui rappeler. Finalement, Pludto fait non de la tête.

    -ça aurait été un plaisir. Mais au final, je ne peux pas me résoudre à m’enfermer à Navarone. J’ai besoin… d’espace. J’ai besoin de changer d’air, de parcourir le monde. Tu vois ? Commander la GM42, c’était commander une base, mais chaque semaine pouvait être une nouvelle affectation. Commander une base, c’est y rester pendant un sacré bout de temps…
    Non, je ne peux pas, Otto, je suis désolé.
    -Si tu avais l’occasion de bouger souvent, tu accepterais.
    -Évidemment…

    Otto ne peut cacher son envie de rire aux éclats et se contient difficilement sous le regard interloqué de Pludto.

    -Et bien, mon cher, tu apprendras que je ne suis plus le commandant de Navarone. Que je suis maintenant Contre-Amiral, aux commandes d’un cuirassé portant le nom de « Céldèborde » et qui s’apprête à parcourir les mers du Nouveau Monde.
    -HEIN ?
    -Je pense donc que j’offre de quoi balayer tes ultimes hésitations.
    -Attend ! T’as quitté Navarone ?
    -Oui, oui. C’est compliqué, mais je l’ai bien voulu. Comme toi, j’ai envie de voir du monde. J’ai été « dégradé », mais je ne m’en plains pas. Tu es bien commandant toi. Ça ne nous fait plus rien, les grades, non ?
    -Le Nouveau Monde ?
    -Et bien oui. Quoi de mieux que cette mer pour faire le plein de découverte et faire ce que l’on a toujours fait depuis des dizaines d’années.
    -Notre boulot ?
    -Notre boulot.

    Un sourire finit par se dessiner sur les lèvres de Pludto. Sacré Otto. Il a bien manœuvré pour ne lui laisser aucune chance. Il finit par acquiescer du menton, vaincu.

    -Tu le regretteras, Otto. Mais j’accepte le poste.
    -Bien !

    Otto se lève, ravi.

    -Je m’occupe de former la garnison. Repose-toi bien. Je te convoquerais au moment du départ. Si tu peux sortir avant, n’hésite pas.
    -tu peux compter sur moi.
    -Je le sais bien.

    Otto le salue avant d’aller à la porte, posant la main sur la poignée.

    -Le Céldèborde ? Sérieusement, Otto ?
    -Oui. Une facétie de Kenpachi, j’en suis persuadé.
    -Le vieux grigou.
    -Parle pour nous.

    Otto ouvre la porte et s’arrête un dernier instant. Il pose un regard bienveillant sur Pludto, la mine plus sérieuse soudainement.

    -Je suis content que tu fasses partie de l’aventure.
    -De même.

    Bref instant de silence. Otto veut parler de quelque chose, mais il se ravise, se contentant d’un dernier salut avant de fermer la porte. Et dans la chambre du nouveau commandant de la GM42, on se doute du sujet éviter. Il faudra y passer un jour ou l’autre.