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La Mort aux Trousses

Assise en salle des cartes, Rachel, les jambes croisées, regardait fixement l'eternal pose qui lui avait été fourni à Mega Vega. Sur le bureau devant elle, la carte de Grand Line était étalée sans ambages et montrait avec une échelle de 1/10 000 lieues toutes les îles des sept différentes voies et toutes les autres qui se trouvaient hors des voies principales.

Ils avaient quitté Méga Véga avec la crainte que le navire et ses étranges voilures ne tiennent pas la route et pour seul but, vague, de courser les lieutenants des Empereurs présents sur Grand Line. Il y en avait plusieurs, de par le monde, beaucoup recrutant pour le compte de leur capitaine, d'autres juste perdus comme le lieutenant de l'Immortel. Mais il s'était avéré que, à une île d'eux, avait été aperçue Shoti Shota, lieutenante de la seconde flotte de Kiyori, recrutant pour la déesse enfant.

Depuis le temps, elle ne devait plus être si jeune que ça. Peut-être avaient elles le même âge, Rachel et elle, en fait.

Plus intéressant, Rachel avait reçu une étrange missive comme quoi, très loin dans le Nouveau Monde, la base du G5 allait être la scène d'un combat titanesque entre Kiyori, ses lieutenants, et la fine fleur dépêchée de la marine. Coïncidence fortuite, on demanda à la Colonel Blacrow et à son tout nouveau équipage d'intercepter Shoti Shota avant que cette dernière n'atteignent le Nouveau Monde et n'aille prêter main forte aux pirates dans la guerre qui se préparait dans la base du G5. Rachel était restée muette de stupéfaction en réalisant à quel point, pour une fois, tout allait dans son sens. Plus encore, après avoir mis fin à la conversation, lorsqu'elle s'était aperçue en déroulant la carte qui n'avait alors plus bougé de son bureau, que Shoti Shota, dernièrement vue sur Clock Work Island, serait obligée, si elle voulait rejoindre le nouveau monde, de passer par trois îles tenues par des Shichibukaï. Une nouvelle aubaine pour les Hound Crows : elle ne pourrait alors s'ancrer qu'à Kuraigna après être passée par l'île en fête. Pas vraiment une station balnéaire, mais au moins pourrait-elle refaire le plein de quelques vivres.

Et puis, sûr que le gorille avait une viandes très savoureuse une fois fumée.

Ils avaient fait une rapide escale sur la première île rencontrée, L'archipel Boyn, pour faire des provisions nécessaires à un si long voyage, puis ils avaient directement mis le cap sur le château hanté de Kuraigna. Histoire de bien rester dans le thème après Thriller Bark.

-J'ai pas trop confiance... T'es sûre qu'on doive foncer dans le tas comme ça ? Demanda Jenny, visiblement agitée.
-Foncer dans le tas n'est pas vraiment dans mes habitudes, non.
-Pourquoi on le fait alors ?
-C'est ça ou une bataille navale. Et j'ai pas vraiment envie d'expliquer aux responsables de la paperasse pourquoi l'Élytre est déjà 20 000 lieues sous les mers.
-Scrountch On est sûrs qu'ils sont là au moins ?

Orion aussi était inquiet. Il mangeait un oignon cru, ce qui était un signe avant-coureur aussi criant que s'il avait bénéficié d'un panneau en diodes led pour le signifier.

-Le vigie n'est peut-être pas rassuré sur son hunier oscillatoire, mais il confirme la présence d'au moins deux navires pirates aux abords de l'île. Il n'a pas pu voir l'étendard pour l'instant, mais ça ne saurait tarder. Et au pire, on tombe sur des pauvres pirates qu'on arrêtera pour la beauté du geste et on repartira, au radar, pour trouver Shoti Shota et son navire.
-Ce plan m'a l'air tout sauf préparé.
-Ce n'est effectivement pas un plan très approfondi. Mais nous n'avons pas de base à prendre, pas de position de force, pas de force numéraire... Tout ce qu'on sait, c'est que si on peut les voir, eux aussi nous voient et se préparent. Nous sommes en position de faiblesse. Il faut prévoir ce que fera l'ennemi en fonction de ce qu'on est en position de faire puis agir en conséquences.
-Grosse réflexion en perspective. Scrountch
-C'est simple : Nous éviterons la forêt pour ne pas subir de pertes inutiles contre les singes ; Shoti Shota, à moins qu'elle ne cherche à les recruter – ce dont je doute étant donné l'urgence de sa situation et l'imprévisibilité des êtres simiesques – va chercher à faire la même chose. Se battre au milieu des ruines et depuis l'intérieur du château peut sembler être une bonne solution pour les pirates. Ce sont des places fortes, accidentées, et présentant de nombreux abris qu'ils pourraient mettre à profit …
-Se réfugier dans le château me semble une mauvaise idée, non ? On pourrait tout détruire à coup de canons.
-Mais si on fait ça, des navires nous tombent dessus – toujours d'après le vigie. Ce serait nous exposer inutilement ou signifier l'emporter sur les navires avant de pouvoir s'approcher, ce qui semble compliqué. Du coup, s'ils pensent à ça, ils resteront à l'abri dans leur chateau.
-Pour ne pas dire impossible, ouais.
-Mais s'ils font des provisions pour leur traversée, ils ne vont pas risquer leurs navires et leurs cales, si ?
-Si c'est l'alternative à perdre, je jetterai moi-même toute la cargaison par dessus bord.
-Orion a raison sur ce point.
-Du coup, on se retrouve dans tous les cas en désavantage.
-Et face à une Lieutenante d'Empereur, même être en avantage n'est pas réellement engageant.
-Alors quoi ? On fonce réellement dans le tas ?

Rachel s'adossa contre son fauteuil, la main sur le visage. Il fallait qu'elle sorte de cette bataille victorieuse. Pas seulement pour se faire bien voir, pas seulement pour prouver que les Hound Crows avaient de la bouteille, mais aussi par égard envers ces hommes qui pour beaucoup sortaient à peine d'un affrontement contre Teach et qui redoutaient une nouvelle débâcle. Contre le chambranle de la porte, Lin était postée, silencieuse. Sûr qu'elle pensait à la même chose.

Il fallait que notre colonel tire ses cartes du jeu.

-Il faut se servir des singes. Les précipiter sur leurs positions. Difficilement prévisible, je suppose.
-TU VIENS DE DIRE QU'IL FALLAIT LES ÉVITER !!!
-Comment on ferait ça ?
-Je sais pas. Ils ont peur de l'eau, non ?
-Et alors quoi ? Tu proposes d'inonder la forêt ? Comment ?
-Je sais pas. (Rachel soupira avec force) Nous n'avons pas le karaté des hommes poissons avec nous ni de tsunami dans une bouteille.
-...Hein ?
-T'occupe, intervint Lin.
-Et vous Commandante ? On vous débarque en mode tigre, vous leur hurlez dessus à leur faire pisser dans leurs armures et ils fuient vers les pirates !
-Un millier de Potemkine en puissance, Orion. Je suis pas sûre que tu saisisses la situation.
-J'disais ça comme ça, hein.
-Même elle et moi ensemble n'aurions pas une chance. Nous ne risquerons la vie de personnes pour des mandrills.
-Un babouin restera un babouin...
-Il faudrait gagner leur respect en battant le plus fort. C'est possible, non ?
-Aller jusqu'à lui, le trouver sans se faire tuer, le vaincre – si tant est que ce soit possible – puis le convaincre de se battre pour nous ? J'y crois moyennement, Jenny. Et en attendant, la Lieutenante nous coule par derrière ou s'enfuit. Non : il faut les faire fuir et/ou les attirer vers les ruines et le château.
-Mais comment on va faire ça bon sang !
-Il nous reste deux heures pour trouver. Orion, Lin, allez mettre tout le monde en branle-bas de combat. Je veux que tout le monde soit prêt dans moins d'une heure ! On débarque du côté de la forêt et je ne veux pas que l'on soit surpris par une attaque préventive de la part des pirates alors que tout le monde soit attentifs !
Oh et repliez le drapeau de la mouette ! Nos voiles sont vierges et nous ne sommes pas un cuirassé. Peut-être qu'on ne se fera pas canarder à vue.


Ils sortirent.

-Tu es sûre que ça va aller Rachel ?

Pas le moins du monde. Cette phrase resta informulée et le silence s'imposa de lui-même. Pas bien longtemps toutefois.

-Shoti Shota et son équipage sont des spécialistes des attaques à distances. Ils ne devraient pas se jeter sur nous, mais on ne sait pas de quoi sont capables les pirates qui l'accompagnent. Je ne crains pas leurs puissances, mais s'ils sont un tant soit peu tactiques, ils ont un sacré avantage sur nous.
-D'accord. Donc on peut dire que ça va pas du tout.
-Je ne dirais pas ça, Jenny. Je sais rester positive. Mais je te conseillerais tout de même de bien te préparer, parce que ça risque d'être rude.
-J'ai affronté Nazca et Teach, hein !
-Oui. Mais nous avions alors toutes les cartes en main et une bien meilleure force de frappe.
-Et c'est ça que tu appelles être optimiste !
-Va te préparer ! Je continue de réfléchir à un plan.
-Sur la comète ! Tu sais ce qui se passe dans ces cas là ! Tu finis avec des dials attachés à des corbeaux !

Et elle quitta la pièce sans attendre de réponses.

Du poing, Rachel se cogna la tempe à répétition puis se leva en se massant le coude gauche. Ou ce qu'il en restait. Elle contourna son bureau et s'approcha de la petite armoire vitrée où elle rangeait son sabre et la faucille qu'elle avait dernièrement reçue par colis. Le mois dernier dirait-elle. Accompagné d'une lettre du père Minoël. Et d'une photo dédicacée de Yamamoto Kogaku … Rachel frissonna devant la photo du marin en costume de noël et referma l'armoire après en avoir extrait les armes. Elle les ceintura – difficilement – à son côté gauche pour le sabre et dans son dos pour la faucille. Quel bonheur de renouer avec une lame courbée !

D'un regard égaré, elle s'attarda sur la carte étalée dans son bureau, puis s'en détourna.

Pas sûr que tout allait dans son sens.

*****


-Pardon. Adam ?
~Humoui, Mizumaru?
-Y'a un navire qui approche. Pas un bien gros, mais quand même.
~Eh bien quoi ?
-Tu veux que j'aille voir si y'a un danger ?
~T'as pas besoin que je te rappelle de quel côté de cette discussion se trouve la Sagesse.
-Non, en effet.
~Eh bien fais gaffe à toi si tu veux y aller. Mais je crois plus trop aux histoires de princesses.
-Heu... ? D'ac-cord …
~Fais vite. Je vais en toucher un mot à Shoti. On sait jamais quel sort réserve aux arthropodes.
-Tout à fait d'accord Adam ...
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" Non, non les gars, vous n'y êtes pas ! "

Perché sur le gaillard arrière où se trouvait la barre de l'Elytre, Yoru haranguait ses nouveaux compagnons qui le regardaient depuis le pont inférieur. S'il n'avait pas pu rassembler les presque cent membres de l'équipage dont la plupart étaient, eux, en train de manœuvrer le navire et vaquaient à des taches d'importance, il était tout de même parvenu à regrouper une trentaine d'hommes. Tom, qui tenait la barre en absence de la capitaine, s'était un moment demandé comment il avait réussi à en réunir autant alors que la plupart n'en avaient à priori rien à carrer de ce que le samouraï avait à leur dire. Jusqu'à ce qu'il entende ce dernier suggérer l'air de rien de ne plus nourrir les hommes qu'avec des légumes s'ils ne le rejoignaient pas. De quoi motiver des soldats d'élites.

" Les gars ! s'exclamait Yoru, nous sommes maintenant une équipe ! Alors il faut qu'on commence à agir en équipe ! Alors, à trois ! Un, deux, trois !
- Aou ! Aou ! Aou !
- Plus fort !
- Aou ! Aou ! Aou ! "

Au grand dam de Tom, les hommes semblaient peu à peu se prendre au jeu. Même certains de ceux qui travaillaient s'étaient arrêtés et brandissaient maintenant le poing en même temps que le guerrier de Wano qui s'enflammait de plus en plus à mesure que les secondes passaient. Il en était à dégainer l'un de ses sabres pour le brandir vers le ciel.

" POUR L'ELYTRE ! POUR LA COMMANDANTE BLACROW !
- AOU AOU AOU ! Rugirent en cœur l'ensemble des soldats du pont qui se laissaient gagner par son enthousiasme.
- POUR LES HOUND CROWS !
- AOUUU !! AOUUU !! AOUUU !!
- POUR...
- QU'EST CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ! ARRÊTEZ TOUT DE SUITE DE GUEULER BANDE DE TARES ! "

Les marines se figèrent tandis que le crâne chauve d'Orion surgit de la porte menant à la salle des cartes. Le timonier jeta un regard noir au samouraï dont le sabre avait mystérieusement regagné son fourreau.

" Je peux savoir pourquoi tu incites les hommes à ne rien faire, samouraï de mes deux ?
- J'ai rassemblé tout le monde pour que vous puissiez leur parler, boss au crâne rasé, répliqua le guerrier de Wano. J'ai supposé que vous auriez des ordres à nous transmettre après la réunion avec la Big Boss. Non ? "

Le timonier n'ajouta rien mais le fusilla du regard tout le temps qu'il mit à gravir les escaliers menant au pont supérieur avec Lin. Yoru se recula, eut encore quelques secondes de latence avant de taper du poing sur son autre paume : il comprit pourquoi Orion le regardait en tapant du pied. Quittant le pont supérieur, il rejoignit ses compagnons de voyage un cran en dessous pour libérer la place à Lin qui distribua ses ordres.
Au fur et à mesure des explications de cette dernière, le visage des hommes se fermaient : l'équipage était à peine créé qu'ils se dirigeaient déjà vers une mission impossible. Certes, tous connaissaient la force de Rachel et de Lin mais mis à part ces deux monstres là, aucun d'eux ne rivalisait avec des membres de la flotte d'une Impératrice. Pourtant, en membres de l'Elite chevronnés qu'ils étaient, ils luteraient avec tout ce qu'ils avaient.

Après quelques minutes de harangue de la part de la seconde des Hounds, l'équipage se dispersa rapidement pour se préparer. En un rien de temps, le pavillon fut abaissé et, sur un ordre de Lin, les uniformes furent quittés et remplacés par des tenues neutres. Ainsi, même observé par une longue vue, l'équipage ne serait pas reconnu comme appartenant au gouvernement.
Un peu partout, les hommes se mirent à vérifier, aiguiser, recharger armes blanches et à feu.

" Ça fait longtemps qu'on a pas combattu ensemble, remarqua Tom qui aiguisait une grande hache en demi-lune à côté de Yoru.
- Depuis West blue, répliqua le samouraï qui entretenait ses sabres assis sur le bastingage à côté de lui.
- Je n'ai jamais compris pourquoi tu venais dans les autres Blues alors que tu stationnais à South.
- Parce qu'on ne doit agir que dans la zone où on est affecté ? Releva le guerrier de Wano en relevant un sourcil. Personne ne me l'a jamais dit.
- Heu... non, enfin... Bref. Qu'est ce que tu penses de notre destination ?
- Dangereuse. Risquée. Mais on va sur Kuraigana ! Là où se trouve le château de Mihawk !
- L'un des plus grands sabreurs ayant jamais existé, oui, je connais aussi. Et un endroit bien dangereux.
- Se diriger vers une lieutenant d'Empereur est dangereux... Tiens, c'est bizarre... Tu n'entends rien ? - Le samouraï s'était tourné vers le bastingage et scrutait les flots qui défilaient doucement contre la coque du navire avec attention – Il me semble avoir entendu comme un... bruit.
- Non, je n'ai rien entendu.
- Ah ! Bonjour ! "

Le guerrier de Wano salua de la main l'homme poisson qui s'agrippait à la coque de l'Elytre et dont seule la tête dépassait de l'eau. De l'autre main, il attrapa discrètement le poignet de Tom pour l’empêcher de brandir sa hache.
L'homme carpe les observa quelques instants avant de se mettre à parler.

" Blou blou ! Glou plou lou...
- Nous ne comprenons pas ce que vous dîtes, vous avez la bouche dans l'eau, l'informa poliment Yoru.
- Je vous demandais, reprit le guerrier des mers après s'être un peu plus émmergé, qui vous étiez.
- Je m'appelle Yoru, répondit aimablement le samouraï, et voici Tom.
- Je ne pense pas que c'est ce qu'il voulait savoir, intervint ce dernier.
- Ce n'est pas ce que je voulais savoir, confirma l'homme poisson.
- Que vouliez-vous savoir, dans ce cas ?
- Ce que vous venez faire ici. Qui est votre équipage ? Vous me semblez tous bien armés.
- Et vous même, contre-attaqua Yoru. Qui êtes-vous pour exiger de savoir qui nous sommes ?
- Je suis Mizumaru, membre de l'équipage de Driver, membre de l'équipage de Shoti Shota ! Et vous êtes sur les eaux contrôlées par cette glorieuse pirate, membre de l'équipage de l'Impératrice Pirate, alors je vous conseille de répondre à mes questions ! "

La tension monta d'un cran sur le navire dont plusieurs membres s'étaient discrètement rapprochés pour écouter l'étrange conversation et se tenaient maintenant prêts à agir.
Mais déjà, Yoru enchaînait.

" Ah ! Eh bien nous avons de la chance alors ! Nous voulions justement rencontrer Shoti Shota.
- Pourquoi ça ?
- Parce que, comme vous l'avez surement compris à nos armes, nous sommes des mercenaires. Et nous souhaitons nous engager auprès d'elle, improvisa le samouraï sans se démonter. "

L'homme carpe le dévisagea avec méfiance. Certes, dans le milieu, tout le monde savait que la capitaine de flotte de l'impératrice recrutait.

" Elle voudra parler à votre capitaine.
- Evidemment.
- Je vais monter sur votre navire.
- Non.
- Et pourquoi ça ? Répliqua l'homme poisson en étrécissant les yeux.
- Parce que jusqu'à ce que j'ai la preuve de ce que vous nous dîtes, je ne vous laisserais pas vous rapprocher de ma capitaine.
- Je peux le comprendre, reconnut-il finalement.
- Merci. Peut-être serait-il possible d'organiser une rencontre avec le votre, de capitaine ? Peut-être pouvez vous nous "conduire" à ce "Driver", ajouta-t-il tandis qu'un infime frémissement secouait ses lèvres.
- Je vais voir ça. Diminuez votre voilure, approchez lentement du rivage.
- Je vais transmettre vos recommandations à la patronne. Si vous pouviez aussi demander aux deux navires que nous avons vu stationner de ne pas nous canarder de façon préventive ? Ce serait un peu abrupte comme début de négociation je pense.
- Je vais voir ce que je peux faire, répondit Mizumaru avec un sourire mauvais en disparaissant dans l'eau. "

Sur le pont du navire, des murmures exités reprirent là où un silence de plonb s'était installé. Quel que soit le plan d'action de Rachel maintenant, les hommes de mains de Shoti Shota savaient qu'ils arrivaient.
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"Bien joué, Camembert ! Avec ça, personne me soupçonnera et quand bien même aucun n'osera rien y faire !"
"Vous me laisserez en profiter, comme promis?"
"Bien sur mon gaillard. Un Broco n'a qu'un credo ! J't'ai dis que tu pouvais y dormir à chaque fois que je serai de garde, croix d'bois, croix d'fer."
"Chouette !"

Pour la première fois depuis qu'ils avaient pris la mer, Vardamack eut le sentiment d'être un compagnon plutôt qu'une cible pour Télesphore Brocolis. De magouilles, certes, mais il faut bien commencer quelque part. Adieu le souffre-douleur, au revoir les peines et les sévices, bonjour l'amitié et les aventures ! Un jour nouveau naissait à l’œil de notre nouvel élite tandis que l'autre pointait toujours sur le lit à baldaquin de fortune -mais confortable- que son propriétaire terminait pour le vieillard. Curieux luxe dans le vétuste Élytre qu'était cet étrange assemblage de matelas chapardés aux autres marins de l'équipage et de cordes piquées dans les réserves de secours dont personne ne se servait jamais. Fort de ses couettes blondes, l’aîné était parvenu de son côté à convaincre l'ensemble des matelots que l'édifice n'avait rien coûté à personne et que si d'aventures Richard, Christophe, Léon, Tina et Roberto n'avait plus de surface molle pour s'allonger le soir, à eux de se poser les bonnes questions et de se demander pourquoi le capitaine les avait mit à l'épreuve d'une manière aussi cruelle. Et quand certains lui répondirent que Blacrow était une femme, de rajouter en pouffant que, peut-être, si c'était une femme alors elle avait le syndrome du petit pois et en conséquence avait subtilisé les matelas de son équipage dans le but de se fabriquer un lit confortable sans se soucier du confort de ses troupes. Peut-être. Subtil mensonge, puisque aucun n'est finalement allé vérifier ces allégations, craignant de subir remontrances et autres punitions plus féroces encore que celle d'une triste absence de literie. Après tout, la marine d'élite, c'est à la dure.

Ainsi, Momaridon arborait un sourire heureux alors qu'il accrochait sur le lit fraîchement construit l'écriteau -originellement une planche subtilisée au pont du navire dont l'absence ne laissait qu'un très léger trou, le bâtiment pouvant remercier son architecture compacte, mais qui faisait cependant pester régulièrement un certain Thibaud qui ne finissait plus de s'y prendre le pied- sur lequel prônait la superbe calligraphie de Jenny. Télesphore s'était en effet octroyé la complicité de la jeune femme à la suite d'une négociation étrangement facile qui consistait à lui offrir la possibilité de profiter du dit lit la journée et d'en partager de temps en temps la place la nuit. La fameuse calligraphie imitait, elle, à la perfection l'écriture rustique et le langage fleuri d'une vice-commandante Lin qui n'avait évidemment jamais donné son accord et précisait à qui voulait bien le lire que l'édifice "est réservé à Brocolis parce que c'est un invité et le premier qui viendrait lui chercher des noises pouvait la trouver dans son cabinet". L'escouade Baldaquin, comme certains viendront plus tard à les appeler, se complétait finalement d'un Yoru complice sans le savoir, puisque le vieillard, ayant repéré son caractère grande gueule, avait eu la bonne idée de lui refourguer l'un des matelas volés -celui de Thibaud, dont ce n'était définitivement pas la journée- par dessus le sien et, entre les deux, les outils ayant servi au crime dans le seul et unique but de le faire chanter au cas où il lui prendrait l'idée de l'ouvrir. Un quartet d'exception donc, dont les méfaits futurs ne cesseraient de faire tourner en bourrique le frais équipage des Hound Crows qui n'en demandait pas tant.

Vardamack était fier d'en faire partie. Tellement fier que son regard embué par l'émotion ne parvenait pas à faire lumière sur la triste vérité. Car en effet, si les promesses du vice-amiral l'avaient convaincu de participer à cette horrible affaire, notre jeune élite oubliait que le reste de l'équipage n'était toujours pas parvenu à trouver quelconque utilité à ce bon vieux Télesphore et, en conséquence, l'avait dispensé de toute activité ou garde que ce soit depuis que son gabarit leur avait démontré par A + B que quelque soit l'acte, la finalité était toujours moins satisfaisante que la situation de départ. Et qu'en conséquence, contrairement à ce qu'espérait Momaridon, la cinquième roue du carrosse restait la même.

"Vous savez quoi, Brocolis? Je me suis trompé sur vous. Vous êtes un homme bien."
"Je suis surtout bel et bien un homme."
"Q-Qu... Hein?"
"TOUT LE MONDE SUR LE PONT !"



__________________________


"Arrêtez de battre des jambes comme ça Brocolis."
"Désolé, mauvais réflexe. Je comprends pourquoi Camille le fait cependant, c'est plutôt très agréable."
"J-Je... ne veux vraiment pas le savoir. Ne vous étonnez pas si certains n'arrivent toujours pas à croire votre histoire."
"Oh, vous savez, mon p'tit gars..."
"Je suis le doyen ici !"
"Vous avez quoi, Orion? 55? 60 piges, au max? A côté de moi, vous restez un p'tit jeune."
"Suffisamment vieux pour voir que cet équipage est en train d'faire une connerie. J'crois que ce Yoru va m'faire faire de vieux os."
"Pouvez pas dire que j'vous avais pas prévenu. C't'un p'tit con. Ça se voit."
"... Vous m'avez dit la même chose pour l'ensemble de cet équipage."
"Je suis arrivé à un âge où il est plus facile de faire des généralités, mon gaillard."
"Mouais."
"..."
"..."
"Bah moi j'l'aime bien ce Yoru, j'vais vous dire. Il me fait penser à c'bon vieux Koulllalamorondibert."
"L-L'amiral? Vous l'avez connu? ... oui, bon, évidemment, mais entre un amiral et un samouraï à forte tête..."
"J'lui ai tout appris, mon gars. C'était mon fidèle lieutenant."
"Et à lui vous écorchez pas l'nom de famille? Pauvre Momaridon tiens."
"Qui?"
"Vardam... Laissez tomber."
"Bon."
"..."
"..."
"... et donc il lui ressemble?"
"Vardam-m-m-mh?"
"Yoru."
"Ah ! Oh, ressembler, c'est un bien grand mot mais... y a de l'idée."
"Du genre?"
"Il avait fabriqué une soufflette géante une fois. Pour nous permettre de nous infiltrer au beau milieu d'une île infestée d'ennemis. Et ça avait marché."
"Une souf... hein? Mais... Quel est le rapport avec...?"
"Disons que son plan apporte autant de promesses."
"... aucune?"
"Précisément."
"..."
"..."
"Si vous voulez avoir une chance que ça marche, faut peut-être penser à vous changer Brocolis."
"J'ai pas l'air assez civile avec mes paillettes et froufrous? Je sais pas ce qu'il vous faut."
"Je pensais plutôt à votre manteau."
"Bah quoi mon manteau? Il me va pas et alors? ET ALORS MON GARS?"
"... Mais non. C'est qu'il transpire votre appartenance à la mar..."
"Orion ! Madame Blacrow vous demande !"
"Enlevez ce manteau, Brocolis !"
"..."

Télesphore regarda partir Orion au pas de course derrière une Jenny visiblement surexcitée. Il posa un œil sur sa tunique. L'épousseta. Regarda la côte qui se rapprochait de plus en plus. Bailla.

"... bof."


__________________________


Adam Driver observait l'équipage qui venait de poser les pieds sur l'île d'accueil des troupes de Shoti Shota avec une attention toute particulière. Le rapport de Mizumaru semblait honnête mais le vieux pirate n'était pas singe à qui la grimace était à apprendre. Son homme avait pu se faire tromper sur toute la ligne qu'il ne s'en serait pas étonné, l'homme-poisson étant plutôt naïf et très premier degré. Aussi, il scrutait l'assemblée en prenant soin de détailler tout comportement suspect. Et autant dire qu'il y avait de quoi. La plupart semblaient globalement sur leur garde, comme le cinquantenaire moustachu qui se tenait à l'écart, mais jusque là rien d'anormal dans la mesure où aucun ne savait la réaction que pouvait avoir leurs hôtes. Plus inquiétant, certains transpiraient d'hostilité, à commencer par une rouquine fine comme la pluie dont les considérations semblaient difficiles à cacher, ou encore une petite brune d'une vingtaine d'année dont les mouvements brusques laissaient apparaître une envie d'action qui ne trompait pas. Enfin, ceux dont le comportement alertaient le plus notre vétéran était le duo composé d'un chevelu porteur de sabre et de la fine gothique qui semblait diriger l'assemblée : tous les deux semblaient sereins. Presque à l'aise. Et Adam ne pouvait s'empêcher de sentir au fond de ses tripes que si couille dans le potage il devait y avoir, elle sortirait de l'un de ces deux là. Aussi, pour anticiper tout problème, le pirate se leva pour commander à ses hommes de lever les armes afin de prendre les leurs. C'est alors qu'il la vit. La blondinette dont la taille l'avait caché du regard de l'ancien capitaine. Son air nonchalant. Et son manteau.

"QUI EST-ELLE?", beugla soudain Adam en pointant Télesphore d'un doigt accusateur et en relâchant toute l'aura agressive qu'il savait délivrer au bout de ses 112 années d'existence.

Pas de réponse. Du côté des troupes, les yeux se dirigeaient tous vers la blondinette et son habit blanc frappé du symbole de la mouette. Du côté des arrivants, un miasme de chuchotements inquiets et énervés s'élevait tandis que les individus repérés par le pirate se contentaient eux de pointer un regard sanguin sur la fillette, de pester avec ferveur, voire de signer leur épuisement en levant les yeux aux ciel ou en soupirant sans prendre la peine de s'en cacher. Le capitaine prit son inspiration pour hurler une nouvelle fois quand l'accusée s'approcha d'elle-même du pirate jusqu'à arriver à quelques centimètres de ses pieds. Elle faisait probablement la moitié de sa taille, et malgré le ridicule de la situation, le vétéran semblait reconnaître le regard pédant et désagréable dont faisait montre l'individu qui lui faisait -à peu près- face. Puis secoua la tête, oubliant l'hypothèse impossible qui germait dans son cerveau, et ouvrit la bouche avant de se faire couper la parole par la voix enfantine et désagréable de la jeune fille.

"Télesphore Brocolis. Vice-amiral. Je te pensais mort, Driver."

Un souffle s'éleva de l'ensemble des hommes en présence tandis qu'Adam, sous le choc, se rasseyait pour reprendre son souffle et revenir à la taille de son interlocuteur. Impossible. La situation ne pouvait pas se dérouler comme elle était en train de se dérouler. Le physique dans lequel se présentait son ancien ennemi était à mille lieux de ce à quoi était censé ressembler le vice-amiral à ce jour et pourtant. Le pirate n'en avait aucun doute, c'était bien lui. Le regard ne trompait pas. C'était ubuesque mais Adam n'avait aucune envie de rire.

"C-Comment..."
"Je te présente mon arrière petite-nièce. Longue histoire."
, affirma Brocolis en pointant son propre corps.
"Je n'en doute pas."
"J'ai pris ma retraite persuadé que tu en avais fait de même, et te revoilà face à moi. Je suis un peu déçu, Driver. Qu'as-tu fais de tes gosses?"
"Ils se débrouillent."
"Je vois."
"Qu'est-ce que vous faites là Brocolis? Encore à vouloir me faire la leçon? Et qui sont ces gars-là?"
"J'ai pas eu le cœur à t'arrêter pendant 45 ans, j'vais pas commencer maintenant, mon vieux. Puis j'suis pas vraiment en état. Non non, nous on est là pour péter la gu..."


Brocolis fut interrompu par la sensation désagréable d'avoir une centaine de regards accusateurs plantés sur sa nuque. Il soupira en se la frottant puis lança un sourire amusé à Rachel à qui la situation montait doucement au nez.

"... enfin, ils. Ils sont là pour péter la gueule à des Marines. Ça m'arrange pas, mais moi je sers seulement de cadeau de bienvenue."
"De cadeau? ... La Sagesse est farceuse."


Adam pouffa d'une manière débridée en constatant que la réalité de la situation allait dans son sens. Son jugement altéré par les retrouvailles avec un vieil ennemi ne lui permettait plus de porter l’œil avisé sur les Hound Crows déguisés qui se tenaient face à ses hommes et seul lui importait de savoir le vice-amiral Brocolis entre les mains d'une Shoti Shota friande d'adversaire coriaces à interroger. Il attrapa la fillette par le col en se relevant et lui adressa un sourire vainqueur avant de l'envoyer droit dans les bras des Ferreira qui se tenaient là. Sur un mouvement de tête, le frère et la sœur attrapèrent chacun un côté du manteau de Brocolis et s'enfoncèrent dans les terres en direction de leur capitaine dont le campement se trouvait un peu plus loin à l'orée de la forêt qui cachait les Mandrills, Almon soupirant face à la discussion froufrous dans laquelle se lançait Rei, sans gêne, avec un vice-amiral à couettes toujours aussi indolent. Le vétéran pirate, détendu, pivota en direction de Rachel et de ses hommes dont les messes basses faisaient rage depuis quelques minutes et lança une poignée de chopes qu'il venait de récupérer sur le tronc qui leur servait de table basse.


"Bieeeeeen. Je vois qu'on peut faire affaire vous et moi. C'est un bien beau cadeau que vous nous offrez là."

Il croisa les jambes avant même de se laisser tomber sur son siège et, enivré par sa petite victoire sur le Némésis de ses jeunes années, avala d'une traite le fond de pinte qu'il lui restait à boire.

"Vous vouliez converser directement avec ma capitaine? C'est râpé. La Sagesse est la première à convaincre."

Il ouvrit les bras d'un air de défi.

"J'attends !"



    Il était étrange de voir comme ces pirates, l'équipage de Driver, s'étaient établis à la lisière de la forêt. Dans un souci communautaire exacerbé et à plusieurs mètres des ruines à proprement parler, ils se tenaient à l'écart des autres équipages au point qu'on ne pouvait pas apercevoir les deux autres depuis le campement de Adam. Manque de confiance les uns dans les autres ? Ou s'agissait-il simplement d'une espèce de nomenclature à la fois verticale et horizontale qui ne mélangeait les équipages recrutés ni avec celui de Shoti Shota ni même entre eux ? Rachel secoua la tête. Il fallait qu'elle cesse de réfléchir à des problèmes insolubles. La question était d'une utilité proche de zéro. Son trouble et ses pensées finiraient par s'afficher en des grimaces accablantes sur son visage.

    Ils se trouvaient dans une espèce de clairière. À la couleur du sol sous la mousse d'un vert presque phosphorescent, on pouvait déduire que les anciennes guerres en avaient détruit la fertilité pour des décennies. Les rares arbres qui semblaient avoir survécu ou réussi à grandir à cet endroit avaient été coupés et déracinés par les pirates. Ils alimentaient les divers feux en lisière de leur campement. Pour repousser les Mandrills ? Ils n'en avaient pas croisé mais Rachel craignait de les voir débarquer à tout moment.

    Elle reporta son attention sur Adam assis sur une chaise tellement rembourrée que notre Colonel se demanda s'il y avait ne serait-ce que la moindre armature sous les couches de fourrures.

    Le campement tout entier était établi à portée des amarres de leur navire. La démarcation entre la mer et la terre était abrupte. Comme si quelqu'un avait arraché un morceau de l'île pour que le navire puisse s'approcher au plus près. Derrière le capitaine, le flanquaient deux hommes poissons aux gueules les moins humaines qu'il fut donné de voir à Rachel. L'un ressemblait à s'y méprendre à une carpe Koi de trois siècles qui aurait grandi en plein océan. L'autre était l'archétype du type violent. Du requin-marteau violent.

    Les chopes qu'Adam lança dans leur direction furent toutes rattrapées. Tom en happa une au vol et la tendit à Rachel. Elle la saisit machinalement sans regarder ni l'un ni l'autre. Elle écoutait Adam parler tandis qu'un type trop cambré se baladait dans les rangs avec un tonneau et servait dans les verres tendus une liqueur ambrée assez odorante.  Rachel, toutefois, refusa le breuvage. Puis une fois que tout le monde fut servi et l'homme à la démarche raide éloigné, notre brune rendit la tasse à Tom. Ce dernier en lorgna le fond avec un air quinaud.

    -Vous auriez pu le laisser la remplir, du coup...
    -Télésphore ! Sniff ! Quel sacrifice valeureux !
    -Ta gueule Vardamack !
    -C'est un sacré coup de veine quand même, qu'ils se connaissaient.
    -Brocolis ! Sniff ! Quel esprit de camaGRVPIBRYnmpfff... !
    -J't'avais prévenu !
    -Y'a des gens à bord dont il est pas le souffre douleur ?
    -On pourrait se concentrer s'il vous plait ?

    La voix de granit de Rachel mit fin aux murmures. Pendant les secondes qui suivirent, ne subsistèrent que le regard triomphal de Adam et les affreux gargouillements de Vardamack, la gorge comprimée par le coude de Jenny. La Colonel était tendue. La situation n'était pas sous son contrôle, et pire, il semblait même échapper à toute cohérence. L'improvisation de Télésphore n'avait un intérêt que très limité, en plus de le mettre en danger. Elle aurait presque eu envie d'ordonner à Lin de la suivre sous forme féline, mais elle se ferait griller en un rien de temps. Sans compter qu'il lui semblait avoir entendu dire des singes du coin qu'ils étaient légèrement carnivores. À la place, un marine anonyme garderait un œil sur Brocolis avec une longue vue. Il ne serait pas discret, mais avec un peu de chance, il passerait simplement pour stupide. Ou voyeuriste.

    ~J'attends !
    -De quoi devons-nous vous convaincre, au juste ?
    ~De vous laisser accéder à Shoti Shota.
    -Et comment pourrais-je convaincre la Sagesse ?
    ~De bien des manières. De bien des manières.

    Rachel inspira bruyamment, les yeux fermés. Lorsqu'elle les rouvrit, il y eut un changement dans l'air. Elle semblait agacée. Elle fit un pas en avant. Le talon un peu trop volontaire pour une discussion diplomatique. Elle avala les mètres qui la séparait de l'équipage du Driver. Plus elle progressait, plus elle paraissait minuscule et malingre face au capitaine, épais et sec comme un chêne centenaire. Dans son dos, les colosses de trois et cinq mètres n'arrangeaient rien.

    -Je suis pas là pour compter les points, Driver. J'sais pas comment ça se passe dans la piraterie, s'il faut juste boire une tasse de saké pour être acceptés ou s'il faut qu'on se la joue au bras de fer...

    Il était assis. Elle était debout. Elle lui arrivait à peine au-dessus des épaules. Et pourtant ce n'était ni un trône ni un fauteuil. Juste une simple et banale chaise. Elle n'aurait jamais été prise au sérieux sans les flammes qui dansaient dans ses prunelles.

    -...Comment vous vous êtes fait recruter, vous ? Vous avez déchanté devant plus fort que vous ? Ou vous vous êtes fait refaire le portrait ? … Je ne veux pas paraître arrogante, mais soit on la joue au janken, soit je rajoute quelques articulations à vos jambes.

    Le vieil arbre reprit son air bravache. Il se redressa dans son siège, le dos droit comme un i. Il couva notre brune d'un œil intransigeant. Dans son dos, gueule de requin raffermit sa prise autour de son arme. Il ressemblait à un troll aquatique.

    ~Je vous trouve bien énervée.
    -Tout le monde s'énerve dans une salle d'attente.
    ~Qui manque de patience manque de Sagesse.
    -Que … (Rachel inspira plus fort que de raison ; il lui tapait très largement sur les nerfs) Où sont allés les deux jeunes gens avec le … avec la gamine ?
    ~Pardon ?
    -Le cadeau n'était-il pas à votre goût ?
    ~Ma capitaine se fera un plaisir de l'interroger à tous propos qu'elle jugera nécessaire.

    Ils se toisèrent un moment. Rachel avait le visage fermé de celle qui cherche à ne pas égorger son interlocuteur. Adam arborait le sourire goguenard que l'on sert à ces petits chiens tenus en laisse et qui aboient pour tenter de faire croire qu'ils sont dangereux. Lin et Jenny dansaient d'un pied sur l'autre, aussi impatientes que jalouses.

    Le sol non loin des pieds de Rachel s'agita soudainement. Une pile de terre comme une pyramide s'éleva un instant puis s'ébroua pour laisser apparaître un homme de petite facture mais épais comme s'il était originaire de l'île des oiseaux. Lui-même s'ébroua et retira les lunettes de plongée qui lui protégeaient alors les yeux. Il maugréait et parlait seul, ignorant la centaine de regards posés sur lui. Notre Colonel résista une bonne minute à le regarder, mais quand il commença à retirer sa salopette pour en vider la terre, elle concéda à tourner la tête vers lui. Sans vraiment savoir si elle était excédée ou curieuse. Un veine palpitait sur le front du capitaine pirate.

    ~T'as pas bientôt fini Junior ?

    L'homme se figea et regarda son boss avant de se mettre dans un garde-à-vous qui faillit le renverser. Sa salopette était à mi-cuisse et il avait maintenant l'air plus ridicule qu'autre chose.

    -Pa-pardon Adam ! Je venais juste dire que j'avais fini les puits pour entreposer l'alcool au frais.
    ~Ta Sagesse et ton ingéniosité t'honorent, mais ce n'est pas le cas de ton sens du timing. Nous sommes occupés avec ces mercenaires. Va maintenant !

    Il ne répondit pas, conscient que c'était de toute façon un ton sans réplique qu'employait Adam. Mais il ne partit pas dans autant. Lorsque son capitaine avait désigné l'équipage de Rachel d'un geste du bras, le regard de l'homme-taupe s'était attardé sur notre Colonel. Ses sourcils se fronçaient de seconde en seconde. Tant et si bien que ses lunettes disparurent en-dessous. Il fit finalement un pas de côté et rentra dans son trou en douceur, comme sur un monte-charge. Rachel avait perdu sa mine renfrognée.

    -Il est spécial ce garçon.
    ~Pourquoi voulez-vous vous mettre au service de ma capitaine ?
    -Ha, les questions enfin ? Pour la rentabilité, voyons. N'est-ce pas évident ?
    ~C'est à dire ?
    -Eh bien, vous allez forcément vous battre contre d'autres pirates dont nous pourrions récupérer les primes et quand on en aura marre on ira chercher ailleurs.
    ~Vous êtes mercenaires ou chasseurs de primes ?
    -Euh... certains parmi nous sont des anciens chasseurs et … peuvent encore utiliser leur carte.
    ~La rentabilité n'est pas une honnête chose. Vous pourriez nous poignarder dans le dos.
    -Ce n'est … que très rarement arrivé.

    Le vieil homme toisa notre brunette.

    ~Nous allons affronter la marine aux côtés de Kiyoshi. Autant pour les primes des pirates.

    Notre Colonel s'apprêtait à laisser ses traits trahir une fausse surprise quand un bruit la dérangea dans son dos. Un tas de grains de sable croissait entre elle et le reste de son équipage. Cette fois, elle tourna ostensiblement la tête et même Adam s'énerva. Lorsque les lunettes de Junior jaillirent une nouvelle fois de son tunnel, il tenait à la main un journal roulé. Il n'apporta aucune attention à son capitaine alors même que celui-ci l'invectivait ardemment. L'Homme-taupe s'accouda au sol, le corps toujours à moitié dans la terre, et déplia le journal. Plus surprenant encore, il dévisagea Lin comme s'il discernait des furoncles sur son visage. Il pivota ensuite vers Rachel, toujours sans porter attention à Adam qui s'était levé d'un bond. Qu'il ne soit pas écouté par ses membres d'équipage était intolérable. Junior disparut et reparut la seconde suivante dans le premier trou qu'il avait creusé, à quelques pas de notre Colonel. Il posa sur elle le même regard dont il avait couvé Lin. Rachel se trouva même gênée par son manège. C'est d'un air triomphant qu'il brandit finalement son journal déplié et qu'il sauta hors de son trou. Il agita les feuilles de papier en direction de son capitaine. Des feuilles de papiers représentant Lin et Rachel nues sous la douche.

    … Le Calendrier Sea Wolves ...

    -Je le savais ! Ce sont pas des mercenaires ! Ce sont les lieutenantes Lin et Rachel ! C'est des marines !

    Le choc de l'annonce amuït l'assemblée entière excepté de Junior, plus triomphal que jamais. Rachel soupira. Lin jura. Pourquoi diable un pirate avait un exemplaire de ce calomnieux calendrier dans ses frusques ?!

    -Bordel !
    -Jenny ! En quarantaine ! Lin tu la protèges !

    À mi chemin entre le joie de passer à l'action et l'agacement dû à la précipitation, Jenny s'élança sur ses jets dials qu'elle avait dans les chaussures. En trois secondes, elle avait entouré le groupe entier, marines et pirates, et avait mis le feu pour cerner tout le monde.

    -Tu sais pourtant comme c'est chiant à recharger les fire-dial ! Râla-t-elle pour la forme.
    -Bien, Adam. Toujours partant pour ces articulations supplémentaires dont je parlais ?
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    " Tu ne me battras pas, Yoru ! Rends toi ! "

    Le samouraï toisa l'homme devant lui.

    " Tu devrais le savoir, Jack. On a été chasseur de prime ensemble plusieurs fois. Je n'abandonne jamais ! "

    Le dénommé Jack se raidit tandis que Yoru brandissait le poing, les hommes qui les entouraient pour suivre le duel retinrent leur souffle en sentant que le coup final allait être échangé.
    Yoru lança ses dès au sol et les observa tourbilloner jusqu'à ce qu'ils s'immobilisent.

    " Double six ! S'exclama-t-il en pointant un doigt triomphant vers son adversaire qui rugit de frustration. T'as perdu, Jack ! "

    Tranquillement assis à l'écart de la conversation entre les Boss, Yoru jouait aux dès avec un de ses anciens amis tandis que les pirates qui les entouraient trinquaient gaiement.

    " Alors Yoru ? Vous allez nous rejoindre pour combattre auprès de Shoti Shota ? Questionna Jack en ramassant les dès pour prendre sa revanche.
    - C'est ce qu'il semblerait, confirma un Yoru très confiant. "

    Il ne doutais pas une seconde que Rachel, qui était l'une des plus hautes gradées de la Marine d'Elite, était rompue à l'art de la négociation même avec les pires forbans. Il ne la connaissait pas encore bien, mais elle lui faisait l'impression d'une femme posée, capable de faire preuve de calme et de discernement même dans les situations les plus tendues.

    " Joli score, Jack, commenta Yoru en observant les dès que son adversaire venait de relancer. Dis-moi, l'ambiance a l'air un peu tendue ici non ? Si j'en crois les pavillons, vous avez plusieurs équipages mais vous n'avez pas l'air de vouloir vous mélanger.
    - Ah ! Cracha Jack avec mépris. Tu sais Yoru, les pirates sont comme la plupart des chasseurs de primes. Prêts à s'entraider seulement quand c'est absolument nécessaire pour ne pas partager leurs gains. Si tu veux mon avis, certains des équipages ici ne travaillent avec les autres que parce que Shoti Shota leur en impose. Certains sont comme toi et moi : d'anciens mercenaires qui ont l'habitude de se vendre au plus offrant. N'y vois pas d'offense, mais j'espère que ton équipage sera plus sympa, j'en ai marre de ne croiser que des têtes de six pieds de long.
    - Y'a pas de raison Jack ! Je suis sûr qu'on va bien s'ent...
    -Je le savais ! lança soudain une voix qui couvrit les discussions. Ce sont pas des mercenaires ! Ce sont les lieutenantes Lin et Rachel ! C'est des marines !  "

    Yoru et les pirates qui l'entouraient se pétrifièrent et se retournèrent dans un bel ensemble pour voir des flammes s’élever près de l'endroit où discutait leurs chefs, les séparant d'eux dans un rugissement brûlant. Il y eut quelques instants de stupeur puis les pirates, aidés par les bruits de combat qui résonnaient maintenant de derrière les flammes, comprirent la situation et voulurent se jeter sur le pauvre Yoru, seul isolé du reste de son équipage. Il constatèrent alors avec surprise que le samouraï avait profité de leur inattention passagère pour s'éclipser et qu'il tentait maintenant, à quelques mètres de là, de s'en aller en sifflotant.

    - Rattrapez le ! Rugit Jack en dégainant son sabre.

    Yoru jura et détalla, un bon tiers des pirates de la Sagesse sur les talons tandis qu'il courrait autour du cercle de flamme qui le séparait du reste de son équipage. Le feu commençait déjà à se propager sur le lichen qui s’enflammait en craquant et en crachotant une fumée noir nauséabonde. Le cerveau du guerrier de Wano réfléchissait si ardemment à un moyen d'échapper à cette situation qu'il n'aperçut le trou devant lui qu'au moment où il trébucha pour s'étaler quelques mètres plus bas sous terre au milieu de plusieurs tonneaux.

    - Il est tombé dans un des trous de la taupe ! s'exclama Jack.

    Plusieurs têtes dépassèrent du rond de lumière qui surplombait Yoru rapidement suivies de plusieurs fusils qui furent brutalement repoussés lorsque qu'un tonneau les percuta et explosa sous l'impact d'une onde tranchante.
    Yoru rengaina son sabre, saisit deux autres tonneaux, un sous chaque bras, fléchit les jambes avant de se projeter d'un bond puissant qui le propulsa à l'air libre. D'un coup d’œil autour de lui, il avisa un fourré qui brûlait et y jeta un tonneau. Le baril se rompit, l'alcool qu'il contenait explosant dans une gerbe de feu qui jeta les pirates à terre. Le samouraï répéta l'opération avec son deuxième tonneau, le tranchant vivement pour interposer le liquide inflammable entre ses adversaires et lui. Un mur de feu rugissant le sépara brusquement des pirates qui se reculèrent pour se protéger de la vive chaleur.
    Avisant un autre trou de stockage, Yoru y plongea.

    Affamées, les flammes se propagèrent rapidement jusqu'à la lisière de la forêt, aidées par le samouraï qui s'empressait d'extraire et de projeter les tonneaux d'alcool pour nourrir le feu vorace.

    - Ha ! S'exclama-t-il assez fier de lui tandis que le tronc de plusieurs arbres se mettaient à fumer. Exactement comme la Boss Rachel le voulait !

    C'est à ce moment qu'une vague de terre surgit brutalement du sol, repoussa la langue de feu qui avait atteint la foret avant de s’abattre sur les arbres, étouffant les flammèches qui avait commencé à s'y répandre.
    Yoru lança un regard effaré à l'homme taupe qui venait de surgir de terre.

    " Toi, lui lança-t-il d'un air courroucé. Ça t'amuse de foutre en l'air notre plan mûrement réfléchi ?!
    - Il y a des habitants dans cette forêt, abruti, fit une voix féminine tandis qu'une femme aux cheveux blonds coupés courts sortait des arbres pour se mettre au côté de l'homme taupe. Les mandrills détestent qu'on touche à leurs arbres et crois moi, tu n'aimerais pas les mettre en colère.
    - Tu te rappelles d'Eva, Yoru ? fit la voix de Jack qui était parvenu à contourner les flammes. Elle est resté avec moi quand je suis devenu pirate. Nous allons te faire regretter ton attaque ! "

    Joignant le geste à la parole, il se jeta sur le samouraï qui para d'un sabre vivement dégainé, le deuxième tentant une contre-attaque qui fut bloquée par deux tonfas en métal brandies par la femme qui avait également chargé. Tandis que les bruits de combats retentissaient toujours dans le cercle de feu, au loin, dans les camps des autres équipages pirates, des cris d'alerte se firent entendre. Quoi qu'en pense Jack sur la fraternité entre forbans, le samouraï ne doutait pas que ces derniers n'allaient pas tarder à se joindre à la fête.

    Il se baissa pour éviter une nouvelle attaque de Jack qui ferraillait ardemment. Il était bon, mais pas suffisamment pour s'opposer à Yoru qui l'aurait déjà battu sans la présence de la femme qui comblait avec efficacité les ouvertures dans la garde de son comparse. Il formait un duo efficace, mais l'écart entre leurs niveaux respectifs était une lacune que la femme ne parvenait pas à combler complètement. Yoru prit quelques instants pour s'adapter à leur rythme puis feinta son ancien compagnon qui esquiva, permettant au guerrier de Wano d'asséner un coup de poing à la guerrière qui fut projetée par terre. Voulant alors achever Jack qui ne tiendrait pas longtemps face à lui, Yoru se retrouva à la place jeté au sol lorsque la terre se souleva juste sous ses pieds. Il roula instinctivement sur lui-même avant de se relever sur un genou pour voir l'homme taupe au dessus de lui brandissant des mains armées de griffes de métal.
    Le samouraï leva brusquement ses sabres pour parer mais le manche d'une hache qui s'écrasa dans le nez du drôle d'homme aux lunettes de plongée s’occupa de l'envoyer bouler à son tour.

    " Merci, Tom, fit Yoru en se relevant.
    - Pas de quoi, répondit son ami en se campant à ses côtés."

    Derrière eux, le cercle de flamme s'était peu à peu apaisé, ne laissant qu'ici où là quelques foyers qui prenaient sur des buissons épars. Quelques arbres brûlaient encore, sans pour autant que le feu ne se propage déjà à la forêt.
    Au milieu des flammes, les marines finissaient de battre les pirates. Une Rachel à l'air passablement énervée maintenait Adam par le col. Comme il était bien plus grand que la colonel de l'Elite, les pieds du pirate frôlait le sol mais le fait qu'il soit inanimé, tout comme ses deux immenses gardes du corps qui gisaient par terre, indiquait sans trop de doute que la taille ne faisait pas tout. Lin, quant à elle, finissait méticuleusement d'entasser un tas de pirates également inanimés qui avaient dû faire l'erreur de se jeter sur elle quand les festivités avaient commencé. Grâce à elles, le reste des membres de l'élite semblait s'en être bien sorti. Vardamack regroupait déjà les hommes pour se tenir prêt à d'autres problèmes.
    Qui n'allaient certainement pas tarder à arriver si on en croyait les bruits de course sur la plage des deux côtés et les cris qui indiquaient que les autres équipages pirates allaient entrer dans la danse. Le samouraï soupira. Prit entre deux groupes armés pirates avant même d'avoir atteint la commandante de l'Impératrice. Il ne voyait pas comment les choses pouvaient être pires.

    " Heu... Yoru ? Tu te rappelles du plan de la Capitaine selon lequel on devait mettre le feu à la forêt pour inciter les Mandrills qui y habitent à se ruer loin de nous, et de préférence sur Shoti Shota ?
    - Pour ma défense, j'ai essayé de l'appliquer avec les moyens du bord mais seul et contre un bon tiers de nos ennemis, j'admets ne pas avoir été extrêmement performant !
    - Laisse tomber. Ce n'est plus la peine. "

    Yoru reporta son attention sur ce que Tom scrutait d'un air inquiet. Jack, Eva et l'homme taupe leur tournaient maintenant le dos et s'éloignaient en reculant prudemment de l'orée de la forêt. Tous dardaient un regard effrayé vers les arbres, surement à cause des dizaines de singes qui s'avançaient d'un air menaçant, se laissant tomber des branches avec souplesse pour tirer des épées à l'air assez dangereuses.

    Le plus gros d'entre eux, un singe blanc au corps musculeux et l'air particulièrement redoutable s'avança, un rictus de rage sur le visage.

    La Mort aux Trousses Monkey11_imagesia-com_9l56

    " Vous campez depuis trop longtemps sur notre île, Humains. Et vous avez maintenant l'audace de brûler notre forêt ? Rugit-il d'une voix redoutable qui mâchait les mots. Il est temps que vous repreniez la place qui vous est due : celles d'esclaves de notre puissant peuple ! "

    Il y a eu un moment de flottement durant lequel on entendit plus que le crépitement du feu et le bruit rauque des respirations, comme l'instant de silence précédant le premier coup de tonnerre d'une violente tempête. Les autres équipages pirates les encerclaient maintenant, tachant de comprendre ce qu'il se passait, dardant sabres, fusils et arcs dans toutes les directions.

    " Les Mandrills nous attaquent !! Rugit soudain Yoru en désignant les assaillant simiesques. Pirates de Shoti Shota, défendez vous ! "

    Le chef des singes lança un rugissement assourdissant et les mandrills se déversèrent soudain sur les équipages pirates qui n'eurent d'autres choix que de se défendre.

    " JE VAIS CHERCHER DU RENFORT, gueula de nouveau Yoru pour que tout le monde l'entende. "

    Le chef de Mandrils rétorqua avec un nouveau rugissement qui eut pour effet de détacher une cinquantaine de singes de son armée pour les diriger vers le samouraï.
    L'homme taupe décida alors de filer dans une de ses galeries tandis que le couple de pirates et Tom blêmirent dans un bel ensemble.

    " COURREZ ! Leur ordonna Yoru en détalant de toute la vitesse de ses jambes.
    - QU'EST CE QUE TU FOUS ! Rugit Tom. TU VEUX VRAIMENT NOUS FAIRE TUER  !?
    - J'adapte le plan ! Lui rétorqua Yoru en s'engageant sur le chemin par lequel un Télesphore prisonnier avait plus tôt été emmené.
    - Dès qu'on aura cinq minutes, fit la voix en colère de la femme pirate qui détalait avec eux, Jack et moi on prendra le temps de vous faire payer tout ça !

    Le samouraï se pencha pour éviter une épée lancée par un des singes qui partit se planter dans le tronc d'un arbre.

    " Ecoutez les gars, on réglera ça plus tard. Pour le moment, si vous voulez survivre assez longtemps pour qu'on se mette sur la tronche, guidez nous jusqu'à d'autres campements ou les singes nous exécuteront tous ! "

    Si les deux pirates ne semblaient pas apprécier la notion de coopération, l'idée de se faire broyer sous une vague déferlante de singes furieux leur paraissait encore moins agréable. Ils se lancèrent donc vers les camps de Shoti Shota, sur les traces de Télesphore, tandis que dans leur dos le reste des pirates et des marines redevenus anonymes se battaient contre les Mandrills dirigés par leur chef qui observait pour déterminer quels adversaires méritaient son attention.
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    -[...]aaaahh...[...]

    Rachel cilla. Elle sentit le poids du monde sous elle l'ébrouer et les vagues faire tanguer le morceau de terre sur lequel ils se tenaient tous autant qu'ils étaient. Pirates comme marines. Rachel cilla de nouveau, mais plus fort. Au bout de son bras, sa main serrait la barbe blanche d'un Adam au visage renversé. Un vertige subtil la saisit. Comme un sixième sens arachnéen. Il pendait sur ses genoux, le bassin renversé.

    -[...]haaaaahhhh[...]

    Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir qu'elle l'avait étalé de trois coups de talons simultanés. Et que Lin avait fait une espèce de prise de catch à la carpe koi géante pour la laisser inconsciente aux pieds de son capitaine. Trois marins tenaient la gorge du poisson-marteau en joue de leurs sabres, lames au clair. Il émettait des borborygmes incompréhensibles, mais avec la logique d'une langue bien à lui. Dans son dos, les flammes crépitaient. Mais elles ne se répandaient pas.

    -...aaaahhhhh...
    -J'ai eu une absence, déclara Rachel pour elle-même, un peu comme une excuse aux gens autours d'elle.
    -Sans blague, assénnit Jenny depuis le corps d'un pirate roulé en boule qui lui servait de tabouret.

    Le ton cassant de l'ingénieure surprit Rachel qui lui coula un regard interrogateur. Adam glissa de tout son long sur le sol, la bave aux lèvres. Elle espéra dans une pensée fugace qu'elle ne lui avait pas cassé quelques cervicales.

    -Un sacré black out ouais. Quasiment un coma.
    -Je...
    -J'avais secrètement espéré que ça ne t'arrive pas à toi également. C'est pas vraiment super agréable.
    -Désolée de vous avoir inquiétés …
    -Oh c'est pas ça ! Coupa Jenny en sautant à bas de son tas. Ce qu'il y a c'est que nous en attendant, on est bloqués. Prisonniers. Et c'est pas agréable.
    -Je suis pas sûre de comprendre... j'ai été absente si longtemps ?
    -Un an Rachel ! Ça fait un an qu'on attend que tu te défiges. Pauvre Adam.
    -Oh. Désolée. Et vous pouviez pas bouger ?
    -Tu sais, en tant que pnj, si personne ne nous regarde, on vit pas. L'arbre qui tombe au milieu de la forêt. Le chat de Shrödinger. Et Jerôme qui essaie d'éternuer depuis un an...
    -...hhhhhhaaaaaa …

    Notre Colonel détourna les yeux vers le mur de flammes froides, immobiles et immuables, puis vers Yoru. Il était figé dans une course, caricature dessinée du mec le plus pressé du monde. Dans sa tête poursuivi par une horde de mandrills, mais en vérité simplement devant un groupe de singes jouant à saute mouton pour passer le temps. Elle croisa le regard d'un très grand singe blanc. Il se redressa de toute sa hauteur et lança un cri puissant. Un cri de guerre. À ce cri, les êtres simiesques dans son dos se mirent en position de sprinters sur la ligne de départ et fixèrent le dos de Yoru avec des regards de tueurs. Le grand blanc fit deux pas en direction de Rachel.

    -Hum...
    -Eh Rachel ? J'ai été dégradée pnj. C'est atroce comme sensation. Recommence pas s'il te plait.
    -Loin de moi l'envie de vous ennuyer, mais ça fait un an que j'ai une flèche dans l'épaule. On peut en parler ?
    -Une flèche dans l'épaule ?

    L'urgence est un concept assez discret qui se niche au creux du crâne ou du ventre et qui agit comme un étau oppressant. Quelque chose d'en théorie plutôt métaphorique. Rachel la reçut comme un coup de poing dans le plexus. Elle inspira comme si elle n'avait pas respiré en un an ; à s'en brûler les poumons.

    -Mettez-vous à l'abri derrière la barrière de feu ! Les tireurs d'élite de Shoti-Shota vont vous avoir sinon !

    Deux marins qui avaient des boucliers grands comme des portes de maison se postèrent entre deux rochers qui avaient un jour formé une ruine qu'on eut pû aujourd'hui prendre pour de la poussière. Ils plantèrent leurs égides dans le sol, offrant une protection plus large et sûre contre les projectiles de la lieutenante et de ses sbires. À l'orée de la forêt où les arbres prenaient tranquillement feu, Yoru courait pour attirer les singes directement sur les autres équipages. Mais il courait à découvert et en ligne droite. Il pourrait être une cible évidente. Le hurlement de rage de Azog version king kong fut un nouveau coup de poing d'urgence dans l'estomac de Rachel. D'un simple coup de griffe, il balaya trois marins qui s'écrasèrent à plus de vingts mètres et s'encastrèrent dans le navire d'Adam.

    -Médic ! Sur ces trois hommes !
    -Hé ! Et ma flèche ?!
    -Lin ! Catapultage ! Tu protèges Yoru !
    -Depuis quand je suis une garde du corps ?
    -Discute pas ! Kriss, ranime-moi la grande carpe voir si son karaté des hommes poisson peut nous être utile ! Lin : 3, 2, 1 …

    Le chef autoproclamé des mandrills se tenait au dessus de Rachel et la dominait de ses deux mètres et quelques. Ses yeux noirs et sa gueule aux dents proéminentes semblaient assez meurtriers pour déclencher une crise cardiaque chez n'importe qui.

    -Rachel, derrière toi !
    -T'occupe ! Armée de l'air !

    D'un coup de pied, notre brune projeta Lin à travers le mur de feu comme une comète. Le tigre au pelage roux qu'elle incarnait sembla ricocher sur le sol en direction de Yoru. Elle arriverait à temps. En attendant, la griffe du singe s'était encastrée dans le sol, déviée par la lame courbée de Rachel qui était apparu dans sa main droite. Ils s'affrontèrent du regard assez longtemps pour permettre au marins qui étaient là de mettre les pirates inconscients à l'abri et de s'enfuir ventre à terre, protégés par les deux grands boucliers.

    -On bouge ! Zack, déplace-moi ce mur de feu !

    Le grand singe pour l'instant anonyme hurla de nouveau, offrant sa gueule au coup de pied de notre colonel. Les deux mâchoires s'entrechoquèrent avec un bruit d'iceberg qui s'écroule et il s'étouffa dans son propre cri. Dans le même temps Zack dégaina son boomerang et créa une mini tornade qui emporta le mur de flamme en un cyclone embrasé erratique. Sans même que Yoru ne s'en rende compte, Les singes passèrent de poursuivants à simples poursuivis.

    -Vous n'irez nulle part, tonna le simili-gorille. Quiconque entre sur notre territoire, notre forêt, en subit les conséquences.
    -MAIS IL PARLE !?
    -Potemkine parlait. C'était logique.
    -Et VOUS vous voulez la BRÛLER ? Non, continua-t-il en se redressant de toute sa hauteur, gagnant presque vingt centimètres de plus en dépliant sa colonne de primate. Vous n'irez nulle part.
    -Message reçu.

    Dans peu de temps, il allait se marteler le poitrail de ses poings larges comme des couvercles de poubelle. S'il voulait la jouer provocation, qu'à cela ne tienne.

    Dans le dos de Rachel, une ombre faite de volutes informes se rassembla en une silhouette encapuchonnée. Quelque chose comme une main s'en détacha et pointa du doigt le grand singe. Il n'y prêta qu'un regard désintéressé et découvrit juste ses babines pour toute réponse. Dans son dos pourtant, les reste des mandrills furent soudain plus intéressés par s'épucer les uns les autres en tournant ostensiblement le dos à Rachel plutôt que de faire preuve à son égard d'une animosité toute méritée. C'était un tour de passe-passe vraiment efficace contre des armées ennemies.

    -Gyarrrl_hvqutvdb ! Co-co-colonel ! Y'a ya y'a …
    -La ferme Vardamack et suis nous !

    Des images de Potemkine lui revinrent en mémoire alors qu'elle sautait de côté pour esquiver une attaque frontale. Un gorille géant cuirassé de la tête aux pieds et bardé de dials en tout genre. Ils en avaient bavé pour l'arrêter et avaient été obligés de s'y mettre à quatre en une attaque combinée pour le mettre hors d'état de nuire et l'envoyer à Impel Down.

    Elle se trouvait à présent face à celui qui l'avait exilé, qui l'avait écrasé par la force. À moins qu'il ne s'agisse pas là du chef des mandrills, mais elle en doutait. Dans cette situation, elle aurait dû être prise d'adrénaline et craindre pour sa vie. Un Potemkine deux fois plus fort...

    Mais à ce jour, alors qu'elle observait ses coups et ses mouvements et évitant ses attaques, la sérénité la gagnait. Tandis qu'elle gagnait du temps auprès de lui pour que les marins se retirent en des lieux moins exposés aux snipers, l'évidence croissait en elle.

    Elle n'allait faire qu'une bouchée de ce primate blanc.

    Il attrapa de sa grande main au cuir parcheminé un roc au moins aussi gros que lui. Mais lorsqu'il entama le geste pour écraser Rachel avec, et malgré sa vitesse surréaliste pour un chimpanzé de sa taille, Rachel bondit en avant. Lorsque sa faucille crocheta l'aisselle du primate, il bascula en arrière et lâcha le rocher. Il y eut un bruit mou et un horrible craquement quand l'arrête saillante écrasa une bonne partie droite du corps blanc. Puis un grand cri de douleur.

    -Qu'est-ce que vous fichez ? Déguerpissez bon sang !

    Une dizaine de marins armés étaient restés là à l'observer. Parés à l'aider visiblement. Et bien plus visiblement marqué par l'aisance avec laquelle elle venait de mettre à terre la montagne de fourrure.

    -Ou-oui !
    -Retournez au navire et établissez un périmètre de sécurité tout autour avec Jennny et les gars au bouclier. Je veux que les médecins soient prêts dans dix minutes. Ça va commencer à dégénérer à partir de maintenant.
    -Capitaine... ?
    -Compris ?
    -Oui capitaine ! Mais le singe se relève !!

    La main gauche froissée soulevait avec peine le rocher. Et si tout le côté droit du primate pendait lamentablement comme si on avait coupé les fils d'un pantin, sa face n'éprouvait aucune douleur. Seule la rage. Incapable de crier, il se contenta d'émettre un grondement qui aurait fait se hérisser de crainte un lion alpha.

    -Je suis désolée pour ta forêt. Je n'ai rien contre toi. Vous n'êtes que des dégâts collatéraux.

    Il voulut répliquer, n'arriva pas à ouvrir la gueule, se contenta de la fusiller du regard. Un regard de haine pure.

    -Vraiment navrée.

    Le coup de pied fusa trop vite pour qu'il n'ait le temps de réagir. Propulsée d'un Soru maîtrisé sur le bout des doigts, son talon écrasa la gorge du mandrill qui fut envoyé bouler jusque dans les ruines de la tour du château, lequel finit de s'écrouler sur lui.

    Tandis qu'elle reposait le pied à terre lentement, Rachel repensa avec tristesse à Potemkine, pirate haïssable et cruel qu'ils avaient éliminé. Son regard passa sur les mandrills au loin, cette race violente uniquement pour protéger leur territoire qu'elle venait à la fois de saccager et de profaner. Et elle venait de briser beaucoup d'os chez leur chef. Sans raison aucune. Dans un soupir, elle se cogna la tempe du poing à de multiples reprises.

    -Colonel ?
    -Hum ?
    -Les mandrills à la poursuite du samouraï et de la tigresse arrivent sur l'armée de Shoti-Shota.
    -Ah oui, pardon. Que l'un de vous aille poser un kit de soins près du corps du chef simiesque. Il en aura besoin. Les autres préparez vous ! Je vous envoie en renforts !
    -Colonel ?
    -Hum ?
    -Quand vous dites que vous nous « envoyez » …
    -Pensez météorites.
    -ATCHAAAA ! Fit Jérôme.
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