A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

Alba, Glaschù – Printemps 1627

Jour 1

Même au milieu de cette nuit froide et humide, le port était en effervescence. C'était comme si les habitants se préparaient à l'arrivée d'une tempête. Pourtant, le ciel était clair et dégagé. Les étoiles se donnaient en spectacle et la Lune, belle et bien pleine, éclairait même les ruelles les plus étroites. A part un vent violent à vous glacer les os, il n'y avait aucun signe avant coureur d'un éventuel déchaînement des éléments.

La jeune femme laissa l'équipage de l'Abhainn et s'engagea rapidement dans la rue principale. L'air lui mordait le visage et la laissait transie de froid. Ses vêtements n'étaient clairement pas adaptés à la température locale. Son séjour en pleine mer lui avait appris les caprices du temps. Aussi, elle avait réussi à troquer son short contre un vieux jean délavé. Mais cette "nouvelle" acquisition, ainsi que son manteau de cuir, ses bottines et ses mitaines ne suffisaient pas à la garder bien au chaud.

A cette heure, aucune boutique n'était ouverte pour lui procurer d'autres vêtements. Sa priorité était donc de trouver un endroit où se loger et manger à petit prix. L'un des matelots du navire qui l'avait amené jusqu'ici, natif de la ville, lui avait indiqué une taverne au nom prometteur : « Le Porc qui fouette ». Selon lui l'établissement préparait des plats bien garnis, et proposait des lits en dortoir pour une bouchée de pain.

Il lui avait donnée ses indications sur un bout de papier à moitié déchiré. Elle tentait tant bien que mal de déchiffrer les hiéroglyphes sans s'arrêter pour ne pas finir congelée. Difficile d’exécuter deux tâches en même temps alors que des bourrasques glacées jouaient avec vos nerfs.

Au bout d'une demi-heure elle trouva enfin la dite merveille. Il lui sembla avoir fait six fois le tour de la ville mais qu'importe, la taverne était bien là. Après avoir rapidement vérifié le nom de l'établissement sur la pancarte, elle se dépêcha d'entrer sans prendre le temps d'examiner plus en détail son aspect extérieur.

La rouquine ferma les yeux, jouissant de la chaleur qui réanimait ses membres. Une odeur aigre de viande mijotée aux épices mélangée à celle de la bière renversée - qui devait maintenant coller au parquet - lui chatouillait les narines. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point la faim et la soif l'avait tenaillée jusqu'à maintenant.

~

En ouvrant les yeux Juusan s'aperçut que la totalité des personnes présentes dans la salle la dévisageait. Elle se sentit rougir mais supposa que la soudaine chaleur qui réanimait ses joues endolories en était autant responsable que la honte qui lui montait au visage. Finalement, elle se dirigea lentement vers le comptoir et s'y accouda en essayant d'oublier tous les visages qui la détaillaient comme un vulgaire animal de foire.

C'est alors le regard le plus intimidant qui lui ait jamais été donné de rencontrer qui lui fit face. L'homme qui la fixait de l'autre côté du bar était imposant. Géant même. Il était si grand que sa tête touchait presque le plafond. Ses yeux d'un gris translucide, sa peau claire et ses cheveux d'un noir d'encre lui donnaient un air de mort vivant. Des tatouages recouvraient entièrement ses bras et le t-shirt blanc qu'il portait semblait pouvoir se déchirer à tout moment à cause des muscles du bonhomme qui l'étiraient à outrance.

Elle dut avaler sa salive pour se donner le courage de parler. Quelques rires gras de clients qui se délectaient de la scène se firent entendre.

- Bonjour … monsieur …  

Elle dut s'arrêter et avaler sa salive une seconde fois pour continuer. S'il ne faisait pas si froid dehors, elle aurait déjà déguerpi depuis longtemps.

- Je souhaiterais un bon repas et un lit chaud … j'ai de quoi payer … un peu … s'il vous plaît.  

Le géant ne lui répondit pas tout de suite, il se contenta de l'observer avec un regard indéchiffrable. Elle avait l'impression qu'il pouvait l'embrocher à tout moment avec un sabre pour la mettre à rôtir sur le feu de la cheminée.

- Et pourquoi ferai-je une chose pareille? ... demanda-t-il finalement.
- Parce que … vous … vous êtes un tavernier … que vous avez une taverne … avec de la nourriture … des lits …  
- Vraiment ?
- Oui … et j'ai aussi de quoi payer ... réussit-elle à articuler en retrouvant un peu de courage.

Pour appuyer ses dires, elle agita sa petite liasse de billets sous son nez. Il lui attrapa vivement la main. Elle déglutit une troisième fois. Cette fois-ci une petite goutte de sueur coula le long de sa tempe. Il lui arracha les billets de la main et se mit à les compter, un par un.

- Vous … com … combien cela me coûterait pour un repas et une nuit ?

Sans répondre, il prit un billet de cinq mille et un de mille, les mit dans sa poche de pantalon et lui rendit le reste. Six-mille Berrys lui sembla un peu exagéré pour un taudis pareil. Mais elle n'osa protester. Elle récupéra vivement son argent et le remit dans sa poche de jean.

- Je … j'espère qu'à ce prix là, la bière et le whisky sont offerts...

Le bonhomme la toisa et sourit légèrement. Enfin, elle avait l'impression de discerner un léger sourire en coin. Il s'empara d'un verre, le remplit de bière à la tireuse et le posa sans délicatesse sur le bar.

- Allez vous asseoir. Je vous apporterai le repas lorsque ce sera prêt. Le whisky est offert par la maison à tous clients restant pour la nuit. Il vous sera servit plus tard. Je vous indiquerai le dortoir des femmes à la fin de mon service.  

Elle allait s'emparer de son verre lorsqu'il la retint par le bras.

- Mais avant cela … je vais devoir vous demander de me laisser votre sabre. Pas d'arme ici, c'est la politique de la maison. Ou vous acceptez, ou vous dégagez. Et quel que soit votre choix je garde le fric bien sûr.  

La jeune femme se retourna. Les visages de la salle n'étaient vraiment pas amicaux. Cependant,  ils étaient beaucoup moins intimidants que celui du patron. De plus, cela signifiait qu'aucun d'eux ne portait d'arme, ce qui était plutôt rassurant finalement.

Elle dénoua le laçage de sa lame et la céda à contre cœur. Il la prit et la rangea sans ménagement avec les autres armes confisquées dans un placard à balai situé juste derrière lui.

Juusan attrapa son verre délicatement – ce n'était surtout pas le moment de le faire tomber par maladresse – et se dirigea vers les tables.


Dernière édition par Juusan le Sam 24 Mar 2018 - 11:10, édité 1 fois
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Jussan dénicha rapidement une table à son goût : ni trop éloignée du comptoir, ni au milieu de toutes les autres. C'était une table individuelle et discrète placée dans un recoin de la salle, entre deux cloisons. Elle s'y installa en ignorant les regards curieux des autres clients et sortit de son sac plusieurs avis de recherche.

La jeune femme les consulta un à un avec attention tout en dégustant sa bière. Elle les avait récolté à bord de l’Abhainn, le navire qui l’avait conduite de Shimotsuki jusqu’ici. Un petit sloop à deux mats composé d’une dizaine d’hommes et de deux femmes. Après trois jours passés dans le port de Nagaya à chercher un moyen de quitter son île natale et de prendre la mer, elle avait réussi à négocier la traversée en échange de petits services.

Cet équipage, sympathique et joyeux, comptait quelques membres originaires d’Alba. Selon eux, l’île faisait l’objet d’un complot interne. En cause, l’un des chefs de tribu qui aurait discrètement embauché plusieurs pirates comme mercenaires afin de déstabiliser ses rivaux.

Sur ce navire, donc, le martin facteur avait déposé le journal d'East Blue tous les matins, accompagné de quelques avis à chaque fois. Avec ses compagnons de route, elle avait déjà sélectionné ceux qui concernaient leur destination.  

Aucun de ces avis de recherche ne présentait une prime à plus de sept chiffres. La plus grosse atteignait juste le million. C'était l'idéal. La chasseuse de prime commençait tout juste dans le métier, et se refusait un excès d'ambition. Son frère lui, avait certainement été capable de capturer un pirate avec une prime à huit chiffres dès ses débuts. Pas elle.

Cette réflexion l'amena à penser à Juuichi. Allait-il bien ? Sa situation était plus que frustrante. Après tout, c’était parce que la marine avait déclaré le jeune homme mort sur une île de Grand Line que Juusan avait décidé de prendre la mer. Cependant, on ne pouvait aller plus vite que la musique. S’engager sur la route de tous les périls nécessitait un minimum de préparations.

Trois avis de recherche l’intéressaient particulièrement : deux de quatre-vingts mille Berrys et un de un million. Elle s’attarda sur ce dernier. L’avis précisait :  Erik Tulman, mort ou vif.

C’est à ce moment que le patron vint lui apporter son repas. La femme aux cheveux roses dégagea rapidement la table pour qu’il dépose devant elle un plat simple composé d’une viande rouge accompagnée d’une salade et de purée de pomme de terre. Simple mais efficace.

- Merci.
- Vous êtes une chasseuse de prime ?  … demanda le tavernier en écarquillant les yeux.

Il venait de remarquer les affiches. Elle se mordit la lèvre inférieure. La discrétion, il connaissait ? Apparemment non. Tous les yeux déjà bien trop curieux à son goût étaient maintenant tournés dans leur direction. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était se reposer et manger un bon repas chaud en consultant ses avis de recherche. A priori, on se trouvait dans un pays de petits fouineurs.

Elle releva la tête pour l’envoyer balader mais se ravisa au dernier moment. Non pas que la carrure du bonhomme l’eut arrêtée – ça aurait dû – juste qu’en réfléchissant bien elle se dit que la conversation pouvait tourner à son avantage et la renseigner sur ce fameux pirate.

- Oui … et vous pourrez sûrement me rendre un grand service monsieur.  
- Ah ouais ? Et comment ?  … demanda-t-il, curieux.
- Je cherche à coincer ce type  … dit-elle en montrant l’affiche à un million de Berrys. Sauriez-vous par hasard où se cache cet énergumène ?  

Cette fois-ci, tous les curieux – c’est à dire à peu près toutes les personnes présentes dans la salle – se levèrent pour admirer le papier que tendait la jeune femme. D’abord surpris, ils se mirent tous à parler en même temps et un brouhaha sans nom retentit dans tout l’établissement.

- Mon oncle l'a aperçut à …
- Tu l'as acheté où ton nouveau kilt ?
- J'te le dis moi, c'est un sacré gaillard celui-là …
-  … T'en serais même pas cap' !
- Tire mon doigt !
- Elle est pas un peu folle celle là ?
-  … Si si j'te jure ! De la vrai laine, et ça m'irrite même pas les …

La jeune femme, dépitée, tentait tant bien que mal de suivre les paroles de chacun. En vain. Tout ce capharnaüm restait incompréhensible. Ses oreilles commençaient à bourdonner tant le bruit devenait insupportable. Elle n’avait qu’une envie, filer loin d’ici. C’était sans compter la température extérieure.

Les commères étaient presque en train de se battre maintenant. Il fallait les ramener à la raison où les conversations dégénéreraient en baston générale. La rouquine prit une grande inspiration, mit ses doigts à sa bouche et émit un puissant sifflement.

Tous se turent et la regardèrent avec stupéfaction. Elle avait réussi son coup. Elle ne leur laissa pas le temps de répliquer et annonça d’une voix claire :

- Ok les mecs, j’ai deux oreilles, mais vous savez quoi ? Elles ne fonctionnent pas séparément. Si vous avez des informations à me donner sur ce type, vous me faîtes une jolie file devant la table et je vous écouterai un par un. Compris ?  
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Cela faisait maintenant plus d'une heure que Juusan écoutait les témoignages des clients dans cette taverne sombre et poussiéreuse. Bien que la chaleur émanant de l'immense cheminée procurait un réel réconfort, elle endormait aussi ses paupières déjà lourdes de sommeil. La chasseuse de prime mangeait son plat – bien froid maintenant – et en même temps prenait des notes sur la page d'un petit calepin à la couverture de cuir noir.  

Au début, les récits lui avait paru presque exaltants, elle s'était empressée de noter le plus d'informations possibles en écrivant frénétiquement sur le papier à l'aide de son crayon. Maintenant, elle baillait à chaque fois qu'une nouvelle personne s’asseyait à sa table. C'était toujours le même discours.

- Pourquoi z'allez pas demander au père Mc Donald qui habite dans les hauteurs de la ville ? Il sait tout sur tout celui là …
- Paraîtrait que plusieurs chasseurs de prime se sont déjà lancés à ses trousses ... mais ils ne sont jamais revenus.
- Vous z'avez ma parole ma p'tite ! Il est grand comme un arbre et fort comme un bœuf !
- On dit qu'il viole les bonnes femmes des fermes après avoir tué leur mari, puis il dévore leurs enfants.

A chaque fois, ils évoquaient la réputation du fameux pirate sans donner d'informations concrètes sur les endroits qu'il avait fréquenté. Ce qui l'amena à demander une rapide description de l'île à l'un de ses informateurs pour en faire un croquis. A partir de là, elle pu poser des questions plus précises et mettre une croix aux emplacements où on l'avait aperçu.

Petit à petit, l'étau se resserra. Le pirate et ses sbires – ils étaient quatre selon les dires, mais personne ne put lui dire à quoi ils ressemblaient – avaient commis leurs méfaits sur les terres Mc Douglas et Mc Queen dans une zone qui suivait globalement la frontière des Terres Mc Gregor. De plus, on les avait aperçu plusieurs fois autour du Loch Ohba et dans les collines située au Sud-Est.

Lorsque le patron lui apporta le dessert – un crumble aux pommes – elle avait fini ses entretiens et reproduisait le portrait de l'avis de recherche sur son petit carnet. Elle avait entrepris d'y dessiner tous les visages des pirates primés qu'elle comptait attraper. D'abord, parce qu'elle pouvait ainsi enregistrer précisément les traits caractéristiques de ses ennemis, et d'autre part cela lui évitait de se promener avec trop d'affiches à la fois. Prise dans sa réalisation, elle ne vit pas tout de suite les deux hommes qui s'installèrent à sa table.

~

L'un d'eux dû émettre un raclement de gorge pour que la jeune femme lève la tête. Plus que de la surprise, c'est de l'agacement qui se peignit sur son visage. Qu'est-ce qu'on lui voulait encore ? Elle en avait plus qu'assez d'entendre des pochtrons lui narrer des anecdotes de beuverie ou à l'inverse des récits atroces de massacres de femmes et d'enfants.

Elle soupira et se résigna à entendre un énième témoignage qui, elle en était presque sûre, ne lui apporterait rien de plus.

- Oui, c'est pour quoi ? ... demanda-t-elle insolemment.

Les deux hommes se regardèrent mais ne semblèrent pas vexés par l’attitude de la chasseuse de prime. Finalement, ils dévoilèrent un sourire édenté et noirci par le tabac à chiquer. Elle en eut presque des hauts-le-cœur. Ces deux-là n'étaient vraiment pas portés sur l'hygiène.

Celui de gauche devait avoir une quarantaine d'années. Il avait des cheveux blonds, sales et emmêlés. Sa longue barbe paraîssait presque plus entretenue grâce à deux tresses qu'il avait confectionnées au niveau des moustaches. Des yeux bleus apaisaient les traits de son visage bien abîmé par la vie en pleine air sans pour autant le rendre bel homme. Il portait des vêtements traditionnels, un kilt bleu et vert surmonté d'une chemise autrefois blanche ainsi qu'un veston bleu marine aux boutons dorés. A sa ceinture était accroché un étui en cuir brun destiné à accueillir un pistolet, vide évidemment.

Celui de droite semblait beaucoup plus jeune. Il n'était pas plus soigné pour autant. Sa chevelure, d'un brun grisâtre était encore plus emmêlée que celle de son compagnon. On devinait à sa barbe naissante qu'il essayait tant bien que mal de la laisser pousser, sans grand succès. Des yeux aussi noirs que ceux d'un requin, et dont l'un disait merde à l'autre, lui donnaient un air vraiment abruti. Il portait un kilt rouge et vert surmonté d'une chemise bleue et d'un veston rouge. Lui aussi portait un étui en cuir à sa ceinture, celui-ci abritant habituellement un sabre.

- Il paraîtrait que vous cherchez le pirate Erik Tulman ? ... commença le plus vieux.
- On sait exactement où il se trouve ! Shishishishi ... continua le brun en riant comme s'il lui manquait une case au plafond.

Elle était on ne peut plus méfiante mais feignit d'être intéressée.

- Vraiment ? Et comment se fait-il que vous déteniez une telle information ?  
- Parce qu'on fait parti de ses victimes ! Shishishishi
- Tient donc ! Voici un récit que je meurs d'envie d'entendre ...
- Mes parents sont morts dans l'incendie de notre maison, après qu'Erik Tulman ait pris tout ce qu'on possédait. Il met toujours le feu aux fermes qu'il pille et ne laisse presque aucun survivants. C'est pour ça qu'il est si dur à trouver... Shishishishi
- Et bien sûr, vous, génie que vous êtes, vous avez réussi à en réchapper ... incroyable !

Il ne comprit pas le sarcasme et continua dans sa lancée, flatté.

- Oui, je m'étais endormi dans la grange, ce sont les hennissements des chevaux, apeurés par le feu qui m'ont réveillé. J'ai pu sortir à tant mais je n'ai rien pu faire pour mes parents … ni pour les chevaux.  
- Fascinant ... vous ne paraissez pourtant pas bien triste pour quelqu'un qui vient de perdre des êtres chers ...

Le jeune homme la regarda avec un air ahuri. Il ne sembla pas comprendre ce qu'elle insinuait. Son compagnon lui sourit. Il semblait avoir parfaitement compris ce qu'elle voulait dire et tenta d’apaiser ses craintes.

- Une poutre lui est tombé dessus lorsqu'il essayait de sortir de l'écurie en feu. Depuis, il n'a plus toute ça tête.  
- Cela expliquerait bien des choses en effet ...  

La jeune femme aux cheveux roses regarda tour à tour les deux hommes. Le jeune la regardait avec un sourire abruti mais le vieux, qui ne parlait presque pas, la dévisageait pensivement.

- Donc … vous savez exactement où il se trouve ? A cet instant précis ?
- Oui … et on peut vous y conduire dès demain.  


Dernière édition par Juusan le Dim 4 Fév 2018 - 14:14, édité 1 fois
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Alba, Loch Obha – Printemps 1627

Jour 4

La jeune femme avançait lentement le long du sentier escarpé. Le printemps s’installait à peine et le sol était encore glissant. Par endroits il était recouvert d’une neige qui avait à moitié fondue avant de geler à nouveau. Un regard vers l’Est lui indiqua que le soleil n’allait pas tarder à se lever. Des lueurs violacées se propageaient dans le ciel et commençaient à teinter les nuages. En contre-bas, elle distinguait à peine le Loch Obha. Un voile de brume fine le recouvrait et seuls quelques arbres et rochers isolés en dépassaient.

Leur refuge pour la nuit passée était visible par intermittences. C'était une petite ferme à moitié en ruine mais dont le toit, par miracle, tenait encore debout. Le vieux bâtiment, bien que complètement décrépi, leur avait offert une solide protection contre le vent et le froid de la nuit.

Ils avaient levé le camp deux heures plus tôt, préférant commencer à marcher avec les rayons de la Lune. Leur ascension allait être longue et il fallait qu'ils soient redescendus avant la tombée de la nuit, qui était assez précoce en cette saison. Ils avaient pour objectif le mont Obha, qui surplombait le lac du même nom. Puis ils redescendraient par le versant Sud afin de rejoindre un nouveau refuge pour la nuit. Et enfin, ils atteindraient le repaire du pirate le lendemain.

Après sa première nuit passée à la taverne de Glaschù, elle avait eu la matinée pour se préparer à cette folle aventure. Elle s'était procurée provisions, vêtements chauds et accessoires dans deux magasins proches de son point de rendez-vous avec ses deux guides.

Elle avait d'abord déniché un blouson de cuir au col en fourrure de mouton large que l'on pouvait rabattre sur ses oreilles pour se protéger du froid, préférant garder tout de même son précédent manteau de cuir afin de s'en faire une protection supplémentaire pour la nuit. Elle s'était également procurée une couverture de laine de mouton assez large qui lui faisait office de sac de couchage, ainsi qu'une paire d'épaisses chaussettes en laine idéale pour la nuit. Affublée ainsi, elle ne risquait plus de mourir de froid. Enfin, même avec un bon équipement, on ne pouvait pu dormir à la belle étoile sans la chaleur d'un bon feu de camp.

La jeune chasseuse de prime, même inexpérimentée, n'avait pas oublié de se procurer trois bons mètres de corde. Elle espérait en avoir assez prévu.

- Hey ! Tu te magnes un peu la gamine ! On a pas que ça à faire !

Encore une fois, elle se faisait réprimander par son guide. Tom, le vieux à la barbe tressée, était un homme robuste, taillé semblait-il pour supporter les dures conditions de vie de cette l'île. Tout en muscle, il en imposait aussi par sa taille.

Juusan ne voulait surtout pas faire de cet homme son ennemi. Aussi, elle ne broncha pas et continua d’avancer. Après tout, la jeune femme s'était mise dans une position bien inconfortable en choisissant de suivre ces deux inconnus. Elle n'aurait pas le droit à l'erreur sur ce coup et devait rester sur ses gardes.

Sam, le jeune au regard d'abruti, ouvrait la marche dans une allure rapide. Elle avait décidé de ne pas se donner à fond afin que ces deux compagnons de route sous-estiment ses capacités physiques. En réalité, elle aurait largement pu être devant le plus vieux de ses guides. En plus de feindre une fatigue musculaire, cela lui permettait d'élaborer un plan d'ici la nuit à venir. Car elle en était sûre, si ces deux gaillards dont elle se méfiait comme la peste devaient passer à l'action, ils le feraient cette nuit.

~

Comme les deux hommes l'avaient prédit, ils marchèrent toute la journée, avec une seule petite pause pour le déjeuner et n'arrivèrent au nouveau refuge qu'une heure avant la tombée de la nuit.

Juusan prit le temps d'observer les lieux. Cela allait lui être crucial pour les heures à venir. Il s'agissait encore une fois d'une ferme à l'abandon mais moins décrépie que la précédente. Elle lui rappelait la ferme de ses parents nichée sur le flanc d'une colline proche d'une rivière. Il n'y avait que quelques arbres en contrebas, le long du cours d'eau. Tout le reste était dégagé et offrait une belle vue sur les collines alentours.

A l'intérieur, le logis était bâtit sur deux niveaux. Le toit était intacte. Le plancher de la mezzanine ainsi que l'escalier de bois s'étaient effondrés sur la partie arrière du bâtiment. Ce qui laissait quand même suffisamment de place pour s'y installer confortablement. Le mur de droite offrait une magnifique cheminée en pierre qui leur apporterait de la chaleur pour la nuit à venir.

Parfait, cela était tout à fait compatible avec le plan qu'elle avait imaginé. Un coup d’œil à ses compagnons et elle vit que Sam devenait de plus en plus nerveux. Sentait-il le danger lui aussi ? Quant à Tom, le plus expérimenté, il paraissait calme mais si on regardait attentivement, on pouvait observer quelques tiques nerveux qu'il n'avait pas jusqu'alors. Était-ce le fait de se rapprocher de la tanière du grand méchant loup qui les rendaient si nerveux ?

Elle décida d'accélérer un peu les choses et prit les devants pour garder le contrôle sur la situation.

- Il y a une rivière par là, je vais en profiter pour me laver. Ce n'est pas parce que nous sommes en pleine nature que je dois me laisser aller.

Comme elle s'y attendait, les deux hommes se regardèrent, surpris.

- Mais, il fait très froid mam'zelle. En plus, c'est pas sûr qu'on pourra faire un feu ce soir, on est maintenant trop proche du repaire, on pourrait nous voir ...
- C'est bon, laisse la jeune demoiselle se laver si elle en a envie ! ... dit le plus vieux en lui donnant un grand coup de coude.

Sam ne sembla pas comprendre et le regarda avec son air abruti qui le caractérisait si bien. Ce dernier le fixait avec insistance d'un regard qui signifiait : « Putain petit, t'as pas intérêt à merder sur ce coup ! » Le petit en question finit par comprendre et haussa les épaules. Il devait avoir l'habitude de laisser son compagnon gérer ce genre de situation.

Tout ceci conforta Juusan pour son plan et elle se félicita intérieurement d'avoir anticipé la situation. Elle laissa ses provisions à ses guides et alla rejoindre la rivière en aval pour faire sa toilette. Elle sourit largement lorsqu'elle leur tourna le dos.


Dernière édition par Juusan le Dim 4 Fév 2018 - 14:25, édité 1 fois
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Le soleil rasant lui offrait un réel avantage. L'Ouest était juste derrière elle, et l'aidait à rester camouflée dans les buissons sans prendre le risque d'être découverte. Ses deux « compagnons de route » avaient terminé de ramasser du bois pour le feu. Ils n'avaient plus peur de l'allumer maintenant ? Ils s'étaient assis sur une souche d'arbre et discutaient, tout bas.

Elle rampa sur quelques mètres pour se rapprocher encore un peu plus et tenter de distinguer leurs paroles. Malheureusement, les herbes bien que très hautes ne la cachaient pas vraiment. S'approcher encore plus était beaucoup trop risqué. Aussi, elle resta tapis au milieu des fourrés et n'entendit que des bribes de leur conversation.

- … faire … elle ?
- On … elle ... laver.
- … tu … aller voir ?
- Erik … aucun risque. … nuit … dort.
- … vulnérable … nue.
- … pervers ! Si … voir … vas-y. … attention … corde … attacher.

Son intuition était la bonne. Ces deux là faisaient bien partie de la bande du pirate qu'elle poursuivait. A les entendre, ils avaient pour ordre de la ramener au repaire, attachée, donc vivante. Pourquoi ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Apparemment Tom, le plus expérimenté, proposait plutôt de lui mettre la main dessus pendant la nuit lorsqu'elle dormirait. Cependant, Sam, le plus jeune, préférait l'attraper maintenant pendant qu'elle se lavait à la rivière. *Idiot. Pourquoi n'écoutes-tu pas ton ami qui semble bien plus intelligent que toi ? En effet, vous auriez eu beaucoup plus de facilités à m'attraper cette nuit. Maintenant, c'est toi qui va tomber dans mon piège. *

Alors que le brun au regard de débile alla s'emparer de la corde, elle se dégagea des buissons et entreprit de suivre le jeune homme qui se dirigeait maintenant vers la rivière où elle était sensée se trouver.

Une fois proche de l'eau, il s'accroupit. Il pensait pouvoir la prendre par surprise. * Si tu savais … * Mais une fois sur place, il ne trouva que les habits de la jeune femme, bien disposés en évidence sur un rocher. Il tourna la tête à gauche, puis à droite. Évidemment, il devait bien se demander où elle était passée. Elle avait même pris soin de laisser là, bien en vue, ses sous-vêtements.

Pour toutes celles et ceux qui se demanderaient à cet instant ce qu'elle pouvait bien porter : non elle n'était pas nue. Elle avait revêtue son long manteau de cuir qu'elle avait gardé dans son sac et qui la gardait un peu plus au chaud la nuit. Les deux hommes n'avait jamais vu ce vêtement. Aussi devraient-ils penser qu'elle était en effet complètement nue.

Il attrapa sa petite culotte et se mit à la renifler. La rouquine faillit vomir de dégoût. * Mais quel gros pervers ! * Même si elle avait fait exprès de laisser ses sous-vêtements pour le déstabiliser, elle ne s'attendait pas à ce qu'il fasse une chose pareille.

Le jeune pirate se pencha et observa à nouveau autour de lui, se rappelant sûrement qu'une chasseuse de prime se trouvait dans les parages. Il jeta négligemment la petite culotte au sol. Sombre idiot. Il regarda en amont de la rivière, mais il n'y avait aucune piscine naturelle suffisamment large pour s'y baigner. Aussi, il choisit de descendre le long du court d'eau. Au moment où il entendit des clapotis dans l'eau, il pensa sûrement qu'elle devait se trouver juste là, derrière un rocher, puisqu'il se cacha dans les buissons.

C'est ce moment que choisit la jeune femme pour se jeter sur lui et l'assommer avec la poignée de son sabre. Un bruit sourd émana de son crâne au moment de l'impact et le jeune homme se retrouva tête la première dans l'eau. Elle le rattrapa de justesse avant qu'il ne soit emporté par le courant et l'étala sur le ventre à côté de la berge. Il ne se réveillerait pas avant un bon moment. Surtout qu'il était trempé et que le froid tombait de plus en plus à mesure que le soleil se cachait.

Juusan regarda longuement vers l'amont de la rivière pour s'assurer que Tom ne les avait pas suivis. Puis elle entreprit d'attacher le pirate avec la corde qui lui était destinée au départ – la sienne serait ainsi économisée pour plus tard. Avant de quitter son île, Juuichi, son grand frère, et elle, s'étaient entraînés à nouer des liens solides justement dans le but d'attraper plus tard de dangereux pirates.

Elle aurait préféré le suspendre à un arbre pour plus de sécurité mais n'en avait pas la force. Aussi, elle lui attacha solidement les deux pieds, puis les deux mains en prenant bien soin de relier et de soulever les quatre membres pour limiter au maximum les mouvements du pirate au cas où ce dernier se réveillerait. Elle put tout de même récupérer la moitié de la corde qu'elle n'avait pas utilisée. Elle la coupa et l'enroula autour de sa poitrine.

Une bonne chose de faite. La jeune femme repartit vers le rocher où l'attendaient ses vêtements, en prenant bien son temps pour ne pas être vue ni entendue. Lorsque le deuxième pirate ne verrait pas son coéquipier revenir, il irait voir de lui même ce qu'il se passait. Elle n'aurait plus qu'à l'assommer à son tour.

Et c'est exactement ce qu'il se passa. Enfin, à quelque chose près. Juusan dut attendre tout de même une bonne heure dans les buissons – grelottant de froid car elle ne portait qu'un simple manteau sans rien en dessous – avant que le coéquipier ne rapplique à son tour. Il faisait maintenant complètement nuit, ce qui serait un avantage pour elle car Tom, bien que plus vieux n'en restait pas moins un solide gaillard.

Comme prévu, il s'arrêta lui aussi devant les habits de la jeune femme. Et comme prévu, elle parvint à se rapprocher discrètement sans qu'il ne se retourne. Mais au dernier moment, elle marcha sur une branche et la fit craquer. Il se retourna vivement, dégaina son pistolet et tira dans sa direction. La balle effleura la joue de la jeune femme. Cette dernière ne laissa pas à son ennemi le temps de recharger son arme, et utilisa sa technique la plus puissante, l'envol de la Grue. Elle fit une roulade arrière, se retrouva accroupie sur ses deux pieds puis bondit sur son adversaire, sabre en avant. Il réussit à esquiver et elle ne le toucha qu'à l'épaule. Ce ne serait pas une blessure mortelle.

Cependant, le coup avait été assez puissant pour envoyer le pirate à l'eau. Il se fit rapidement emporter par le courant. A priori, il ne savait pas nager. Juusan se précipita, sautant de rocher en rocher pour rester à sa hauteur puis aperçut un tronc d'arbre tombé en travers de la rivière. Parfait. Elle s'y assis, bascula en arrière et tendit ses mains au vieil homme. Ce dernier lui attrapa vivement les mains et réussit tant bien que mal à se hisser sur la berge voisine. Elle s'empressa de le rejoindre alors qu'il reprenait son souffle.

- Mer … ci … parvint-il à articuler.
- Je vous en prie … pirate ... dit-elle avant de l’assommer sur la nuque avec le plat de son sabre.

Eh bien … celui-là lui avait donné plus de mal. Elle ne prit pas le temps de se reposer. Il était plus costaud que le premier et pouvait se réveiller à tout moment. Comme l'autre, elle l'entortilla dans le reste de corde et l'attacha solidement pour limiter ses mouvements. Ils auraient sûrement froid tous les deux, mouillés comme ils étaient. Mais elle s'en fichait pas mal.

La jeune chasseuse de prime retrouva ses vêtements avec plaisir et se rhabilla en tremblant de froid. Elle rassembla le reste de ses affaires dans son sac et se dirigea vers la petite ferme. A l'intérieur, elle trouva avec bonheur un bon feu déjà allumé dans la grande cheminée. De plus, Tom avait déjà entreprit de cuire la viande qui était maintenant à point, attendant patiemment sur une broche qu'on ne la déguste. * Merci les gars ! * En fouillant dans leurs affaires, elle trouva une petite flasque remplie de bon whisky. Elle se rassasia, finit son repas par quelques lampées du précieux liquide or. Une fois reposée, elle repartit dans la nuit vers l'endroit que lui indiquerait la lueur du feu de camp de ses ennemis.
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Le ciel était bien dégagé. Les étoiles scintillaient sur le noir d'encre et la Lune éclairait son chemin. Mais de ce fait, la nuit était beaucoup plus froide que la précédente. Elle se força donc à garder une allure régulière pour réchauffer son corps endolori.

La jeune femme avait lutté contre le froid au couché du soleil. Cependant, le petit tour joué à ces deux pirates en valait la peine. On lui avait toujours dit qu'être une femme serait un obstacle majeur dans le métier de chasseur de primes. Elle considérait au contraire qu'il pouvait y avoir beaucoup d'intérêts à faire partie du sexe faible. Non seulement elle pouvait utiliser les atouts que lui offrait son corps pour déstabiliser les ennemis, mais en plus, la plupart la sous-estimaient à leurs dépends. Elle venait de le démontrer pour la première fois de sa carrière, et cela n'allait pas être la dernière.

Juusan avait très rapidement repéré la lueur provenant du refuge d'Erik Tulman et ses hommes. Il devait se trouver à deux ou trois kilomètres en contre bas de la petit ferme. Quel était le plan des deux sbires qu'elle venait d'arrêter exactement ? Avaient-ils pour mission d'attirer les jeunes femmes vers leur repaire ? Non, jamais aucune femme un temps soit peu intuitive n'aurait accepté de suivre ainsi deux inconnus.

A moins qu'il ne s'agisse de son statut de chasseur de primes … Se pouvait-il que ces pirates tendent un piège à chaque chasseur débarquant fraîchement sur cette île ? Ce serait logique. Ils anticipaient ainsi les poursuites et pouvaient se consacrer pleinement au pillage des fermes des alentours.

L'un des témoins, dans la taverne, avait affirmé que plusieurs de ses collègues était partis à la recherche du pirate sans jamais revenir. Ce pouvait-il qu'ils soient tombés dans le piège qui lui était destiné à elle aussi ? Cela leur offrait en plus la possibilité d'asseoir leur solide réputation.

Plus elle se rapprochait de l'antre du grand méchant loup, plus elle devait observer minutieusement l'environnement. Chaque fourré, chaque colline, chaque arbre avait son importance. Son maître lui avait toujours dit qu'on pouvait tirer profit du terrain sur lequel on se trouvait à condition de l'utiliser à bon escient.

Tout comme les deux premiers refuges, celui-ci était une petite ferme perdue en plein milieu des collines dénudées. Il y avait de fortes chances qu'il s'agisse de fermes autrefois prospères et qui avaient été par malheur les proies de ce cher pirate sanguinaire. Astucieux, il se dispensait ainsi de la présence de voisins gênants.

Elle s'arrêta à environ cinq-cents mètres du repaire afin d'inspecter les lieux sans prendre le risque d'être vue. Cette maison, en bien meilleur état que les deux précédentes, était composée de deux bâtiments en bois et juchée sur une crête offrant un magnifique panorama sur le paysage alentour. Pratique pour voir arriver les ennemis potentiels. Elle était bordée d'un côté par un petit ruisseau qui fournissait ses habitants en eau potable, et de l'autre, de quelques arbres suffisamment rapprochés pour fournir une bonne cachette mais pas assez nombreux pour qualifier le tout de forêt.

Elle s'y dirigea et resta à l'abri des feuillages pour continuer son introspection en toute tranquillité. Entre le logis et elle, se trouvaient les toilettes extérieures. Intéressant, elle pourrait facilement neutraliser ses ennemis un par un lorsqu'ils viendraient faire ce qu'il aurait forcément à faire durant la nuit.

Devant la maison principale, de l'autre côté, était construite une petite écurie d'où lui parvenaient les hennissements de quelques chevaux.

La rouquine se dirigea vers la petite grange d'un pas rapide et discret. La nuit était claire, ce qui était à la fois un avantage et un inconvénient. En passant devant la maison elle entendit les éclats de rire de ses prochaines victimes. Ils semblaient enivrés par l'alcool. Tant mieux. C'était plutôt une bonne nouvelle.

Une fois à l'intérieur du bâtiment annexe, elle laissa les chevaux la renifler afin qu'ils s'habituent à son odeur. Il y en avait cinq. Un pour chaque pirate. Elle sella l'un d'entre eux, le sorti de son box et vint l'attacher à l'extérieur de l'écurie, sur la face opposée à celle qui donnait sur la maison de façon à ce qu'on ne puisse le voir ni de l'intérieur ni depuis le chemin menant aux commodités.

Puis, elle attrapa les licols suspendus et sortit les autres chevaux un par un. Elle les relâcha chacun leur tour dans une prairie située en contre-bas.

Une fois toutes les bêtes sorties, elle retourna dans l'écurie et avec son sabre entama chaque sangle des selles de façon à ce qu'elles rompent au moment de monter dessus. Si les choses tournaient mal, elle pourrait à tout moment s'enfuir sur le cheval sellé et il faudrait beaucoup de temps à ses ennemis pour non seulement récupérer leurs chevaux mais aussi pour grimper en selle. Avec un peu de chance, la sangle romprait une fois le cheval parti au grand galop.

Elle inspecta le reste de la grange. Il y avait là beaucoup d'outils de fermier. De la ficelle, des bêches, râteau pour travailler la terre, du fil de fer pour renforcer les clôtures ... Elle prit note de ces information et ressortit pour inspecter le reste de la ferme.

Cette dernière était surélevée sur la face avant et à moitié enterrée dans le sol à l'arrière. Sur la devanture principale, deux fenêtres encadraient la porte d'entrée. Un perron permettait de la rejoindre par trois petite marches. Une seconde porte, à gauche lorsqu'on se trouvait en face de l'entrée principale, donnait accès au sentier qui menait lui même aux toilettes. De l'autre côté par contre, il n'y avait aucune ouverture puisque la terre débordait jusqu'à la moitié de la cloison. Sous chaque fenêtre, deux autres petites ouvertures devaient donner sur ce qui semblait être une cave ou un sous-sol.

Il n'y avait donc en tout que deux portes et quatre fenêtres. Elle se glissa par l'une des lucarnes du sous-sol et atterrit sur un large établi. Une fois à l'intérieur, les voix des pirates qui s'amusaient juste au dessus s'entendaient beaucoup plus. Ils riaient à gorge déployée. Ils semblaient bien insouciants et sûrs qu'on ne viendrait pas les déloger. Grossière erreur. Mais ce qui la gêna le plus, se fut l'odeur qui était presque insoutenable dans cette pièce sombre et humide. C'était un mélange d'urine, d'excréments humains et … de mort.

La jeune chasseuse de prime faillit en vomir. Elle emmitoufla son nez dans le col de son t-shirt et finit par s'habituer à la pénombre, mais pas à l'odeur épouvantable qui régnait ici. Elle distingua alors plusieurs cages qui étaient disposées en quinconce dans tout le sous-sol. Il devait y en avoir une dizaine environ. En s'approchant de l'une d'elle, la jeune femme y découvrit un cadavre. Super. Il ne manquait plus que ça. Était-ce l'un des chasseurs de primes qui n'était jamais revenu ? Possible. Elle inspecta une à une les cages pour y trouver à chaque fois des corps à différents stades de décomposition.

Au bout d'un moment, elle ne put retenir ses hauts-le-cœur et vomit sur le sol en terre battue. Le bruit qu'elle émit alors lui sembla beaucoup trop fort. Il ne fallait plus qu'espérer qu'il n'ait pas alerté l'un des pirates. Tout à coup, un corps bougea. Puis un autre, et finalement un troisième. Il y avait des survivants, ils devaient être dans un sacré état mais ils étaient vivants.

La jeune femme aux cheveux roses était désemparée. En plus de devoir arrêter ces cinglés de pirates, elle devait maintenant libérer les trois pauvres bougres.
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