L'entrevue d'un nouvel idéal

Gatz avait à présent plusieurs éléments à sa disposition pour l'aider dans son enquête. Il savait pertinemment que le lieutenant Dixt était un marin corrompu ; néanmoins, il lui manquait des preuves concrètes pour le mettre à pied. La deuxième information était qu'il allait rencontrer un des chefs – si ce n'est le chef – de cette organisation mafieuse qui opère dans le recel d'objets volés sur l'île. D'après ce qu'il avait entendu, la rencontre se déroulerait le jour-même ; il fallait donc qu'il se dépêche. Il sortit donc de sa chambre et partit rejoindre la base de la Marine, d'où il pourra observer et scruter les moindres mouvements de son supérieur. Dans ses habits de matelots, il passait absolument inaperçu et pouvait donc le suivre discrètement.

La journée se passa sans grand incident. Au programme : exercices sportifs et entraînement au tir. L'agent n'aimait guère l'autorité ; surtout celle de ses sergents, qu'il considérait comme des moins que rien ; comme des chiens de garde inintéressants et sans valeur. Cependant, ses résultats étaient satisfaisants ; et même au-delà de ce qu'on peut attendre de simples marins. Il put ainsi briller, bien que ce fut court et très superficiel. Il aimait être admiré ; avoir de la gloire personnelle. Dans son passé de mafiosi, il était dans son élément... Mais dans sa nouvelle vie, il n'avait plus aucune reconnaissance et devait opérer sous un anonymat constant. C'était un sacrifice nécessaire pensait-il, pour changer radicalement de vie.

Le soir, après les heures de services, il put voir, comme il l'avait prédit, l'officier quitter la base. Nul doute qu'il s'apprêtait à rejoindre son boss pour discuter affaire. Ni une ni deux, Gatz s'empressa de la prendre en filature à bonne distance, après s'être mis en civil. Le lieutenant était stressé et regardait souvent autour de lui. Il regardait furtivement, de temps à autre, derrière lui ; ce qui rendait la tâche de l'espion encore plus ardue. En conséquence, il dut accroître la distance qui les séparait.

Si le pistage avait été plus long, il l'aurait sans aucun doute perdu. Par chance, le lieu de rendez-vous était dans les faubourgs de la grande ville portuaire du pays, Attalia. En effet, la majorité des activités du cartel se situaient dans le poumon économique d'Hinu Town.

Sa cible entra dans un bar, le "Choix de Buscaron". L'endroit était plutôt jovial ; c'était le soir, et les travailleurs venaient se saouler là avec leurs collègues. Un petit air d'accordéon égayait le tout, agrémenté des chants des marins. Gatz entra également dans le bar, en faisant attention à la position de Dixt. Ce dernier, après avoir parlé au barman, descendit au sous-sol. L'agent imaginait bien que les rencontres de cet ordre s'effectuaient dans les coulisses, cachées du brouhaha général. Il s'assit au comptoir, face à l'escalier menant à l'étage inférieur. Si jamais il revenait, il n'avait qu'à baisser la tête. Et puis, sa présence à lui n'était absolument pas suspecte. Après s'être confortablement installé sur un siège, il appela le serveur.

- Qu'est-ce que j'vous sers m'sieur ?

- Une pinte de blonde, ça fera l'affaire.

- J'vous fais ça.

Il sortit un grand verre et versa le breuvage, avant de lui tendre.

- Et voilà.

- Dites-moi mon brave... Cet escalier, il mène à quoi ?

- Hein ? Rien qui pourrait vous intéresser mon vieux, wha, wha, wha !

- Vous m'rendez encore plus curieux hehe... Chuis sûr que ça pourrait m'intéresser.

- Ohf... vous savez... vous n'avez vraiment pas envie de savoir, j'vous l'dis.

- Hé.

Wallman prit un air plus dur, et transperça les yeux de son interlocuteur pour s'imposer.

- Me prenez pas pour un con. J'ai besoin de taf... et si jamais c'est la porte pour l'argent facile, comptez sur moi pour l'enfoncer.

Le barman se racla la gorge face à sa détermination. La conversation était devenue bien moins détendue que précédemment.

- C'est-à-dire que... Non. J'peux rien vous dire m'sieur, bonne soirée.

Devant le refus de l'homme, l'agent n'eut d'autre choix que de dégainer son pistolet et de pointer légèrement le bout de son canon.

- Chuis pas là pour rigoler. Je me fiche des conséquences ; je les prendrai pour moi. J'ai besoin de savoir, alors tu vas me dire. Sinon, tu sais ce qui t'attends.

- Wha, wha, wha ! Tu comptes faire ça ici, devant tout le monde ? Tu ne survivrais pas une minute de plus. C'est stupide.

- Écoute le vieux. J'ai besoin d'un taf qui pourrait améliorer ma vie de chien. J'ai laissé passé beaucoup d'opportunités dans ma vie ; et malheureusement pour toi j'ai décidé d'arrêter le massacre maintenant. J'veux plus avoir de regrets... Chuis sûr que tu comprends.

Le vieil homme expira un dernier souffle, synonyme d'abandon face à l'esprit borné qui se trouvait face à lui. Il ne tenait pas non plus à mourir à cause d'un idiot d'inconnu.

- Bon. Approche-toi.

Gatz tendit s'appuya sur le comptoir, tandis que le serveur tendit sa main pour sécuriser la conversation et éviter les oreilles indiscrètes.

- Ce qu'il y a en bas, c'est la partie réservée aux V.I.P. . Y'a pas mal de gars du cartel des Wraiths... Ces mecs rigolent pas. Si tu veux un boulot là-bas, tu peux y aller. Mais j'pourrai pas garantir que t'en ressortes indemne, surtout si tu te comportes comme ça avec eux.

- Cartel des Wraiths ?

- Tu les connais pas ?

- Non.

- J'dirai que c'est le plus gros cartel de l'île... Des gros poissons, qui baignent dans la contrebande et la vente d'infos.

L'homme se retira, l'air grognon.

- C'tout ce que je peux te dire, étranger. Maintenant, paie ta boisson et tire-toi.

Wallman balança quelques Berrys sur le comptoir et sirota sa pinte tranquillement, attendant son heure. Ses yeux n'avaient jamais été aussi vifs depuis plusieurs années. C'était l'occasion parfaite.
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