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Un forban chez une connaissance [Alheïri]

    Les flammes étaient toujours imprimées sur la rétine de Rachel. Les cris, les explosions, les tirs étaient un fond sonore qui ne la quittaient pas. La douleur, le mépris la colère la hantaient toujours. Et au fond d'elle, l’amer goût que la défaite laissé sur la langue la rongeait. Cette odeur âpre d'infériorité, cette fragrance d'impuissance suivaient Rachel où qu'elle aille depuis que le Quartier Général de Nortsh Blue avait été détruit par un simple et unique équipage pirate. Un équipage de trois forbans. Et elle, pauvre Lieutenant avec pour seul avenir les rêves qu'elle se forge, n'avait rien pu faire pour arrêter le massacre que les Guns & Gun's avaient perpétrés. Un de plus.

    Le Lieutenant Blacrow gardait de son combat contre le seconde des Guns, une jambe folle, celle qu'il avait prit pour cible lors de sa seule et unique riposte contre elle, lui flinguant le genou droit d'une balle dans l'os. Pas pratique pour marcher.

    Pas terrible pour une mission. Oui, Rachel fut envoyée jusqu'à East Blue, seule maîtresse à bord du navire qu'elle avait à charge. Cette nouveauté, elle la découvrait. Elle avait toujours géré uniquement un équipage. Elle n'avait jamais eu à charge un navire. Aussi se contentait-elle de mener son équipe vers East Blue, en laissant un peu trop de côté ses devoirs de chef sur son vaisseau. Mais personne ne lui dirait rien pour ça, surtout grâce à ses faits au sein du QG. La plupart de ces hommes qui composaient l'équipage du navire avait vécu cet enfer et en était ressorti vivant, indemne et en un seul morceau. Enfin plus ou moins. Ainsi Rachel arpentait le navire en boitant. Et on eut dit qu'elle avait une jambe de bois...

    Malgré un petit détour inutile par un orage pas très violent et par une île qui n'aurait pas dû se trouver là -la faute à vous savez-qui- le navire arriva à bon port après une interminable vogue à travers les océans des blues. En une poignée de minutes, le navire du Lieutenant mouillait au port de Logue Town. Si elle accostait de sa démarche hésitante, la faux sur son épaule, et qu'elle foulait de son pas le pavé de cette île riche de son histoire, c'était parce qu'un des pires prisonniers du QG y avait trouvé refuge peu de temps après que les Guns l'aient libéré, lui ainsi que d'autres garnement -en comparaisons- qui se sont alliées à sa cause et ses muscles.

    Donc, Mr « Poing Forgé », brigand aux biceps de taureau, avait élu domicile sur cette île, imposant sa loi aux autres forbans des parages et aux petits marines qui se pensaient à la hauteur. Si les hauts gradés ne bougeaient pas leurs fesses pour arrêter le monsieur aux poings artificiels et à la tête mise à prix, il prétextaient ne pas vouloir s'occuper des rebuts et déchets de North Blue. C'était donc pour une simple raison de rivalité entre blues que le Lieutenant de porcelaine avait été envoyée aussi vite que possible, afin de régler la situation et de calmer le jeu entre Logue Town et le QG de North. Pourtant, Rachel était joyeuse, du moins autant qu'elle aurait pu l'être, car c'était elle qu'on avait choisi pour récupérer cet énergumène et, toujours pour cette histoire de rivalité, elle avait pour ordre de mission de ramener le forban au QG. C'étaient les premiers pas vers le trône d'Impel Down.

    Pensant à ses rêves de gloire, le Lieutenant à la faux avançait, un sourire fleurissant aux lèvres, derrière elle, un Sergent d'élite suivait son pas claudiquant. Personne autour ne faisait vraiment attention à elle. Ici, une femme marine, même avec une faux plus grande qu'elle, n'est pas forcément matière à alimenter les ragots. C'était autre chose que sur Suna Land, ça c'était sur. Mais pas forcément désagréable. Au moins, elle faisait son métier sans encombres et put aisément traverser la ville et se rendre dans les quartiers un peu moins fréquentés, plus loin du centre et de la potence.

    Maintenant, le grand jeu serait de trouver un type aux allures de taureau à travers toute la ville. Sa dernière tentative de cache-cache s'était soldé par un échec. Ce fut à peine si Rachel ne pria pas pour que cette fois-ci, tout se passe beaucoup plus simplement.



Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mer 5 Oct 2011 - 15:06, édité 1 fois
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    Il faisait assurément jour. Et ça m’faisait chier dans tous les sens du terme. Le temps était clair. L’soleil naissait à l’horizon. Mais pour une fois, ce ne fut pas l’un de ses vicieux rayons qui vint à me réveiller. Non… C’était plutôt des seins. De gros seins doux et moelleux qui s’posèrent sur ma face… Avant d’essayer de m’étouffer… Ce qui faillit réussir si je n’avais pas vite pris conscience, en me levant brusquement de cette délicieuse torture qui aurait pu m’envoyer six pieds sous terre. Alors que je me vautrais contre le dossard de mon lit, la respiration saccadée et l’corps plein de sueurs, mes mirettes de jade se posèrent rapidement sur celle qui s’était faite un plaisir de m’tirer du royaume de Morphée. Pose pin-up, sourire méphistophélique aux lèvres, ma lieutenante me regardait tranquillement en passant ses bras sous son opulente poitrine, l’air gourmande. Son décolleté était provoquant. Trop provoquant même. Et elle le mettait en valeur en se penchant vers moi et en faisant flotter un bonjour sensuel vers mon oreille gauche. Je mordais ma lèvre inférieure en serrant mes draps dans mes mains. La p’tite salope me provoquait, me titillait encore une fois et force est d’avouer qu’un peu plus et je tombais dans le panneau. Car à la seconde qui suivit son salut, elle se releva tranquillement avant d’se casser, non sans m’dire que je devais m’lever sinon que mes couilles en pâtiraient grave. Charmante petite. Pourquoi c’est sur moi que ça retombe toujours… ? C’est bien ma veine de l’avoir emmené…

    L’tout maintenant, c’était de me lever et faire ma toilette du jour. Rien qu’à cette perspective, j’finis par retomber sur mon lit, la flemme dans l’corps. Finalement… J’aurais du rester à Shell-Town, profiter d’mes journées tranquillement. J’baillais grossièrement avant de gratter mes yeux rougis et endoloris par un gros manque de sommeil. Nous n’étions arrivés ici que tard dans la nuit et déjà, ils s’activaient à aller travailler. Pour ma lieutenante, je comprenais tout à fait. C’était sa première visite ici alors comment ne pas en être excitée ? Mais quand bien même, j’trouvais que ce n’était pas une raison pour venir me réveiller de si bon matin. Elle aurait pu accompagner et protéger dans le même temps les scientifiques qui partaient faire leurs achats… Elle aurait pu. Mais toujours est-il qu’elle avait fini d’me réveiller… Et ça m’faisait chier grave, j'vous jure. Résignée à l’idée de sortir, je me levais lentement, nonchalamment, avant d’aller prendre une douche très expéditive. Une fois l’effort accompli je revêtais d’une chemise rose style Hawaï, surmontée d’mon manteau de la marine accroché à mes épaules. Un jean, des tongs, les cheveux en pagaille cachés par ma casquette de marine, la barbe rasée négligemment, le meitou accroché à la taille, c’était bien moi ; Alheïri Salem Fenyang dans toute sa splendeur. J’fourrais dans ma poche plusieurs billets de berrys avant de sortir de ma chambre. Traversant les couloirs de la base par des pas feutrées, je rejoignis ma lieutenante qui se faisait une joie de me voir prêt. Prêt à sortir…

    Mes appréhensions s’envolèrent comme par magie, une fois arrivé dehors. Parce qu’il faisait bon vivre dans les rues bondées Logue-Town. Un parfum de nostalgie envahit mes poumons, provoquant un sourire sur ma mine précédemment froissée par la paresse. Ville mythique d’East Blue, c’était elle qui avait accueilli mes débuts en tant qu’officier de la marine. J’m’en rappelais comme si c’était hier. Alors que je semblais me ressasser du bon vieux temps sous une mine plus ou moins joyeuse, ma lieutenante passa son bras autour du mien avant de me tirer je ne sais où, l’air tout autant heureuse que moi. Ses yeux pétillaient d’une malice qui commença à m’faire peur… J’la voyais venir… Et je sentais que mes Berrys allaient vite disparaitre… J’virais là de la joie au désespoir. Du tout au tout. Car cinq minutes plus tard, nous étions devant un magasin en soldes sur des fringues pour nanas dans un quartier douteux. Alors que je comptais lui refuser tout achat, elle écrasa exprès ses bigs boobs sur mon torse avant d’me faire une bouille de gentille petite fille qui demandait un bonbon à ses parents. Pris d’un violent rougissement devant cette technique imparable, je fouillais dans mes poches avant de lui tendre une liasse de billets dont elle s’empara automatiquement avant d’me faire un bisou… Et d’me laisser en plan devant le magasin achalandé qu’elle pénétra comme une bourrasque… Pfff… Obligé de l’attendre, j’me posais contre le mur de la bâtisse en promenant mes prunelles un peu partout et c’est alors que j'aperçus…

    • Oooooh ! Mais qui vois-je là !

    Avais-je dit en haussant un peu la voix de sorte à ce qu’on m’entende dans cette ruelle peu bondée. Quelques regards se tournèrent vers moi, alors que ma face était à moitié cachée par ma casquette. Fourrant mes mains dans mes poches, j’me décollais du mur, avant de marcher vers cette fine silhouette que j’avais vu. Elle m’avait été plus que familière même… Et assez singulière à mon gout au vu de la faux qu’elle transportait. Je m’arrêtais alors sur le chemin de la personne que j’avais voulu interpeller par ma phrase, avant de commencer à la détailler d’un air souriant. Cheveux noirs de jais qui lui tombaient sur les épaules et le dos, poitrine assez développée pour qu’on puisse la qualifier de « vache à lait », bassin parfait qui supposait un derrière bien rebondie… En somme tout c’que j’aimais chez une femme. Néanmoins… « On dirait que tu as la peau dure, c’est bien. Mais s'promener ouvertement avec une si grosse arme, ça l'fait pas. » … Je remarquais aisément qu’elle boitait d’une jambe. Récente rixe ? Pourquoi pas. Ça f’sait tellement longtemps que je n’avais plus eu de ses nouvelles et qu’elle n’avait même plus daigné prendre des miennes que je ne savais pas. Un truc de quoi… ? Deux, trois ans non ? La p’tite ingrate ! Pourtant j’étais bien content d’la revoir moi. Qui l’eut cru d’ailleurs ? Toujours au milieu du chemin, j’agrandissais mon sourire en me demandant si elle me reconnaitrait malgré cette casquette qui me recouvrait une partie du visage. Puis, pour lui mettre la puce à l’oreille, j’allais à sa rencontre, en lui tendant gentiment les bras pour lui faire un beau câlin.

    • Dans mes bras p'tite Rachel que j’aime. ♥
      Si le jeu de cache-cache avait repris, alors Rachel venait d'être découverte. Mais pas par celui qu'elle-même recherchait. Il fallait dire que, même si elle passait plus inaperçu que si la mort se baladait dans un petit village de campagne, il faut avouer qu'une faux, c'était pas le plus pratique pour se dissimuler. Ce qui tout bien réfléchi tombait bien, car elle ne comptait pas se cacher. Elle ne traquerait pas « Poings Forgés », elle lui sauterait dessus et le capturerait dans la foulée, sans besoin de se dissimuler. Quoiqu'il y a des fois, on aimerait passer sans se faire remarquer.

    -Oooooh ! Mais qui vois-je là !

      Un homme aux habits de la marine et la casquette sur le visage coupa sa route avec l'air du gars qui se la pète. Il ne voulait pas qu'elle voie son regard , ni son visage. Pourquoi ? Une cicatrice à masquer, un tête de Tanuki des mers ? Une mascarade ou un gars qu'elle n'aimait pas ? Cette dernière hypothèse, sûrement, il lui semblait reconnaître la voix. Hésitante, elle s'arrêta à quelques pas du type aux allures louches et sur ses pas, le Sergent d’Élite fit la même chose. Et s'il avait la blague facile, il restait pourtant méfiant envers cet homme. Rachel le fixait de son regard vert, faux prête à être dégainée, sur le qui vive.

    -On dirait que tu as la peau dure, c’est bien. Mais s'promener ouvertement avec une si grosse arme, ça l'fait pas.

      Bon, premier contact, l'individu semble un peu s'éloigner du sujet qu'est la rencontre en parlant de l'arme lourde de Rachel. Il est frustré ce type, jaloux de voir chez une fille un instrument plus gros que le sien ? Ou alors c'était qu'il est violent de nature et qu'il cherche tout ce qui pourrait avoir un rapport de près ou de loin avec la bagarre, mais peut-être aussi qu'il est effectivement une connaissance de Rachel qui cherche à se venger d'une manière ou d'une autre d'une cuisante défaite qu'elle avait du lui vendre. Mais qui ? Elle en avait défait des dizaines de malfrats. (Là, imaginez des étoiles qui dansent dans son regard vert à cette pensée). Ou alors il était totalement stupide, un imbécile qui s'approche d'une fille sur ses gardes, mains dans les poches et l'air louche. Et même s'il avait un habit de la marine, notre faucheuse n'était pas confiante du tout.

    -Dans mes bras p'tite Rachel que j'aime.♥

      Réaction stupide ou réflexe salvateur, Ce n'est pas le corps fragile que le Colonel Fenyang serra dans ses bras, mais le pied dur que son visage reçut pour le maintenir à distance. Une chance pour lui que ce ne fut pas la faux qui eut ce rôle, il aurait eu un peu plus qu'une marque de semelle imprimée sur la joue. Et puis le coup eut comme incidence directe de faire tomber la casquette. Il ne fallut que ça pour reconnaître les courts cheveux blancs du Colonel ainsi que ses yeux verts qui faisaient écho aux siens.

    -Sa... Salem ?

      Elle reste bête devant le visage rougi de Alheïri qu'elle vient de frapper. Quelle idée aussi de l'approcher avec un tel air. Le sourire qu'il lui avait fait, il ne le réservait qu'à d'autres, pourtant. Depuis quand était-elle devenue une cible pour lui ? Elle baissa sa faux et sentit le rose lui monter aux joues. Elle venait tout de même de frapper l'homme grâce à qui elle était encore là...

    -Mais enfin, Tu m'as fait peur ! Annonce-toi, présente-toi au moins, la prochaine fois. Je suis sur la défensive là, comme un animal blessé, tu aurais pu perdre la tête avant de comprendre pourquoi.

      Elle soupire, une main sur la poitrine comme si elle avait eu peur. Bon Dieu, elle allait finir chèvre. En plus, elle l'avait frappé avec sa jambe blessée. Histoire de bien la faire souffrir un peu plus et d'une autre manière pour avoir cogné le Colone Laxiste. Dans son dos, le sergent Druma garda le silence, ne sachant où se mettre ou comment réagir. Ni même quoi dire. Pour une fois qu'il ne sortait pas une de ses blagues stupides...

    -J'ai entendu dire que tu t'occupais de Shell Town. Que fais-tu à Logue ?
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      À fleur de peau la p’tite dame. Qui n’savait même pas reconnaitre son mentor. Alors que je croyais que la jeune fille allait se précipiter dans mes bras un peu comme dans les films à l’eau de rose, tout ce que je récolte c’est une chaussure noire dans la tronche. Un coup de pied vif, adroit, agile, véhément, qui ne me laissa aucun temps de réaction notable. De ce fait et complètement décontenancé par cette attaque d’une brusquerie inimaginable, je glissais avant de sentir mon corps chuter comme une lourde pierre au fond de l’eau. Et ce, dans un bruit sourd. Dans ma tombée, ma casquette m’avait abandonné pour aller tomber à quelques mètres plus loin. Cette situation provoqua l’ébahissement chez certaines personnes aux alentours. Comment est-ce que cela pouvait être possible ? Comment une marine pouvait en taper un autre, alors que tous deux arboraient un manteau de marine qui attestaient leur rang d’officier ? Ils ne comprirent pas et ils préféraient ne pas s’en mêler. Alors que je me remettais de ce coup de pied affreux, une voix féminine balbutia mon prénom avec peu d’assurance. Salem ? Ouaip, c’est bien moi. Elle semblait m’avoir reconnu enfin ! C’est pas trop tôt moi j’vous dis ! Alors que j’essaye de remettre mes esprits en place, la voilà qui m’bombarde de questions, sans même me présenter des excuses, à moi COLONEL de la célébrissime marine qui suis techniquement son supérieur. J’aurais pu le prendre mal hein, j’aurais pu, mais après, c’était ma petite Rachel quoi…

      • Eh bah, tu cognes dur toi. C’est bien…

      Effectivement, elle cognait fort et c’est pas un rien d’le dire. Parce que ouais, j’étais sonné là. Limite, elle m’aurait bousillé mon nez qui était endoloris et qui saignait même. Je clignais plusieurs fois des yeux avant de redresser mon torse. Pour être sur de mon état, je tâtais mon nez avant de sentir le filet de sang sur mes doigts. Dire qu’il y a encore quelques années, cette fille n’était même pas capable de tuer une mouche… J’pouvais être fier de moi, même si je n’avais pas pleinement contribué au développement de sa force. Tout en souriant, je tendais mon bras dans le vide, à ma gauche, avant de refermer ma main sur la casquette standard de la marine, que j’avais arboré durant toute cette journée. J’vérifiais si elle n’avait pas prit poussière, avant de la remettre correctement sur ma tête. Et puis d’un bond, hop, j’étais debout, surplombant la population environnante de ma grande taille. Je me craquais le cou histoire de remettre quelques vertèbres en place, avant de dégoter un mouchoir d’une de mes poches et d’essuyer le sang qui s’écoulait de mes narines. Je jetais un regard en biais au magasin dans lequel ma lieutenante s’approvisionnait en je ne sais quoi, avant de hausser les épaules et de recommencer à m’avancer vers la jeune femme qui me faisait face. Je plongeais tranquillement mes mirettes de jade dans les siennes qui me ravissaient, puisque nous partagions cette même belle couleur qui en troublaient plus d’un... Déjà un point commun depuis tant de temps passé loin de l’autre…

      • Perdre la tête ? Par ta faux ? Tu réagis toujours comme ça à chaque rencontre avec tes supérieurs ? Fais gaffe… Et puis je ne sais pas par quel miracle tu as su que j’étais à Shell-Town, mais la moindre des choses, aurait été d’essayer de me joindre, non ? Méchante petite fille, disais-je d’un ton taquin.

      Je ressentais moins ma douleur nasale au fur et à mesure des pas que j’effectuais vers elle. J’aurais bien envie d’une clope, là, maintenant mais je n’en avais pas sur moi. A défaut de cigarette, la vue sur la petite, que dis-je, sur la femme qui me faisait face d’un air surpris et un peu gauche, me satisfaisait totalement. On était loin de la gamine que j’avais aidée… Époque lointaine que je ne regrettais pas une seule seconde. Je ne pouvais décemment plus lui tirer les oreilles comme avant ou l’effrayer avec mes muscles et mon sourire parfois menaçant, mais force était d’avouer que sa beauté comblait le tout. Le fruit avait muri à une vitesse effroyable si bien qu’il me donnait l’envie de le cueillir, le laver proprement et le déguster savoureusement avec toute la patience du monde. J’étais, il faut le dire, assez troublé par la beauté que Blacrow dégageait. Son pied touché ne gâchait en rien l’image qu’elle me donnait d’elle. J’aurais facilement eu une érection, là, en pleine rue. Mais j’avais heureusement le contrôle de moi-même. Mes yeux détaillèrent tout d’abord les traits fins de son si beau minois. Ils glissèrent doucement vers son exubérance mammaire qui m’obnubila du tout au tout. J’aurais pu plonger dedans, j’l’aurais fait sans retenue. Mais après c’que je venais d’encaisser et même si elle m’avait reconnu, l’idée ne me ravissait pas tellement. Et puis il y avait sa robe fendue… Qui donnait pleine vue sur l’une de ses cuisses ma foi, assez plantureuse, pour confirmer la rondeur d’un beau fessier imposant…

      • Tu es devenue femme, dis moi…

      Lui avais-je susurré une fois arrivé tout près. Je me penchais pour avoir mon visage près du sien, ignorant complètement le petit homme qui la suivait de près. Mon faciès près du sien, ma bouche prête à l’embrasser peut être langoureusement même. Finalement, ce fut plutôt sur son front que mes lèvres se posèrent délicatement, semblablement au bon vieux temps comme quand je voulais la rassurer ou même la féliciter d’une quelconque bonne action. Au fond de moi et même si j’étais un lubrique pervers satyre fini, j’espérais lui avoir inculqué quelques petites valeurs quoi. M’enfin… Là n’étaient pas mes appréhensions du moment. Sans me préoccuper du monde autour de nous, je passais une main autour de sa taille de guêpe parfaite, avant de poser mon autre patte sur l’une de ses grosses masses de chairs. Oui, je la tripotais et non, je n’avais pas peur d’elle. Rachel était une fille qui m’avait fait voir de toutes les couleurs, alors bon… Disons que j’étais un vieil habitué, qui méritait quand même un brin de récompense… Non ? Rhooo… C’est pas comme si je la draguais ouvertement non plus, hein. Même si j’avais ce visage qui apparaissait lorsque je guettais une proie à foutre dans mon pieu le plus rapidement possible. Je soupesais le sein comme si toute ma vie en dépendait, mon regard toujours scotché à celui de Bla’, avant de m’écarter d’elle sans lui avoir vraiment laissé l’temps de me donner un coup de genou ou autre chose de ce genre…

      • Et qu’est ce que je fiche ici ? Rien de vraiment particulier… Mais toi ? Dis-moi un peu c’que tu deviens et ce que TU fais ici… Et si tu me racontais ça, autour d’un verre ?
        C'était bizarre de retrouver ici Salem. Comme s'ils n'avaient jamais perdus contact. Comme s'il n'y avait pas plus de quatre années entre ce jour et celui où ils s'étaient vus pour la dernière fois. Comme elle se sentait petite, face à cette figure dominante qui représentait tant aux yeux de Rachel. Elle se massait le genou tandis que son regard était plongé dans les yeux de jade du Colonel. Il était impressionnant, il fallait l'avouer. Avec sa droiture digne d'un justicier et sa taille digne des plus grands hommes. Oui, elle admirait Alheïri. Pour de nombreuses raisons. Et même si ses cheveux blancs lui rappelaient douloureusement Timuthé, numéro 2 des Gun's, elle n'avait pas beaucoup d'autres points de comparaison. C'était Salem, tout simplement. Et malgré les années, il lui parlait comme si elle avait encore quatorze ans. Comme s'il venait tout juste de la repêcher et de la former. Et même si, cinq années plus tard, elle portait sur le dos une faux bien plus lourde que la plupart des armes de base, elle ne se sentait pas plus grande que la petite fille qu'elle avait pu être en une autre époque.

        Elle ne répondit pas comme il lui reprochait de ne pas l'avoir contacté. Elle n'avait pas souvent pensé à ce qu'elle était devenu, pourquoi ni comment. Pourquoi se ressasser sans cesse le passé ? Elle avait un présent à mener. Même si cela impliquait de perdre de vue les grands Hommes qui avaient marqués sa vie. Elle baissa les yeux sous sa réplique taquine, comme s'il lui faisait réellement la morale. Il y a des réflexes qu'on n'oublie pas. Quoiqu'au final, il n'avait pas vraiment fait de grandes démarches pour la contacter, lui non plus. Elle a également envie de lui répliquer que ses supérieurs ne lui coupent pas la route avec le visage caché et un sourire mauvais sur le visage, mais toujours pour la même raison, elle s'en abstient. Il s'agit de Salem. Et elle aurait dû le reconnaître dès le premier coup d’œil. Rien qu'à sa taille à la limite. Mais il s'agissait de plus d'un Colonel, maintenant, et elle lui devait le respect dû à tout marin de ce grade. Un jour elle aurait ces mêmes attentions à son encontre. Et là elle aurait littéralement des étoiles plein les yeux. Mais en attendant, elle les baissait devant celui qui restera son modèle pour beaucoup de chose. Le Colonel Kimura avait certes beaucoup participé à la formation de la faucheuse et lieutenant Blacrow, mais si elle était Rachel, c'était grâce à lui. Une différence tenue mais qui était mine de rien énorme pour elle.

        Il s'approche. Elle sait ne rien avoir à craindre de ce qu'il pourrait lui dire, lui reprocher et le connaissant, il risquait de lui faire un compliment sur son physique. Elle avait capté son regard tout à l'heure, celui qui induisait fortement que l'on est qu'un morceau de viande pour un loup affamé. Et si elle estimait Salem comme personne d'autre, elle ne se laisserait tout de même pas marcher sur les pieds et se laisser faire sans rien dire. Elle n'était pas ces femmes des ports à qui l'on ordonnait de se coucher et, surtout, qui obéissaient. Oh il pourrait tout de même essayer, même si elle doutât qu'il le fasse réellement, mais elle saurait le recevoir. Et cette fois, en toute connaissance de cause. Et ce n'était pas son pied qui irait rencontrer sa tête mais bien sa faux qui irait trancher... ses attributs. Rachel eut un petit sourire qui la fit rire elle-même. Comme si elle en aurait été capable.

      -Tu es devenue une femme, dis-moi...

        Le sourire de Rachel s'élargit un peu plus. Et voilà, elle l'avait prédit, un compliment. Ou du moins ça y ressemblait beaucoup. Avec derrière un superbe sous-entendu. Une femme qu'il voudrait bien mettre dans son lit en d'autres circonstances. Il la surplombe, de plus d'un demi-mètre. Comme elle se sent petite, regard levé, vers cet homme à la bonté charismatique. Et pourtant, elle se sent entre de bonnes mains. Protégée, en sécurité. Lever la tête comme elle le faisait lui rappela également la manière dont elle regardait son Colonel, feu la Grande Dame. Il se plie ensuite, se rapprochant du visage de la faucheuse dont la faux ne le perturbe en rien. Flexible comme dirait une autre. Du haut de son petit mètre soixante, Rachel observe le grand homme se baisser vers elle. Elle esquisse un pas de recul, mais ne le termine pas. Il y a un instant d'hésitation. Il est proche. Un peu trop pour une simple relation Colonel/Lieutenant. Mais contre toute attente de l'assistance, il ne fait que déposer ses lèvres sur le front de la petite fille. Car c'est uniquement ce qu'elle est avec lui. Et ce contact, si tenu pour le reste du monde, n'est que la preuve qu'il n'y a pas qu'une relation d'officier à supérieur. Quelques images repassent devant les yeux de Rachel, des épisodes de sa vie où en d'autres occasions, il l'avait déjà embrassée de cette manière. Et comme il se décale pour venir la prendre par la taille, elle rosit à peine et rit. Comme une enfant heureuse. Envolés ses soucis, sa jambe folle, ses images du QG en feu ou sa haine omniprésente envers Saru ou Tim. Elle n'est plus le Lieutenant à la faux, elle n'est plus que Rachel, la petite fille que Salem vient de repêcher sur une île déserte où elle servait de cible vivante. Et il n'avait eu besoin de rien d'autre que déposer un simple baiser sur son front pour la libérer, peut-être de manière éphémère, certes, mais tout aussi efficacement, de ses tourments.

        Elle est dans son monde, elle rigole avec légèreté, inconsciente du Sergent Druma sur ses talons, inconsciente des regards qu'on leur porte avec attention, inconsciente des la femme qui vient de sortir d'une des boutiques de la rue. D'ailleurs, il lui faut eu petit moment avant de se rendre compte qu'il n'y a pas qu'une main sur ses hanches mais qu'il y a également une sensation similaire sur sa poitrine. Et le temps qu'elle baisse les yeux vers ses seins, uniquement habillés de sa robe noire, la main de Salem n'est plus là. Elle lève vers lui un regard de reproche amusé. De toute façon, il s'est assez éloigné pour éviter un nouveau coup de pied intempestif. Alors autant en rire. Et on rira encore plus s'il retente sa chance.

        Et puis, il lui demande ce qu'elle fait ici. Et là, c'est fini l'insouciance. Car elle n'est pas là pour faire mu-muse avec le Colonel, même si elle aimerait beaucoup. De toute façon, il évoquait trop de souvenirs, alors autant ne pas trop se laisser aller à la facilité. Sa posture jusque là décontractée et légère se tend à nouveau. Il avait revu Rachel l'espace de quelques petites minutes, mais il aurait de nouveau à faire au Lieutenant Blacrow. Car elle n'est pas là pour siroter tranquillement un verre en évoquant innocemment les souvenirs d'antan. Non, elle a un compte à régler aux bandits échappés du QG de North Blue. Elle se tourne vers Salem et si son visage est impassible, on peut voir qu'elle est presque triste de devoir quitté ses vêtements de jeune fille insouciante revêtir sa veste d'officier de la marine. C'était son rôle et il lui tenait à cœur, alors elle le garderait. Elle fixe le Colonel un petit moment, le détaillant avec autant de minutie que lui-même avait pu le faire avec elle.

      -Oh... ce que je deviens et ce que je fais ici. Les deux réponses sont liées. Je suis Lieutenant d’Élite -ou presque- pour le compte du QG de North Blue. Et sans la moindre hésitation, je sais que tu es au courant de ce qu'il est advenu du Quartier Général ces derniers temps. L'information a été véhiculée comme une traînée de poudre. Évasion massive, destruction plus que partielle de l'île et de la ville, cadavres et ruisseaux de sang à foison. Une affaire de pirate, les Gun & Gun's, qui ont tout organisé et dont je n'ai pas pu empêcher l'évasion. Je n'ai fait que récolter une vilaine blessure à la jambe, comme tu peux le voir. Et me voilà ici pour traquer un des évadés, sûrement l'un des plus hostiles et dangereux, exception faite des membres des Guns. Voilà, mais j'aurais cru que tu lirais le journal, tout y est référencé. Merci le Panda Déchaîné... D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé ton interview. Mais ne t'en fais pas, je n'y crois pas du tout.

        Une tirade comme elle n'avait pas l'habitude de faire, restant plus généralement dans un silence respectueux et passant plus facilement inaperçu. Du moins si l'on exceptait la faux noire qu'elle traînait toujours sur l'épaule. Elle sourit même avec joie au Colonel en terminant. Comme ça, on finit sur une touche un peu plus légère et amusante. Une touche qui renforce le lien qui les lie et qui pourtant est devenu un peu tenu ces derniers temps.

      -Et pour le verre... on devra remettre ça. Je ne suis pas ici pour me tourner les pouces. Alors soit on repousse jusqu'après la capture du criminel que je dois ramener -primé qui plus est- soit on se prévoit autre chose en un autre temps. En attendant, je rechercher un type louche qui fait sa loi dans le coin, en ville ou plutôt dans les alentours et se fait appeler « Poing Forgé ». En aurais-tu ne serait-ce que légèrement connaissance ?


      [HRP: T'as vu, j'ai changé d'avatar juste pour toi. =D]
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        • Je comprends pour le verre… Et malheureusement, je n’ai pas de nouvelles de ce fameux poing forgé…

        Un peu déçu sur le coup, moi qui voulait passer du temps avec elle. C’était pas non plus sur le coup de la déception que je ruinais ses espoirs, mais je disais effectivement vrai. Je n’avais aucune nouvelle de ce forban, vu que je venais d’accoster l’île depuis quelques heures seulement. D’ailleurs et bien que j’avais eu écho des échauffourées à North Blue, je ne m’y étais pas tellement intéressé, ayant fort faire moi aussi avec la protection de la population et la construction du célèbre Léviathan. A vrai dire, j’avais complètement zappé tout ce qui s’passait à l’extérieur de mon île, avec toutes les attaques pirates que j’avais du anticiper, bloquer, intercepter. La paperasse sur les rapports des autres bases et les journaux des différents faits mondiaux qu’on me livrait, étaient tout simplement entassés dans mon bureau où il y régnait un capharnaüm phénoménal. De plus, je n’avais pas tellement capté ce que ma petite Rachel voulait me dire par mon soit disant interview. Certes, j’en avais donné un à un journaliste assez bizarre sur un thème tout aussi surprenant, mais ça faisait un bail maintenant. C’est donc vous dire comment j’étais déconnecté du monde. C’est aussi un peu pour ça que je profitais de Logue Town pour prendre une petite pause. Peine perdue quand on savait comment était ma lieutenante Ketsuno. La p’tite peste m’avait réveillé. Mais ça avait du tout bon. Parce que je me disais bien que sans ça, certainement que je n’aurais pas revu ma petite protégée devenue maintenant lieutenante d’Elite. C’est pas un rien tout ça. Un sourire fendit mon faciès alors que je la regardais. J’aurais du bomber le torse, fière de ce qu’elle était. Malgré tout ceci, une question venait à me turlupiner à propos de sa présence ici et de celle du forban qu’elle poursuivait ardemment. Parce que oui, North, c’était pas la porte d’à côté…

        • Mais pourquoi tes supérieurs n’ont pas contactés la base de Logue Town pour qu’elle s’occupe de ce cas ?

        Il y avait effectivement cette option. La base de North aurait bien pu saisir celle de la ville pour une entraide efficace. L’heure n’était plus à l’orgueil vu la recrudescence affolante de la piraterie. D’autant plus l’amiral en chef avait, ces derniers temps, insisté sur la collaboration entre marines et entre les bases des Blues. Alors que je questionnais Rachel, je levais les yeux vers le jeune derrière elle qui fit une grosse grimace. Grimace qui m’interpella d’ailleurs, au point que j’écarquillai les yeux sur le coup. Ma question était-elle si idiote que cela ? Apparemment. Les rivalités entre le QG de North et la base Logue ne m’étaient pas inconnues. J’avais travaillé dans cette ville pour en savoir un rayon sur ce sujet. Mais jamais je n’aurais cru que ces vieilles querelles subsisteraient encore après mon départ datant deux ou trois ans en arrière. Je soupirais avant de prendre un air assez réfléchi, sérieux, mes yeux dorénavant braqués sur Rachel. Aucun supérieur saint d’esprit n’aurait envoyé un officier handicapé sur un terrain qui pouvait s’avérer sacrément dangereux. Tout commençait à s’éclairer petit à petit dans mon esprit. Pauvre petite. Bien qu’elle semble à première vue fière de pouvoir effectuer cette mission, je la plaignais un peu. N’y avait-il pas d’autres personnes qui pourraient la remplacer dans cette tâche ingrate ? Soupir. J’aurais bien voulu aller sermonner le colonel actuel de la base, mais était-ce nécessaire ? Je n’avais non seulement pas autorité sur lui, mais qui plus est, il s’pourrait que Rachel n’ait même pas cherché à contacter ne serait-ce qu’un officier de ce coin. La connaissant parfaitement, j’pouvais vous assurer que cette fille avait parfois un caractère bien trempé. On avait qu’à prendre pour preuve le coup de pied qu’elle m’avait administré en pleine tronche avec bon cœur, il n’y a même pas cinq petites minutes de cela…

        • Et puis… Chercher quelqu’un sans même prendre la peine de se camoufler… C’est pas la meilleure des solutions, tu sais… Tu es sure qu’il se trouve vraiment ici, à Logue-town ? Tu as une piste au moins ?

        Je touchais là, deux points bien distincts. Le premier point relevait un peu sa tenue. L’inexpérience, j’vous jure… Rechercher quelqu’un sans se camoufler au préalable… Rachel faisait fort là. Le minimum aurait été de s’accoutrer autrement que de porter ses vêtements habituels ainsi que son manteau de marine. Dans ces faubourgs, la marine n’était pas tellement appréciée. Les regards que certains passants nous lançaient, témoignaient de ce fait. Moi j’avais personne à chercher, donc je m’en fichais un peu. D’autant plus qu’on connaissait bien mon visage et la force que j’avais. Mais c’était pas vraiment l’cas de la petite fille. J’espérais qu’un complice du fameux « poing forgé » ne se trouvait pas dans la foule… S’il était vraiment dans la cité, il était plus que clair qu’il avait de nombreux complices. Et si lesdits complices s’promenaient dans l’coin, actuellement, sans doute qu’ils le préviendraient de la présence de la lieutenante. Il pourrait ainsi prendre ses précautions pour ne pas s’faire choper par une pauvre Rachel qui passerait la ville au peigne fin, sans jamais avoir la chance de le retrouver. Et ça n’le faisait vraiment pas. Et puis avec une faux pareille, on n’pouvait pas vraiment passer inaperçu… Les informations qu’elle détenait étaient le deuxième point. En silence, je me remettais à caresser l’une de ses joues, l’air un peu ailleurs. Ce qu’elle m’avait dit manquait cruellement de consistance. Mais bon, j’ne pouvais pas lui en vouloir de m’avoir fait un p’tit résumé de la chose. P’être qu’elle en savait un peu plus. Et puis il me venait une idée très lumineuse. Qui allait p’être me casser un peu les couilles vu que j’voulais profiter à fond de ces quelques jours pour me reposer, mais tant que je pouvais rester près d’elle pendant un bon moment...

        • J’veux bien t’aider quand même…. Mais pour commencer, il serait bon qu’on capture une petite frappe pour le soumettre à un interrogatoire en échange de sa liberté… Enfin, si tu veux bien de moi et de l’idée…


        [J'préférais l'ancien T___T]
          Ce n'était peut-être pas si mal qu'elle ne le voie pas si souvent, le Colonel. Car il était vrai qu'elle appréciait grandement de le retrouver, de pouvoir sourire avec plaisir, de rire presque et de rester insouciant le temps que les habituelles salutations et dons de nouvelles sont échangées. Elle se retrouvait plongée dans un monde onirique, passé, perdu, qu'elle touchait du doigt avec nostalgie. Simplement Rachel. Mais tout ça est déjà dit. Car l'inconvénient, puisqu'il y en a un, c'est qu'elle se sentait Rachel. Et c'était ce qu'elle avait voulu changer. N'être qu'uniquement Rachel et pas un officier de la marine ne lui avait plus suffi. Elle rêvait de plus, de mieux. Et de beaucoup. De trop peut-être. Ainsi elle s'en était éloigné pour faire sa propre carrière et non plus évoluer dans l'ombre du Colonel Laxiste. Et elle y était arrivée. On ne la présentait plus depuis longtemps comme la subordonnée de Salem. Tout comme son existence avait été détachée de celle du Colonel Kimura. Bien que les contextes soient bien différents. Mais elle s'était affirmée et avait gagné en influence. On débattait sûrement encore de son cas sur Suna Land. Elle était le Lieutenant Blacrow.

          Or, ici et maintenant, levant les yeux à excès pour s'adresser à son cher Alheïri, elle se sentait dominée, impuissante, insignifiante. Si encore elle avait pu faire le tri entre ses réelles sensations et celles qui ressurgissaient face à lui. Mais non. C'était un torrent contre lequel elle ne pouvait nager. Elle devait se l'avouer, quel homme. Quel Grand homme. Et pourtant, elle était fière de pouvoir s'affirmer avec lui. Rien que le fait de pouvoir plonger son regard dans le sien lui semblait un exploit hors de la portée de nombreux autres marins. Aussi lorsqu'ils se détachèrent, lui cherchant celui du Sergent Druma étrangement silencieux dans son dos, notre faucheuse se réveilla. Elle reprit pied, saisissant cet instant où il ne la regardait pas pour se reconstruire une image de Lieutenant qu'il brisait si aisément par sa seule prestance.

        -Les prisonniers de North sont les prisonniers de North. Et sauf cas exceptionnel, Logue ne va pas stopper toutes ses activités pour bander les blessures suintantes d'une autre mer.

          Elle se tut, réussissant sans mal à contenir tout ce qu'elle aurait pu ajouter. Ça avait été une bassesse politiquement correcte que de prétexter la surcharge de travail. Bien sûr, elle était avérée, mais envoyer un homme surveiller les agissements d'un forban ne devait pas requérir une montagne de besoins. Alors si, North avait contactée Logue, du moins semblerait-il -sauf si elle s'était trouvée trop fière pour le faire. A moins même que ce ne fusse Logue qui avait contacté North pour la sommer de venir récupérer son prisonnier. Mais au final, ça n'avait en aucun cas abouti à une entraide. Voire même eut l'effet contraire. Pourtant, alors qu'il posait cette question, une pensée vint à l'esprit de Rachel. Ce devait être totalement irresponsable de laisser sans surveillance un dangereux bandit dans des rues aussi civiles que celles de Logue Town. Et finalement, après y avoir réfléchi un peu plus profondément, il devait y avoir au moins un homme, qu'il soit de la marine ou directement du gouvernement, voire même des autorités locales pour assurer un semblant de sécurité pour les civils. Et donc surveiller cette frappe forgée. Alors pourquoi ne pas s'en être occupé carrément plutôt que de risquer la vie de personnes plus ou moins innocentes? Un test? Encore? Non... ils avaient donc à ce point flashé sur elle? Avait-elle réussi à attirer l'attention de plusieurs blues en une seule attaque des Guns? A ce rythme, elle allait les aimer pour de vrai ces pirates. Bientôt, Impel Dow, bientôt!

          Ce fut de nouveau son supérieur aux yeux verts qui lui arrachèrent les étoiles qui étincelaient déjà dans ses yeux. Il la tira tout simplement de ses rêveries. A ses côtés, il se mit à caresser sa joue distraitement. Depuis cet angle de vue, il semblait véritablement gigantesque. Que devait être un géant dans de pareilles conditions? Puis finalement, il enchaîna. Mieux, il proposa à Rachel son aide. Première réaction, un sourire. Honnête et plutôt contente. Mais elle se retint de parler et rabroua son sourire pour le fixer d'une manière plus professionnelle et plus réfléchie. Voulait-elle vraiment de son aide? Ne se sentirait-elle pas de nouveau comme une enfant dans les jupons de son père? Cette mission, elle avait encore la prétention de pouvoir la réussir. Et puis, comment la considérer comme satisfaisante, puisqu'il s'agissait d'un test? (et ne vous méprenez pas, ce serait cruel de ma part de venir la contredire). Pourtant, l'idée de Salem lui plut. Pas forcément pour torturer du gonze pour qu'il révèle avec quelles filles de joie il passe la plupart de ses nuits ou si son père le battait alors qu'il n'avait pas l'âge de raison. Non, c'était d'un point de vue purement professionnel. (A nouveau, je ne vais pas briser les mensonges qu'elle s'inventait. J'ai une âme, moi, narrateur).

        -Ce serait vraiment un honneur, Colonel Fenyang. Je pensais justement que Logue devait avoir au moins un homme chargé de surveiller un tel criminel sur l'île et qu'il devait avoir des informations sur ce fameux « Poing Forgé ». Ce que je propose, c'est que vous alliez lui donner votre propre interrogatoire, votre grade devant facilement délier sa langue. Vous êtes du même côté et malgré un éventuel ordre de se taire, vous devriez avoir les quelques données grappillées sur notre forban par ce ou ces types. De mon côté, je me charge de cette « petite frappe », l'interrogeant à ma propre façon. On recoupe les informations ainsi obtenues chacun de notre côté et on s'en va cueillir un criminel primé.

          Elle reprit son souffle avec une mine gênée. Anxieuse de la réaction du Colonel. Elle s'en mordit même la lèvre. Elle ne redoutait pas qu'il n'apprécie sa liste des courses à faire. Non, elle n'en doutait pas. Elle avait un minimum confiance en sa propre capacité d'analyse et de mise en scène mentale des coups adverses et des siens. Pas encore au stade de Ryuuku, mais elle restait en bonne place. Elle releva la tête, prête à subir la sentence. Car ce qu'elle appréhendait était la réaction de Salem face au vouvoiement forcé qu'elle avait employé. Elle avait ainsi délibérément tracé une ligne entre Rachel et Salem, entre le Colonel Fenyang et le Lieutenant Blacrow. Une ligne qu'elle redoutait de devenir une tranchée qui ne s'élargisse entre eux. Mais la tête haute, résolue et déterminée à lui faire comprendre qu'elle était en mission et pas ailleurs, elle était quasiment au garde-à-vous, se convainquant elle-même qu'elle ne voulait plus être cette petite fille qui suivait son tuteur et héros. Qu'elle n'était plus une pauvre fille repêchée par hasard et qui fuyait quiconque n'était pas le grand et rassurant Salem Fenyang. Et elle espérait qu'il comprendrait qu'elle souhaite se démarquer de ces deux situations. Mais soucieuse et ne réussissant pas à repousser cette crainte qu'il lui en veuille, elle ajouta avec un sourire presque trognon. Presque à cause de la faux qui rendait la scène plus effrayante qu'autre chose.

        -Nous pourrons ensuite aller boire un verre ensemble.

        [Et que dis-tu de celui-ci? Plus sexy, non? **]
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          • C’est toi qui décides, moi ça m’va.

          Avais-je dis le plus simplement possible en lui offrant le même sourire qu’elle m’accordait. Après quoi, je détachais mon escargophone portatif avant de la lui remettre gentiment. Pas besoin d’mots pour qu’elle comprenne mon geste. Vu qu’on devait se séparer un moment, il nous fallait au moins communiquer à distance pour pouvoir agir efficacement. Quoi ? Vous vous attendiez véritablement à ce que je lui fasse des sermons parce qu’elle m’avait tout bonnement vouvoyé ? Naaan… Pas la peine. Et c’est à croire que vous n’me connaissiez vraiment pas. J’avais depuis longtemps compris que Rachel voulait voler de ses propres ailes et avancer de son propre chef, de ses propres moyens. Ça avait commencé depuis le jour où elle avait décidé d’officier dans d’autres contrées, loin de moi. Le besoin de s’affirmer et de progresser, je connaissais. D’ailleurs, ça me rappelait mes constantes irritations quand on me rappelait que j’avais un père qui était vice-amiral très respecté au sein de la marine. C’était un peu la même chose dans notre cas. J’lui faisais trop d’ombre. Autant vous dire que le départ de cette jeune femme m’avait beaucoup fait mal… Oui oui. Parce que sous cette apparence titanesque se cachait un cœur en or et assez fragile. Mais j’avais fini par l’accepter et par la laisser partir découvrir de nouveaux horizons, se faire un nom et faire ma fierté. Le futur promettait et ce jour était la preuve que je pourrais profiter (Ne vous méprenez pas !) d’elle comme avant…

          COOOOOOOLOOOOOOONEEEEEEEEEL !!!

          La voix criarde qui s’éleva soudainement dans la rue m’ébranla complètement. Et cette voix là, j’aurais pu la reconnaitre parmi dix mille. J’commençais à être blême, pour ne pas dire que je tremblais sur moi-même, tout juste avant de retourner mon visage vers la boutique en souriant d’un air désolé. Elle était là, chargée de sacs pleins de vêtements, pose un peu pin-up qui faisait ressortir ses gros lolos qui défiaient largement la taille d’une pastèque. Moins rassurant cependant, elle avait un visage complètement défigurée par la colère si bien que soutenir son regard de braise était très difficile. Extrêmement difficile. Lorsqu’elle fit un pas en avant, j’esquissais le même geste mais pour reculer cette fois. Souriant un peu bêtement, la mine effrayée, j’caressais ma chevelure comme pour m’excuser, ignorant la présence de Blacrow qui devait n’rien comprendre. Et en fait, c’était justement Bla’ le problème. Ma lieutenante en très grosse rogne -Et amoureuse de moi- ne supportait du tout pas que je m’approche trop près de belles filles, même si ce n’était que pour demander l’heure ou d’autres du genre. Ce moment là n’faisait pas tellement exception alors que pour une fois, j’étais loin d’être entrain de draguer. Mais le voyait-elle ainsi ? Parce qu’après quelques secondes qui suivirent sa phrase, elle commença à courir vers moi en criant des mots qui dépassaient l’cadre de la décence. Haussant mes épaules, j’fis un clin d’œil à Rachel avant de prendre la poudre d’escampette…

          Quelques temps plus tard…

          • Fous chêtes chure de che que fous avanchez ?

          • Absolument certain ! Mais qu’est ce qui vous est arrivé Fenyang ?

          • Rian rian, chè justch’un acchident de parcours !

          Disais-je au colonel de Logue-town, l’visage complètement défiguré par une multitude de bosses bien rouges. Cette chipie de Ketsuno m’avait rattrapé plus loin avant de me bastonner correctement sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Ce n’est après que s’être calmé que je lui avais raconté comme j’avais pu que c’était la fameuse Rachel dont je lui avais si souvent parlé. La jeune lieutenante avait tellement eu honte qu’elle s’était enfouie sans même me demander pardon, m’laissant sur un trottoir, le corps comiquement meurtri par les coups qu’elle m’avait administré. Décidément, j’ne comprenais pas cette fille. J’ne la comprendrais sans doute jamais. Si elle était prompte à me démontrer son amour en me cognant à chaque fois que je m’approchais d’une jolie fille, celle-ci refusait catégoriquement que je trempe mon biscuit comme il faut, déjà que la vue d’ses formes finissait par me provoquer de terribles hémorragies nasales. Sans doute attendait-elle que je lui demande sa main… Ce qui n’était pas possible vu mon comportement qui n’était pas des plus exemplaires dans la vie privée. Et ça elle le savait très bien. A cette idée, je soupirai avant de me lever tout en massant ma tête encore un peu endolorie. Alors que comme par miracle mon visage redevenait normal, j’fronçais les sourcils en sortant du bureau du colonel. Intérieurement, je n’avais pas vraiment cautionné l’fait qu’il laisse en liberté un prisonnier de North à cause d’leur vielle querelle. Mais j’avais du la boucler pour lui tirer les vers du nez…

          Une demi-heure plus tard…
          En main, j’avais la prime du fameux « Poing forgé ». J’observais sa tronche ainsi que sa prime pendant un long moment, avant que mon attention n’soit instinctivement attirée par un groupe d’homme qui passait par l’avenue. En fait comme un Cipher pol, j’étais planqué sur la toiture d’un bâtiment qui donnait une très belle vue sur ce qui semblait être un manoir abandonné aux abords de la forêt qui bordait le nord de Logue Town. On considérait ce lieu comme une zone à risque dans la ville. C’était le repère de petits brigands en tout genre. Selon le fameux observateur, paraitrait que le fugitif de North aurait trouvé refuges ici. Et c’était assez probable étant donné la vue imprenable que j’avais sur certains lascars qui semblaient monter la garde de ce lieu. J’comprenais pas pourquoi les autorités du coin ne procédaient pas à des arrestations. P’être qu’ils le faisaient sans succès… Puisqu’à bien y regarder, ces fumiers pouvaient fuir par la forêt et sans doute avaient-ils apprêtés des bateaux qui les attendait à un rivage bien précis. Regardant un peu partout en prenant soin d’ne pas me faire voir, j’finis par descendre du haut une fois le champ libre. Je me planquais rapidement entre deux gros bâtiments lugubres, dans une étroite ruelle, avant d’user de mon escargophone. Au cas où elle n’aurait encore aucune piste concernant celui qu’elle cherchait et que j’pense bien, s’trouvait là, dans ce coin sinistre capable d’faire peur à n’importe quel gosse…

          • Moshi moshi ? Rachel ?! J’crois bien que j’ai trouvé son repère. C’est au nord de la ville à l’avenue Oraduku takataté. Y’a un vieux manoir qui trône près d’la forêt. Grouille !

          [L'ancien, l'était plus sex What a Face]
          [hrp: T'es qu'un pervers de toute façon! x)]

            Rachel resta dubitative face à la réaction de Salem. Son visage perdit un peu de sa chaleur et c'est une pointe de tristesse qui fit briller ses yeux un instant. Tristesse et déception. Oui, elle avait eu ce qu'elle voulait. Une barrière entre elle et lui, que leurs rôles respectifs n'empiètent pas sur leurs devoirs. Mais elle l'avait obtenue bien trop aisément. Une victoire facile qui en aurait satisfait plus d'un, sûrement fier de s'imposer ainsi face au Colonel Fenyang. Mais notre faucheuse, son instrument timidement posé au creux de son cou baissa le visage pour recevoir l'escargophone de Salem. Il n'avait émit aucune objection. Cela lui faisait-il ni chaud ni froid qu'elle veuille s'éloigner de lui ? Bien sûr, il devait comprendre Rachel mieux qu'elle ne le pensait réellement, mais n'avait-elle pas voulu, au fond d'elle, qu'il insiste un instant, qu'il s'offusque de ce vouvoiement, qu'il veuille la garder sous son aile ? Rachel se mordit à nouveau la lèvre et remis machinalement une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle ne se connaissait pas si coquette. Pas si compliquée non plus. Pas si femme. Elle soupira et releva le menton. Elle parvint même à sourire lorsqu'il fut défait par une femme presque indécente, mis en fuite par une de ces paires qu'il appréciait tant d'ordinaire. La seule personne qui réussirait un jour à faire plier l'échine à Salem serait une femme... Mais trêve de rêverie. Ils avaient tous deux disparus depuis une bonne minute lorsque le Lieutenant à la faux se remit en marche, le visage haut et le regard déterminé, sous l’œil méfiant et curieux des passants.

            Elle avait un informateur à trouver.

            *****

            Ce n'était pas tant la large rue qui gênait Rachel, ni même les nombreux passants qui la regardaient avec un air mi-effrayé mi impressionnés. Ce n'était pas comme si elle venait de mettre hors d'état de nuire trois pauvres raclures et tenait en respect un grand mec d'au moins la taille de Salem, loin de là. Non, ce qui l'ennuyait c'était qu'elle boitillait de manière assez gênant et que sa faux était restée plantée dans la cuise de l'un des trois voyous déjà au sol et qu'elle avait déniché dans un squat. Elle avait assisté à deux pickpockets avant de réussir à en suivre l'un des deux. Il l'avait mené, cahin-caha, vers une maison dans un état sanitaire plutôt incorrect où elle avait débusqué ces quatre rats. Et à l'image des rats, voleurs et puants, ils avaient pris la fuite avant qu'elle ne les rattrape et leur arrache crocs et griffes. L'un ramassait en effet ses dents, le deuxième était évanoui, une gigantesque lame perçant nonchalamment sa jambe et le troisième était attaché au second par le filin métallique de la faux. Et maintenant, la Faucheuse maintenait à distance le colosse muni d'une machette avec pour seule arme, un crochet à boucher. Elle regrettait son couteau. Vraiment. Il faudrait qu'elle le récupère. Devoir se battre avec un crochet, c'était pas du luxe. Surtout avec des mecs à demi évanouis qui gémisses, râlent ou encouragent leur compagnon en position de faiblesse.

            A chaque fois qu'il brandissait sa minuscule hache, elle lui renvoyait son coup en la bloquant de son crochet et profitait de son mouvement pour le percer, l'égratigner. En gros, elle le saignait comme un porc. Les spectateurs étaient subjugués par cette impression de David et Goliath devant leurs yeux. Un enfant cria à Rachel de trancher le bras du voleur et elle sourit en plantant effectivement le crochet dans l'avant-bras du type dont les cheveux gras et longs huilaient ses épaules nues. Nues ? Oui, ça avait été une des raisons pour lesquelles elle avait trouvé si vite ces hommes. Ils étaient tous quatre torse nus et certes battis comme des bodybuilders, mais c'était surtout leurs peintures de guerre qui avait attiré le regard de Rachel. Des lignes horizontales de couleurs criardes, d'un goût affreux, des épaules jusqu'à leur aine. Raison de plus pour leur foutre une sérieuse dérouillée. Le bandit poussa un grognement sourd, plus proche d'un raclement de gorge que d'une exclamation étouffée lorsque le crochet s'extirpa dans un bruit horrible d'entre les os de son bras, sous les vivats des enfants. Ils se croyaient au cirque ou au Zoo de Shell Town ? Contre toute attente, malgré tout, ils allaient lui être d'une grande aide.

            Plus les secondes passaient, plus l'homme était en difficulté et plus le nombre de témoins grossissait. Et loin de gêner Rachel, de se voir ainsi tourner en ridicule à la fois par la faucheuse et par des gamins des rues énerva notre homme aux cheveux gras, noirs, long, obstruant son regard fiévreux et son nez crochu. Dans un hurlement guttural, il héla les enfants pour qu'ils se taisent et se rua sur eux sans leur laisser le temps d'obéir. Mouvement de panique dans l'assistance, fuite désordonnée de la foule et réaction brusque de la poupée de porcelaine. Deux coups de pieds furent suffisants. Elle dépassa l'homme dans sa course et lui asséna un coup de son talon droit sous le menton de son adversaire en fureur. Premier high kick. La carcasse s'envole. Deux dents également. Le talon se rabat sur son nez. Deuxième high kick. La colonne vertébrale craque en rencontrant le dallage de la rue. Les dalles craquent en rencontrant la colonne vertébrale du graisseux. Notre faucheuse en porcelaine le finit avec un pied sur la gorge pour lui comprimer la trachée. Il a du mal à reprendre sa respiration. Elle aussi. C'est sa jambe droite qui maintient la pression sur la trachée de la carcasse inerte sur le sol. Et son genou grince. Ses dents aussi de force de serrer la mâchoire. Mais elle tient bon. Avec un excès de sensualité et d'une voix suave, elle se penche sur l'homme, à ras de terre.

          -Je voudrais parler à Poing Forgé s'il vous plaît.
          -Va te faire foutre !
          -Mauvaise réponse...

            La faucheuse appuie avec force contre la gorge du type, étouffant ses paroles et planta violemment le crochet dans le bras droit du type, déjà salement amoché par ce même outil. Elle prit juste un moment pour lever son regard émeraude sur la foule attroupée. C'est avec un sourire candide qui fit s'écarquiller les yeux de celui qu'elle tenait en soumission qu'elle énonça haut et clair :

          -Ce serait bien que vous reculiez et emmeniez vos enfants un peu plus loin...

            Oh, c'est qu'il avait compris le graisseux, que ce serait pas une partie de plaisir pour lui. Il se tortilla dans tous les sens pour s'échapper, ou du moins essayer de s'échapper. Comme il pouvait. Mais un bras immobilisé et une gorge aplatie, il eut du mal. Et il ne fut pas assez rapide. Elle agrémenta son sourire sadique d'un rire candide et d'un regard hypocrite. Quel beau mélange. Ne serait-ce pas de la peur qu'elle lisait dans ses yeux ? Parfait ! Ça faisait trop longtemps qu'elle ne s'était pas faite respecter. La douleur dans sa jambe en était un bon exemple. Elle tortilla de sa main libre l'un de ses anglaise qui lui tombait devant le visage.

          -Trop tard. Mais ne t'en fais pas, ta deuxième chance arrive...

            Ce fut l'unique et dernière sommation. Et elle sonnait plus comme un avertissement. D'un mouvement brusque, elle retourna le bras du voleur de plus de deux mètres, pliant son coude dans le mauvais sens. La craquement se répercuta dans tout le corps de l'homme mais également dans celui de Rachel. Mais aucun son ne sortit d'entre les lèvres du pauvre homme. Son pied avait fait bonne office. Elle frémit, mais n'éprouva pas de plaisir à ainsi briser son membre. Non, elle n'était pas comme ça. Pas encore du moins... Elle laissa retomber mollement le bras inerte du graisseux au nez crochu et épousseta sa jupe de poussières invisibles. Elle essuya négligemment son crochet sur le torse peinturluré sur lequel elle se tenait et se pencha de nouveau vers le visage crispé par la douleur de celui qu'elle tenait en respect. Autour d'elle, les passants s'écartèrent et passèrent bientôt leurs chemins. Elle ne s'en occupa pas. Notre faucheuse se contenta de pointer de son outil de boucher l’œil du graisseux.

          -Peut-être tiens-tu plus à ceci qu'à ton bras, petite frappe...

            Il veut grogner. Ou plutôt, il veut parler, mais ce n'est qu'un grognement qui franchit ses lèvres serrées. Et lorsque la faucheuse retire son pied de la gorge de l'homme aux cheveux gras, elle gagne en prime une douleur dans le dos. Hmmm ? Elle vole sur plusieurs pieds et se réceptionne plus ou moins bien en roulé-boulé avant de faire volte face, trébuchant sur sa jambe blessée. Il y a quelques cris dans la rue autour d'elle et elle voit alors l'homme qui tout à l'heure cherchait ses dents courir dans une direction inconnue. Un coup d’œil au grand type allongé sur les dalles, la bouche en sang, un poignard dans le cœur, le Lieutenant Blacrow jure dans sa barbe et tente de s'élancer à sa poursuite. Elle marque un arrêt provisoire pour récupérer sa faux qu'elle arrache littéralement de la jambe de l'un des deux derniers. Bon, pour être exact, elle arrache la jambe pour sa faux. Mais promis, elle avait pas fait exprès. Elle avait un fuyard à poursuivre. Et puis un peu de scotch et on n'y verrait rien... Vous pensez que ça passera avec un bon avocat ?

            *****

            Ça n'avait pas été bien dur à suivre à la trace. Mieux qu'un petit Poucet. Non seulement il boitait -bon, on va dire plus que Rachel quoi- mais en plus il perdait du sang. Elle se sentait telle la chasseuse courant après un cerf blessé, effrayé, fuyant pour sa vie. Cette sensation-ci était déjà bien plus agréable. Bientôt, oui très bientôt, tous les pirates apprendraient à la craindre de cette manière. Elle l'avait laissé courir et n'avait réellement chercher à le rattraper qu'une fois qu'elle aurait un itinéraire. C'est donc tout près de la forêt qu'elle tomba sur lui, tel le corbeau sur un cadavre, à l'abri d'un bosquet. Après deux doigts brisés, trois dents arrachés une émasculation en bonne et due forme, elle apprit « qu'elle ne saurait rien à propos de 'Huge Marcel' ». Eh bien si, qu'il se faisait appeler différemment. Ça allait bien l'aider. Elle l'attachera ensuite à un arbre et le laissera se dessécher et se vider de son sang. Tant mieux pour lui s'il trouvait quelqu'un pour l'aider. Mais d'ici là, elle s'en moquait bien. Il prendrait peut-être le temps d'indiquer à la police qu'il y avait un cadavre sec à l'orée de la forêt.

            Ainsi, le Lieutenant Blacrow était adossée à un mur de briques et se massait le genou d'une main et de l'autre tenait un escargophone qui aurait aisément pu être inculpé pour délit de belle gueule. Entre ses mains, il avait étrangement une touffe de cheveux blonds et des yeux verts. Elle aurait juré voir Salem dans cette tête de gastéropode. Elle réussit assez bien à faire abstraction de ce détail, jetant des regards méfiants de droite à gauche, elle s'assurait qu'aucun des gars peinturlurés de couleurs voyantes ne s'approchaient de sa position. Elle se trouvait du côté de la forêt. Adossée à un mur de brique qu'elle avait repérée comme n'étant pas sujet aux rondes des gardes, elle fixait les arbres face à elle lorsque le combiné sonna, la faisant sursauter de peur qu'on ne la remarque.

          -Triple buse d'andouille ! J'ai eu la frousse ! Et oui, je le sais, j'y suis. Le type se fait maintenant appeler « Huge Marcel ». je crois qu'il veut lancer une mode avec ses peintures tribales. Elles sont moche d'ailleurs ! « Du Ocre !!! » Beurkh ! Enfin, toujours est-il que je propose une attaque frontale, du moins par devant, et moi je me faufile par l'arrière. Une chose est sûre, il est là-dedans... Tu avais peut-être un plan d'action ?

            Le Lieutenant à la faux la rajusta sur son épaule, gênée devant ce regard qu'elle connaissait bien. Elle eut envie de frapper le gastéropode pour qu'il redevienne un simple escargot sans la face de Alh'. Elle avait l'impression d'outrepasser ses fonctions en proposant ainsi des plans d'attaque et des stratégies à un marine plus haut gradé qu'elle. Mais malgré ça, elle garda le contrôle de sa voix et continuait à scruter les environs. Un invité surprise aurait été très mal avisé à ce moment précis...


          [hrp: Pavééééé *0*]
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            • Oh mais je suis désolé ma petite Rachel !

            Avais-je dit d’un ton blagueur et presque chantonnant. Ah mais j’aurais bien voulu voir la tronche de ma petite Rachel lorsque son escargophone sonna, moi. Ça aurait du être trop drôle ça ! Toujours est-il qu’à l’entente de sa voix, j’commençais à me tordre de rire en espérant que le den den ne reproduirait pas mes mimiques à la lettre. J’finis donc par reprendre contenance au bout d’un moment en regardant en direction du manoir. Si j’captais bien, elle était tout près de la forêt donc pas très loin. J’aurais voulu la rejoindre rapidement pour qu’on débarque ensemble faire notre perquisition, mais était-ce vraiment ce qu’il y avait à faire ? Son plan ne semblait pas mal du tout à en juger par la taille de la propriété. Deux officiers qui prendraient en sandwich les petites frappes pour récupérer le forban Huge Marcel alias Poing forgé. Mais il présentait un très gros risque. Pour ma part, ça allait encore tant que je n’étais pas confronté à une belle pirate aux gros nichons bien comprimés dans un vêtement. Les pirates de Logue-Town, c’est pas ce qui m’effrayait, ni leur nombre d’ailleurs. L’problème, c’était Rachel, ou plutôt son état boiteux. Il est vrai qu’elle était forte ce que je lui reconnaissais volontiers, mais son genou n’serait-il pas un handicap contre bon nombre de canailles ? Et puis bof… Si j’l’avais laissé s’éloigner de moi pendant des années histoire de faire ses preuves, ce qu’elle réussit avec brio, pourquoi m’inquièterais-je pour une si petite mission ? Parce que c’était plus fort que moi… Ouaip, disons-le ainsi.

            • On fera comme tu as dit. Fais pas trop de folies hein… Tu m’devras un verre après ça…

            Ton un peu plus mur, plus sérieux. Elle aurait même pu déceler un soupçon de mélancolie dans mes dires. Mais je fis vite de raccrocher après mes mots, restant pensif devant l’objet. Elle saurait très certainement se débrouiller. Et puis… Je n’avais qu’à en finir rapidement avec mes futurs adversaires en essayant de la rejoindre et de garder un œil sur elle… Rhaaaaa !!! Pourquoi je pense comme ça moi ? Tout en soupirant j’me tirais la joue comme le ferait un peu Ketsuno avant de reprendre tout mon sérieux. C’était sa mission et je n’avais pas à réfléchir ou à me comporter ainsi. La moindre des choses était de lui accorder toute ma confiance. Ce n’était certainement pas un petit déboitement qui allait couter la vie à cette femme quand on voyait un peu la dimension effarante de son arme. D’ailleurs, c’est qui lui avait apprit à manier ce genre d’armes ? Surement pas moi vu que j’affectionnais tellement l’escrime. ‘Fin, là n’était pas le plus important. Le plus important était d’amorcer une attaque surprise. Et à en juger par ce que je voyais, l’opération allait être extrêmement délicate. Il y avait plusieurs lascars devant la grille du bâtiment…. Onze personnes pour être plus précis. Des chiens de gardes sans aucun doute. Et donc des gars faciles à liquider. Par la même occasion, on allait faire un peu de ménage dans cette ville où il semblait y avoir du laisser aller. J’étais laxiste, certes, mais pas au point de gouverner une ville où des pirates trouvaient impunité… Clair que mis à part quelques bordels, il n’y avait rien d’illégal à Shell-town…

            Je réajustais mon manteau de marine, avant d’allumer une clope que je plantais entre mes lèvres. Et ce n’est que lorsque je pris ma première taffe que j’apparus soudainement dans cette avenue rarement empruntée par les civils de cette cité. Les mains fourrées dans les poches, j’avançais doucement vers la grille noire du manoir jusqu’à ce que l’un des gardes qui s’trouvaient devant, ne me remarque. Il fit un bref signe de tête à ses collègues et tous commencèrent à m’observer enfin. Mais bien avant que l’un d’eux ne réagisse soit en riant, ou soit en m’demandant de me casser, j’dégainais doucement mon meitou avant de leur sourire paisiblement ; sourire à moitié caché par l’écran de fumée que formait ma cigarette. Instinctivement, les bandits commencèrent à s’armer eux aussi, avec une certaine crainte qui défigurait leur visage. Ils m’avaient reconnu, ces gens. Sans faire quoi que ce soit donc, je laissais la pointe de mon arme glisser sur le sol en provoquant un crissement tout à fait horrible. Ils grincèrent des dents sans plus pouvoir bouger. Je sentais qu’ils tremblaient, qu’ils avaient peur. Aussi ne fis-je rien de notable, me contentant de m’amuser avec la pointe de mon arme comme si je traçais un long trait au sol. J’finis même par passer tranquillement entre eux, puisqu’ils étaient complètement tétanisés par la peur que je puisse aisément leur ôter la vie. Pas bêtes ces gens. Alors que j’avais fini par les dépasser, j’arrêtais de jouer avec mon meitou en le posant sur l’une de mes épaules musclées et en me retournant vers eux…

            • Euuuh… Bonjour… ? Quelqu’un pourrait m’ouvrir la grille s’il vous plait… ?

            • T… TOUT DE SUIIIITE !!!

            • M… Mais patron, c’est un mar…

            • TA GUEULE !!! VA OUVRIR TOUTE DE SUITE CETTE PUTAIN DE GRILLE ! DISCUTE PAS !!!

            • Oh… C’est bien aimable à vous… Et pourriez vous me dire où se trouve Huge Marcel ?

            • Oui ! Au dernier étage avec le big boss : Ils sont entrain de parler affaire actuellement même !!!

            J’accordais un sourire au chef de ce groupuscule pendant que j’eus l’ouïe de la grille qui grinçait atrocement, signe même qu’on l’ouvrait aimablement pour moi. Bien. Ces forbans étaient très respectueux quand il fallait. J’reconnus certaines primes de un million ou deux, sans pour autant les mentionner. Il n’était pas nécessaire de les effrayer davantage surtout que je n’avais que faire des petits poissons que je ne trouvais pas nécessaire de coffrer. L’objectif était d’épauler Rachel et même si j’avais auparavant voulu nettoyer le coin, j’me rétractais un peu dorénavant. Beaucoup n’en valaient vraiment pas la peine et c’était p’être de ce point de vue que le colonel ne foutait pas grand-chose vu qu’il savait pertinemment qu’il n’y avait pas de véritables menaces pour la ville et ses habitants. Si tout ce à quoi j’pensais était d’une logique imparable, j’lui tirais mon chapeau. Bien que je lui en voulais un peu pour l’affaire poing forgé. Alors que je prenais le chemin du jardin en piteux état, j’entendis un cri et des bruits de pas derrière moi, avant que je ne tourne mon visage en voyant les gars prendre la poudre d’escampette… Whaaaa… Je faisais si peur que ça moi… ? Bon bah, c’était pas si mal ! Haussant donc mes épaules, j’fis une toute petite grimace avant de rapidement parcourir le vieux sentier qui donnait à une immense porte blanche. Faut pas s’leurrer hein… J’étais pas la en visiteur, ni en squatteur… J’assistais une collègue de travail. Aussi tous les moyens étaient bons pour me frayer un chemin… Tout ! De l’intimidation à la force…

            « BOOOOOUUUUUUUM ! »


            • Qu’est ce qui se passe ?!

            • Qui est-ce ?!

            Le vieux manoir vibra intensément. Sa porte avait subi un impact terrible tant et si bien que les piliers et les murs dans les environs avaient complètement cédé. Bousillés de chez bousillés. Derrière la porte… Enfin… De ce qui en restait, se trouvait dans le grand hall, une multitude de forbans originaires des quatre Blues : Des nains, une poignée de demi-géants, quelques hommes poissons et toute une masse humaine et armée. Presqu’une armada, là. Tous avaient été sur le qui vive. Ils se levèrent en même temps et s’armèrent en regardant la direction de l’entrée, là où s’élevait une poussière effective. Et de cette poussière se dessinait une grande silhouette qui avançait lentement, tranquillement. Après un énième cri du genre « QUI ETES VOUS ? », j’apparaissais enfin devant ce charmant comité d’accueil en curant grassement l’une de mes narines et en les regardant comme d’un air un peu gauche. Sur le coup, les brigands ne firent pas tilt, mais ce n’est qu’une poignée de secondes plus tard que l’un d’entre eux cria mon nom comme s’il avait vu le diable en personne. Certains eurent immédiatement un mouvement de recul, d’autres eurent un sourire, bref, que de réactions diverses et variées… « Yooo ! Quelqu’un pourrait pas m’amener directement à poing forgé par hasard ? On doit l’ramener en taule. »… Blanc. Gros blanc. Les gars clignaient des yeux un moment sans plus bouger, avant d’éclater de rire alors que j’étais un peu sérieux quand même… Apparemment, ils n’avaient pas l’intention de coopérer… Pas cool…

            • Et tu crois vraiment qu’on va t’le dire ? BWAHAHAHA ! Me lançait un demi-géant qui se tordait de rire dans son coin.

            • Oh que oui ! Et tu vas le faire pas plus tard que maintenant, répondis-je avec un ton on ne peut plus autoritaire. Les rires s’évanouirent, mais c’était trop tard pour demander grâce. Moi qui n’aimait pas qu’on s’foute trop de ma gueule…

            Quelques minutes plus tard…

            Le grand hall était redevenu silencieux, très silencieux. Au milieu de l’immense pièce trônait une montagne humaine. Des corps assommés et empilés les uns sur les autres. Pour ma part, j’étais assis au sommet de ladite montagne sur le dos d’un forban, l’air un peu songeur… Parce que ouais, j’avais fini avec ces gens en deux temps trois mouvements. Que de nullards. Montera, montera pas ? Pfff… J’saaais pas... C’est pas ma mission moi. ‘Façon si j’voyais pas Rachel, j’allais soit aller la chercher, soit gravir les marches de l'escalier et aller confirmer la position de l’homme qu’elle traquait ardemment…

            [Remet leeee/Je suis pervers, j'assume. What a Face ]
              Rachel est immobile. Elle a rangé l'escargophone depuis que Salem avait raccroché. Elle porte l'arme bas pour ne pas être visible depuis l'intérieur des murs. Sa faux, en plus de ne pas passer inaperçu avait la mauvaise habitude de la trahir dans les pires moment. Ou en tout cas, quand il ne fallait pas qu'elle le soit. Un instant, la pensée d'abandonner ici son instrument monstrueux lui passe par le crâne, mais elle la repousse aussi sec. Ne jamais se séparer de son arme. Le visage malgré tout anxieux, elle se masse longuement la jambe en attendant le bon moment. Elle n'avait pas demandé à Salem d'émettre un signal et elle s'en mordait les doigts. Partie du principe qu'elle saurait quand il serait entré, elle craignait maintenant qu'il soit plus discret qu'elle ne l'eut cru. Non pas que le Colonel Fenyang soit bourrin dans l'âme, mais sa réputation l'empêcherait peut-être de se battre. Si tous n'étaient que de petites frappes, il n'auraient tout de même pas osé s'opposer à lui. Et c'était presque plus là-dessus qu'elle avait compté. Pourtant, comme à chaque fois qu'elle faisait des prévisions, elle se tordait les doigts en espérant ne pas s'être trop avancée.

              Soudain, il y eut un bruit sourd et le sol vibra. L'air aussi. Oui, ce fut violent. Un petit sourire satisfait éclaira le visage du Lieutenant qui réajusta sa faux sur son épaule et se décolla du mur de briques. En quelques pas, notre faucheuse fut sous les fenêtres du premier étage. En temps normal, elle aurait pu sauter jusque là-haut, mais avec sa jambe, elle préféra ne pas tenter. La poupée de porcelaine brandit donc sa faux négligemment et la planta dans la mur de brique du bâtiment sans s'occuper des quelques personnes auxquelles elle avait dû donner une bonne crise cardiaque. Ne prêtant pas attention au remue-ménage qu'elle entendait dans le manoir, elle escalada sa faux comme on monte une marche et brisa la fenêtre pour pénétrer dans la demeure. Elle s'était attendue à une décoration austère, mais le préposé aux miroirs s'était lâché et tous étaient disposés avec goût. Des teintures et gravures apparaissaient à divers angles de couloirs et le sol dallé semblait éclatant. On ne se serait pas cru dans un repaire de bandits. Un regard à gauche, un regard à droite ; personne. Rachel récupéra sa faux et se laissa tomber dans le couloir et s'en fut à pas de loup vers l'une des extrémités choisie au hasard. Puisqu'il fallait en choisir une. À chaque miroir cependant, la Lieutenant sursautait en croyait avoir à faire à un potentiel adversaire. Elle se brida et accéléra le pas comme personne ne croisa sa route. Salem devait avoir la situation bien en main, voire fait fuir la totalité des occupants du bâtiment. Peut-être que même Poing Forgé avait pris la poudre d'escampette. On verrait bien.

              Les couloirs n'étaient que de simples couloirs et il fut assez perturbant pour Rachel de ne voir aucune porte et presque autant de fenêtres. Des chandeliers muraux, des tableaux, des miroirs, des épées croisées sous un blason, oui. Mais alors c'était tout. Ah si. Une alcôve. Muni lui-aussi d'un miroir qui renvoyait à Rachel sa propre silhouette élancée qu'elle ne prit pas la peine de détailler. Elle se connaissait tout de même et pas le temps de se recoiffer. On verrait plus tard pour l'anglaise qui glissait sur son visage et la barbe sur sa mâchoire... hum ? Une douleur mordit dans son épaule et dans son dos. Notre poupée de porcelaine aux yeux de vair émeraude pousse un cri strident autant de géhenne que de surprise. Rachel fait volte-face d'un bloc pour se retrouver vis-à-vis d'un homme assez petit aux épaules et la mâchoire carrée sur laquelle courait une barbe de trois jours et aux longs cheveux noirs attachés en une natte serrée qui lui tombait dans le dos. Finalement, ce n'était peut-être pas un miroir qui se tenait dans l'alcôve. Se tenant droit et fier, l'homme toisait Rachel avec un regard méprisant. J'ai trouvé un officier qu'il dit en faisant sauter d'une main à l'autre un poing américain tranchant, marqué par le sang du Lieutenant. Enflure ! Attaquer une faible femme, blessée, dans le dos qui plus est... Tu es bien un pirate misérable. Point positif, avec une arme pareille, les blessures ne devraient pas être trop profondes ni trop fatales. Éviter juste la gorge se dit-elle en se la massant rapidement.

            -Bon, qui tu es toi ?
            -La Faucheuse... et je viens m'emparer de vos âmes.

              Même pas peur qu'il dit en fonçant de nouveau sur la Lieutenant qui ne peut éviter aussi promptement qu'elle le voudrait. Ça commençait mal tiens. C'est qu'il est rapide le bougre. Avec des armes pareilles aussi. La jeune fille au teint pâle écopa ainsi de quelques petites nouvelles zébrures sanglantes en moins de temps qu'il n'en faut pour se retourner tout d'un bloc. Bon Sang ! C'est à peine si elle pouvait brandir sa faux sans faire des étincelles sur les briques et les miroirs qui tapissaient les couloirs. Option une : se faire découper. Option deux : fuir jusqu'à une pièce dégagée. Option trois... faire s'écrouler le plafond. Ah, ça, ça lui plut à notre poupée pâle. Une lueur étrange brilla un instant dans ces yeux purs et comme son adversaire fonçait une nouvelle fois sur elle, Rachel trancha le sol et le plafond d'un même geste ascendant, coupant le barbu dans son élan. Il y eut un temps mort où rien ne se passa. Un temps... très long. Les deux adversaires se regardant chacun dans le blanc des yeux, une étincelle de malice dans ceux de Rachel. Elle avait un sourcil arqué avec l'expression « ça te la coupe » peinte sur le visage. A moins que cette grimace crispée n'aie voulu transcrire un rire sardonique mort dans sa gorge. Plus le temps passait plus le visage de l'un se décomposait tandis que l'autre s'éclairait. Le barbu se détendit avec le visage de celui qui se la jouait, genre « c'est tout ». « apparemment oui » disait le visage de Rachel. Soudain, elle leva vers le plafond un regard d'espoir comme ce dernier se fissura dans un craquement sonore. « Ça y est ! » Le barbu sursauta en levant les yeux à l'image de Rachel mais rien ne bougea. Le bonhomme soupira, désabusé, et reporta son attention sur le couloir vide.

            -C'était une diversion !!!!! Hurla Rachel en tournant à l'angle du fond au pas de course.

              Si l'on se trouvait hors de cette scène, mettons derrière l'un des murs, on eut pu entendre un rire cristallin et joyeux résonner dans les couloirs, suivit d'un grognement de rage. Ainsi qu'un rhinocéros traverser le manoir. Mais ça ne dura pas. Un choc et plus un bruit...

              Rachel se laissa aller contre le mur de briques et regarda le petit homme la tête dans le mur, gesticuler inutilement les bras et les jambes pour s'en sortir. Réfléchis plus à tes actes petit homme. Tu connaissais pas l'expression ? Après mur, réflexion. Le lieutenant, donna un coup de pied espiègle dans les fesses de l'homme et réajusta sa faux sur l'épaule. S'asseyant au milieu du couloir, un regard sur les fesses remuer de rage et une oreille prêtée au couloir et aux bruits que faisait Alheïri. Elle fit attention à ses blessures et se remit finalement en route avant d'être attirée par un mouvement au-dehors. Avec agacement, elle jeta un coup de pied dans le mur de brique et brisa une nouvelle fois une fenêtre. Au dehors, une silhouette fuyait vers la forêt. Imposante. Mais c'était surtout le vêtement de prisonnier décoré de couleurs criardes qui mit la puce à l'oreille de Rachel. Une rayure rouge, une bande noire, une noire, une rayure orange et ne jaune... c'était d'un goût. Et c'était la preuve que Huge Marcel fuyait, son vêtement moulant et décoré sur le dos. Assise sur le rebord de la fenêtre, elle sortit son escargophone, sans lâcher du regard le fuyard.

            -Salem ! Je l'ai ! Il fuie vers la forêt ! Tu lui a fait peur, pas mal. Je cours le rattraper.

              Elle coupa la communication et se laissa tomber en contre-bas.

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              Elle avait repéré sa cible et commençait d’ors et déjà à la poursuivre. Très bien. En ce qui me concernait, j’avais un autre cas à régler, car le « boss » avait fait son apparition tout juste devant les marches des escaliers qui donnaient au premier étage. C’était un vieillard d’une soixante-dizaine d’années. Un viellard de grande taille qui avait un cigare de marque entre les lèvres. Il avait les cheveux légèrement gris frisés vers l’arrière, et portait un costume noir agrémenté d’une pochette rouge dans la poche. Dans ses deux mains, il tenait une canne moyennement épaisse. Et son regard sévère ne rassurait pas… Loin de la même. C’est alors que j’eus un déclic ; J’avais reconnu ce type. Pendant qu’il me toisait sans ouvrir sa bouche, j’me mis pour ma part à curer mon nez comme si de rien était. Il était vrai que j’étais en face d’une légende en matière d’escrime, mais voilà quoi… Je m’en fichais un peu. Ce pauvre homme avait fait son temps. Sans compter que j’avais moi aussi forgé mon nom dans le panthéon des meilleurs escrimeurs de cette terre. Et même si je devais encore démontrer mes capacités sur les îles de Grand Line, ma réputation dans la région et dans toutes les blues d’ailleurs, n’était certes plus à prouver…

              • Le fameux fils de Kieran. Il paraitrait que tu fais beaucoup parler de toi dans les blues. Je pensais qu’en ayant épargné le colonel de la ville, il me laisserait faire mon business tranquillement, mais apparemment, il n’a pas eu d’autres choix que de t’appeler…

              • Épargné ? J’savais pas… En tout cas, ça m’explique beaucoup de choses maintenant… Don Compaccino.

              Don Compaccino. Prime anciennement estimée à 226 millions de berrys. Une terreur dans le temps qui avait marqué la première partie de Grand Line. Il avait même donné du fil à retordre à des sous-amiraux. C’est vous dire toute sa puissance. Sa décadence n’était due qu’à un homme : Mon père. Depuis leur confrontation d’il y a environ plus de 20 ans, on ne l’avait plus jamais revu, croyant qu’il était mort dans les abysses de Grand Line, vers la région de Water Seven. Mais il n’en était rien. Ce bonhomme se tenait à quelques mètres devant moi et il avait l’air de respirer la forme malgré son visage vieillot et sa posture d’aristocrate qui forçait tout le respect que l’on lui devait. En parlant de son faciès d’ailleurs, celui-ci portait toujours les stigmates du duel qu’il avait livré avec mon père : Un œil en moins. Lentement, l’homme se mit à descendre les escaliers tout en gardant une certaine élégance. Avait-il envie de se battre ? Non je ne croyais pas… Ou tout du moins, il ne donnait vraiment pas cette impression. Je n’eus d’autres choix que de sauter de mon perchoir pour lui faire face lorsqu’il avait complètement gravi les marches et qu’il s’apprêtait à prendre la parole… Sans dégainer mon arme, bien évidemment.

              • Tout ce que je souhaite, c’est reformer un équipage pirate pour voguer sur les mers de Grand Line. Je n’ai rien de particulier contre cette ville. Elle sera tout simplement mon point de départ… Tout comme Gold Roger ! M’en empêcherais-tu ?

              • Je devrais… Mais je ne ferais rien pour le moment. Ma petite protégée et moi avons quelque chose de plus important à faire. Mais je te préviens, disais-je en lui donnant dos, ne t’avises pas de venir aider Huge Marcel. Il retournera dans les geôles de North blue.

              • Tu as le même ton que ton père… M’enfin… Vas-y, je ne ferais rien. Tu as mit tous mes hommes hors d’état de nuire… Et je ne suis plus agile comme dans le temps. Il n’était qu’une simple recrue comme une autre… Mais il ne m’aura attiré que des problèmes finalement… Mais fais attention à ta protégée… Marcel est assez coriace dans son genre.

              Je fis deux pas avant de m’arrêter à nouveau… Non pas pour considérer son information, mais pour…

              • Autre chose… Si tu croises ma route sur les mers… Considères Impel Down comme ta prochaine destination.

              Je retournais mon visage vers le patriarche avant de lui sourire comme pour ponctuer et donner de l’effet à mes mots. Il se contenta de frapper le bout de sa canne sur la dalle pour me dire qu’il avait bien saisi mon avertissement. Je le regardais encore quelques secondes avant de commencer à courir vers la direction opposée à celle que j’avais emprunté pour rentrer dans ce manoir pas si délabré que ça. Dans ma course, je pus admirer la peinture qui était nickel, les murs bien tapissés et les quelques statues qui parsemaient les allées et qui devaient couter bonbons. Les avaient-ils volés ? Grand point d’interrogation. Mais là n’était pas le plus important pour le moment. En continuant de sprinter, j’vis une porte au bout du couloir que j’empruntais. N’ayant pas tellement de temps à perdre, je dégainais mon meitou avant de frapper dans le vide, générant ainsi une lame de l’air qui détruisit le dernier obstacle que je voulais franchir. Sans perdre de temps et malgré la poussière qui commençait à s’élever, je passais par le gros trou que j’avais formé avant de tomber sur l’arrière-cour qui donnait sur la forêt. Mais alors que j’voulais commencer à courir, j’entendis un hennissement proche avant de sourire…

              Quelques minutes plus tard…

              Le sang pur passa par-dessus un arbre abattu et continua de galoper follement entre les chênes du bois. Le rythme de l’animal était déjà effréné mais je n’avais pas encore eu de satisfactions. Je tenais fermement les rennes du cheval et grognait, mon objectif étant de rattraper Rachel. Elle ne pouvait pas courir dans ces conditions… Pas avec un genou meurtri… Mais étant complètement bornée ce que je savais pertinemment, je m’imaginais qu’elle était entrain de forcer dessus pour pouvoir rattraper le fugitif. Si tel était le cas et même si elle réussissait à l’atteindre, sa douleur et je le craignais énormément, serait un gros handicap dans un combat à venir. Je lui avais promis que je n’interviendrai pas directement concernant poing forgé mais j’allais le faire si et seulement si je ne la sentais pas capable de continuer. D’ailleurs et après cinq minutes intense d’équitation, j’arrivais vers ce qui semblait être une falaise ; falaise qui marquait la fin du bois. Mais alors que je tirais sur les rennes pour calmer l’animal que j’avais emprunté au manoir, un homme qui suivait un sentier fit son apparition avant de freiner brusquement et se manger la gueule sur deux trois mètres à la simple vue de ma personne. Je souris et je descendis du dos de l’animal, avant d’user de mon escargophone…

              • Rachel, tu me reçois ? Devines qui est devant moi… Essaye de ralentir histoire de ménager ton genou et suit simplement le sentier qu’il a emprunté, tu déboucheras pile poil sur nous. Ne t’inquiète pas, il est à toi seule et il n’ira plus bien loin…

              [Formidable. ♥ *___*]

              Spoiler:
                La sonnerie fut un soulagement. Elle n'avait pas remarqué à quel point elle était lasse et épuisée de courir en claudiquant après un criminel qu'elle n'arrivait pas à rattraper. Elle savait sa frustration, elle savait la douleur, elle savait la fatigue et la chaleur, mais lorsqu'elle s'adossa à une arbre pour répondre, pensant uniquement profiter de son appui sûr et de la fraîcheur de ses branches basses, elle glissa à son pied. Stupéfaite de prendre ainsi conscience de son éreintement, elle décrocha à la face d'Alheïri sur son escargophone, se fustigeant d'avoir cru pouvoir rattraper un prisonnier qui, lui, se servait de ses deux jambes pour lui échapper. Elle se brida mentalement et parla le moins possible ne répondant que par des phrases courtes, pensant masquer ainsi son asthénie. Heureusement, la conversation ne dura pas bien longtemps et elle fut la première à raccrocher. Elle s'accorda cinq minutes. C'était, tout bien réfléchi, une aubaine que Salem ait bien voulu l'aider. Une main crispée sur son genou le temps que la sourde douleur qui battait dans sa jambe s'apaise, elle leva le regard vers le pommier qui la surplombait de sa ramure verdoyant et avisai une pomme. Un sourire de joie simple naquit et elle la décrocha grâce à sa faux gigantesque en deux-trois essais. Elle la savoura, en profitant pour détailler les arbres qui l'entouraient. Ils étaient fournis en une frondaison de teintes aussi variables que les yeux humains pouvaient l'être et leurs formes étaient aussi diverses que les Hommes leurs mains. Elle sourit simplement à ce parallèle en englouti ce qu'il restait du fruit, revigorée. Du moins pour un temps. Elle venait de s'imprégner de la force lente du bois et s'en sentait raffermie. Elle marcha d'un pas résolu et aussi rapide qu'elle le put sur le sentier que Salem lui avait indiqué.

                On dit que les héros se font toujours attendre ? Eh bien elle aura fait patienter les deux hommes durant près de dix minutes. Bon score se dit-elle en franchissant la barrière que formaient les troncs épais des arbres, aussi droite et fière qu'elle le pouvait. Elle ne semblait pas boiter. Elle avait le visage dur et son regard perçant qui se vrilla sur Poing Forgé et son accoutrement ridicule. Elle adressa malgré tout un hochement de tête à Salem. Remerciements ? Salut simple ? Une mouche qui la gênait ? Elle ne laissa pas le temps aux deux autres de penser à la réponse et tonna d'une voix froide à l'adresse de Huge Marcel :

              -Nous allons te ramener au QG de North Blue ! Merci de te rendre sans résistances !
              -Ça existe encore les hommes qui se rendent sans se battre ? Bien sur que non ! Éclata-t-il sans pour autant lâcher Salem du coin de l’œil, méfiant et angoissé.
              -Ça m'arrange, vois-tu. Merci.

                Rachel en porcelaine échangea un regard avec Salem. Pourquoi user de mots ? Elle savait qu'il interviendrait si ça tournait mal. Et elle savait que ça aurait été judicieux. Elle étouffa un soupir et tourna la tête vers Huge Marcel et son vêtement strié aux couleurs de la gay-pride. Ce dernier, toujours méfiant envers Salem, effrayé même, enfila des sortes de gantelets aux reflets argentés et à l'épaisseur assez significative de leur dureté. Associés aux biceps qu'il exhibait et à ses épaules de taureau, ce devait être destructif comme puissance. Vu ce qu'il dit, il devait connaître le deal d'affronter Rachel sans que Salem n'intervienne. Du moins pas au départ.

              -Quoi que je fasse, je me ferai avoir par le fils de Kieran... Autant avoir la satisfaction de te faire bouffer ton nœud pap' avant ça.

                Et sans un regard préventif vers Alh', il fonça droit sur Rachel. Cette dernière serra les dents et fit virevolter sa faux comme il approchait à une vitesse effarante. La fronde avait été lancée sans même une semonce et elle fut prise un peu au dépourvu. Ce qui ne l'empêcha pas de se défendre. Telle une majorette, elle se protégeait derrière °Le Battement d'Ailes°, espérant trouver une ouverture ou du moins une parade aux dizaines de poings qui la prenaient pour cible chaque seconde. Ce qu'elle n'avait pas prévu et n'eut pas le temps d'analyser, c'est que le forban s'était adapté au schéma de sa protection aussi rapidement qu'un lapin change de direction. Un pied vola en direction de Rachel qui fut projetée contre un arbre. Elle garda la marque rouge du talon sur son plexus. La douleur ne fut pas grande et ne fit pas échos à celle de sa jambe, mais elle se sentit hagard durant la petite seconde de répit qui lui était accordée. Car déjà Huge Marcel se ruait sur elle, un sourire carnassier sur le visage. Il arma son bras et le métal de son poing mordit dans les entrailles de Rachel. Comme si elle était de terre glaise, le poing forgé de Marcel venait de s'enfoncer sans difficultés dans l'estomac du Lieutenant à la faux. Dans son dos, un craquement apprit à notre faucheuse que l'arbre non plus n'avait pas apprécié le traitement. Dans un bond, le pirate s'écarta de l'arbre qui s'écroula dans une plainte grondante et une pluie de feuilles.

                Il éclata de rire après avoir susurré un « Timber » cynique, fier du travail bien fait. Si avec ça il ne lui avait pas brisé la colonne vertébrale. Il fit deux pas vers le bois, cherchant à prendre la fuite le plus vite et le plus loin possible lorsque dans son dos, des cervicales craquèrent, comme pour le narguer. Stupéfait, il se retourna vers deux émeraudes flamboyantes qui le fixaient au travers du rideau de feuilles vertes jaunes et rouges qui pleuraient encore leur père tombé.

              -Je te l'accorde, ça secoue...

                Il la jaugea et repéra son appui hésitant sur sa jambe droite. Il jeta un regard en arrière comme pour vérifier la position de Salem et il se tourna rageusement vers la faucheuse, cette fois-ci prête à l'accueillir. Car de son côté, si elle savait que ses plaies au ventre, souvenir du duel avec Saru, s'étaient rouvertes, elle craignait surtout pour sa jambe. La lâcherait-elle en plein combat alors qu'elle s'amusait enfin depuis le duel dans les couloirs avec le singe cuistot ? Elle ne se posa pas la question et choisit cette fois de frapper avant que l'homme ne soit assez proche pour l'atteindre. Elle avait compté sur sa course pour l'avoir par surprise, mais rien n'y fit. Il anticipa le coup et, au lieu de l'éviter, l'intercepta. De ses gantelets, il attrapa la faux qui s'abattait sur lui et stoppa le coup, un sourire aux lèvres. Ce fut l'instant décisif. Ses muscles se bandèrent une nouvelle fois. Rachel débloqua d'un adroit tour de poignet son câble. Il souleva l'arme de toute sa puissance. Mais contre toutes ses attentes, le Lieutenant en porcelaine ne décolla pas en même temps. Un filin métallique suivit le mouvement, et Rachel s'engouffra dans l'ouverture gigantesque qu'il venait de créer. Un crochet de boucher apparut dans sa main, à défaut de son poignard, et elle le planta dans la cuisse épaisse de Marcel. Toucher l'artère fémorale aurait été trop espérer, mais le grognement de douleur lui suffit. D'un bond maladroit, elle sauta hors de la portée de ses poings rageurs et elle rappela à elle son arme gargantuesque d'un mouvement du bras. Ne jamais s'éloigner de sa faux.

                Ils se jaugèrent. Non plus en tant que frêle femme et prisonnier, mais en tant qu'adversaires. Et ce temps aurait pu être indéfiniment long. Ils n'étaient qu'à trois pas l'un de l'autre. Une distance raisonnable franchie en une fraction de seconde. Il suffisait de percevoir la faille dans la garde de l'autre. Chacun avait le regard dur, les muscles tendus et la mâchoire crispée. Autour d'eux, une violente tempête de feuilles et de branches. Ils restèrent figés jusqu'à ce qu'une charmille glisse jusque devant les yeux de notre faucheuse, lui obstruant la vue le quart de seconde qu'il suffisait à Huge Marcel. L'instant même, il était sur elle. C'est de tout son buste qu'il la dégagea, frappant son côté du dos de son poing serré. La poupée de porcelaine alla rouler dans l'humus humide et l'herbe verte sur plusieurs mètres, crachant une gerbe entre le sang et la salive. Elle roulait encore lorsque de nouveau la frappe la cloua au sol. Lui avait-il brisé une côté ? Plusieurs ? Les yeux écarquillés, elle fixait le ciel ombragé, cherchant vainement son souffle. Elle haleta. Puis une seconde fois et elle put enfin prendre une profonde inspiration. A ses yeux perlèrent une larme qui la fit ciller à de nombreuses reprises. Elle fut chassée par le coup de pied que Marcel lui décocha, l'envoyant une fois de plus rouler sur la terre humide jusqu'au pied d'un pommier. Elle ouvrit les yeux sur un trognon de pomme et elle eut envie de sourire.

                La vie peut parfois être d'une ironie... Et le Narrateur également.

                Elle ne prit pas la peine de se retourner pour observer ces pas qu'elle entendait dans son dos. Le Lieutenant en porcelaine toussa du sang cette fois-ci et esquissa un geste mais un pied de taille honnête s'écrasa sur son crâne au sol.

              -Tu permets que je t'achève gentiment ?

                Elle ne répondit pas. Pour plusieurs raisons. Une, le rire tonitruant qui éclata dans la gorge de Marcel aux vêtements arc-en-ciel lui en coupa l'envie. Deux, elle avait le visage dans la terre et de la terre dans la bouche. Sans parler de l'herbe grasse qui s'insinuait partout et la chatouillait atrocement. Trois, elle ne se sentait pas la force d'articuler. Et enfin quatre : elle avait une bien meilleur idée. Elle se retourna d'un geste vif que son état légèrement proche de celui de mollusque n'aurait pas laissé présager et jeta au visage de Poing Forgé les restes de la pomme qu'elle avait mangée. Interrompu dans son rire machiavélique, il attrapa au vol le fruit et fit un pas en arrière sous le coup de la surprise. La faucheuse saisit ce moment. Une nouvelle fois, elle se retourna comme un serpent bondit et son arme fendit l'air dans un sifflement aigu. Tout ça se passa si vite qu'il eut tout juste le temps de sauter pour esquiver le fil tranchant qui visait ses jambes. Et là le coup de grâce tomba. La jambe valide de Rachel prit appui sur le tronc de l'arbre, puissant, immuable et elle bondit. Nouvelle torsion du buste. Sa jambe se détendit comme un ressort et elle heurta avec violence la nuque de Poing Forgé. Il y eut un craquement sec, comme du bois mort que l'on briserait et il alla à son tour rouler dans la poussière.

                La faucheuse, debout derrière lui, le toisait et le fusillait du regard. Ses deux émeraudes irradiaient entre les feuillus. Elle se tenait la jambe au genou brisé puis fit deux pas vers Arc-en Ciel. Souffrant en silence. Elle soupira, tentant d'ignorer la douleur qui, elle aussi, irradiait dans ses côtes, son ventre et sa jambe. Elle eut tout juste le temps de se sentir fière de sa performance que l'homme se tortilla en grognant sur le sol. Sa chemise déteignait sous la rosée des plantes grasses parmi lesquelles il reposait. Mais il allait se relever. Et sa chemise plaquée contre ses muscles roulant n'augurait rien de bon. Elle bifurqua vers le tronc le plus proche et sans un coup de semonce, trancha proprement l'arbre en deux. Pour la troisième fois dans ce bois, un craquement sinistre retentit comme le tronc s'écroulait sur l'homme au sol.

              -Timber. Murmura-t-elle, la voix sifflante, enveloppée de nouvelles charmilles tombantes.


              Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Jeu 24 Nov 2011 - 2:54, édité 2 fois
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                • Je suis fier de toi…

                Un murmure. Rien qu’un murmure. Qu’elle avait pu aisément percevoir puisque j’avais soudainement fait mon apparition derrière sa personne. Comment ? Ne cherchez pas trop à comprendre. Sourire aux lèvres, je passais sans gène mes bras autour de sa fine taille de guêpe qui pouvait faire maintes envieuses dans la gente féminine. Petite fille que j’aime. Petite fille qui faisait ma fierté, là, maintenant. Malgré que Poing forgé lui ait fait plusieurs fois mordre la poussière, Rachel, telle une lionne, telle une grande battante, se relevait toujours à mon plus grand étonnement. Et bornée qu’elle était, la lieutenante continuait de livrer bataille sans solliciter mon aide ne serait-ce qu’une fois, ce que j’avais pourtant attendu avec impatience ; serrant même mes poings jusqu’au sang. Elle avait eu ce petit truc en elle qui m’avait cloué sur place, m’obligeant à ne pas intervenir même lors des moments les plus critiques qu’elle connaissait. Finalement, la faucheuse m’avait bluffé en réussissant son pari : Clouer son adversaire au sol sous le poids d’un arbre qu’il n’avait pas la force de bouger d’un pouce. Huge Marcel était fait comme un rat. Macho qu’il était, le pauvre ne pouvait que grogner de sa défaite contre une jeune femme. Il voyait de loin, les prisons de la base de North Blue…

                • Tout est fini maintenant…

                Phrase pas forcement inutile que ça. Parce que ouais, cette fille était têtue, mais à un point parfois inimaginable. Et sans doute qu’elle aurait voulut elle-même lui passer les menottes chose qu’allait faire ses hommes et les miens… Oui oui, ils arrivaient. Puisque durant le combat et à défaut d’avoir le soutien des marines de la ville, j’avais fait appel à mes propres hommes et à ceux de Rachel via l’escargophone que j’avais. Ils ne tarderaient surement pas. En attendant, je lui retirais sa grande faux que je plantais avec précision et délicatesse dans l’arbre, tant et si bien que Poing forgé prit peur, croyant que j’allais le décapiter. C’était pas une si mauvaise idée que ça, remarque… Mais il n’était pas ma proie et je respectais cela. Sans compter qu’en toute âme et conscience, je ne l’aurais sans doute pas fait si j’avais pu le prendre au piège de cette manière. En attendant nos hommes, j’profitais un peu de notre petite intimité pour la blottir contre moi. La brise maritime se leva et fit voler quelques mèches de sa crinière noire de jais ; ces quelques mèches là même qui virent chatouiller les traits fins de mon faciès. Tout sourire, je penchais un peu plus ma tête vers sa nuque que j’embrassais subtilement comme au bon vieux temps. Époque qui me manquait énormément…

                Effectivement, j’aurais voulu qu’elle redevienne la petite fille que j’eus à secourir il y a fort longtemps. Cette adolescente innocente qui ne me cachait rien et qui venait vers moi au moindre petit pépin. Faut croire que le rôle de mentor… Nan… De grand frère me manquait terriblement. N’était-ce pas égoïste de penser ainsi ? Oh que oui ! Sur le coup, j’étais un gros imbécile. Mais à bien y repenser, p’être que mon souhait était réciproque. P’être bien… Même si j’avais du mal à y croire. Rachel n’avait pas vraiment eu tort de me quitter pour aller se forger une renommée au sein de la marine et gravir les échelons d’elle-même. J’pense bien qu’elle aurait été une mijaurée bonne à rien à force d’être chouchoutée par ma personne, plutôt que cette gironde à la force indéniable et à qui tout semblait réussir. C’est sur que si elle avait eu dix ans de plus, je l’aurais très certainement demandé en mariage, mais là… Elle était trop jeune. Et moi un vieux pervers pas loin de la quarantaine se rapprochant de plus en plus de la décrépitude. ‘Fin… J’étais pas encore comme Pludbus, mais voilà quoi… Chassant ces idées de mon esprit, j’me mis à caresser tendrement sa chevelure. C’est à ce moment précis qu’on entendit un gros bruit provenir des bois. Les marines investissaient enfin la zone…

                • L’hosto oblige ma petite. On y va ?

                Lui demandais-je réellement son avis ? Pas véritablement. Car après lui avoir parlé, je la prenais délicatement dans mes bras avant de donner dos au pirate qui souffrait. Je n’avais d’yeux que pour elle en ce moment précis. J’aurais même été tenté de lui rouler une pelle, mais je contentais de baiser son front malgré le sang et la sueur dont elle était fortement imprégnée. D’ailleurs, son odeur ne me rebutait pas tellement. Bien au contraire. Pour moi, la donzelle sentait bon la victoire. Ni plus, ni moins. J’atteignis enfin le cheval avant d’y grimper avec Rachel toujours dans mon étreinte. Et ce n’est que lorsque le destrier fit son premier pas que les marines apparurent enfin et en grand nombre avec à leur tête le sergent Druma et ma lieutenante Ketsuno. D’un mouvement fluet de la main, je leur indiquais le tronc d’arbre sous lequel gisait Huge Marcel, avant de commencer à galoper sans avoir eu à leur dire quoi que ce soit. Ils savaient quoi faire de toute façon. Tout en gardant un œil inquiet à l’état de ma douce faucheuse qui ne présageait rien de bon, j’arrivais trente minutes plus tard à la clinique la plus réputée de la ville avant que les médecins des lieux ne se chargent rapidement d’elle. Il n’y avait plus qu’à attendre et espérer qu’elle se rétablisse vite fait…

                Une semaine plus tard…
                • Alors, toujours pas d’nouvelles d’elle ?

                • Non malheureusement, mais je lui ai laissé un mot…

                • C’est demain l’départ non ? T’es sure qu’elle pourra venir ?

                • J’sais pas… On verra…

                Il était vingt-deux heures précisément. J’étais dans le bar que j’affectionnais le plus dans cette cité. Le barman et propriétaire de ce coin était Thomas, un ancien marine de ma promotion qui avait malheureusement rangé le glaive de la justice pour bosser à son propre compte. Il était baraqué tout comme moi et connaissait bien Rachel puisqu’on avait bossé ensemble par le passé. Alors qu’il partit astiquer ses verres après m’avoir servi du saké, je promenais mon regard dans le bar à moitié plein. Une femme attira mon attention en clignant malicieusement son œil droit. Callipyge à souhait, kiseru en bouche, l‘prototype même de la péripatéticienne en puissance à qui personne ne résiste. Il n’y avait qu’à voir comment les autres hommes la déshabillaient du regard. Je l’observais d’un air vide pendant quelques secondes avant de reporter mon attention à mon verre. J’étais venu pour Rachel, pas pour ça. La petite chipie m’devait un verre. Malheureusement, les médecins n’avaient pas voulu me laisser entrer dans sa chambre sous prétexte qu’elle avait besoin de repos. Résultat : Je ne l’avais pas vu depuis sept gros jours ! Il s’était passé beaucoup de trucs depuis et entre autres, la fuite de Don Compaccino et de son équipage, laissant Huge Marcel croupir dans les caves du navire de l’équipage de Rachel…

                • Elle viendra, t’en fais pas trop va ! Elle te respecte trop pour te poser un lapin. C’quand même ta petite fleur.

                « La petite fleur de Salem ». C’est comme ça que les marines sous mes ordres avaient l’habitude de l’appeler. Un beau surnom qui résumait bien la relation que j’avais avec cette jeune femme. Et j’espérais qu’elle viendrait en l’honneur de ladite relation. Sa mission avait été bien trop courte pour que je puisse profiter de sa présence… Dire que j’étais obligé de repartir demain... C’était pas d’bol ! J’voulais passer au moins une soirée avec elle… Mais était-ce possible ? Allez savoir… Son état ne s’était peut être pas amélioré et ses soldats n’étaient pas venus une seule seconde m’informer… A moins qu’eux aussi n’avaient pas eu de news de leur supérieure… Ce qui était probable. En manque de moyens donc, j’avais du user de mon charme sur une jeune infirmière assez laide pour lui remettre un bref message qu’elle devait transmettre à Rachel. Ce message indiquait simplement le bar de Thomas et l’heure à laquelle elle devait se pointer. Elle m’devait un verre après tout et puis elle avait beaucoup de choses à me raconter ; comme qui était son amoureux… Si elle l’avait déjà fait… Ce genre de choses quoi ! A cette pensée, j’eus un petit sourire bête. Elle avait intérêt à être là… Et surtout pas en uniforme ! Pour résister à la beauté de la callipyge, j’finis par m’éloigner du comptoir en allant m’installer à une table dans le fond…

                Et une fois sur place, j’me mis à vider un verre alors qu’une petite clochette tinta, marquant l’arrivée d’un nouveau client dans le coin…
                  Un murmure. Rien qu'un murmure. Il n'en fallait pas plus dans l'état où elle se trouvait pour la faire bondir. S'il ne l'avait pas prise dans ses bras, elle se serait retourné et lui aurait sûrement fait un peu plus mal qu'une taille 36 dans le visage. Un faux de cette taille, ça peut très bien ne pas pardonner. Il avait vraiment le chic pour se mettre en danger face à elle. Il faudrait qu'il calme ses ardeurs. Ou qu'elle calme ses nerfs. Mais elle l'avait tout bonnement oublié. Elle ne lui avait en effet jeté aucun regard, n'avait pas une seule fois appelé à l'aide. Bien sûr, elle avait été dans des positions critiques, presque aux portes de la mort. Mais le cheveu avait été assez épais pour qu'elle ne supplie pas le Colonel de lui venir en aide. Elle leva un regard candide d'excuse vers les prunelles vertes de son mentor. En y réfléchissant, elle lui en était reconnaissant. Ça lui avait semblé une éternité. Et pour lui, quelle fut la difficulté de ne faire que regarder, de n'être que spectateur lorsqu'elle se faisait briser les côtes ? Il annonça tout haut le fait qu'elle savait mais que son corps n'acceptait pas encore. C'était fini. Oui, ça l'était. Avec un sourire, elle soupira puis grimaça comme ses côtes se distendaient sous l'entrée de l'air. Elle grogna toussota et notre poupée de porcelaine se laissa aller aux bras de Salem. Elle avait rempli sa mission, elle avait réussi son pari, il avait tenu sa parole. Elle pouvait laisser au placard cette veste d'officier qui devait traîner quelque part dans les sous bois et revêtir la petite robe noire qui faisait d'elle... Rachel.

                  Elle sentit sa faux glisser d'entre ses mains. Elle sentit des bras puissants l'enserrer. Elle sentit de légères lèvres contre sa nuque. Elle ferma les yeux. Quelle drôle de sensation que de se retrouver ainsi blottie par de puissants bras. Comment ne pas perdre la tête, serrée par des bras audacieux ? Elle ne chercha pas à comprendre. Elle était lasse. Étrangement libérée du poids de sa faux, elle perdait également la dernière accroche qui faisait d'elle la faucheuse de la marine. C'était officiel, elle redevenait une enfant dans les bras du Colonel Fenyang. De Salem.

                -Tu permets que je fasse un petit somme ?

                  Après l'effort le réconfort. Voilà une chose qui lui avait manqué. Un réconfort simple et qui éveille un sentiment de fragilité qu'elle pensait disparu. Elle se retrouvait pour la première fois depuis longtemps réellement comme un poupon de porcelaine. Hissée de droite et de gauche, elle eut une fugace pensée pour sa faux avant de se rendre compte qu'elle ne touchait plus terre. Depuis combien de temps ? Pourquoi la portait-il comme ça ? Elle pouvait marcher ! Oui, elle pouvait, mais elle ne le voulait pas. A quoi était-ce dû ? Toujours était-il qu'elle sombra dans le sommeil réparateur du juste victorieux.

                  *****

                  Ce ne fut pas Rachel qui franchit le pas de la porte. Ce ne fut pas sa faux qui annonça sa silhouette. Elle ne fit pas tinter la cloche. Tout le contraire. Une femme, en blouse blanche entra d'une démarche chaloupée. Ses cheveux tirés à l'excès en une longue tresse, maquillée comme un carré d'As, des ongles semblables à des serres et un nez encore pire, elle balaya de son regard la salle. Elle salua le patron et trouva dans un coin le grand Alheïri Fenyang. Celui-là même qui lui avait donné un petit papier à propos d'une gamine en noir et avec une faux. Un officier de la marine. Elle retoucha ses cheveux, sortit un petit miroir et ajouta une couche de peinture faciale avant de franchir la distance entre elle et le Colonel de quelques longues enjambées. Elle avait les yeux globuleux et son sourire évoquait la face d'un crapaud. Elle se laissa tomber face à Salem en battant des cils.

                  Sans marquer un quelconque salut, elle expliqua qu'elle avait bien remis le papier mais qu'elle-même était plus disponible que la demoiselle aux bois dormant. Pour la bonne et simple raison qu'elle avait été transportée à bord de son propre navire. Les différents mots s'étaient croisés. Rachel avait prit connaissance de la demande de Alheïri et se faisait visiblement une joie de le retrouvait, expliquait-elle en descendant une coupe de champagne qu'elle venait de commander. Mais de l'autre côté, la marine de East Blue avait demandé le rapatriement de Huge Marcel au plus vite vers North Blue. Une semaine c'était bien trop. Que d'la parlotte ajouta-telle en vidant son verre qu'elle se fit aussitôt remplir. En gros, ils avaient endormi le Lieutenant plus profondément que jusqu'alors et emmenée dans le navire qui accueillait déjà Poing Forgé et avait appareillé au crépuscule. Logique ? Non. Mais c'est ce qu'il fut. La marine n'avait pas connaissance des plans de Rachel pour ce soir. Rachel n'était pas au courant de ce qu'ils comptaient faire le soir même. Et voilà le pauvre Salem seule à sa table, avec pour seule compagnie, sa solitude. Raison de sa présence ici, elle, jeune et belle infirmière qui faisait tant fantasmer ? Pallier à cette solitude.

                  Nous prierons pour que, quelque part entre les mers du Nord et de l'Est, lorsque le roulis éveillerait la Faucheuse le lendemain, les marins se tiennent bien à l'écart de la chambre de convalescence...



                [Hrp: Envoie moi un Mp sur ton ressenti, je veux bien refaire la fin si tu trouves ça dommage. Sinon, le prochain Rp sera par Den-Den =)]
                • https://www.onepiece-requiem.net/t889-fiche-de-rachel-100
                • https://www.onepiece-requiem.net/t816-rachel-la-grande-faucheuse#8700
                  C’est avec stupéfaction lorsque je levais mes yeux vers l’entrée, que je vis arriver la jeune infirmière que j’avais précédemment dragué pour un petit service. Laide comme c’est pas croyable. Je craignis automatiquement le pire. Genre, Rachel avait succombé à ses blessures. Ce que je ne me pardonnerai certainement, soyez en sûrs. Je mordis un instant ma lèvre, mais je la relâchais aussitôt quand je vis la démarche nonchalante et assurée de la jeune femme. Elle n’avait pas l’air de venir m’annoncer la mort de ma petite fleur. C’que j’voulais bien croire. Légèrement perdu, je me mis à vider cul-sec mon verre pendant que mademoiselle s’installait avec grâce et sensualité. Bon ok… P’être qu’elle n’était pas si moche que ça… Parce que ouais, son corps était vachement bien foutue et c’était le cas de le dire. Les gros nichons… L’beau fessier qui défiait complètement celle de l’autre callipyge qui m’avait allumé il n’y a pas plus d’une minute… Bref, un corps à en faire baver plus d’un. Surtout les vieillards lubriques… L’truc qui gâchait le tout, c’était sa face digne d’un vrai batracien. Ca ne m’étonnerait pas trop si elle avait bouffé l’fruit du crapaud… ‘Fin, comme on dit, les gouts et les couleurs ne se discutent pas.

                  Impolie la jeune femme… Même pas une salutation respectueuse ? Ben voyons… Déjà un deuxième point qui m’irritait un peu. Je ne mentionnais pourtant pas sa faute sur le coup, et me contentait de l’écouter patiemment en me resservant un deuxième verre. Et là, j’avais souris. Dieu merci, Rachel n’était pas six pieds sous terre. Dieu merci ! Même si je ne le montrais pas véritablement en buvant mon verre, j’étais extrêmement content de savoir qu’elle était en bonne santé et déjà en route vers North. Si bien même que je n’écoutais plus les mots de l’infirmière qui me causait. Nonobstant, j’avais cette petite déception que je me contentais de refouler au plus profond de mon cœur. Dans combien de temps la reverrais-je encore ? Dans combien de temps pourrais-je encore la serrer dans mes bras et la câliner tendrement ? Je ne savais pas… Je ne savais plus… Mais une chose était sure pour moi : Il me fallait plus que jamais gravir les échelons de la marine et faire partie de l’amirauté. Coute que coute. Histoire aussi de pouvoir la revoir quand je voulais et même la seconder lors de missions comme celle que nous avions vécue il y a de cela une semaine…

                  Le seul à qui je portais une haine féroce dorénavant, moi qui aimait pourtant me faire des amis dans la marine, c’était l’colonel de cette île. Un lâche qui ne méritait pas son grade. Il n’avait même pas eu le cran de chasser Don Compaccino et avait, à mon insu, vidé Rachel et ses hommes de sa ville… A croire qu’il n’avait pas écouté les paroles de l’amiral en chef dans son précédent discours… L’gros bâtard qui ne perdait rien pour attendre. Quand on cherche un Fenyang, on l’trouve ! Mais il avait bien de la chance que j’quittais la ville demain à l’aube… Il en avait bien d’la chance. Tout sourire donc, j’vidais alors ma bouteille devant les yeux inquiets de l’infirmière qui se demandait c’que j’avais. Une fois la bouteille vide, je me levais et lui offrait un sourire ainsi qu’un billet de berrys avec une certaine condescendance. Je l’avais jeté sur elle si je peux l’dire comme ça. Et puis j’me dirigerais vers le comptoir. Je touchais quelques mots à Thomas qui m’souhaita un bon voyage d’avance et m’approchait de l’autre chaudasse largement plus belle que l’autre infirmière qui parut scandalisé par le vent qu’elle venait d’se manger… Et c’est respirant la classe que je l’embarquais avec moi sous moult yeux jaloux…

                  Histoire de m’offrir un petit plaisir avant l’voyage qui m’attendait…

                  FIN

                  Spoiler: