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Coup de Foudre à Luvneelpraad.

Quand t'es le second larbin le plus important à la solde du Padre, le parrain de la famille Bambana, 'faut t'attendre à te faire régulièrement trimballer à droite à gauche pour gérer ses affaires. T'es un peu comme son clébard personnel, à qui il balance un os quand il se fait chier et toi tu cours bêtement lui rapporter. T'es heureux, tu tires la langue, t’aboie, tu baves ta joie et tu reviens fièrement lui déposer le morceau aux pieds. T'es prêts à répéter ce geste jusqu'à ce qu'il se lasse et te dises d'aller te faire foutre, là t’ira te terrer au fond de ta niche, chialer ta misère et l'énorme chagrin qui te prends. Cette connerie, ça vaut pour les enfoirés de mafieux qui ont toujours pas ouvert les yeux, ou qui en ont aucune envie, ceux que cette vie convient. C'était mon cas autrefois, quand j'avais besoin d'oublier, d'arrêter de réfléchir à mon existence et de juste me noyer, m'enfoncer, me laisser crever. A l'époque, j'en avais rien à cirer de donner mon âme à ce fumier, l'un des plus gros fils de chiens que cette mer abrite. Sous ses ordres, j'en ai fais des horreurs. Probablement que je regagnerai jamais la surface tellement j'ai plongé profond, mais j'ai accepté mon sort.

Aujourd'hui, la donne a changé. J'ai toujours pas espoir de regagner la surface, mais je veux entraîner ce gros lard dans les profondeurs, y laisser croupir son cadavre. Étant moi-même tombé dans la catégorie des sous-merdes dont le monde se passerait bien, débarrasser cette terre d'une chiasse plus épaisse que moi c'est la moindre des choses. D'autant que j'ai un compte personnel à régler avec ce type, il me doit plusieurs années de ma vie. En attendant d'avoir l'opportunité de lui faire sauter la cervelle d'une bonne cartouche dans la cafetière, je joue à l'homme de main parfait. Si l'organisation décernait un titre d'employé du mois, cela ferait des années que je raflerai la mise. Sous le nez de ce salopard d'Anatoli, qu'il aille finir de brûler en enfer celui-là, et pour mon plus grand plaisir. Cette fois, j'ai foutu le camp de Manshon, la maison mère, pour filer en direction du Royaume de Luvneel. J'aime pas cette île, j'aime pas ce royaume, j'aime pas les royaumes. J'ai toujours eu un problème avec l'autorité, et plus particulièrement ce qui touche à une autorité centralisant tous les pouvoirs sous une même personne.

Les gens qui ne partagent pas le pouvoir finissent inévitablement par en abuser, se sentent pousser une paire de couilles beaucoup trop grosses et l'étale sur le nez des pauvres gens qui eux, n'ont rien et ne peuvent rien. Les inégalités, l'abus d'autorité, la haine, c'est un trio qui fonctionne bien ensemble. Partout où une petite tête de con croit pouvoir gouverner tout un groupe de personnes parce qu'il a décrété qu'il était le meilleur, ça pue. Du genre qui pique aux yeux et te soulève le cœur, te serre la gorge et fais trembler tes muscles, te files des démangeaisons dans les poings et t'assailles d'une furieuse envie distribuer les mandales pour remettre les choses dans le bon ordre. J'ai horreur de ces endroits parce que je suis impuissant et ne peut rien contre cela. A part faire ce que je suis en train de faire depuis mon arrivée sur l'île, la fermer. Fermer les yeux, et prétendre que tout est normal, que tout le monde est heureux et libre. Fermer ma gueule, et ne pas agresser le premier soldat croisé pour lui cracher mon dégoût à la fiole. Fermer les poings, et les garder bien au chaud dans les poches de mon manteau, à l'abri des regards.

C'est avec soulagement que je sors de la cité, après qu'on m'ait déposé au port de Norland. De ce que j'ai pu comprendre des informations transmises pour l'affaire qui m'amène ici, le client a insisté pour que la prise de contact se fasse à l'extérieur de l'agitation ambiant des villes. C'est pas moi qui serait allé protester, même si ça peut paraître tendu de se rendre dans un coin reculé de la foule pour rencontrer un type qu'on a encore jamais vu. C'est pour cette raison que je suis pas venu seul, Don Bambana m'a généreusement offert la compagnie d'un trinôme de tontons flingueurs pour m'escorter, histoire qu'il ne m'arrive rien. Entre nous, si une embrouille devait nous tomber sur la trogne, j'ai de sérieux doutes sur qui sauverait les miches de l'autre. M'enfin, j'évite de penser au pire. Des affaires de ce genre, j'en ai bouclé plein sans jamais avoir d'histoire. Je dois en être à ma troisième clope d'allumée lorsqu'on s'approche du lieu de rendez-vous indiqué. Le coin est à l'image du reste de la zone, à l'agonie. C'est une ancienne cité tombée dans l'oubli, ou une connerie du genre. Y'a plus que des ruines, des bâtiments dominés par la flore et probablement que les décombres doivent servir de squats pour des créatures pas agréables.

On est censé les retrouver ici. On attend, donc. Surveillez le coin, que personne ne vienne nous casser les burnes.

Je mire un moment les bâtisses dévorées par la mousse, la plupart se sont cassées la gueule depuis des mois, voir des années. Il règne un silence apaisant, presque hypnotisant. Avec la fatigue accumulée à cause des mes nuits blanches, le calme et la température ambiante des lieux, j'en viendrais presque à pioncer debout. Ce serait tentant, de m'abandonner un moment, moi qui cherche désespérément un moyen de trouver le sommeil quand vient la nuit. C'est toujours quand j'en ai le moins envie que le sommeil menace de me cueillir. Je tire une bonne latte sur ma cigarette améliorée à l'opium, et laisse la drogue faire son œuvre. Savourer l'instant présent, un bref moment d'accalmie avant de retourner à la dure réalité des choses.
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Adossé contre l’allège d’une carcasse de fenêtre, à l’étage d’une masure en partie effondrée, le corps ne bougeait pas. De la bâtisse, une façade fanée subsistait encore en trompe œil. Les contreforts marbrés s’étaient ternis de verdâtres, mais la finesse des traits persistait encore dans les régions épargnées. L’image d’un passé  florissant soumis aux affres du temps. Il suffisait de dépasser l’entrée pour contempler la réalité décadente. Un pan entier s’était affaissé dans l’arrière-cour, entrainant l’ensemble de la toiture. La masse inerte de tissu au visage squelettique étendait ses jambes dans la dernière pièce encore debout. Les bords brisés des restes de plancher surplombaient le mélange hétéroclite de gravats du rez-de-chaussée. Ouvert aux vents, aucun son ne s’échappait de l’épave éventrée. Ni d’ailleurs. Le calme régnait dans la ville désolée. Aucun bruit d’oiseaux, aucun bruit d’insectes.. Le Silence. En maître absolu il écrasait les consciences par sa simple présence. Les désœuvrés de passage dans le champ de pierres délaissé baissaient immanquablement la voix une fois en son sein. La torpeur des lieux n’épargnait personne. A même le sol de son abris entrouvert, le Cavalier ne bougeait pas. Sa respiration à peine s’entendait. Les paupières closes, il ne dormait pourtant pas. Il attendait.

Un moment maintenant que le pirate avait raccroché son bandeau au clou. La faute à la saloperie de monstruosité qu’il s’évertuait décennie après décennie à vouloir sauter. Pas partante, Red Line savait se faire entendre. Elle tapait fort. Très fort même. La dernière bataille engagée avec la bougresse l’avait laissé sur le tapis en morceau. La peau dure n’avait rien fait, c’est à la petite cuillère qu’il s’était péniblement ramassé. Seule sa volonté avait réchappé à la dérouillée. Il avait patiemment léché ses plais sanguinolentes dans un trou paumé, puis reprit la mer aussi sec. Débarquant le plus souvent où on l’abandonnait. Il vivotait de petits boulots à petits boulots en attendant de trouver un équipage suffisamment pêchu pour côtoyer son aura. La dérive imposée le déposa ainsi à Egranard, la campagne des forbans. Une terre amie où le travail ne manquait pas à qui savait le prendre. Après une vie sur les Blues, le bourlingueur connaissait les adresses à toquer qu’importe la rade pirate où l’ancre se jetait. Pas de commanditaire, on lui avait uniquement donné une adresse dans les docks qui contenait du matos et le détail du boulot. Quatre autres brigands partageaient la mission. Ensemble ils s’étaient déjà débarrassés la veille au soir d’un premier gars. Un petit mafioso du coin dont le corps lesté avait rejoint les poissons sur le chemin. Depuis ils attendaient patiemment à l’ombre le second, terrés dans la poussière des décombres. Le terrain avait été préparé au mieux durant la nuit, afin d’accueillir comme il se doit l’invité.

Le crâne collé contre la pierre suintante de sa planque, le Cavalier écoutait les pas approcher. Des gêneurs accompagnaient le client mais il ne s’en inquiéta pas. Le plan ne flancherait pas pour un ou deux gus en plus. Les mouvements mesurés pour ne pas alerter, et se gardant de dévoiler sa présence par la fenêtre, il essuya ses mains crasseuses contre le revers de sa soutane avant de saisir l’arme posée à ses côtés. Un long bâton noueux dont le bois mal vieilli lui écharpait les mains à la moindre occasion. Il guetta un instant mais le convoi passa sans heurt. Craquant alors ses vertèbres ankylosées lorsqu’il se releva, le vautour prit la direction du bord de son perchoir et sauta dans la mer de caillasse. Appuyé sur sa cane, il s’en alla terminer la marche. Le collet se refermait.


*****

- Vlà du monde qui approche Monsieur Dicross.

Encadrées de part et d’autre par un paysage de ruine, les petites frappes attendaient bien sagement la Mort approchante. L’aura sombre du personnage se diluait dans l’environnement moribond. A mesure qu’il avançait, les mitrailles dressées se montraient plus insistantes. Le Cavalier esquiva un sourire sans chaleur devant l’accueil prudent. Un vieil homme et son bâton déambulant dans les rues désertes n’inquiétait pas habituellement les hommes de la famille, mais la mine confiante du trouble-fête alertait la méfiance. La première âme rencontrée dans l’ancienne cité portuaire sortait tout droit des contes de grand-mères en maitre de maison. Il s’arrêta à distance raisonnable de la troupe pour ne pas susciter davantage d’hostilité, suffisamment proche pour se faire entendre sans élever la voix. Ainsi dans l’attente au milieu de l’allée, l’enfant des limbes barrait le passage.

- Baissez moi ça voyons, pas une manière d’accueillir un nouvel ami. Nous sommes là pour négoces non ? Hé hé hé…

A l’inverse les tontons flingueurs armèrent leurs crache-balles d’un cliquetis ferme tout en le maintenant en joue. La mine nerveuse, ils renâclaient mais attendaient l’ordre avant d’arroser. On les avait envoyés causer à un nouvel associé du Padre pas à un crane souriant en guenille. L’affaire sentait pas bon.. Le lieutenant des Bambana pointait encore le sol de son fusil, mais par des coups d’œil discrets il inspectait déjà les environs à la recherche de la prochaine merde. Les pierres se gardaient encore de révéler le moindre mouvement, le larbin n’ignorait cependant pas leur gout au silence. Les coins et recoins ne manquaient pas pour s’embusquer dans l’ombre. Le rendez-vous les avait conduits sur une petite place un brin défoncé. Une fontaine trônait au centre, débarrassée par une secousse de la monture qui l’avait surplombée. Le buste demeurait à terre, le reste s’était brisé en mille éclats. Il ne restait plus que le bassin asséché gagné par la mousse en état d’offrir un abri s’ils commençaient à canarder depuis les bâtiments aux alentours. L’endroit ne manquait pas de charme pour discuter affaire, à l’abri des oreilles indiscrètes, une rue offrait une entrée et une sortie pour chaque intervenant.  L’épouvantail en bloquait une, il restait toujours l’autre dans le cas d’un repli précipité. Du moins s’ils avaient été assez idiots pour la laisser libre.

Le mafieux inspira une dernière bouffée de fumée avant de la chasser lentement dans l’air vicié du trou perdu. Le monde attendait mais il s’en cognait. Intérieurement il bouillonnait. Le mégot passa sous sa semelle, il était prêt à dérouiller.

- Espèce de vieux con… Me dis pas que j’ai ramené mon cul dans ce bled à merde pour voir ta sale gueule à chier ? Putain mais tu sais à qui tu viens chercher des noises là ? Non mais du con on va devoir te lustrer le crâne à coup de crosses rien que pour le temps perdu. N’espère pas te tirer en un morceau de ta connerie. Alors écoute bien, ça va jouer sur comment on te fait rentrer ton sourire dans ta gueule. Où.. est.. notre gars ?

- Hé hé.. Ne le prenez pas comme ça ce n’sont que des affaires. Votre gars a rencontré un p’tit contretemps sur le chemin mais me v’là. Bilez pas je prends la suite. Et ces gars vont m’y aider.. Hé hé..

Les bons petits planqués ne se firent pas prier davantage. A peine le laïus terminé, le sol frétilla sous la décharge de munitions aux pieds des Bambino. La bande eu beau répliquer sans tarder, la première bataille était perdue d’avance. La place ouverte les exposait entièrement aux balles vicieuses des tireurs positionnés en hauteur. D’un sifflement, elles leur léchaient les oreilles de tous côtés. Baisser la tête ne les protégerait pas longtemps. Sous le feu nourrit, ils se replièrent vers la fontaine sans cesser d’arroser les points de tire histoire de couvrir leur avancé. La pétarade couvrait le son, mais ne cachait pas le rire du Cavalier. Lorsqu’un des hommes de main décida de le joindre à la fête, le bâton du pirate virevolta entre ses doigts jusqu’à en flouter le contour. Un à un les tires se perdirent contre le bouclier érigé sans inquiéter le démon ricanant derrière. En retour, une aire glaçante s’échappa de la spirale mortuaire et vint raidir l’échine des pigeons. L’embuscade prenait forme.

Bien que les détonations les éclaboussent d’éclats de pierre, les hommes de la mafia parvenaient à souffler un peu derrière le parapet improvisé. A la moindre ouverture, ils répliquaient avec la même violence puis une pluie de balles les rappelait à l’ordre. Trois tireurs se cachaient de chaque bord de la place, le Cavalier couvrant le dernier. Ils profitaient pleinement du surplus de hauteur des immeubles à l’abandon. Le quatrième de la bande en retrait n’avait pas encore pris part à la fusillade. L’œil contre la lunette, il précisait sa visée le corps plié en quatre dans une baignoire trop petite. Un morceau de mur étant écroulé lui donnait une vue dégagée sur les petits bonhommes coincés. Lorsqu’il tira la balle percuta le sol à une bonne coudée de leurs positions. Maintenant signalé, ils ne tarderaient pas à le repérer et l’arroser à leur tour. Grognant, il glissa une nouvelle balle dans la culasse. La deuxième tire ne s’approchait toujours pas de la fontaine. La sueur commençait à lui engluer les doigts, le snipeur l’essuya d’un revers de main et lâcha la troisième tire. Il fit mouche sur un monticule de terre aplani mais seule une gerbe de terre en témoigna. La masse fraichement retournée ne s’en émut pas davantage. Une crampe commençait à lui morde le derrière. Il cracha et tira une dernière fois. Le sol se souleva alors dans une déflagration monstre qui sonna la petite place. Les soldats du Padre s'affalèrent sous le coup de tonnerre. Un épais nuage blanc transperça le ciel d'abord, puis la lance duveteuse aux prises avec la gravité retomba en panache sur les mafiosos étourdis.

A distance du raffut, le Cavalier maintenait la rotation de son arme. Le léger courant d'air empêchait le poison libéré de l'atteindre. Il observait à travers les volutes de fumée les hommes inspiraient à plein poumons l'air vicié. Les relents de poudre en faisaient tousser certains mais le danger se trouvait ailleurs. Alors qu'ils se relevaient les oreilles bourdonnantes une bonne dose d'opium passait dans leur sang. L'ironie du commanditer l'avait poussé à remplir le tonnelet explosif par la propre production de l'empire Bambino. De l'opium de première qualité qui vous vrillait la cervelle en un instant. La somnolence gagnait déjà les moins accoutumés. Ils se trainaient sur les pattes, la tête dodelinante incapable de se relever. Les coups de feu avaient cessés maintenant pour ne pas blesser le colis. Ce dernier s'écartait de la mêlée la démarche confuse. Hagard mais résolu, il cherchait à s'éloigner du nuage opiacé. La spirale du Cavalier changea brièvement sa forme afin d'aspirer la fumée vers lui sous la forme de longs effilochements, puis il les renvoya au mafieux essayant de s'en extraire. Le jeu continua jusqu'à que les derniers volutes se perdent dans l'atmosphère de la ville. Lorsque le danger fut écarté, les tireurs embusqués descendirent de leurs perchoirs se saisirent des corps en somnolence. Ils finiraient à l'entrée du port loin des regards. Le Cavalier les laissa à leur mission, une autre l'attendait.

Lorsqu'il approcha, le visage du porteur de Mort s'assombrit d'un voile opaque. Le claquement du bâton contre le chemin de pierres se répercutait de mille échos à mille autres. Au pays du sifflement il était le seul à percer l'entrée. Les mots du marcheur embrumé se perdaient dans un dialecte oublié, inaccessible aux oreilles profanes. A chaque pas, l'Ombre grandissait. Grandissait. Le soleil bientôt n'en perça plus l'épaisseur. Le plus effroyable vint lorsqu'il prit conscience de la présence d'un visage au sourire figé au cœur de la noirceur. Les traits creusés du crâne le scrutait en psalmodiant d'un ton caverneux des damnations effroyables. Son sang se glaça, la respiration lui manquait alors que sa poitrine tambourinait. Il voulut fuir mais son corps ne bougea pas. Figé. Son esprit en était dorénavant prisonnier. Il voulut hurler mais aucun son ne s'échappa. Un éclair de douleur frappa son crâne. Dicross sombra dans l'inconscience.
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1626, peu de temps après.
Province de Luvneelpraad


En observant délicatement son reflet dans le grand miroir mural de ses quartiers, Ernest Ross soupira. Pour quelqu’un de son rang, c’était décidément un paresseux. Chaque visite l’ennuyait profondément, celles protocolaires, les inspections, le petit peuple venant quémander son aide, son avis. Bizarrement, avait remarqué son majordome ( un vieillard dont l’attitude de son maître, tout comme absolument tout le reste, laissait de marbre ), seule la venue de marchands d’eau-de-vie, des organisateurs de réceptions et bien entendue de jolies jeunes femmes dans la fleur de l’âge provoquait chez Ernest un regain de motivation. Il s’assura de la perfection de sa chevelure blonde, impeccablement coupée et coiffée par un spécialiste qu’il avait fait venir de la capitale, réajusta sa redingote elle-aussi minutieusement étudiée, puis pris la direction de son bureau, où l’attendait une énième visite inutile et ennuyeuse. Il poussa la porte d’un geste vif, théâtrale presque, et observa un instant son invitée. Au bout d’une seconde qui sembla durer une éternité, il fit volte-face et s’adressa au vieil homme qui l’accompagnait partout.

– C’est quoi, cette merde ?

Il n’y avait pas d’animosité dans sa voix, simplement de la déception. Il ne s’attendait à rien, mais fut quand même déçu.

– Votre invitée, monsieur.
– Ça, j’ai compris. Seulement, il me semblait vous avoir personnellement spécifié mes critères concernant les doléances.
– Mon travail n’inclut pas de trier les invités sur vos critères personnels, monsieur, mais sur les raisons de leur venue.

Ces critères évoqués incluaient notamment et surtout des préférences concernant le physique et la richesse. Ou du moins, la richesse apparente.

Et celle-ci n’était vraiment pas à son goût. Trop maigre, les cheveux en pagaille, la gueule scarifiée, non vraiment, rien à sauver. Encore, elle aurait été riche, ou au moins aisée. Mais sa chemise rapiécée, son pantalon de cuir raccommodé et son manque de grâce générale n’indiquait rien d’autre qu’un manque de fond évident. Ou alors une méprise totale du bon goût et de la présentation.

Sachant qu’il ne pouvait échapper à son destin, Ernest s’assit lentement de l’autre côté de son bureau, dos à l’énorme fenêtre qui laissait entrer un soleil éclatant. D’ici, il pouvait voir l’entrée principale de son bureau, côté publique. A côté de la porte, sur le porte-manteau, était posé une cape de voyage, noire, qui cachait à peine une épée courte bien à l’abri dans son fourreau. Le maître des lieux jeta à nouveau un œil à l’inconnue, surtout à la longue cicatrice qui parcourait son visage et lui transperçait l’œil. Il décida d’écouter ce qu’elle avait à dire. Avant d’être le nobliaux du coin, Ernest était avant tout un couard.

– Bonjour, je vous souhaite la bienvenue dans mon humble demeure. Comment puis-je vous être utile, mademoiselle ?  

Klara le salua à son tour, puis se présenta. Chasseuse de prime. A ces mots, Ernest s’étonna. Qu’est-ce qu’une chasseuse de prime pouvait bien lui vouloir, à lui ? Qu’ils se démerdent. Il n’avait rien dit de tout cela, bien sûr, mais la jeune femme l’avait lu dans son regard. Elle ne l’aimait pas beaucoup. Déjà, quand elle avait entendu parler de lui en débarquant ici, elle avait tout de suite su qu’elle le mépriserait. Ernest Ross, communément appelé Capitaine Ross par la plupart des habitants de ce qu’il restait de la province. Son rang n’avait rien de militaire, ce n’était rien de plus qu’une formalité. Il ne le méritait pas non plus, selon l’écrasante majorité des gens. Son père était capitaine avant lui, pour de vrai, cette fois, tout comme son grand-père, qui avait lancé la fortune familiale à coup de chances inouïes. Lui n’avait fait qu’hériter du tout, et s’était trouvé une place de choix dans la province ruinée de Luvneelpraad, dont personne ne voulait. Personne, sauf lui. Parce qu’il avait flairé les bonnes affaires. Ici, le nombre de gens prêts à vous graisser la patte était vertigineux. Tout chez lui puait le parvenu, de son visage, jusqu’à son manoir, en passant par ses vêtements ridicules. En vérité, il n’était pas si riche que ça, mais il avait à cœur de montrer le contraire.

La chasseuse espérait faire court, mais pour le convaincre de l’aider, il allait falloir y passer un minimum de temps. Visiblement, personne n’avait envie d’être là. A part le majordome, car la paye était bonne ; Ernest n’était pas radin, au moins. Ce n’était pas une qualité, il voulait simplement montrer qu’il en avait plein les poches.

– Je cherche quelqu’un.

Tout en commençant son récit, elle sortit de sa besace un avis de recherche en mauvais état, mais qui laissait quand même voir les informations importante. Le nom et la trogne du type, pour Klara. Le montant de la prime pour le capitaine Ross.

Mustapha Al-Misrî. Avec sa prime s’élevant à près de trente millions, celui qui avait acquis le surnom d’Anguille faisait partie des personnes recherchés les plus dangereuses de cette bleue. Un morceau de choix, pour quiconque cherchait la richesse, le frisson du risque, ou bien la mort.

– Je suis sur ses pas depuis Bliss. Là-bas, avec l’aide de la Marine locale, on a réussi à rejoindre son dernier repère, dans les Everglades. Un peu trop tard. Tout avait été vidé, et ses associés égorgés. Il n’avait pas envie de laisser de trace. On a juste retrouvé quelques restes d’expériences ratées.

Le majordome apporta, par surprise puis-qu’aucuns des deux interlocuteurs ne l’avaient entendu sortir, un plateau rempli des commodités habituelles. Klara se servit une coupelle d’eau fraîche, parce qu’aligner plus de trois lignes de texte d’affilée lui était difficilement supportable. Ernest, lui, se servit une coupelle de champagne hors-de-prix parce qu’il s’ennuyait fermement. Et aussi car il aimait, encore une fois, faire montre de sa richesse à la moindre occasion. La jeune femme n’y prêta nullement attention et se concentra sur son monologue.

– Al-Misrî avait prit d’autres précautions. L’endroit était piégé. Et pour s’assurer que tout saute au bon moment, il avait chargé un des soldats qui m’accompagnaient d’enclencher le tout ; L’Anguille était un lieutenant-colonel, avant, et il lui restait des fidèles. On aurait dû tous mourir à ce moment-là, lui y comprit.
– Ça a visiblement raté, commenta Ernest qui avait les yeux rivés sur l’un des tableaux qui décorait la pièce. Dommage, se dit-il intérieurement.
– Il s’en est sorti avec une partie du corps brûlé. Le reste de ses blessures, c’est le lieutenant qui dirigeait l’opération qui lui a infligé. Après quoi il a avoué ce qu’il savait, c’est-à-dire pas grand-chose. A part qu’en cas de soucis, Luvneel était une de ses destinations privilégiée.
– C’est super, vraiment intéressant. Mais je vois pas le rapport avec moi. Ni avec ma province.

Le capitaine avait fortement appuyé sur le « ma », ce qui était somme toute faux puisqu’il n’était nullement au sommet de la pyramide politique de la région. C’était simplement la tête la plus visible du moment, aussi les gens se tournaient plus facilement vers lui.

– Le pays est vaste, continua-t-il.

A la suite de quoi, Klara sortit de sa besace, qui contenait visiblement tout un bric-à-brac, un article de journal soigneusement découpé. La date, encore visible, indiquait que le papier datait d’il y a à peine plus d’une semaine. En gros titre, on pouvait lire « DE NOUVELLES DISPARITIONS A LUVNEELPRAAD ». Le contenu de l’article était nettement moins intéressant, et se consacrait beaucoup trop aux théories de ruines hantées et de sacrifices démoniques. Ce à quoi Klara croyait moyen. Ernest, lui, s’en foutait royalement.

– Et ?
– Et je sais pas, il m’a semblé lire, sur un écriteaux en arrivant, que j’étais chez « Ernest Ross, Grand Protecteur de ces Terres » ?
– C’est vrai.
– Pourtant, en parlant aux quelques habitants que j’ai croisé, la plupart ne croient plus en ce titre.
– C’est vrai, répéta le noble en faisant le tour de sa coupelle du doigt.
– Moi, commença-t-elle sans aucune conviction dans la voix, je crois en vous.

Ernest se contenta de soupirer.

– Vous avez l’air d’être une professionnelle, mentit-il. Je ne vois pas quelle genre d’aide je pourrai vous apporter.
– Des hommes. Des indications. Si il est ici, je mets ma main à couper qu’il se terre dans les ruines. Je ne suis pas d’ici, je ne connais pas l’endroit. J’aimerai pouvoir avancer vite, et efficacement.
– Vous ne comprenez pas. Les ruines effraient tout le monde.
– Pas moi. Personne n’aura à me suivre, une fois que j’aurai une piste.

Le capitaine ne répondit pas. Il jouait avec son verre, faisant virevolter la lumière qui se dissolvait dans son alcool à bulle. Il pesait le pour et le contre. Lui n’aurait finalement pas grand-chose à faire. Mais il faudrait se déplacer, donner des ordres, expliquer… Tout ceci était d’un fatiguant… La jeune femme le coupa dans sa réflexion, pressée, car la vue d’un trop-plein de bourgeoisie lui donnait la nausée.

– Si je réussis, vous serez l’homme qui a mis fin à l’inquiétante série de disparition qui terrorise les habitants. Si je rate, je meurs, probablement dans d’atroces souffrances, et vous entendrez plus parler de moi.

Il faut dire que c’était tentant. La gloire, ou la satisfaction de savoir qu’un membre d’une caste qu’il méprisait se retrouve dans l’agonie la plus totale. Ernest leva la main droite, qu’il offrit à la jeune femme. Pour la serrer, Klara dût se pencher en avant, car en plus d’être large, le bureau était long. Inutilement d’ailleurs, car le Capitaine ne croulait pas sous le travail. Elle saisit la main tendu, rapidement car être en contact avec un type pareil n’était pas foncièrement agréable. De son côté, Ernest demanderait, à la fin de l’entrevue, une serviette chaude et du savon, pour effacer toutes traces de pauvreté qui auraient pu entacher sa peau.

Finalement, Klara se dit que prendre contact avec un tel type pouvait s’avérer véritablement utile. Des gens qui connaissaient un minimum l’endroit, de quoi couvrir plus de terrain, d’interroger, d’examiner.
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Idéalement, on aurait dû rencontrer ce fameux contact, avoir une longue discussion sur le business à mettre en place et puis foutre le camp, après avoir trouvé un accord qui plairait à monsieur Bambana. Ensuite, on serait allé boire toute la nuit, s'exploser le crâne par la boisson et très certainement tombé dans une sorte de coma, sous les effets de la fatigue cumulé à la boisson, jusqu'au lendemain. Problème, ce qui m'était tombé sur la fiole était à des années lumières d'une bouteille de rhum et je n'avais pas eu le temps de l'identifier clairement que je m'étais retrouvé étouffer sous un épais nuage toxique qui avait eu raison de moi. L'ironie de la situation étant qu'ils étaient parvenu à me droguer avec de l'opium, soit très exactement ce que je fumais tous les jours depuis une bonne dizaine d'années. A très forte dose, elle pouvait assommer n'importe quel homme, ce n'était pas pour rien qu'elle était ma drogue de prédilection durant mes nuits d'insomnies.

Autre détail amusant, c'est que pour un type qui a du mal à enchaîner plus d'une nuit de sommeil à son compteur, j'ai beaucoup pioncé depuis le temps de ma capture. C'est simple, au début j'avais une grande gueule et je l'ouvrais dès que je le pouvais, insultant les deux fils de chiens me retenant en captivité, puis ça s'est rapidement au bout du deuxième jour. Pas que je me sois chié dessus, simplement que j'ai découvert être tolérant jusqu'à un certain seul à la douleur... A mon premier réveil, je me suis retrouvé enchaîné à une table, poignets et chevilles solidement retenus par des chaînes, histoire d'être vraiment certain que je bouge pas. A mon chevet comme deux parfaites infirmières, deux types. Enfin, un connard et une espèce de bestiole qu'on aurait cru chiée par le diable en personne. Hideux, chauve, dos courbé, une tronche à en faire pâlir le dernier des huit salopards. J'ai reconnu que c'était lui qui était venu me cueillir à cette espèce de malaise que sa présence provoque en moi.

La même aura malsaine qui s'est approchée de moi avant le flou artistique, le noir complet. A ses côtés, le génie du mal à qui on doit tout ce foutoir, il s'est présenté sous un nom à la con. Mustapha mes couilles, je sais plus trop quoi. J'étais encore drogué de trop, j'ai pas tout pigé, c'est plus ma vue que j'ai foutu à contribution. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il m'a avertit que ça ferait mal, que je lui ai craché dessus, à ses basques plutôt. Ce qui m'a valu une bonne dose anesthésiante qui m'a envoyé dodo plusieurs heures...
Second réveil, on tente tant bien que mal d'émerger, de se protéger les yeux de la lumière qui agresse la rétine. L'homme est tout seul, la bête est sortie. Je sens quelques picotements sur le corps, quelque chose qui devrait me faire mal si je n'avais pas reçu de la morphine avant. Je crois même que c'est la douleur qui a fini par me réveiller. Du peu que je peux voir, j'ai l'impression qu'un truc, des trucs, me sont collés à la peau.

Spoiler:

Y'a Mustapha, équipé d'une espèce d’escargot à enregistrement qui parle à l’intention de personne, qui prend des notes orales. Il cite mon nom, me remplace rapidement pas un petit surnom plus adéquat, le sujet. Un numéro m'est attribué, cette ordure numérote chacune de ses victimes ? Ma taille, mon poids, ma condition physique, couleur de cheveux, des yeux, consommation abusive de drogue et de tabac, l’alcool, le salopard ne rate rien. Il a bien étudié son sujet, le cinéma dure encore quelques minutes durant lesquelles je tente de l'interrompre par divers moyens. Insultes, provocations, cris. J'aurai pu être un vrai chieur si seulement on pouvait m'entendre. Il a de la bouteille dans la captivité et torture d'êtres humains, je suis pas son premier et encore moins son dernier, il a pris des précautions. Un chiffon m'a été placé dans la bouche, sur laquelle une lanière en cuir exerce une pression constante histoire que pas un son n'en sorte.

Ce procédé a sûrement été mis en application lors de notre précédent échange. Sa prise d'informations terminée, il s'est contenté de me caler un sourire malsain à quelques centimètres de ma trogne avant de foutre le camp. Immobile, incapable de bouger la tête, une lanière de cuir retenant ma tête également, je ne peux qu'assister impuissant à l'intrusion de la pénombre dans la pièce, et de saluer la venue de ma solitude. Elle au moins, où que j'aille, je finis toujours par la retrouver...
Au lendemain, après avoir déjà perdu la notion de temps, ils reviennent. La bestiole étant venue assister au spectacle. Convenant qu'il était inutile de me faire manger pour le moment, le salopard de savant fou préféra ne pas perdre de temps avec ce qu'il appela « Les prémices d'une douce symphonie. » ponctué d'un rire psychopathe qu'ont tous les putains de tarés de ce monde.

J'ai pas mis longtemps à comprendre ce qu'il cherchait réellement à faire avec moi, qu'il n'était pas venu pour me torturer jusqu'à la mort, non. Lui voulait m'utiliser comme un foutu rat de laboratoire, un pantin sur quoi tester toutes ces merdes. Tout a tourné autour de l'électricité, si au début ça a commencé en douceur avec de petites décharges, le voltage a été augmenté au fur et à mesure que mon corps réagissait de la façon dont il le souhaitait. Vous serez pas étonné d'apprendre que lorsqu'il a commencé à durcir le traitement, j'avais si mal que mon cerveau a préféré stopper la connexion et c'est à ce moment-là que j'ai commencé les siestes à répétitions. Je parle pas de seconde, minute, heure, jour ou quoique ce soit, tout simplement parce que pour moi, tout cela n'était rien d'autre qu'un interminable enfer. J'ai arrêté de compter les décharges électriques après la deux-cent-trente-cinquième, la bave aux lèvres.

Compter permettait de me focaliser sur autre chose que la douleur pure et dure envahissant mon corps, mais rendu à un stade tout n'est plus que douleur. L'enfoiré prenait le temps de m'expliquer le moindre procédé, le moindre outil utilisait avant de m'en faire une démonstration. Que je sache avec quoi il me tuait à petit feu. Des anguilles électriques et des dials permettant d'utiliser l'électricité, ses jouets favoris. On ne me donnait à manger et à boire simplement pour me tenir en vie, lorsque la session se terminait on panser brièvement mes plaies avant de me plonger dans le noir, et le silence. Solitude revenait vers moi, me prendre dans ses bras et m'offrir quelques rares instants de répits. J'ai perdu espoir peu après l'utilisation d'une dizaine de dials en simultané, à ce moment-là je me suis surpris à me demander si l'enfer y était plus cauchemardesque. Je n'ai pas masqué ma douleur, je n'ai jamais cherché à jouer les durs. Par contre, j'ai fais passer une multitude de messages par le regard.

Qu'ils m'achèvent quand ils en auraient terminé avec moi ou sinon, tout ce que j'ai pu vivre ici serait ridicule en comparaison du sort que je leur réservais. Le monstre n'intervenait jamais dans les expériences, il ne semblait pas avoir le droit de participer, ni même donner son avis. Pourtant, il ne semblait pas approuver certaines méthodes. Sans pour autant émettre de remords ou de compassion à mon égard, simplement que les techniques employées ne lui correspondaient pas. Il représentait mon seul contact humain en dehors du scientifique et j'aurais pu largement m'en passer plutôt que d'avoir à me taper cette vision horrifique du pire de l'humanité concentré sur une même trogne.
Au fil du temps, j'ai remarqué que ma tolérance à la douleur dû aux chocs électriques est devenue de plus en plus importante. Qu'il pouvait bien en augmenter la puissance, mon corps semblait s'y être habitué, que le mal ressenti n'était que l'accumulation des nombreux chocs précédents. Seulement le réveil de nombreuses douleurs précédentes.

Je me souviens l'avoir vu s'extasier une fois, afficher un sourire si satisfait qu'il m'a donné l'impression qu'il avait trouvé la réponse à ses questions, qu'enfin il allait pouvoir me libérer de cet, mon enfer vivant. Tout cela, c'était avant de me retrouver branché à une combinaison mélangeant les anguilles et les thunderdials, pour une batterie de tests qui m'envoya roupiller aussitôt après avoir hurlé silencieusement.
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Sous la ville endormie, dans le boyau asséché d’un égout oublié, le temps s’écoulait lentement.  La profondeur du repère gardait à l’abri des oreilles perdues le chant des souffrances. Des jours maintenant que le sujet accompagnait les veilles et les nuits du Cavalier de sa complainte meurtrie. L’écho des cris étouffés se tarissait au moment où la conscience s’envolait. Le savant fou tolérait uniquement la présence du vieillard au titre de spectateur silencieux des abjectes expériences. Yeux ouverts et bouches cousues, il assistait l’inhumain. Les compères du brigand retirés, la charge lui incombait de maintenir sous contrôle le cobaye. La bave aux lèvres après chaque séance, le boulot consista finalement à le garder en vie plus que de prévenir toutes évasions. Amusante idée que de demander à l’enfant des abimes d’assurer la survie. Mais ce dernier s’y plia sans rechigner tant la fortune parfois faisait défaut. Voler ne suffisait pas toujours, un honnête labeur remplissait souvent bien mieux la bourse. Plus encore dans les sphères de l’ombre.

Un torchon crasseux sur l’épaule, le gardien contraint glissa sa lame dans le jus de lard pour finir d’en touiller la graisse. Sans feu la petite marmite commençait pourtant à brûler les doigts. Une simple plaque de métal chauffait à l’aide de la mystérieuse installation. Il s’afférait dans une alcôve sous l’éclat de drôles de torches, ne produisant ni odeur ni fumée. Seul un léger grésillement s’entendait à leur approche. Le fonctionnement nébuleux vanté par son hôte laissait le Cavalier dubitatif. Cette lubie de remplacer ce qui marchait depuis toujours, par une nouvelle n’attendant qu’à  lâcher le moment importun, lui échappait. Disposées d’un bord à l’autre du laboratoire, elles éclairaient les pierres polies enserrant la pièce remodelée et ses toiles buissonnantes de câbles. Ils lézardaient le long des murs vers l’installation de malheur. Qu’importe où se posait le regard, ils s’emmêlaient en une œuvre grotesque. Prônant au centre, légèrement surélevé de quelques marches, tous convergeaient vers le cœur de la machinerie. Un amas d’acier combiné à du verre. Une combinaison parsemée d’aiguilles et de coquillages s’y rattachait également. Assemblage des plus surprenants qui faisait le bonheur de Mustapha. Moins de celui du mafioso emmailloté dedans.

La respiration souffrante de l’ancienne grande gueule commençait à s’entendre plus distinctement. Seul au post depuis la dernière tentative de grillade, le Cavalier reconnaissait le signal du réveil prochain. Il plongea une louche dans la mélasse, qu’il gicla dans un bol fendu. La marée épaisse enlisa des patates terreuses déjà écrasées. La violence du traitement compliquait la mastication. S’armant d’une cuillère de bois qu’il plongea dans l’écueil, il écarta sa chaise de la table d’un raclement à éveiller un demi-mort. La pitance en main et une bibine sous l’autre, il se traina alors tranquillement au chevet de la blanche neige. Les traits creusés, des marques de brulure parsemaient le corps usé aux points de jonction des électrodes. Sans vraiment laisser le temps au gaillard diminué d’ouvrir l’œil, le prince charmant des contes d’horreur engouffra le long manche dans sa gueule entrouverte. Il eu beau hoqueter, la bequeté ne se montra pas plus clémente. Ce n’est qu’une fois qu’il se mit à dégorger qu’il eu le droit à une bonne goulée de rhum pour épurer la tuyauterie. Le pirate rigolât amusé devant le petit coq à peine éveillé manquant de s’étouffer de nouveau.  

- Vlà mon gars, me reste une bouteille te bile pas hé hé ! T’en as plus pour longtemps de ce calvaire donc profite, p’t’ être la dernière lampée que t’auras hé hé…


A peine avança t’il sa main dans la tignasse suintante du mafieux pour en retirer le goulot du bec, qu’un éclair lumineux s’en détacha en zébrant l’air et vint la percuter. La vive douleur mêlée à la surprise lui lâcha un grognement. Un peu perdu avec ses doigts engourdis, il zieuta suspicieux l’homme. Mais il ne parvint pas à lier le patient chargé à bloc et le résidu d’électricité statique. La magie scientifique lui échappant, il se contenta d’ôter la bouteille plus prudemment. Sans entamer de contact. Les pas de Mustapha claquant en approche, il se retira sans davantage chercher à percer le mystérieux phénomène. Il ne prévoyait pas de souffler mot non plus au maitre des lieux, n’ayant pas à alcooliser le cobaye.


Dernière édition par Le Cavalier le Mar 25 Mai 2021 - 12:32, édité 1 fois
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Il s’en passait, des choses, dans la région. En tout cas, si l’on croyait les dires des habitants du coins. Klara fit un rapide calcul de tête, après avoir écouté l’un des gardes qui l’accompagnait lui faire un résumé de toutes les rumeurs et plaintes. Ça fait environ 12 créatures mythiques et démoniaques, 3 tueurs en séries, 25 kidnappeurs d’enfants, 1 troll et environ 150 078 disparitions mystérieuses en tout. Elle décida d’effacer de son esprit les créatures mythiques ; qu’elle y croyait ou non, ça n’avait rien à voir avec sa cible. Les tueurs en séries, pas vraiment non plus. A Bliss, elle n’avait pas entendu parler d’enlèvements d’enfants, dans les Everglades. Pas le genre de l’Anguille, donc. En revanche, le troll, racontait le garde, enlevait avant tout de grandes personnes bien portantes : car il avait besoin de beaucoup de viande, et de la viande ferme. Klara se fit une petite note mentale, au cas où, concernant ces rumeurs de troll, et se sentit très stupide de le faire.

« Aucunes nouvelles de ces disparus?
- Quasiment jamais, répondit le garde. Enfin…
- Enfin quoi?
- Ben, des fois on a des nouvelles, mais pas des bonnes.
- Leurs cadavres?
- Voilà. »

Klara hocha la tête, l’air neutre. Un cadavre, c’est déjà une piste.

« On peut les voir quelque part, ces morts?
- Ben, non, sous terre.
- Vous conservez les rapports quelque part?
- Les rapports?
- D’analyse? D’autopsie? Je ne sais pas moi, d’observations?
- Euh, ben, non, pourquoi on ferait un rapport d’analyse sur des cadavres ?
- Pour enquêter?
- … C’est pas bête ça, j’y avais jamais pensé. Ben du coup, non, mais notre croque-mort il s’en souvient peut-être. »

*

« Et c’est là que j’l’ai vu ! Dégueulasse, comme vision ! »

Le croque-mort en question, il s’appelait Berten. Et il était vieux. Très vieux. Si vieux que la chasseuse se demandait où il pouvait bien trouver la force de creuser toutes ces tombes. Il était chauve, tout fripé, et se déplacer à l’aide d’une canne en vieux chêne. Pourtant, en arrivant vers le cimetière, elle l’avait vu se servir habilement d’une pelle qui devait bien peser plus lourd que lui. Ce type lui filait la chair de poule.

« Je comprends, répondit calmement Klara, un cadavre c’est pas beau à voir.
- Ah non mais le cadavre, j’m’en fou, c’est cette poiscaille qui était dégueulasse.
- Poiscaille?
- Le type qu’à trouvé et ramené le corps, il était couvert d’écaille, et tout mouillé, dégueulasse j’vous dit.
- Et le corps?
- Le corps, ça va, mais je les préfère moins mûrs. »

Klara reposa les petits biscuits qu’il lui avait servi en l’accueillant dans sa petite cahute ; elle venait de perdre l’appétit.

« Pas de traces? De blessures?
- Ah ! Si, plein, mais c’était difficile à voir, boursoufflé comme il était. Il a dû traîner au fond de la flotte un petit moment. Mais j’ai r’gardé un peu quand même.
- Des coupures?
- Nan, des brûlures, plein partout. Enfin, sur les hanches, le crâne, ‘pis aussi au niveau de la qu-
- Il est mort dans un incendie?
- Sûrement pas, trop localisés comme blessures. Enfin, moi, c’que j’en dis… J’en sais rien, je l’ai foutu six pieds sous terre si tôt que je l’ai eu entre les pattes. Vous voulez le déterrer?
- Ça ira, merci. Cet homme-poisson, vous savez ou je peux le trouver? »

*

Au bord des ruines de Luvneelpraad, on trouvait véritablement de tout. Des réfugiés, des pauvres, des marchands itinérants, des bandits, dont certains avaient d’ailleurs tenté leur chance avec la chasseuse ; maintenant, ils faisaient partie des 150 000 disparus. Apparemment, on y trouvait même certains historiens et explorateurs, venu visiter les ruines. Il fallait, tout de même, être soit sacrément courageux, soit sacrément cons, se disait Klara. Mais la vision qui troubla le plus la jeune femme, ce fut cet étrange homme-poisson, posé sur le toit d’une maison en ruine, près des murs de l’ancienne cité, et qui tenait une canne à pêche entre ses palmes.

« Bonjour, » fit simplement Klara.

Plutôt que de lui répondre, l’homme l’invita juste d’un signe de la main à le rejoindre. La jeune femme s’avança, et s’installa aussi confortablement que possible sur la pierre couverte de verdure. Elle comprit pourquoi il avait choisi cet endroit : la mousse qui s’étalait sur la ruine était tout à fait confortable, et il profitait en plus d’un magnifique couché de soleil. Ce qu’elle ne comprenait toujours pas, c’est pourquoi cet homme s’en prenait à ses congénères.

« Je pèche pas vraiment, » lâcha-t-il au bout d’un long silence, comme s’il avait lu dans les pensées de la jeune femme. « J’ai mis un petit caillou, au bout du fil. 
- Pourquoi faire?
- Pour pas leur faire de mal.
- Quel intérêt?
- Ça me permet de réfléchir, ça me renvoie à ma propre condition.
- Je vois. »

Elle ne voyait rien du tout. Enfin, si, en fait. Loin, sous l’eau trouble, elle parvenait à discerner quelques formes. Des ruines. Encore plus en ruines que les ruines sur terre, et c’était peu dire. Une partie de la cité avait fondu sous les eaux. Assez similaire à l’une des îles de Grand Line, lui avait-on dit. Et il n’était pas rare de voir certains hommes-poissons, ou bien d’hommes en scaphandre, se balader dans le coin, à la recherche d’on ne sait quoi. Ces explorations étaient d’ailleurs à l’origine de bien des rumeurs et légendes du coin.

« Il paraît que vous avez trouvé un cadavre, sous l’eau, il y a quelques jours, demanda Klara sans quitter les fonds marins des yeux.
- Plein, en fait. Ça grouille, la dessous.
- Vous les remontez tous?
- Tout ceux que je vois. Un humain, ça devrait pas rester seul sous l’eau.
- Ceux que vous avez vu, ils avaient tous des brûlures?
- Pas tous, non. Mais certains.
- Vous saurez m’indiquer où vous les avez trouvé?
- C’est pas la ruine à côté, et sans vouloir vous offenser, pour une humaine comme vous…
- Je peux tenir un minimum, sous l’eau.
- Nous verrons. Il va nous falloir de l’équipement. »

*

Elle n’était pas très à l’aise, sous cette combinaison. Déjà, la grosse veste supposée être imperméable qui lui couvrait le corps semblait laisser l’eau s’infiltrer goutte par goutte, et la sensation était tout à fait désagréable. Et puis il y avait ce scaphandre, qui lui faisait une tête grosse comme un bocal à poisson. La vitre qui la protégeait de l’eau l’empêchait d’avoir une vision clair, mais ce qui se trouvait devant elle était heureusement éclairé par un ingénieux système, consistant en un lumino-dial engravé dans sa combinaison.

« Vous avez trouvé ça où? » Demanda la chasseuse.

Un petit escargophone lui permettait de communiquer avec son guide.

« Beaucoup d’explorateurs marins viennent par ici, expliqua l’homme-poisson. Pas beaucoup n’en ressortent en un seul morceau. J’ai trouvé ça sur l’un d’eux. »

L’homme-poisson était si agile, une fois immergé, qu’il était difficile à la chasseuse de le suivre efficacement. Prévenant, il nageait régulièrement autour d’elle pour lui laisser le temps de le rattraper. Sa vivacité contrastait beaucoup avec son flegme, à la surface. Ils passèrent à côté, devant, derrière, et même au travers de plusieurs ruines. C’était un spectacle tout à fait édifiant, même depuis l’intérieur du scaphandre. Un spectacle à mi-chemin entre l’éblouissement et l’effroi. Parfois, Klara put reconnaître les vestiges d’un appartement, ou bien d’un bureau officiel. D’autres fois, elle parvenait même à distinguer des squelettes. Elle pensait à toutes les histoires que renfermaient ces ruines, et à toutes les vies qui les avaient autrefois habitées.

Elle fut tiré de ses pensées par un appel de l’homme-poisson, qui lui fit comprendre qu’ils étaient arrivé à l’endroit où il avait retrouvé une bonne partie des cadavres. Ils s’étaient enfoncés plutôt profondément dans l’eau, et l’obscurité commençait à régner en maître. Elle pouvait tout de même distinguer les ruines d’un immense bâtiment à moitié effondré sur lui-même. Quelques lettres, rouillées et couvertes de mousse, formaient presque le mot MAIRIE. Klara activa à nouveau son escargophone.

« Tu penses que les cadavres viennent de là?
- Pas de l’intérieur du bâtiment. Explorons un peu plus. »

Il leur fallu bien une demi-heure pour dénicher plusieurs endroits propices à l’évasion de morts. Quelques maisons, situé au pied de l’ancienne mairie, avaient vu leur toit s’effondrer totalement, libérer un accès par le haut, mais une rapide fouille de l’homme-poisson leur appris qu’il n’y avait rien d’intéressant. En revanche, l’annexe de l’un de ses bâtiments, qui faisait probablement partie du parc administratif, était complètement renversé sur le côté, et ses murs étaient éventrés de toute part. En s’y approchant, en bougeant les quelques meubles qui avaient survécus et n’avaient pas encore totalement moisis, et en bougeant un bon paquet de rocher et de pierre qui voguaient là au gré du courant, ils purent découvrir une petite entrée qui avait due, en son temps, mener à une cave. La catastrophe, les tempêtes, les aléas de la mer et tout ces événements imprévisibles issus des forces de la nature avaient dessinés, au fil des décennies, une toute nouvelle cartographie des lieux : des bâtiments s’étreignaient maintenant, formant des ruines toutes nouvelles, et les sous-sol s’étaient tous confondus entre-eux, ce qui avait eu l’effet secondaire de constituer un tout nouveau réseau qui était praticable par endroit, si l’on était suffisamment prudent.

Ainsi, en nageant un peu au travers de cette ancienne cave, Klara et son guide purent découvrir l’entrée de ce qui ressemblait à un ancien égout, à moitié immergé. Un cadavre flottait non loin de là, près de ce qui devait, à une autre époque, servir de présentoir à vin. Il était couvert de brûlure.

« Je crois bien que c’est là, » lança-t-elle à l’homme-poisson avant de grimper jusqu’à l’ouverture.

Elle put enfin se débarrasser de son scaphandre, et de respirer un air véritable. Un air qui puait le poisson, la moisissure, le renfermé, et la mort, mais de l’air quand même. L’homme-poisson resta ballotter dans la cave immergée. Il fixait la chasseuse sans rien dire.

« Ne t’inquiète pas, tu n’as pas à m’accompagner, fini-t-elle par lâcher.
- Les cadavres, je les trouve juste, je ne les créé pas, répondit-il tranquillement.
- Je comprends. A la revoyure, alors. Merci de m’avoir accompagné jusqu’ici.
- Si il n’y a pas d’issue, de l’autre côté, reviens par ici, je repasserai de temps en temps jusqu’à ce que je me dise que tu es morte.
- D’accord. »

Elle se débarrassa totalement de sa combinaison, qu’elle pendit aux barreaux à moitié cassés, puis s’engouffra dans le couloir de pierre froid et sombre, seulement guidé par les odeurs, la fine caresse de vent qu’elle pouvait sentir, et les cris étouffés qui parvenaient, de bien loin, jusqu’à ses oreilles.
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Rendu un moment, tu sais même plus qui t’es. Depuis quand t’es retenu enfermé ? Depuis quand tu sers de cobaye pour une saloperie de sadique ? Compter les jours n'aura pas fonctionné bien longtemps, mais c’est long.
C’est si long que j’ai d’abord désespéré de sortir, avant de finir par abandonner. Perdre espoir et se résigner, se dire que la fiole des deux enfoirés de chiens qui m’ont plongé dans cette galère sont les deux dernières que j’aurais vu avant de crever.
Pas une fin heureuse, plutôt merdique à souhait même. Le truc c’est que je me suis toujours dit que j’allais finir de la pire des manières. Je sais pas si je m’attendais à une mort aussi sale, torturé jusqu’à ce que mon corps craque.
Le plus marrant c’est que j’ai pas l’impression d’être sur le point d’y passer, mais ma tête est si bousillée, mon cerveau tourné, retourné et retourné encore, que j’y suis plus. Je suis plus là, plus dans cette pièce en tout cas. J’ai laissé ma place, me suis tiré ailleurs, là où deux dégénérés passent pas leur temps à m’électrocuter la gueule. Un havre de paix, dans un coin de mon imagination, endroit où j’ai le contrôle, suis en paix.

Là-bas, pas de passé chaotique dans la Marine, pas de couille avec la mafia de Manshon, pas de sang sur les mains et pas d’opium dans la cervelle. Là-bas, aucune fille me bouffe la cervelle, pas de mère incapable et aucun père absent, juste moi. Moi et une large colline qui baigne dans une mer de soleil, sa chaleur réchauffe les cœurs et endort les esprits. De majestueux arbres d’une autre époque, le tronc solide et les branches si longues qu’elles frôlent les nuages. Un cours d’eau en contrebas qui chante à mes oreilles une mélodie proche de la berceuse idéale.
Et moi qui me tape la sieste du siècle. Une sieste éternelle à l’abri de tout, peinard.
Enfin peinard, bordel de merde.

Une putain de décharge électrique qui aurait pas à rougir devant le fruit de la foudre me sort de mon pays imaginaire. Grosse claque pour un retour à la vie réelle, celle qui te chie allègrement sur la tronche. Le moment est très mal choisi pour nous abandonner, monsieur Dicross. Nous touchons au but, vous savez.
La peau sombre comme l’obsidienne et le regard illuminé comme l’ont tous ces enfoirés de chercheurs à la con, il dévoile sa dentition dans un sourire trahissant son euphorie. Je le sens pas vraiment, mais mon corps est parcouru d’arcs électriques, légers, éphémères, aléatoires. En réponse à l’agression qu’il vient de subir, comme un système d’autodéfense, des barrières dressées contre ce mal incessant qui frappe depuis trop longtemps. Vous n'imaginez pas… oh non vous n'avez pas idée depuis quand j’attends ce moment, j’aspire à cette réussite ! Il s’avance vers moi, transcendé, sa main se refermant sur ma mâchoire. La réaction est immédiate, une vague électrique le frappe et le dissuade d’aller plus loin.
Un flot d’émotions submerge son faciès, surpris dans un premier temps puis excité, fou de joie à l’idée d’être parvenu à ses fins. Il retient un cri, se plie dans tous les sens, un rire résonnant du fond de sa gorge, avant de finalement exploser. OUI ! OUI ! Je savais que j’en étais capable ! Il me fallait seulement le bon sujet ! Un qui soit capable de résister suffisamment pour que son corps, son organisme, assimile le procédé et développe en réaction son propre système de défense ! VOUS ÊTES CE SUJET ! VOUS !

Quel putain de taré, je pige que dalle à ce qu’il braille, tout ce que j’ai envie c’est qu’on me libère et me tirer d’ici fissa. Je sais pourtant que c’est pas au programme, que je vais rester le cobaye préféré de ton scientifique fou préféré.
A la place, je peux m’imaginer la façon dont je lui écraserait les roustons si par magie ma cage d’acier et de verre disparaissait. Je pourrais en rire si j’en avais encore la possibilité, la force suffisante.
Et l’autre charogne qui me zieute dans le coin de la pièce, un voyeur morbide qui se délecte de la vision du rat cadavérique que je suis devenu. Cet enfant de mort, cette chose plus proche de la chiasse humanoïde que de l’humain, cette salope qui me bourre de sa bouffe dégueulasse, sa merde qu’il me force à avaler en diluant le tout d’une rasade alcolisée.
J’espère vraiment pour toi que cette boîte ne s’ouvrira jamais, parce que j’ai l'intention de te faire goûter à tes propres tripes.
Le Docteur Foudroyant s’approche, son enregistreur animal en main, le doigt enfoncé sur le mécanisme. -encore trop tôt pour l’affirmer, mais il semblerait que cet essai soit le bon. Le sujet est encore vivant, du moins respire-t-il encore. Il a parfaitement assimilé le traitement, de nombreux tests doivent encore être réalisés pour analyser l’efficacité des résultats, mais tout cela est très encourageant.

La porte s’ouvre brutalement vers l’intérieur, claque contre le mur auquel elle est rattachée, absorbant d’un même élan toute l’attention sur la silhouette qui se dessine dans l’encadrement. Les deux affreux ont cet instant con où ils se mirent pour tenter de comprendre qui est cette grognasse qui déboule en trombe comme si elle était chez elle. Visiblement y’en a pas un foutu de renseigner l’autre. En revanche, t’en as un qui de colère, vexé qu’on puisse s’introduire dans son laboratoire de fortune comme un truand dans un quartier-général de la Marine, beugle un coup pour secouer le bossu.
S’agirait de se secouer le derche pour botter celui de la goumiche fouineuse, de ce que je capte. Madame, si vous ne partez pas de votre plein gré, c'est attachée à une dizaine d'anguilles électriques que votre corps sera rejeté à l'eau. Un simple coup d’œil à l'une de ces bestioles reliées au mécanisme complexe suffit à piger qu'elles produisent pas de la crème adoucissante pour la peau, ces anguilles.
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Le claquement de la porte ne releva que brièvement la belle goule de chérubin de son reste de ragoût. Entrain de fourrer ses doigts crochus dans l’épaisse graisse au moment de l'entrée fracassante, le maton avait brièvement sursauté mais sans davantage s'émouvoir. La taille de guêpe de l'invitée avait balayé sa méfiance sitôt sous la lueur des lampions. Retournant à son œuvre, il fallut les braillements de Mustapha pour l'en ressortir de nouveau. Il avait beau dire, le forban douter de sa sincérité à laisser un témoin s'échapper. Le mafioso venait de trouver une camarade de grilles et c'était au vieillard de l’attraper. Fichue vie... Bien qu'il se leva sans empressement, la blafarde ne s'en émue pas. Elle ne réagit pas davantage quand il commença à avancer. Le froissement de l'étoffe usée accompagnait les promesses suaves du scientifique. Le porteur de Mort venait de face, les traits creusés par une mauvaise vie en délimitaient le crâne souriant. Le pas lent, pour ne pas effrayer la biche et devoir lui courir après. A mesure qu'il approchait des questions commencèrent à appesantir ses pas. Quelles étaient les chances qu'une fillette vienne se perdre dans ce trou à rat paumé ? Si d'autres l'attendaient non loin, il restait à faire. Le pirate de passage ne connaissait pas suffisamment l'actualité des bas fonds de Luvneelpraad pour en mesurer les menaces. Il était simplement venu chopper des clampins contre quelques clopinettes et satisfaire sa curiosité. Se retrouver coincer au milieu d'un hypothétique conflit ne rentrait pas dans ses plans. Toisant maintenant la demoiselle, il sourit à ses paroles. Il avait beau avoir le dos vouté, il la surplombait de toute sa laideur. La belle ne broncha pas plus quand son haleine viciée l’enlaça.

- L'affaire qui m'amène ici n'a rien à voir avec toi, souffla t'elle d'un ton monocorde, un pas sur le côté suffit pour qu'on en reste là. Je viens uniquement pour... lui.
- Rien à foutre ma jolie... Hé hé... Sois gentille et l'histoire se conclura sans douleur.
- Alors faisons ça..
- Faisons ça.


Bien décidé à secouer la douce comme un prunier, histoire de l'encourager à se confier sur les raisons de sa présence, le forban mit fin au cérémonial policé et balança son bras en avant. Mais à peine s’apprêta t'il à refermer ses serres sur le colback de la demoiselle qu'une violente tension au niveau de la manche le déstabilisa brusquement en avant. Perdant pied, il n’eut pas le temps de chuter qu'un coup puissant lui explosa au visage en plein vole. Le piaf dégarni s'encastra sans douceur dans le sol au milieu d'un craquement poussiéreux. Le contre n'avait duré qu'un souffle. Jetant à peine un regard au vieillard mis au tapis, la chasseuse enjamba la dépouille et alors seulement sortie sa lame de son fourreau. L'Anguille n'avait nulle part où se glisser et ils le savaient tous deux. Un affrontement allait avoir lieu.

Une ombre sombre s'étendit cependant dans le dos de la combattante. Une aura froide s'était éveillée. A la mine surprise de sa prime sur pattes, elle comprit la menace. Pliant les jambes pour réduire son exposition, elle tourna prestement sur elle-même et écrasa sa lame contre un gourdin qui s’abattait. La pression fut écrasante. Forçant d'un sourire dément, le Cavalier s'assurait en parallèle de l'emboitement de sa mâchoire d'une grimace. L'empreinte violacée d'un poing lui imprimait dorénavant une face. Au lieu de s'en formaliser, ses yeux flamboyaient d'un intérêt nouveau. Les deux combattants s'échangèrent une suite de nouvelles frappes pour se jauger. Jusqu'à ce qu'un éclair jaillisse dans le dos de l'épéiste à la surprise générale. Devant son ennemi saisie de tressaillements électriques, le pirate laissa échapper un grincement approbateur.

- Hé hé ! Voyez vous ça !

Sans perdre de temps, il ramena langoureusement son bâton en arrière, au-dessus de son épaule, comme il en aurait été d'une batte. Ses muscles desséchés se gonflèrent, puis d'un mouvement emprunt de fluidité il balança sa frappe sans la moindre retenu d'un mouvement ascendant. Le corps à sa merci décolla sous le choque, il passa au-dessus de celui qui venait de lui tirer dans le dos et s'en alla avec grands bruits s'écraser dans les installations du scientifique. Ce dernier hoqueta de surprise avant de pousser un profond hurlement de consternation. Des gouttelettes de transpiration soucieuse lui perlèrent le front alors que des années de recherches prometteuses venaient de s'écrouler. Genoux à terre, il écrasa ses poings furieux.

- Aie ! Vlà ce que j'appelle de la boulette hé hé..

Souriant comme à son accoutumé, le Cavalier savourait le désastre ambiant. Des grésillements inquiétants commençaient à s'entendre et annonçaient de nouvelles joyeusetés. Le cobaye avait quant à lui disparu dans l'affaire, sa cage en partie éventrée ne contenait plus que le souvenir de ses cris...
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C’était une sensation étrange, que de se faire griller la cervelle ET de se prendre un coup sec en plein sur le crâne, tout ça quasiment en même temps. Est-ce que Klara devait avoir physiquement mal? Où est-ce qu’elle devait plutôt se concentrer sur la douleur interne, qui lui avait parcouru tout les nerfs jusqu’à remonter au cerveau? La chasseuse décida de ne pas trancher entre les deux, et de simplement souffrir un bon coup. La vision trouble, elle due prendre une bonne minute pour se remettre du choc et se relever, difficilement, en prenant appui sur le mobilier qui avait miraculeusement survécu au choc. Elle avait traversé toute la pièce, pour atterrir dans une nouvelle partie des ruines, qui elle aussi servait de laboratoire de fortune. Enfin, elle ne servirait plus à grand-chose pour le moment : tout avait été renversé sous le choc. La paperasse couvrait le sol de part et autre de la pièce. Des schémas, des notes, des brouillons de prototypes au design étrange, sorte de long tube parcourus par des éclairs. Il y avait également toute sorte d’ustensiles et de fioles, parfois pleines d’une substance inconnue à Klara, renversée sur le sol. Elle décida d’éviter de marcher dessus. Au lieu de ça, elle marcha sur quelque chose de plus mou. L’objet, sous le poids de la chasseuse, lâcha un simple « Aie. », faiblard.

« Attention, j’arrive ! »

C’était l’autre fou, la momie qui l’avait envoyé valdinguer jusqu’ici. Et la chasseuse n’avait plus d’arme, son épée sans doute cachée sous une épaisse couche de débris. Il lui fallait trouver autre chose, et vite, où elle allait devoir se battre aux poings contre ce type. Elle débarrassa le sol de quelques pierres et papiers, et découvrit ce sur quoi elle venait de marcher par inadvertance. Ce n’était ni un schéma, ni un ustensile, et encore moins une épée. C’était un être, certes bien amoché, mais humain malgré tout.

« Bonjour, fit simplement Klara.
- Pu...tain.
- C’est pas très gentil. »

Elle se décala, et l’aida à se caler contre un bureau de bois qui tenait encore debout. L’homme était dans un sale état. Barbe sauvage, les cheveux bruns gras et mal coiffés, et des séquelles de torture qui se voyait partout, sur sa peau, sur son corps, dans ses yeux. Klara sentit un léger froid lui parcourir l’échine. Elle n’était pas effrayée par grand-chose, mais la mort, il fallait la respecter. Et ce type là n’était pas censé être vivant. Il ne devrait pas être là, à la regarder d’un œil mauvais, un regard noir, fatigué, presque éteint, mais pas brisé. Son corps l’était peut-être, mais quelque chose le retenait ici, comme si lui-même, où une Force à laquelle Klara ne croyait pas, avait encore d’autre projet pour sa personne. La chasseuse n’était pas certaine que ce fut une bonne chose pour lui. Mais il était là, et maintenant qu’elle avait croisé son regard, Klara aurait eu bien du mal à le laisser à son pauvre sort, même si elle n’était venue que pour la prime, et rien d’autre. Elle était comme ça, Klara, il lui était plutôt facile d’abandonner les gens à leur sort si elle ne croisait pas directement leur chemin. Mais si elle avait le malheur de se faire connaître de ces mêmes gens, elle avait bien du mal à réprimer la honte qu’elle éprouverai à l’idée de les abandonner.

Elle était égoïste.

« Petits, petits ! Montrez vous ! Promis, je serai pas si méchant ! »

La momie se fendit d’un rire strident qui résonna dans toutes les ruines.

« Tu peux bouger? Demanda simplement la chasseuse.
- Et… toi?
- Moi? »

Le mort-vivant n’avait pas tort. Elle se tata le visage, puis le crâne, et son doigt s’enfonça dans un creux visqueux. Un léger filet de sang coulait sur sa peau, collant une mèche de cheveux au passage. Elle s’essuya comme elle put, où plutôt étala le liquide rouge, et secoua la tête.

« Ça ira. Debout. »

Elle aida le blessé à relever tant bien que mal, et parcouru la pièce des yeux à la recherche d’un objet contondant. Son regard ne croisa rien de plus que des débris, avant de croiser les deux yeux globuleux de celui qui l’avant envoyé ici-bas.

« Rebonjour, ma jolie ! Le sang, ça te va bien au teint ! 
- Merci.
- Je vois que tu as retrouvé notre cher prisonnier ! Merci, c’est sympa ! J’étais sur le point de me faire engueuler !
- Y’a pas de quoi.
- Aller, tu sais quoi? Remet-le moi, et en échange, je t’offre une mort sans douleur ! … Ou presque !
- J’apprécie, mais non merci, répondit-elle avec nonchalance avant de se retourner vers l’ancien cobaye. Si tu peux, cherche une arme, n’importe quoi. Sinon va-t'en, je ne t’en voudrais pas. »

Et puis, serrant les poings, elle s’apprêta à retenir le chauve qui lui faisait face, ce porteur de mort dont elle ignorait plus ou moins tout, si ce n’est qu’il fallait s’en méfier. Et cette fois, elle était bien décidée à ne plus laisser l’Anguille l’avoir par surprise. Deux contre un, c’était osé, plutôt très risqué, et un poil stimulant. Elle agrippa une fiole en verre, pleine d’un de ces liquides étranges et visqueux, et la balança direction la trogne de l’autre fou, qui para le projectile d’un simple coup de bâton, sans effort. Klara profita de ce moment pour se jeter comme une furie sur lui, profitant du bazar au sol pour ramasser un éclat de verre, prête à lui déchirer le visage si il fallait.

On est jamais aussi violent que lors d’un combat perdu d’avance.
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L’impression de pas être maître de mon propre corps, qu’il se la joue solitaire pendant que mon cerveau s’épuise à lui donner des ordres qui tombent dans le vide. Les jambes flageolantes, qui me filent un équilibre instable, presque le même quand je me bourre la gueule. La seule différence c’est que cette fois, j’ai pas avalé une goutte d’alcool pour anesthésier la douleur et que la douleur, cette chienne, elle se montre insistante. Chacun de mes mouvements est lourd et m’arrache une grimace, un râle, parce que je douille plus fort que la fois où je me suis fait démolir par le colosse roux sur l’île de Zaun.
Trouver une arme, n’importe quoi. En temps normal, je réponds pas aux ordres ou même aux demandes de n’importe qui. Mais la gonzesse, c’est pas n’importe qui. Elle m’a sauvé les miches, de façon brutale et pas volontaire j’ai l’impression, mais elle aurait pu me refiler à l’autre cinglé et c’est pas le cas. Elle est en train de se mettre sur la tronche contre ces deux types alors qu’elle me connaît même pas. Je suis d’ailleurs convaincu qu’elle le ferait pas si elle savait qu’elle genre de chiasse je suis.
Moi-même je me laisserai crever.

Quelques pas vers l’avant, je m’affale à moitié sur une table en bois, mes bras s’agitent, mes mains se referment sur tout un tas de conneries qui feraient pas saigner un mioche. Ça continue de se mettre des baignes à haute puissance, me semble que la petite arrive pas à tenir le désavantage. Fiole usée, ensanglantée, du verre enfoncé dans la peau depuis que la vitre s’est brisée, je continue la fouille hasardeuse, désorientée, dans l’espoir qu’un dieu à la con auquel je crois pas va me filer un objet magique.
J’enrage. Putain de merde. Courbatures, brûlures, fatigue, volonté. J’ai pas résisté tout ce temps, enduré tout cette merde, goûté à l’espoir d’une liberté retrouvée, pour me faire faucher par un chauve centenaire plus proche du démon humanoïde que de l’humain. La dame se prend un retour de bâton dans la dentition et me retombe sur le coin de la tronche, son poids suffit à me faire flancher et on part embrasser le sol. Encore… bor...del… Commence à me demander si elle serait pas venue m’achever.

« T’as quelque chose pour moi ? » Hochement de tête pour signifier que non, les mains ouvertes se tendent pour qu’on se relève mutuellement. Quand la mienne empoigne la sienne et qu’on force pour se remettre debout, y’a un truc bizarre qui s’enclenche. Je sens une force inconnue m’envahir, partir de mon corps et se concentre dans ma main, avant que de l’électricité en sorte et aille électrocuter ma sauveuse. Une châtaigne dont le voltage est suffisant pour qu’elle retire ses doigts et me laisse m’écrouler, surprise.
« C’était quoi ça ?! » Y’a sa main qui grésille encore, tout mon corps en fait autant, de petits arcs électriques que je connais que trop bien, j’en ai bouffé durant ce qui me semble une éternité. Des… restes… J’en dirais pas plus. Ça lui parlera pas j’imagine, mais j’ai pas assez de force pour gaspiller ce qu’il me reste à causer. Puis merde, j’en sais rien moi. Je sais pas si c’est pas une réaction de tout le voltage qu’on m’a administré par dose quotidienne ou si j’ai posé le pied sur un piège électrique ou si c’est la version amplifiée du coup de foudre. C’est qu'elle est plutôt mignonne avec sa balafre.

FORMIDABLE ! Une véritable réussite ! L’anguille semble convulser de joie, pose des mirettes d’émerveillement sur ma tronche, ça me fout autant la haine que mal à l’aise. Une putain de bête de foire, c’est ce qu’il a fait de moi. Il est hors de question que vous sortiez d’ici Monsieur Dicross, vous êtes ce que j’ai de plus précieux, je tuerai quiconque tentera de vous redonner votre liberté. Il adresse un regard à la monstruosité au dos voûté. Cessez les gaffes et faites votre travail, je ne vous paie pas aussi cher pour que la première femme venue m’arrache mon trésor. Terminez-en avec elle.
Remis sur mes pattes, je crache un glaviot ensanglanté et analyse mes options. J’ai le choix entre me battre et crever ici, me battre et retourner dans ma cage ou foutre le camp et mourir des suites de mes blessures. Surtout que je serai pas foutu de retrouver la sortie, à mon avis. Dis… Tu peux… pas… nous chier… un… truc ? Ouais c’est pas sorti comme je le voulais, je cherchais à savoir si elle avait pas un petit tour dans sa poche pour renverser la situation.
Je suis fatigué putain.

Et l’autre chiure au caillou dégarni qui s’approche, d’une démarche glauque, sourire morbide sur la face. J’ai un petit différend à régler avec lui que je pense, mais ça attendra que j’aille mieux que je crois bien.
La dextre qui farfouille dans la précipitation à la recherche de cette fameuse foutue arme qui va nous offrir la victoire, se resserre sur quelque chose. Tiens…
Un crayon de papier.
‘Faut pas croire, j’ai déjà entendu parler d’un mec qui faisait disparaître des stylos dans les yeux des gens.
C’est pas l’arme qui fait le tueur, c’est ce que le tueur en fait.


Dernière édition par Peeter G. Dicross le Dim 12 Sep 2021 - 17:51, édité 1 fois
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Glissant sur le sol dallé sous l’impulsion de sa canne, le ricanement grinçant s’approchait menaçant. La trace glacée de son ombre accrochée à ses talons en alourdissait le pas. Sous la lumière tremblotante d’une technologie fragilisée, la pointe de son gourdin transperça l’air. Avant de dégager une machinerie abimée lui entravant le passage. L’écho d’un raclement métallique à éveiller les morts se répercuta entre les quatre murs fermés du laboratoire. Si le son ne pouvait s’échapper, une épaisse porte s’ouvrait dans l’un des murs. Mais la présence du Cavalier en barrait l’accès. Son regard vide veillait aux mouvements des tourtereaux de caniveaux. Le moribond avait une belle expression, plein de défiance, mais l’attention du Faucheur se portait principalement sur la belle. Elle avait du chien ce qui n’était pas pour lui déplaire. Il appréciait de lui avoir rendu les faveurs d’une mâchoire endolorie. Mais il restait encore les intérêts. Partagé entre l’envie d’amusements et le sérieux du travail bien fait, il laissa brièvement tourner son bâton entre ses longs doigts songeurs, la provocation au bout des lèves, avant de charger sans avoir tranché.

D’un moulinet du bâton la fiole qui lui était destinée vola en éclats, avant de revenir par un mouvement de bascule dans le bas ventre de la chasseuse de prime. Stoppée en plein vole, l’air lui échappa dans un râle étouffé. Le bras tendu prêt à s’abattre pour labourer le visage de son opposant restait en suspens, dans un temps qui semblait s’être arrêté. Le voile de rage de la louve mélangé à la douleur éclaira le visage du Cavalier. Sans lui laisser le loisir de toucher le sol, la pointe se flouta en une succession de frappes puissantes qui martelèrent le corps à sa merci. Sous le contrecoup de l’assaut, le sac de frappe se fit propulser sur sa ligne de départ. Mais à peine s’écroula t’elle face contre terre, que déjà la contre offensive l’obligeait à rouler précipitamment sur elle-même. Passant sous une cuve en partie renversée, l’épais gourdin manqua son escapade de quelques pouces à peine. Attisé par la résistance offerte, le Cavalier écrasa sa sandale contre la trogne du cobaye qui tentait de remuer, et s’en servant de vulgaire marche pied, s’en alla à la suite de sa proie. Cette dernière maintenant redressée le regardait plein de défis, ne laissant rien paraitre du corps endoloris que l’ombre d’une grimace. Tout le monde ne se relevait pas aussi aisément de ses coups de boutoirs. Laissant la donzelle reprendre son souffle, il exclama son plaisir de rencontrer un adversaire au cuir épais.

- Héhé… Quelle bonne surprise de t’voir toujours aussi vaillante héhé.. Ce fait rare maintenant d’en voir qu’en ont, trop de branquignols si tu veux mon avis. Je vais prendre plaisir à te refaire le portrait ma jolie. Montre moi encore un peu ce que tu vaux !
- Va chier…


Autour un fouillis de bois, de verre, de papier et de métal les enserrait. Un début de feu devait prendre quelque part car une discrète odeur de fumée commençait à chatouiller les narines.

- Allez-vous faire chier tous les deux !! Et toi finis moi ça maintenant !

Toujours aussi furieux, Mustapha au milieu de casiers écroulés avait délaissé le combat pour se consacrer au sauvetage de ses précieux carnets de recherche. Laissant à l’homme de main le soin de gérer ses dégâts. Ce qui n’empêchait pas l’ancien Lieutenant-Colonel de suivre son avancée, ses prototypes de gants électriques toujours équipés. Sitôt la situation rétablie le vieux forban ne manquerait pas de subir ses foudres également. Avant le midi, plus d’un cadavre finiraient dans l’ancienne cave à vin. Il avait toujours été prévu de se débarrasser du moindre témoin de ses expériences, la destruction du laboratoire avait seulement précipité la décision.  

Au son du matériels brisés agressant les oreilles du scientifique, le combat était reparti de plus belle entre les deux combattants. Si le Cavalier savourait de se faire les dents sur une adversaire coriace, il restait une parfaite raclure. Jouant à la moindre occasion avec la portée de son arme pour tenir en échec les tentatives d’éventrement. Le vrombissement de l’hampe tournoyante happait et broyait tous objets à portée. L’éclat de verre avait beau brasser l’air en retour, le bras restait bien court. Punissant pour l’instant les tentatives d’une réponse douloureuse, le porteur de mort continuait de marquer son ascendant…
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Tout finit toujours par flamber, c’est une règle absolue. Rien n’est fait pour perdurer bien longtemps. Seulement voilà, concernant ses recherches, Mustafa aurait bien aimé que cette règle ne s’applique pas si vite. Et pourtant, tout était bel et bien entrain de disparaître pour de bon. Une fin nuage de fumée commençait à s’élever partout dans les ruines, les flammes naissant ici du contenu d’une fiole étrange, là d’une étincelle, ou encore d’une machine qui n’avait rien à faire là. Le scientifique avait été tellement sûr de lui ces derniers temps qu’il n’avait pas pris la peine de sécuriser suffisamment ce qu’il avait de plus cher. Un tel laboratoire, dans un tel endroit, ça n’aurait jamais dû être découvert. Cette jeune femme n’avait strictement rien à faire là. Et il n’aurait certainement pas dû engager ce bon à rien de mort-vivant, là plus pour se divertir que pour accomplir ce pourquoi on le payait.

Oui, Mustapha ne referai certainement plus la même erreur. Que tout flambe. Il avait bien fait sauter son dernier laboratoire. Qu’il fasse table rase. Sa mémoire, elle, est intacte, et si il pouvait réussir à récupérer son dernier cobaye, le fruit de ses longues recherches, alors il aurait tout gagné. Il n’aura qu’à recommencer plus loin, caché plus profondément encore.

« Fini en avec cette conne, bon sang. Mais ne touche pas au cobaye. »

D’un revers de bâton, le chauve renvoya le coup de la jeune chasseuse avec aisance et se recula vers celui qui lui servait actuellement de patron.

« Pas envie de me coltiner un cadavre hihi. »

De son côté, Klara prit une seconde pour souffler. Le corps endolori, sans arme si ce n’est cet éclat de verre qui lui déchirait la paume de la main, elle n’allait certainement pas faire long feu. Et puis il fallait pas oublier l’Anguille, ancien soldat de la Marine, ce type là n’était pas seulement une tête. Le porteur de mort se rapprocha à nouveau, se fendit d’un rire grinçant, faisant s’envoler les restes de paperasses sous ses pas. Une fusée, un cavalier, fonçant droit au but. Un coup sec et brutal s’enfonça dans le mur sur lequel Klara s’était adossée une seconde plus tôt. Et qui vola en éclat. La chasseuse roula péniblement sur le côté avant de se prendre un coup de genoux du Cavalier de la mort, bien décidé à en finir. Elle se retrouva projeter en arrière avant de rebondir sur quelque chose de plus mou. Cette chose là n’avait rien à voir avec le décor.

« Mon cobaye ! » s’exclama le scientifique qui faisait griller ses électro-dials.

Il s’était lentement rapproché de son trésor, de cet homme qui avait survécu à tout les supplices. Ce gars là était en or, il fallait plus, expérimenter plus, repousser ses limites, le moduler, le sculpter. Des cobayes comme ça, on en trouve jamais. Un rat plus fort que les autres, qui défie toutes les probabilités et les statistiques établie. Une anomalie.

Klara se releva, marcha maladroitement sur le ventre de l’ancien prisonnier qui s’était retrouvé à nouveau au sol. Un nouvel arc électrique, léger, se forma au niveau de son pied. La jeune femme s’en dégagea immédiatement, parcourue d’un étrange frisson, puis balaya le sol du pied pour envoyer un tas de débris et de paperasses dans la tronche du Cavalier qui s’approchait à toute vitesse. Coupé dans sa course, il abattit son arme à l’aveugle, brisant un bureau qui n’avait rien demandé, révélant au passage tout ce qui se cachait sous le meuble. Et entre deux corbeilles pleines et des coquillages gravées, restes d’une expérience de reproduction de dials, se trouvait une jolie lame que la chasseuse reconnut entre milles. Voulant à tout prix dégager l’ignoble chauve qui se dressait entre elle et son épée, elle se jeta sur lui bras en avant pour le repousser en arrière comme une porte que l’on enfoncerait. Trop occupé à décoincer son arme de mort du sol, il se retrouva à tituber en arrière, se rattrapant à ce qu’il put pour ne pas perdre l’équilibre. Appuyé contre un reste de table d’opération, il ricana devant ce qui était sûrement la dernière tentative désespérée de la jeune femme de s’en sortir. Son rire lugubre se répercuta contre les parois des ruines jusqu’à ce qu’une force extérieur ne le coupe, transformant le rire en un cri de douleur qui tenait plus de l’agacement que de la véritable affliction.

Lassé de se faire marcher dessus et d’être constamment appelé par le doux sobriquet de « cobaye » ou bien « d’expérience », l’ancien prisonnier venant d’enfoncer tout un stylo dans la poigne du chauve, soufflant quelques mots que Klara interpréta comme voulant dire quelque chose du type « dégage ton vieux pied de là ». Il ne lui en fallut pas plus pour se jeter sur son arme et reprendre sa course vers son adversaire, n’oubliant pas de lui balancer son vieux bout de verre à la gueule, par principe, avant de frapper le bâton de sa lame, un coup pas tant porté par la force que par la rage. Parant l’attaque à deux mains dont une exhibant un joli crayon planté dedans, le Cavalier ne vit venir ni le coup de pied traître en direction du bas ventre, ni le coup de boule qui suivit, et qui fut suffisant pour l’envoyer dans le décor.

Peeter pesta, se releva péniblement, et repoussa la chasseuse de la paume, par simple réflexe, quand il vit le maître des lieux s’approcher, son coquillage chargé d’électricité dans la main. Et plutôt que de se planter dans le dos de la jeune femme, l’objet entra en contact avec un ancien prisonnier de nouveau debout, la mort dans les yeux. Et ce n’est certainement pas la sienne qu’il était entrain d’imaginer. Le choc lui parcourut tout le corps, c’est tout ses muscles et ses nerfs qui servirent de chemin tout tracé pour l’arc électrique. L’énergie balaya les débris et la paperasse autour de lui, cramant quelques restes de plans et brisant quelques objets de verre au passage. Loin d’être blessé par l’attaque, il reprit, sous le choc, des couleurs, une posture, une assurance. Ses batteries venaient d’être rechargée à bloc, trop même, et il allait falloir dégager ce surplus d’énergie.

Et si possible, directement dans la tronche de celui qui venait de le requinquer sans le vouloir.
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Le rythme cardiaque qui, si faible dans un premier temps, reprend lentement en intensité jusqu’à s’emballer. Le choc électrique encaissé m’a fait le plus grand bien, putain ce que je peux me sentir vivant à cet instant. Je sais pas c’est quoi le problème avec mon corps, mais l'électricité a rechargé mes batteries, littéralement. Des arcs foudroyant s’échappent de mes membres, ma peau, crépitant dans l’air. J’ai les cheveux qui se sont dressés au contact de la foudre et le regard mourant qui a laissé placé à un regard meurtrier. Là tout de suite, j’ai l’impression que je pourrais lui arracher la tête d’un revers de pogne.
Détail qui passe pas inaperçu aux yeux de mon tortionnaire, dont la fiole se fend en un binôme d’expressions contraires. L’émerveillement de découvrir un tel phénomène, c’est limite s’il sortirait pas son calepin pour prendre des notes, et la peur de ce qui va lui tomber sur le coin de la figue.

Parce que ce qui tombe, je peux te dire que ça lui fait clairement pas du bien. Et en même temps, il est trop émerveillé par l’évolution de son foutu cobaye que pour prendre la tangente. Toute l’électricité subitement emmagasinée que je concentre dans mes mains, sans même trop vraiment comprendre comment je me démerde, avant de lui coller une frappe des deux poings en simultané.
Pleine poire, effet foudroyant en petit bonus.
Il valdingue loin derrière, s’écrase de toute sa masse dans le bordel ambiant qu’est devenu son laboratoire, ajoutant sa touche de chaos à la pièce. Dans un premier temps, il jacte pas un mot, prends le temps d’assimiler ce qui vient de se passer. Puis, un toussotement agite ses côtes, preuve qu’il vit encore. Mustapha grommelle, grimace, avant d’exploser de rire. Putain de merde, encore un foutu dégénéré qui adore souffrir… Y’en a toujours un de ce genre quand ça va mal, ces espèces de tarés qui pourraient s’exalter en étant transpercé par un pieu en plein bide.

Merveilleux… Incroyable, vraiment incroyable ! Le revoilà sur ses guibolles, un brin courbé, haletant, y’a du sang qui lui pisse du nez et de l’arcade. M’a l’air d’avoir morflé et ça me réconforte un minimum. Je dois dire que je ne m’attendais pas à ça… Que l’électricité me fasse mal de nouveau… merveilleux ! Il a l'œil fou du scientifique obsédé qui vient de percer à jour la formule d’un problème qui lui bouffait le cerveau depuis trop longtemps. Je bite évidemment rien à ce qu’il veut dire. Tu veux une seconde châtaigne électrique ? Il a l’air de m’en rester pas mal en réserve. Il sourit, amusé. Pas l’effet escompté je dois dire. Je mire un coup la gonzesse pas loin, puis l’autre chauve. J’ai rien à foutre au milieu des deux, puis j’ai des comptes à régler avec le salopard masochiste.
Tu vas réussir à tenir le temps que je lui explose la tronche ? J’ai presque l’air de l’insulter, la pauvre, avec cette question. C’est que depuis tout à l’heure elle passe un mauvais quart d’heure, même si on a réussi à rééquilibrer la balance.

« T’as cinq minutes. » Ce qui me semble largement suffisant pour tordre le cou de ce petit enfoiré. Hochement de tête, je reporte mon attention sur le basané. Sacré morceau quand on prend le temps de regarder, et les gants spéciaux délivrent de sacrées torgnoles électrisantes. Cinq minutes, c'est trois de trop pour en finir avec cette mascarade ! Il encaisse mal la situation lui, ou alors il est du genre à se voiler la fiole. Y’a tout qui part en couilles autour de lui, son labo’ entier est foutu et lui pense à une blague. Mes phalanges qui brisent tes narines ce sera pas de la farce. Le coin droit de mes lèvres s’étire un moment avant de retomber, je me fumerai bien une clope.
A la place de quoi, j’ai mon adversaire qui me charge la gueule, bien décidé à me tataner pour me ramener dans ma cage en verre. ‘Fin, une nouvelle je suppose, l’autre a légèrement été fracassée en mille morceaux.
Une frappe qui fauche l’air sur ma droite, mais qui donne rien. Le bâtard a feinté pour mieux m’encastrer son gant dans le flanc gauche. Le truc c’est que c’était inutile, mon corps a pas bougé depuis des jours, des semaines, je sais pas trop… Ce que je sais, c’est qu’il est pas aussi réactif que d’habitude et j’ai pas la chance de pouvoir esquiver. Le coup me plie en deux, une décharge électrique est relâchée, la force me propulse contre une armoire contenant un tas de fioles à la con qui tombent, se brisent ou se déversent sur ma trombine.

Si la foudre me fait pas plus d’effet qu’une léchouille de chaton, le reste a de quoi me faire grimacer. Le salopard tape comme un âne et pas un vieux. Me relève après avoir fait le ménage de toutes les merdes autour de moi, au sang et la sueur s’ajoute du liquide coloré et puant dont je veux pas connaître la provenance.
Tout ça me gonfle furieusement.
Y’en a qui diraient qu’ils ont vu pire, moi c’est le pire jour de ma vie. Et l’autre con qui revient à la charge, les gants crépitants comme un foutu dieu du tonnerre venu t’abattre sa foudre sur le coin de la gueule. Mais de la foudre, j’en ai aussi à revendre. Et quand il tape de la paume de la main, je contre avec mon avant-bras, ma main libre se ferme et les phalanges heurtent son bide une première fois, puis une deuxième.
Chaque impact, chaque interférence entre nos deux corps, libère une série de décharges électriques qui balaient les alentours par vague venant s’écraser contre les murs, le mobilier, ou se perdre dans l’air au bout de quelques secondes. Requinqué, mais toujours autant amoché, j’ai pas intérêt à faire traîner le merdier. Si j’ai la force de cogner, mon corps l’aura pas d’en encaisser autant.

C’est pas un grand combattant que j’ai en face, mais il a pas subi la torture et l’isolement durant une éternité, lui. Il a pas l’impression que ses muscles pourraient imploser à chaque mouvement qu’il se force à faire. Ce qu’il a pas non plus, c’est une furieuse envie de vivre et de se venger, ainsi que de foutre le camp d’ici et retrouver sa liberté.
Les bras entremêlés, cherchant à prendre le dessus sur l’autre, mon pied balaie ses jambes soudainement et suffisamment pour le déséquilibrer, mon poids et ma force faisant le reste, je le plaque au sol. Yeux dans les yeux, les dents serrées et la haine au ventre, je libère l’électricité qui demande que ça et lui colle une nouvelle châtaigne bien corsée en voltage. La pièce s’illumine sous la lueur de la décharge et l’instant d’après, seule celle des flammes rongeant ci et là le laboratoire continue de briller.

Autant il a l’air de bien encaisser l’électrocution, autant celle-ci j’ai comme l’impression qu’elle lui a picoté plus que le bout de son zgeg.  

Une clope…
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S'extrayant d'une bibliothèque affaissée dans un râle appesanti, la vieille carne égrainait les débris brisés collectés au cours de sa traversée du laboratoire. Le coup de boule l'avait tiré dans un recueil d'ouvrages poussiéreux. La mémoire des grands hommes de sciences s’aplatissait dorénavant sous ses pieds ignares. Morceau de bois et de verres venaient ensevelir les pages écornées de son passage. Bien qu'encore sonné, un rictus des soirs de beuverie lécha ses babines. Le mal de tête répondait présent. Il malaxa machinalement son cuir endolori tout en cherchant à comprendre ce qui venait de le miner. Une cascade de douleurs l'avait envoyé dans le décor. Un morceau brisé toujours planté dans sa main droite lui offrit un début de réponse. Le rat encagé avait mordu la main nourricière en bonne guerre. Le sang s'en écoulait généreusement alors que la douleur se faisait criante. Lors de son atterrissage forcé le crayon avait vrillé dans la chair, avant de se briser. Le reste était resté fidèle à l'avant goût l'ayant encastré dans le sol quelques instants auparavant. Il secoua son corps fourbi et bossu, puis fit un nouveau pas pour entrer dans le troisième round. Saisissant l'hampe de son arme au passage dans sa dernière main valide sans rien laisser paraitre, ses contours se floutèrent par le jeu de doigts chevronnés.

Une brise glacée par l'aura pesant sur les épaules du forban s'en alla lécher l'échine de la guerrière nouvellement armée. Dans son dos, les deux autres zouaves se tartinaient la tronche allègrement à coup de châtaignes lumineuses. Bien décidé à faire rempart pour préserver le crâne contre crâne, la louve bloquait le chemin. La posture cabossée fièrement dressée en signe de défi. Le pirate se réjouit de ne pas avoir à lui courir après. Le tournoyant de l'arme s'accéléra alors qu'un rire provocateur assaillit son adversaire.  

- Cinq minutes que tu dis ?! Héhéhé !! Ne me déçois pas alors ! Assume tes paroles ou t'subiras ma colère !!

Glissant en un souffle jusqu'à la bretteuse, la porte des limbes se brisa en trois frappes successives. Se confondant sous la vitesse impulsée, les serres du corbeau se refermèrent sans laisser d’échappatoire. Si les deux premières furent contrées d'un mouvement de poignée adroit de la demoiselle, la troisième s'écrasa lourdement sur une clavicule. Compensant le changement de main, le Cavalier s'arcbouta sur le manche du gourdin de son épaule pour en appuyer le poids. Grimaçant sous la douleur, la combatante s'écrasa lourdement genou à terre. Le temps sembla s'éterniser mais ne dura qu'un second souffle. A peine la pression se retira que l'extrémité opposée remonta lui happer la mâchoire. Une échappade en arrière par une torsion du cou préserva la structure du minois mais ne pu le soustraire à la lézarde sanguinolente qui lui entailla le nez. Elle aurait pu remonter sa lame pour parer le coup, mais avait préféré tout en esquivant l'assaut piquer en avant. Droit dans le flanc du Cavalier. La victoire fut de courte durée car deux autres coups ricochèrent de part et d'autre de son crâne chevelu.

Dégageant la donzelle d'un coup de savate vengeur, le pirate englua sa main meurtrie dans le poisseux du sang de son bas ventre. La plaie se révéla profonde.. Rugissant comme pour rappeler sa détermination, le vieil homme referma férocement sa main blessée contre son arme, éveillant du même coup une myriade de douleurs acérées. Un filet de sang gicla avant de se stopper sous la contraction de la poigne. Il chargea sans attendre la combattante en partie sonnée. Écrasant de nouveau son arme à proximité de la tempe, la seconde d'après la frappe haute fut déviée et une nouvelle marque entailla le corps desséché du Porte-Mort. Écrasant son poings contre le poing venant le cueillir, il bloqua une lame et fit sonner son crâne. Les deux jouteurs firent un pas de côté avant de retourner à l'assaut en changeant d'approche. Frappant, parant, frappant, parant.. Chaque mouvement irradiait tout son corps depuis son flanc transpercé jusqu'aux derniers de ses orteils. Son teint devint fiévreux et sa férocité grandit. A mesure que son corps se couvrait d'estafilades, que son sang glacé s'écoulait à ses pieds, ses coups devenaient plus pesants. Coups après coups le Cavalier avançait inexorablement. Il prenait de nouveau du terrain...

Écrasant une nouvelle fois son gourdin contre la lame tentant de le transpercer, il ne lâcha prise que pour mieux cogner de nouveau. Pendant que la chasseuse de prime gérait le contre coup, ses bras fermes se déformèrent sous un gonflement musculeux pendant qu'il arma sa frappe. Les cinq minutes arrivant à son terme, il ne s'agissait plus de batailler mais bien de pulvériser la saloperie de garde lui résistant. Bien que tout son corps lui hurlait de douleur, il abattit son arme une dernière fois...

C'est alors que dans le dos de son adversaire une lumière aveuglante fondit sur ses rétines. Criant de surprise et de douleur, le forban couvrit ses yeux attaqués mais le mal était fait. A l'unisson les lampes électriques parsemant le laboratoire éventré gagnèrent en intensité puis volèrent en éclat. La pièce se trouva illuminée d'un blanc éclatant avant de sombrer dans le noir le plus profond...
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L’espace d’une seconde, le temps sembla se stopper. L’aveuglement provoqué par l’éblouissement puis l’obscurité totale laissa le temps à Klara de sentir tout ses nerfs à vifs. Ça ne pourrait continuer comme ça. Le combat ne menait à rien, elle le savait à présent : se battre contre ce type, c’était comme se battre contre elle-même. Aucun ne voulait se laisser abattre, et plus elle tabassait ce chauve, plus il devenait hargneux. Elle aurait pu aussi bien se battre contre une hydre, le résultat aurait été le même. Elle accueillit la vague électrique qui balaya l’endroit comme une bénédiction : une pause miracle, le temps de prendre une grande inspiration, de se ressaisir. Elle ferma les yeux, se concentra. Une fois l’impulsion évaporée, elle ferait face une nouvelle fois au porteur de mort. La dernière. Lui ne sortira pas de ces ruines. Elle en était persuadée. 

Au lieu de ça, lorsque les quelques ampoules survivantes brûlèrent à nouveau et que la chasseuse rouvrit les yeux, plus personne ne lui faisait face. Pas un mouvement, rien. Un silence complet. Il s’était évaporé, avait disparu dans le néant, comme si la Mort était repartie dans son obscurité. Comme si ce type n’était rien de plus qu’un fantôme. Même derrière-elle, c’était le silence complet. A croire qu’en une seconde, toute vie à part la sienne avait quitté les lieux. Elle lâcha son épée, dans un bruit cinglant qui vint se répercuter contre les murs, brisant le silence religieux qui avait prit possession de l’endroit. Un tremblement. L’édifice fut parcouru par une sorte de frisson, de la poussière tomba du plafond. Elle se retourna, pour faire face à ce qu’elle prit d’abord pour deux cadavres. Celui de l’ancien prisonnier, tout d’abord, affalé sur le côté, contre un bureau. Exténué, blessé, le temps semblait l’avoir rattrapé, la douleur et la fatigue avec. Il bougeait à peine. A ses pieds, le corps inanimé de l’Anguille. Klara grimaça. Le dernier coup, celui qui avait fait vriller tout le laboratoire, venait de l’achever. Son visage était à moitié cramé, une expression d’horreur pouvait se lire ce qui lui restait de reconnaissable. Une tête comme ça, c’était difficilement reconnaissable, mais elle n’allait quand même pas laisser ce qui était, à la base, sa proie, ici. Elle s’approcha difficilement des deux hommes, le corps endolori, en récupérant sa lame, la traînant lourdement derrière-elle. 

« Vite », fit-elle.

Peeter usait de ses dernières forces pour fouiller sa poche et les alentours, sans doute à la recherche d’un briquet. Nouveau tremblement. Plus localisé, cette fois. Au dessus d’eux, une fissure se forma, et quelques gouttes d’eau se mirent à pleuvoir sur leurs visages. 

« ‘chier… Faut… se barrer… articula difficilement Peeter.
- Laisse moi lui couper la tête, d’abord. »

Elle n’avait rien d’une chirurgienne. Si en plus, on la pressait par le temps… Le résultat, qu'elle jugea elle-même comme satisfaisant, était atroce. Le cou de l'Anguille ressemblait à une sorte de bouillie ou de soupe rougeâtre, avec quelques morceaux. Mais au moins, sa tête était maintenant transportable. Une odeur de cramé embaumait la pièce.

« Et... l'autre? »

Klara se sentit honteusement frémir. 

« Disparu. Allez. »

La chasseuse passa le bras du blessé par dessus ses épaules et dû user de ses dernières forces pour le soulever. Elle en déduisit qu'il devait représenter l'équivalent de deux Klaras, et que l'aider à attendre la sortie ainsi allait finir par l'achever. L'autre issue étant la noyade, elle n'hésita pas plus que ça. Mais plus elle avançait, plus les forces lui manquaient, et plus elle pensait à ce qui l'attendait au fond des ces couloirs en ruines. Elle revenait sur ses pas, et les probabilités que son copain homme-poisson rencontré le jour même soit toujours là à l'attendre sagement sont plutôt minces. 

« J'ai réfléchi, lança-t-elle à l'encontre de l'ex-prisonnier qu'elle portait à moitié. Je crois qu'on va mourir noyés.
- Je suis à moitié... mort. Pas... aveugle... » parvint-il à répliquer.

Au dessus d'eux, de multiples fissures perturbaient les motifs des murs et du plafond, les suivaient, zigzaguaient, faisaient filtrer l'eau de l'océan au dessus d'eux. Sous leurs pieds, le sol tremblait. Ils passèrent une grille en métal fendue, et Peeter buta contre un scaphandre en cuivre qui traînait par là. Un peu plus loin, au bout d'un tunnel que Klara connaissait, se trouvait le lac souterrain artificiel qui lui avait permit d'arriver jusqu'ici. La chasseuse n'eût que le temps d'entrevoir une ombre apparaître à la surface de l'eau, avant de sombrer sous le poids des blessures.
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Le changement d'ambiance est assez brutal, d'un bordel sans nom où quatre types se foutent sur la tronche sans la moindre synchronisation, à un calme plat, dominé par une obscurité pesante. On aurait presque du mal à y croire, tout comme j'ai du mal à croire que je sois encore en vie, en liberté et que mon corps se soit transformé en une espèce de poche de stockage géante pour électricité. Par contre, ce dont je doute pas un instant, c'est de la douleur qui irradie ma carcasse, frappant par vagues successives.
La lueur des ampoules survivantes éclaire de nouveau le coin et je constate qu'il reste plus une trace du mort-vivant. Il s'est tiré durant la coupure de courant, probablement qu'il a dû sentir le vent tourner et anticiper comment ça allait mal finir pour ses miches à s'entêter ici. Ou alors c'est juste un enfoiré de mercenaire qui fout le camp dès lors qu'il voit que son employeur est tombé. C'est humain de pas avoir de race, après tout.

Je m'effondre contre du mobilier, épuisé. J'ai bien du mal à bouger et je me demande comment je vais pouvoir sortir de ce merdier avant que tout me retombe sur la fiole. Parce que là-haut, ça s'agite, menace de s'effondrer. Et franchement, après tout ce que je viens d'encaisser, après avoir survécu à la torture et la captivité, les expériences et le dernier combat, ça me ferait hurler que de crever, ensevelis sous les décombres de cet enfer. Mais y'a justement un truc qui joue en ma faveur, revenir des enfers, je sais faire.
L'autre se ramène vers nous, pointe de l'épée qui grince sur le sol froid du laboratoire. Je sais pas pourquoi, mais j'ai une seconde hésitation où je me demande si elle vient m'achever où m'aider à foutre le camp d'ici. Je suis loin d'être serein à la mirer se rapprocher, arme mortelle en main. J'ai vu ce dont elle était capable avec, et moi je suis plus capable de grand chose dans cet état. Un peu comme un condamné avec son ultime repas, je fouille mes poches à la recherche d'une clope opiumée. Mais ça ducon, c'était possible avant que tu te fasses attraper et séquestrer comme un gland. Bien sûr que mes foutues poches sont vides.

Mon état de stress cesse de grimper dans les tours quand je capte que son regard reste braquée sur mon ancien tortionnaire et que c'est lui qu'elle veut. Ou en l'occurrence, sa foutue tête. Tseuh.
Moi, au contraire de me saigner à mort, elle cherche à me soulever. Je force autant que possible sur ma chair endolorie pour l'aider et nous laisser une chance, mais j'y crois pas trop. J'ai bien envie de lui dire de me laisse là et de décarrer tant qu'elle en a encore la possibilité, mais j'ai pas la force, j'économise. Puis aussi, j'espère qu'elle se sortira suffisamment les doigts pour me sauver miraculeusement. Surtout ça, en fait.

Mais ça pue tellement la mort en prévision que mon cœur semble déjà prendre de l'avance, comme la désagréable sensation qu'il se met lentement en arrêt, ou alors c'est mon cerveau qui se barre loin de là. Y'en a un des deux qui est dans le déni, de ce que j'en sais. Moi qui pensait finir étouffé par les décombres, désormais une mort par noyade me paraît plus imminente. Je sais pas comment c'est possible, mais on dirait que ce foutu laboratoire de merde a été conçu sous l'eau. Et si j'ai déjà toutes les peines du monde à marcher, nager c'est même pas la peine de l'envisager…
Alors vous commencez à connaître cette vieille rengaine que je me trimbale et rabâche sans arrêt, comme un ex qui veut pas lâcher les miches de son ancienne copine. Le karma, cette pute, finira par avoir ma peau. Je l'ai toujours dit et j'en suis persuadé. Sauf que cette fois, va savoir pourquoi, ça doit pas être mon heure, mais le destin joue en ma faveur. En notre faveur, même. Mon pied se fracasse sur un truc solide et le reste de mon corps, aussi fragile qu'une brindille, s'étale à terre dans la foulée. Une espèce de combinaison de plongée, de ce que je vois. Ce truc… Va nous aider à survivre, que j'aurai aimé avoir le temps de dire à la bretteuse, mais ses efforts et ses blessures la rattrapent et c'est une fin de tournage pour elle.  

J'espère que c'est pas définitif, parce que je m'en voudrais foutrement et j'ai bien assez de remords et regrets qui me parasitent le crâne quotidiennement pour en rajouter.
Une chose s'extirpe de la flotte, plus loin. Pas si loin que ça en réalité, mais dans l'esprit d'un presque mort, mon esprit, ça parait être une éternité. Comprenez que j'ai pas bougé depuis que je me suis ramassé, pas la force, ni la foi. Par contre, j'ai commencé à essayer d'enfiler la combinaison. Un homme-poisson, visiblement pas surpris de ce qu'il trouve ici, se ramène tranquillement et examine la situation. Son regard s'attarde sur la femme qui a pris de l'avance sur le sentier mortel et moi, qui traîne à l'emprunter, comme à mon habitude. — Il y a un autre équipement proche de l'eau, traînez pas pour mettre le vôtre. Je reviens vous chercher.
Je bite pas ce qu'il veut dire, mais le regarde embarquer la gonzesse et se tirer avec. Moi, j'essaie de m'affoler pour finir de m'habiller. Tout juste le temps de finir, ajustant l'espèce de casque au mieux, qu'il est de retour. On y va. Sauf que pour moi, c'est foutu. — Peux...pas… Le poids de la combi' rend tout déplacement impossible dans mon état.
Il me charge d'une main sur son épaule, comme si de rien était, et repart vers la sortie. Le reste, c'est assez flou.

Le plafond qui commence par se détacher par bloc rocailleux entiers, le poiscaille qui presse le pas. Un morceau de roche qui percute mon casque, sans le briser, mais pas loin. Et surtout, c'est suffisant pour me sécher. Le temps qu'il charge la gonzesse et qu'il se jette à l'eau, trimballant nos deux poids comme de vulgaires sacs de patates, je perds connaissance.
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