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Dernière ligne droite - Shaïness

Deux compagnons.
Seulement deux. Les autres étaient en lutte avec la Marine, et seuls ces deux là étaient parvenus à suivre l'avancée du cuistot. Après avoir quitté la prison du QG, ils avaient atteint les entrepôts et subtilisé du granit marin et un log pose. Heureusement pour eux, le plus dur était derrière eux.

Épuisé et en sale état, Suiji ne tenait encore sur ses pieds que grâce à son impressionnante résistance. Du sang goûtant de son épaule et de son côté gauche ; sa tête bandée l'élançait régulièrement ; il parvenait à peine à prendre appui sur son pied gauche ; son épaule droite, bien que elle aussi bandée, lui arrachait une grimace de douleur dès qu'il essayait de bouger le bras avec trop de brusquerie.

En quittant le bâtiment où il venait de vaincre le lieutenant Rachel Blacrow, il clopinait désormais avec ses compagnons en direction du port, réalisant seulement de la panique qui régnait sur le QG de North Blue.

Au loin, des flammes s'élevaient paisiblement vers le ciel. Dans tous les sens, les soldats courraient par groupes d'une dizaine, essayant de maîtriser les plus petits groupes de prisonniers. Une odeur de poudre imprégnait l'air, des explosions et coups de feu résonnaient. Aux cris des hommes se mêlaient les cris des bêtes lâchées par Suiji un peu plus tôt.
Un instant, le pirate resta subjugué devant cette vision de chaos. Beauté sauvage et destructrice. Le sang de celui-ci giclait dans une courbe harmonieuse, celui-là esquivait avec habileté un coup et répliquait habilement. Plus loin, une femme prostrée près d'un compagnon d'arme.

« Suiji, faut qu'on bouge. »

La voix de Ivan ramena le cuistot à la réalité.

« Allez retrouver le capitaine Vail. Il a peut-être besoin d'aide. Et surtout, attention au granit marin. »

Les deux hommes hochèrent la tête ensemble, et s'éloignèrent, interceptant de temps à autres des évadés isolés pour leur demander des renseignements sur le capitaine des Guns and Gun's.

Le cuisinier était désormais seul. Sans s'inquiéter outre mesure pour le granit marin, il coupa au milieu de la cour du QG, cherchant du regard les plus fortes explosions, et TNT. Il avait confié au second de Vail son lémurien, et il n'avait qu'une confiance limitée dans les capacités du mafieux quant à la manière de s'occuper des animaux. Qui plus est, il n'était pas sûr que le bateau soit au port, et seuls les deux dirigeants de l'équipage devaient savoir où le trouver.

Pas de sortie possible s'il ne parvenait pas à en trouver au moins un des deux. Il vérifia que le log pose dérobé était toujours dans sa poche, saisit le couteau volé à Balcrow dans sa main gauche, et poursuivit son avancée, errant plus ou moins au hasard, suivant les explosions.
Il fut repéré par trois soldats qui le braquèrent et lui sommèrent de s'arrêter.

Docile, le cuisinier s'immobilisa, leva les mains en l'air... et pu voir un prisonnier foncer sur les marines, un sabre dans chaque main. Cette diversion suffit pour que le pirate s'esquive et reprenne sa course en direction du bâtiment en flammes le plus proche.

Soudain, une chevelure rose détourna l'attention du pirate qui s'immobilisa, intrigué par la frêle silhouette totalement déplacée dans un tel tableau.

*Une femme...*

Elle n'était pas la première femme qu'il voyait dans une telle situation, mais celle-ci semblait bien trop gracile pour être une combattante, criminelle ou marine.

« Hep, toi ! C'est dangereux de rester ici. Les balles se perdent vite. Si tu veux sortir d'ici, t'as qu'à me suivre. Je fais partie des Guns and Gun's. »

Si c'était une évadée – à bien y regarder, elle ne l'était sans doute pas -, elle le suivrait rien qu'au nom de l'équipage puisqu'ils étaient à l'origine de l'attaque. Sinon, eh bien, il ne risquait pas grand' chose ! Un tel poids plume ne devait pas présenter grand risque.
      Spoiler:

      Chaos... Tout était chaos. Je n'avais jamais assisté à un vrai combat, hormis les affrontements sur les rings lors des entraînements que je devais subir ou les compétitions. Ça, franchement, je n'avais jamais compris pourquoi les hommes aimaient tellement se battre et se faire mal. Sûrement quelque chose à voir avec ce besoin quasi maladif chez certain d'entre eux de prouver leur virilité et assurer leur place de dominant. Personnellement, je ne tombais pas en pâmoison devant un cocard ou une plaie. Je ne tombais pas non plus dans les pommes. Enfin... je ne tombais plus. A bien y regarder, j'étais une véritable chochotte avant mon arrivée au gouvernement. Un ongle arraché, et la fin du monde ne pouvait pas être pire. Heureusement, je m'étais un peu endurcie. Les sessions de préparation physique, ça allait encore. Ça ressemblait aux cours de danse, en plus bruyant. Encore un truc d'homme, cette manie de gueuler comme un porc, éructant des postillons comme un geyser gonflé de gaz. Franchement, j'suis pas sourde. Et me crier dessus n'allait pas plus me motivée à grimper votre tas de rondins... Enfin, les hommes, quoi...
      J'avais aussi plus ou moins survécu aux cours de combats. Je crois surtout que j'avais fini par décourager l'instructeur. Non le combat ne m'intéressait pas. Une fois que j'avais appris ce dont j'avais besoin pour me défendre, je ne m'étais plus vraiment motivée. Il fallait dire que je n'étais absolument pas taillée, physiquement comme moralement, pour le combat. Je pratiquais donc un style essentiellement défensif, quand style je devais pratiquer. Pour le moment, j'avais surtout poli et acéré mes capacités en dissimulation et esquive. Pas la peine de savoir combattre, quand on n'est jamais au coeur d'un combat, n'est-ce pas?

      Bref... tout ça pour dire que déjà, à la base, je n'étais pas spécialement la personne à mettre dans une situation de combat. Donc ce qui se passait au QG de North Blue me dépassait totalement. Des explosions, des cris, du sang, des combats, des membres qui volent, des.... animaux... oh, un slip qui s'envole... Hum, définitivement pas mon truc.

      Mes compagnons de route CP5 se ruèrent sur le champ de bataille et la fumée des feux qui commençaient à flamber royalement me les fit perdre de vue. Je connus un instant de pure panique, en me rendant compte que j'étais toute seule, là, vulnérable et en grand danger.

      Avec le recul, je crois que ce fut la pensée comme quoi j'étais potentiellement une proie facile qui me donna le coup de pied au popotin dont j'avais besoin. Tout, sauf ça! Bon sang, j'étais Shaïness Raven-Cooper, héritière malgré moi de générations et de décennies de savoir Marines. Le courage, ou à défaut l'inconscience, devait être inscrits dans mon code génétique ! J'étais CP5, une agent du gouvernement réputée pour ses compétences en matière d'espionnage et de diplomatie. Et enfin, et pas des moindres, j'étais une révolutionnaire! Je ne pouvais pas être une victime! C'était littéralement impossible.
      La fierté me tuera un jour. Au moins, cela sera une belle mort, bien que parfaitement inutile et surtout très conne. Je haussai une épaule désabusée: de toute façon, je n'avais pas prévu de mourir tout de suite.

      Aussi, je pris le temps – enfin, autant qu'il m'en était donné – pour examiner la situation présente, et je pris la très sage décision... de me planquer.
      Je précise que ce n'était pas de la fuite. Fuir, c'était faire tourner le bateau vers l'horizon et partir en pleurant comme une petite fille. Se planquer, c'était du bon sens.
      J'avais une mission après tout.

      Je ne me rappelle pas trop de comment j'ai trouvé ma planque, ni même de quoi elle avait l'air. Je sais seulement qu'elle était un mini havre de paix et de sécurité. Combien de temps s'écoula ainsi, moi cachée mais à l'écoute de tout, prête à bondir si quelqu'un – ou quelque chose – venait en ma trop proche proximité? Des heures, me sembla-t-il, mais sûrement moins de vingt minutes. Quoi que...

      De là où je me dissimulai, près des quais et des entrepôts, car je n'avais pas voulu m'approcher trop à l'intérieur de la base, je n'avais qu'une vision partielle des choses. Cependant, un peu d'observation me laissa penser que certains prisonniers s'étaient échappés! Misère!!! Et si ma cible était parmi eux? Comment le retrouver? Bon, s'il se faisait tuer, ça m'arrangeait presque: au moins, je savais qu'il ne parlerait plus à personne. Mais encore une fois, comment serai-je certaine qu'il était bel et bien mort?
      Avec un grognement de frustration et un soupir à fendre de l'âme, je m'extirpai de ma cachette en m'époussetant...

      Et là, je me raidis. Je portais un uniforme CP5... Certes, intégralement retouché, ne serait-ce pour pouvoir placer ma poitrine dans leur satané haut, mais surtout pour être stylisée. Honnêtement? Le haut commandement en avait peut-être rien à cirer, mais je reste persuadée que des beaux uniformes à la mode, tout en étant pratique et commode dans l'application des missions quotidiennes, est une clé du succès. Quand je rentre dans une cellule pour interroger un suspect, mes talons aiguilles et mon uniforme ajusté ont beaucoup plus d'effet que leur immonde combinaison.

      Sauf que là, dans le cas présent, les talons aiguilles n'étaient pas tip-top. Bon, les hommes ne se rendent pas compte des aptitudes des femmes. Je suis capable de piquer un sprint avec mes talons. Je ne bats pas le record du monde, mais je tiens une vitesse honorable. Si je peux monter et descendre des escaliers avec des pointes de 14 centimètres, alors, je peux tout faire, depuis porter un carton jusqu'à enfoncer lesdits centimètres dans un œil, un ventre ou un genou.
      Mais là, l'option champ de bataille ne.... Déjà, ça allait me bousiller la semelle. Et puis, le sang et la poussière? Mes escarpins étaient irrémédiablement foutus. Il faudra que je me trouve des bottes en passant. Ou alors, des bottines. En cuir, avec une petite boucle de métal, de préférence.

      Lentement, j'ôtais tous mes insignes... donc pas grand chose, et je défis en grimaçant les coutures qui faisaient trop officielles. Détruire de mes doigts mon tailleur.... Le premier qui me fait une remarque sur les fils qui pendent se mange une mandale de shoppeuse contrariée. Et ça fait mal. Demander à mon grand frère....
      Voilà, j'étais le plus neutre possible, si on n'y regardait pas de trop près. En tout cas, pas visiblement Marine, ni ouvertement gouvernementale. Pour autant, je ne faisais ni pirate ni prisonnière. Juste... une civile... Ce que ferait une civile dans ce coin paumé, aucune idée, mais je trouverai bien si le besoin s'en faisait sentir. Ce n'était pas comme si je ne mentais pas comme je respirais, n'est-ce pas...

      Les premiers mètres furent une épreuve qui mirent mes nerfs à vif. J'avais l'impression d'avoir des milliers de regards fixés sur moi, et autant de gueules de fusils ou de canons. Je vivais dans la peur constante que j'allais me prendre une balle ou un coup à chaque micro-seconde. Puis, quelque part, je réalisai que rester là, à bouger tout doucement était le meilleur moyen de se faire repérer.
      Ou du moins, c'était ce que je voulais avoir pensé. En fait, il y eu une explosion jusqu'à ma droite, le souffle me jetant à terre alors que des bouts de bois et de métal volaient tout autour de moi. Alors, là, je me relevai et partis à toute vitesse en hurlant comme une petite fille.
      Claaaaasse...
      Heureusement qu'il n'y avait pas de journaliste dans le coin...

      Et bizarrement, je traversais presque toute la cour centrale en ligne droite, zigzaguant un peu pour éviter les amas de débris, les corps ou les combats, toujours en criant jusqu'à ce que je n'eus plus de voix. Après, je continuai devant, mais sans crier, trop occupée à chercher un second souffle et à comprimer un point de côté.
      Ce jour-ci, mon ange gardien a dû faire des heures supp' et se gagner des cheveux gris à foison, car j'arrivai au bout de la place indemne, si ce n'était les écorchures faites lors des mes deux ou trois chutes. Talon aiguille Vs bout de bois traitreusement enfoui, étrangement, le premier perdait. La vie est parfois tellement injuste!

      La respiration haletante, les cheveux totalement décoiffés, et surtout complètement paumée, je fis route vers le premier bâtiment, bien décidée à trouver les prisons et un certain type. A ce moment, on m'interpella.

      Je commençai par sursauter et me plaquer contre le mur le plus proche. Ma main vola jusqu'à mon arme, ce petit sabre que l'instructeur m'avait donné à contre-coeur, persuadé que j'allais finir par me tuer avec, et la bobine de fil attachée à mon poignet. Instinctivement, je me mis en position de défense. Rooo, mon prof aurait été fier de moi... Ou pas, en fait...

      Un pirate, salement amoché, qui plus est. Un Guns and Guns... J'avais lu les rapports sur cet équipage, qui avait été capturé en grande partie assez récemment. D'autant plus qu'ils étaient emprisonnés sur ce QG, donc lors de ma préparation pour cette mission, sur le navire nous conduisant d'un Blue à l'autre, j'avais eu le temps de me familiariser avec le thème. Ceci dit, si je reconnaissais plus ou moins son visage, déformé par les coups et le sang, je ne me rappelais plus de son nom... ni de quoi ou qui il était. Dangereux? Sûrement! C'était un pirate après... Mais je n'étais pas spécialement contre lui... Enfin, mon vrai moi. Par contre, s'il voyait la CP en moi, j'étais cuite.

      - « Je ne peux pas partir. » soufflai-je doucement, déjà parce que j'étais totalement enrouée d'avoir hurlé comme une hystérique, et surtout, pour ne pas le mettre sur la défensive. « Je cherche quelqu'un. Un prisonnier, récemment arrivé. » Ce n'était même pas un mensonge, en plus! Avec ça, j'étais garantie de ne pas avoir à me battre contre lui. Du moins, je le souhaitais ardemment. « Sais-tu où sont les cachots? » Oh, si ça se trouve, j'allais même me trouver un guide!!! C'est beau, l'espoir, hein?
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    Spoiler:


      La réponse surprit le pirate. Il s’attendait plutôt à une longue tirade pleine de terreur, d’angoisse et de désespoir de la part de Miss Barbie. Ses cheveux roses lui donnaient vraiment une tête de poupée pour qui un vernis écaillé est plus important que la destruction d’un pays entier, et en aucun cas il ne se serait douté qu’elle venait pour chercher quelqu’un. Depuis quand ce genre de donzelles fricotait avec les criminels ? Elle cherchait un parent ? Un amant ? Peut-être une histoire de vengeance…

      Il inclina la tête vers la droite, puis vers la gauche, avant de la remettre droite. Diantre. Le zoologue se sentait tout aussi décontenancé que face à une espèce animale inconnue. Son regard s'attarde sur les fils qui pendent - *esquive la mandale* - et semblent totalement déplacés sur une fille pareil. Bon. Elle était peut-être pas aussi poupée barbie qu'on pourrait le croire. Quelques tâches lumineuses brillaient devant ses yeux, et bien que sa priorité pour le moment fusse de fuir ce champ de bataille, pourtant, le pirate sentit une poussée de courtoisie et de gentil-hommisme le poussa à ne pas snober tout bonnement la demoiselle.

      « Second bâtiment à droite après celui qui brûle juste là. »

      Il désigna du menton une zone particulièrement ravagée du QG, avant de poser un regard terne sur l'étrange femelle. Un instant, il eut l'image de cette créature fragile sous le joug d'une dizaine de marines qui la menaceraient, peut-être que certains essaieraient même d'abuser d'elle ! Ceci dit, les prisonniers aussi étaient une menace. Et s'ils croyaient qu'elle était une membre de la Marine ? Pire, une CP ?!

      Un frisson désagréable lui parcourut l'échine alors qu'il envisageait tout ce qu'elle pourrait subir entre les mains expertes de pirates mal intentionnés. Les élancements douloureux dans tout son corps lui criaient qu'il ferait mieux de regagner au plus vite son équipage ; sa conscience lui hurlait le contraire.

      *Bordel... Manquait plus qu'ça...*

      Il lâcha un soupire, regrettait déjà ce qui allait arriver, et raffermit sa prise sur le couteau qu'il avait volé à Blacrow quelques minutes plus tôt.

      « Magne-toi, j'ai pas envie de perdre trop de temps à jouer les gardes du corps. C'est qui le type que tu cherches ? »

      Tout en parlant, Suiji entraîna fermement Barbie Girl dans la direction qu'il venait de lui indiquer, ne lui laissant pas vraiment le temps de protester. Il tenait à ne pas perdre trop de temps. Les bâtiments les plus proches du port étaient en flammes, mais les Marines étaient tout de même mieux équipés, en meilleure forme, et le cuisinier avait pu constater que malgré les lourdres pertes des soldats, de nombreux prisonniers étaient étendus à terre, sans vie.

      « Inconsciente. C'est pas une ballade de santé ici. »

      Sa voix était cinglante, glaciale. Il ne ressentait pas de colère, mais un mépris immense. La phase de surprise passée, il se rendait compte de l'absurdité de l'idée de cette femme. Elle aurait bien besoin que quelqu'un l'attrape et la secoue comme un cocotier pour lui remettre ses quelques neurones en place.
      Femelle stupide.

      Il entendit un ordre tonner, et un troupeau d'hommes en uniforme traversa la cour du QG en courant, attirés par un groupe d'évadés particulièrement virulent.
      Forcément, la chevelure rose, c'était en bonus histoire de les rendre plus voyants. D'ailleurs, un sous-officier venait de les remarquer, et bientôt, dix soldats armés se précipitèrent au pas de course vers ce couple mal assorti pour les arrêter.

        A ma grande surprise, le pirate me répondit calmement. Apparemment, j'avais passé le test visuel auquel il m'avait soumise et il accepta de ne pas me tuer sur place. Mieux, il m'indiqua le chemin à prendre. Je le remerciai d'un hochement de tête et fit quelques pas dans la direction désignée. J'étais partie pour me débrouiller toute seule, comme une grande, quand il m'emboita le pas. Il semblerait que je lui avais inspiré un sentiment de pitié ou provoqué en lui un désir de protection soudain, car me voilà empoignée par le bras et escortée vers ledit bâtiment.

        Je tentais de me dégager, ne serait-ce pour ne pas avoir de « bleu ». C'est qu'il serrait fort, le loustic! Et j'ai toujours eu une peau délicate, à la complexion laiteuse qui marquait ô combien facilement...
        - « Je cherche un homme récemment arrêté pour activité révolutionnaire. Pourriez-vous me lâcher, je vous prie? Je marche très bien toute seule, surtout que nous n'avons pas le même rythme. Et au risque de vous décevoir, je sais très bien où je suis. Croyez-moi, je pense à des dizaines d'endroits où j'aimerais mieux être qu'ici, mais j'ai totalement conscience des risques que je prends... Je vous fais remarquer que c'est vous qui saignez. Moi, je n'ai pas une égratignure. Enfin, pas si vous continuez à me serrer le bras comme ça... »

        J'aurais pu continuer pendant longtemps sur ce ton. Ne serait-ce pour l'occuper et ne pas lui laisser le temps de réfléchir plus avant sur la présence d'une fille comme moi, sans arme apparente, sur un champ de bataille.
        Mais bien sûr, les choses ne sont jamais faciles. Karma de merde. J'vous jure, y'a des jours, je me dis que je devrais m'écouter et rester au lit ou aller voir ailleurs si j'y suis. Honnêtement, là, maintenant, je rêve d'un bon hammam. Toute cette poussière, c'est extrêmement mauvais pour mes pores. Et je ne vous parle pas de l'état de mes cheveux!
        Des gardes, menés par un gradé de bas étage, entreprirent de nous encerclés. Hourrah, ô joie extatique... Sans plus réfléchir, je tentai un coup de bluff. En espérant que l'autre banane à mes côtés allait réagir dans le bon sens. Je passais mon bras sous son aisselle, comme si je l'aidais à marcher, me dissimulant partiellement derrière lui (au cas où, sait-on jamais), maculant par la même occasion mon ex-uniforme de sang, débris, terre et autre substance non identifiée.
        - « Hors du chemin! J'amène cet homme à l'infirmerie. C'est le seul rescapé d'un groupe qui s'est entretué un peu plus haut sur les quais. Mais un de nos bataillons à fort à faire avec un groupe d'intrus, dans les hangars ! Il y avait encore des bruits de lutte il y a trois minutes! Vite, avec un peu de chance, vous pourrez capturer les pirates! Moi, je dois soigner notre camarade... »

        Vu l'état vestimentaire de mon infortuné compagnon de galère, je savais que les Marines en face de moi pouvait difficilement conclure sur son appartenance. Par contre, moi, je portais quelqu'un de bien trop “uniforme” pour leurs yeux aguerris. Certes, je n'étais pas en infirmière, mais il était aussi absolument évident que lees médicins et autres soigneurs ne se trouvaient ici, mais bien dans leur hôpital, en train de soigner ou d'abréger des souffrances. Et il n'y avait rien de bien étrange à ce qu'une femme Marine soit en charge de récupérer les blessés. Bizarrement, le sexe dit faible avait très peu de représentation dans les rangs guerriers. On le retrouvait plutôt derrière un burreau. A moins d'être une homasse musclée... Ce que je n'étais clairement pas.
        Donc, ma tentative de bluff pouvait marcher. On devait être à 50-50. Mais j'étais une bonne menteuse. Après tout, cela faisait près de 5 ans que je vivais un mensonge perpétuel. J'avais adopté le bon ton de la femme pressée, avec des ordres précis, mais soucieuse du « plus grand bien de la communauté ». On devait frôler les 70-30... Tout irait bien, sauf si Mr. Poigne-d'Acier décidait de l'ouvrir...
        Abruti de mâle...
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      Ah ben, non contente de l'entraîner dans des histoires qui ne le concernaient pas, voilà qu'elle rabrouait le pauvre pirate. On vous rend service et voilà le résultat ! Ha ! Il lâcha prise, et ne répondit que par un regard d'acier. Il était pris de vertige et n'avait pas envie de se lancer dans une stupide joute verbale.
      Activité révolutionnaire, hein ? Bon, ça rattrapait un peu son côté fille trop gâtée. Et ça enlevait un peu d'épaisseur au mystère de cette demoiselle.

      Suiji réajustait distraitement le bandeau qui ceignait son crâne lorsque les gardes leur tombèrent dessus. Il ne broncha pas lorsqu'il sentit Miss Barbie faire semblant de le soutenir, plus par habitude que par réelle coopération.
      Mademoiselle joue les femmes importantes, hein ? Qu'elle profite, elle n'en aurait pas souvent l'occasion dans sa vie, avec sa tête de pin-up.

      Dès qu'elle avait débité son mensonge, Suiji s'était délibérément laissé aller sur son « infirmière », profitant de l'occasion pour soulager son pied meurtri. Petite vengeance comme elle se planquait derrière lui.
      Les marines ne prirent même pas le temps de vérifier l'information et se précipitèrent en direction des hangars. Logique, après tout. L'obéissance était un des piliers de la Marine ; feignez l'autorité et leur instinct les poussera à s'exécuter sans protester.

      *Soumis...*

      Un bras autour des épaules de la femme qui le soutenait, Suiji attendit d'être certain qu'ils soient suffisamment éloignés, pour se dégager et lancer un regard suffisant sur elle.

      « Au moins, fais un mensonge réaliste. Il n'y a aucun intrus, mis à part Timuthé et toi. Tous ces types sont des évadés. Tu parles d'une tentative de libération, tu sais même pas dans quoi tu t'es lancée. »

      Bien qu'il n'éleva pas le ton, sa voix était tranchante comme du rasoir. Son séjour en prison ne lui avait pas amélioré le caractère, et les vertiges incessants commençaient à le mettre hors de lui.

      Merde, pourquoi il avait décidé de l'accompagner ? Il retint un gémissement plaintif et continua d'avancer à côté de la jeune femme en direction des cachots. Esprit chevaleresque à la noix. Il vacilla légèrement sur ses pieds, prit sur lui et ignora la nausée qui montait.

      « Qu'est-ce qui pousse une nana comme toi à fricoter avec la Révolution ? »

      Il avait articulé la question plus pour discuter et penser à autre chose qu'à ses douleurs, plus que par réelle envie de savoir. Le bâtiment qu'il avait indiqué plus tôt n'était plus qu'à quelques mètres. Une légère appréhension l'envahit à cette simple vue. Maintenant qu'il était dehors, ce serait franchement con qu'il se fasse de nouveau capturer.

      Étrangement, ce bâtiment était toujours autant surveillé. Les hommes postés là n'avait sans doute pas voulu risquer de perdre encore plus de prisonniers.

      Le pirate soupira et interrogea sa compagne du regard. Après tout, c'était son opération de libération, il n'avait aucune raison de trouver un plan pour s'infiltrer là-dedans. Il n'était ni en état de foncer tête baissée, ni de réfléchir à un plan élaboré. Comme elle l'avait souligné : c'est lui qui était plein de sang et dans un état déplorable.

      « N'essaye même pas de me transformer en appât. »

      S'il ne l'exprima pas tout haut, la menace était implicite dans toute son attitude.


      Spoiler:
          - « Pff, t'es lourd... » répondis-je dans un premier temps. « Dans tous les sens du terme... » Je tentai de mieux répartir son poids sur mon épaule, car il me faisait vaciller, à s'appuyer sur moi comme une baleine échouée. Je ne savais pas ce qu'il avait vécu au sein des cachots du QG, mais il n'avait clairement pas été mis à la diète! Bah mon cochon, tu ne vas pas me dire que c'est tout du muscle, ça, non plus... Sûrement le poids de la connerie... Sûrement... « Je sais très bien ce que je fais. A la base, vous n'étiez pas censés venir mettre le boxon! Alors j'improvise. Et toi, tu vas maintenant devoir assumer les conséquences de tes actions... Non, vraiment, tu ne pouvais pas t'évader un autre jour, non? »

          Ok. Il était peut-être con, mais moi, de mauvaise foi. Mais je suis une femme, et c'est comme ça, c'est génétique. De toute façon, s'il n'était pas content, qu'il aille voir ailleurs si j'y étais. Franchement, sa présence me posait plus de problèmes qu'autre chose. Sans lui, mon principal obstacle aurait été de passer inaperçue. Mes cheveux n'auraient eu besoin que d'une casquette ou d'un peu – d'accord beaucoup – de terre. Maintenant, j'avais littéralement un pirate dans les bras, et une double identité à protéger.

          - « Je ne fricote pas avec la révolution. J'ai dit que j'étais là pour un prisonnier accusé d'être révolutionnaire. C'est toi qui as décidé tout seul que j'étais révolutionnaire. » Nous étions devant le bâtiment des prisons maintenant, et je commençais à sérieusement tisser ma toile autour du naïf petit pirate. J'vous jure, les hommes.... mais qu'est-ce que cela pouvait être cons, parfois. Je repris la parole, dans un souffle, de façon à ce qu'il fut le seul à entendre. « En fait, je travaille pour Cipher Pol. Je n'avais donc absolument rien à craindre des Marines. Sauf que j'ai reçu l'ordre de ne pas me faire voir par eux... Donc rassure-toi, je ne vais pas essayer de te faire passer pour un appât... tu en es déjà. Ne bouge pas! » Je fis glisser mon poids d'un pied à l'autre et d'un coup, mon “soutien amical” à un compagnon blessé devint une prise assez douloureuse... sans que cela ne se vit de loin. « Si tu tentes de m'attaquer, non seulement j'esquiverai car vu ton état, je suis plus rapide que toi, mais en plus, tu signes ton arrêt de mort. Un cri de moi, pauvre demoiselle en détresse, et ils te tombent dessus. Par contre, continue à faire comme ça, à jouer le jeu, et je te garantis que je ferai mon possible pour te laisser partir et à ne pas t'amocher de plus. Tu ne m'intéresses pas... Tu n'intéresses pas le CP. Mais tu pourrais m'être utile... dois-je préciser qu'en plus, ça ferait chier la Marine... Enfin, c'est toi qui vois... c'est ta vie, après tout... »

          Moi, vache? Totalement. Pour un peu, j'aurais eu pitié du pauvre pirate à mes côtés. Après tout, il n'avait été que « gentillesse » à mon endroit. Je veux dire, il était venu me prévenir alors que rien ne le poussait à le faire. Je bataillai avec mon côté fleur-bleue, avant d'arriver à un compromis. Hors de question de m'excuser... pour autant, je n'allais pas le laisser comme ça. Qu'il me vu comme une manipulatrice ne me chagrinait pas: non seulement j'en étais une, mais son avis m'importait peu. Mais je me devais de préserver le peu d'honnêteté et de bons sentiments qui restaient dans ce monde.
          - « On peut tenter le « toi qui m'as prise en otage, mais ce n'est pas super crédible. Donc à moins que tu n'aies une meilleure idée, tu es officiellement mon prisonnier... »
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        Aïe aïe aïe aïe aïe !

        Le pauvre Suiji grimaça de douleur lorsque cette maudite, maudite, maudite femelle changea de prise. Arrrrrrgh ! Il s'était fait avoir comme un bleu ! Ça suffisait comme ça enfin ! Après la torture de Rachel, la prise d'otage de Miss CP Barbie. Il retint à grand mal une série de jurons, tout en évitant de faire quelque mouvement que ce soit. Manquerait plus qu'il essaye de bouger et se retrouve avec un poignet pété.

        Bordeeeeeeeeeeeeeeeel.

        Le regard de glace que le pirate jeta à l'agente gouvernementale en disait long sur ce qui se passait sous ce crâne douloureux. Merde quoi. Ils pouvaient pas arrêter de recruter des super-connasses au gouvernement ?! Pourquoi c'était toujours lui qui servait de pigeon !? Vail s'était pas fait torturer par une espèce de tarée, encore moins pris en otage par une dégénérée à la chevelure extravagante.

        Putain d'injustice. Ça lui apprendrait à obéir aux ordres, tiens ! Tout le granit marin du monde ne mérite pas une telle humiliation.
        Cette catin... elle avait bien de la chance que son prisonnier soit autant amoché, sinon il l'aurait faite rôtir à feu doux sur une broche et l'aurait mangée en méchoui.

        « Espèce de garce. Pas b'soin d'être humiliante, c'est bon j'te suis. Je tiens à ma peau. »

        Il ne retint pas un ou deux jurons en plus, et une expression de franche colère se peignit sur son visage. Une fois n'est pas coutume, mais il faut dire que là, il avait eu sa dose de malchance et d'humiliation pour les dix années à venir.

        « Hé ! Vous deux ! »

        Un des gardes les avait remarqué, bien entendu. Une pression dans son dos força Suiji à avancer, et il ne chercha pas à résister : à quoi bon ? Dans son état de toute façon, il n'était bon qu'à se faire balloter dans tous les sens.

        Trop occupé à imaginer les milles et unes tortures qu'il pourrait infliger à la CP, le pirate ne suivit pas vraiment l'échange entre l'homme et la femme. Une nouvelle pression dans son dos le fit avancer sous le regard suspicieux des gardes. Ils avaient confiance en cette bonne femme mais pas en lui ? Crétins congénitaux.

        Il attendit qu'ils soient enfin rentrés dans la prison et hors de vue des gardes pour protester et se dégager violemment de l'étreinte de l'agente gouvernementale.

        « Va donc chercher l'autre type, moi je reste là. J'ferai une diversion pour que tu puisses filer sans souci à ton retour. »

        Il ne tenait pas à être mêlé aux différends entre le gouvernement et la révolution. Il entendait d'ici la voix de son sensei qui lui répétait régulièrement qu'entre l'arbre et l'écorce, il ne faut pas mettre le doigt. C'est donc sans autre formalité que le cuistot se laissa glisser au sol, contre un mur, en attendant que la jeune femme règle ses affaires.

        Le temps s'écoula lentement, et le pirate savoura cet instant de calme et de repos. Il était à deux doigts de s'endormir contre son mur lorsque les bruits de pas qui revenaient lui firent lever le nez. Sans autre forme de procès, il se mit debout et se dirigea vers la porte avant que la CP ne soit revenu à son niveau : il n'avait aucune confiance en elle et préférait évité d'être livré aux Marines de nouveau, ou pire, d'être exécuté sur place.

        Devant la porte, il se retourna, un sourire en coin pendu aux lèvres.

        « À la prochaine, Miss Barbie. »

        Et il se précipita dehors, bondit sur un garde qu'il assomma d'un coup précis. Sans laisser l'autre réagir, il prit ses jambes à son cou et partit en direction du port dans l'espoir d'y retrouver TNT et le Capitaine Vail. Le sol semblait de moins en moins stable sous ses pieds et il sentait les gardes qui lui courraient après – évidemment certains s'étaient joints à la poursuite en cours de route – pourtant, puisant dans ses dernières ressources, il continua sa course jusqu'à perte d'haleine.

        Un coup de fusil, puis un second, deux bruits de chute : Quelqu'un était en train d'abattre tous les poursuivants. Le singe ne chercha pas à comprendre qui tirait, encore moins de regarder derrière lui. Il n'interrompit sa course effrénée qu'une fois qu'il parvint à rejoindre son capitaine et les P8. Il n'eut que le temps de voir le corps ensanglanté de l'albinos, avant de s'évanouir.
            [A partir de maintenant, je suis en RP « solo »]


            A vrai dire, je suis bien incapable de raconter quoi que ce soit. Tout est flou dans ma tête, comme si quelqu'un d'autre avait pris les commandes de mon corps. Une autre moi, plus forte, plus maligne, plus sombre, bien plus douée dans la manipulation des mots et des esprits. Non que je ne fusse pas douée sur ce plan; mais il y avait toujours eu un quelque chose d'enfantin, de...naïf presque, dans chacun de mes mensonges. Cela m'amusait profondément, que de jouer des rôles, de les empiler, de les enfiler les uns par dessus les autres, comme des poupées russes. C'était un défi lancé à moi-même, que de m'y retrouver dans les couches de semi-vérités et demi-mensonges que je tissais autour de moi. Me rappeler à qui j'avais dit quoi, de ce que j'étais censée être aux yeux de qui, de faire en sorte que chacun sut que je mentais, mais qu'il sut aussi que je ne faisait ça que pour me protéger, et laisser chacun croire qu'il avait découvert ma véritable personnalité... Alors que dès le départ, je me jouais d'eux, en leur faisant croire qu'il n'y avait que deux « couches » en moi...

            Cette fois pourtant, je me jouais de moi-même. Cette fois, ma vie était en jeu.
            Ouais, bon, tu es une révolutionnaire, ma fille. Tu as juré et tout et tout que tu donnerais ta vie pour la cause.
            Ouais... peut-être.
            Sauf qu'entre les mots et la pratique, y'a une vache de différence. Genre, un gouffre... Un néant sans fond...
            Donc excusez-moi d'avoir un peu pêté les boulons...

            Déjà qu'à la base, je n'avais pas fière allure – mentalement parlant, car je me refuse de ne serait-ce qu'imaginer mon allure physique maintenant. La guerre. Je foulais ma première scène de guerre. L'attentat du Levianthan à Shell Town n'avait rien de comparable. Je m'étais à peine battue et c'était le colonel Fenyang et ses hommes qui s'étaient tapés tout le boulot. Bon, je m'étais coltinée Face de Morue, mais cela n'avait rien à voir avec ….

            ce carnage....

            Ce n'était pas tant les salves de cartouches, le grondement des cannons, le tonnerre des pierres qui effondrent quand un bâtiment est touché. Ce n'était pas tant les hurlements de douleurs et d'agonies des hommes. C'était... oui, c'était cette rencontre avec ce pirate.
            Une rencontre humaine.
            En plein milieu de cette apocalypse.
            Du style « salut, ça va? Tu es paumée? Attends, je te ramène à la sortie... » Pour un peu, on aurait dû quelqu'un qui s'adressait à une gamine paumée au supermarché. Peut-être était-ce l'image que je donnais de moi?

            Pourtant... Pourtant, je suis une badass. Je sais tuer. J'ai déjà tué. Et pas qu'une fois. A chaque fois, c'était en plus un coup vicieux, par derrière (ça évite les éclaboussures de sang, parce que sinon, j'explose mon budget pressing...). Donc non, je n'étais une fragile petite chose avec la folie des grandeurs...
            Je savais ce que je faisais.

            Ou plutôt je croyais savoir.

            Alors que je m'enfonçais dans les profondeurs de la prison, me répétant inlassablement « un captif accusé d'activités révolutionnaires », comme si cela allait m'aider à le retrouver, je revins à moi.
            Le coeur battant la chamade, le souffle court, suant de toutes mes pores, les cheveux plaqués sur mon front, dans mon cou ou mon dos... Au moins, impossible de voir que j'avais été jadis en uniforme.... Et surtout, tremblante de peur. Il n'y avait rien, dans ce bâtiment... Ni homme, prisonnier ou garde, ni bruit. C'était un silence, une absence de tout qui vous glaçait le sang. J'aurais préféré une grande bagarre généralisée. Là, j'avais l'impression qu'une araignée géante était en train de me regarder de très très loin, en train de se pourlécher les babines, prête à me sauter dessus...

            Les cellules avaient été abandonnées, les portes arrachées, gondolées ou juste ouvertes. Les bureaux et chaises dans les rares pièces administratives devant lesquelles je passais étaient pourtant intouchées, si ce n'était pour la chaise rejetée en arrière précipitamment ou le cabinet à armes presque violé par des gardes en alerte. Et il n'y avait aucun mort, aucun cadavre ni même blessé...

            Je m'enfonçai encore plus, les nerfs à fleur de peau à force d'être sur le qui-vif. Je finis par trouver, à défaut de l'homme que je cherchais, le bureau du chef de section qui, en bon petit gratte-papier qu'il était, pour avoir obtenu ce poste, avait soigneusement enregistré toutes les arrivées... Ainsi j'appris l'historique de ma cible, et sa localisation. Même si je me doutais que je ne trouverai que cellule vide....

            Devant la carte judicieusement épinglée au mur, je me répétai plusieurs fois le chemin à suivre. La prison n'était pas spécialement un labyrinthe, mais j'avais franchement autre chose à faire que me carapater dans les couloirs sombres et poussiéreux du GC de North Blue....
            Puis, je repartis...

            [A suivre]
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            Comme je l'avais supposé, la cellule était vide...

            Vide derrière une porte bien fermée...

            Le "prisonnier" n'avait même pas cherché à s'échapper, car telle une loque, il n'avait même pensé à profiter de l'occasion. Non, il avait été trop occupé à être terrorisé, à se rouler en boule en pleurant sur son triste sort.

            Un révolutionnaire, ça?
            Nan, et la Fée Clochette, peut-être?

            Dégoûtée, j'étais positivement dégoûtée. Ou négativement... Je ne savais plus... Je me contentais de rester planter là, dans le couloir, les mains crispées sur les grilles qui formaient la porte de la cage. Quelque part dans ma tête, une petite voix était en train de me hurler de me bouger, que je faisais une cible facile, et que ce type n'était qu'un écueil dans ma mer intérieure... Mais je ne pouvais pas... Je me répétais le numéro de la cellule, persuadée de mettre tromper.. car sinon, je ne voyais pas ce que je faisais ici...

            Un révolutionnaire, CA???
            Pourquoi est-ce que j'avais été envoyée ici par l'Union? Pourquoi n'avaient-ils pas pris la peine de vérifier leurs infos? Ou alors, pensaient-ils vraiment que ce misérable miséreux était un membre important de notre groupe? Que ce morpion amorphe valait que je risquasse ma vie? Et j'étais censée en faire quoi, de ce flasque quintal de chair, si tenté était que je pus ouvrir sa cellule? La ramener avec moi au bâtiment du CP5? La mettre dans une barque? Peut-être devrais-je le fourguer dans les pattes des pirates? Ha! C'était peut-être une caméra cachée???

            Une autre petite voix - ma foi, c'est une réunion Tupperware, dans mon cerveau, en ce moment - me soufflait que j'étais injuste et que l'attaque de Guns n'avait pas été prévue par les hautes instances. Cependant, mince, l'information, c'est le nerf de la guerre... si nous devions être bons dans quelque chose, c'était bien ça!! Savoir avant les autres, sur tous les autres. Marine, Gouvernement, Justice, Civil et Pirate, rien ne devait avoir de secret pour nous!!!!!
            Foutage de gueule!!!

            J'étais hors de moi, et l'inertie du prisonnier, alors que je tentais de le motiver à lever son gros cul de sa planche, ou de même de répondre à mes questions de plus en plus pressentes, ne m'aidait pas. Je frôlais la crise de nerfs à chaque seconde...

            Et le silence qui n'en finissait pas de s'éterniser.
            Et cette impression d'être observée, d'être un pion, que quelque chose allait me sauter dessus par derrière, dans le dos qui se déroulait à l'infini...

            [A suivre]
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            Au final, j'étais aussi vide que cette cellule. Cet homme était peut-être dedans, derrière les barreaux, mais il n'était rien. Juste une erreur de personne. Il n'était pas révolutionnaire. Et je n'étais rien qu'un pion.

            Je me sentis trahie, et une douleur lente, comme un poignard chauffé à froid s'insinuant dans votre flanc, s'empara de moi. Ce n'était pas mortel, juste une terrible agonie. Mes genoux se dérobèrent et je tombai devant la grille, mes doigts toujours aussi agrippés aux barreaux. Ce contact était le dernier lien avec un semblant de réalité. Sinon, je crois que je n'aurais pas été capable de me maîtriser... me serais-je griffée le visage jusqu'au sang? tapé les dalles de pierre de poings rageurs jusqu'à en m'éclater les phalanges? cherché à étrangler ce postiche de révolutionnaire?
            Je n'en fis rien... Je restais là à sangloter sur mes illusions de nouveau brisées. J'avais cru en l'Union Révolutionnaire et me voilà bernée à nouveau.

            Des vagues de colère se mêlaient désormais à la souffrance et une migraine soudaine s'empara de moi. Le souffle me manqua, et tout devient étrangement blanc autour de moi, et bien que j'eusse fermé les paupières à m'en faire des rides, je voyais encore de brillantes étoiles qui éclataient en feu d'artifice, imprimées sur la rétine qui brûlait comme un feu de St Jean. Tout cela aurait pu être beau et très estival si cela n'avait si douloureux.
            Un haut-le-cœur agita mon corps, sans aucune possibilité de me retenir et je vomis devant cette grille, symbole de mes échecs. Avec le contenu de mon estomac, c'était ma naïveté et satanée innocence que j'éjectais de mon corps.

            Cette fois, c'était certain, je n'allais plus faire confiance à quiconque. Je n'avais ni père, ni frère, ni famille... ni ami, ni collègue, ni partisan. Je n'avais plus qu'une cause, la Révolution, et elle allait s'inscrire en lettres de feu et de sang dans le ciel de ma vie.
            Si mon âme criait vengeance, mon instinct me soufflait déjà de me sauver moi-même... On verrait après pour....

            Pour quoi, d'ailleurs? Allais-je vraiment me venger? Quoi, serais-je si facilement tombée si bas? Etait-ce à ce point si aisé de détruire tout ce qui faisait mon individualité? En effet, en ma qualité de "Cipher Pol"... je pouvais aisément trahir l'union et donner des renseignements sur... sur quoi, d'ailleurs? Que connaissais-je d'eux? Quelques messages envoyés par Den-Den Mushi? Quelques bribes d'information?
            Est-ce que cela serait suffisant pour assurer mon avenir, à défaut de promotion, dans le CP5? Ou au contraire, est-ce que cela allait attirer plus que nécessairement l'attention sur moi?
            Et est-ce que l'Union méritait de mourir? Certes, ils n'étaient pas à la hauteur, et je décidai de ne plus les suivre. Pour autant, ils n'avaient pas fait du mauvais boulot. C'était juste que je refusais leurs méthodes, qui consistaient à sacrifier des membres de moindre importance, plutôt que de vraiment agir en révolutionnaire...

            Encore une fois, on revenait à cette satanée morale... Comme je maudissais mes parents de m'avoir élevée comme ils l'avaient fait. Entourée de mensonges, et le cerveau bien trop farci de conneries sur l'honneur et la justice. Ben, voyez où est-ce que l'honneur et la justice m'ont envoyée....
            Dans une prison, devant une cellule anonyme, dans les entrailles du QG de North Blue en ruines, à pleurer et vomir.

            Vraiment, y'a plus glamour comme vision.
            Et cette pourriture de fierté, d'amour-propre, choisit ce putain de moment pour s'éveiller. Franchement, je me foutrais des claques par moment.

            J'étais Shaïness Raven-Cooper.
            Je n'étais pas du style à me morfondre à terre... surtout pas dans la crasse et la puanteur d'un cachot.
            Oui, j'avais une morale, qui me poussait à considérer le bon en chaque humain, qui me motivait pour sauver le monde de lui-même. Les hautes têtes du gouvernement étaient des pommes pourries, pas les clampins. Je me demandais à partir de quel rang les officiers de la Marine accédaient à la Vérité, celle qui leur exposait la véritable nature des agissements du gouvernement... Alheiri Salem Fenyang, par exemple... Je l'avais connu lieutenant-colonel, sur le point de passer colonel, et commandant d'une base... Il ne semblait pas savoir... Ceci dit, avec l'énergumène, difficile de le prendre comme exemple, tellement il était particulier.

            Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas devenir une révolutionnaire morale? Cela ne m'avait pas empêché de tuer auparavant. J'avais même utilisé ce pirate, quelques... quoi? minutes??? moins d'une heure en tout cas, auparavant... Non, je pourrais parfaitement me regarder dans la glace tous les matins - à condition de pouvoir me laver et me faire un gommage intégral... Ah, et d'avoir un lisseur à cheveux....

            Oui, les choses allaient changer... J'allais me débrouiller pour me rapprocher des grandes têtes de mon organisation, et leur dire ma façon de pensée. Et si cela ne collait pas, bien... je monterai ma propre organisation. Mes lois... A cet instant, je compris en un éclair ce qui motivait les pirates à embrasser cette vie d'errance et de danger. La liberté suprême, de faire et penser...

            Avec un dernier reniflement, je me redressai, tentai de remettre de l'ordre dans ma tenue et mes cheveux, et profitai de l'absence de tout pour me moucher très peu élégamment. Le bruit de trompette fut comme un signal. Bien que tremblante de tous mes membres, épuisée mentalement autant que physiquement, je regagnai la "surface".
            Je laissais l'homme dans sa cellule. Il ne savait rien, ce n'était qu'un péquenaud. Le fait même qu'il ne se fut pas enfui était la preuve de son innocence. Or, malgré son degré avancé de pourriture, la Marine ne condamnerait jamais un tel clampin. Sur ce point, je partis rassurée.

            Le chaos régnait toujours, bien que les choses semblaient se finir d'elles-même. Apparemment, les pirates venaient de prendre la poudre d'escampette, laissant un QG à feu et à sang. Mes collègues CP? Aucune trace. Certains étaient morts au combat, et ça, je l'appris que plus tard...

            Le reste de l'histoire se perd aussi dans un grand flou artistique. La fatigue eut le meilleur de moi-même. Je me rappelle plus ou moins distinctement du Chef, Rei, qui m'ordonnait de retourner à la base, faire mon rapport... me trouver une autre équipe... et continuer mon entraînement...
            Ben oui, à ses yeux, je n'avais pas été à la hauteur... Après tout, Serei était "parti", Wash mort et Mayu... ben alors, ça... Au moins, moi, j'étais revenue... Pas comme si je n'avais pas le choix, hein?

            Bref...
            Après une douche sommaire, je repartais aussi vite que j'étais arrivée... dans un des rares bâtiments encore totalement intact, direction East Blue... O joie, j'allais reprendre Reverse Mountain... Tout ce dont j'avais rêvé...
            Cependant, le voyage fut calme, spécialement parce que je passais beaucoup de mon temps à dormir et réfléchir....

            A l'après...

          - FIN -
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