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Sept mois !

SEPT MOIS !

Sept putain de mois que je subis cette foutue scène ! "Arrête de boire !", "Réduis sur la cigarette  !", "Te goinfre pas !", "Tu m'uses autant que les autres enfants !" ... Bordel, j'ai pas signé pour ça moi ! Ras le cul !

- Mon cœur ?
- Oui ?

Elle est assise en tailleur avec tous les gamins qui s'endorment dessus -ces petits enfoirés la touchent bien plus que moi, et le nôtre, sur un tapis de sol coloré, un livre d'histoires pour mioches dans les mains. Elle est belle ... Quand je vois son visage, ça me donne envie de m'envoyer en l'air avec elle constamment, alors je mémorise son visage une dernière fois avant de lui annoncer la nouvelle parce que putain ce qu'elle est chiante.

- Je vais sortir le chien, que je le dis.

Son visage imprime l'étonnement.

- Mais euh Mahach, on n'a pas de chien !

Je me donne encore une seconde parce qu'avec ce que je vais lui dire, elle va avoir la tronche déformée par la colère et j'aurais une harpie qui va me courir au cul.

- Ah ouais ? Je croyais. Nan parce que j'ai la putain de sensation d'être tenu en laisse. Mais c'est fini, ciao, je me casse.

J'ouvre la porte de l'orphelinat, je passe et je la claque aussitôt derrière moi. Fallait pas que je lui laisse le temps de réaction. Jamais. Faut pas faire cette connerie là.
Bizarrement, j'entends pas gueuler. Peut être qu'elle est encore sous le choc. Ou alors elle chouine. Dans le doute, je trace. Pas envie de me faire remonter les bretelles au cas où.
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Je vais dire un truc que j’ai souvent répété mais c’est vrai : je me fous de tout ce qu’il y a autour de moi en ce moment. Avant, c’était parce que j’en avais rien à branler des peigne-cul, mais maintenant c’est parce que je savoure l’instant présent, je savoure ma liberté soudaine ! Je m’en fous que les locaux me regardent bizarrement parce que je cours comme un gamin heureux dans les ruelles, parce que je me laisse aller là où le coeur m’en dit. J’en ai fini de jouer les prudes bien rangés dans leur petite vie trop plate. Je veux cogner, me faire tabasser pour me ressouder les os à la bière, je veux pouvoir fumer comme un pompier, bouffer ce que je veux quand je veux.


Ouais, c’est tout ce que je veux. C’est pas comme si ça allait être tout rose tout le temps alors autant en profiter tant que je peux. Faut savoir profiter de sa vie, qui sait, je peux peut être buter sur un de ces pavés et me péter le crâne avant de crever comme un con dans l’instant qui suit ... Mais comme c’est pas arrivé, j’entre en furie dans un vieux rade, la double porte battante se rappellera de mon entrée fracassante, héhéhé !


- Mahach ! Qu’est ce que tu fais ici ... Spica t’a autorisé à boire, c’est ça ?


L’est drôle le tavernier hein ? Je lui réponds à demi-mot, faudrait pas me griller trop vite.


- Ouais, si on veut. Une pinte s’teu plait !


Pas bousculé par mes ardeurs le petit père, il prend tout son temps pour me servir. Il croit que ça va me calmer sûrement, mais tout ce que ça fait, c’est me faire trépigner. Mais pas d’impatience, je me frotte les mains en pensant à tout ce que je vais pouvoir refaire !


- Là ! Toute fraîche !


Je fais valser une de mes dernières piécettes d’un coup de pouce, le vieux Tony la rattrape au vol, je peux enfin approcher le bock de mes lèvres avant de tout citrer d’un coup. Ah ouais ! J’avais oublié cette petite amertume, ces bulles qui pétille furieusement dans le gosier. EN deux secondes, la pinte se retrouve vite, je la claque sur le comptoir en bois.


- Une autre !


Tony écarquille les yeux, moi j’ai un grand sourire sur la gueule. Ca prend un instant avant qu’il décide de me resservir, je lui laisse son dû aussitôt. Même l’entendre tirer sa bière pression est un putain de plaisir pour mes oreilles !


- Ben mon vieux, t’as une de ces descentes, j’aimerai pas me la taper, même en vélo !
- Ouais ouais, et moi ça me remonte le moral tu peux pas savoir !


Je crois qu’il hausse les yeux au ciel, mais je suis trop occupé pour savourer ma deuxième binouze.


Nan, je déconne, cul sec.
Enfin rechargé, je peux tourner les talons.


- La bonne journée !


L’a même pas le temps de répondre que je suis déjà parti en direction du port. Le trajet est assez long, même en courant, alors je peux pas m’empêcher de penser à ma gonze. Enfin, au fait qu’elle ait pas cherché à me fusiller du regard ou me choper par la peau du cul ... J’aime pas trop ça ... Et le plus triste dans l’histoire, c’est qu’avoir un gamin m’a fait repousser un coeur. Ouaip ... Je m’étais séparé du mien parce que ce connard me faisait mal mais je crois qu’au final, je peux pas tellement lui échapper ... Du coup, si je pense à Spica, c’est aussi parce que ça me fait mal au fond. Et comme si je culpabilisais pas assez, je sens mon Den Den au fond de ma poche interne, comme si il me suppliait de l’utiliser ...

Rhaa, putain, je me hais quand je suis ça ! Ca et l’alcool qui me ronge le cerveau. C’est jamais bon quand y’a un truc qui va pas à ces niveaux là. Mais bon, en quelques mois de vie plus ou moins normale, j’ai pu me poser un peu et réfléchir à tout ça. Ma gonze et mon chiard, je les aime. Et autant avant mon coeur m’emmerdait parce qu’il m’empêchait de me détruire pour me sentir vivant, autant là il me rappelle que j’ai enfin quelque chose à perdre, et que ça vaut plus cher que toutes mes conneries.


Du coup ... bah ... du coup, je m’arrête cinq minutes dans un coin tranquille pour contacter celle qui me fait mal à ce putain de coeur.


- Allô ?
- Oï, c’est moi.
- ...
- Tu dis rien ?
- ...
- Pourquoi tu dis rien ? Mais vas-y, parle ! Dis quelque chose ! Tu me fais encore plus flipper quand tu fais rien !
- ... J’étais en train de dire à ton fils à quel point son père était un sale connard égoïste.


Hahaha, elle a de l’humour, ça me rassure. Ca m’apaise un peu.


- Oï, Spica, je suis désolé ...


Là encore elle laisse un vide, mais c’est moins pour me faire chier que pour me montrer qu’elle a de la peine malgré tout.


- Tu sais, au fond de moi, je savais que ce jour arriverait ...
- Ouais ...
- T’es pas fait pour la vie normale, c’est un fait ...
- Bah, on se refait pas. Même si toi, t’as troqué ta crête contre ton ventre tout rond ...
- Haha, elle est bien bonne. Toi aussi t’es plus que l’ombre de toi même ! Il est où le grand méchant pirate maintenant ? Hein ?
- Je te l’ai déjà dit, j’ai pas envie que notre fils grandisse dans un monde de merde comme celui-là, alors je vais faire mon possible pour le changer à ma façon.
- Par contre, si tu passes du côté des gris, tu remets plus jamais les pieds à la maison, tu m’entends ?


Ca y est ! Elle a su me choper par les tripes ! Voilà qu’un sourire triste me fend la gueule ! Oh, je vais pas chialer non plus ! Reprends toi mec !


- Ca va pas la tête ?!
- Mahach ?
- Ouais ?
- Pourquoi que tu ne veux pas rester ici ? Pourquoi tu ne veux pas prendre l’île et en faire notre petit paradis ? Je ne te dis pas de rester vivre ici mais juste assurer notre petit cocon !


Pourquoi ? Pourquoi ?!


- Tu sais pourquoi. Quand je suis revenu ici, j’ai fait beaucoup de mal juste avant. Si je devais revendiquer Innocent Island comme mienne, ce serait le piège parfait pour m’attirer. Et on se servirait de toi, et de Liam. Alors je sais bien que c’est pas la joie tous les jours, mais l’île, elle a rien pour attirer qui que ce soit, et je préfère ça. C’est aussi pour ça que je m’éloigne de ce coin trop tranquille ... Et quitte à m’éloigner, autant faire les choses bien.


Un ange passe. Encore.


- Mais tu me promets de revenir, hein ?
- Promis.


Katcha


Je raccroche. J’ai le coeur au bord des lèvres. Et c’est pas le moment d’être malade vu que je veux m’enfuir sur le voile de la grande Dame bleue.
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Ouais, c’est ici que mon coeur doit rester, sinon je risque de pas m’éloigner bien loin, héhé. Et ça serait con, parce que j’ai tout prévu pour ! Y’a quelques jours, j’ai appelé Victor, Victor de Saint-Louis, le mafieux génial et impeccable que j’ai connu dans la Flaque. Le vieux renard m’a toujours dit qu’il serait dispo pour moi. Généralement, ça coûte, et souvent un bras, mais là c’est un cas de force majeur. Je pouvais pas me barrer du domicile familial sans prendre les devants et me faire remonter les bretelles par la mère Spica. Même si au final, elle a pas dit grand chose ...


Du coup, “Parfait” avait accepté. Plutôt rapidement même. Et ça, ça fait un peu peur. Je sais pas ce qu’il a derrière la tête mais je vais pas tarder à le savoir. Je vais sûrement devoir bosser pour lui, jouer les gros bras ou faire les tâches ingrates. Peut être même les deux. Et même si ses deux hommes de main les plus fidèles feraient le boulot encore mieux que moi. Y’a Ernst. Un colosse pas loquace pour deux sous. Et l’autre connasse de Natalia. Une vraie tigresse à te bouffer les entrailles avant de te poser les bonnes questions. Ah, pis j’ai oublié Martine, sa femme de ménage qui t’emmanche un coup de balai dans les gencives à la moindre tâche que tu fais et qui se fond en excuses juste après. Y’a que Victor qu’a le droit de tout saloper ‘paremment. Parce qu’il l’aurait sauvé de ses esclavagistes ou je sais pas quoi. En gros, c’est sa façon de lui montrer sa gratitude mais la diablesse n’arrive pas à en finir avec ce qu’elle était. ‘Reusement que Victor la traite bien, c’est la mince différence entre ses deux vies ...


Bref. J’arrive enfin sur la plage, et d’après ce qu’il m’a dit, il devrait pas tarder d’arriver. Du coup je m’assieds sur le sable, juste au bord des vagues qui montent, comme pour les narguer. Faudrait pas qu’il y ait marée haute d’un coup, sinon elles pourraient se venger en deux deux à cause de ma connerie du démon.
En l’attendant, je trace des traits sans aucun sens dans le sable du bout d’une branche flottée par l’eau de mer, quand la vague revient à la charge pour essayer vainement de m’emporter avec elle, elle efface tout. Alors je recommence.


C’est tellement hypnotique et reposant que j’entends pas le navire arrivé. Je sais même pas combien j’ai passé de temps à attendre. Ce qui m’a tiré de mon occupation, c’est cette voix féminine. Sa voix.


- Bah alors, on fait mumuse le petit pirate à son filston ?


Je lève la tête. Ouaip, c’est bien elle. Ma grimace ressemble à un mélange entre un grognement de clébard et un crachat de matou. Ah n’importe qui j’aurais répondu “Ta gueule ...” mais elle ... elle ... Elle s’en sort juste avec un :


- Oh nan, pas toi ...


Je la vois, Natalia, cette connasse de blonde, avec un rictus à moitié fier, à moitié carnassier qui lui fend la gueule en deux, tous crocs sortis. Putain, j’aurais vraiment préféré l’accueil chaleureux de Victor ... Et ça, ça sent que le début de mes emmerdes.


Mais bon, pas le choix, je monte à bord. Le vieux renard n’aimerait pas avoir fait dépêcher un rafiot pour rien.
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