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La purge façon « Sissi »

Et me revoilà en mer, embarqué dans une nouvelle mission, cette fois-ci pour le compte d’une gonz’ de la marine d’élite, une certaine Sissi. « C’est une mission à la hauteur de ton nouveau grade Wayne » qu’ils disaient. Moi c’que j’en pense c’est que depuis ma réhabilitation, on me file tous les boulots de merde possibles et imaginables. On passe limite du récurage de chiottes aux arrestations dans les pires endroits des Blues, en passant par le baby-sitting de la bleusaille. C’est vrai quoi, aujourd’hui c’est Zaun, ce putain de trou à rat, véritable cours des miracles pour tout bon et honnête citoyen qui s’respecte. Aujourd’hui c’est un gus qui s’fait appeler "Rafale" qui a tiré le bon ticket de loterie, un certain Magnus Behr. Paraît qu’il faut l’arrêter, mort ou vif. Parait aussi qu’il est à la tête de près de trois cents hommes. Fait chier encore une mission où on va devoir courir partout, notre seul lot de consolation, c’est qu’on a carte blanche. Ce qui signifie que si il faut cogner bien fort pour neutraliser ces types, on a l’autorisation (je cite) « d’employer tous les moyens nécessaires ». Et j’pense pouvoir dire, sans trop exagérer, que cogner, ça on sait faire nous les Viandards.

Navire à bonne distance, il n’est pas question d’accoster au port, la fleur au fusil. Zaun c’est une putain de jungle urbaine et la faune est plutôt agressive. Le type au sommet de la pyramide, Swain, c’est loin d’être un abruti, il a des yeux et des oreilles partout et j’suis prêt à parier qu’il est bien entouré. Donc se pointer en grandes pompes avec nos beaux petits uniformes tout propre et annoncer la couleur d’entrée de jeu, disons que c’est pas vraiment ce que j’ai en tête. Pour ça que j’ai envoyé notre spécialiste, James, en reconnaissance. Ce Doscarien est tel un foutu caméléon, je suis certain qu’en trois heures il aura pu avancer et glaner des infos utiles. D’ailleurs le voilà qui appelle à l’escargophone !

- PULUPULUPULU - PULUPULUPULU -


Macallan.. ici Talisker..

Non non non.. On avait dit « Oiseau de Nuit ».

Humpf.. .. .. .. Oiseau de Nuit… ici Souris des Prés.. j’imagine que vous me recevez..

Souris des Prés on vous reçoit cinq sur cinq… Quelle est la situation ?

Les infos étaient bonnes.. Le.. le Ver de Terre.. se trouve aux coordonnées indiquées.. il est accompagné..

Donc Ver de Terre est bel et bien à la fourmilière, en bonne compagnie qui plus est… Parfait. Et pour les fourmis ?

Éparpillées.. un peu partout.. une bonne concentration sur les quais.. une autre dans la fourmilière..

Reçu Oiseau de Nuit, on déclenche l’opération Moisson. Tenez la position. Terminé.



Donc la cible est en centre ville, comme indiqué dans les rapports. Y’a pas à dire, le service de renseignement de la marine d’élite c’est vraiment ce qu’il nous manque dans la reg’. On va donc lancer les hostilités, le plan est tout ce qu’il y a de plus simple, pendant que je descendrai en toute discrétion avec quelques hommes maquillés en civils, pour rejoindre James, Jack aurait pour objectif de débarquer les hommes par la grande porte et de nous fournir un bel écran de fumée.


Heu Lieutenant-Colonel.. Vous êtes conscients qu’ajouter des noms de code ça risque de causer quelques confusions..

Meuuh non ! J’sais bien que ça ne sert pas à grand chose.. mais avoue quand même que c’est fun Jack… T’es trop sérieux comme mec. Bref, lancement des opérations, vous accostez et vous vous déployez. Arrestations musclées s’il le faut, j’veux la total, histoire d’attirer les regards de tous les malfrats. Pendant ce temps je contourne pour les frapper derrière le crâne.

À vos ordres.



J’embarque dans une chaloupe, à la faveur de la nuit, avec quelques bons gars et Kyara. La belle se fait silencieuse depuis quelques temps, sans doute qu’elle songe à retrouver sa liberté. Et nous voilà en train de ramer dans l’obscurité en direction de Zaun. Enfin quand j’dis « nous », vous m’avez compris hein. Le Navire, lui, se dirige alors au port de Zaun sous le commandement de Jack pour une intervention musclée. Il est suivi d’un second croiseur qui nous prête assistance sur cette mission. A son bord un régiment supplémentaire de soldat et une unité de confinement équipée et sapée pour l’occasion. Après un bon quart d’heure, on entend que ça pétarade déjà, la fête a commencé au port, quelques tirs de sommation, j’espère juste que ça n’va pas finir en eau de boudin.

La chaloupe échouée sur le rivage, je ramasse le bardage de James, j’entends quelques cliquetis et j’me demande bien qu’est ce qu’il est allé nous fabriquer encore. On se lance alors en silence vers la ville, empruntant un petit chemin escarpé afin de quitter la plage. J’entends qu’au loin les croiseurs n’ont pas encore faire parler les canons, c’est qu’au port ça s’passe bien. Pour l’instant... Mais revenons à nos moutons, on continue à progresser dans les ruelles sombres et voilà que James nous rejoint.


Ravi de te revoir sain et sauf.. Souris des Prés.. pouffa Kyara en regardant le Doscarien.

T’as donc trouvé notre gars ?

Ouais. Il est avec d’autres malfrats à tailler une bavette. J’aurais aimé proposer d’entrer par la grande porte pour flinguer tout ce beau monde, mais ils sont nombreux.. et je doute que l’on puisse faire passer des troupes jusqu’ici sans mettre la ville toute entière à feu et à sang…

C’est pas le but en effet. Mène nous là bas, on verra sur place comment on procède.

Va falloir la jouer tout doux, y’a des gros bras un peu partout en ville. On sent qu’ils sont un peu sous pression.

Ouais ils ont dû sentir la belle tempête de merde qui n’allait pas tarder à leur arriver en pleine gueule. Allons-y.



Je fanfaronne mais va falloir rester prudents, on est rendu dans un sacré guêpier. Je rends son sac rempli de joujous à notre ami James et la joyeuse bande se met en marche. Ah les rues de Zaun… Cette bonne odeur de poubelles fraîches, ses innombrables concitoyens tous plus louches les uns que les autres, son architecture exiguë. Mais ce que j’préfère c’est cet atmosphère tendax un max, qui laisse à penser qu’à tout moment un connard peut surgir de nul part pour tenter de te tirer ton portefeuille. On reste d’ailleurs bien vigilants, les rues qu’on traverse sont relativement vides, sûrement que c’est parce que le feu d’artifice, c’est au port qu’il risque de péter. James marche en tête, il en a pas l’air comme ça, mais il doit être en pression maximale, sans doute déjà prêt à dégainer et à tirer dans tous les sens. Kyara suit en silence, quant aux hommes, je sens d’ici qu’ils sont tendus comme jamais.

On s’arrête sur une placette aux multiples fontaines à l’eau noircie et James nous explique à demi mot que la cible se trouve dans le bâtiment au bout du parc. Une espèce de vieil Hôtel de Ville délabré, dont la plupart des fenêtres semblèrent condamnées grossièrement à grand renfort de planches de bois vermoulu. On a donc l’idée de s’installer à un petit bar à proximité, et une fois qu’on a commandé suffisamment de mousse pour tout le monde et qu’on est servit, on observe un peu tout ce beau monde qui s’agite. Le bar à l’air de marcher, pas mal de clients ce soir et si on s’est installé ici, c’est parce que James a repéré ce mec là. Le gringalet a l’aspect patibulaire, qui régulièrement vient chercher de quoi se désaltérer pour réapprovisionner la petite réunion qui s’deroule en ce moment même à l’hôtel de ville. Notre ticket d’entrée, le voilà…
    Évidemment, avant d’entrer pour choper Magnus, il faudrait estimer le nombre de gaillards à l’intérieur. Puis histoire de faire d’une pierre de coup, si y’a moyen de stopper leurs projets à venir par la même occasion… On va pouvoir le faire grâce aux petits trucs bidouillés par James. Un peu à l’écart, il ouvre son bardât et nous sort une espèce de petit escargophone ainsi que plusieurs petits boîtiers noirs. Le plan ? On va attraper le gringalet et le mener à l’écart pour lui coller un mouchard. Puis une fois qu’on lui aura fait cracher tout ce qu’il sait sur cette petite réunion, on le renverra retrouver ses petits potes, porter sa tournée générale pour pouvoir écouter tranquillement de quoi il retourne avant d’intervenir.

    Je prends Kyara avec moi et je l’emmène à l’écart, c’est elle qui va nous servir d’appât. La belle s’offusque deux minutes avant de se résigner et pendant que je me planque derrière une benne à ordure, je laisse le charme opérer. Après quelques minutes, le type passe, trimbalant un plateau de boissons et il tombe nez à nez avec la tatouée.


    Bonsoir beau gosse…

    Hey ma jolie.



    Le gringalet s’arrête, s’engage alors une conversation graveleuse comme ce genre de type sait faire. Et vas-y que je roule des mécaniques, et vas-y que je la ramène beaucoup trop. En temps normal, Kyara lui aurait probablement déjà explosé la gueule à grands coups de tonfas, mais heureusement que sur ce coup, elle a l’air de s’contrôler. Le mec finit par lui faire une proposition plutôt degeue (j’vous passe les details) et tous deux se dirigent dans la ruelle perpendiculaire, sans doute dans l’optique de faire leur affaire. Mais ce que ce connard ignore, c’est que dans cette ruelle sombre et isolée, c’est tonton Wayne qui l’attend. Kyara a joué son rôle, le type passe devant moi, je l’entends continuer à la ramener. Il pose son plateau un instant, je me lève donc et en profite pour siffler l’un des verres se trouvant sur ledit plateau. Un bon whisky, boisé au premier abord, avec un arrière goût épicé comme j’aime. D’ailleurs le type fait aussitôt volte face et le regarde avec stupeur.


    Bien le bonsoir. Si j’étais toi, je fermerais ma grande gueule pour éviter de m’attirer des ennuis.


    Sans grande surprise le type comprend qu’il vient de se faire baiser, il essaie de me balancer des ordures à la gueule (ce que je n’apprécie pas vraiment faut l’avouer) puis il essaie de se tirer de la. Ni une ni deux, j’attrape mon pied de biche à la volée et m’en sert pour faucher sa jambe et interrompre sa course folle. Le mec s’écroule et je ne lui laisse pas le temps de souffler, plaquant la lame froide de mon couteau de chasse sur sa petite gorge de jeune jouvenceau en cavale.


    Shhh shhh shhh.. tu te calmes.

    Mais.. qu.. qui êtes vous ?! Savez-v.. vous qui j’suis ?

    J’en ai rien à foutre petit. Écoute moi bien… Tu vas me dire tout ce que tu sais sur ce qui se trame là dedans.



    Le jeune joue quelques instants aux héros, il nous dit que des emmerdeurs comme nous il en a déjà tué un paquet, il joue les gros durs mais je lui fais rapidement passer l’envie de se payer ma tête. Il finit par me déballer quelques trucs, Magnus est bien dans cet ancien Hôtel de Ville, il a d’ailleurs réuni quelques petites frappes et certaines têtes d’affiche de la pègre locale. Une bonne trentaine de lascars qu’il ne serait pas déconnant de faire disparaître, du moins pour, comment dire.. le bien de tous. James et les gars nous rejoignent alors et j’explique a notre prisonnier ce qu’il va devoir faire. J’en suis pas fier et j’aurais préféré faire autrement, mais je baisse son froc pour lui attacher l’escargophone à la cuisse. Grâce à ce mouchard on va pouvoir les écouter jacter tranquillement avant l’intervention. Je lui attache également un boîtier noir, sorte de petit dispositif fonctionnant sur fréquence radio permettant d’actionner l’escargophone, à distance. Facile à reconnaître, James m’a précisé que les boîtiers marqués d’une trace bleu servaient à ça.

    Pantalon remonté et dignité évaporée, j’aide le petit truand en herbe à se relever. Je lui précise que nous avons les moyens de le foudroyer à distance, si jamais on l’entend dire quoique ce soit qui permettrait de nous compromettre (ce qui est logiquement totalement faux). De plus, je le baragouine en lui faisant croire que s’il touche le dispositif alors il se pourrait qu’il soit automatiquement foudroyé sur place. Tremblotant, il ramasse le plateau et se remet en route en direction du grand bâtiment jusqu’à disparaître en entrant. J’attrape alors rapidement mon escargophone pour contacter Jack et lancer la diversion.


    Loutre Enfouie… Ici Oiseau de Nuit. Vous m’recevez ?

    .. pourquoi c’est moi qui ait le nom de code le plus pourrit… Loutre Enfouie.. je vous reçois.. notre public se rassemble.. quelques douzaines de types.. qui ont l’air.. motivés.. à vous..

    Parfait. Loutre Enfouie, il est temps de lancer l’opération « Ramassage des Ordures ». Terminé.

    .. Reçu.. terminé..



    Qu’est ce que l’opération « Ramassage des Ordures » me demanderez-vous. C’est tout simple, l’adjudant Jack Bowmore va débarquer des troupes sur les quais et procéder à un contrôle d’identité de l’intégralité des braves Zauniens présents sur place. Sans doute que ça va très vite partir en sucette, ils auront donc pour mission de stabiliser la situation et pourquoi pas de procéder à des arrestations. Musclées les arrestations, si j’dois préciser. Sans doute que ça va faire du grabuge, ce qui tournera toute l’attention des crapules Zauniennes vers le port, nous laissant le champ libre pour appréhender Magnus. Ainsi on réalise notre mission sans trop foutre le bordel et moi ça m’fait moins de paperasse.

    Je dis aux gars de se tenir prêts et j’attrape l’objet qui va me permettre d’actionner le boîtier du mouchard histoire qu’on puisse écouter ces enfoirés pour en savoir plus sur l’éventuel sale coup qu’ils préparent. J’attends quelques secondes puis je me décide à appuyer. Mais les choses ne se passent pas comme je l’avais prévu. Le denden jumeau ne nous transmets aucune communication. Pire que ça, un bruit sourd provenant des étages du bâtiment retentit, un bruit s’explosion étouffée. Je me retourne alors vers James la mine déconfite.


    C’était.. c’était bien un boîtier avec marquage jaune rassure-moi.. ?


    Oups. Il semblerait en fin de compte, contre toute attente, que je me sois planté et que j’aie collé un boîtier explosif dans l’entrejambe de ce pauvre gars…
      Alors la, c’est vraiment la merde. Je viens tout bonnement de chier sur le plan et sur notre effet de surprise. J’ai fait sauter l’autre gaillard, ceux qui se trouvaient à proximité ont dû morfler et ceux qui n’ont pas morflé doivent être sur leurs gardes. Quelle merde. Et comme si ça ne suffisait pas, j’entends au loin que ça pétarade. Sans doute que Jack est en train de passer un mauvais moment au port. Les gars me regardent, ne savent pas trop quoi dire ni quoi faire. Kyara ne peut s’empêcher de rigoler devant la connerie de son supérieur. Quant à James, il reste silencieux, les yeux rivés vers l’ancien Hôtel de Ville. Pas une seconde à perdre, on intervient.


      Oh et puis merde ! Avec moi !


      Je mène ma joyeuse bande en direction du bâtiment, dont les portes ne tardent pas à s’ouvrir à la volée. Quelques types en sortent, flingues à la main, mais ils n’ont pas le temps de réagir, James dégaine à son tour et les prend de vitesse, leur collant un pruneau chacun. En moins de deux, nous voilà à l’intérieur, dans ce qui ressemble à un très grand hall. J’ai à peine le temps de remarquer les types qui nous attendent en haut des escaliers, parmi eux se trouve un gaillard que je reconnais : Magnus. Le type se met à hurler sur ses sbires et tout le monde ouvre le feu. Naturellement, mes gars et moi on se met à l’abris comme on peut, à couvert pour éviter d’être changé en passoire. Je jette un bref coup d’œil dans ce foutu bordel, pour apercevoir Magnus qui s’enfuit en montant à l’étage suivant. Reste à passer ces escaliers, mes gars sont braves, ils essaient de tirer cette fusillade en notre faveur, ripostant aux tirs adverses. Mais là encore, c’est James qui gère la situation comme il se doit, flinguant les trois sbires qui couvrent la fuite de leur boss.

      Faut surtout pas qu’il s’échappe et j’ai la sensation qu’on va finalement la jouer à la Sissi cette mission. Moi qui, pour une fois, comptais jouer dans la finesse… On avale les marchés une à une pour arriver au premier. Comité d’accueil y’a quelques enfoirés qui se jettent sur nous, c’est Kyara qui ouvre le bal, dégainant ses tonfas, la voilà qui leur offre une bonne raclée dans les règles. Oh et puis merde, j’suis censé montrer l’exemple, je dégaine mon pied de biche et offre un allé simple au pays des songes aux deux brutes qui surgissent d’une porte. On continue notre progression petit à petit vers l’étage suivant, empruntons l’escalier pour arriver dans ce qui semblait être le lieu de la réunion. Une grande table à moitié pliée, une multitude de chaises, des corps mutilés sur le sol mais surtout… des bout d’homme un peu partout. À en juger par les éclaboussures d’hémoglobine qui font office de tapisserie, j’crois qu’on vient de localiser notre brave mouchard. Pauvre mec.


      Fumez-moi ces enfoirés !! hurle alors Magnus à travers la porte de l’autre côté de la piece.


      La c’est du sérieux, il passe l’encadrement, avec un putain de fusil mitrailleur et commencé à arroser. Je me jette au sol, mes gars m’imitent, mais l’un d’eux n’a pas le temps de dire « oups » qu’il se prend une rafale de plein fouet et s’écroule. Ça tire, une vraie pluie de balles s’abat sur nous, qui nous planquons, comme des putain de lâches, derrière l’épaisse table cornée en bois. Certains de mes Viandards tentent de riposter, mais Magnus nous sort le grand jeu et on ne peut strictement rien faire face à cette arme lourde. C’est alors que je vois James sortir un foulard et se couvrir la bouche, je beugle alors à mes gars de se couvrir la bouche. Ouais je beugle. Tel un de ces fichus poissonniers, à la criée du Dimanche sur les quais du port de Norland. Puis James sort une grenade de son sac, qu’il balance en direction des tirs. Le petit engin pète et déverse en quelques secondes assez de fumée pour que l’endroit ne devienne aussi clair que le fin fond du trou du cul d’un Roi des mers.


      On avance les gars ! Go Go Go…


      Je mène la charge, suivi de près par mes hommes. Pas question de laisser Magnus me filer entre les doigts. Pas question surtout de lui laisser le temps d’appeler du renfort. J’suis pas un ignorant, je sais bien que Swain, le tyran, serait en mesure de mobiliser une armée en un claquement de doigt. Faut à tout prix empêcher que cette escarmouche ne dégénère et s’ébruite. Gros bras neutralisés, aucune trace de notre cible, le gars a dû prendre la tangente et doit s’être réfugié encore plus haut, donc bien sûr, on continue à monter ces foutus escaliers… Et c’est la qu’on se prend une sacrée branlée. Pas le temps de réagir, pas le temps de déguerpir. C’est un putain de tonneau de poudre qui roule et qui nous dégage de l’escalier. Un énorme tonneau de poudre... Avant même d’avoir eu le temps de nous planquer, Magnus met le feu aux poudres… J’aperçois James qui se jette sur Kyara pour la protéger. Mais c’est tout ce que j’ai le temps de voir.


      Hé merde…

      BAOUM



      L’étage tout entier part en fumée dans une détonation sonore…
        Gueule de bois. Ouais j’ai l’impression de me réveiller avec une putain de gueule de bois… Dos endolori, j’essaie de me relever, le gus qui aura ma vieille carne est pas encore arrivé… L’explosion m’a soufflé si fort dans l’escalier que j’ai carrément rejoint le rez-de-chaussée. Je me remets sur mes guiboles comme je peux, pas loin de moi j’aperçois mes gars, écrasés, balayés par la détonation. J’ai la rage. Au fond de moi, je sens qu’ça bouillonne, de plus en plus fort. Je fais quelques pas, je boite un chouïa et je sens que je vais encore avoir besoin d’une aspirine. L’odeur de poudre brûlée est encore bien forte, faut l’admettre, la mission n’est pas franchement un succès pour le moment…


        Mac.. Macallan… Magnus s’est tiré… Il a du se retrancher dans son cabaret..


        James a l’air mal en point, Kyara est à son chevet et me dit qu’elle s’en occupe. Je dois poursuivre la mission, et on va devoir aller chercher notre gars au fin fond de son fief. Coûte que coûte. Je sors du bâtiment en compagnie de mes deux lieutenants, demande à Kyara de ramener le Doscarien en lieu sûr. Au loin j’entends que ça pétarade sec, les croiseurs ont même fait parler les canons. J’attrape mon escargophone, la première étape va être de regrouper les troupes des quais à la vitesse grand V pour rattraper notre cible.


        Jack est-ce que tu me reçois… … …. …….. …. …. Jack ? Est ce que tu me reçois.. ?! … … …

        Je vous reçois boss… la situation se.. stabilise au port..

        Bien. Que les hommes du Commandant Wanabe empêche quiconque de quitter l’île. Viandards rejoignez-moi au coin de la huitième et la quatorzième, on part en chasse. Terminé.



        Je regarde Kyara disparaître, supportant James et je me dis qu’on a été trop tendre. On a voulu la jouer fine pour une fois, et voilà ou ça nous a mené. J’ai des gamins morts sur les bras, des courriers de condoléances à envoyer et cet enfoiré de Magnus s’en est tiré. Non. C’est pas terminé, d’ici la fin de journée, sois en sûr, j’aurai ta peau. J’attends au coin de la rue comme convenu, les rues sont désertes et le calme règne. Calme rompu par les bruits de pas de les hommes qui finissent par arriver, en formation, avec l’adjudant Bowmore à leur tête.


        Au rapport. Quelques pertes à déplorer.. La situation au port est sous contrôle, les forces en face étaient désorganisées. Qu’en est-il de notre cible ?

        C’est un échec de notre côté. Je suis seul. Notre cible s’est enfuie et est probablement retranchée dans son q.g. Autrement dit, c’est la merde.

        On passe au plan B ?

        On passe au plan B ouais.. déclenchement de l’opération « Sissi ».



        Voilà qu’on s’met en marche, direction Le Cabaret Rosso, charmant établissement réputé pour être là planque de « Rafale ». Ce connard se croit sans doute intouchable là dedans et il est sûrement bien entouré. Mais nous autres Viandards, on est pas là pour enfiler des perles. Qu’est ce que l’opération « Sissi » me demanderez-vous ? C’est le joli p’tit nom qu’on a donné à notre opération coup de poing, on entre de force, on sort Magnus et on l’embarque, le tout au nom du maintien de l’ordre. Et vu qu’c’est Elisabeth « Sissi » Bathory en personne qui nous a donné carte blanche pour cette mission, il est donc normal que l’opération porte son nom ! On arrive bien vite aux abords du cabaret et je constate que Magnus a mobilisé ses gars. Tout au fond de la rue, on peut entrevoir le cabaret, mais t’as une bonne cinquantaine de mecs, armés de manière sommaire qui viennent nous intercepter, il en sort de toutes les rues perpendiculaires et rapidement ils font bloc pour nous empêcher de poursuivre notre chemin jusqu’au cabaret. Des barres de fer, des tessons de bouteille, des machettes, et plein d’autres choses sympas. On fait halte et je décide quand même de leur donner une chance.


        Bien… Au nom de la loi, livrez-nous Magnus Behr et circulez, il est en état d’arrestation. Je ne le dirai pas deux fois.

        Va chier sale pute du gouvernement !



        Oh j’avais prévu que ça tournerait comme ça. J’ai à peine le temps de soupirer que le gaillard qui vient de gentiment me dire d’aller m’faire mettre se rue sur moi avec une batte en bois. J’évite son coup, j’dois dire que ce merdeux est plutôt lent, j’ai même le temps de chopper mon pied de biche et de lui coller un bon coup à la tempe. Le mec s’écroule sur le coup et le moment où il touche le sol pavé et poussiéreux sonne le début de la fiesta. Les truands se mettent à hurler et nous fonce dessus, mes gars s’apprêtent à les accueillir comme il se doit. La fête peut enfin commencer.
          C’est le bordel. On se retrouve rapidement dans une mêlée chaotique, je distribue mandales et coups de pied de biche à tour de bras, protégeant du mieux qu’je peux mes gars. Faut dire qu’ils sont pas en reste, ils vendent chèrement leur peau et putain c’que je suis fier d’eux. Ils en ont fait du chemin depuis notre première mission, ils étaient chenille et désormais les voilà plus grands et plus forts, tel de véritables papillons ! Jack joue du katana, ça sabre dans tous les sens, il couvre mes arrières comme un chef pendant que j’essaie de progresser en direction du cabaret dans cette masse de truands. C’est alors que je me prend un coup d’savate dans la gueule.

          Un coup qui me stoppe dans ma course folle. Je me relève et me retrouve face à une brute qui doit faire à vue d’nez au moins trois mètres et deux fois mon poids. Le type me charge, je lui décroche une droite dans la bouche, mais il me soulève et me balance contre un autre gars. Je repars à la charge instantanément, je choppe ma flasque de whisky dans ma poche et lui lance en pleine face, profitant de son temps de réaction pour glisser sur les pavés, passer entre ses jambes et lui envoyer un bon gros coup de pied de biche dans les jumelles. Le mec chancèle, visage bouffie déformé par la douleur, et c’est Jack qui lui donne le coup salvateur, le tailladant violemment dans le dos. Golgoth à terre, je me retourne et je constate que mes gars ont bien bossé, les gros bras de Magnus sont en pls pour la plupart, y’en a même qui se barrent la queue entre les jambes. Calme retrouvé, une musique endiablée s’échappe au loin, sans doute provenant du Cabaret. On va pas rentrer en masse, je donne l’ordre à ce que les gars se positionnent dans la rue pour couvrir l’entrée et empêcher quiconque de sortir puis je me dirige vers les portes du club.


          Magnus ne sort pas Jack c’est compris ?!

          Reçu boss.



          J’arrive devant le bâtiment, un gaillard fait office de videur et comme je le craignais il pose sa main sur mon épaule l’air de dire que j’suis pas suffisamment bien sapé pour le standing du club. Premier coup de pied de biche dans le bide, le second dans la mâchoire et ce gros nounours est parti pour un petit roupillon. Je pousse les portes pour enfin entrer dans ce foutu Cabaret. C’est plutôt cosy, lumière tamisée, du monde attablé dans une immense pièce, où trône en son centre un orchestre et une jeune chanteuse à la voix envoûtante. Reste à savoir où se cache ce rat de Magnus. L’enfoiré… Il sait pertinemment qu’on ne tirera pas dans le tas s’il est entouré de civils. C’est pas idiot du tout de s’être retranché ici. Je me fonds dans la masse, repère rapidement quelques gros bras, les gaillards ont l’air un peu tendu, mais je fais le choix de les ignorer.

          Me pose au comptoir de cet espèce de bar imposant aux dorures exubérantes et la serveuse, ma fois fort sympathique, me demande ce que je bois. J’suis pas du genre à refuser ce genre d’occasion alors je prends un whisky, un double. Verre récupéré, je règle aussitôt la note en laissant un pourboire à cette beauté et je m’avance dans le cabaret, scrutant la zone, à la recherche de Magnus. Ce chien est ici, planqué quelque part et je compte bien l’extirper de là. Je détecte un peu au dessus de la scène un balcon, typiquement le genre d’endroit où on foutrait le bureau du grand patron. Faut qu’je monte. Demi tour, je retourne en direction des vestiaires et de l’entrée et je remarque un escalier. Derrière plusieurs gros bras. Impossible de passer par là sans m’attirer des emmerdes, faut que je trouve un moyen de les faire bouger.

          Soudain tout s’éclaircit. Petit élan de génie, je vais juste foutre le feu à cet endroit pour provoquer un beau bordel mais surtout l’évacuation des civils. Reste à trouver le combustible. Mon regard se dirige alors en direction du bar, derrière la jolie serveuse, un véritable mur de bouteilles. Oh et puis merde. Je m’approche, récupère une petite serviette en papier et m’installe au bar. Je commande une bouteille d’absynthe et la nana la pose devant moi avant de repartir s’occuper d’un autre client. Je débouchonne, me sers un petit verre que je m’enfile cul sec avant de rouler la serviette et l’enfoncer dans la bouteille. Les choses se passent très vite. Trop vite… Serviette imbibée, la barmaid me regarde et ses yeux s’écarquillent quand elle pige ce que j’suis en train de faire. Je me lève de mon tabouret, dégaine mon briquet et enflamme le linge dépassant de la bouteille avant de la balancer le plus fort possible sur le mur de bouteille.

          Ma bouteille explose, répand les enfers et d’autres bouteilles éclatent aussitôt, alimentant le brasier. La petite se met à hurler et s’extirpe du bar en hurlant « au feu » et c’est le bordel. Les grands rideaux bordeaux qui encadrent le bar s’embrasent à la vitesse Grand V, mouvement de panique les convives se mettent à courir dans tous les sens, direction la sortie. Je me mêle à la foule, yeux rivés sur les golgoth qui gardent l’escalier, deux d’entre eux se précipitent à l’étage laissant le troisième seul. Bingo. Je m’approche et lui passe mon pied de biche autour du cou pour le tirer vers moi dans la foule. A sa hauteur, je le gratifie d’un bon coup de genoux dans l’bide avant de lui offrir un bourré pif et l’envoyer dans les bras de Morphée. Escalier sans surveillance, je me mets à esperer que Jack et les gars s’occuperont des civils sans grabuge et je me dirige à mon tour vers l’étage avec hâte.
            Me v’la à l’étage et c’est la panique à bord ! Un paquet de types qui courent de tous côtés et rapidement l’un d’eux me remarque. J’vois qu’il s’apprête à chopper un truc dans son veston, sans doute un flingue, donc je lui donne un bon coup de pied de biche en pleine poire pour le calmer. C’est reparti pour un tour, un second gaillard me saute dessus avec une lame, il parvient à m’entailler le bras gauche mais je le dégage d’un coup de pied dans l’bide, le pauvre gars dévale les escaliers avec fracas. Puis yen a un qui m’choppe, me ceinture à tel point que je peux plus bouger et son pote m’envoie une série de coups, tantôt dans les côtes, tantôt dans la gueule. J’ai le réflexe de pencher la tête à un moment, et voilà que le mec envoie une bonne droite directement dans la face de son pote qui me maintien. C’est le moment d’bouger, j’arrive à me dégager, dégaine mon couteau de chasse et le plante dans la cuisse de mon ravisseur. Le mec se met à hurler, et de l’autre côté du couloir je l’aperçoit : Magnus.


            B.. Buttez-le !!


            Ah d’accord, il en a vraiment rien à foutre de ses hommes en fait. Deux de ses porte flingue dégainent et s’mettent à tirer dans la direction, ils abattent carrément leurs propres potes ! Les balles fusent, j’retire mon couteau du macabé tout chaud, et j’ai à peine le temps de plonger dans un bureau sur le côté. Ça pétarade sec. Magnus a dégainé son fusil mitrailleur et il est en train d’arroser tout ce qui se trouve encore dans le couloir. J’attends que les tirs ne cessent et je pousse ce fauteuil dans le couloir. Aussitôt, le voilà criblé de balles, autant dire que je ne pourrai pas sortir si facilement. Me vient alors une idée, une bonne idée. Jack est là dehors à attendre mes ordres et moi j’suis encore là à réfléchir ? C’est pourtant évident. J’ouvre la fenêtre du petit bureau dans lequel je me suis retranché. Biiiingo. Jack et les gars sont en face, de l’autre côté de la place, je l’appelle donc via DenDenMushi.


            Jack ? Besoin que vous délogiez des types embusqués. Envoyez tout ce que vous avez par les fenêtres à côté de la mienne.. tu me vois ? Parfait…

            Ordres reçus… terminé.



            L’adjudant Bowmore se détache du moulon et se dirige vers le cabaret en compagnie de cinq de mes gars. Aussitôt arrivés, les voilà qu’ils se mettent à couvert et qu’ils canardent les fenêtres à l’étage. Dans un brouhaha de verrerie qui explose, j’entends les enfoirés qui s’mettent à jurer avant de répliquer en tirant à leur tour par la fenêtre. C’est alors que Jack et ses hommes surenchérissent et balancent la sauce. Des fumigènes. Pleeein de fumigènes qui passent par les fenêtres brisées et qui en un éclair embrument l’étage. J’entends que ça tousse, que ça continue à jurer, il est grand temps d’intervenir. Je bondis hors du bureau, pied de biche en main et le retrouve rapidement dans cette fourre fumée. Je frappe le type le plus proche en pleine gueule et le saisit pour m’en servir comme d’un putain de bouclier. L’autre porte flingue se met à tirer quasi à l’aveuglette et abat par erreur mon rempart humain que je lui balance dessus. Il trébuche mais se relève tant bien que mal. Bim. Mon pied de biche à raison de lui. Magnus se trouve face à moi, il est dans l’gaz mais il pointe son fusil mitrailleur dans ma direction. Je sens que mon cœur s’emballe, me dit que c’est la fin. Click. Click. Click… pas d’bol pour celui qui se fait appeler « Rafale », on dirait bien qu’il est à court de jus.

            Il abat aussitôt son arme sur moi comme s’il s’agissait d’une massue. J’encaisse. Ça fait mal, mais j’encaisse. Je réplique d’un coup de pied de biche bien placé mais il en faudra plus pour le coucher. L’air est irrespirable, lui comme moi avons les yeux qui piquent et pourtant voilà qu’on s’adonne à une petite valse des poings. J’en mange un bon dans les côtes, lui renvoi la politesse avec un coup de genou dans l’bide avant de lui servir le coup de coude qui va avec et qui lui chatouille les gencives. Le type s’énerve, me charge et me projette contre le rebord de la fenêtre. Je me relève mais reprends un bon coup de tête que je lui rends immédiatement. Il dégaine un couteau, me fonce dessus mais j’ai le réflexe qu’il faut. Bon ok pas vraiment mais presque, son putain d’couteau se loge dans ma main gauche, ce qui me permet de l’agripper et de faire passer cet enfoiré directement par la fenêtre. Vive douleur à la main gauche, souffle court, je me penche à la fenêtre pour me soustraire à cette fumée étouffante. Et j’dois dire que le spectacle qui se joue plus bas me plait beaucoup. Magnus est à terre, les fusils d’mes hommes pointés dessus.


            Cible neutralisée boss.


            Sans blague… Pas de temps à perdre, le bâtiment est en feu donc j’ai pas d’autre choix que de me barrer par la fenêtre. Je me foule même la cheville en tombant. Quelle journée de merde vraiment… Y’a un de mes gars qui tente de regarder ma blessure à la main, mais on a pas le temps pour ces conneries. Faut coffrer « Rafale » sur le croiseur et nous tirer de là en vitesse. Menottes passées et sous bonne garde, on se met tous en route, direction le port. Je conseille à mes gars de rester sur le qui vive, cette ville est une vraie poudrière, ça pourrait péter n’importe où et n’importe quand.
              On cavale, ouais on accélère la cadence, jusqu’à tomber sur une putain d’embuscade. Des types sortent de plusieurs ruelles perpendiculaires et nous prennent en étau. Heureusement, très peu d’entre eux sont armés de flingue, ce qui nous confère un avantage certain. J’ordonne aux hommes de se mettre en formation et de les repousser. Ça tire dans tous les sens, je saisis mon pied de biche et je fonce dans la mêlée, je ne peux pas me permettre de nous laisser déborder, alors qu’on tient Magnus. Et je me remets à distribuer des bourre pif, à droite, à gauche, ouais ouais y’en aura pour tout le monde. Jack dégaine son sabre mais reste à proximité de « Rafale » pour le garder et éliminer les types qui tenteraient de le libérer. Une fois cette nouvelle menace écartée et la trentaine de gaillards soit au sol soit en fuite, on continue d’avancer en formation serrée.


              Faut activer Jack. Plus vite on aura levé l’ancre, mieux ce sera.

              Vous ne partirez jamais d’ici Vivants.
              ricane Magnus en titubant.

              On verra.


              On arrive bien vite aux abords des quais, le truc rassurant c’est que les navires sont toujours là et qu’ils ne sont pas en feu. Le truc un peu moins rassurant, c’est la bonne centaine de gars qui se trouvent entre nous et les navires. Pas le choix, va sûrement falloir passer en force… Si seulement on avait la force… Et on a même pas le temps de souffler qu’ils se jettent sur nous. Des malfrats de bas étage, encore et toujours, armés de bouts de bois, de ferrailles, de surins… La consigne est simple, tirer pour neutraliser, tuer seulement si nécessaire. Pied de biche en main, j’accompagne mes gars au combat, brise des mâchoires, des jambes, des bras, peut être même des bijoux d’famille aussi… Bah quoi ? On fait ce qu’on peut. J’ai l’impression que toujours plus d’émeutiers affluent, les gars restent en formation serrée autour de Magnus et avancent comme ils peuvent, on continue le combat, on lâche rien. Peu importe ce qui m’arrivera, je traînerai cet enfoiré à bord du Couperet. Les gars se mettent à couvert, il nous faut traverser cette maudite place pour atteindre les navires mais il y a bien trop de lascars sur notre passage. Ça continue à canarder, certains tirs viennent même de l'autre côté. J'attrape mon DenDen, à contrecœur pour contacter les navires. Il est temps d'arrêter les conneries, je demande un soutien d'artillerie. Les canonniers s’exécutent et font pleuvoir les enfers sur les salopards qui nous barrent la route. Voilà qu'ça pète dans tous les sens, un vrai putain d'feu d'artifice.


              Chemin partiellement dégagé, il arrive encore d'autres truands, vaut mieux pas trainer là. J'attrape notre prisonnier et le traîne en direction du navire quand de nouveaux gaillards se foutent sur ma route. Et là tous cessent le combat, mes gars sont surpris et cessent le feu également. Tous regardent dans une même direction un peu plus haut derrière moi. Je fais volte-face et j’aperçois celui qui s’fait appeler « Le Tyran ». Nous voilà en présence du gouverneur suprême de Zaun, rien que ça…


              Cessez le feu sur le champ. dit il, la main levée, imposant un silence de tombeau avant de poursuivre. Représentants du gouvernement mondial, de quel droit mettez-vous MA ville à feu et à sang ?

              Magnus Behr est en état d’arrestation. Laissez nous regagner nos navires et on s’en ira sans faire d’histoire.

              Sans faire d’histoire ? C’est assez culotté de dire ça, après avoir tué ou blessé mes ressortissants. On m’a également rapporté qu’un Cabaret était en ce moment même en proie aux flammes.

              Nous n’avons pas lancé les hostilités, nous n’avons fait que répondre en conséquence.

              Et donc vous embarquez l’un de mes hommes, un enfant du peuple de Zaun en pensant que ses frères et sœurs vous laisseraient faire sans broncher ?

              Hé, les frères, les sœurs,  tout ça.. ce sont VOS affaires. Je suis les ordres moi, c’est tout. Magnus Behr s’est rendu coupable de crimes et il est en état d’arrestation. Vous pouvez nous laisser faire notre boulot, auquel cas on quittera Zaun sans délai. Ou vous pouvez aussi nous stopper, mais dans ce cas-là.. La prochaine fois, c’est bien plus que deux simples croiseurs qui seront envoyés.

              Vous avez l'audace de me menacer sur mes terres... Quel est votre nom officier ?

              Macallan, Lieutenant-Colonel Wayne Macallan.



              Le Tyran me fixe en silence, il pourrait très bien ordonner à ses hommes de nous liquider ici et maintenant, d’envoyer nos navires par le fond. Il en a le pouvoir et c’est bien ce qui m’inquiète. Mais malgré tout, ce n’est pas non plus dans son intérêt de faire barrage à notre mission et je doute qu’il se compromette pour un minable tel que Magnus, aussi loyal fut il. Après quelques secondes d’un suspens à glacer le sang, l'homme s'apprête à décider de notre sort quand un coup de feu retentit un peu plus haut depuis un bâtiment de la ville. Je regarde alors mon prisonnier, qui a désormais un trou entre les deux yeux, le pauvre gars s'effondre, l'air ahuri. Quelqu'un vient de l'abattre, un tireur embusqué, surement un Zaunien. Moi qui voulais le ramener en vie pour le cuisiner, me voilà bien emmerdé... Habile de la part du Tyran de faire flinguer un type qui aurait grandement pu le compromettre. Rester impassible comme il le fait, alors que l'un de ses plus proches soutiens vient d'crever sous ses yeux, faut vraiment être barge...


              Je vous suggère de remonter sur votre navire et de disparaître Lieutenant-Colonel Macallan.


              Évidement, on demande pas notre reste, mes gars et moi on se magne le cul et on embarque à bord du Couperet, mon croiseur. Navire prêt à appareiller, je jette un dernier coup d’œil, les quelques truands restant, rassemblés sur les quais y sont toujours, immobiles, silencieux, comme s'ils attendaient quelconque signal pour nous attaquer. Quand au Tyran, ce salaud trône toujours un peu plus haut avec sa cour. Nous aurions pu poursuivre la purge, "Sissi" aurait surement apprécié que Swain soit également mit hors d'état de nuire. Mais ce n'est pas ma mission. Je retrouve James, sain et sauf en compagnie de Kyara, tous deux jettent un œil au corps de Magnus, c'est tout de même un sacré coup dur pour la criminalité Zaunienne, qui perd l'un de ses lieutenants ainsi que bon nombre de partisans, certains tués, d'autres aux fers dans nos cales. Et c'est ainsi que deux croiseurs s'éloignent de Zaun, sur une mer calme à la faveur de la nuit, victorieux...