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Une rencontre qui façonne un homme



Des oiseaux chantent, une brise caresse ma peau, ça signifie probablement mon arrivée sur une île. J’me réveille tranquillement de mon petit bateau sans réellement savoir où je me trouve. Ouais, je sens simplement les rayons du soleil réchauffer ma peau. Voilà bien quelques jours que je ne mange presque pas, manquant de provisions. J’ai pas un sous. Que ce soit le logement ou la bouffe, ça sera au bon vouloir du peuple. Et pour couronné le tout, je suis toujours aveugle.

Génial.

En touchant mon visage, je m’aperçois que je commence à avoir une bonne barbe. D’ordinaire toujours rasé, je dois admettre que c’est étrange. J’aimerais me regarder à travers le reflet, mais hélas les dieux ont décidé de m’en empêcher. J’ai l’impression de n’être qu’un pauvre clochard à la recherche du pardon. Pardonner quoi ? Je n’ai pas toujours été aveugle, cela m’est apparu après un terrible accident et, depuis lors, la marine pour qui je travaillais m’a littéralement abandonnée.

Mes parents adoptifs ont voulu s’occuper de moi, mais par excès de fierté j’ai pris la fuite. Maintenant, je vogue de mers en mers, sans vraiment savoir où je vais, sans réellement avoir de but dans la vie si ce n’est survivre. Je prends ma petite canne, qui n’est autre qu’un futile bout de bois suffisamment grand et résistant pour supporter mon poids, puis je quitte ma petite barque. Je marche aveuglément là où m’emporte le vent.

Autrefois élégant jeune homme, je ne suis plus qu’un type ayant l’air d’avoir dix ans de plus, sale, vêtu d’haillons, empestant l’odeur de pisse et de transpiration… Ouais, c’est impossible de choper une gonzesse dans ces conditions. C’est-à-dire que même recevoir l’hospitalité des gens devient rapidement délicat. Mes longs cheveux sont gras comme pas possible. C’est insupportable. Alors j’avance tout bêtement là où j’entends du bruit.

Il y a de plus en plus de bruit, je me fais involontairement bousculer ici et là, c’est devenu normal pour moi. Il semblerait que je sois dans une ville, il y a du monde, ça discute, ça parle agriculture et travail à la mine… J’entends alors un groupe de gosses qui arrive de mon dos, je lève ma canne gentiment pour les stopper. Je sens qu’ils sont un peu surpris, mais je tente de les rassurer en me retournant avec un sourire assez communicatif… pas vraiment. Ils sont carrément effrayés, leur rythme cardiaque s’intensifie.

« Oï… Je n’veux absolument pas vous effrayer, dis-je en m’inclinant vers ces derniers. Comme vous pouvez le constater, et c’est probablement pour ça que vous avez eu peur, mais je suis aveugle et j’aimerais seulement savoir où je suis. »

Je baisse la canne. S’ils le souhaitent, ils sont libre de s’en aller.

« - Vous êtes sur Inu Town, m’sieur. me dit l’un.
- Plus précisément sur la cité des Karnutes, la cité la plus peuplés de l’île. reprend un autre.
- Pouvez-vous m’indiquer un lieu où il y a beaucoup de passages.
- Passe-nous ta main, on t’y emmène.
- Eh ! Dis m’sieur, t’as quel âge ?
- 18 ans. Et vous ?
- 11 ans.
- Et t’as pas d’parents ?
- C’est compliqué. »

Je n’ai pas spécialement envie de m’attacher à ces gosses, je ne compte pas rester longtemps ici. Ils m’ont emmené à l’entrée de ce qui semblerait être un taverne. Je le présume à l’odeur qui s’y dégage, à l’ambiance festive des travailleurs qui décompressent. J’irais bien me boire quelques pintes autour d’un plateau de charcuteries, mais j’ai pas un rond. Comme tout mendiant, je m’installe à côté de l’entrée de cette taverne, dans l’espoir que de généreux donateurs passent par là.

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Woodstone




Rey



équipage




Le navire révolutionnaire du capitaine Woodstone était  en mission sur North Blue,  il s'agissait  d'intercepter  un haut placé dans un réseau  de trafique d'esclave. Seul bémol, l'île ou se trouvait la cible était bien trop loin et le manque de vivre commençait à se faire sentir au sein de l'équipage.
Affin de satisfaire les besoins de ses Hommes  en nourriture et en heure de sommeil  le groupe fit escale à Inu Town, l'île la plus proche.  Et parmi les soldats de la révolution  ici présent on retrouvait Rey.

Le jeune homme portait encore les séquelles de sa vie d'ancien  esclave bien que cela faisait déjà cinq ans que le capitaine Woodstone le prit sous son aile. Après trois ans de traitement hormonal, de soin intensif le jeune  homme jouissait  finalement d'une vie normal malgré l'absence de son « membre viril » et cela faisait même deux ans qu'il avait fait serrement de rejoindre la révolution officiellement.


Pendant que l'équipage s'attelait à  sortir les caisses du navire, le capitaine donnait  de la voix pour ce qui était de l'organisation.

-Messieurs ! Vous avez bien travaillé, attelez vous  à  renflouer les stocks, McKarty, Butch  je vous laisse  vous occuper de gérer ça, on a eu de généreux donateur ma foi ! Plus tot on finira plus vite on pourra se reposer.

-Oui capitaine

-Je vais aller faire du repérage,  gamin tu m'accompagnes !

-Non merci j'ai des choses à faire tu sais..

-Insolent comment oses tu me parler comme ça !? Respectes tes aînés !

Ni une ni deux, à peine eut il entendu   la réponse de Woodstone qu'il se prit  un coup de poing de ce dernier qui l’assomma sur le coup. Et  à son réveil  il se trouvait dans un bar, non  une taverne plutôt après mure  réflexion, un comptoir, des trousseaux de clés épinglés sur le mur.    Une odeur  de bière et de cigarette  froide flottait  dans l'air, une cacophonie insupportable au oreilles du jeune soldat à peine sorti de sa torpeur.
Sur la chaise d'à coté le capitaine  riant au éclat,  pompette au possible, jouant au carte avec   des locaux  aussi ivre que lui si ce n'est plus. Le sexagénaire adressa alors quelques paroles à un de  des  fils de substitution toujours dans un ton enjoué.

-T'es d'retour gamin ! Je pensais y être aller trop fort cette fois ci mais t'as l'air de tenir plus ou moins le coups Haha !

-Espèce de vieux de mes deux  c'est pas passer loin !

-Haha un peu de respect morveux, vas t'acheter à boire et à manger tant qu'à faire ça va te détendre.

-Sans façon, je préfère aller m'entraîner plutôt.

Le ton du capitaine changea le temps d'un instant, plus sérieux, plus profond, agrippant  le bras de l’eunuque de manière soudaine avant de  poursuivre.

-Gamin, je sais ce que tu ressens, mais te tuer à la tache ne fera pas avancer les choses plus vites. Bois un coup et mange quelque chose, on en a pour quelques heures avant  que tout les préparatifs... Ah c'est à moi de jouer tu vas pas m'entuber   hein !

Cela en était déjà fini, il était déjà retombé dans  ses travers...Mais il avait tout de même raison, Rey pouvait laisser  sa soif de justice de coté un moment, même si son corps encore fragilisé et fatigué. S'entraîner au sabre et à améliorer sa condition physique  tout les jours pour compenser le manque de potentiel  était  sa seul façon  d'avancer, à défaut d'être née pour devenir le plus fort, il le  deviendrait  à la force de persévérance.  

S’apprêtant à  réceptionner sa commande, un plat de pâte  avec de la sauce tomate de mauvaise  qualité et un verre de soda, Rey ne buvant pas d’alcool  le goût amère de l'eau de vie lui étant  particulièrement  désagréable.
Toutefois, un nouvel arrivant  se fit remarqué, pauvrement vêtu,   un canne à la main pour s'appuyer,  des cheveux  long et gras, des yeux blancs vides de toute expression. Et bien que le jeune homme était  assez éloigné , il ne pouvait ignorer la puanteur qui s'en dégager. Mais, ayant lui même  connu la misère dès ses neuf ans et ne devant sa survie que sur un coup du sort, il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la compassion pour le nouvelle arrivant, et ne nécessitant pas  vraiment  de manger énormément au vu de son passé d'esclave, son appétit ayant été sculpté par la privation.

Son plat à la main,  un verre dans l'autre,  il s'avança en direction de ce qui semblait être un mendiant  assis près de l'entrée  mais ce dernier ne semblait pas vraiment le localiser  avec précision à l'aide de ses yeux.

-Excusez moi, je sais que ce n'est pas grand chose mais que diriez vous  d'un plat  de pâte et d'un verre de soda ?  N’hésitez pas  à vous installer je vous tiendrait compagnie si  cela vous convient. Je suis Rey cela dit au passage, Rey Bolgarski.


Dernière édition par Rey Bolgarski le Mer 24 Jan 2018 - 8:22, édité 2 fois
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Un révo, de nos jours, c'est soit un chômeur, soit une pute, qu'j'explique à Gob Darmeny.
- Oh ben quand même, qu'y m'fait genre je défends ma gamelle, y en a des bien.
- Meilleure vanne de la soirée celle-là. Un bon révo est un révo mort. C'est quoi, au fond, le but d'un révolutionnaire ? C'est dé révolutionner. Et pour ce faire, faut aller au charbon. Sans jeu de mots hein les gars.

Ouais, on est dans une mine, pour la petite info. Eclairés à la lampe à huile dans un endroit qu'a jamais vu le soleil. Et je suis entouré de mineurs, mais de ceux qu'un délinquant sexuel ne voudrait surtout pas inviter dans sa charrette à coup de bonbons. Y a tellement de testostérone ici qu'on pourrait tourner une pub pour parfum viril qui schlingue et qui nique la peau.

Un révo, ça ne dure pas longtemps. Parce qu'il aura agi. Je vais pas te citer Hagakure parce que je suis pas supposé le connaître, mais y a quand même un passage dans ce bouquin de sabreurs philosophes qui te dit que toute décision doit être prise en l'espace de sept respirations. On y parle aussi des quarante et des poussières ronins, dont le boss est mort et q'ont préparé un plan pour le venger. Minutieux et tout. Ben c'était contre leur code. Quand t'es ronin, si ta vocation n'est pas de te suicider comme un ado victime d'happyslapping, ben soit tu passes à autre choses et tu te trouves un nouvel employeur, résignation, soit tu vas au combat direct et tu venges ton lascar, réaction. Mais concocter un super plan de ouf pour tendre des embuscades à la mords-moi-le-noeud-vas-y-que-je-t'y-pousse-Marie-couche-toi-là, ben c'est de la merde.

Moi, je dis t'as un souci avec le Gouv ? Ben tu prends les armes. Pas littéralement, pas tout le temps. Y a de la futilité dans ce que je dis faut lire entre les digues. Mais en gros, tu te planques pas. Tu fais pas ta petite putaine trop rusée parce qu'elle remplit sa feuille d'impôts et dénonce son voisin qui met de la zik trop fort après vingt-deux heures. T'es révo, ta vocation est de vivre en marge de la société et de faire chier le monde. Pas le peuple, le monde.

Tiens, exemple comme ça, au débotté. Je sais que t'es un révo, Gob. En tout cas, à tes yeux. Ca se voit, ça se sent, rien que dans ta démarche ça transpire. Et t'es pas le seul ici. Je vous ai pas tous repérés, mais on sent clairement en venant bosser une demi-journée qu'il y a un microcosme dans la mêlée générale. Un peu comme si vous aviez baisé la veille et que personne ne devait le savoir. On retrouve le même truc dans les hautes sphères, chez ces nobliaux infectes. Mais bref, tout ça pour dire que rester là à attendre votre heure, c'est vain. T'entendras plus souvent l'appel de la bouffe que celui de la révolte. Mais je comprends, tu te sens utile, t'as l'impression d'agir en faisant ce que le colibri appelle sa part du boulot. Et c'est pas con comme tactique. Mais elle a une faille. La peur.

T'intégrer dans la société, c'est troquer ton indépendance contre de la sécurité. Tu découvres les joies du matérialisme, des mêmes voisins, d'une terre que tu connais. Ta bulle de sécurité s'agrandit. Et là, t'es dans le piège, parce que t'es à ça de devoir tout chambouler. T'es pas là pour aimer le monde, t'es là pour l'améliorer. Même si t'es un pur pro paré à abandonner sa famille, ses amis et tout le reste pour combattre sans un regret, sans une inquiétude le Gouv, combien sont comme toi, à ton avis ? On dit que les révos sont forts parce qu'on ne les voit pas. Moi je dis qu'ils sont fiottes parce qu'ils ne se montrent pas. Tu commences à te demander si je suis du CP hein ? Ca serait pas mal,ça comme tactique. Venir bosser à la mine avec vous et venir vous titiller la fibre antipatriotique pour mieux vous débusquer.

Réfléchis à ça. Si tous les révos ne se planquaient pas mais se montraient clairement, à quoi servirait encore le Ciphon Philter ? Qu'est-ce que tu veux espionner quand l'armée est là, bien visible et prête à te mettre sur la gueule ? Non, vous préférez tous vous planquer parce que vous savez qu'un flinguera d'abord celui qui gueule le plus fort. Et dans votre mesquineries de lopettes, vous préférez que le sacrifié soit l'autre et que vous vous puissiez voir germer les graines de votre nouvelle utopie. J'appelle ça être lâche et débectant, puis être déjà dans le mood d'un prochain tyran aussi. Sacrifier les autres pour conserver son confort, si ça c'est pas ce qu'on vit déjà avec les tauliers actuels. Une révo, c'est pas changer la tronche du Roi, c'est changer les règles du jeu. Voilà pourquoi un révo est un chômeur ou une pute. Et bon, ceux que je vois ici, ils ont un travail.

Le vrai révo, ou bien il a tout laissé tomber parce qu'il sait que ses prétendus frères convoitent l'héritage du combat plutôt que le combat lui-même et il a capté que ça servait à rien, soit il s'intègre dans le système et fait une révolte molle pour se donner bonne conscience. Ce sont les végétariens de la contestation.

Long silence, codé d'un morse de de pioches et masses autour de nous. Le discours a fait s'arrêter quelques uns des gars. Certains révos, certains simples civils. Je savais qu'il y en avait pas mal ici arce que c'est logique. Zone de travail pénible, ça filtre déjà pas mal d'indésirables. Puis c'est sombre, les artères ne figurent sur aucun carte. C'est l'équivalent d'une grosse cave secrète dans la ville. Mais c'est pas pour ça que je suis venu bosser ici. La révo est venue dans la conversation, mais pour moi ils ne le sont pas plus que les pêcheurs qui ne relâchent pas les trop petits poissons. Du coup, griller leur couverture en journaux, je m'en tamponne le derche au talc. De toute façon, qu'est-ce que tu veux qu'ils fassent ? Les gens sont automatiquement fascinés dès qu'un mec paraît un peu plus libéré qu'eux. On se pignole sur des "libres penseurs" des "sonneurs d'alerte". On les savoure par procuration, exactement comme ce révolutionnaire mou et lâche que je décrivais. Le fait qu'aucun ne vienne me péter la gueule, quitte à s'en prendre une sévère, confirme ce que je dis. Ce sont des mauviettes. Et c'est pas parce que je fais trois fois leur taille qu'il faut se priver. Si tu peux pas tenter ta chance face à un colosse de six mètres, comment tu comptes renverser une puissance mondiale ? Des colibris qui refusent de devenir des dragons.

Le boulot reprend. Reste quoi, une heure avant la pause ? Pas mal de bosseurs restent dans la gorge pour bouffer leurs tartines. Je suis mastoc, alors j'ai pas pu aller très profondément dans les galeries. J'ai à peine cinq minutes de marche jusque la sortie. En bon bosseur, j'empile quelques chariots miniers dans un brouhaha de grincements de pierrailles et d'acier. Autant te dire que ma force m'a immédiatement dégoté un contrat ici. Je suis une force de travail dans tous les sens du terme. La raison de ma présence ici est simple. J'ai trouvé un bateau hyper chouette pour décarrer, mais le Capitaine attend une marchandise qui devrait amarrer dans les trois jours. Alors, je lui accorde ce temps et visite. Quand on m'a parlé de la mine, j'ai voulu m'y remettre. C'est mon sport.

Je viens d'un royaume enseveli, où tout le monde est mineur. Je connais la roche, le boulot dans le noir où tu te sers plus de ton toucher que de tes yeux. Et cette impression que t'es entouré d'un vide plein, que si tu respires trop fort, tu vas dilater l'univers comme une jeune mariée. Ouais, y a vraiment un plaisir à crapahuter ici, dans le noir et la crasse, avec les claquements de roc qui raisonnent dans les tubes. C'est un peu comme regarder une carte postale de son foyer quand on est au front. Parce qu'il est loin, mon pays. Et j'ai compris que le temps que j'y retourne, tout serait à refaire. Alors, je fais mon deuil et m'injecte un peu de nostalgie en cassant du caillou.

Chariots sécurisés avec de la corde, je pousse la pile sur le rail grossièrement forgé. La lumière naturelle reprend peu à peu ses droits et la cavité expose toute sa cellulite. On se pousse à mon passage, comme si j'étais un train. Et c'est un peu ça, y en a de la marchandise trimballée d'un coup. Je peine malgré mon physique, parce que je n'ai pas arrêté depuis l'aurore et que j'ai chargé la mule pour en baver à l'extraction. Mais j'ai besoin de plus de bouffe qu'un humain de petite taille, alors faut que j'abatte plus de boulot. C'est le deal. Un deal de matérialiste, qu'on s'entende. On paye le travail accompli, pas le fait de travailler, d'avoir contribué à un projet. D'où concurrence, d'où inégalité, d'où création de castes et guérilla entre elles. Le dial se réfugie dans les détails. Mais j'ai la parade. Je compte pas attendre ma paye comme un bon mendiant. Je vais aller me bouffer un de ces trucs, buffet à volonté. Et ça sera sur l'ardoise de l'employeur. Il ne râlera pas en voyant l'addition, pas devant moi. Tout comme je n'ai pas râlé parce qu'il n'avait pas de matos de sécurité à ma taille. J'ai pris un risque, à son tour.

Hey, joli discours, Minos.
- Merci Snitch. Toi t'es un mec droit, je l'ai vu tout de suite.
- Merci gniark gniark gniark ! Mais je me demandais, comme ça, par hasard, et puisque tu es très à l'aise sur le sujet. Es-tu un révolutionnaire ?

Je le vois sortir un petit calepin et me fixer avec son oeil plus petit que l'autre. Un brave gars ce Snitch, il me manquera.

J'ai pas besoin d'être un révolutionnaire, Snitchy boy. Je suis déjà un Roi.


Dernière édition par Minos le Sam 27 Jan 2018 - 18:16, édité 1 fois
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De nombreuses personnes entrent et sortent de cette taverne. Bon dieu. Pas une seule n’a eu la bonté divine de me filer une pièce. J’suis un putain d’homme invisible ou quoi ? Un homme ? J’ne suis qu’un gosse de 18 ans encore, merde. Personne. Pas un type dans le lot capable de m’alimenter. Je suis prêt à travailler, même rendre service s’il le faut. Toussotant, je tente de d’attirer l’attention vers ma personne mais rien y fait. Je dois tellement empester que l’on me refuse tout.

Quel monde impitoyable. J’en viens même à m’demander si mon handicap n’est pas plutôt une bénédiction. Ainsi, on m’accorde la chance de ne pas voir ces humais dégueulasses. Les animaux, que je pensais dénués de sentiment, sont finalement biens plus « humains » que nous le sommes. Une bien malheureuse constatation. Je râle parce qu’on ne s’occupe pas de moi, mais si j’avais été à la place de toutes ces personnes, aurais-je fait quelque chose ?

« Encore merci m’sieur ! dit un homme, sortant de la taverne. J’peux espérer vivre quelques jours de plus grâce à vous. »

Un homme reconnaissant d’avoir pu manger… J’imagine qu’il s’agit d’un clochard comme moi. Il y a donc quelqu’un à l’intérieur qui a eu la bonté de le nourrir ? Ma seule chance de manger vient de s’envoler. Cependant, je prends quand même le parti de rentrer à l’intérieur. Sauf qu’une fois entré, je pressens un accueil des plus glacial. Un type vient me bousculer, volontairement ou non, alors que je viens toujours de franchir la porte.

« - Regarde devant toi ! Et va t’prendre une douche, merde ! Tu pue la pisse ! 
- Pardonnez-moi m’sieur. J’y vois pas grand chose. dis-je en passant ma main devant mes yeux.
- Un aveugle ? hùhù. »

Ça l’amuse ? Je sens des variations dans l’air, juste en face de moi, supposant que le type est en train de gesticuler devant moi. C’est probablement pour vérifier ma déficience. Une perturbation vient alors vers ma gauche, à hauteur de mon visage, et a en jugement la masse de celle-ci, je dirais qu’il s’agit de sa main. Rapidement, j’abaisse mon centre de gravité pour esquiver l’attaque, puis j’enchaîne avec une frappe de ma canne sur son genou qui le déséquilibre. À cet instant, je me redresse en vrillant sur moi-même, rotation finissant avec ma canne sur la tronche de mon opposant. J’entends des bouts de dents tomber au sol, avant qu’il n’en fasse de même à son tour.

« Pardonnez-moi pour ces désagréments. Aveugle, sans abri, sans un sous, je suis seulement ici dans l’espoir de pouvoir m’alimenter et non pas m’attirer la foudre de la population. Ce type a vraisemblablement voulu abuser de ma défiance. »

Je ne vois absolument les visages qui me font face, mais j’ai comme la sensation que leurs regards se posent sur moi comme sur une chose de dangereuse. Je ne suis pas dangereux. On veut ma peau, j’me défends. Alors j’me tiens droit, en appui sur ma canne, la tête haute et le regard porté vers l’horizon, ou vers tout et rien à la fois. J’attends quelque chose. Probablement mon jugement injuste. Si seulement j’avais le pouvoir de changer les choses dans ce monde…




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Guidé par  un besoin « d'aider autrui », principalement au vu de ce qu'il pouvait y voir, la même personne qu'il a été par le passé, seul et   dénigré de tous. Il apporta le plat à la personne à la table près de l'entrée. Cette dernière  se voyait prise d'un enthousiasme hors du commun et le remercia vivement avant de sortir sans problème, à croire que sa cécité était miraculeusement guéris . Toutefois l'odeur persistait toujours et semblait s'intensifier dès d'une autre personne arriva en franchissant la porte. Une autre personne au cheveux long et gras   encore plus pauvrement vêtu que le premier,  et comme par un curieux hasard il semblait également « aveugle ».... Décidément tout les  sans domicile fixe sont les même par ici, ils devaient tous remplir des conditions spécifiques pour être autorisé à mendier.

Dès que la personne  franchit le seuil de la porte l'odeur était tel que cela en était presque irrespirable, ce qui ne manqua pas d'attiser le mécontentement des personnes installées.   L'une d'elle n'hésita pas à   s'opposer à la présence du sans domicile fixe en ce lieu.  Le ton commençait à monter quand soudain le premier échange eu lieu en faveur du nouvel arrivant. En un tour de main il arriva à s'occuper de son opposant, c'était à se demander s'il était véritablement aveugle ou si cela était juste fait pour gagner la sympathie des gens.

Il se justifia ensuite en  expliquant sa  situation à tout ceux présent, sans abri ? Aveugle,  Rey avait vu des collègues soldat  ayant le parfait contrôle de leurs cinq sens   beaucoup moins compétent ! Woodstone s'amusait de la situation tandis que presque tout le monde    n'aspirait qu'à une chose : éliminer l'élément perturbateur. Après tout il aurait potentiellement l'avantage du nombre, si plusieurs  assaut combiné le  pauvre homme, même lui,  aurait sûrement  du mal.

Rey  n'ayant pas eut le temps de regagner sa place avant que la situation  ne tourne ainsi  se trouvait   à quelques centimètres du sans abri.   Ne voulant pas être impliqué dans une bagarre générale  pour un sujet aussi stupide   le jeune révolutionnaire opta pour la diplomatie, toujours la meilleurs solution d'après lui. Il arriva en  face de l'aveugle  sans pour autant être trop près,  au risque de se faire attaquer à son tour,   il  s'adressa alors au gérant   de vive voix  sans pour autant perdre de vu  a personne qui lui faisait face, on est jamais trop prudent.

-A boire et à manger pour mon  ami  tavernier !
-Pas  question que je serve quelqu'un comme lui, allez  ça dégage.
-Fermes là ! C'est pour moi, et de toute façon on mange dehors t'as pas à te plaindre.
-Ah oui ?! Et avec quel argent ?!
-Le mien.
-Ok, mes excuses Mr Woodstone, ce sera fait., par contre il rentre plus !
-Aussi il prendra tout  ce qu'il voudra , à volonté.
-Mais tu m'as pris pour   la soupe populaire ou quoi ?!
-T'as entendu le gamin?
-Ah..Oui excusez moi, ce sera fait!

Il pesta dans  sa barbe et l'atmosphère  redescendit d'une traite grâce à l'intervention autoritaire du capitaine  révolutionnaire et sa réputation  qui le devançait.  Pendant que le gérant s’exécutait malgré lui le jeune soldat essaya de prendre contacte avec le nouvel arrivant sans pour autant trop s'approcher, qui sait comment il aurait pu réagir, peu être l'aurait  il pris pour une agression, mieux vaux prévenir que guérir. Reprenant un voix plus calme  pour ne pas  faire miroiter de fausses intentions, Rey étant surtout guidé par l'intérêt premier d'éviter plus d'agitation, et un peu de bonté d'âme, même s'il se refusait à l'admettre.

-Je ne peux pas t'offrir un siège ici j'en suis déssolé mais je peux t'offrir à manger, c'est déjà mieux que rien. Je suis Rey  cela dit en passant.

Il invita alors la personne en évitant tout contacte directe  à le rejoindre sur la marche dehors une fois que sa commande sera prise.  Non pas par dégoût car l'odeur ne le dérangeait pas plus que ça, il avait connu bien pire dans les  camps d'esclave de son enfance.
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Révo, révo! on rentre du boulot ♫doudidouda dadidoudi Révo, révo, révo...
...Révo, révo! on y va au bistrot. ♫


Eh oui, je chante. Je chante du soir au matin. Je chanteuh sur les chemins. On a quitté la mine là. Nous reste trois quarts d'heure pour bouffer. Heureusement, on est dans la ville la plus fréquentée des environs. Ca veut dire plein de zones de restauration. Ca veut aussi dire peu de chances de faire de mauvaises rencontres. Eh ouais. Quand t'es dans un village paumé, t'as forcément qu'un bistrot. Et outre les vieux habitués, y a les jeunes délinquants qui se sont fait tèj de l'école. Leur signalement est clair, ils sont souvent trois, cons et ils cherchent des noises au mec le plus silencieux et dangereux des lieux. Souvent, le mec silencieux essaye de timorer la chose sans répliquer. Enfin, moi je dis que c'est surtout pour légitimer leur très proche bottage de cul. Mais j'avoue, quand t'as un têtard qui te provoque, c'est toujours drôle de le laisser un peu se mettre à l'aise avant de le calmer. Le temps d'avoir l'attention sur toi, de rendre l'humiliation du boys band bien public. Mais voilà, aucune chance que ça arrive ici. Enfin, minime la chance. Parce que c'est hyper fréquenté, donc les gens sont centrés sur leur vie. Paradoxe des villes.

En passant, je croise un vieux. Un truc tout moisi qui chantonne aussi. Un machin genre "on va s'aimer en aviron, sous le pont d'un bateauuuuu. On va s'aimer à se se brûler la peauuuuwoooohoooo" Je le coupe poliment et l'interroge sur s'il connait une bonne adresse où y a bon accueil. Malin le Minos, je sais que si ce clodos a son endroit où on le fait pas chier, c'est qu'on y est tout cool et que je pourrai direct passer au menu. Il me désigne une auberge quelques maisons plus loin et me salue du chapeau qu'il n'a pas. J'arrive à l'adresse. L'enseigne est illisible, mais je devine que le nom doit être original. Y a même un poney fringant gravé dessus. Quand j'entre, pas de doute, c'est de là qu'il vient le vieux moisi. l'odeur prend un dessert avant de lui emboîter le pas faut croire. Heureusement, je suis grand, ça ne m'atteint pas tant tant que ça. L'auberge a ce qu'ont toutes les auberges. Des tables, du bois, des mecs qui jouent les durs, un tavernier patibulaire et un type qui me barre la route. Il fait même exprès de me percuter pour faire genre je l'ai bousculé. Eh merde.

« Regarde devant toi ! Et va t’prendre une douche, merde ! T'es tout crasseux.»

Le zig a une dent qui lui manque et beaucoup de colère. En temps normal, j'aurais répondu que la suie qui me salit par-ci par-là est la récolte du travail et que c'est pas un truc qu'il doit connaître. Il m'aurait lâché une réplique bidon sur sa condition de vie plus enviable ou le fait que bosser soit pour les nazes, ce à quoi j'aurais répondu que de toute façon sa mère gagne bien assez sur le trottoir pour les entretenir, lui et tous les gars qui pourraient être son père. Baston, fracture ouverte, je passe ma commande sur un fond d'appel à l'aide et entame mon gigot en voyant les toubibs l'évacuer. Mais j'ai pas envie de ça. J'ai envie d'un truc calme moi, à la fraiche, décontracté du gland.

« Tu te rends compte que si je te mets une claque, tu meurs ? Je fais au moins trois fois ta taille.
- Ah ouais ? Et alors, tu me menaces ?
- Je prédits. Mais bon, pas obligés d'en arriver là. Je suis vraiment pas sûr que chercher la confrontation te soit profitable. Tu connais pas ta force, barre-toi pendant que tu te contrôles encore.
- Hey! qu'il fait en renversant avec peine la table vide à côté de lui, les grands perdent toujours face aux petits. Même qu'ils ne sont grands et costauds que pour montrer comme nous, les petits, on assure.
- Ouaiiiiis...après, j'ai jamais vu un lion se faire calmer par un lièvre. Faut pas croire tout ce que racontent les histoires, c'est souvent faux.
- Mais tu comprends rien. Je suis pas comme les autres moi! Je suis un dingue. Ma mère est morte en me mettant au monde.  Petit, des pirates ont tué mon père devant moi, mais j'ai pu leur échapper. Je me suis entraîné sans relâche pour me venger, au point de me rendre amnésique et schizophrène. Depuis, je me fais appeler Xx_Shadow D. Flamingo_xX et je combats quiconque se met entre moi et ma vengeance. Agresser arbitrairement les gens c'est tout ce qu'il me reste... Et j'ai un QI de 160.
- C'est original tout ça dis donc. Mais je comprends ce que tu ressens.
- Comment tu peux comprendre ? Faut avoir vécu ce que j'ai enduré pour comprendre.
- J'ai vu la lumière du jour pour la première fois à mes vingt ans, parce que je suis né et ai grandi dans une mine. On n'achetait rien, on chassait ce qu'on mangeait ou on ne mangeait pas. Ma terreur de gosse, c'était pas le grand méchant loup, c'était le grisou. Et il était bien réel. J'ai perdu mes amis, ma famille, ma culture et mon royaume. Mon ennemi est plus intangible encore que le pouvoir mondial et ses institutions. C'est le temps. Son arme est l'oubli. Des choses imparables, contre lesquelles je ne peux lutter, peu importe la force que je peux acquérir. Après le génocide des miens, il ne me reste que la mémoire à essayer de sauver. Ce que j'ai n'est qu'une poignée de sable qui ne cesse de s'écouler entre mes doigts. Ah, et mon père aussi est mort devant moi, parce que j'ai dû le tuer. Nous n'étions pas d'accord, c'est comme ça qu'on résolvait les conflits. Même au sein de la même famille. Donc bon, question vie de solitaire et évén...ben qu'est-ce que t'as ?
- Sniff...sniff...rien. Elle est triste ton histoire.
- Ooooh, mais faut pas t'en faire allons. Ce sont les gonzesses qui sanglotent, les gonzesses et les métrosexuels. Allez, on reprend une posture droite. Et on sourit. Regarde, je souris moi. J'ai la délicatesse de sourire. Tu veux un truc à boire ?
- Sniff..veux bien. Un gin tonic. Sans le gin.
- Tavergiste, tonic pour Capitaine Flam. Et ce qui accompagnera bien ton assortiment de venaisons pour moi. »

Et voilà le travail! C'est pas si compliqué d'éviter une bagarre. Bon, cela dit j'ai perdu plus de temps en désamorçant le truc qu'en filant un bourre-pif. Surtout que j'ai un peu forcé le pathos, mais c'est ce qui marche. Pis surtout, c'est ça la vie. Le plus simple et facile n'est pas toujours le mieux. Faut faire des efforts pour améliorer son univers. Ce gosse a juste besoin d'assumer qu'il est un gosse. Il deviendra un homme plus tard, quand il comprendra en quoi ça consiste.

On s'installe à une table, à côté d'un groupe qui sent les révos. Pas qu'ils aient une couleur spécifique, mais j'en connais un parmi eux. Sans me retourner, je lance, en laissant Flamingo consulter le menu de ce qu'il grignotera avec son soda:

C'est l'endroit rêvé pour te dire que tu as bonne mine. Qu'est-ce que tu fais dans le coin Woody ? Me dis pas que tu te lances dans la prospection.

Le vieux Woodstone ricane en flinguant son verre que j'entends taper creux sur le bois de sa table.

Je fais une sortie avec les gamins. Une petite transition. Et toi ?

Toujours dos tourné au sien, je regarde un instant Shadow qui préfère ne pas s'immiscer dans les conversations d'adulte et va se chercher une paille auprès du gérant.

Pareil. Une petite transmission.
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Je dois vraiment cesser de jouer la carte de l’handicapé. Les types en ont tout bonnement rien à foutre. Je ressens comme des pulsions meurtrières se diriger vers moi, probablement que l’on me fusille du regard. On peut dire que mon entrée n’est pas des plus discrètes. J’imagine que c’est un comportement instinctif et humain de craindre ceux qui viennent en conquérant. Pourtant, je suis juste un type qui déteste se faire marcher dessus. C’était le cas avant que je sois aveugle, c’est toujours d’actualité.

Cependant, face à toute cette hostilité, une personne semble généreusement me proposer son aide. Le tavernier, bien que réticent, accepte. Une autre personne, amie de mon « sauveur » a influencé son choix. Cette autre personne, semble converser avec une autre personne qui, quelques instants auparavant, semblait réglait une légère altercation qui s’est bien terminée. Oui, ça en fait des personnes dans cette histoire. Donc si j’ai bien compris, je peux manger mais en-dehors de la taverne, comme un clochard en somme.

« Je refuse. dis-je sèchement. »

Le tavernier, à l’instar de l’ensemble des personnes dans le bar, me regardent probablement avec des gros yeux. Je ne fais que spéculer leurs réactions, car je ne les vois pas réellement, et c’est probablement pour cela que je me crois tout permis. En soit, je ne me trouve pas si capricieux que ça. Je passe ma vie dehors, et quand enfin on me donne la chance de bouffer au chaud, on me jette dehors. Quelle justice ?

« Rey, c’est bien ça ? demandé-je à mon sauveur. Je te remercie sincèrement. Je m’appelle Ragnar, enchanté. Retiens bien ce nom, car j’aspire à de grands projets concernant les libertés et droits de chacun. Je le dis ouvertement et sans aucune retenu, car je défie quiconque de vouloir m’en empêcher. Je compte bien défier le gouvernement mondial s’il le faut, oui. Rien à foutre. Et oui, je vais probablement mourir d’ici peu de temps, mais si c’est pas le cas, je serais très heureux de te rendre la pareille. »

J’avance tout doucement vers mon nouvel ami, puis je lui saisis l’épaule.

« Tavernier. Revoyez, s’il vous plaît, votre jugement. Je vis dehors. On m’offre le privilège dont vous de jouissez tous les jours, à savoir de manger sous un toit, et vous voulez m’en priver parce que je me suis défendu ? Aussi injuste que vous pouvez le penser, je compte bien utiliser la force, s’il le faut, pour manger sur une de vos table. Est-ce que tu piges ? dis-je d’un ton particulièrement froid. »

Je hais les injustices par-dessus tout. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, je bossais pour ce gouvernement que je méprise tant. Un sous-fifre de soldat à leur solde. Ma liberté n’est pas ce dont j’imaginais. Certainement à cause de ma cécité, mais aussi à cause des crétins qui composent ce monde. L’injustice ne vient du gouvernement uniquement, mais également des civils qui se refusent d’aider les plus démunis, chose qui n’est pourtant pas interdite.

« Une entrecôte saignante avec des pommes de terre coupées en fines lamelles, s’il vous plaît, m’sieur le tavernier ! Et une bonne pinte de bière bien fraîche ! m’exclamé-je joyeusement. »

Ouais, j’ai aucune tenue. C’est un sérieux problème. Je m’installe sur une table vide, non loin de celui que je viens d’entendre être appelé « Woody » et l’autre type qui lui parle. Je fais signe à Rey de me rejoindre à table. C’est pas souvent que j’ai l’occasion de discuter avec des gens, puis c’est super sympathique de discuter avec un type qui a le sens de l’entraide. En attendant, je ne peux m’empêcher de remercier le fameux « Woody » qui a appuyé l’aide de Rey.

« Merci à vous également. Je vous en dois une également et je tiens toujours parole. »







Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Ven 2 Fév 2018 - 17:31, édité 1 fois
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Malgré l'offre l'homme semblait insatisfait et n'hésita pas à l'exprimer  de vive laissant le gérant perplexe. C'est qu'il avait des revendications  en plus  le bougre ! Manger dehors ne lui suffisait pas, et cela se comprenait  c'était   plus que dégradant d'être traité comme un déchet, comme un sous Homme, Rey avait vécu cela pendant dés années dès son plus jeune age. D'abord comme un vulgaire appas par son « père » pour amadouer la vigilance  de ses victimes puis une fois encore et cette fois ci pendant des années en tant qu'esclave une fois qu'il fut revendu par ceux qui étaient pourtant ses parents biologiques. Cela faisait  le révolutionnaire se sentir nostalgique quant à tout le chemin qu'il avait parcouru jusque là même s'il n'était pourtant pas porté bien loin.

Il posa sa main sur son épaule  mais Rey ne l'esquiva pas, il sentait qu'il était de bonne attention et qu'il ne cherchait pas à la blesser contrairement à la précédente personne. Le sans abri continua dans sa lancé  et  avança d'autre revendications, après tout tant qu'à faire autant surenchérir.
Contre tout attente le gérant accepta sa requête. Il en profita  pour échanger quelques mot de remerciement avec l’eunuque, sa reconnaissance lui faisait chaud au cœur mais il savait pas comment le prendre tant il n'était que récemment exposé à la bonté humaine depuis son sauvetage par Woodstone.  Il se présenta par la même occasion, Il s'appelait Ragnar,  un nom qu'il retiendrai à l'avenir, nul doute qu'ils se recroiseraient par la suite.
Le nouvel ami continua par exposer ses projets. Et quels projets !! Il visait comme lui à renverser ce système et rétablir la justice, Rey descellait en lui  déjà l'âme d'un grand révolutionnaire et bien qu'il évoqua qu'il serait probablement mort d'ici là l'ancien esclave se refusait à croire cela,  les idéaux eux ne meurent jamais et vont au delà de notre simple corps de mortel, et même si cela arrivait, Rey garderait  en lui les idéaux de cet homme assoiffé de liberté et de justice.

Une fois la commande faite, les deux jeune gens allèrent en direction de Woodstone, Ragnar  guidant le pas.  Il le remercia pour le rôle qu'il avait joué, car après tout sans lui qui sait comment cela aurait pu dégénéré. Une fois les deux  amis installés, il reprirent leur discussions de tout à l'heure, Rey désireux de lui rendre la politesse en lui  exposant également ses objectifs.

-Ragnar,   je sais, non je suis sûre que tu es voué à de grande chose. Mais tu n'es pas le seul à aspirer  à changer le monde, pour l'instant je ne suis qu'un  Homme parmi les Hommes, et je ne suis pas bien fort mais je trouverais un moyen de changer tout ça je montrerais au monde le sens de la justice ! Bien évidement il faut encore que je le comprenne moi même mais pour l'heure je fais tout  pour.  
D'ici là vies et survies  au nom de quoi tu aspires. Quelqu'un m'a dit qu'il n'y a pas de mauvais rêveur, que des grands  Hommes  en devenir.


Dit il en décrochant  un regard en  direction de Woodstone, avant de faire de même avec l'homme qui semblait tenir compagnie à ce dernier, la carrure imposante, très certainement une connaissance du capitaine, Rey le reconnaissait de réputation, le légendaire Minos  le leader de la légendaire légion quel honneur nous faisait il de sa présence! Il ne pouvait s'empêcher de regarder les deux révolutionnaires avec admiration. Les deux   amis passèrent plusieurs minutes à parler de tout et de rien, de leurs passés,  leurs tragédies, leurs espoirs.  Quand soudain  Butch rentra  en coup de vent dans la taverne et se dirigea vers son supérieur.

-Capitaine, le navire est chargé, nous  partirons à votre commandement.

-Bien reçu merci  Butch, je prend note.  *regardant Rey * Prépares toi gamin on va pas tarder à lever l'ancre.
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Shadow revient de son escapade avec sa paille, mais aussi une immense planche en bois où foisonnent sauciflards, dés de fromages, tranches fumées et épices pour accommoder au choix. Et avec ça, une bouteille de rouge. L'assiette du chevalier, ça me file le sourire. Le poc de la planche qui s'affale sur la table vaut toutes les bénédicités. Je remercie le buveur de soda à qui je conseille illico de goûter tel ou tel morceau, avant de corrompre les saveurs avec sa boisson. Entretemps, l'aveugle jongle avec civilité et menace voilée auprès du barman. Shad se crispe et se prépare à retourner au charbon, mais je le bloque d'une main calme et lourde.

On quitte pas la table sans bonne raison et t'as pas l'air de vouloir aller pisser. C'est Schlingos qui te file la bougeotte ?
- Non mais tu l'entends cet enfoiré ? L'autre mec lui offre à bouffer alors qu'il vient ici sans tenue ni pognon pour mendier sa bouffe, et voilà qu'il impose sa présence maintenant. Tu crois que je vais laisser faire ?
- Tu veux quoi, le virer ?
- Je veux le défoncer.
- Et t'y arriveras pas. Il est protégé par la loi qui permet à quiconque paye son repas d'en profiter, mais aussi le gamin qui copine avec et son mentor le vieux schnoque qui nous tourne le dos...
- Je t'entends Minos.
- ... alors tu vois, tu vas juste te tourner en ridicule pour rien. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il t'a fait ce gars ?
- Ça, qu'il me fait en me montrant sa dent en moins.
- Ha ha, donc t'as déjà eu ta chance. C'est pas plutôt de l'orgueil tout ça ? La leçon du jour c'est pas plutôt que t'es pas encore prêt à savater qui tu veux ? L'apprentissage, c'est progressif. Peut-être qu'un jour tu pourras défoncer un ado aveugle qui pue la pisse, mais ce jour n'est pas encore arrivé. Pour l'instant t'es dans la première phase de l'apprentissage: l'observation. Tout voir, tout percevoir. Et apprendre, sans jamais se relâcher, ni baisser sa garde.

Je finis sur une rasade de rouge qui me déborde de la gueule quand un choc à l'arrière de la tête me fait me renverser la bibine dessus. C'est made in Woodstone ça. Je l'entends rire, un poil moqueur.

J'étais sûr que tu parerais cette bouteille, tu parlais de ne pas baisser sa garde en plus. Mauvaise idée. Mais toi, mauvais réflexes.

Hmm. Je le sens étouffer son ricanement dans sa lampée et en profite pour taper du talon au sol. L'onde de choc fait sautiller les verres, assiettes et culbuter sa binouze qui lui attrape la barbe pour la tremper à son tour.

Mauvais appuis.

On grogne, se retourne l'un face à l'autre. Puis on se marre. Lui parce qu'il me voit goutter du vin du menton, moi parce que la bière qu'il a dans les poils mousse encore. Du coup, les tables fusionnent. Wood nous invite à la sienne. Je suis sûr qu'il y a en partie l'idée de profiter de ma planche de chevalier, mais soit. De toute façon, je mange pas vraiment de fromage quand c'est pas une question de survie. Ou qu'il n'y a pas des vers dedans. On papote. Shad apprend que le vieux Wood et moi, on a déjà fait un voyage ensemble sur les Blues. Je profite toujours d'un équipage pour une traversée et mon employeur de mes talents d'homme d'équipage. Quelqu'un qui trimballe des canons sous le bras, peut pêcher à mains nues ou motiver tout le groupe à carburer à fond c'est toujours utile. Le reste, ce sont des nouvelles sur le monde. On s'échange des infos sur quelques patelins, sur qui est devenu quoi. Quand il me demande si je suis là pour recruter, je ne vois pas trop quoi lui répondre. J'ai pas eu le truc, le coup de coeur. C'est pas une question de force, y a des gens forts ici. Mais la mentalité est à côté de ce que je recherche, moi me faut des fanatiques ou des gens qui n'ont plus rien à perdre. Et je n'ai trouvé ni l'un, ni l'autre.

- Et Ragnar ? Je l'ai vu bouger, ce n'est pas un simple aveugle. Il ne doit pas avoir grand chose à perdre en plus.
- Schlingos ? Hmm, mouais. Sans être tout à fait d'accord avec ce que me disait Shady, je trouve aussi un peu gonflé de venir changer l'odeur d'un lieu entier, quémander un truc qu'on ne peut s'offrir et la seconde d'après formuler des exigences. Je ne vois pas un mec qui n'a rien à perdre, je vois un type qui fera des conneries parce qu'il se fichera des conséquences. Et ça c'est mon job, pas celui de mon armée.

Il aime la formulation. On trinque, on butte encore quelques minutes ensemble. La moitié de ma pause midi est cramée quand le vieux Woodstone reçoit du neuf sur leur départ. Je le salue en le laissant finir la planche, mais pas sans une dernière remarque.

Au fait, Flamingo, voici Woodstone. Woodstone, Flamingo. Je vous laisse faire connaissance, moi je vais saluer la table des R.

Mais pas sans une recharge de bibine et de bouffe. Ca m'a ouvert l'appétit tout ça, alors je commande direct un jambonneau fumé à découper soi-même. Le barman se fie à la suie sur moi quand je lui affirme qu'il peut tout mettre sur le compte du patron. Barbaque et couteau dans la pogne, je plie le coude pour caler la gnôle et la ose en premier à la table des deux jeunes.

Ragnar, Rey, vous devez goûter ce jambon. Faut des dents pour le percer vu les tranches que je vais vous lâcher, mais c'est si bon que rien qu'à chiquer c'est un régal. C'est un peu comme du tabac en fait, fumé ou chiqué ha ha ha! Sauf que ça ça file pas une haleine de chat. On a beau gagatiser devant ces petites boules, on voudrait pas être de leur espèce rien que pour le baiser du soir. Et le matin bweuh. Note que si ça se trouve, ils puent moins de la gueule au matin wa ha ha ha ha !

Que je me marre en distribuant la bouffe comme un Jésus. Ceux que le vin intéressent ont droit à leur verre. Le reste passera direct de la bouteille à mon estomac.

Bon, tout le monde a bien pigé que vous étiez des anti-Gouv ici. Rey, t'as un bon équipage, même si ton chef est un vieux casse-couilles. Mais toi, Ragnar, c'est quoi ton plan ? Parce qu'à part couvrir l'odeur des explosifs en agitant les aisselles, je vois pas trop en quoi tu peux être utile . Parce que j'imagine que c'est ça que tu cherches ici, un employeur pour te faire quitter la rue ? Ceux qui s'y complaisent n'ont pas ton attitude. Ni probablement tes qualités martiales.
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Rey fini à son tour par me définir ses objectifs. Ils sont également louables, remplis d’ambitions et presque de fanatisme. Nous sommes, au fond de nous, tous des fanatiques de quelque chose. On aspire tous à un avenir. La seule différence, c’est que certains décideront d’agir pour concevoir cet avenir, tandis que d’autres attendront patiemment que leur rêve se réalise. Qu’ils attendent. La vie est déjà suffisamment courte pour que je fasse une telle erreur.

J’entends un type entré dans le bar, annonçant au capitaine, le grand Woodstone, que navire est prêt. Nous venons tout juste de nous rencontrer et voici qu’ils s’en vont vers de nouvelles aventures, aussi trépidantes les unes que les autres. Et moi ? J’errerai comme un vieux con dans les rues de cette dont je ne connais même pas les rues. Je ne sais même pas à quoi elle ressemble. J’évite de trop me plaindre de ce foutu handicap, mais je dois bien admettre que ça m’emmerde pas mal.

Curieux, j’entends également la discussion entre le Shadow et l’ami de Woodstone, Minos. Un monologue du du type qui souhaite me casser la gueule. J’esquisse un sourire. C’pas de ma faute si mon audition est un peu plus développée que la normale, fallait pas faire de moi un aveugle. Rien de bien méchant. Minos parvient intelligemment à calmer ses ardeurs, c’est pas plus mal pour ce pauvre type. Je l’aurais massacré.

Alors que la bouffe arrive enfin, ni une ni deux, je me fou le tout dans la bouche. Aucune tenue. Aucune parole. Un véritable animal. Que l’on me regarde, que l’on me juge, je n’en ai que faire. Tout c’qui compte c’est d’me remplir la panse. Entre deux crocs, j’avale de grandes gorgées de ma bonne pinte de bière. Quelle régalade ! Mais comme je le craignais, cette assiette ne suffit à combler mon appétit.

Mais c’est là qu’à l’instar d’un Messie, le grand Minos, nous balance des bonnes tranches de jambons. J’entends un liquide couler dans un récipient à proximité. Serait-il en train de servir à boire également ? Sans attendre, je termine ma pinte d’un cul-sec, puis je tends mon récipient à quiconque souhaite le remplir. Et on me le remplit ! C’est avec grand plaisir que sans prendre le temps de sentir le liquide à l’intérieur, je me prends une bonne gorgée !

« Mais quel délice ! Quel est le nom de breuvage ?  »

J’entends un peu plus loin le tavernier, qui chuchote : « C’est du vin, connard. » Loin d’être la réponse que j’espérais, mais je m’en contenterai. Je lui ai causé bien trop de tord. Exceptée les blagues pourries de Minos, je trouve le personnage plutôt cool et pas si froid que ça. Plutôt chaleureux même. Il vient même taper la causette avec nous. Jusqu’à ce qu’il évoque l’aspect de mon avenir, d’employeur… Il attire mon attention.

« T’as un boulot pour moi ? J’veux absolument me tirer d’ici. J’veux en faire avec ce train de vie détestable. Devenir plus fort, me cultiver, devenir un homme décent…  Fais de moi quelqu’un, Minos. dis-je avec un regard aussi blanc que persistant. »

Il ne voulait peut-être même pas en arriver à ce cas de figure, mais je suis prêt à saisir n’importe quelle occasion pour quitter cette situation. Cette odeur aussi…


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Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 13 Fév 2018 - 13:28, édité 1 fois
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Poursuivant la discussion avec Ragnar, Minos et le vieux Woodstone semblaient avoir beaucoup à se dire. Et si le capitaine de Rey ne faisait pas souvent dans la finesse Minos encore moins. Assez cru et d'un front parlé déstabilisant. Le leader de la légendaire légion n'hésita à remettre à sa place la précédente victime de Ragnar avec des propos dont lui seul avait le secret. Cela en faisait presque de la peine au jeune soldat, le pauvre homme enchaînant humiliation sur humiliation...
La discussion entre les deux chevalier était très sonore c'était le moins qu'on puisse dire, à croire que la subtilité la quiétude n'était pas au programme lorsque ces deux là se retrouvaient.Mais peu importe la manière d'amener les choses c'était comme cela que de vrais hommes parlaient !

Le démesurément grand et fort chevalier de la révolution s'invita à la table de Rey et Ragnar sans pour autant s'y installer. Il présenta son produit, et tel un commercial maniant les mots aussi bien qu'un chanteur de variété française maîtrisait du rap de cité il en fit l'éloge. Un jambonneau que c'était ! Et c'est dans sa poésie habituelle qu'il en vanta le goût et les odeurs particulières de ce morceau de viande.
Disposant des tranches à Rey et son ami et n'hésitant pas à resservir ce dernier d'un bon plein d'alcool. L'ancien esclave s'essaya à cette viande, dieu qu'elle était dure à déchiqueter et mâcher mais diable qu'elle était bonne! Ragnar quant à lui ne se fit pas prier non plus et manga une bonne partie de son plat en un rien de temps, cela devait être la faim qu'il a du endurer depuis plusieurs jours au minimum qui dictait ses actions, rien de plus normal. Le grand beau et fort Minos continua la discussion avec les deux jeunes gens mais pendant que la légende le servait il réfuta dans le respect que méritait la personne ici présente.

-Non merci, je ne bois pas pour ma part mais c'est gentil monsieur Minos .

Dit il poliment avant la reprise des modalités. Il semblait avoir entendu l'échange antérieur entre Rey et Ragnar concernant leurs ambitions et s'intéressa surtout sur les moyens que comptaient utiliser le sans abri pour arriver à son but. La réponse ne se fit pas attendre, après un vif plaisir non dissimulé quant au breuvage il prit le taureau par les cornes et n'hésita à agir avec audace comme il l'a toujours fait jusque là.
Il demanda à se joindre à Minos, ou du moins il demandait son aide pour sortir de sa situation et à devenir plus fort. Son regard ne trompait pas, il était sincère malgré l'importance d'une telle décision. Rey était un des fans les plus fervents de celui qu'il appelait de manière honorifique maître Minos et dans des un contexte autre, s'il n'avait pas été sauvé et recueilli par le vieux Woodstone, il aurait fait pareil bien que son intérêt à le faire était beaucoup moins légitime qu'un sans abri aux rêves dignes des plus grand Hommes de ce monde.

-Je sais que ce n'est pas le moment de faire cela mais pourrai je avoir un autographe mon seigneur Minos ?

Ce qui ne manqua pas de déclencher un fou rire chez Woodstone, c'était sûrement l'utilisation du terme « mon seigneur » qui faisait cela mais il fallait rendre à maître Minos ce qui était à maître Minos ! Un roi qu'il était ! Il ne fallait pas se fier à son front parlé et son vocabulaire fleuri.
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La vinasse - parce qu'on va pas aller jusqu'à causer de vin, faut pas déconner - a bon accueil auprès du clochard soiffard et de l'abstinent prudent. Un vrai petit gendre parfait le Rey, avec sa petite gueule de mignon il n'aura aucun mal à se trouver une épouse à qui il donnera une tribut de petits révos. Ou une vie de mec rangé. Je me demande bien ce qui le pousse à suivre Woodstone. Peut-être un truc tout con comme une dette d'honneur. Ça serait bien le genre. J'espère que ça ne lui coûtera pas la vie, parce qu'il a des ondes positives ce gars-là. C'est le genre que tu veux voir frapper à ta porte quand t'as envie de te changer les idées, mais que tu sais pas trop comment. Tu pourrais même regarder pousser l'herbe avec sans te faire chier. Bref, l'est chouette. Même que s'il me demande un autographe, je lui filerai. Mais je voudrais pas spoiler hein, c'est pas un fusil de Tchekhov cette histoire, tout élément ne doit pas forcément avoir une raison d'être posé.

Ragnar descend son breuvage plus vite qu'un Amiral en instance de divorce et voit en moi son issue de secours. Je vais le décevoir, parce que je veux pas de lui dans mes rangs. Pour des raisons techniques, déjà. Un aveugle, même s'il sait se battre, c'est pas un bon soldat. On se fait pas chier à renvoyer les estropiés chez les leurs parce qu'ils ont fini leur formation. Y a rien de plus chiant qu'une armée qui n'est pas uniformisée. Et ceux qui se distinguent doivent le faire pour une bonne raison. Je doute que Ragnar soit un dénicheur de truffes, alors je vois pas où je pourrais le foutre. Et quand bien même, c'est pas le bon profil. Mais si je ne peux pas l'incorporer à la Légion, je peux quand même l'aider.

Mettons que je fasse ça, que je t'engage. Tu veux faire quoi ? Te battre ? Ok, mettons que tu mets une branlée aux marines dans tes démonstrations de rue. Tu fais comment pour suivre les porte-étendards ? Au aussi, une baston dans une ville, c'est facile. T'as pas d'arme, t'es jeune et aveugle; à moins que tu fasses gravement chier, les troufions ne te tireront pas dessus. Ils vont chercher à te maîtriser ou te sabrer un flanc pour te tenir tranquille le temps de connaître ton tour de poignet. Et toi, t'éviteras tout ça en te fiant à ton habitude de la confrontation, mais surtout ton ouïe, hein ? Mais dans une ville, dans tout lieu civilisé en fait, les gens qui voient une baston ferment leur gueule.

Lors d'une guerre, tu peux oublier les repères auditifs, parce que ça pète de partout. Et c'est déjà compliqué de s'y retrouver pour savoir qui est qui si tu ne te fies pas aux uniformes qu'ils portent. Tu t'es déjà demandé pourquoi la Marine portait du blanc ? Outre le côté immaculé, méticuleux et rassurant du truc, y a aussi la volonté de voir tes potes quand tu décharges ton arme dans un foutoir baigné de fumée. C'est pas important ni mieux de voir, c'est essentiel.

Quant à ton éventuelle perception des ondes, la conscience des vibrations pour repérer quelqu'un qui marche près de toi, tu peux oublier ici. C'est comme le plus gros concert de rock un champ de bataille, le sol sursaute de partout, tout le temps. T'arriveras pas à te repérer. Et même si on imagine que t'as le haki de l'anticipation, ça ne peut pas marcher. Parce que tu ne parviendras pas à suivre les mouvements des tiens, parce que tu agiras pour sauver ta peau, pas maintenir les rangs. Parce que tu verras des catastrophes et chercheras à les éviter au lieu d'assumer être un pion prochainement sacrifié. Non, t'es pas un Légionnaire Ragnar. Tes chances se sont éteintes en même temps que tes yeux.

Inutile de parler de toutes les raisons psychologiques qui font que je ne le vois pas dans mes rangs, je crois que le message est suffisamment clair comme ça. Histoire de ne pas flinguer le reste de ma pause midi en silence gênant, je redécoupe du jambon pour regarnir le centre de la table. Rey en profite pour demander un autographe. Wa ha ha ha, je ne m'y attendais pas! J'accepte avec plaisir.

Plutôt qu'écrire "à mon éternel pote Rey etc", je vais te faire un dessin.  

Et je gribouille tranquillou un autoportrait. J'ai pas mes crayons de couleur, alors faudra se contenter de l'ordinaire. Mais même sans mon stagrobillo rose à paillettes pour les pièces d'armure, on reconnaîtra mes traits doux et mon regard langoureux. Tout en parachevant mon oeuvre, je propose, comme ça, aussi sec qu'un sauciflard des hauteurs:

Je rempile pour six heures de boulot là. Quand le soleil sera bas, j'aurai ma paye. Vous savez ce que c'est, le premier truc que je ferai ? J'irai plonger dans les thermes. Y a une station ici visiblement. Et avec cette crasse de mineur, ils sont habitués à accueillir des gens bien crados dans leur établissement. Je suppose qu'on aura la zone réservée aux ouvriers, mais tant qu'on peut prendre une douche bien chaude et après tremper dans le bassin, moi ça me va. Ça vous tente ? Je sais pas quand tu reprends la mer Rey, mais y a pas des bains dans toutes les villes. Et toi Rag, je dirais que c'est un peu médical comme prescription. Je t'offrirai ton billet si t'as rien pour payer. Tout ce que je te demande, c'est de virer asticots et éventuels autres compagnons de route avant de plonger dans le grand bain. On se reprend en main quoi. Mais tu verras, les thermes, c'est génial.

Et après ça, si vous êtes toujours partants, on va se draguer des donzelles. Boire un coup, insulter les mecs qui ne ramassent pas les crottes de leurs chiens, se friter avec des racistes dans des bars interdits aux homme-poissons et aux révos. Vivre quoi.  

J'achève le dessin et rends à Rey son papelard, après l'avoir signé de ma plus belle calligraphie.

Spoiler:


Dernière édition par Minos le Mar 3 Avr 2018 - 20:00, édité 2 fois
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Au timbre de sa voix, j’imagine le Minos comme un grand gaillard. Rey semble lui tenir beaucoup de respect, et une certaine admiration étant donné sa demande. Rey, sérieusement, c’est un homme comme toi. Puis entre nous, t’es si bon que l’humanité devrait prendre exemple sur un type comme toi. Après, Minos a aussi fait preuve de bonté, c’est un chic type. Je continue naïvement de le penser malgré le râteau qu’il vient de me foutre.

Ouais, il m’a rejeté comme une sombre merde inutile. Pas un contrat d’essai, pas une chance, nada. Je sais que je suis aveugle et que cela entraîne de nombreuses problématiques, mais tout de même. Je ne suis pas un aveugle ordinaire, je peux lui être utile. Juste le temps de me lancer, puis j’me tirerais accomplir mes propres desseins. Seul ou accompagné, peu importe, j’irais au bout de mes objectifs.

« Laisse-moi la chance d’essayer, Minos. dis-je alors qu’il semble dessiner pour Rey. »

Le pauvre clochard que je suis n’attend qu’un petit coup de pouce pour se lancer. Des contacts, de l’argent, un mentor… Juste qu’on s’occupe de moi deux ou trois ans, histoire que je sois plus fort, que je prenne de l’expérience dans la gestion des hommes, dans le fonctionnement de ce monde. J’ai tellement à apprendre et je ne demande que ça. Tous les postes à pourvoir me conviendront parfaitement. Du moins, le temps d’un instant.

« Je pourrais forcément t’être utile. Par exemple, mon ouïe peut te permettre d’obtenir des informations que tu ne pourrais obtenir. Je peux infiltrer des lieux ou m’infiltrer chez l’ennemi lors d’une bataille… Qui se soucierait d’un aveugle ? Je comprends que tu me vois comme un type qui ne sera pas coordonné avec tes hommes, et c’est tout à fait juste sans entraînement, mais je suis certain de pouvoir être utile. »

Je crois que j’ai à peu près dis tout ce que j’avais à dire. Je m’excuse d’avance pour l’ennui occasionné. D’autant plus que ces messieurs semblent évoquer des envies de se laver et de faire la fête. Honnêtement, pensez-vous réellement que je vais refuser de me laver ? Ça serait se foutre de la gueule du monde. Puis l’idée de me mettre une caisse derrière et de foutre la merde que j’veux, ça me plaît bien. Enfin c’est comme ça que l’interprète.

« Dites… J’ai vraiment l’impression d’abuser de votre hospitalité et c’est probablement le cas, mais pouvez-vous m’avancer de quoi m’acheter des nouveaux habits ? Genre un kimono à ma taille et des tongs, rien de bien extravagant. Je n’ai plus les moyens de m’habiller comme je le faisais autrefois, j’attendrais de pouvoir me le permettre pour recommencer. »

Ouais, je suis bien loin de mes chemises blanches, des mes pantalons noirs, de mes bottes en cuir et de mes vestes élégantes… Le bon vieux temps, cette époque où je sortais tout juste de la marine et que j’avais mes économies. Couillon que je suis, je ne me suis pas dit que l’argent allait un jour disparaître sans emploi. C’est tout moi. Quand j’ai une idée en tête, plus rien autour ne compte. Un défaut à corriger rapidement.

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Ni une ni deux, le grand leader de la légendaire légion s'exécuta suite à la demande de Rey à l'aide de son plus beau crayon rose ! Quel honneur ! Quelle bonté ! Le cavalier de la révolution y avait mis le cœur et les formes à l'ouvrage, tout ça pour un simple soldat tel que Rey ! Il se sentait aussi bénis que le petit Jésus dans sa crèche. Une grâce encore supérieur même !

Toutefois seul ombre au tableau, le surhomme ne manqua pas répondre à la demande de Ragnar, et malheureusement une réponse à la négative. Un soldat aveugle sur la champ de bataille était inutile d'après lui et cela ne manquait pas de réalisme car la révolution ce n'était pas que des idéaux à la pelle, c'était surtout des actions. Pour un homme de son expérience tant dans la vie que dans le combat cela appuyait fortement son raisonnement et lui donner un droit sur une vérité qu'on pouvait juste ignorer.
Le soldat aurait aimé demander à Woodstone de le recruter, il aurait également refusé en premier lieux avant d'être influencé par Rey, son petit protégé, et de changer potentiellement d'avis mais cela n'aurait été bénéfique pour personne et surtout pas pour Ragnar. Un jeune homme qui avait tout perdu, sa vue y compris, n'a pas besoin de la pitié de qui que ce soit.


Mais bien que le repas continuait dans une ambiance des plus agréable partout ailleurs, le jeune aveugle relança le sujet, en espérant une réponse autre, demandant à faire ses preuve. C'était la définition même de la folie, réitérer encore et encore la même chose en espérant un résultat différent contrairement à la persévérance qui elle repose sur la volonté et sur une chance, certes infimes, mais bien réelle.

L’eunuque ne pouvait s'empêcher de ressasser don passé et d'imaginer sa vie si Woodstone ne l'avait pas pris sous son aile, pris en charge son traitement et son entraînement. Son destin n'aurait sans doute pas été si différent de celui de Ragnar actuellement.
Prenant son autographe improvisé donné par mon seigneur Minos il ne pu s'empêcher d'argument sur le sujet, s'estimant bien placé au vue de son court mais lourd vécu.

-Merci beaucoup Mon seigneur, bien que je vous donne raison je ne peux m'empêcher de penser qu'un jour Ragnar aura sa place dans les rangs de la révolution, que ce soit avec vous ou avec quelqu'un d'autre. Sans le vieux je serai sûrement mort en tant qu'esclave et au meilleur des cas mort jeune en tant que civil dans la misère.

Il entama une autre tranche de ce bien bon jambonneau en prenant une gorgé de son soda, au point où il en était il n'avait que faire des bonnes manières. Lui qui était discret par rapport à son passé décidait de ce livrer pour tenter au mieux de changer au moins un destin très similaire à celui qui aurait été le sien. Il reprit de plus belle en s'adressant cette fois ci à son nouvelle ami Ragnar.

-Saches que rien n'est jamais perdu, si ce n'est pas ici ce sera une prochaine fois. Notre destin n'est pas écrit sur une feuille de papier quelques part là haut, c'est à toi de changer les choses. Je sais que tu es de loin meilleurs que je ne le serai jamais, à toi de prouver au monde que tu es quelqu'un et non d'attendre que l'occasion se présente.


Il regarda alors en direction de son père spirituel Woodstone, et demanda une ultime faveur à ce dernier.

-Le vieux j'ai toujours ma part sur ce qu'on a acquis lors de la dernière mission ?


-Oui ca n'a pas changé.

-Je voudrai tout donner à Ragnar, ce n'est pas grand chose mais cela lui permettra de vivre décemment un mois au moins.

-Comme tu veux gamin, mais tu sais qu'on sera en mission pour au moins trois semaines sans compter la navigation ? Es tu d'accord avec cela ?

-La privation n'a jamais vraiment été un soucie. Aussi connais tu quelqu'un ici qui pourrais le prendre en charge pour au moins l'entraîner ?

-Je peux faire ça.

-Merci beaucoup le vieux !

-Par contre tu devras travailler deux, non trois fois plus contre cette faveur, la révolution c'est pas des enfants de cœur.

-Pas de soucie je ferai de mon mieux !

Une privation une fois encore mais cela ne le dérangeait pas, il y était habitué depuis son plus jeune age au vue de son passif. Adressa alors une dernière parole à Ragnar avant que Woodstone ne se lève pour se préparer à partir, tout en donnant à Rey un numéros qu'il avait écrit.

-Je sais que tu n'accepteras pas la pitié, mais cela n'en est pas, c'est mon devoir en tant qu'être humain et révolutionnaire d'assurer une meilleurs vie à tout ceux dans le besoin. Acceptes cela s'il te plaît ! Promets moi qu'on se reverra un jour en mer camarade ! Sur ceux merci de votre monseigneur Minos un jour j'aurais ma propre armée et je changerai le monde de mes mains, merci d'être une telle source d'inspiration pour tant de gens !


Sur ce dernier message Woodstone, son lieutenant et Rey partir de la taverne après avoir bien mangé et bien bu. En espérant revoir un jour son nouvel ami saint et sauf et rencontrer une nouvelle fois son idole Minos.
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Le Ragnar a peut-être de la feuille, mais il n'écoute pas ce qu'on lui dit. Je pensais que le placer face aux limitations de son handicap pour le boulot que j'attends suffirait, monumentale erreur. Je lui dis "t'es recalé", il percute "fais-moi un discours enflammé pour que ma passion l'emporte sur ma raison". Il a cru quoi, que je voulais devenir roi des révos ? Que la Légion est un rassemblement de gens qui ont réussi à braver mes certitudes quant à ce que je veux dans mes rangs ? Suis un pignouf pour lui ? Ah là là, l'a de la chance le gamin. Je connais deux-trois mecs de la haute qui auraient pris pour un affront le fait qu'on conteste leur choix. Il va se faire butter s'il poursuit dans cette voie, c'est certain. Parce qu'il ne comptera que sur sa force et qu'on croise tous plus fort que nous un jour. Il se bornera, ne trouvera pas l'issue favorable à une négociation et voilà, extinction des derniers sens.

Je peux pas l'engueuler. C'est un gosse, mais pas le mien. Puis y a Rey avec nous, on passe un moment convivial à table. C'est pas le moment de pousser du gueuloir, faut berdiner un truc joli à l'oreille, faire résonner du beau pour raisonner du juste.

Ha ha ha! Tu causes infiltration là ? On est des légionnaires, pas des ninjas. Les seuls moments où on tâche d'être discrets c'est quand il faut égorger des gens dans leur sommeil lors des assauts nocturnes. On s'en fiche un peu d'espionner les autres, tout comme on n'a pas grand chose à cacher. L'objectif est clair et les moyens à disposition aussi.

J'entends que t'en veux Rag, tu passes même ton temps à dire toi ce que tu veux pour toi. Sois réaliste, tu ne veux pas intégrer mon armée, tu veux te donner une raison de vivre. J'accueille des gens qui savent pourquoi ils me rejoignent, pas des opportunistes qui ne voient chez moi qu'un hôtel sur leur route. L'engagement à la Légion est à vie d'ailleurs, t'as vraiment envie de passer ton temps à chasser des lapins-garous pour nourrir des mecs qui te verront toujours comme un aveugle sympathique dans le meilleur des cas ? Si tu la veux, ta chance, justement évite de venir chez moi.

Bon, on a géré au calme, tant mieux. Rey respecte...pas facile à dire ça. Il respecte, donc, ma décision tout en jouant la maman qui console le fiston recalé. Le pire, c'est qu'il est vraiment comme ça. Le voilà paré à filer sa paye en intégralité au zig mendiant parce qu'il estime que c'est son devoir. Merde alors, Woodstone a trouvé un diamant pur. Lui par exemple, je l'engagerais. Parce que ouais, il se prendra des claques au moral en devant parfois devenir ce qu'il combat, mais pour peu que ça soit un idéalisme ferme qui le motive, ouais, ça c'est un gars qui peut tromper la mort. Puis il est sensé, dans tous les sens du terme. Et à propos de thermes, on ne sera donc que deux à barboter comme de vieilles langoustines.

Rey, que je fais en me levant quand il prépare son départ, ce fut un plaisir. Si vous jetez l'ancre du côté de Tanuki, essaye le ragoût de mouton. Je suis pas sûr que tous les aliments qu'ils foutent dedans soient validés inspection sanitaire, mais y a le tour de main, la gestion des épices et c'est le paradis du carnivore.

On se salue, avec Rey, puis Woodstone. Même Shad s'en va, visiblement il compte prendre le large avec le vieux pour changer d'air, découvrir le monde. Bonne décision. Moi aussi, je devrai partir, dans quelques minutes. Plus qu'assez pour discutailler le bout de gras un moment avec l'ami aux yeux en grève. Une demi-minute s'écoule au plus serein des calmes. Je soupire après m'être étiré généreusement et reprends le propos.

Je suis d'accord avec Rey, tu devrais accepter l'argent qu'il t'offre. Par contre, à ta place, je n'en dépenserais pas un berry.

Il t'offre ce pognon pour une histoire de convictions. Bon, en fait il a clairement eu de la pitié pour toi, des clodos comme toi y en a pas qu'un et Rey ne les a pas tous gratifiés de sa paye. Mais c'est pas grave, avoir pitié de quelqu'un c'est sain et il doit avoir ses raisons. Tu dois accepter l'argent pour ne pas l'offenser, on ne refuse pas un cadeau. Mais ne t'en sers pas. Tu peux l'enterrer quelque part, lui renvoyer dans trois mois par courrier en lui affirmant que c'est un remboursement, peu importe. Si tu dépenses ce fric, tu choisis la facilité. Tu seras un faible. Je vais te dre un truc sur moi.

Je suis riche, mais vraiment. Roi, ça paye bien. Mon chez moi est au Nouveau Monde. Si je me rendais dans n'importe quelle royauté neutre, je pourrais affréter un navire pour regagner mon foyer. Ce qui serait plutôt bien, parce que là les mecs ils doivent gérer un pays sans leur suzerain. Mais c'est pas ce que je vais faire. Je vais recruter des gens, beaucoup. Avoir mon propre navire, puis prendre la route de tous les périls et laisser le log pose m'indiquer la route. Et pendant toute cette route, je vais réfléchir. Parce que je suis sur les Blues suite à une défaite. Si c'est pour ramener à mon peuple le même connard qui s'est pris une peignée, c'est pas la peine. J'ai mon honneur. Quand je retrouverai les miens, je serai différent. J'aurai rebâti quelque chose moi-même, en partant de zéro. Je me serai prouvé que je ne suis pas Roi parce que je suis né Prince. Je suis Roi parce que c'était évident. Et s'il faut mettre à feu et à sang mon propre pays pour récupérer la couronne, eh bien soit. Mais je reviendrai sans avoir dépendu de la pitié des autres Je ne le supporterais pas. Tu devrais faire montre du même orgueil, si t'as tellement envie d'en démontrer au monde.

Tiens, y a deux questions qui me viennent à ton propos. La première, c'est "t'est arrivé quoi aux yeux" ? T'es pas aveugle de naissance, visiblement tu parles même comme quelqu'un qui avait une situation. Alors, c'est quoi l'histoire ?

L'autre question, elle est encore plus simple. A quel monde rêves-tu ?  


Dernière édition par Minos le Sam 2 Fév 2019 - 10:44, édité 1 fois
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Je ne sais absolument pas à quoi ressemble Rey, j’imagine seulement un jeune homme approchant mon âge, charismatique. Sa bonté n’a d’égale que sa… aucune idée. Sa grandeur ? Je crois comprendre qu’il n’est le subordonné du Woodstone, mais ça n’en fait pas pour autant quelqu’un de moins grand. Trainant habituellement dans les rues, j’ai pu assister à des scènes ou écouter des choses qui dépassent tout entendement, et c’est parfois agréable de tomber sur des types aussi saints d’esprit.

« J’accepte volontiers ta donation… Ça m’emmerde. Ça blesse. Ça fait mal à ma fierté mais j’ai en besoin. dis-je en baissant la tête. Cela dit, j’te suis redevable pour tout ce que tu as en si peu d’temps. Reste en vie et joignable. »

Je l’entends s’en aller avec son boss, puis l’autre type dont je ne me suis pas spécialement intéressé. Et me voilà seul avec le roi Minos, celui qui ne veut pas de moi à ses côtés… Bon, allez, j’accepte mon sort. Un pauvre aveugle voué à errer dans les rues en puant la pisse. Ou alors, je devrais devenir chanteur. Ça existe les chanteurs aveugles, non ? Pas besoin d’y voir quoique ce soit pour chanter. Faut juste balancer des mots avec un p’tit rythme.

Écrivain ? Je suis mauvais avec la manipulation des mots, des phrases, des tournures… puis j’y vois que dalle. Hum… Philosophe ? Je n’ai pas le recul nécessaire. Qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que tu veux faire, Ragnar Etzmurt ? Même ce argent, je ne l’ai même pas mérité. Le mec m’a payé à bouffer, Minos également avec du bon vin en plus. En même temps, il serait dommage de ne pas l’utiliser, ça pourrait m’aider à me lancer et ensuite rembourser ma dette à Rey.

Mais la question que me pose Minos, à cet instant, me laisse sans voix. Non pas qu’elle soit extrêmement compliquée, mais plutôt qu’elle me pousse à réfléchir, à ma projeter plus loin qu’à ma petite vie.

« Je… »

Toutes mes idées se bousculent les unes sur les autres.

« Je crois comprendre qu’il y a des commerces d’esclaves, des personnes qui ne sont pas libres de vivre leur vie comme ils l’entendent. dis-je d’un ton bien plus grave. Je n’ai pas beaucoup de rêve, je rêve peu. J’aimerais retrouver la vue, mais on me dit souvent que j’ai la chance de ne pas voir certaines choses. Le monde est si moche que ça, Minos ? Je n’ai pas la prétention de vouloir changer le monde. Seulement que ceux qui n’en ont pas l’occasion, puissent se lever le matin sans avoir de boule au ventre, avec la joie de commencer une nouvelle journée. »

Pis je souris de nouveau.

« Et pouvoir me remplir le ventre tous les jours, c’est pas mal, non ? »

Mais ça cogite toujours intérieurement. Finalement, cette simple question m’a peut-être permis d’en savoir un peu plus sur ce que je veux faire de la vie.

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Hmm, lutter contre l'esclavagisme donc. Vaste sujet.

Je le regarde et m'interroge. D'un côté, l'esclavagisme, je me la taille en biseau. Je vois un mec trimer jusqu'à la mort, c'est sûr, c'est triste, c'est injuste. Mais si j'interviens dans ce genre de cas, c'est pour priver le Gouvernement Mondial de main d'oeuvre, et en rallier une facilement acquise à mes objectifs. Eux sont libres ou reconvertis dans une existence qui a un sens, moi je me renforce, mon ennemi s'affaiblit. Tout le monde gagne.

Dans cette stratégie, les esclaves ne sont que des marchandises. Sans oeillères, je ne les traite pas mieux que le Gouvernement officiel. Je me permets juste de les bichonner parce qu'ils ne sont que quelques centaines à gérer, pas des millions. Je pourrais dire ça à Ragnar. Lui dire que les esclaves, c'est un pouvoir économique, une bonne façon de condamner à mort de façon utile et que le boulot qu'abattent les enchaînés construit le monde de demain. Parce qu'il ne faut pas être naïf. Tant que les pacifistas ne seront pas assez nombreux et démocratiques pour bosser mieux que les organiques, on continuera à les employer pour accélérer le progrès. La course à l'avancée technologique, les chantiers militaires à rendement accru, les édifices gargantuesques promettant confort et sécurité aux hautes sphères, quand il ne s'agit pas de simplement rebâtir en express ce qui a été détruit, par des pirates ou des révolutionnaires. Pour que le monde tourne, il faut des bras pour le pousser. Et aucun civil, si honnête soit-il, n'est prêt à crécher trois mois de plus dans un hangar crasseux parce que le Gouvernement se refuserait à employer des prisonniers politiques aux chantiers de sa future baraque. Dans le besoin, on sacrifie tout, y compris ses scrupules. Et le besoin est une notion très prisée chez ceux qui sont protégés par des murs et une armée. Ils sont les complices de leurs geôliers et les bourreaux de leurs sauveurs, ou de ceux qui seraient prêts à leur rappeler que la liberté, c'est aussi celle de se faire faire avoir, sans garantie, sans institution pour redistribuer les cartes quand son adversaire triche. La vie, c'est aussi le risque.

Mais comment en parler à Ragnar ? Comment lui dire que oui, le monde est moche, mais qu'il n'existe personne d'assez beau pour demeurer crédible en le déplorant ? Comment expliquer à ce gamin qui est encore assez idéaliste que révolutionner le monde, en dépit de sa nature pitoyable, est vain ? De fait, ça ne l'est pas. Parce que même s'il échoue, le fou qui se brise la tête contre un mur qu'il veut abattre n'est pas plus détraqué que celui qui a laissé les autres tenter leur chance, qui a simplement attendu d'en découvrir l'issue, pour dire qu'il avait bien averti que c'était une idée stupide ou que, si par miracle le mur cédait, il avait aidé le héros, en lui apportant son café qu'il avait payé prix plein le matin même. Les gens sont des lâches, par nature. Dois-je traiter Ragnar comme eux, lui qui peut avoir bien des défauts, mais certainement pas la couardise ? Pas quand on affronte plus fort que soi. Je ne crois pas en sa cause, mais je ne crois pas plus en mon droit de le décourager. Tente, c'est ta seule chance pour que les choses changent.


Ceux qui te disent que tu as de la chance de ne pas y voir ont surtout trop de veine de conserver leur langue, surtout pour débiter de telles conneries. L'horreur, ça ne se fuit pas, ça s'observe et imprègne. On ne nettoie pas un monde dont on ignore la souillure. C'est la base, il faut se prendre la débectante réalité et avoir encore assez de force pour ne pas se réfugier dans le cynisme.

Tu veux que les gens soient libres, c'est honorable. Fais ça, donne-toi entier pour ton but. Ton but, Ragnar. Pas celui des révos, pas le mien, le tien. Allie-toi avec qui tu veux et qui le voudra également, prends parfois du recul, mais garde toujours en tête la raison qui t'a fait embrasser la foi du révo. Et pose-toi une question essentielle, à se répéter après chaque moment difficile: Que deviendrais-je quand mon combat sera terminé ?

La plupart des geignards que je croise n'en n'ont aucune idée. C'est souvent un "on verra bien". Autrement dit, ils renversent un pouvoir d'ordre majeur sans avoir la moindre idée de la façon de maintenir les nations stables. Une leçon importante, c'est que même la pire des tyrannies instaure l'ordre. Si tu veux la justice, tu dois aussi maintenir l'ordre. Donc, le minimum, c'est de précisément savoir quelle place tu occuperas quand ton objectif sera accompli. Et si tu as changé le monde, comment l'empêcher de décliner ? C'est ça, pour moi, la différence entre un révolutionnaire et un pirate. Le pirate construit le paysage qui s'offre à sa vue, le révolutionnaire pense le monde qui naîtra bien après sa mort. Le bon révo, en tout cas.
Ils ne sont pas si nombreux.

Je me tais et regarde l'aveugle, curieux de savoir ce que ces idées lui apportent.
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Mes yeux blancs se lèvent vers cette silhouette que je ne peux définir, qui semble seulement imposante. J’attache mes cheveux en queue de cheval, puis je croise les bras, adoptant une posture bien plus sérieuse qu’auparavant. Revoyons un peu tout ce qui a été dit et sélectionnons l’essentiel. J’ai probablement une vision encore trop édulcorée de ce monde. Bien qu’aveugle et pouilleux, j’ai trouvé des âmes charitables pour m’aider à me relever aux portes de la mort. Je souhaite aider les autres, mais ce sont finalement les autres qui m’aident.

- Tu sais, Minos, j’suis pas mal chanceux quand j’y pense.

Oui, j’ai cette foutue chance de me retrouver aux bons endroits aux bons moments. Cette rencontre avec Rey et Minos, deux révolutionnaires, n’est certainement pas due au hasard. C’est l’élément déclencheur qui me sortira de cette vie misérable vers quelque chose que j’ignore encore totalement. Je ne peux voir ses yeux, ses blessures, ses traits, seulement sentir cette aura qui émane de lui. Cet homme a vécu. Et pas qu’un peu. Des aventures, des guerres, des choses épouvantables et joyeuses… Qu’ai-je fait ?

- En y réfléchissant d’un peu plus près…

Oui, réfléchis, Ragnar. Penses-tu qu’en entrant dans les chaussons de cet homme, tu progresseras ? La réponse est évidente. Même s’il n’est pas du genre à ménager ses troupes, je serai dans un grand confort. Je n’apprendrai pas et ne m’accomplirai pas. Je suivrai bêtement les ordres d’un grand homme. Pourtant, au fond de moi, j’aspire à quelque chose de bien plus grand. Trop tôt pour parler d’une révolution. La seule chose qui importe est d’apporter la liberté à tous ceux qui la souhaite.

- Tu as raison. Je dois vivre pour comprendre, me tromper pour apprendre, sentir pour enregistrer…

On m’en empêchera. Je serai certainement arrêté et battu. Je me sentirai certainement seul dans cette lutte désespérée. Des remises en questions seront fréquentes, des rencontres nécessaires… Tout sera un jour relié. Toutes ces personnes seront remerciées. J’aurais enfin trouvé le sens à ma vie. Pour prétendre à quelque chose, je dois donner du sens à mon existence, et pour donner du sens à mon existence, bah… Je dois tout simplement m’en prendre plein la gueule.

- Je continuerai ma route seul. Qu’est-ce que t’en penses, le vioc’ ?

Puis je souris tout bêtement.

- On s’retrouvera hein ? Qui sait, on s’ra peut-être amené à bosser ensemble.

J’imagine une vie future où je voguerai à travers les mers, et où avec Minos on se retrouve pour une aventure commune. Quelle belle vie ! Rien de cela n’est impossible. À voir au fil des années… Et si surtout si je suis toujours en vie. Rien ne me dit que je serai toujours là demain. L’idée de voyager seul m’effraie un peu. Je ne suis ni autonome, ni suffisamment fort pour me défendre. Mais c’est nécessaire. Il m’a suffit d’une simple discussion pour résoudre certaines de mes questions. Réaliser certaines choses. Faire un choix crucial dans ma vie. Choisir la difficulté et la souffrance, plutôt que le confort qui s’offre à moi.

J’ai foi en ma destiné.

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Eh, rien ne vaut l'expérience, Ragnar. C'est la règle numéro un.

Il fait le point, avec plus de profondeur. Sa conclusion semble lui ouvrir les yeux de l'esprit, alors tant mieux.

Et le temps de se quitter arrive. Avant de filer, il me salue en m'appelant comme pas mal de gens de son âge: "le vioc". Le vioc ? Le vioc ! Oh, il m'a insulté là, le petit gars aussi puant qu'un ado !? C'est quoi, c'est genre ma voix de paternel qui file des fessées à cent cinquante décibels qui me vaut ce blase ? Les jeunes, aucune mesure, j'te jure. Dès que t'as trente piges, y a le tampon. T'es vieux. Et tu sais ce qui est terrible là-dedans ? C'est ceux qui se mettent à y croire.

Trente piges, c'est la phase pivot, et pas Bernard. Le monde se divise en deux callégories. La première, c'est celle du zig qui y croit, qu'il devient vieux. Même qu'il donne des arguments à s'apitoyer sur son sort. Ouais, certains os s'usent. Ouais, faire nuit blanche est plus difficile. Ouais, y a la famille, le boulot réglé comme une horloge, la soirée dégustation de fromage avec les autres trentenaires qui vont comparer en silence leur vie à la tienne, comme un TFE, un Travail de Fin d'Evolution.
Sans oublier les femmes, qui commencent à sentir l'horloge biologique en quinte flanche. Leurs amies pondent en canon, alors, forcément, elles cherchent la bourre génétique adéquate à la descendance pour la bordée suivante et, forcément, les mecs qui se sentent déjà moins en forme physiquement et mieux installés professionnellement en profitent pour caser leur charge, leur folie et offrir à leurs espoirs de vingtenaire la douce considération de l'amertume comme oraison funèbre. Comme quoi, c'était bien d'y croire, mais place au réel ! Faut payer la baraque, alors le sport, ça sera deux heures par semaine, à la place du billard avec les potes pour limiter l'expansion du pansu. S'il en fait, de l'exercice, parce que beaucoup renoncent à la simple idée de s'entretenir dès qu'on n'a plus personne à conquérir. Ce n'est même plus codé dans leur amour propre.

On ne doit plus bâtir sa vie, on doit veiller à celle d'un autre et sûrement que tout ce qu'on a fait pour soi n'était qu'en raison de cet instant de mort prématurée. D'ailleurs, depuis qu'il est là, ce gosse, avec la teutonne ça ne joue plus vraiment les batailles navales du siècle sur les vagues de draps froissés.
Ou alors, avec d'autres, le couple c'est juste là pour éduquer la progéniture et offrir la structure définie d'une société impersonnelle. Et s'il n'y a pas de môme, il y a la carrière, à bâtir, avant d'être essoufflé. Ronger les places, grignoter la hiérarchie pour ne plus avoir à trouiller sitôt la quarantaine. Puisqu'il faut de toute façon sacrifier ses rêves à chaque génération, on le fera pour soi à défaut du petit soi. On est dans notre dernière ligne droite après tout, on est déjà le vieux des jeunes. S'observer tel qu'on est plutôt que se fantasmer tel qu'on est supposé être, quoi de plus immature au final ?

Puis, t'as l'autre voie. Celle du mec qui compte pas les ans. Il peut avoir sa situation, ses gosses, son épaule usée, rien à foutre, il sera vieux quand lui le décidera. Ce trentenaire là, il continue de roupiller dans son canap après un cuite à la bière avec des potes qui n'ont jamais abordé leurs jeunes années avec mélancolie. Il ne fait pas spécialement de sport pour éviter de décliner, mais pour continuer à apprendre et se dépasser. Il fait des sorties, découche, étend son réseau social et met encore des têtes aux lascars qui lui cassent les burnes dans les ruelles senteur pisse fraiche. C'est pas un gosse, c'est juste pas un vieux. Pas un mec qui rentre dans des cases préétablies. Et si sa bourgeoise veut un marmot parce que son corps l'affole, il peut lui faire si ça lui plait aussi, mais en aucun cas il ne va planquer ses battes de baseball dans un placard à honte pour gaver les étagères du salon de photos de gamin qui évolue en souriant toujours à l'escaméra qui lui flashe la tronche chaque semaine. Parent, ouais, adulte, sûrement, mais pas vieux.

D'autant que cette étiquette vient soit de gens qui ignorent ce qu'être trentenaire signifie, soit qui le sont et se sont persuadés que ça avait forcément un sens. Autrement dit, les moins bien placés pour qualifier le truc. Moi, passer mes trente rotations ne m'ont pas rendu plus faible, plus calme ou plus peureux par rapport au monde. Au contraire. Le monde, à mes vingt ans, ça a été ça la douleur.

Ca veut dire quoi, être vieux, finalement ? Décliner physiquement ? Si c'était ça, on serait vieux à partir de dix-neuf ans, parce que c'est là que le plein potentiel inverse sa courbe. Ou alors, c'est être incapable de continuer à évoluer en bien pour ne plus être qu'une sauvegarde désespérée de ce qu'on a été ? ou de ce qu'on aurait voulu être dans une pure projection fantasmagorique ?

Je crache à la gueule des gens qui me traitent de vieux. Enfin, non, je ne crache pas à la tronche de Ragnar. Je sais qu'il dit ça parce que je suis plus âgé que lui et qu'on est toujours le vieux d'un autre. Je crache sur l'impression de bon mot qu'on a quand on taquine un vieux qui ne l'est pas. Laissons le temps aux gens de se sentir vieux avant de leur imposer qu'ils le soient. Parce que ce mot, mal employé, est devenu réducteur. Comme un précepte collectif qui voudrait que si un corps qui ne grandit plus, il ne peut plus qu'être une annonce d'obsolescence. Je suis pas vieux, pas encore, j'ai juste fini ma croissance. Tout comme je suis pas un demi-géant de taille normale, je suis un humain gigantesque. Le monde est plus riche qu'on le veut. Observer, c'est comprendre. Interpréter, c'est se méprendre.

Me suis un peu emballé moi, non ? En plus j'ai rien dit tout haut et j'ai vraiment pas envie de mettre des mots sur ce sentiment pour partager l'idée. Tu sais quoi ? Je vais engager un vieux, un vrai. Je vais faire tous les bars révos des Blues, arpenter les coins à laissés pour compte, les sous-estimés, les fond du panier, les derniers choix des compos d'équipes, et me dégoter un bon vieux, bien barbu, avec une calvitie et des os qui craquent si possible. Et des tâches d'expérience sur la gueule. C'est décidé, me faut un papy qui fait de la résistance.

- On s’retrouvera hein ? Qui sait, on s’ra peut-être amené à bosser ensemble.

On se retrouvera peut-être, yep. Je suis pas très compliqué à retrouver t'façon.

Déclic ! Faut que je lui file quelque chose.

Mais j'y pense ! J'ai un truc à te filer. Un genre d'artefact. Y a pas d'encre ici ? Rha, toujours avoir un pot d'encre sur soi, c'est la règle numéro un. Bon, vais utiliser le crayon, on va se démerder.


Je chipe un buvard et trace sur le coin carton sans sponsor.

T'as peut-être déjà entendu parler des glyphes urbains. Un genre de code, graphé sur les murs des rues, ou dans des coins discrets. Les gangs le font, mais les rebelles aussi. C'est un code officieux qu'ils se passent. Je peux pas t'apprendre le code, mais je peux te filer une carte joker à employer.

Tout en causant, je lui prépare l'atout, en faisant bien gaffe qu'aucun regard malavisé ne me grille. Par bonheur, les seuls yeux posés sur moi sont ceux de l'aveugle. Je griffonne donc, en expliquant:

C'est un glyphe d'entrée que je te reproduis. En gros, ça ne va pas invoquer des aigles géants en cas de pépin, mais si t'es en galère dans une zone que tu sais peuplée de révos, tu trouves une adresse plus ou moins fiable et tu présentes ça à l'accueil. Précise bien que tu offres tes services avec ça surtout. Montrer qu'on en veut, ça va les mettre en confiance et te faciliter l'introduction chez eux. Sont méfiants, mine de. Et tu devras l'être aussi, faut se méfier de tous, y compris des autres révos. C'est la règle numéro un.

Je replie le glyphe et lui file à glisser dans une poche ou tout endroit sûr sur lui. L'heure de ma pause est définitivement terminée, on retourne au turbin. Je salue Ragnar en lui laissant un poil de bouffe et quitte les lieux.

Sourire de gosse en arpentant la rue, et pas que parce qu'il fait enfin respirable. J'ai rarement dessiné un aussi beau chibre. Dressé, majestueux, veineux, vénère, avec un effet trois dimensions par des ombrages. Sensation garantie le jour où Ragnar, en cavale, voire gravement blessé, dépliera sa carte de visite en offrant ses services à une bande de poilus qui lui demanderont, la pogne sur le pistolet, une bonne raison de ne pas le descendre. Ha! Ha! Ha! Eh ouais, j'avais bien dit qu'il fallait se méfier des révos.
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