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End up in a Cell Corp

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Cher journal,

L'homme est un véritable colosse. Presque aussi large que haut, son corps n'est qu'un amalgame de muscles huilés par la sueur, scintillant à la lumière des rayons du soleil qui illumine de plein fouet l'arène à ciel ouvert. Il frappe les parois de la cage et pousse des cris, des hurlements bestiaux qui tordent son visage brutal et attisent les acclamations du public !

Son adversaire possède une apparence bien plus sophistiquée. Haut d'environ deux mètres, la silhouette élégante, il semble bien frêle à côté du demi-géant et pourtant sa musculature ferait envie à bien des combattants. Sur sa peau gris pâle d'homme poisson court un long tatouage, un serpent de mer qui part de sa nuque, s'enroule autour de son épaule, traverse son torse nu aux pectoraux arrogants et aux abdominaux sculptés, serpente dans son dos et se termine sur sa hanche. Contrairement à son adversaire et à son faciès facilement oubliable, l'homme-poisson a un visage raffiné avec un menton volontaire, des lèvres finement marquées ornées d'une légère moustache qui lui donne un air mi séducteur mi pervers ; bien que j'aie du mal à le voir à cette distance, je devine qu'il a le regard assuré et viril.
Comme beaucoup de spectateurs, je pousse des hourras lorsqu'il salue dans notre direction !

L'arbitre pousse un cri, et aussitôt le géant s'élance ! Il balaie le ring de toute la largeur de ses bras et son adversaire ne doit sa survie qu'à un vif mouvement qui le déporte dans un coin ! A son tour il attaque: il feinte à gauche, bondit à droite, et applique une série de coups tailladants du tranchant de la main contre le mollet de son concurrent !
La foule rugit en même temps que le géant qui balaie de nouveau l'espace pour frapper son adversaire, mais celui-ci est déjà hors de portée. Il frappe, attaque dans le vide, tandis que l'homme-poisson esquive, mesure ses chances, et n'attaque que lorsqu'il le juge opportun. J'aime bien son style de combat qui se rapproche plutôt du mien ; l'autre n'est qu'une brute sans cervelle ni doigté qui ne mise que sur son physique hors normes !

L'immense combattant frappe si fort le bord de la cage qu'il tord plusieurs barreaux ! Le tatoué est déjà derrière lui et frappe encore une fois, deux fois, trois fois avant de devoir s'écarter pour éviter un coup de poing capable de le transformer en bouillabaisse !
Je commence à comprendre son jeu: plutôt que de viser un point vital, l'homme-poisson cherche à affaiblir son adversaire en le frappant toujours le même endroit. Ainsi, s'il arrive à immobiliser son adversaire ou à le faire trébucher, il l'aura à sa merci. Malin ! Comme pour illustrer ma réflexion il bondit en avant, fait mine de vouloir attaquer à la gorge, mais se déporte au dernier moment, évitant de peu la terrible poigne de son ennemi, et lui assène une double balayette au mollet ! Tchac, tchac ! Le demi-géant grogne et titube. Il agite maladroitement les bras et se rattrape de peu aux barreaux de la cage. L'homme-poisson saisit sa chance et frappe encore et encore ! Tchac ! Han ! L'enthousiasme de la foule est à son comble ! Son adversaire lâche prise, bascule vers le sol, et... SPLASH ! Écrabouille violemment le tatoué du plat de la main !

Les spectateurs sont dans tous leurs états ! Un mélange assourdissant de hurlements et de cris fuse dans tous les sens ! Un mot, scandé en chœur, se distingue bientôt dans le brouhaha:

"- Gus ! Gus ! Gus ! Gus !"
"- Halala, c'est un triste destin pour notre vaillant challenger. C'est donc une septième victoire d'affilée pour Gus, notre nouveau champion de la Fight in a Cell Corp ! Ce gars est un monstre, une bête, un dieu, un champion ! Alors qui, quiii osera le défier ?!"

Le géant fait le tour de la cage en se pavanant, écartant les bras, riant, sans sembler se soucier de sa paume encore pleine de sang et de boyaux d'homme-poisson. Je croise son regard l'espace d'une seconde, et je suis choquée par ce que je vois: ses yeux sont rouges, injectés de sang, remplis de petites veinules apparentes qui lui donnent un air de zombi.

Eh bien journal, moi qui croyais que les combats en cage ce n'était que du théâtre... encore un a priori qui s'effondre ! Tandis que deux employés montent sur le ring pour passer un rapide coup de serpillière, je mets à jour mentalement la liste de mes observations.

"- Gus ! Gus ! Gus ! Gus !"

Après un autre combat expédié encore plus rapidement que le premier, et qui se termine par une victoire écrasante pour le demi-géant, le commentateur déclare dans son escargoparleur:

"- Les matchs sont terminés pour aujourd'hui ! Rendez-vous mardi pour plus de combats, de rage et de sang... à la Fiiiight in a Cell Corp !"

La plupart des spectateurs quittent les bancs en bois faisant office de gradins et se dirigent lentement vers la sortie. Je réajuste le voile orné de perles qui me protège du soleil, m'assure que ma tunique d'Alabastienne plus vraie que nature est toujours bien ajustée, puis je me joins à la petite foule qui descend des gradins et quitte l'arène à ciel ouvert.


Dernière édition par Caramélie le Ven 20 Aoû 2021 - 22:13, édité 1 fois
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Cher journal,

Cela fait quelques temps déjà que l'arène située dans les bas quartiers de Rainbase retient l'attention du Cipher Pol. En soi le fait d'enfermer des gens dans des cages sur un terrain vague ce n'est pas très net, mais ça n'a rien d'illégal. Malheureusement pour les propriétaires du lieu d'autres rumeurs ont commencé à se propager à propos de la FCCorp: des histoires d'argent sale, de drogue, d'accords louches avec la piraterie et de maltraitance de bébés pandas. Les mots "plaque tournante de revente de drogue" ont dû être utilisés, mais au vu des premiers retours de mon investigation je leur préfère l'appellation "petit débit de revente de seconde zone".

La plupart de ces accusations n'ont pas été très compliquées à confirmer en fouinant dans le voisinage. Par exemple, lorsque sbire numéro trois (oui, j'avoue journal, je ne me suis pas donné la peine de retenir les noms de mes sbires... ce n'est pas comme s'ils étaient importants !) est allé acheter un "ticket spécial" au guichet de l'arène, qu'il n'a eu ensuite qu'à présenter au garde chauve avec les oreilles décollées à la fin des matchs pour se faire conduire dans un cabanon rempli de camés où on lui a proposé toutes sortes de substances hallucinogènes de mauvaise qualité !

Pour te dire à quel point l'enquête a été facile journal, le propriétaire a pris soin de faire afficher sa bouille un peu partout autour de chez lui ! A plusieurs endroits sur la palissade en bois qui délimite les contours du terrain vague où est implantée la FCCorp, on peut trouver un avis de recherche représentant un individu à la mine peu inspirée et au regard de brute: Juusei D. Phoenix, alias le Phénix, un criminel notoire au passé peu reluisant dont la tête est mise à prix pour 80.000 berrys...
Il y a vraiment des gens qui n'ont pas beaucoup d'imagination ! Un pseudo ce n'est pas censé être différent du nom ? Sinon quel intérêt ?! C'est comme si je me faisais appeler "Caramélie d'Isigny, alias Caramélie" ! Cela dit, je soupçonne qu'il ne s'agisse pas de son nom d'origine et que notre pirate l'ait fait juste pour ressembler autant que possible à son animal fétiche !
Disposées ici, les affiches servent de mise en garde: à quiconque voudrait nous chercher des ennuis, sachez à qui appartient cet endroit ! Ce que j'en pense, moi, c'est que ça illustre bien le travers du système des primes instauré par le gouvernement. Au lieu de faire des pirates des cibles, on en fait des stars ! On les photographie sous leur profil le plus avantageux, on leur attribue une valeur plus ou moins élevée en fonction de leur puissance et de leur dangerosité, et ce qui devait être au départ une incitation à la traque est devenu un vulgaire classement reconnu par tous car officialisé par la marine elle-même !
Si ça ne tenait qu'à moi on leur attribuerait des photos ridicules et des surnoms peu flatteurs ! Ça en dissuaderait plus d'un, et "Juusei D. Phoenix "le mal coiffé", recherché mort ou vif ainsi que tous ses complices", photographié au moment où il se curait le nez, n'irait sûrement pas se pavaner avec son avis de recherche !

Faute d'avoir pu localiser "le mal coiffé", nous avons au moins une idée de qui sont ses complices. Car ceux qui fanfaronnent d'être protégés par Phoenix ont oublié une chose: s'associer à un pirate, c'est en devenir un ! Une semaine d'enquête discrète et d'observation nous a permis de mettre un nom et un visage sur les employés de la FCCorp ainsi que de leurs principaux habitués: l'arbitre, qui fait aussi office de commentateur, trois hommes assurant vraisemblablement les postes d'agents de sécurité, d'entretien, et de guichet (je suis pratiquement sûre que le bonhomme qui était en train de nettoyer les morceaux d'homme-poisson étalés sur le ring tout à l'heure, l'étranger chauve avec les oreilles décollées et un gros ventre, c'est celui qui a contrôlé mon ticket quand je suis rentrée dans le stade !) ainsi qu'une bonne femme qui semble être la gérante vu la manière dont elle parle aux autres. L'entreprise ne compte a priori que cinq salariés, ce qui semble ridiculement peu ! Il est donc probable que nous découvrions plusieurs circuits de sous-traitance lors de notre perquisition, et je l'espère des indices sur la manière dont ils se procurent leur drogue, les moyens par lesquels ils versent ses bénéfices à leur chef, et bien d'autres mystères encore plus sombres à base de bébés animaux... nous allons devoir redoubler de vigilance et d'efficacité pour ne rien laisser nous échapper !

Même si l'enquête était terriblement facile mes sbires ont bien travaillé sur ce coup et je ne manquerai pas de le mentionner dans mon rapport. Disons... quelque part entre deux paragraphes qui vanteront en long, en large et en travers mes propres mérites, mon efficacité, et la perfection de mon travail de gestion et de coordination d'équipe ! Hé, ho, hein, s'ils voulaient des lauriers ils n'avaient qu'à devenir agents certifiés !


Dernière édition par Caramélie le Lun 10 Fév 2020 - 16:03, édité 1 fois
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Cher journal,

Flanquée de sbire numéro un et sbire numéro quatre, me voilà de retour devant le terrain vague où sont installés les gradins de la Fight in a Cell Corp. Cette fois, j'ai laissé tomber le costume d'autochtone pour un bien plus seyant tailleur noir avec chemisier noir, des escarpins noirs et un élégant petit chapeau noir qui s'assortit très bien avec mes cheveux. Le soleil est en train de disparaître derrière les immenses casinos qui dominent la ville, et malgré la vie nocturne habituellement très active à Rainbase le quartier est étonnamment calme. C'est comme si l'atmosphère se voulait propice aux évènements qui étaient sur le point de survenir...

Numéro trois, qui fait le guet depuis le toit d'une masure en retrait, me confirme par un bref signal escargophonique que tout est en ordre. Il est l'heure. Je lève le poing et tend mon index: un...
Puis mon majeur: deux...
Et l'annulaire: trois !

BAM ! D'un violent coup de pied, mes deux sbires abattent un pan de la palissade ! Nous nous élançons avec élégance et j'effectue une roulade artistique dans les airs tandis que N°1 et N°4 se tiennent fièrement à mes côtés, les bras levés pour former une haie d'honneur.

TA-DAAAAM !

Perchée sur un pan de la clôture encore intact, N°2 dirige le faisceau de sa lampe-tempête afin de m'éclairer au moment où je me réceptionne avec grâce sur le sol.
Je suis vraiment fière de moi journal, on n'a jamais vu d'entrée aussi classe au Cipher Pol depuis la fois où le chef Yakutsuki Rei a forcé les portes de la villa d'un chef mafieux de West Blue sous sa forme de licorne !

"- C'que vous fichez-lô p'tain ?!

Je suis soulagée: a un moment j'ai cru qu'il n'y aurait personne pour assister à notre prestation ! L'homme qui vient à notre rencontre, c'est le gros chauve de cet après-midi. Muni d'une batte en bois accrochée à sa ceinture, il tient un balai et un seau à la main, ajoutant une tâche de plus à la liste de ses prérogatives. Il a l'air aussi surpris que furieux de notre présence !

Avec la prestance d'une lionne, je m'avance face au grossier individu et le gratifie de la superbe déclaration que je répète depuis la veille en prévision de ce moment:

"- Ecartez-vous, vil individu ! N'entravez pas la marche implacable de..."
"- Les mains en l'air, face de babouin ! Et magne ton gros derche d'hippopotame en rut où j'y colle une grappe de pruneaux !"

L'horrible rustre qui vient de m'interrompre et braque le garde avec son pistolet, c'est numéro quatre qui en a visiblement eu marre de faire de la figuration.

"- Tô tu vô dégôger où j'te colle un coup d'bôtte dans..."
"- Tu fermes ta grande bouche de suceur de bananes et tu t'assieds par terre ! Je ne veux rien te voir faire d'autre que de compter les puces que tu as sous les bras !

Le gros garde semble un peu décontenancé par tant d'agressivité, et sa batte, son balai et ses muscles paraissent bien dérisoires face à une sbire du Cipher Pol très déterminée et son pistolet braqué à quelques centimètres de son front ! A vrai dire, je ne sais plus trop où me mettre moi non plus.

"- Ahem... vous voulez des menottes peut-être ?"
"- Merci chef. Qu'est-ce que je t'ai dit, ventre à bière ?! Tu poses ce derrière par terre et si tu le bouges, le prochain à faire le ménage aura un gros détritus à ramasser !"
"- Mais j'bouge pô !"
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Je laisse mon acolyte s’occuper du suspect et sans perdre de temps je prends avec moi Numéro un, numéro deux et sa lampe, et nous nous élançons vers notre objectif. Ce n'est pas le stade, désert à cette heure, qui nous intéresse, mais la cabane qui fait office de bureau à la petite entrepris. A mon signal Numéro un se jette sur la porte qui ne résiste pas à la charge d'épaule ! Elle se rue à l'intérieur, son pistolet en avant, tandis que Numéro deux, toujours en retrait, éclaire la scène avec sa lanterne.
J'entre à mon tour en prenant bien soin d'adopter une démarche lente et mesurée digne d'une chef, et balaie du regard la misérable cabane. Ce qui j'y vois me sidère !

"Cabane", c'est un nom encore trop gentil pour un tel taudis mal entretenu. L'endroit est dans un état lamentable ! Du mobilier de mauvaise qualité est entassé pêle-mêle sur un plancher noirci et légèrement collant, recouvert d'emballages vides et de détritus ; le dernier ménage doit remonter à plusieurs mois, voire à la création de la boutique ! Allongés sur de la paille à même le sol plusieurs individus fixent le plafond d'un air perdu, en pleine transe. Je reconnais tous les employés que j'ai identifiés durant mes opérations de repérage: l'arbitre chargé des combats en cage et les deux derniers gardes. Il y a également quelques clients, et je reconnais même Gus le champion demi-géant de cet après-midi, réduit à l'état de baleine échouée inoffensive qui balbutie quelques propos incohérents, les yeux révulsés.
Derrière un comptoir dans le même état de saleté que le reste, une femme sursaute en nous jetant un regard paniqué et tire de sous le meuble un pistolet qu’elle pointe dans notre direction:

"- Qu'est-ce que vous faites ici ?! Vous n'êtes pas... oh non !"

Elle lâche précipitamment son arme et lève les bras en l'air:

"- Pitié, je me rends !"

Je fais un signe de tête dans sa direction:

"- Numéro deux, occupez-vous en."
"- Je ne peux pas chef, je tiens la lampe !"
"- Eh bien..."
"- Ne vous en faites pas chef je m'en charge !" S'exclame la débordante d'enthousiasme numéro quatre qui pénètre dans la cabane à ce moment-là. "Tu fermes ta grande bouche de guenon ! Tu t'allonges par terre, et je ne veux voir sortir la limace qui te sert de langue que pour récurer le sol !"

Ce contretemps réglé, je peux retourner à ma perquisition. Mes premières observations confirment une de mes suppositions: pas de dealer attitré, pas de spécialiste, aucun autre employé que ceux que nous avions recensé. Les quelques salariés de la boutique étaient visiblement livrés à eux-mêmes pour faire tourner à la fois la cage de combat et le point de distribution de drogue, et on dirait que les choses ont fini par se relâcher.

"- Personne d'autre ici, chef."
"- A l'extérieur non plus, chef."
"- La lumière est toujours en place, chef !"
"- Pulupulu." ajoute Numéro Trois via un très bref appel escargophonique, me confirmant que rien n'a bougé dehors non plus.

"- Entendu. Numéro deux, Numéro quatre, vous vous chargez de menotter tout ce petit monde. On les interrogera quand ils auront dégrisé. Numéro un, commencez à me faire l'inventaire. Je veux les relevés de comptabilité, les factures, le courrier, et tout ce que vous trouverez à propos de bébés pandas."
"- Vous savez chef, je ne crois pas que..."
"- Au travail !"
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Cher journal,

Quelques heures ont passé, et déjà l’aurore pointe le bout de son nez par-dessus le toit des masures qui entourent les installations de la FCC.
Le son de la voix de la femme me parvient nettement depuis l'autre côté de la porte. Pleine de souffrance, désespérée, je la sens à bout.

"- Noooon ! S'il vous plaît, n'insistez pas ! Je ne sais pas je vous le jure !"

Sbire numéro un, qui lui répond d'une voix sèche, semble passablement exaspérée.

"- Il t'en faudra combien avant de craquer ?!"
"- Je vous le jure... je ne suis qu'une simple employée..."
"- Alors voyons ce que tu dis de ceci", s’exclame Sbire numéro deux qui a l’air beaucoup trop heureuse de ce qu’elle fait !

Un tintement métallique retentit dans la pièce, suivi d'un bruit sourd et violent puis d'une agitation frénétique. Même de là où je suis, je peux entendre la respiration rauque de la suspecte.

"- Vous... ne comprenez pas... ils me tueront."
"- Et que crois-tu qu'il va t'arriver si tu ne coopères pas ? Tu veux vraiment tout perdre ?!"

J'entends un nouveau tintement métallique suivi de mouvements désordonnés, puis la femme s'écrie d'une voix déchirante:

"- Non, noooon ! Arrêtez je vous en prie !"
"- Tu sais", reprend Numéro un, "tu ferais mieux de parler avant que notre chef arrive. Elle est beaucoup moins gentille que nous."

J'ai un sourire amusé en pensant que cette terrible chef qu'on annonce comme le Père Fouettard, c'est moi ! J'ai intérêt d’être à la hauteur !
Je me racle la gorge, réajuste ma tenue, vérifie mon sourire dans le reflet de mon miroir de poche et ouvre la porte. La cabane a été vidée de fond en comble: les clients ont été évacués, et nous avons enfermé les employés dans leur fameuse cage-arène le temps de les cuisiner chacun à leur tour. Quant aux pièces à conviction que nous avons pu réunir, Numéro trois et quatre sont en train de les trier et de les éplucher dehors.
Les deux sbires tournent la tête vers moi lorsque j'entre dans la pièce ; la femme, elle, garde les yeux rivés sur la table.

Me déplaçant avec des gestes mesurés, l'air parfaitement impassible, comme si la souffrance d'autrui ne valait même pas un coup d’œil de ma part, je fais un simple signe de tête à Numéro un:

"- Alors ?"
"- Elle fait sa difficile, chef."

La suspecte que mes acolytes interrogent c'est la femme que nous soupçonnions d'être la gérante, chose qu’elle a avouée quand tous ses collègues l’ont dénoncée. C'est une étrangère (comprends par là qu'elle n'est pas Alabastienne, journal) au physique banal, le visage un peu asymétrique et les cheveux en désordre. Elle a les mêmes yeux injectés de sang que la plupart des personnes que nous avons arrêtées dans la cabane, aussi bien les employés ainsi que les clients et que Gus le champion demi-géant. Vu la pile de pièces et de billets d'une taille appréciable qui se trouve devant elle, Numéro un et Numéro deux ont dû aligner une très grosse somme d’argent pour essayer de la corrompre ! Elle m'accorde un regard fuyant avant de baisser de nouveau la tête, peut-être autant pour se replonger dans la contemplation de son pactole que pour fuir le puissant faisceau lumineux que Numéro deux lui braque avec insistance sur le visage.

"- C'est quoi son problème, elle ne veut pas d'argent ?"
"- Elle dit qu'elle ne sait rien. Elle ment."
"- Oh. Dans ce cas tant pis, reprenez-lui tout."

Du coin de l’œil, je vois la femme pâlir. Instinctivement elle étend ses bras devant le petit tas d'argent, comme pour le protéger.

"- Non, noon, attendez ! Je sais peut-être quelque chose !"

Bingo ! Ah non pardon, je dois conserver mon air mystérieux et redoutable.

"- Je veux les noms de tes fournisseurs."
"- …"
"- Ajoutons-en encore un peu !" S’exclame Sbire numéro 2.
"- Oh non, s’il vous plaît ! Ils me tueront si j’en dis trop ! Arrêtez, pitié... je ne peux pas résister…"

Elle s’empresse de se jeter sur la nouvelle pile de pièces que Numéro deux -que je soupçonne de beaucoup trop aimer son travail- lui déverse sur la table dans un tintement métallique alléchant, et l’ajoute à son tas.

"- … Sepah Suila, un gros bonnet de la pègre de Yuba. On a un accord avec lui: il nous livre la marchandise, et on se contente de l’écouler. C’est lui qui a le monopole de la fabrication, on ne prépare rien nous-mêmes c’est promis !"

Feignant toujours l’impassibilité, je poursuis:

"- Comment ton patron récupère-t-il ses bénéfices. Il vient vous voir régulièrement ?."

Elle semble s'affoler, et se remet à supplier. Numéro deux lâche alors quelques pièces qui réactivent sa machine à bavardage:

"- D’habitude il nous envoie un coursier, un homme de confiance à qui on remet l’argent. Mais ça fait des mois qu’il n’est pas venu ! On a juste gardé l'argent ici... enfin on en a dépensé une partie mais on a gardé le reste. Je vous le jure ! Ce n'est pas la première fois qu'il ne donne plus de nouvelles comme ça ! Il y a des années déjà, Phoenix avait disparu et un autre en avait profité pour lui voler son arène. La dernière fois il a tué son concurrent et m’a nommée gérante pour que je m’occupe de tout à sa place… mais quand il va découvrir ce qui s’est passé c’est moi qu’il va tuer ! Oh quel malheur..."

Visiblement, à chaque lamentation elle s’attend à recevoir un peu plus d’argent. Mais alors que Numéro deux est sur le point de s’exécuter avec diligence, je l’interromps et pose une dernière question:

"- Maintenant je veux tout savoir à propos des bébés animaux que vous avez gardés ici."
"- Il n’y en a pas, je l’ai déjà dit à votre collègue ! On avait essayé les combats de coqs il y a longtemps mais ça n'intéressait pas trop les clients.Et il n’y a jamais eu de bébés pandas !"
"- Des bébés phoques alors ?"
"-  Pourquoi voudriez-vous que quelqu’un importe des phoques à Alabasta ?!"

On en tirera pas plus pour le moment je crois, mon journal. Peu importe car c’est déjà très satisfaisant !

"- Merci pour votre coopération citoyenne. Cela sera pris en compte à votre procès. Allez, suspect suivant !"

D'un signe de ma part mes deux acolytes s'emparent de la femme, l'arrachant à ses billets dont elle ne verra plus jamais la couleur pour l'emmener vers son tragique destin.

"- Mais... mais... vous m'aviez dit que si je coopérais je pourrais garder l'argent !"
"- On est le Cipher Pol, pas la marine. Il faut bien qu'on soit un peu méchants pour que les gens nous prennent au sérieux !"

Le cri de désespoir de la suspecte retentit jusque dans la rue.
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Cher journal,

Sincèrement, où va le monde si de nos jours les pirates utilisent le butin de leurs pillages pour investir dans de véritables entreprises qui accroissent leur patrimoine ?! D'ailleurs depuis quand un pirate ça a besoin d'autre chose que d'un navire, d'armes, et d'alcool ?
Combien d'autres établissements comme celui-ci sont encore aux mains de criminels qui les dirigent et les financent dans l'ombre ? Il ne s'agissait ici que d'un taudis, une petite planque mal financée et mal entretenue, mais il existe tant d'entreprises plus ambitieuses, mieux dissimulées, qui brassent des millions sous notre nez !

Au moins, la FCCorp ne rapportera plus un berry à son propriétaire. Clients et employés ont été arrêtés, et si les premiers s'en sortiront avec un petit séjour dans la prison de Rainbase, les seconds sont en route vers un navire de la marine, prêts à être transférés vers d'autres interrogatoires avant d'être envoyés vers une quelconque prison pour pirates, ou que sais-je ?

La cabane et les gradins sont en proie aux flammes. C'est un joli spectacle qui illumine joyeusement le quartier tout en attirant une foule de curieux ! La marchandise et les liquidités ont été confisquées, et Numéro trois a dégoté un ferrailleur qui devrait nous racheter la cage à un bon prix. Mais surtout, le démantèlement de la FCC nous a permis de mettre la main sur toute une série de preuves incriminant plusieurs fournisseurs, des aides plus ou moins complaisantes, ainsi qu'une vague idée de la destination vers laquelle s'envolent les bénéfices. Une piste à creuser qui, sait-on jamais, pourrait nous mener vers le pirate qui s'est pris pour un entrepreneur ?

J'ai un dernier regard en direction du terrain redevenu vague, puis je m'éloigne et me glisse parmi la foule qui envahit la rue et se masse pour profiter du spectacle.
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