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Les esclaves sont mignons quand ils dorment


Il tue des gens et ça le rend fier, c'est un genre de fou
Ça c'est ce qui s'est passé plus tôt dans ma vie, mais c'est déjà du passé. Eh oui viens, sautons en marche dans l'implacable train grondant de l'AVENIR

Se battre chaque jour un petit peu, quitte à se coller des mandales à soi-même, permet de garder la forme et de ne pas laisser le corps sombrer dans la douceur décadente qui le rend mou.

Et puis il y a le goût de la souffrance, cette essence taquine qui jaillit par vagues sous la peau. Tu sens tes cellules vibrer de douleur et là, seulement là, tu comprends ce que vivre implique, tu comprends que vivre c'est souffrir, et que souffrir c'est se transcender, toutes tes craintes et tes peurs intestines se fanent tandis que le vent de ta détermination les balaye. Même ta Mort devient une grosse blague qui fait rire les enfants et chanter les oiseaux.

Je pense à mon cadavre et je me gausse en imaginant cette salade de boue décomposée que les asticots devront digérer. Je filerai la chiasse à des asticots et là aura été la plus grande oeuvre de mon existence.

Dead End me connaît sous le nom de "Doppio, le Marécagomancien".
J'ai une réputation de sorcier difforme qui manipule des forces occultes BOUEUSES.
J'achève souvent mes adversaires sauf ceux qui m'ont offert de bonnes lampées de DOULEUR.
Eux je les mets au frigo pour plus tard !

Voilà, il y a pas grand chose d'autre à savoir de ma vie, on en a vite fait le tour. Ah oui, Nadia la patronne s'obstine à me creuser la cervelle pour trouver où j'ai enterré Craig Kamina, mon alter ego décédé. Bah oui il est clamsé, probablement en train d'être rôti à la broche par des diablotins gourmets, ou bien là-haut dans les cieux à jouer avec des chérubins boudinés. Ou alors il a sombré dans le néant et coule une éternité heureuse dans les affres du Rien.

Pour tout dire, je m'en tape. Doppio c'est pas Craig, Doppio c'est moi et personne d'autre.

Je vais construire un empire d'os, de chair et de sang, il aura un coeur qui s'appellera Dead End, j'inviterai l'Humanité dans mon monde merveilleux, puis nous partagerons un festin de désolation bienveillante.

Aujourd'hui, j'ai réuni mes fans. Mes fidèles admirateurs avec qui je partage ma violence. Beaucoup d'entre eux ont touché mes idées et se sont dit "ouah c'est chaud, c'est chaleureux, le reste du monde paraît glacial à côté". Cette chaleur a caressé leurs âmes pétries d'ennui et de solitude, ils m'en ont demandé plus. Et quand je rentrais dans les détails, ils en voulaient toujours plus. Quand j'ai commencé à leur exposer ma conception de la Saine Souffrance, ils ne pouvaient plus s'arrêter.

Alors j'ai fondé un fan club. Un fan club dans lequel on se salue en faisant cracher ses dents au copain. Un fan club dans lequel on ne voit pas les corps, juste les esprits croustillants qui y gambergent, affamés de sévices. Un fan club où on accepte tout le monde, même avoir une âme n'est pas obligatoire.

C'est le Crousti Club (nom provisoire).

Dans le Kill Club (nom provisoire) je ne suis pas le centre de l'attention, ce sont mes préceptes qui la capte. Les gens m'écoutent, parlotent entre eux, se branlent la cervelle, puis se font saigner mutuellement dans une bonne humeur contagieuse, se battent pour explorer leurs propres frontières et souffrent en s'amusant.

Mon Doppio Club (nom provisoire) est la voie royale vers la TRANSCENDANCE par la SOUFFRANCE.
Venez ! Grimpez dans le train en marche !
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Autour de moi un énorme espace rien qu'à moi et mes copains, un entrepôt déserté du port de Dead End, dont le sol est encore tâché de rouge et de blanc, devinez de quoi il s'agit allez c'est pas si dur.

Mes copains réunis en ovale autour de moi, un ovale dense de bonhommes et de bonnes femmes avides de sens pour leur existence. C'est notre première grande réunion, on a tous nos petits coeurs blottis sous nos côtes en train de frissonner d'excitation. Les collègues seraient verts de jalousie s'ils pouvaient mater la qualité de mon auditoire. Un beau ramassis d'ordures sans gênes et dangereux, pourris jusqu'à l'os mais disposés à se ranger sous de saines valeurs qui les rendront digestes.

Je décrète quelques lois, tranquillou.

Règle n°1 : Il est interdit de parler du Sad Club.

Ils affichent tous des mines super sérieuses, on dirait que je récite un évangile.

Règle n°2 : Non je rigolais hihi en fait vous pouvez en parler autant que vous voulez, invitez vos amis.

Plus on est de fous plus on rit.
En parlant de fous,

Règle n°3 : La folie est un état transitoire vers votre vérité. Restez fous le temps que vous aurez besoin avant d'atteindre votre illumination.

Règle n°4 : Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Vous êtes de braves gens qu'on ne tuera pas facilement.


Je m'enfonce dans le vif du sujet, comme un couteau bien aiguisé dans une plaie béante,

Règle n°5 : Je suis votre chef mais pas votre dieu. Ma parole n'est qu'un boucan désaccordé qui a la chance de sonner doux à vos oreilles.

Règle n°6 : Vous devez traiter votre prochain comme vous voudriez qu'on vous traite, c'est à dire brutalement.

Ça vous plaît tout ça ?


Ils hochent la tête en choeur en souriant de leurs chicots cariés. Ceux sans caries sourient aussi, mais sont moins fiers de leur dentition banale et emmerdante.

On termine sur la dernière règle, la plus importante. Je l'ai mise tout à la fin pour qu'elle soit la dernière qui fasse vibrer vos tympans.

Dernière règle : Vivre c'est souffrir, et souffrir c'est se transcender, toutes vos craintes et vos peurs intestines se fanent tandis que le vent de votre détermination les balaye. Même votre Mort devient une grosse blague qui fait rire les enfants et chanter les oiseaux.


Mes fans, emportés dans un torrent d'engouement contagieux qui me fait presque autant plaisir à ressentir qu'une bonne droite dans la machoire, redistribuent mes trois lignes comme si elles s'étaient déjà imprimées sur le papier chiottes qui leur sert de cerveau. Ils me resservent ma réplique mot pour mot, assaisonnée de joie et de quelques décibels supplémentaires.

Vivre c'est souffrir, et souffrir c'est se transcender, toutes nos craintes et nos peurs intestines se fanent tandis que le vent de notre détermination les balaye. Même notre Mort devient une grosse blague qui fait rire les enfants et chanter les oiseaux !
Vous apprenez vite.

Je peux faire quelque chose de ces gens. Rendre Dead End plus cool. Puis plus tard, le monde.
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Dîtes, m'sieur Doppio, vous restez pas avec nous ?
Il faut que je rentre à mon écurie. Si j'y suis pas ce soir au briefing mensuel, ma patronne me gueule dessus.
J'avais eu une idée d'activité, mais sans vous ça sera moins drôle.
Quoi ?
Trouver un navire marchand et le faire flamber. Puis en recruter les occupants quand ils seront bien désespérés.
Vous pouvez faire ça sans moi. Effrayez les bien, puis donnez leur une arme l'air de rien, et laissez vous matraquer.
Pourquoi ?
Parce que ça sera un régal pour vous bien sûr, filez leur une bonne massue sertie de piques. Ça pianote bien sur les nerfs les GROSSES MASSUES. Genre bonne douleur vivace qui squatte tes os, tu vois ?
On pourra pas les recruter s'ils nous tapent dessus...
S'ils font l'expérience de la victoire juste après celle de la décadence, leur haine mutera en une rage guerrière qu'ils auront probablement jamais exploré. Tu connais l'hibicus ?
Non...
C'est une fleur qui éclot très très vite. La transformation d'un honnête citoyen en bête sauvage c'est comme l'éclosion de cette merveilleuse fleur : rapide et définitif. Il suffira ensuite juste de leur proposer gentiment de reconstruire leur vie sur de plus saines bases. A terme, j'aimerais faire de notre club un joli jardin où nous ferons pousser plein d'hibicus.

Retiens bien ça : en demandant gentiment, on obtient toujours ce qu'on veut.

Wah chef, vos enseignements sont si profonds !
Mes marais aussi sont profonds. Eh oui.

Sur ce je me dirige vers la lumineuse sortie de l'entrepôt. Je leur ai filé mes 7 règles, 7 parce que c'est un chiffre qui porte bonheur, il paraît, et que moi j'aime bien chatouiller la chance parce qu'elle est l'une des seules vraies potes sur qui on peut compter. Ils ont avalé le règlement, ils vont le digérer puis le chier. Et ce caca sera leur façon de s'approprier personnellement mon idéal.

Réfléchir est un exercice difficile. Surtout pour eux, qui ne sont que des instincts primitifs au volant de corps délabrés. C'est important de concilier travaux pratiques et cours magistraux si je veux qu'ils tirent du positif de ma philosophie.

Pour le moment ces TP tournent autour de deux axes :
1/ Jouer avec la Mort. Ainsi ils fréquentent la douleur et la peur, commencent à apprécier leur compagnie.
2/ Recruter d'autres adeptes. Ainsi ils apprennent à mieux formuler leur apprentissage.

Le corps et l'esprit. Important de consolider les deux. Une fois que ce sera fait on passera à l'étape suivante. Mais pas avant !

***
Dans le bureau de Nadia, repère de tous les dramas.

Tonio, on démarre la réunion dans 5 minutes. Tout le monde est prêt ?
Il manque Turo et Doppio.
Ben voyons.
Doppio m'a dit qu'il voulait passer du temps avec ses fans, et Turo qu'il avait envie de faire une promenade.
Quelle bande de glands.
Karla est fin prête par contre !
Ben voyons. BEN VOYONS. Elle va encore me gaver avec son syndicat ?
On dirait, elle a prévu un exposé, avec des centaines de diapos et tout.
J'ai pas le temps de respirer ces temps-ci. Ils se sont tous ligués pour me rendre folle.
Tu pourrais prendre des vacances ? Je peux bien tenir les rennes de la troupe une ou deux semaines ?
Me fais pas rire, j'suis trop crevée pour ça.
Mais...
Concentre toi sur l'arène et sur ton rôle d'idole. J'ai pas besoin d'un n°1 qui convoite mon siège. Surtout un dont les pognes sont trop grosses pour tenir un stylo sans le broyer.
Moi je voulais juste aider.
Si tu veux m'aider, pars me ramener les retardataires. Et botte leur le cul de ma part au passage. Ne cherche pas à quitter ton rôle de brute épaisse. Tu y es excellent, ça serait te gâcher de vouloir changer.
D'accord.

***

Turo le caméléon au sommet d'un toit, en tailleur sur ces tuiles polies par les averses hivernales. Turo le simplet, le béat, le guignol, le bon vivant, la médaille d'argent, tout le monde l'apprécie mais personne ne peut prétendre le connaître vraiment. On a l'impression que sa personnalité peut se synthétiser en une farandole de synonymes d'ahuri.

Mais sous sa tête, en fait, ça bout. Perpétuellement.

Particulièrement aujourd'hui, tandis qu'il bavarde avec un escargophone noir.

Ici Turokyrkayz'tyuvart. Nadia suspectée fortement d'être Bank. Doppio suspecté fortement d'être Craig Kamina. Ont eu tout deux contact avec un certain "Central", peut-être un relais de communication révolutionnaire. Je confirme donc que l'investigation me mène vers quelques révélations croustillantes et que je perds pas mon temps ici ! Ma couverture est toujours au top, ils se doutent de rien. Je m'amuse bien ici, l'ambiance est pas mal, les gens amusants et variés, j'ai fais un tas de chouettes rencontres. La cuisine aussi, elle est amusante et variée. Hier, j'ai bu un jus au phoque.

Ah merde, je digresse !

Ouais bref ça se passe bien quoi.

Reçu. Agent Turokyrkayz'tyuvart, enquêtez sur la nature de l'entité révolutionnaire "Central".
C'est tout ? Eh oh...

Communication rompue.
C'est pas que Turo avait la sensation de manquer d'instructions, il est bien assez grand pour se fabriquer ses propres objectifs de mission.
Mais quand on est infiltré depuis si longtemps auprès d'une famille qu'on a appris à aimer, qu'on sait qu'on y cherche un ou deux vilains petits canards qui finiront en pâté, et que nos émotions sont considérées par nos patrons comme un "handicap"...

On finit par se demander qui sont les copains et qui sont les méchants.
Turo, agent du CP6 expérimenté, QI de 156, expert en combat rapproché et maître du rokushiki, a un terrible point faible. Il a su garder une âme d'enfant.

Bon bon bon...

Dans le jargon du métier, on appelle ça un "élément imprévisible".

Oh. Merde ! J'ai oublié la réunion !
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Elle commence quand la réunion ? Eh oh j'ai plaqué mes disciples, je me suis fais beau, et me suis payé un sprint pour pas arriver trop en retard. Des sacrifices de minutes inestimables que j'aurais pu passer à bâtir mon petit lopin perso de chair cabossée. La moindre des choses est de pas m'infliger ce genre de retard interminable qui tambourine sur la patience. Si j'avais su, j'aurais économisé ma sueur.

Ah. Qu'est-ce que tu branles là ?

C'est Bagarre le barman qui déboule dans son bar en se permettant de me flinguer de son unique oeil ahuri. Je vais te dire ce que je branle là, moi, c'est pas de la petite branlette.

J'attends la réunion depuis, au moins, dix minutes. Et après on dit que j'y mets pas du mien.
Mais c'est pas ici...
Ah ?
On a une salle conçue POUR les réunions. Pourquoi vous viendriez squatter mon bar ?
C'est où ?
On dirait un alien qui découvre notre putain de planète.
C'est le bureau de Nadia ?
Non, à côté. T'y es déjà allé.
Ah oui. Ils doivent m'attendre, zut...
Tssk.

...
J'ai soif.
...

Tu te bouges ?
J'y vais, j'y vais.

L'essentiel c'est de reconnaître sa faute. Ensuite elle sera à moitié pardonnée. Mais que deviendra l'autre moitié ?


***


Salle de réunion. Rétroprojecteur. Écran. 200 diapositives. Des gens somnolents.

En 1589 le nouveau code du travail a défini comme tombant sous son giron toute activité professionnelle rémunérée. Est-il applicable à l'occupation de gladiateur en arène clandestine ? Mon avis est qu'indéniablement oui, mon argumentaire se découpera en 17 points très succins. Nadia, je te prie d'écouter et de comprendre. Fais moi répéter si tu crois manquer une information.
J'y manquerai pas.

Karla Marx, femme-murène à la trentaine bien tassée, cultive dans sa vie deux passions florissantes : les combats sanglants et la lutte syndicale. Porte-étendard du SSGDE, le très jeune syndicat des gladiateurs de Dead End, elle tire à vue sur tous les abus qui pourraient transformer le respectable métier de gladiateur en gourmandise de capitaliste.

Naturellement, c'est également une féministe convaincue, et une antiraciste hurlante. Normal, elle s'est toujours sentie écrasée par son statut de double-minorité. Quelle est la place pour une femme-poisson dans une société patriarcale et anthropocentrique ? Quand elle entend parler de viols de femme, elle met des heures à trouver le sommeil. Quand elle entend parler de lynchages de races minoritaires, elle se réveille en sursaut la nuit, arrachée d'un cauchemar où elle se faisait crucifier. Karla Marx ne dort que d'un oeil. Elle a peur des monstres sous son lit. Des monstres machos, xénophobes et cupides.

Elle s'approprie toutes les causes, est persuadée que si elle baisse sa garde une seconde, les vautours se précipiteront picorer la chair fragile des innocents. Elle aborde les négociations syndicales de la même manière qu'elle prépare ses combats à mort.

Elle aurait fait une révolutionnaire très zélée. Mais elle est devenue gladiateur. La vie fait souvent des plaisanteries de mauvais goût.

Soudain, la porte s'ouvre. Un grand courant d'air pénètre la salle de réunion, escorté du fumet d'un homme-poisson qui prend ses bains dans un marais.

Eh oooh.

Karla Marx apprécie Doppio pour deux raisons : c'est un gladiateur, et un homme-poisson. Il partage donc deux tiers de sa condition de femme-poisson guerrière.

Tu as vu Turo ?
Non.
Tu as de la chance que je sois trop confortablement assise pour venir t'en coller une. Magne-toi.
Je vais recommencer le début de l'exposé pour toi, Doppio. Je venais à peine de commencer.
Bof pas besoin.
J'insiste. Mais tu as pas intérêt à ce que je te surprenne à regarder autre chose que mon écran.

Eh
Eh.
Karla est une femelle sympa mais elle s'accroche trop à mon cuir. Elle me gave d'histoires qui racontent les aventures des gentils prolétaires face aux dragons capitalistes qui jonchent leurs culs aux sommets des montagnes d'or. Elle m'explique qu'on est tous enchaînés à notre naissance. Que pour se délivrer, la lutte sera sans merci et perpétuelle.

Je laisse mes fesses tomber sur la chaise. J'ai bien la sensation d'avoir des chaînes, mais elles pèsent pas bien lourd, cette prison-là est plutôt confortable.

Les vraies chaînes sont dans la tête. Les peurs ! Mais il suffit de verser un peu de désespoir bien chaud pour les fondre.

Là je regarde les mirettes de Karla et devinez ce que j'y aperçois ? De la rage ! Elle a tout le temps la rage, dans tout ce qu'elle fait. Elle a de grosses pupilles bleues qui ressemblent à des chaudrons. On dirait qu'elle y fait mijoter toute la merde qu'elle voit, hop, puis qu'elle sert ça à sa cervelle qui se régale, une bonne soupe de colère et de mépris.

Je suis sûr qu'elle saurait concocter de bons petits plats de haine et de douleur aux copains de mon Club. Faut que je la recrute ! Et qu'au passage, j'arrive à la conduire à me tabasser.

Bah oui eh bah oui, c'est facile de donner des exos à ses élèves, mais si on est pas capable de les résoudre soi-même, est-ce qu'on mérite vraiment de se prétendre guide ?

Je fixe Karla. Son regard me fascine. Je nage dans son océan de haine. Une bonne petite brasse dans une colère rafraîchissante. Je me demande ce que tu as vécue pour avoir des yeux aussi terribles, Karla !

Doppio, c'est quoi ce regard ?
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Pendant ce temps, au port, le temps est à la fête.

Un vieillard éructe sur un quai, protégeant la passerelle donnant sur son navire d'une étrange meute composée de clochards en guêtres. Son visage a la texture d'une patate épluchée, c'est bien normal car il a la lèpre. Eh oui on ne fait pas le tour du monde sans ramener au passage quelques souvenirs.

Éloignez vous de mon navire, bandits !

Étrange meute, qu'on disait. Effectivement on mérite le qualificatif d'étrange lorsqu'on commence à vénérer les propos d'un homme-poisson zombie masochiste. La plupart des fans de Doppio explorent actuellement les sous-sols insalubres de leurs vies misérables et y ont trouvé une grosse araignée à leur plafond. Pas de logement, pas d'argent, pas de but, pas de vie, pas de liberté. Ils n'ont rien à perdre, donc ils ont tout à gagner.

La plupart d'entre eux ne se connaissaient ni d'eve ni d'adam avant de se rassembler sous les mots salement inspirants de Doppio. C'est aussi ça, le Bulb Club (nom provisoire), de charmantes rencontres avec des gens qui partagent nos centres d'intérêt.

-Tu vas devoir le défendre mon pote !
-On reculera devant rien pour lécher la jolie dame sculptée sur ta proue.
-On va aussi te tuer.
-Oui, on déconne pas.
Pourquoi moi ?! Je suis qu'un pauvre marchand fauché ! Regardez ma tronche ! J'ai l'air d'avoir quelque chose à piller ?!
-C'est ta tête qui nous a amenée vers toi.
-Oui, on l'a tous trouvée splendide.

Sans ironie. La lèpre est un spectacle qui nous renvoie à notre propre déchéance.
Comment ne pas se laisser hypnotiser ?

É-Écoutez, mon fils est à bord. Laissez-le partir et tout est à vous. Tout. Vous pourrez me tuer si vous voulez.
-Tu as un fils ?
-Ben alors on le veut également.
-Il est lépreux aussi ?
-On va se préparer un barbecue avec des lambeaux de vos peaux.
MERDE, BANDE D'ALLUMÉS ! JE NE ME LAISSERAI PAS MOURIR SANS EN EMPORTER AVEC MOI !

Il attrape une rame et se met en garde.
Quelques secondes plus tard, une lourde masse vient rebondir à ses pieds, jetée par l'un des disciples de Doppio qui s'est souvenu des consignes de son exercice.

Que... ?
-Tu peux te battre avec ça. Je te l'offre.
-Ah oui, c'est une super massue ça.
-Tu vas réduire nos os en cendres !
Vous êtes c-comp-plètement déments...

Cependant Papa Lèpre ne se fait pas prier. S'empare de la massue et se rue en beuglant sur l'illuminé le plus proche. Cet illuminé n'a pas de nom, les rats n'ont pas de noms, appelons-le arbitrairement Vigoule, octroyons lui temporairement une identité. Vigoule, donc, sourit à la venue du marchand enragé, et accueille à bras ouverts son coup de masse en plein thorax.

-Oooh, salopaaaard !

Sa cage thoracique sûrement réduite en poudre. La maladie et l'âge ont volé toute force physique au vieux marchand, mais un coup de masse, ça reste un coup de masse, qu'il soit infligé par un lion ou par un bousier.

Les autres adeptes sifflent Vigoule. Un sifflement d'admiration, transportant de sincères félicitations. Vigoule a terminé avec brio le TP donné par Doppio. Si son prof était présent, il lui aurait accordé un 18/20. Deux points ayant été bêtement perdus parce que Vigoule s'est permis d'insulter son partenaire de salopard.

-Aaaaaah. Excuse moi. T'es pas vraiment un salopard. J'ai adooooré ta frappe.

Justement une deuxième arrive à fond la caisse à bord d'un aller simple express en partance pour ses jambes, tout va bien à bord le voyage s'est bien passé. Énorme craquement ! L'un des genoux a éclaté, ou peut-être les deux. Un tibia qui était bien au chaud planqué sous la viande découvre le monde extérieur.

Vigoule jubile.
Ses compagnons meurent de jalousie.

-Moi aussi j'suis là !
-J'en veux !
-Chacun son tour, m'sieur Doppio tolérerait pas qu'on accomplisse les rites sacrés dans le chaos.
-M'sieur Doppio adore le chaos !
-Il adore le chaos mais seulement quand il se fait dans l'ordre et le respect.
-Quelqu'un a son numéro den den pour lui demander comment on doit s'organiser ?

Putain. C'est qui, m'sieur Doppio ?
-Règle n°5 : Il est notre chef mais pas notre dieu. Sa parole n'est qu'un boucan désaccordé qui a la chance de sonner doux à nos oreilles.
Je vous ai broyé les poumons, comment vous pouvez encore parler ?!
-Règle n°4 : Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Nous sommes de braves gens qu'on ne tuera pas facilement.
J'y comprends rien. Laissez mon fils partir. Laissez le... On veut rentrer chez nous... Logue Town. Notre maison. Notre marché. Notre paradis. J'ai été blousé par les promesses de Grand Line et j'ai embarqué mon fils dans ma folie.
-Règle n°3 : La folie est un état transitoire vers notre vérité. Restons fous le temps que nous aurons besoin avant d'atteindre notre illumination.
Arrêtez ça.
-Règle n°6 : Vous devez traiter votre prochain comme vous voudriez qu'on vous traite, c'est à dire brutalement.
SALES TARÉS ! VOUS ME LE DIREZ PAS DEUX FOIS !

Une graine de folie était déjà semée dans l'esprit aride de ce petit homme. Les disciples n'ont fait que l'arroser et voilà déjà qu'on en récolte les fruits goutus. Conformément à la volonté de m'sieur Doppio, ils commencent à créer un formidable jardin, c'est ça la botanique des coeurs humains.

Le fiston du vieux marchand mate depuis la fenêtre du vaisseau Papa en train de distribuer des mandales aux Clubistes qui en redemandent. Il ne sera plus le même Papounet chéri après ça ! Une excellente façon de reconstruire une famille accablée par le malheur.
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La réunion s'est bien passée mais si longue ! Je me desséchais, mon crâne est une énorme noix qui abrite un petit noyau tout fripé qui croustille sous les crocs. Oh dis donc c'est pas mon truc les réus, ma concentration est un peu trop volatile pour rester plantée sur un sujet quatre heures de suite. Le thème qui m'a fait tenir le plus longtemps, c'est les mirettes de Karla ainsi que les secrets qu'ils renferment, je pourrais disserter des siècles dessus !

Karla Karla Karla. Je la veux dans mon club. Je vais avoir l'impression qu'il est fade sans elle, sans la Karla, qu'elle est l'épice sanguinaire qui manque au bon petit plat pour devenir un régal. Je vais devoir l'aborder sans pitié, la Karla, la forcer à goûter mon cerveau et à se rendre compte que ce que j'y fais mijoter dedans est quand même sacrément succulent.

Allô ?
Ah.
Tu m'écoutais pas ?
Non.
Tu planes au-dessus de nos soucis toi...
Dans l'espace profond.
Je te disais que tu vas nous offrir un joli spectacle demain matin. Tu auras pas intérêt à te laisser distraire. Match à mort en équipes, c'est intense et ça pardonne pas. Vous aurez la réputation de la troupe entre vos palmes.
"Nos" ?
Ben oui, Karla et toi, contre Fred et Jamy, les champions de l'écurie du Camion Hurlant. Un géant et un tontatta. Vous avez quelques heures pour penser à une stratégie. C'est maigre, mais Nadia est radine en temps en ce moment.
Largement le temps.
Eux ont l'habitude de se battre en duo, pas vous deux. Tu dois même jamais t'être battu en compagnie de quelqu'un, hein ?
Jamais.

Libre comme le vent. Un vent maldorant. Libre comme un horrible pet qui charme les narines sur sa route. Faire équipe avec Karla m'offre un ticket pour son ÂME. J'aurais du écouter Tonio, il me filait mon occasion toute prête.

Trop bien.
Ah ?
Oui. Je vais aller réfléchir aux stratégies avec Karla. Au revoir.
Euh, attends, je pensais assister au planning aussi. Je connais bien vos adversaires et...
Je préfère seulement Elle et Moi.
Tu essayes de me dire que tu veux la draguer là ?

Le mot est connoté mais dans le fond c'est un peu ça. Je veux la draguer, l'emporter avec moi, patauger avec elle dans des piscines de sang et échanger nos douleurs respectives. De chouettes petites choses très platoniques finalement.

***

Doppio, tu es formé au karaté aquatique ?
Craig Kamina le connaissait. Si je trifouille un peu dans ma mémoire musculaire je dois pouvoir le déterrer.
Mouais. Et le haki ?
Non !

Je suis formé au haki du coeur, il me permet de contrôler les coeurs de mes fans comme autant de petites marionnettes agitées, et de les inviter à chercher des solutions horrifiantes à des problèmes insolubles. Le vrai haki c'est l'IDÉAL.

Le vrai haki c'est l'IDÉAL.
C'est pas lui qui te protégera du haki d'un géant. Rassure moi, tu sais que ton logia a aucune valeur ici, hein ?
Pas plus que nos vies !
Ce serait pas l'avis de Nadia, ça.
Elle spécule sur de la poussière.
Tu veux bien revenir au sujet, s'il te plaît ?
Pas d'inquiétude on gagnera. Tu sais j'ai un pouvoir, je lis dans les destins. Et les nôtres s'arrêtent pas demain, ah ça non.
Sérieusement, tu m'agaces. Ton jmenfoutisme durant mon exposé me donnait déjà envie de te coller des claques. Mais cette fois, il met ma vie en jeu.

Voilà, je les cherchais. Ses pupilles s'assombrissent. Un mur impénétrable contre lequel je me frotte tendrement. Ses yeux, même haineux, sont envoûtants.

Encore ce regard. Qu'est-ce que tu me veux ?
Tais-toi.
Quoi ?!
Je te regarde de la façon qui me plaît. Tu es une femelle et moi un mâle.
Je-
Je suis déjà bien gentil de te concéder la parole sur ce coup.

Faute de parole c'est la main qu'elle prend, et qu'elle m'envoie en pleine poire. Je bascule de mon siège en savourant l'impact, me mange un parquet de bois pourri qui envahit ma bouche d'une soupe de sang aux échardes. Durant un instant mon esprit broyé n'arrive plus à penser, c'est l'apogée de mon ascension, quand le corps n'est qu'un gros sac de nerfs bombardant la cervelle de signaux orgasmiques. Quand il n'y a que ça, aucune pensée grisâtre pour venir ternir le tableau. Le tableau de pure douleur que Karla m'a peint sur la tronche.

Pas encore relevé, j'enfonce un ou deux doigts dans la plaie béante qu'elle m'a ouverte au sommet du crâne.

TU M'AS BIEN BLOUSÉ, ABRUTI DE MACHO ! MOI QUI TE PENSAIS DIFFÉRENT DES AUTRES !
Hihi. J'ai rien senti.

Pas encore relevé, elle vient s'asseoir sur mon dos et me fait rebondir le crâne contre le même m² de parquet, maintenant repeint uniformément en rouge, mon rouge, le rouge de mon essence, le rouge du plaisir, le rouge du rire. Des crocs s'arrachent de mes gencives, violentant leurs nerfs, et ça si vous avez déjà visité un dentiste, vous devez vous faire facilement une idée d'à quel point c'est jouissif.

Septième ciel, espace profond. Galaxie de douleur. Constellation de nerfs affolés. Un trou noir funèbre qui menace de m'aspirer mais je vole trop vite pour lui. La Mort ne peut pas m'atteindre car je suis l'incarnation de la Saine Douleur.

Mais POURQUOI TU TE DÉFENDS PAS ?
Tu te défends quand une fourmi te mord la godasse toi ?

Elle enlace mon cou et le tire vers elle. L'air ne perce plus jusqu'à mes poumons ridicules, bien fait pour eux. Ils vont apprendre à se débrouiller seuls.

J'ai buté toute ma vie des tocards dans ton genre. Tape sur le sol pour te soumettre et éviter de mourir.

Je le ferai en temps voulu. Le manque d'oxygène est une sensation que j'ai jamais exploré, ça serait bête de louper cette occasion en or. Ma tête me fait mal, déjà parce que Karla a fait du mon crâne un gruyère délicieux, mais aussi parce que le cerveau, privé d'air, commence à sérieusement envisager de paniquer.

Mais chez moi, la panique, c'est tout juste un assaisonnement coquet pour la souffrance.

Q-Qu'est-ce que tu ATTENDS ?!

Elle a plus de force que moi, c'est clair ! Moi j'ai plus rien dans les muscles, même si je voulais me débattre sincèrement pas sûr que j'arriverais à quelque chose ! C'est parce que je suis un revenant, le zombie de Craig Kamina. Après être mort quelques heures la viande a déjà eu le temps de bien fondre, en plus d'être devenue citadelle de toute sortes d'insectes gourmands.

Mon museau, je le vois pendouiller sous mes yeux, il est tout bleu.

Mais enfin, ABANDONNE ! TU VAS TE LAISSER TUER JUSTE POUR ME FAIRE CHIER ?!

Je sens ma conscience s'éteindre. Je tape sur le sol. Pas si drôle que ça, l'asphyxie. La douleur se concentre sous la tête, on s'emmerde, c'est long, ça vaut pas les risques encourus. Je la déconseillerai à mes fans.

Tsssk.

Elle me relâche. Ma gorge me brûle, ça c'est bon. Au feu les pompiers ! Je me fais capturer par une quinte de toux et une respiration douloureuse et frénétique. C'est dire à quel point je prends mon pied.

Aucune chance que je fasse équipe avec un taré comme toi. T'as l'air susceptible de péter un plomb à tout moment.
Ça t'a plu de m'étrangler quand même, non ?
Bien sûr que j'ai adoré ! Tu...
Tu m'as appris de belles choses. Je respecterai les femelles désormais.

Je m'en cogne de ces questions, pour moi, mâle ou femelle, peu importe la race, peu importe le rang, on est tous des fantômes au gouvernail d'une épave. Mais ça lui fera peut-être plaisir d'entendre que je la respecte, et tout et tout.

Tu as l'air d'aimer dominer mais t'es même pas capable de soumettre ton propre esprit.
Alors maintenant tu vas me reprocher d'avoir réagi à tes provocs immondes ?
Non, je vais te conseiller un bon psy.
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L'heure de retourner dans mon entrepôt, le cocon chaud rempli d'un essaim de merveilleux papillons en devenir. Vu que ça fait que quelques heures que je les ai quittés, je m'attends pas trop à ce qu'ils aient déjà tous tombé mon TP.

Surprise ! Tractés par une ravissante motivation, ils semblent l'avoir tous accompli ! La plupart sont très très cabossés et certains sont même en train de se payer un dodo très long sur le sol métallique, se servant de leur propre sang comme d'une très épaisse couverture. Si ça c'est pas radieux je vois pas ce qu'il vous faut de plus. Ces types sont des perles, un collier de perles rouges.

Et surtout, après un rapide petit tour de maths, je me rends compte qu'ils ont doublé de nombre, mes Clubistes. C'est-à-dire qu'ils se reproduisent en transmettant le virus du fun à d'autres pauvres types, un espèce de virus zombie qui vide la tête des problématiques encombrantes et y laisse la place pour mon règlement. Le virus s'est bien baladé aujourd'hui, on dirait, il a fait ses courses.

-On a ramené un tas de nouveaux amis, m'sieur Doppio.
-Ils sont tous frais, sauf les deux lépreux là-bas.
Vous avez invité la lèpre dans le Club ?
-On aurait pas dû ?
Non c'est une super idée, la lèpre ça aide à se détacher de son corps. Littéralement hihi.
-Bonne blague.
-Retenez tous ce trait d'humour de m'sieur Doppio !
-Je vais le graver sur mon biceps au surin !

Je prends un bain d'enthousiasme, j'inhale ce brouillard de folie qui couvre leurs petites mirettes sombres, à eux tous. C'est ma collection personnelle, ma collection de petits coeurs brûlants d'une étrange fièvre qu'on appelle "l'Illumination". Ils ont résolu mon exercice et ont attrapé la torche que je leur tendais. Ils sont désormais capable de percer les TENEBRES.

Mine de rien ça nous fait un total de beaucoup de monde, et même si on en extrait les blessés graves et les morts, ça reste beaucoup de monde. Ça ressemble à une armée, une modeste armée, mais est-elle bien homogène, ma tendre armée, est-ce que les nouvelles recrues sont aussi bien élevées que mon fanclub ?

Je hurle la réponse à la question que je suis seul à me poser !

EH OOOH LES NOUVEAUX !
JE SAIS PAS CE QUE VOUS PENSEZ DE NOUS MAIS SI VOUS SOUHAITEZ TRAHIR, ASSUREZ VOUS D'AVOIR LA CLASSE JUSQU'AU BOUT !

Parce que la classe c'est l'écho le plus persistant d'une personnalité.
Quoiqu'elle résonnera toujours moins qu'un bon coup sur un crâne vide bien sûr.
Se torcher son sale trou du cul avec la confiance d'autrui, c'est vraiment très impoli.
Mais si ça se fait avec un certain style, pourquoi pas après tout ?

Et puis si vous voulez me tuer, sachez que je suis toujours partant.

Ça fait pas de mal de rappeler les évidences, de les mettre à l'aise, les néophytes qu'ont été exposés aux ragots que les fans et les moins-fans colportent sur moi. Aïe aïe aïe les ragots ! J'en ai entendus qui prétendaient que j'étais un fou furieux cannibale, sérieusement ?! Je me nourris exclusivement de phoque depuis quelques semaines.

Blablabla ça fait beaucoup de blabla tout ça, la salive va finir par envahir le marais de sang qui me stagne sur le palais.

Blabla j'étais venu vous présenter une copine.
-C'est elle qui vous a mis dans cet état m'sieur Doppio ?
Ah vous aviez remarqué ?
-Oui, vous avez un gros collier bleu autour du cou !
Assez esthétique hein ? Mais faites pas ça, c'est nul niveau sensations.

Et là Karla sort des ombres qui s'appliquaient à préserver le suspense. Elle tacle le spectacle. Pas très courtoise, elle mériterait que je lui rive un bonnet d'âne sur la tête.

Sale tordu !

Suite à quoi son long front s'enfonce dans mon museau qui se plie alors comme un accordéon, produisant un mélodieux craquement ainsi qu'une pluie de crocs. Heureusement que ça repousse décidément sinon ça ferait longtemps que je pourrais plus me nourrir que de soupe !

Un sacré coup de boule mais je me casse pas la gueule cette fois, je reste droit en essayant aussitôt de réinstaller mon museau là où il était, il paraît que si on grimace trop longtemps le visage risque de rester figé.

Merci Karla de me filer ce cadeau surprise de douleur bien vive et d'avoir joliment réagencé ma dentition comme aucun orthodontiste ne saurait mieux le faire. Ça pardonne amplement le manque de courtoisie initial.

T'essayais de m'embarquer dans ta secte sadomaso ? Tu me prends pour une conne ?

Les Clubistes mirent la scène de ménage avec un air de banc de merlans. Certains un peu moins paumés que les autres applaudissent. Je m'arrache un croc qui pendouillait par son nerf à ma gencive supérieure. Je me gratte le menton avec, position du penseur. Par la même occasion il épluche un peu la peau, un picotement plutôt coquet bien que modeste par rapport aux raclées que je me prends ces temps-ci, toujours avec le sourire bien sûr.

Mais non voyons, c'est un Club de parole et de détente pour tous les pauvres gens un peu malheureux.
-Nous sommes la boussole du désespoir !
-On cartographie l'ultraviolence !
-Trouvez votre chemin radieux avec nous !
Ils sont dingues tes potes, hein ?
-Règle n°3 : La folie est un état transitoire vers notre vérité. Restons fous le temps que nous aurons besoin avant d'atteindre notre illumination.
Complètement barges. Aucune chance que je fasse équipe avec toi demain.
Il le faudra bien. J'avais une énorme surprise pour toi. C'est pour ça que je t'ai amené ici, devant tout ce public !
Quoi encore ?

A mon tour, je lui assène un intense coup de boule, j'y mets tout le poids de la compote aux fraises qui coule des jours heureux dans ma boîte crânienne. Un énorme craquement surgit encore, mais impossible de dire si c'est mon crâne ou le sien qui ouvre le ballet !

Karla, veux-tu m'épouser ?
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Vous êtes trop nombreux mes petits amis, je vais pas vous confiner dans ce placard quand même.
-M'sieur Doppio, cet entrepôt, qu'on y soit 2 ou 10000, c'est notre nouvelle maison.
Votre maison, elle est là.

Je lui touche le front du bout de mon doigt.

Je vous ai juste aidé à l'aménager.  
-Mais euh, qu'est-ce qu'on doit faire ?
Prochain exercice : le même que le précédent, mais en vous déracinant au passage.
-Quoi ?
Tu vas dire à tous tes potes de dégager de cette île et de fonder des Clubs partout dans le monde, partout dans l'univers. Dans un mois je veux qu'on soit implantés dans les blues et dans le nouveau monde. Dans un an je veux qu'on ait une succursale dans un autre système solaire.
-Ah ouais, ah ouais, carrément cool. On devient vos tentacules.
Exactement. Vous êtes chacun un petit tentacule surexcité qui peut s'insinuer partout, partout partout.
Les seuls que j'autorise à squatter Dead End sont les nouvelles recrues, et Karla.

-Vous, euh, vous aimez Karla ? D'amour ? De LOVE ?
J'aime tout d'amour. Je ne SUIS qu'Amour.

VRAK !

Karla avoine un Clubiste en arrière-plan, un Clubiste que l'on prénommera Zigoule, ça vous dit quelque chose ? Elle en fait son tambour. Le matraque de phalanges, de hakis et d'ondes. Du corps de Zigoule sort une multitude de sons merveilleux.

KRAK !
VRAK !
BRAM !


-Elle se bat super bien. J'aurais aimé qu'elle m'aplatisse la gueule à moi aussi.
Quand je vous ai vus, hier tous réunis, tous palpitants à l'unisson dans cet entrepôt, j'ai aussitôt pigé que vous représentiez tout pour moi. Mon Amour pour vous tous est inconditionnel. Un Amour si imposant qu'il déborde hors de mon coeur, qu'il inonde les vôtres.
Comme celui que la Maman Phoque porte à ses bébés.


Le Clubiste est ému. Des larmes sucrées giclent de ses coquards.

-Une-Une Maman Phoque...
C'est l'heure de tracer vos propres chemins à travers l'obscurité.

Ainsi débuta l'histoire de l'amour entre Doppio, ses fans, et Karla Marx, mariés un printemps sous un nuage de pétales sanglants.

Ainsi débuta l'histoire du Fun Club, l'extension de l'esprit pervers et génial de Doppio, dont l'ambition sera de s'étendre à travers les océans comme une immense marée noire.

Ainsi débuta l'histoire de Nadia dépassée par les virages incompréhensibles pris par ses alliés, mais aussi par ses secrets.

Ainsi débuta l'histoire de Turo, agent du CP6 ami avec l'une de ses cibles, mais la trahison n'est pas un grand mal si elle s'opère avec classe.

Ainsi débuta l'histoire de Tonio le champion, l'allumeur de foules et de passions, qui s'apprête à contempler impuissant la déchéance de l'écurie en laquelle il investissait son honneur.

Ainsi débuta l'histoire.
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