À l'ombre de la Bougie Jaune

“Le prochain qui piaille va bouffer de la cire, vos petits tours de magie sont inutiles.
-Uuuurk… Non, sérieusement… Encore un qui ne veut pas nous lâcher…
- Vexant,. Je veux pas dire mais ça représente quand même plusieurs mois d’études, merde quoi…
- Franchement Raph… depuis le début je t’ai dit que c’était une mauvaise idée, même chose sur Little Garden, pareil sur ClockWork. À chaque fois, tu veux aller TROP loin, à chaque fois tu vas nous trouver “ta cité en ruine” ou “ton trésor perdu” de machin, et à chaque fois... on se retrouve dans la merde… Est-ce que j’ai tort ? Alors maintenant, Bougie-man te dit de te la fermer, tu te la fermes ? OK ? J’me suis pas levée ce matin pour me faire épiler la moustache.
- La bougie jaune. Je crois quand même que c’est un vice-amiral, vas-y doucement quand même si tu veux l’insulter. Il est là …[ Je dis ça...]
-Ouais fin, son Haki de l’observation ça ne lui donne pas pour autant une super-ouïe que je sache !
- Hmpf…! Bonne question ?… ” dis-je en reportant mon attention sur le marine.

C’est vrai que je ne connais pas la réponse. Couleur de l'observation, mantra, fluide perceptif, forcément que j’en ai déjà entendu parlé depuis qu’on navigue sur Grand Line. Peut-être même qu’on l’a utilisé contre moi sans que je m’en rende compte,  je ne l’ai jamais expérimenté moi-même, et à tout dire je m’en branle. Qu’il réponde s’il veut, qu’il nous fasse tout un exposé sur le sujet et qu’il nous démontre par A+B à quel point il nous est supérieur. Qu’il y consacre le plus de temps possible. Qu’il s’en assèche la bouche à ne plus pouvoir parler.

En quête de trésors, nous sommes arrivés sur Eoleria depuis quelques semaines. Les îles célestes sont devenus un de nos principaux centre d’intérêt cette dernière année et faut aussi dire qu’on s’y fait quand même largement moins emmerder que sur les mers bleues : c’est beau, c’est grand, extrêmement déconcertant, une expérience unique de découvrir chacune d’entre-elles. Pas de pirates, presque pas de marines, complètement en dehors des radars du gouvernement mondial, la vraie aventure en fait . Notre petite équipe s’accommode d’une vie frugale faite de belles choses, de beaux voyages, de beaux paysages, de belles ruines, et… quand on peut se faire un peu de blé en surfant sur une bonne affaire, on se gêne pas trop quoi… Sauf que là l’affaire… Elle puait sévère.

Mon corps est piégé dans la cire et le vice-amiral Scott maintient une atmosphère suffocante, il espère sans doute me décourager de trop faire usage de mes Climat Gloves, il a été surpris et comme tout bon stratège qui n’aime pas être surpris, il fait en sorte de ne plus l’être. Je ne suis pas au mieux de ma forme, il tape dur, vite et tout ce que nous avons réussi à faire jusqu’à présent c’est à gagner du temps. On joue notre jeu avec Nova, la dispute n’est qu’un jeu, une carte sortie de nos manches lorsque nous nous sommes rendus compte que nous étions dans la merde. Autour de nous des cordes brûlées,  de la cire jusque dans les arbres, la terre en charpie. Nos hématomes surtout. Bordel il fait mal, il n'a pas une once de retenue contre des rookies comme nous. Mais tout ce que nous cherchons à faire c’est gagner du temps pour que nos compagnons puissent retrouver le Moby Bus II, notre navire. Qu'ils puissent se cacher, utiliser les ballons d'air chaud pour s'envoler sur un autre îlot flottant et s'enfuir.

“Ils n’en auront pas le temps, ma garnison est déjà à leur poursuite. Je ne vous laisserai pas prévenir Leonov de nos mouvements Anderswag...”



“Anderswag… Il serait peut-être temps que tu fasses changer le nom sur ton avis de recherche, ça en devient un peu ridicule à force, non ? Ah mais attends, comment il… Haki de l’observation ?
-Haki de l’observation.
- Chiaaaaant…
-Grave. Par contre, j'attends de voir sa garnison courir après notre bateau volant..."

Oui parce que, au bout de quelques jours, on s’était quand même rendu compte qu’on n'était pas totaaaaaalement tout seul et qu’on venait plus ou moins d’atterrir en plein milieu d’un champs de bataille. C'est pas tout à fait ce que décrivait la brochure touristique quand on nous avait vendu un "joli archipel de rochers flottants". Bref, on a fait avec et c'était probablement mieux de remonter les courants ascendants à notre sauce plutôt que de passer par la grande cascade truffées d'épaves sur laquelle les pirates, la garnison marine et les mauvais touristes avaient l'air d'être nombreux à s'être fracassés .

Marines. Pirates. Deux camps qui se disputaient le territoire d'Eoleria dans une guerre de tranchée qui, si elle n’était clairement pas propice au développement de l'île, signifiait au moins que Eoleria avait de l’intérêt et qu’on ne s’était pas fait chier pour rien à y monter. L’année 1629 était sous le signe des tensions, l’équilibre du monde comme il était autrefois dicté avait basculé lorsque du jour au lendemain il n’y avait plus eu 4 mais 8 empereurs des mers. La Marine était tendue, les relations entre pirates étaient tendues et les disputes territoriales -exacerbées par les dernières annonces du Gouvernement mondial- faisaient que la moindre étincelle enflammait les poudres.

Alors au milieu de tout ça bah… idéalement on s’est dit qu’on pourrait faire notre petite vie en restant discrets, en ne nous mêlant à rien et en ne faisant pas de vagues. Un petit trou par ci, l'exploration d'une petite caverne par là...Et ça avait marché… Un temps, jusqu’à ce que de nouveaux arrivants viennent foutre le bordel et faire trembler l’île. Des géants, des monstres d’horreur, dévoreurs d’hommes, qui en quelques jours à peine avaient complètement fait basculer les rapports de force : l’équipage de l’empereur Leonov Kutroshinsky, ex capitaine corsaire connu sous le nom de Gluttony, maintenant grossi des forces des terrifiants Mangemonde.

J’ai beau martelé que nous n’avons rien à voir avec eux -faut croire que parfois le mantra ça arrive quand même à être hermétique- le vice-amiral Scott ne veut rien entendre. Inquiété que ces monstres puissent s’allier aux forces en présence de feu le Malvoulant, il veut attaquer le premier, il nous a attaqué le premier en cherchant à avancer sur les positions ennemies. Sale embuscade.

Mes doigts se couvrent de fluide.

On arrive au limite du temps que nous sommes tacitement imposés.  Des dizaines de mains vont apparaître derrière lui, l’aveugler, le frapper, l’électrocuter, lui tordre les bras dans tous les sens, juste ce qu’il faut pour nous permettre de nous échapper à notre tour. La cire aura beau être dure, je la déchirerai d’un coup, j’ai suffisamment récupéré, elle ne me retiendra pas. Je sais déjà par où m’enfuir. Nova est sur la même longueur d'ondes que moi.

Toutes ces certitudes, je fais en sorte de les effacer de mes pensées en continuant de railler mon amie, le vice-amiral et son Haki magique, je continue à clamer qu’on a rien à voir avec Kutroshinsky ou le Malvoulant et qu’il est en train de se foirer en se focalisant sur ma pauvre tête à 66 millions de Berrys. Je plaisante, je souris, mais au fond je ne suis pas rassuré, je me sens dépassé. Et ça il le perçoit.

“C’est inutile.”

Mes doigts gantés réussissent à déchirer une partie de ma prison, mes invocations apparaissent, mais aussitôt la traînée de cire s’infuse de Haki et me compresse plus durement qu’avant. Je suis bloqué, je lâche un gémissement de douleur, une fraction de seconde et Scott sur moi, la dernière chose que je vois c’est son poing sombre, son regard impitoyable.

Un pic de douleur au visage au moment où il me frappe.

Puis plus rien.

Je sombre.

- Alors ? Qu'est ce qu'on fait maintenant ?
- Mademoiselle Ume, si je puis me permettre, vous voyez bien que notre Reine est entrain de se concentrer, n'est ce pas ?
- Oui, alors arrête de la distraire.
- Pffff... C'est si long... Et on est vraiment obligé d'avoir le chat qui se lèche pour seul spectacle ?
- Dis donc, personne t'oblige à regarder !
- Bon, moi je retourne à bord manger des gâteaux. Prévenez moi quand on doit faire quelque chose.

Tandis que je fixe l'horizon, Keiko se détourne de notre groupe composé d'Aubéria, d'Alfred, de Milo et moi même. Mais à peine amorce t'elle son geste que je prends finalement la parole.

- Tu n'en auras pas le temps. Ça bouge enfin.

Enfin oui. Enfin les éclaireurs des différents camps rejoignent leurs groupes respectifs. La perte du plongeoir se répand alors comme une trainée de poudre qui s'allume presque spontanément après... Pourquoi ? Parce qu'avec un troisième camps de pirate sur l'île et l'impossibilité de demander des renforts le temps de tenir une guerre de siège, la marine n'a plus d'autre choix que d'attaquer ou de périr. Et l'attaque doit être imminente si le chef de brigade en place veut espérer survivre. Pour une promotion ? Ah, chose intéressante qu'est le haki quand même. Cela dit, avant de recevoir l'information, il semblait plutôt satisfait de son coup. Il aurait attrapé des pirates ? Des nouveaux venus, peut être des mangemondes, allez savoir. Le haki de l'observation c'est bien, mais ça ne remplace pas tout.

Mais ce qui est sûr, c'est qu'en attaquant maintenant, je crains pour le pauvre camps de la marine...

- Et du coup ?
- On va aller s'inviter à la fête. Enfin, surtout moi et les drakonites.
- Je vais les rassembler.
- Alfred ? Tu penses que vous pourrez vous déplacer entre les îles ?
- Les anges que vous avez rencontré y arrivent. On devrait réussir à se débrouiller.
- Dans ce cas rejoignez directement Aeria.
- Aeria Madame ?
- Aeria oui.
- Euh... C'est pas genre la base de la Marine Aeria ?
- Yep, c'est tout à fait ça Milo.
- Tu veux prendre leur base pendant qu'ils combattent ailleurs ? Ouh, c'est excitant.
- Non. On va rejoindre Aeria parce qu'on va tenter de les rallier. Donc vous vous dirigez là bas et avant d'y entrer, Alfred, tu m'appelle.
- Si je puis me permettre Madame... Si vous devez négocier avec la marine il vaudrait mieux que je vienne avec vous... En temps qu'ancien de la profession.
- Tu penses vraiment qu'en temps que traitre il y a des chances qu'ils t'écoutent ?
- Je connais les usages de la marine, cela pourrait vous être utile.
- Bon, d'accord. Keiko, tu guideras les Armadiens du coup.
- QUOIIIII ?!
- C'est ça ou rester sur le navire.
- Bon. D'accord.
- T'inquiète, je suis sûr que la traversée sera un jeu d'enfant !
- Toi tu restes sur le navire Milo.
- EH ! NON ! Je croyais que c'était Aubéria la responsable du navire !
- Oui, mais elle va pas rester toute seule.
- Pfff... Non mais qu'est ce qui m'a pris de monter sur ce bateau à Armada moi.

Rageux, Milo frappe un caillou avant de faire demi tour vers le navire. Et tandis que tous s'activent alors, moi je tourne une nouvelle fois mon regard vers l'horizon. Vers ces îles au loin où je ressens la garnison quasi complète de la marine en mouvement entrain de commencer à encercler nul autre que Eolia. Cet assaut, je doute sérieusement qu'il ait la moindre chance d'aboutir même si je comprends tout à fait leur logique... Entre l'arrivée de Kutrosinshky et moi sur Eoleria, avec les troupes de feu Teach toujours présentent, l'équilibre des forces se voient grandement bouleversée.

Mais ce que la marine ne sait pas, même si franchement il pourrait un peu plus se renseigner sur moi, c'est que je n'aime aucun de ces pirates. Si les hommes de Teach sont aussi sadiques que l'étaient leur maître, alors je n'aurai aucun scrupule à les éliminer. Quant à Léonov... Je ne l'ai jamais aimé et contrairement à Red, moi je n'ai jamais eu la moindre intention de pactiser avec lui.

Enfin, j'espère que la garnison d'Aeria sera assez ouverte d'esprit pour accepter de collaborer. Rapport que je n'aime guère faire des massacres inutiles. Et puis, j'ai déjà gagné la confiance un agent du Cp9 une fois, alors des marines, ça ne devrait pas être si difficile, non ?

- Les drakonites sont prêt Majesté.
- Parfait Aubéria, je te confie le Croc. Alfred, allons y.

Prenant ma forme de dragon ailée pour être plus en phase avec la troupe qui me suit, je laisse Alfred grimper sur mon dos avant de battre fortement des ailes et initier l'envol de mon escouade d'élite.

Direction : la guerre.

“Vice-amiral Scott ! Excusez-moi de vous interrompre, je sais que… enfin… c'est une urgence ! Une communication de la base d’Aeria pour vous ! C’est la sous-amirale Abeillsy ! Elle veut vous parler de toute urgence… Je… Je crois que le plongeoir est tombé…”

La nouvelle résonne lourdement, pendant de longues seconde elles hante les lieux.

Le plongeoir est tombé. Le plongeoir est tombé. Le plongeoir est tombé. L'écho de ces mots fait frissonner le gardien des geôles et le messager. Ils échangent un regard, espèrent ne pas avoir été vu dans ce moment de relâchement,  essayent de garder contenance, clairement pas à l'aise face à la nouvelle, clairement dans l'attente de la réaction de leur supérieur. Le plongeoir est tombé. Ils sont pendus aux lèvres de la Bougie Jaune et ils m'ont très vite oublié.

Pourtant je fais de mon mieux pour être désagréable. Nous séparer moi et Nova n’assurera pas leur tranquillité. J’agite les chaînes de menottes contre les barreaux pour montrer mon mécontentement, elles sont bien plus légères que d'habitude. Faut croire qu’ils ne m'ont pas suffisamment pris au sérieux pour m'affaiblir avec du granit marin. L'astuce de m'enlever mes gants pour me priver de mes pouvoirs les a rendu fiers, ils se sont dits qu'ils n'auraient pas d'une paire de menottes en trop pour coffrer les hommes du Dévoreur et du Malvoulant. Vu l’attaque qu’ils sont en train de préparer, ils n’ont peut-être pas tort. J'imagine que je suis une blague pour eux ? Un rookie désagréable qui n'a pas assez fait parler de lui récemment pour être considéré. peu m'importe du moment qu'ils ne tombent pas sur notre bateau. Je compte sur Nova et Jack, ils sont suffisamment malins. Plus que moi probablement... Ou plus en tout cas que ce que pense la marine de moi.

Ils doivent se dire que les barreaux suffiront à me retenir, que je ne pourrais pas les empoigner et les tordre sans prendre un coup de fatigue sévère. Je suis pas respecté, ça me gave. Ce qui est d’autant plus gavant, c’est que merde… j'ai peut-être -hypothétiquement hein- tenté de foutre un coup de crâne infusé de Haki dans le mur de ma prison… Et bordel, les barreaux en Kairoseki ça tient le coup. Une bosse de plus pour mon compteur.

“ C'est quoi le plongeoir ? “

Oui beh tant qu'à être pris pour un con, autant le faire quand tout le monde te prend déjà de haut.

La mouette en costard jaune moutarde me jette un regard, pensif. Il se mord les lèvres, hésite à répondre à ma provocation mais s'empare plutôt de l’Escargophone accroché au mur à travers lequel on lui redirige l'appel de la base principale.

De ce que je comprends de la situation tendue, ils se sont constitués un avant-poste de fortune. De vieilles bâtisses au toit plat, rongées par le temps et la végétation, des ruines comme on en imagine au cœur de la jungle, à moitié enterrée, en bonne partie camouflée. Le gros des troupes est basé un peu plus loin, ici c’est un poste de détention et d’observation. L’histoire d’années de guerre.  

“Scott, j'écoute…”

Il y a l’air d’avoir du grabuge sur Eoleria. Les choses bougent, mais pas dans un sens qui arrange les marines. Plusieurs fois, il tique, son regard se durcit. J’attends mais je n’entends pas, je ne peux qu’observer ses réactions et ses courtes réponses. Malgré son calme, sa gestuelle laisse transparaître une situation difficile, des réflexions agitées. Il encaisse beaucoup d'un coup.

“Si elle est là, c’est encore plus grave que ce que nous imaginions. Des traces de l’empereur Red ?… Ils se sont déjà emparés des Allods l’année dernière, lui et sa flotte ne doivent pas être loin. Mais ce qu’ils cherchent à faire…  Pearl Harbor, Treize, tous les restes du Malvoulant sont en train d’y passer… ”

Hum… Red ? Il pique quand même mon intérêt.
L’équipage d’un troisième empereur serait-il en train de s’en prendre à l’île céleste ? Armada était-elle en train de débarquer sur Eoleria et si c’était le cas, dans quel but ? S’attaquer aux derniers fidèles de Teach qui tenaient encore le territoire en s’alliant aux forces de Kutroshinsky ? Au contraire les rallier à sa cause ? Ou encore faire place nette et récupérer tout l’archipel céleste ? Dans tous les cas, les marines sont dans une belle sauce. S’ils avaient réussis à tenir un statu quo face à un seul adversaire à l’agonie, il était peu probable qu’ils ne survivent à trois des plus grandes forces belligérantes des mers  Et si Red était là, celle dont Scott venait de parler était-elle… Peut-être… Après tout, ça parle d'île céleste.

“Qui a fait tomber ce “plongeoir” ? Qu’est-ce qui est en train de se passer sur cette île ? Je le redis, je n’ai rien à voir avec les pirates de Teach ou de Kutroshinsky. Je ne suis pas du même bois qu’eux, je suis hors-la-loi mais je n’ai aucune envie d’être associé à leurs actes. Vous êtes trop futés Scott pour ne pas vous en être déjà rendu compte. “

Sans raccrocher, sans mot dire, il m’analyse, et j’ai le sentiment qu’il en est déjà arrivé à la même conclusion.
C’est un gars qui a trouvé sa vocation en arrivant là, c’est un gars qui a de l’ambition mais est juste dans ce qu’il entreprend. Nous étions des proies faciles, des adversaires dépassés, il n’en a pas profité pour nous achever. Il a une conscience... ou au moins un plan de bataille.

“…Rien, c’est un prisonnier qui s’agite. Envoyez-moi un rapport détaillé, je veux savoir où elle se dirige, je veux savoir où ses troupes vont se poser, je veux leur nombre, je veux leurs signalements, je veux leurs intentions,  je veux tout savoir dans moins d’une heure !  Si nous attaquons Eolia aujourd’hui, nous NE POUVONS PAS nous faire prendre à revers ! Abeillsy ne merdez pas !” il s’interrompt en même temps que sa conversation escargophonique, je sais que ce n’est probablement pas le bon moment et que je risque de me faire noyer dans la cire -c’est le jeu- mais je ne vais pas rester sans plaider ma cause.
“Vous êtes en train de perdre votre temps avec moi et de ce que j’en comprends vous en manquez cruellement.
-J’en serai seul juge… Teach… Kutroshinsky… Effectivement… Peu probable. Pas le même style… Quelque chose me gênait, je ne trouvais pas votre place dans leur plan de bataille… Mais maintenant ça commence à s'éclaircir, la vision de mon mantra s'éclaircit... Que vient faire Armada sur Eoleria ? À quoi doit-on s’attendre d’Izya Tahgel ?”

Mon haki de l'observation déployé vers les forces pirates, ma troupe et moi avançons à bonne vitesse vers le camp d'Eolia qui va très bientôt devenir un champ de bataille. Manque de chance, j'ai surestimé la vitesse d'exécution de ce plan. Aussi, avant d'arriver en vue de la base de feu Teach accompagné de Léonov et de ses mangemondes, je bifurque de ma trajectoire et rejoint un îlot flottant un peu plus haut. Disciplinés, tous les drakonites me suivent et se posent à ma suite sur ce même rocher.

- Et maintenant ?
- Si j'attaque Léonov maintenant, la marine nous laissera nous entretuer pour limiter leur perte. Je dois donc être sûre qu'ils attaquent avant de nous faire intervenir. Bref, on attend.

Derrière, certains anges soufflent, lassés d'avance de devoir une nouvelle fois patienter tandis que d'autres sont plutôt soulagés de devoir encore repousser le moment de leur premier assaut sur ces terres qui leurs sont inconnus bien qu'assez semblables aux Allods dans leur configuration.

Bref, patience est mère de sûreté. Enfin, il parait...




- Raaah... Je savais que ce serait un plan pourri... Et comment on passe sur l'autre îlot maintenant, hein ?
- Peuh ! Facile ! Regarde !
- Milo ?! Mais ! Tu devais rester sur le Croc !
- Je suis un chat, je fais ce que je veux.
- Ah bah d'accord... J'appelle Izya, on va voir ce qu'elle en pense.
- Tsss... Sale mouchard !
- Oui, une moucharde qui a le mérite de se laver avec de l'eau et du savon.
- Euh dites.
- C'est pas qu'on veut vous déranger mais... Je crois que la marine sait comment passer d'îlot en îlot...
- Comment ça ?...

Keiko, nommée responsable des pirates d'Armada chargé de s'approcher de la base d'Aeria pour se tenir prêt à rejoindre les rangs de la marine, accompagnée de Milo, chat pirate ayant décidé de se comporter en véritable chat en ignorant les ordres, regardent alors dans la direction que leur pointes les deux pirates qu'ils guident pour finalement voir une troupe d'élite de la marine tenir en joue une dizaine de membres de leur groupe pris en otage tandis qu'une femme se tient droite entre les détenus et le reste du groupe.

Malgré leur faible nombre comparés à la troupe de pirate, la trentaine de marine semble tout à fait résolu à en découdre au moindre geste brusque. La femme dévisage alors Keiko dont elle comprend qu'elle est la cheffe des opposants avant de s'adresser à elle.


- Rendez vous pirates et vous aurez la vie sauve !

Un instant, Keiko dévisage alors Milo dont les deux queues s'agitent d'agacement, prêtent à dégainer ses sabres. Heureusement, c'est à elle et non à ce vilain chat mal léché que la reine a confié le commandement.

- Vous êtes des soldats d'Aeria, c'est bien cela ?
- Nos uniformes ne sont pas assez clairs pour vous ?! Je suis la Colonel Enamon de la 234ème Division de la Marine et je vous ordonne de vous rendre sur le champ où nous exécutons immédiatement vos hommes !

Étrangement, sous cette menace accompagnée d'une tension palpable, Keiko, loin de craindre pour la vie des quelques pirates d'Armada entre les griffes de la marine sourit, ce qui a pour effet de crisper encore un peu plus la Colonel qui ne sait pas du tout à qui elle a à faire. Après tout, la renarde n'a rejoint la dragonne que trop récemment pour être connue et la prime du pauvre Milo est bien trop insignifiante pour marquer les esprits des marines tournés vers cette guerre de plus de 20 ans se déroulant sur Eoleria.

- Tout de suite !
- Ça va, ça va. Bien évidemment qu'on se rend. Hein les gars ? Allez, on se rend !
- Euh ?
- Vous êtes sûr ?
- Maawww....

Bien malin est celui qui se fait passer pour un simple chat en feulant de mécontentement sous le regard amusé de l'utilisatrice du fruit du fennec qui le juge comme un parfait froussard.

- Bien évidemment que je suis sûre ! Allez, tout le monde se rend bien gentiment et suis ces gentils soldats qui ne font que leur travail et qui vont sagement nous conduire dans leur base pour nous emprisonner.
- AH ! J'ai compris !

Regard soudain très désapprobateur de Keiko envers le pirate de génie qui se rend compte qu'il ferait mieux de fermer son clapet. La Colonel, elle, reste un instant sur ses gardes en se disant que c'est vraiment trop facile mais l'insistance de Keiko a demandé les armes de tout le monde finit par lui faire comprendre qu'elle a vraiment réussi un coup de maître...

- Prenez la elle en otage !
- Oh bonne idée, ce sera plus convaincant pour que mes hommes vous suivent gentiment.
- ... Oui... C'est ça... Et le chat ? Il est passé où le chat ?!

Effectivement, le chat semble avoir soudainement disparu au moment de rendre les armes... En même temps, lui demander de se séparer de son meitou était trop lui demander alors Milo a préféré profiter de la stupéfaction générale pour filer à la féline et aller se réfugier dans un arbre en pestant.

- C'est une bonne question ça... Mais vous savez, ce n'est qu'un chat domestique... A mon avis, tout seul, il va très vite mourir de faim alors a votre place, je ne m'inquièterai pas trop de le laisser en liberté...
- J'ai comme l'impression que tu me mens pirate... Enfin, de toute façon, on a pas toute la journée. En avant !

Et c'est ainsi que, suivant les ordres de la reine, Keiko trouva le chemin d'Aeria...

J'ai une désagréable impression de déjà vu.

Désagréable. Est-ce que c’est vraiment le mot ? J’ai tout le temps du monde pour retourner cette question dans ma tête, après tout ce n’est que la deuxième fois que je prends un semblant de perpétuité. Et à chaque fois je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, pas assez fort, pas assez malin, pas ce qu’il faut pour se débrouiller face à un amiral, pas de quoi pleurnicher, mais j’aurais franchement aimé être à la hauteur cette fois. Mieux me débrouiller et mieux protéger Nova. Putains de vice-amiraux. Vasco sur Little Garden, Scott sur Eoleria. Déjà là, il y a comme qui dirait des indices : rien que les noms je veux dire, vous aussi ça vous a tiqué quand vous l'avez remarqué ? C'est pas possible autrement.
Deux fois le même scénario. Pleine nature, isolé de tout le monde, ce qui devait être une simple promenade qui se transforme en bataille épique et disproportionnée.

Et si j'y croyais, j'irai même dire que le créateur manque cruellement d'inspiration ces derniers temps car, par dessus cette belle introduction, faut également rajouter l'élément perturbateur qui couronne mon anecdote.

Izya.

Ange. Pirate. Dragonne. Reine. Amie ? C’est un peu près tout ce que j’ai pu dire à Scott sans verser dans le racontage de vie -très peu mon genre- et les secrets de la dragonne. Dès ma première prime, on a épinglé mon nom près de celui de Izya Taghel, c’était à elle et à Jotunheim que je devais mon meilleur profil placardé un peu partout autour du monde et mes plus poignants cauchemars. Pas besoin de mentir, il savait déjà tout ce qu’il avait envie et besoin d’entendre. Imprévisible, juste et féroce, la dragonne pouvait être là pour de nombreuses raisons, la première d’entre elle étant de conquérir de nouveaux territoires pour son Royaume Céleste. Après Stymphale et les Allods, Eoleria était une nouvelle place forte toute indiquée. Connaissant le caractère de la pirate, tout indiquait également qu’elle n’aurait aucun problème à rentrer en conflit direct avec les restes du Malvoulant et la flotte du Dévoreur. Eux, marines ? Probablement un détail pour elle. Red et Armada? Encore indéfini.  Moi, un espion ou un otage tout indiqué ?

En fait, on ne s’est pas énormément croisé ces derniers temps, je sais pas bien où on en est. Mais c’est toujours elle qui est au centre de l’attention, c’est elle à qui on en veut et c’est elle joue les conquérantes, les libératrices, les perturbatrices. Moi je suis juste le boulet en détresse qui s’agite dans son coin, emporté dans des situations qu’il ne maîtrise pas, dans des événements qui le dépassent. Tiens, maintenant que j’y pense, j’ai une bonne façon de décrire ma situation : je suis un spectateur pris à partie. L’inconnu qui avait pris la place la moins chère pour se contenter d’assister à la représentation, mais que les acteurs ont choisi de surclasser et de placer directement sur scène. Pas de quoi m’envier ou m’en vouloir franchement, je suis le premier affligé par la situation, mais le monde est ce qu’il est.

“Bon… Vous comptez servir le repas avant ou après votre bataille du coup ? Si jamais j’ai mon mot à dire, je préférerais avant vous savez…au cas où vous clamsiez ? Ca me permettrait de tenir un peu plus longtemps.” dis-je en haussant les épaules, face à mon geôlier, sur le ton le plus naturel possible.

Je crois qu’il commence un peu à s’attacher. Je le voyais, nous regarder avec envie lorsqu’on échangeait avec Scotty, il voulait rentrer dans la conversation, s’investir lui-même dans l’interrogatoire, poser des questions plus pertinentes ou corriger celles de son supérieur. Quand ce dernier est parti, les idées sombres, l’esprit agité par la stratégie qu’il allait devoir mettre en place pour prendre en compte les derniers imprévus, ça a laissé une drôle d’ambiance. Attaquera ? Attaquera pas ? Fallait-il commencer par laisser les pirates s’entretuer ? Il y avait-il un risque qu’ils soient pris par l’étau d’une improbable alliance ?

Attaquera. C’est certain. S’en tenir au plan initial avec quelques ajustements, c’est typiquement le genre d’homme qu’est Michel Scott. La nature de l’accueil qu’il prévoit à Izya, pièges ou pourparlers, il s’est bien gardé de me le dire.
Autour de nous, les troupes s’agitent. Des bruits de pas, de ferrailles, d’armes et de protections qu’on ramasse à la volée. Ce n’est qu’une question de temps, les ordre ont été donnés, hurlés même à en entendre certains. Mon garde est du même avis, le bordel ambiant le distrait et je sens monter en lui une certaine excitation.

“Après, si vraiment personne ne peut me l’amener je peux aller me le chercher tout seul, non ? ”

Il se retourne pour me grogner une réponse, mais me voit un pied en dehors de la cellule, porte grande ouverte et aucun son ne sort de sa bouche. Sa main se jette sur son arme, mais je suis plus vif et une de mes invocations flottantes l’assomme. Celle-là même qui d’une “passe” vient de lui voler les clés de la cellule et de mes menottes un instant plus tôt, me permettant de me libérer discrètement pendant que le vacarme ambiant le distrayait.

“Note pour plus tard, ne jamais porter de tongs. ”

Privé de mes gants, j’ai du me rabattre sur mes chaussettes pour faire usage de mon pouvoir. C’est toujours mieux que rien, mais je préfère me mettre en tête de retrouver Nova et mes armes avant de me montrer en public comme ça. Pour un coup en douce de temps en temps, c’est LARGEMENT suffisant. Le temps de l’enfermer à ma place et je me déplace furtivement pour sortir de la bâtisse, je parcours quelques autres pièces vides, ouvre des tiroirs et fouille des étagères mais il paraît très vite évident que je ne trouverai ni mes armes, ni Nova ici. Pas de quoi m’angoisser, je vais tout de même devoir attendre que la garnison se déploient pour visiter le reste du camp et qu’on se barre… Et je ne sais pas combien de temps je peux tenir sans être découvert.

En contrebas les militaires continuent à s’activer et j’entends au loin les premières canonnades. Pas très discret pour une attaque qui se voulait furtive. Leur assaut est-il déjà découvert ? D’avantage d’hypothèses n’ont pas le temps de faire le tour de mon cerveau que l’impensable se produit : un bruit sourd, un craquement dans l’îlot flottant à côté du nôtre et je me rends compte qu’un pan entier du relief est en train de se décrocher, d’être soulevé et d’être projeté sans plus de sommation sur un des bâtiments que j’observais un instant plus tôt, balayant marines, équipements militaires et les ruines qui leur servaient de base.

Un hurlement monstrueux s’élève dans les airs. Je grimace, ai vaguement d'espérer que ma pote et mes jouets ne se soient pas faits  aplatir et je me retourne vers la nouvelle menace.

Haut de douze mètres, le marteau géant avec lequel il vient de défoncer le paysage posé négligemment sur son épaule , Grab “La Masse” l’un des membres de la 2nde flotte des terribles Mangemonde vient de débusquer et est en position confortable pour détruire tout l’avant-poste des soldats de la marine. Les géants de Kutroshinsky sont arrivés avant eux. La situation va dégénérer beaucoup plus vite que prévu…



“Bon… Du coup... Est-ce que j’ai encore vraiment besoin d’être discret ?”

- Alors ? On y va ?
- Ils se tapent là, non ?
- Ma Dame ? Il y a un problème ?

Est ce qu'il y en a un ? Non, pas vraiment. Enfin... Je ne suis pas certaine. J'ai comme une sensation familière... Un point dans mon haki de l'empathie qui me dit qu'il y a peut être une personne là dessous qui ne devrait pas être là. Matsuya ? Non. Lui je le ressens très bien, il est resté auprès de Léonov et surement de sa sirène, plus pour montrer à la marine que le nouvel Empereur n'a pas besoin de déployer toutes ses forces pour les écraser que par crainte de se faire acculer...

Alors d'où vient se pressentiment ?

- Ma Dame ?
- Ton haki arrive-t-il a atteindre la bataille sous nos pieds ?
- J'en conclu qu'il y a bel et bien un soucis... Malheureusement, nous sommes bien trop haut pour me permettre de ressentir quoi que ce soit.
- Hm...
- Vous ne voulez pas en parler ?
- On était pas là pour attaquer ?
- Moi ça me va si on intervient qu'à la fin...
- Toi t'es qu'un trouillard !

Je tourne alors ma tête draconnique vers mes drakonites qui se taisent immédiatement en s'excusant sous mon geste. Puis sans un mot je reviens alors la la contemplation de la scène qui se passe à quelques centaines de mètres sous nos pieds. Malheureusement, il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à mettre me doigt sur cette sensation qui me perturbe. Et pourtant elle est bien là.
Alors que le vice amiral Scott coince une centaine d'homme du Glouton dans une vague de cire avant que ses hommes viennent les achever, je la ressens. Quand le géant, Ivar le Sanguinolent que j'ai déjà rencontré sur Punk Hazard attrape une poignée de marine et les fourre dans sa bouche en éteignant leur vie d'un claquement de dent, je la ressens. Quand les marines tentent de se repositionner pour tenir en joug les anciens pirates du Malvoulant, je la ressens.
Mais c'est quand finalement j'observe le géant à la masse mettre son arme sur son épaule en riant aux éclats au milieu des ruines de l'avant poste de la marine que je comprends enfin.

Car dans cette base, il n'y a pas que des marines. Non. Dans cette base, il y a quelqu'un d'autre.
Quelqu'un que je connais.

- Raph...
- Ma Dame ?

Raphaël Andersen, un pauvre civil devenu pirate parce qu'il a jugé bon d'essayer de m'aider sur Little Garden alors même que je voulais me faire arrêter... Un idiot qui a cru en moi suffisamment pour tenter de me sauver, et qui s'est fait emporté bêtement dans le plan que les pirates d'Armada et la Révolution avait monté. Une victime ayant eu l'horreur de se faire enfermer dans la même cellule que moi à Jotunheim, et ayant subit les mêmes tortures et expériences qui m'étaient destinées.
Un ami que je n'ai pas su protéger et que j'ai laissé partir après nos mésaventures... Et même là, il a encore réussi à m'aider en protégeant la Cloud'Academia de Weatheria du Gouvernement Mondial.

- Bordel ! Mais qu'est ce qu'il fout là ?!

Il ne faut qu'une seconde de plus pour qu'Alfred comprenne enfin ce qu'il se passe malgré le manque d'indice que je lui apporte. En même temps, le bougre me connait mieux que personne, et il connait aussi Raph.

- Monsieur Andersen est en bas, c'est cela ?
- Il semblerait...

Je soupire, me demandant si ce nouvel élément risque de changer la donne ou pas. Est-ce une bonne chose ? Une mauvaise ? Raaah, j'en sais foutrement rien et ça me rend dingue ! Et pendant ce temps, la marine est de plus en plus acculée tandis que les géants sur place mènent les pirates à la victoire, décimant grandement les forces du gouvernement qui se retrouvent de plus en plus en sous effectifs.

- On devrait...
- Je veux 5 escouades de 10 ! Vous attaquerez tous de manière à couvrir la marine sur toute la distance du front ! Faite en sorte de leur offrir leur retraite mais restez loin des géants quoi qu'il arrive !

D'un regard, je remarque alors que le Vice Amiral se lance soudainement dans un combat contre le mastodonte utilisateur de fruit du démon. Parfait.

- Accroche toi Alfred, on a un abruti géant à carboniser.

D'un seul mouvement, ma troupe chevaucheuse de dragon s'envole dans le ciel et plonge en piquet sur la bataille qui se déroule sous leurs ailes. Et pendant que mes troupes vont au front, moi je plonge sur Grab en rugissant furieusement pour signaler à tous ma présence dans ce ciel. Un instant, je sens les regards se tourner vers le ciel et la peur prendre les cœurs en découvrant la troupe de drakonite s'empressant de prendre part au combat. Un accueil créant un large ascenseur émotionnel pour les troupes du Glouton qui croyaient encore en une alliance avec le Capitaine Red, et qui déchantent vite quand mes anges et mes dragons les lacèrent de leurs griffes et de leurs armes.

Mais évidemment les géants sont des êtres bien habitués à ce genre de revirement de situation. Et avant même que je n'arrive sur ma cible, sa masse et son visage se tournent dans ma direction, prêt à frapper. J'ouvre alors grand ma gueule de dragonne et déverse sur lui un flot de flamme gigantesque. Flot malheureusement contré par un violent coup de masse se déchainant dans l'air et déviant mon attaque tout en laissant ma cible indemne. Furieuse de cet échec, je me pose tout de même au sol juste le temps d'y déposer Alfred.

- Il est fort mais moins que vous Majesté, vous pouvez n'en faire qu'une bouchée.
- Hin... Trouve Raph et rejoignez Scott, je vous retrouve dès qu'il sera mort !

Je me demande si cette fois Raph obéira à ce que je lui demande... Après tout la dernière fois, c'est notamment pour ça qu'il s'est fait capturé... Parce qu'il ne m'a pas écoutée.

Et tandis que j'agite mes ailes pour repartir immédiatement à l'assaut, un cri strident retenti soudainement dans toute la zone, immobilisant toutes les troupes sans exception de par ce son si perçant. Tous se couvrent alors les oreilles, muées par une douleur atroce à la tête qui me retarde même dans mon décollage.

Et quand enfin se son s'arrête, c'est pour laisser place à la Bête, un géant complètement fou qui n'est plus qu'un animal incontrôlable sauf pour son maître Ivar, qui vient tout juste de le libérer de sa chaine et qui fonce droit sur notre position en tuant tout sur son passage sans aucune distinction.

Il semblerait qu'il n'y ait plus aucun doute dans l'esprit des géants quant à mon affiliation du jour...

"Vous faites suer... C’est sérieux ? "

Derrière une paroi de roche, extraite de terre et enrobée d'armement, nous essuyons les attaques à répétition des géants qui sèment la panique et font s'écrouler le décor céleste sur le camp marines. Quand je dis nous, c'est moi, mon nouvel ami marine et sa jambe tordue, en sang. Je viens de le sauver d’un des morceaux de montagnes qui nous pleuvent dessus lorsqu'ils ne sont pas arrêtés en plein vol par le souffle d'Izya. Lui de nous mettre à couvert grâce à son impressionnante maîtrise de la Lithomancie appliqué au combat.  Grand, barraqué, bien fringué malgré ses mains pleines de terre, il est en train de travailler le sol pour se modeler une attelle d'argile et se remettre sur pied. Sale coup qu'il a pris en protégeant ses hommes, il m'en doit une bonne... J'lui dirai bien que c'est pas une bonne idée de se tartiner une plaie ouverte de terre, hygiène, désinfection, septicémie, tout ça quoi, mais j'ai pas l'impression que ça l'intéressera.

Moi, je viens de retrouver mes Climat Gloves. Dans un coin de l'armurerie, entreposés là négligemment, personne ne semblant comprendre ni la technologie qui les alimentent, ni les rouages de leur fonctionnement. On est en temps de guerre, mais un peu de curiosité scientifique ne ferait pas de mal à la marine. D'une rapide inspection, je me suis assuré que tout allait bien, un instant plus tard je sautais à la rescousse de ce brave gars… La nature humaine j'imagine, et peut-être l'idée que c'est toujours bon de récupérer des points de karma...

“Ce ne sera pas si simple, le vice-amiral Scott a préféré vous garder près de lui, mais votre amie n’est pas ici…
- OÙ ALORS ?!”



À peine mes gants sont-ils sur mes mains que des dizaines d’invocations apparaissent et envahissent l’espace autour de nous, les dragons rugissent, les canonnades et les gerbes de feu continuent de pleuvoir, mais d’un tour de passe-passe et d’une vague de coups je désarme et repousse les quelques pirates qui se sont jetés sur le camp depuis les îlots supérieurs. Je ne suis pas au niveau de Scott, d'Izya et de toutes les autres horreurs en présence, mais je suis bien décidé à ne plus subir la situation. À distance, j’attrape deux marines par le collet qui s’apprêtait à tirer sur les forces de la dragonne. Plus ça dure, plus je suis en train de m’énerver.

“Vous n’avez pas mieux à faire que d’abattre des dragons, bordel ?! Ils viennent sauver vos miches… Profitez-en plutôt pour vous replier, ils vous couvrent ! ”

Le premier grogne, veut retourner son fusil contre-moi -après tout un hors-la-loi est un hors-la-loi, il ne fait que son boulot- mais d’un pas sur le côté, je sors de sa ligne de visée et me rapproche pour le cogner d’un sévère uppercut. L’autre est penaud, regarde son contre-amiral, ne sait pas quoi faire, eux aussi je les ai sauvé un instant plus tôt. Je suis bonne poire, mais faut pas me gaver.

“Où est Nova ?! On peut clairement vous être utiles, alors si vous tenez à ce qu’on s’en sorte tous va falloir donner du vôtre !” insisté-je auprès de Pizzaro qui, sa blessure gérée, est déjà en mouvement pour aller mettre à couvert d’autres de ses hommes et régler le problème de l’artilleur géant.
“Elle est sur Aeria, notre base principale. Loin. Les Mangemondes nous coupent toute voie de repli.
-Reçu. On règle son compte au Mangemonde et je recommence à vous emmerder ensuite.”

Izya est déjà en prise avec ceux qui nous coupent la route, son feu ne semble rien faire au premier et le deuxième, brute assourdissante est en train de se tailler une voie vers elle pour la prendre au corps-à-corps. Le dernier géant, encore plus immense, défend violemment le camp pirate en contre-bas. C'était la cible de Scott et de ses hommes, et rien qu'à entendre la bataille furieuse, ils sont prêts à tout pour emporter la victoire malgré la surprise et l'horreur. Ils s’attendaient à tomber et piéger les hommes du Malvoulant, mais les troupes du Dévoreur les ont pris de vitesse, les accueillent avec un appétit féroce.

Même les Drakonites de première ligne,  les plus téméraires, en sont victimes. Les ailes engluées par la salive poisseuse d'Ivar, il se font broyer par le sanguinolent qui les gobe en plein vol comme des mouches. Je croise le regard d’Alfred, majordome d’Izya que j’ai appris à connaître sur Armada, et  je sens qu’on lui a donné l’ordre de s’occuper de moi mais qu’il aimerait d’avantage mener ses hommes au combat, qu'il préférerait épauler sa maîtresse. Il lit dans mon regard qu'il ne me fera pas entendre raison.

“Alfred, préoccupe-toi plutôt de tes troupes ! J'aurai tout le temps d'écouter les ordres d'Izya plus tard...
-Prêt ?”

Je n’ai pas le temps de répondre que le marine se baisse et prend appui sur la terre, la déformant et la compressant en dessous de nous comme un ressort, d'un geste du poignet il relâche la pression et le sol, rendu élastique, se détend et nous propulse dans les airs. Clairement, j'étais pas prêt. Qu’importe. Je contrôle mon vol plané comme je peux, attrape et  me sert à la volée d’une de mes invocation comme d’une liane et change ma trajectoire pour gagner l’îlot flottant où se trouve Grab “La masse”. Il nous repère, gonfle son torse et s'apprête à abattre son marteau géant sur nous en hurlant. Pizzaro est plus vif, d’un coup de pied dans le sol, il crée un déséquilibre dans la roche céleste et surélève légèrement un des appuis du géant qui manque son coup.

Les miens partent aussitôt, rafales de mains gantées infusées de Haki qui attaquent tout ce qui est découvert, fragilisent sa stature et détourne son attention. Utilisant le Soru, Pizzaro gagne son flanc et frappe son autre appui avec son poing enrobé de roche et d’armement, le sol se fissure sous les pieds du géant, celui-ci s'avachit  et est un instant sur le point de basculer dans le vide.

Sa masse tombe à terre, il frappe le sol pour se rattraper et une onde de choc se déploie et nous rejette loin de lui. Le style aux huit impacts, aussi appelé Hasshoken, fait vibrer l'air et tout ce qu'il touche au point de le balayer. La roche explose, et avec elle le sol se dérobe sous nos pieds.

Quelle chance aura-t-on dans les airs ?

La Bête.

Elle court, fonce droit sur moi. Et je la vois venir, ravageant tout sur son passage. Tous l'entendent hurler de son cri perçant, glaçant le sang. Alors que je suis dans les airs, Grab me lance des attaques de sa masse, dissipant mes flammes et détruisant des îlots à l'impact de ses frappes que j'esquive. Mais bien qu'il soit une simple brute, il m'oblige à esquiver vers le bas, me faisant perdre suffisamment d'altitude pour que la bête saute et d'agrippe.

Sa morsure sur mon flanc la fait soudainement taire tandis que ses dents se heurtent à mon haki de l'armement. Croulant sous son poids, je tombe tout en retournant ma gueule contre lui dans notre chute. Mes dents se referment sur son bras qui me griffe le dos et mes flammes se déversent de ma bouche et sorte de mon corps pour me défendre de son attaque. Sa bouche lâche prise, son cri résonne et me perce le tympan le plus proche, déchirant ma tête d'une vive douleur qui me fait perdre contenance.

Nos corps tombent alors au sol, glissant sur plusieurs mètres avant de s'arrêter. Lui à quelques dizaines de mètres de moi. Moi toujours en feu créant l'incendie sur ma route. Mon oreille me lance mais ma colère est telle qu'un simple mouvement de tête me force à l'oublier. Mon regard de braise se plante alors dans le monstre qui se relève non loin de moi, la chair calciné, son membre décharnée... Et pourtant il bouge encore, comme ignorant la douleur, ignorant sa mort qui arrive par faute de ses blessures. Me faisant face, elle hurle, hurle encore à la face du ciel en obligeant une nouvelle fois tous les combattants à s'arrêter pour se protéger. Son cri lui fait cracher un flot de sang qu'il ignore encore, continuant dans sa folie tandis que je me bouche les oreilles pour calmer cette douleur qui m'enserre la tête comme un étau.

Et au loin, seul Ivar n'est pas affecté par ce cri. Seul Ivar bouge et attrape en plein vol mes chers drakonites impétueux qui n'ont pas écouté mes ordres. Seul Ivar d'une seule main en attrape trois d'un coup pour les mettre à sa bouche.

Sourde au combat, mon haki de l'observation est avec eux quand la main se referme sur eux. Je sens alors leur peur, je ressens leurs cris, leurs pleures, leur douleur alors que les dents broient leurs chairs et brisent leurs os.
Et puis plus rien.

Le monstre devant moi hurle toujours alors qu'au loin, à quelques centaines de mètres de moi, mes chers anges et dragons viennent de passer de vie à trépas. Mon cœur s'arrête en même temps que le leur. Un instant, mon sang se fige, puis bouillonne. Bouillonne alors que mon coeur repart sans les leurs, que ma rage s'exprime et que mon haki royal se libère.

- NAAAAAANNN !

Autour de moi, l'environnement ploie, la terre se brise et tout ce qui peut voler est propulsé à quelques centaines de mètres de moi. La bête elle se tait, ballotée soudainement par la puissance de ma fureur, roulant en arrière avant de planter ses doigts dans la terre pour se retenir.

Je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tout cela arrive. Ben, Jordan, Fried... Je suis désolée. Vous n'auriez pas du mourir, pas comme ça, pas pour moi... J'avais promis de vous protéger... Je n'ai pas sur tenir parole, pardonnez moi...

Mais je vous vengerai. Je jure que je vous vengerai.

Mon cri s'arrête alors tandis que mon haki se stoppe immédiatement. D'une nouvelle résolution, je saute sur ma cible qui se relève à peine d'un soru et lui arrache la tête d'un coup de mâchoire enflammée. Le cadavre de la bête gisant au sol, mon corps couvert de flamme, je change de forme pour ma forme animal de dragon sans ailes d'une trentaine de mètre de long et fonce sur le géant qui n'est plus qu'un chiot comparé à moi.

Et tandis que je vole à grande vitesse telle une étoile filante, je créé au dessus de ma tête des nuages de tonnerres qui transforment le ciel bleu en début d'orage.

Tu vas me le payer Ivar.


Du côté d'Alfred, celui ci n'ayant même pas pu dire le moindre mot à Raphaël est allé du côté d'un groupe de Drakonite et est monté avec l'un d'eux, dirigeant alors un groupe de dix d'entre eux pour réaliser les souhaits de leur reine. Malgré les cris de la bête poussée à plusieurs reprises, la couverture des anges montés sur dragon est assez efficace pour offrir des possibilités de replis à la marine. Et si les choses semblent pouvoir être contrôlée, c'était sans compter sur la rage de sa reine dragonne qui a du sentir un problème dans le plan.

Observant rapidement les alentours, Alfred voit alors la source de désarroi de la Reine et jure intérieurement car il savait pertinemment que cela risquait d'arriver. Izya est puissante, mais bien trop jeune et émotive pour déclencher des guerres en son nom... Tout cela ne présage rien de bon, mais ce qui est sûre, c'est qu'elle ne se pardonnera jamais s'il arrivait malheur à ses amis proches.

Alors Alfred change de stratégie : faisant désobéir la troupe de drakonite à la reine, il les conduit vers le second géant, Grab, et va s'assurer que Raphaël Andersen s'en sorte vivant de sa confrontation avec lui...

Et c'est juste à temps qu'il arrive pour le récupérer lui et le marine en plein vol.

- Monsieur Andersen ! Ce géant est trop fort pour vous, vous ne pourrez pas l'avoir, même avec l'aide de votre ami !
- C'est pas mon ami ! Reposez moi sur la terre ferme immédiatement !

Alfred fait un signe de tête à l'ange conduisant le dragon qui a récupérer le soldat avant de se tourner de nouveau vers le vert.

- On doit immédiatement rejoindre le Vice Amiral Scott et Dame Izya !

Et déjà les drakonites prennent leurs ailes à leur cou et donnent tout ce qu'ils ont pour mettre le plus de distance entre eux et Grab, bien décider à lui survivre.

“Elle va m’entendre bordel… Je sais me gérer Al’, va falloir qu’elle arrête de chercher à tous nous couver ! Elle n'y arrivera pas. Elle va se faire tuer à toujours avoir tête ailleurs, à toujours se soucier des autres alors même que c'est elle qui cherche la merde !  Forcément que ça dégénère quand elle vient se foutre sur la gueule avec des gars pareil  ! ” m’exaspérés-je, n’ayant jamais autant l’impression d’être infantilisé qu’en présence d’Izya.  
-S’il-vous-plaît Monsieur Andersen ce n’est pas le moment. Veuillez vous montrer compréhensif, les enjeux sont trop importants, le danger est trop important… Vous êtes un ami proche de notre reine et si elle veut aller au bout de sa conquête tout en restant elle-même, elle ne peut pas se permettre de perdre en lucidité …
-Qui sème le vent… À quoi elle s’attendait franchement…”

Je me retiens de lâcher un truc encore plus immature. Je sens bien la détresse émotionnelle dans laquelle est en train de s’enfermer Alfred et je ne veux pas enfoncer le clou, je les aime bien après tout -lui et quelques autres têtes connus que j’aperçois ci et là dans la mêlée- mais on l’a tous senti.
Ce souffle de puissance, cette aura écrasante, cette colère monstrueuse déchargée dans une onde de fluide conquérant : ce n'est pas Izya.  

Son monstre intérieur s’est réveillé, a broyé le décor et déchaîne sa rage sur les forces ennemies. Le souffle du Haki des Rois est aussi impressionnant qu’il est terrifiant. La perte d’un être cher est une chose horrible, une peine déchirante, je sais qu’elle tient à toutes ses troupes… Je peux la comprendre, je suis fait du même bois qu’elle, mais en même temps… C’est tellement irrationnel de partir à la guerre quand on est fait de ce bois là.

“Et lui qui ne nous lâche pas !”

D’une vrille habile, Alfred nous évite de nous faire écraser par le marteau de Grab et on reprend de la hauteur. Le géant est tombé comme un poids mort sur l’îlot qui servait de campement au marine, écrasant au passage le relief et les troupes qui ne s’étaient pas mises hors de portée. Le contre-amiral Pizzaro a tout de suite sauté du dragon qui le secourait pour se jeter de nouveau sur lui, masse de fer contre blocs de roche, il arrive en coordination avec les Drakonites à le faire reculer et à ouvrir un passage pour le repli des marines blessés qui cherchent à fuir le champ de bataille, l'affrontement est absurdement rapide, démesurément brutal. L’arrivée des géants ne leur a laissé aucune chance. Comment même se replier en plein cœur d’une base ennemie ?

Je profite de l’orage déclenché par Izya pour faire jouer mes petites invocations autour de la tête de Grab, elles se collent à son visage et commencent à y faire éclore de plus petits nuages de foudre qui lui poussent comme une barbe alors que sa propres pilosité se dresse. De sa main libre, il cherche à se débarbouiller mais trop tard, le premier éclair qui lui tombe dessus, s’il n’est pas suffisamment puissant pour le faire plier, suffit à  l’aveugler.

“Maintenant bouge-toi tête de pierre…” aurais-je eu envie de crier à Pizzaro, mais déjà nous passons de Charybde en Scylla car notre dragon nous transporte vers Ivar le Sanguinolent, l’incarnation morbide de mes pires cauchemars, qui est déjà en prise avec les flammes et les éclairs de la reine céleste “Cette odeur bordel…”



Je manque de vomir, nous sommes encore à 500 mètres mais son odeur pestilentielle a déjà contaminé tout l’air autour de lui.  Haut de 25 mètres, on voit apparaître à travers le patchwork de chaires rances et putrides les restes de ceux qu’il dévore dans un écoeurant phénomène d’assimilation. Les conséquences du pouvoir d’un Fruit du Démon j’imagine. Et, s’il est en feu par endroit, dégoulinant de la cire produite par Scott qu’il ne s’est pas gêné d’ingérer, ce sont aussi des uniformes de mouettes et des ailes de dragons qui lui poussent en excroissance partout sur le corps.

Au moment où nous atterrissons, le Marine a arrêté un instant son assaut pour protéger ses troupes, les pertes sont nombreuses dans les deux camps et le géant en prise avec la dragonne n’a pas l’air de se soucier des dégâts qu’il crée à ses potentiels alliés. Le regard du vice-amiral Scott va tout de suite à moi et, pas vraiment surpris de me voir hors de ma cellule, je sens tout de même qu’il sonde nos intentions avec son mantra.

“Anderswag ?…”
-Vice-Amiral Scott, vous devez retirer vos troupes de toute urgence… Vous avez complètement perdu le contrôle de la situation, nous pouvons assurer vos arrières et vous escorter jusqu’à Aeria.
-T’as oublié le "bonjour" et le “s’il-vous-plaît”, Al’. Tu me lâches maintenant ou je dois continuer à jour les gosses agacés ? ”

Non mais franchement, il y a pas plus urgent là ?

- Comme vous voulez Andersen, mais si vous descendez, restez avec le Vice Amiral Scott et tâchez tous deux d'évacuer les lieux ! Vous ne ferez que la gêner en restant ici !
- Et pourquoi écouterai-je un traître tel que le Major Alfred, Ex-Lieutenant-Colonel de la Treizième division...
- Parce que si vous voulez survivre, vous n'avez pas le choix ! Et vous le savez parfaitement Vice Amiral Scott ! Ivar tombera des griffes de sa Majesté et avec lui cette bataille s'achèvera ! Mais la guerre est loin d'être terminée pour autant, et vous le savez aussi bien que nous ! Si nous voulons l'emporter, nous devons fuir cette bataille pour mieux préparer la prochaine !

Déployant un nouveau mur de cire devant lui pour se protéger lui et ses hommes d'une explosion de foudre, le Vice Amiral Scott serre les dents, bien contraint d'admettre que le traître à la marine à raison. La situation est bien pire qu'il l'aurait cru : Grab la Masse continue de faire des ravages derrière lui tandis que les soldats de feu le Malvoulant profitent sans vergogne de sa protection pour achever les marines survivant de ses attaques d'envergures. Mais sur les extrémités du champs de bataille, ce n'est que grâce à l'arrivée des troupes volantes de la Reine Pirate que ses hommes réussissent à tenir tête à l'ennemis clairement en surnombres.

- Très bien. QUE TOUT LE MONDE SE REPLIT VERS AERIA !


La voix du vice Amiral porte jusqu'à mes oreilles malgré la rage qui y tambourine alors que je crache un nouvel éclair sur le géant qui le contre en attrapant une poignée de ses adorateurs toujours près de lui pour l'encaisser à sa place en rigolant fortement. Si les troupes se replient, je vais enfin pouvoir me battre sans plus aucune retenue. Pour autant, je dois encore attendre un peu le temps que cela se fasse. Alors, redevenue une femme dragonne aux ailes d'anges, Argument Décisif en main, je fonce sur Ivar d'un Soru, ma lame enrobée de mon plus puissant haki de l'armement, et à la vitesse de l'éclair, je le frappe au bras, puis d'un nouveau soru volant, je le frappe derrière le genou, puis je remonte et vise le creux de son coude ! Mais Ivar, agacé, réussit à se mettre sur ma trajectoire et me frappe de plein fouet en hurlant de colère, faisant trembler la terre autour de nous. Le coup m'envoie voler à plusieurs dizaines de mètres, me laissant tout juste le temps de me recouvrir de haki et de prendre ma forme hybride de défense avant de m'écraser au sol, créant un cratère de plusieurs mètres autour de moi. Malgré mes protections, le choc est suffisamment puissant pour se faire ressentir dans tout mon corps qui s'étale un instant sur le sol, me laissant face au ciel.

Non mais qu'est ce qui m'a pris de me lancer là dedans..? Raaah ! Voilà que je recommence à douter maintenant ! Reprends toi bordel ! Si tu n'es même pas foutu d'éliminer cet abruti de géant, comment comptes-tu déloger à toi seule l'un des empereurs élus de la marine ? Comment veux-tu prétendre au même titre que lui ?!

- TAHGEL ! TRAÎTRESSE ! TU OSES DÉCLARER LA GUERRE AU DÉVOREUR ?!

Je me redresse tandis qu'il parle, le fixant alors que sur son corps battent les ailes de mes dragons, et où des visages et membres de ses victimes s'agitent en temps qu'excroissances putrides. Et dire que ce salaud est aussi insensible aux flammes que moi. Pire ! Il est capable de les manger pour s'en recouvrir ! La plaie !

Et tandis que je me change en dragon plus grand que lui, la pluie battante et les éclairs continuent de frapper tout autour de nous.

- J'OSE ! ET JE COMPTE BIEN LA GAGNER !

L'instant d'après, me voilà de nouveau fonçant sur ma cible, le frappant en plein dans le ventre de ma tête de dragon recouverte de mon armure de haki combatif. Mais ma tête se heurte alors à son propre fluide qui vaut le miens. Le choc de ces deux énergies nous repousse chacun de notre côté. Lui se retrouve au milieu de ses humains qu'ils empoignent d'une poignée avant de les jeter dans sa bouche, sans faire la moindre distinction entre chair et armes. Moi je m'envole rapidement tout en préparant un nouveau nuage de foudre dans ma gueule qui crépite déjà tandis que le géant ris à gorge déployée tout en assimilant les dizaines d'armes que transportent ses réserves de chairs humaines lobotomisées et les déchaînent toutes sur moi dans un véritable torrent de balles en tout genre. Torrent qui n'est pas prêt de s'arrêter, au vu des nouvelles poignées d'humains qu'Ivar fourrent dans sa bouche dans un bruit de mastication et de hurlement aussi atroce qu'inhumain.

- Monstre...

Mon éclair sort de ma bouche en même temps que mon murmure, mais une nouvelle fois, Ivar s'en protège en grâce aux humains qui le suivent tandis que ses balles ricochent sur mes écailles couvertes de haki. Manœuvre prévisible que je contre en fonçant tête baissée sur le géant une nouvelle fois, sous couvert de mon éclair. Et cette fois, mes dents et mes griffes s'enfoncent dans sa chair, tenant son épaule dans ma gueule tandis que mes pattes avant s'enfoncent dans son torse et son dos.

Et tandis qu'un nouveau nuage de foudre se charge dans ma gueule et ne risque pas de le louper cette fois, Ivar lui hurle de douleur avant de me mordre sauvagement la patte droite devant lui. M'arrachant un lambeau de chair, la douleur me fait perdre le contrôle de mon nuage et l'éclair se déchaîne sur lui autant que sur moi. Tous deux électrocutés, nous tombons à la renverse faisant trembler tout l'îlot sous notre chute.

Allongée dans la boue et le sang des combats, le haut de ma patte droite en sang, je peste contre ce fumier avant de voir apparaître un visage familier devant mon museau.

- Raph... Mais qu'est ce que tu fiches encore là...

Ma voix est fatiguée, faible et même si mon intention est de l'engueuler, je ne peux m'empêcher d'être soulagée de le voir. Et comme revigorée par sa simple présence, j'arrive alors à me relever, le regardant du haut de ma forme draconnique.

- C'est évident non ? J'assure tes arrières ! Et tu m'expliques pourquoi tu l'as pas déjà cramé avec ton feu ?!
- Il faut croire qu'il est comme moi, il ne brûle pas...
- Alors qu'est ce que tu attends pour faire une tempête de neige !

Je le regarde alors avec de gros yeux. Pour tout dire, je n'y ai clairement pas pensé jusqu'à maintenant tout simplement parce que n'aimant moi même pas le froid, cette possibilité me sort de l'esprit.

- Et ça se dit Reine de Weatheria... Non mais j'te jure...

Non loin de nous, Ivar se redresse à son tour, dévorant tous ses adorateurs venus soutenir leur dieu géant tombé au sol.

- Fiche le camp Raph, tout de suite !

Et sans attendre qu'il bouge, je décolle alors en direction des nuages de pluies et les traverse pour changer leur nature. A partir de l'endroit où je suis passée, les nuages s'éclaircissent pour se charger de neige et faire descendre rapidement la température sous eux. Et là, cachée par leur couverture, repérant ma cible qui balance des attaques vers le ciel pour faire partir la neige et en m'insultant de lâche, je crée un premier nuage chargé de foudre. Puis je remonte de quelques mètres et en crée un deuxième. Puis un troisième. De mon mantra, je m'assure alors que Raph n'est plus autour du géant et finalement, au-dessus de ma chaîne de nuage, j'en crée un quatrième dans ma gueule avant de libérer l'éclair qu'il contient sur les autres. La foudre s'abattant sur chaque nuage se renforce de l'électricité qu'ils possèdent avant d'aller se déverser sur le suivant pour finalement atteindre la tête d'Ivar qui n'a rien vu venir faute de maîtriser l'empathie et qui, surpris, se prend l'attaque de plein fouet.

La puissance de cette foudre est telle que toutes les troupes encore autour du géant dans un rayon d'une dizaine de mètres se font foudroyer de la même manière que le monstre. Je pourrais en rester là, sentant déjà l'esprit du commandant de Léonov vaciller, mais malheureusement pour lui, je ne suis pas d'humeur clémente après ce qu'il a fait.

Entourant mon corps de flammes pour ignorer les effets du froid que j'ai provoqué, je traverse à nouveau la barrière nuageuse en la faisant disparaître de mon geste et, dans mon plongeon, je change de forme pour redevenir l'hybride d'ange dragonne ailée tout en empoignant Argument Décisif que je recouvre de feu et de haki.

Et là, d'un geste net et précis, je m'écrase violemment sur la poitrine de l'horreur inerte et lui transperce le cœur de mon attaque en piqué qui se propage jusqu'au sol sous son corps, creusant l'îlot où nous nous trouvons si profondément qu'il se met soudainement à trembler, à se fissurer dans toute sa longueur : les prémices d'une séparation nette... A moins que ce ne soit une totale destruction ?

- Et merde.

Arrachant mon meitou de la poitrine du cadavre, je décolle et repère Raph pour le ramener avec moi jusqu'aux marines en fuite, tentant d'échapper à la dernière menace de Léonov... Grab la masse.

Oh bordel….

Je saisis l'ampleur des dégâts en même temps que la patte tendue d’Izya, elle vient encore me prêter secours. Le sol tremble, la roche s’effrite à partir du point d’impact, elle éclate, s’agite et bientôt tout le décor se disloque et s’apprête à disparaître.

L’affrontement a été titanesque, le corps mort d'Ivar qui s'effondre de plain pied, encore plus. Avec lui disparaissent toutes traces de relief sur l’îlot champs de bataille qui bordait Eolia, tout se confond dans l’empreinte de son corps de géant, jusqu’aux pauvres âmes qui n'ont pas eu le temps de s'échapper. Il est leur pierre tombale et nous des témoins de leur dernière heure. Et alors que le sol devient instable, plateforme escamotable qui se dresse et s'effondre en mille et un morceaux, la progression des troupes marines et drakonites s'en voit elle aussi affectée.

“C’est bien la peine de venir prendre du bon temps sur des îles paradisiaques…
- Ferme-la, je me concentre pour essayer de sauver tout le monde.
-De ta merde ! C’est bien le problème !”

Les jambes tremblent, les pas et les sauts sont hasardeux et même pour ceux qui volent, c’est une question de vie ou de mort : nous devons passer sur un autre îlot.  Le décor veut nous ensevelir, les ponts sont rompus, l'équilibre de l'île fragilisé, tout autour de nous semble s'arracher au mystérieux charme qui tenait tout en place. L'équilibre est brisé, les nuages s’éparpillent, l’air lui-même vibre, agité par cette apocalypse des mers blanches qui avale déjà ses premières victimes dans le gouffre qui forme son centre… L’île céleste est-elle sur le point de basculer dans le vide ?

“VOUS NE CROYEZ PAS NOUS ECHAPPER SI FACILEMENT ?!”

Aussi peu gêné que s’il était en train de marcher sur une plage de galets, le géant Grab nous cueille d’un puissant coup de masse qui coupe la route des marines et oblige Izya à faire une embardée, me lâchant au passage. Je roule et me réceptionne près de Pizzaro dont l’affrontement ne semble pas encore avoir trouvé de termes…

“Il est coriace…
-Il prend surtout toute la place.
-Qu’est-ce que vous foutez à causer Pizzaro ! NOUS NOUS REPLIONS, couvrez-vos hommes !”

Des tirs de sniper viennent d’Eolia et vise la dragonne et ses alliées avec une précision invraisemblable. Ils lui plombent une aile, elle serre les dents et continue de guider ses troupes : ce n’est plus le moment de repasser à l’offensive, même si elle peut espérer l’emporter seule ce n’est pas dit que ses forces y survivent. Les pirates ont encore des ressources insoupçonnées… Merde. Qu’espéraient les marines en se lançant ainsi dans la gueule du loup. À quoi espéraient-ils, même sans la présence des géants, si ce n’est à une mission suicide ?

“Plus de sortie possible…. Donnez-moi du temps pour construire un pont de cire ! Tenez le coup, tout le monde va s’en sortir !”

Je cours au côté des deux membres de l’amirauté, mes membres fantomatiques se déploient, dégage le passage, je m’en sers pour rebondir sur le décor et nous donner le plus de vitesse possible, pour prendre de la  distance avec ceux qui tentent de nous abattre. Le marteau de Grab creuse un sillon devant nous, chacun de ses mouvements a l’ampleur et la possibilité de nous pulvériser en un instant. Si petit face à lui et à cette nature qui se déchaînent, nous sommes tellement vulnérables… .Les deux autres ont bien compris que s’ils voulaient s’en sortir, au même titre que nous, il allait falloir collaborer. Avons-nous le choix ?

“EH GROS TAS, LES DERNIERS COUPS NE T’ONT PAS SUFFI ! ON S’Y REMET ?!”

Ma voix porte à peine, mais je sens le géant sensible à ma provocation, son attention est saisie.  Quoi faire ?

Mon poing se couvre de fluide, mais je ne prétends pas pouvoir rivaliser avec le poids et les propres capacités d’un si grand être, il se marre, se prépare à me balayer d’un coup de pied, mais il se méprend.

Ce qu’il ne voit pas en me prenant de haut, me fixant comme si je n'étais pour lui qu'un insecte, c'est qu'une énorme main  faite de cuir et de métal céleste vient d'apparaître au-dessus de lui.

L'apparition géante, aussi grosse que la tête du Mangemonde est également revêtu d'une robe de Haki, en tout point similaire à ma propre main, l'index replié sur le pouce.

“ MAINTENANT ! “ hurlé-je à l'adresse du Vice-amiral Scott pour qu'il noye la route de ses hommes sous une passerelles de cire et les aident à rejoindre l'îlot voisin.

Mes plus petites invocations vont les assister, diffusant du milky dial qui leur est équipé une route de nuages sur laquelle d'autres soldats qui battent en retraite peuvent aller s'abriter.

Grab esquisse un sourire de surprise, ne comprenant pas à quoi pouvait rimer ce stratagème qu'il allait pouvoir balayer d'un geste, puis sans comprendre d'où cela vient, ses traits se déforment sous l'impact de mon coup.

Une pichenette géante en plein crâne, une fracture qui le pousse et lui fait perdre pied.


C'est notre chance.

Grondant après avoir été atteinte à l'aile, je laisse Raphaël et les Marines gérer le replis tandis que je décide de bifurquer vers les snipers embusqués tout en changeant une nouvelle fois de forme pour redevenir l'énorme dragon rouge dépourvu d'ailes et toujours entourée de flammes, mais aussi de haki pour me prémunir d'une autre blessure bête. Aussi rapide que l'éclair, j'arrive au dessus des tireurs positionnés sur un îlot en hauteur et leur délivre mon feu le plus ravageur qui se déverse sur eux telle une cascade flamboyante. Les pirates les plus proche de mon attaque se font littéralement carboniser sous l'impact tandis que les autres sont obligés de perdre leur position, totalement désorganisée par la chaleur qui se dégage de mon incendie.

Mais malgré la panique ambiante, il y a une personne sur cet îlot qui semble totalement insensible à ce qu'il se passe.



Nos regards se croisent un moment, se jaugent. Dans ces yeux, je vois de la haine. Une haine ravagée par la tristesse et la perte de contrôle. Et pourtant elle reste là, immobile, froide. Cette femme... Je ne sais pas qui elle est mais je doute qu'elle soit une lambda parmi d'autres... Un instant, je me demande si elle va tenter de riposter, de m'attaquer. Mais finalement, elle n'en fait rien, préférant rester là à me fixer comme une créature blessée s'apprêtant à se venger.

C'est finalement le cri de Grab surprit par l'attaque de Raphaël qui me distrait de notre échange de regard et me fait cesser mon attaque enflammée sur les hommes de cette femme au bouclier. Sondant ses intentions de mon haki de l'empathie, je comprends vite que malgré la haine qu'elle éprouve à mon égard, ma démonstration de puissance contre les deux géants la force à la prudence et à laisser couler pour cette fois. Pour autant, je sens qu'elle pourrait clairement représenter un danger dans cette guerre, et je ne suis pas certaine que la laisser en vie pour le moment soit une bonne idée... Mais la présence du troisième géant qui se remet déjà de l'attaque surprise de Raph et qui est encore derrière les marines est un véritable problème.

Alors je les laisse, elle et ses hommes. Je les laisse après un dernier regard réprobateur et file comme une fusée à la rencontre du géant. Et sans ralentir un brin, je décide de lui foncer dedans tête la première et recouverte de mon armure de haki enflammée. Le coup le frappe en plein dans le milieu du flan, le propulsant jusqu'à un autre îlot à quelques dizaines de mètres de la et l'encastrant à moitié dans la terre en surface de celui ci.

Secouant la tête pour reprendre mes esprits, je retrouve rapidement Raph qui avait amorcé sa fuite au moment où il a frappé Grab et arrive à sa hauteur.

- Raph ! Tu maîtrises la brume ?
- Évidemment qu'est ce que tu crois !
- Alors aide moi ! Je te récupère après !

Et l'instant d'après, je me déplace une nouvelle fois pour me rendre au niveau du passage des deux îlots où le Vice Amiral Scott a réussi à construire son pont et où les troupes semblent en bonne voie pour s'enfuir. Et tout en déployant un épais brouillard autour de l'armée pour couvrir notre retraite, je crée des nuages flottants autour de l'îlot entrain de tomber en morceau pour le maintenir en lévitation le temps de l'évacuation totale des forces du Gouvernement Mondial.

Et une fois la couverture brumeuse suffisante de mon côté, je retrouve alors Raphaël pour l'inviter à monter sur mon dos. Tout en continuant de créer de la brume, nous finissons finalement à rattraper l'armée, les restes de l'îlot où s'est déroulé les combats tombant sur d'autres plus bas au moment où mes nuages se dissipent sous mon ordre.

Au loin derrière nous, on peut entendre un hurlement de Grab qui semble tout à fait mécontent du résultat de cet échange. Pour autant, même s'il en meurt d'envie, il sait qu'il n'a aucune chance de me vaincre seul, donc à contrecœur, il est forcé de battre en retraite lui aussi.

Je pourrais être contente de ce dénouement qui correspond globalement à ce que j'avais imaginée. Et pourtant... Pourtant, ce ne sont pas des larmes de joies qui perlent au coin de mes yeux. Aujourd'hui, combien d'anges sont morts par ma faute ? Pour me servir... Lentement, je déploie mon haki pour les compter... Les ressentir.

Dix. Dix ne sont plus là, dévoré par Ivar, tué par les hommes de feu le Malvoulant ou par ceux de Léonov... Quant aux dragons, un seul a survécu à son cavalier. Ayant choisi de retourner dans la serre des dragons de mon navire où Aubéria pourra prendre soin de lui... Et comprendre que je n'ai pas tenue ma promesse de tous les protéger.

Mais prenant sur moi, je me pose finalement et laisse Raphaël descendre de mon dos avant de reprendre la forme d'ange auprès du vice Amiral Scott et d'Alfred.

- Ma Dame ! Vous êtes blessée !
- Nous le sommes tous Alfred...

Pour autant, mon majordome arrache immédiatement un morceau de sa chemise rester étrangement impeccable pour tenter de bander mon épaule sanguinolente.

- Votre plaie à l'épaule est moche... Il semblerait qu'Ivar vous ai arraché un morceau de chair.
- Je crois que nous avons à parler...

Mes yeux se plantent alors dans ceux du Vice Amiral et responsable de tout ce merdier presque autant que moi...

- Cela peut-il attendre que nous soyons en des lieux plus sûr ? Même si Léonov n'attaquera certainement pas immédiatement, je n'ai pas particulièrement la tête à une discussion sérieuse pour le moment.
- Soit.

Et sans un mot de plus, le Scott se détourne de nous pour repartir plus à la tête de sa troupe, nous laissant entre pirates au milieux d'une mer de soldat aussi épuisé que méfiant.

- Bon maintenant Raph, tu vas me dire ce que tu viens faire ici ? Je te manquais trop et tu as décidé de me faire la surprise de ta présence ?

Je lui délivre un petit sourire en coin. Même si la situation m'attriste plus qu'autre chose, je ne peux qu'être contente qu'il soit à mes côtés en cet instant.

Les mots ne viennent pas tout de suite, l’adrénaline du combat retombe, les muscles se relâchent et je lis et interprète beaucoup plus de choses que je ne le voudrai sur ce sourire en coin que m’adresse Izya. Ses intentions, sa fierté, son amertume…

“Toi. Moi. Escortés par des marines dans un cadre aussi atypique que dangereux. Je n’ai pas pu m’empêcher de sauter sur l’occasion, tu te doutes ?…
-Je vois ! Un coup de fil aurait suffi pour faire ça plus tôt tu sais, je suis toujours joignable pour ce genre de sortie…  
-Si c'était à refaire… Pas vraiment ce que j’avais en tête en arrivant ici, on m’avait vendu un "joli archipel de rochers flottants”, de “magnifiques arc-en-ciel au soleil couchant”, la “nature et l’aventure à l’état brute”… Une bonne agence de voyage de merde en vrai, pas du tout au fait des dernières actualités. Combien de temps que l’île est en guerre ? 20-25 ans au doigt mouillé ? Si je m’écoutais j’irai les dénoncer, ça manque d’une petite inspection de routine tout ça… Vraiment pas pro hein … Mais bon, maintenant qu’on y est..”

Nous plaisantons pour rendre les circonstances plus légères, mais celles-ci sont au moins aussi graves que lors de notre enfermement sur Jotunheim. C'est nous qui avons évolué depuis. Je vois bien que les mouettes n'osent pas s'approcher ni nous interrompre, leurs chuchotements sont teintés de crainte et de doutes, doivent-ils nous tolérer au sein de leur groupe ou prendre l’initiative en l’absence de consigne de leur hiérarchie, faut-il nous surveiller de près ou au contraire craindre notre imprévisibilité ? Le monde ne tourne plus exactement de la même façon.

“Je continue à barouder avec une petite bande de civils… de faux-pirates si on veut justifier ma prime et me faire capitaine ! De bons gars pour qui je t’ai quitté,  qui se tiennent un peu près bien ou qui sont trop discrets pour qu’on s’intéresse à eux. On se promène là où on veut et on aide là où on peut, c’est toujours bon de remonter où-tu-sais mais le monde est beau et j’aurai du mal à m’en priver. On vit bien quoi… Venir sur Eoleria c’était un caprice et … Je..  Hm… Non, oublie.” balayé-je , trop entouré pour exprimer l’idée que j’ai en tête.

Autour de nous, des blessés se font soigner, les brancards s’organisent et ceux qui ont pu sauver du matériel font ce qu’ils peuvent pour le tracter. Pizzaro et Scott organisent la marche, les restes de leurs forces, donnent des ordres de visu ou par Escargophone interposés. Si l’intuition d’Izya se révèle juste et que Leonov ne les attaque pas maintenant, il est certain qu’il ne va pas tarder : au soir ? au lendemain ? à la fin de la semaine ? Les marines ont frappé les premiers, ils ont donné raison à leur ennemi de s’allier sous la bannière du Dévoreur et la frappe de retour ne se fera pas attendre. L’organisation de la défense est capitale pour la suite…

“Maintenant… faut juste que je les retrouve.
-Un peu toujours pareil donc ? Ils existent au moins ou ils sont juste un prétexte pour m’éviter ?
-Exactement pareil… C’est déprimant.
-Tu peux le dire hein, si tu me trouves de mauvaise compagnie ! Mais je risque de mal le prendre.
-Joker.
-Hmpf !
-Et toi maintenant… Comment en es tu arrivée à vouloir te mettre sur la gueule avec Léonov ? Après les Allods, Treize et Tetsu, c’est quoi ton petit projet avec les mouettes d’Eoleria ? ”

Ces dernières lâchent un petit frisson et s’éloignent involontairement à l’évocation des événements qui ont ponctué l’année de la dragonne. Faut dire que je sors ça de manière très nonchalante, mais elle sait très bien que c’est une façon détournée de l’inviter à partager ce qu’elle a sur le cœur et ce qu’elle a vécu au cours de ses propres aventures, et j’ai d’ailleurs tout loisir d’évoquer mes propres pérégrinations sur la route d’Aeria qui se déroule sans le moindre problème. Nous marchons, empruntons des chemins détournés à travers les jungles de nuages et les ponts suspendus entre les îlots céleste, et je ne peux qu’admirer la détermination d’Izya et toutes les épreuves par lesquelles elle est passée.

Quelque part, j’en ai aussi le vertige… Je me dis que si j’en avais décidé autrement, j’aurais pu être auprès d’elle et la soutenir, peut-être pu mourir aussi. Je ne cache pas avoir réchappé de peu à un des lieutenants du Malvoulant sur Clockwork Island, Hololo “Tree-eyes” Gin nous avait pour mort au fond de l’océan, s’il n’en avait pas été de la drôle d’équipe que j’avais rejoint à l’époque, je ne serai probablement plus là pour le lui raconter. Et pourtant, me voilà avec elle dans le Nouveau Monde, la mer la plus dangereuse et la plus féroce de cette Terre. Suis-je à ce point insouciant ?

“Et puis c’était quoi cette nouvelle forme que tu nous as pris tout à l’heure ? Du haki, des flammes, des éclairs, c’est pas un peu trop d’énergie dépensée pour le résultat attendu ? Tu l’appelles comment d’ailleurs ? Le “Barbecue Point” ?
-Petit con... Tu vas voir, tu vas goûter à mon "Je vais t’étriper point" !…
-Halte.“

La marche des marines s’arrête brusquement, nous marchons depuis plusieurs heures et alors que nous nous apprêtons à longer une falaise escarpée, le vice-amiral Scott remonte les rangs jusqu’à nous. Si la dragonne lui jette un regard de défi, celui-ci le soutient, maintenant qu’ils sont à distance raisonnable du camp pirate, il ne cèdera pas.

“Si je vous suis reconnaissant de nous avoir soutenu sur le champs de bataille, je ne peux pas vous emmener plus loin sans réponse...
-J’ai mon mot à dire moi ? J’aimerai quand même bien poursuivre, savez… au moins pour retrouver ma pote ? La rousse avec un sale caractère là… Non pas elle, l’autre.
-Nous n’avons pas combattu pendant si longtemps un empereur pour permettre à un autre de contrôler les ressources d’Eoleria… Que venez-vous chercher ici ?  Quel est le projet de l’empereur Red ?”

- Je crois qu'il y a méprise Vice Amiral Scott... Est-ce que j'ai une tête à m'appeler Red ?
- Inutile d'essayer de nous prendre pour des buses Tahgel, tout le monde connait vos liens avec l'Empereur Red.

Je rougis sous la remarque, sans pour autant me démonter, prenant plutôt un air supérieur et boudeur, tournant la tête sur le côté en fermant les yeux et croisant les bras au niveau de ma poitrine.

- C'est de la violation de vie privée ça !
- Hein ?
- J'ai encore le droit de sortir avec qui je veux que je sache !

L'amiral se frotte les yeux d'un air las tandis que dans le fond, quelques murmures de ses hommes se font entendre...

- Mais Red était pas avec Jeska ?
- Je comprends mieux l'intérêt du statut d'Empereur... Pouvoir avoir autant de femmes qu'on veut à ses pieds !
- Et puis pas n'importe lesquelles, c'est deux anges !
- Anges, anges... C'est vite dit, j'aurais plutôt dit deux monstres moi.
- Je savais pas que tu aimais les vieux ?

Agacée par toutes ces remarques, un nuage noir se déploie au dessus de ma tête et fini par gronder fortement en menaçant de cracher sa foudre sous la remarque de Raphaël et faisant taire toutes les commères.

- Je parlais du fait que vous êtes une des commandantes de l'Empereur Red, Tahgel.
- Ah... Bah non enfaite.
- Comment ça, non ?!
- Non, je ne suis pas une commandante de Red. Pour tout vous dire, ce serait plutôt lui qui est mon commandant que l'inverse... Typiquement, lui ne voulait pas que je vienne ici, et pourtant je suis là. Donc dire que je suis à ses ordres c'est totalement n'importe quoi !

Scott me dévisage longuement. Sans son empathie, il y a fort à parier qu'il ne m'aurait pas crue mais à cause de lui il est bien obligé d'admettre que je ne lui mens pas ce qui le laisse plus que sceptique sur l'avenir du monde tel qu'il le connait... A moins que ce soit sur le fait que mon caractère bien trempé risque de lui donner du fil à retordre...

- Admettons... Dans ce cas, que faites vous ici, Tahgel ?
- La même chose que vous, et que Léonov. Je veux qu'Eoleria fasse parti de mon royaume.
- Et puis quoi encore !
- Non mais elle rêve celle là !
- Mort aux pirates !

Un regard noir de Scott vers ses troupes les fait taire immédiatement.

- Dans ce cas, vous comprendrez bien que cela ne sera pas possible Tahgel. Cela fait plus de vingt ans que la 234ème division de la Marine lutte pour contrôler ces terres, croyez bien que ce n'est pas vous ou l'ancien corsaire qui allez nous faire reculer maintenant !
- Bien dit chef !
- Mort aux pirates !

Cette fois, c'est moi qui les regarde. Et même si mon air est plutôt amusée, le simple fait qu'ils aient capté mon attention les rend tout de suite moins sur d'eux... Le silence revenu, je reviens alors vers le vice amiral.

- Rappelez moi, quelle est l'intérêt pour vous de contrôler Eoleria ? Pour le Plongeoir qui est la voie d'accès à la mer blanche, n'est ce pas ?
- ...
- J'ai senti vos éclaireurs venir vous avertir de mes précédents agissements qui vous ont poussé à l'assaut et je vous le confirme : le Plongeoir est détruit et la seule voie d'accès qui reste sont les geysers qui sont aussi dangereux qu'imprévisibles. Une voie royale pour venir dans les cieux, n'est ce pas ?
- Tu peux vraiment pas t'empêcher de tout détruire hein...

J'appuie soudainement ma main sur le visage de Raph en souriant sous sa remarque pour l'inviter à fermer son clapet même si c'est drôle.

- Bref, aujourd'hui, le constat pour vous est simple : vous êtes coincé sur une île céleste avec pour seul renfort moi et mon équipage. Et aussi lui là, et ses amis imaginaires. Mais du coup, vous avez pas énormément de solutions... Soit vous acceptez une alliance avec moi et mes troupes qui ont déjà rejoint Aeria. Soit vous refusez et je devrai m'occuper de vous avant de régler son compte à Léonov.
- Hors de question !
- Eoleria est à nous !
- Vous rêvez si vous croyez que l'on s'abaissera à coopérer avec vous...
- C'est marrant, j'ai pas tellement eu l'impression que cela vous posait de soucis au cœur de l'action... Je vous signale Vice Amiral Scott qu'aujourd'hui dix-neuf de mes amis sont morts pour sauver les fesses de vos troupes. Vous croyez que cela me fait plaisir ? Ne pensez vous pas que stratégiquement j'aurai eu mieux fait de vous laisser vous entretuer bien gentiment avant de n'intervenir qu'à la toute fin de la bataille pour engager les hostilités contre les vainqueurs ? Si évidement, et je sens très bien que mon discours vous perturbe. Moi, la méchante pirate Izya Tahgel, ai choisi d'intervenir pour sauver les vies des soldats du gouvernement mondial ! Que penser, que croire fasse à ce geste ? Vous seul avez la réponse, Scott. Mais si je peux me permettre : je me contrefous de ce que vous ou le gouvernement pensez de moi ! Je n'aime pas les morts inutiles. Et je n'aime pas non plus la violence et la souffrance. Bref, si je veux Eoleria c'est pour garantir au peuple céleste la paix qu'il mérite et que vous avez été incapable de lui offrir ! Comme je l'ai dit plus tôt à Raph, je veux pouvoir créer un ciel libre, un ciel où tous ses habitants auront les mêmes droits, qu'ils soient nés anges, humains, sirènes, minks ou même ce que vous appelez stupidement "dragon céleste"... Tous seront libres et égaux dans mon royaume.
Mais soyez rassurez, je me contenterai du ciel et mon peuple sera principalement les anges. Ainsi je ne ferai rien contre le Gouvernement Mondial à la condition qu'il relâche tous les anges retenus en esclavages par ses faux dieux et autres nobliaux de pacotilles.

Tandis que je parle, mon haki royale se matérialise autour de moi sous la forme de flammes illusoires m'entourant, me rendant encore plus impressionnante que je ne le suis, reflet de ma détermination et de ma puissance, effrayant alors tous ceux qui se revendiquent mes ennemis tandis que les alliés eux, se sentent des plus rassurés par ma présence.

- Voilà ce que moi, Reine Céleste Izya Tahgel veut. Tel est mon but. Une promesse que j'ai faite à mon peuple ! Aussi, soyez assuré Vice Amiral Scott que je détruirai toutes les puissances qui tenteront de m'empêcher d'atteindre cet objectif.

Mon aura de feu continue de danser autour de moi tandis que mon regard soutient de haut celui du vice amiral Scott malgré qu'il soit plus grand que moi. Un détail quand on sait que je peux devenir un putain de dragon géant. Et même s'il soutient largement mon regard, preuve d'une détermination égale à la mienne, je vois bien qu'il serre les dents de frustration du fait de sa situation plus que précaire. Si le ciel est maintenant devenu le seul moyen d'accès sûr pour Eoleria, alors il ne peut pas compter sur des renforts de la Marine... Il est donc seul avec moi pour unique potentielle alliée face aux troupes du Malvoulant et de Léonov... Et même si l'attaque précédente aura fait quelques dégats, Scott et moi avons bien ressenti que ce n'était qu'une avant garde... Une vaine tentative de Léonov de montrer sa puissance
aux troupes de feu-Teach afin de les convaincre de le rejoindre.
Malheureusement pour le Glouton, il n'avait pas prévu que j'intervienne en sa défaveur. Peut être même comptait-il sur moi pour le soutenir au vu de l'alliance qu'il a pu formé avec Red par le passé.

- Vous êtes coincés Scott, et vous le savez pertinemment. Maintenant, je vous propose deux choses : j'ai cru comprendre que certains de vos hommes étaient en garnisons ici depuis deux décennies et je comprendrai tout à fait qu'ils ne veuillent pas en partir même une fois la paix rétablie. Aussi, si vous m'aidez, ceux de vos troupes le voulant pourrons rester ici et vivre sous mes lois, avec mes pouvoirs je redescendrai moi même vous et ceux de vos troupes voulant partir au niveau de la mer bleue sur vos cuirassés que j'ai épargné pour que vous puissiez continuer à défendre les lois de votre gouvernement loin de chez moi.
Mais si vous refusez, je peux aussi réduire Aeria en miettes et vous faire descendre de mon île de manière brutale et très dangereuse histoire que je sois sûre que vous ne me mettrez pas de bâton dans les roues quand je devrais botter le cul de ce soi-disant empereur hors de mon île.

Bref, la balle est dans votre camps Scott. Et parce que je suis franchement sympa, et que je comprends tout a fait que vous n'êtes pas le seul décisionnaire de ce choix, j'accepte de vous accorder un délai d'une nuit pour me répondre. Comme ça, vous pourrez voir avec vos hommes ce qu'ils préfèrent... Qu'est ce que vous en dites ?
- ... Sachez que je ne vous aime pas Tahgel...

Mes flammes de haki s'éteignent et je souris face à sa remarque pour passer un bras sur son épaule avant de l'enjoindre à reprendre la marche vers Aeria.

- Vous dites ça maintenant parce que je vous mets au pied du mur... Je comprends tout à fait, je dirais pareil à votre place ! Mais bon... Si vous prenez du recul, vous verrez peut être que je vous offre une magnifique porte de sortie de ce bourbier dans lequel votre garnison est enlisée depuis plus de vingt ans. Après tout, c'est notamment grâce à moi que le Malvoulant est mort ! Vous auriez vu Red face à lui... si je n'avais pas été là, il aurait surement perdu. Enfin, de toute façon si vous n'avez jamais réussi à écraser les lieutenants de Teach, je doute que vous fassiez le poids contre un jeune Empereur, ancien capitaine corsaire, en plus des lieutenants qui vous ont toujours donné du fils à retordre.

D'un roulement d'épaule, Scott se débarrasse de mon bras sans même me regarder, mais je n'insiste pas, sentant très bien sa frustration avec mon haki. Pour tout dire, je crois que même si je ne maîtrisais toujours pas le mantra, je la sentirai tant elle est grande...

- Je vous donnerai une réponse demain. Mais d'ici là, je refuse que vous vous approchiez plus de notre base.
- Très bien... Cela dit, je vais tout de même vous y accompagner pour récupérer mes hommes que j'ai envoyé en renfort vers les vôtres.
- Faut toujours que vous ayez le dernier mot hein ?
- C'est une prérogative du titre de Reine, que voulez vous...
- Je viens aussi ! Sinon je suis sûre que tu vas oublier mes potes.
- Ceux qui n'existent pas ? Y'a des chances oui. Une objection vice Amiral Scott ?
- Tch. En avant.
- Alfred, je te laisse la garde des Drakonites ici, on se retrouve d'ici peu avec les autres !
- A vos ordres Madame.

"Je refuse de parlementer avec des pirates.
-Et moi de me prendre la tête avec d’aussi petits gradés… Scott prenez vos responsabilités, votre sous-amirale est en train de mettre en péril nos négociations et notre potentielle alliance  ! Libérez nos hommes ! "

Aeria est d’une construction fascinante. Place-forte de la marine sur l’archipel flottant, c’est à même les roches d’Eoleria qu’a été creusé une véritable forteresse. Etagée sur plusieurs îlots, entourée de plusieurs murs d’enceinte et de tours de garde pour se prémunir des assauts aérien, accessibles seulement par de fragiles ponts de cordes ou de pierre, tout semble avoir été fait ici pour que les occupants puissent tenir un siège et piéger les assaillants en reprenant une position plus avantageuse que la leur.

Une de mes mains se pose sur l’épaule de la dragonne.

"Une alliance ?…  Des négociations ? Quelles négociations ?! Qu’est-ce que vous êtes en train de négocier ?!
-Pam... “



”Sous-amirale Abeillsy, vice-amiral ! Est-ce que je suis bien en train de comprendre ce que j’entends ? Vous vous rendez ?! ”

La remarque est adressée au vice-amiral, mais toute l’attention se reporte sur moi et Izya, voyant la tension s’escalader à l’approche de la base marine où n’étions clairement pas les bienvenus et les premières manifestations hostiles apparaître, la dragonne a commencé à montrer les crocs. Son discours a beau être censé pour quelqu’un qui entend aussi bien les intentions qu’un utilisateur de Haki de l’Empathie, il n’est qu’un ramassis de persiflages pour les bons soldats de la 234ème qui donnent leur vie pour certains depuis plus d’une vingtaine d’années dans cette bataille. L’animosité vient de monter encore d’un cran après l’arrivée de la base d’Aeria, fière soldate, et les armes commençant à se pointer sur nos deux personnes, je me suis permis d’en récupérer d’un tour de passe-passe et, grâce à mes invocations, de faire le jeu égal du nombre.

”Après tout ce que cette garnison a enduré ? Après ces morts ? Nos amis. Après toutes ces victoires ?!  Notre sang. Je refuse qu’on se soumette. Réagissez !
-Il ne s’agit pas de ça.
-De quoi alors ? Votre promotion ? Vous jetez l’éponge parce que vous ne l’a voyez pas arrivé assez rapidement ?! Je vous pensais fait d’un meilleur bois que votre prédécesseur Vice-Amiral Scott !
-Abeillsy…
-Teach est mort… Elle s’est débarassé de deux Mangemondes…. Et après ? On la laisse faire ? Sur sa bonne parole ? Jusqu’à ce qu’elle ne devienne une autre de ces horreurs qui s’autoproclament empereurs ?! Comment est-ce que vous pouvez faire ça aux hommes et aux femmes qui vous admirent, qui sont allés jusqu’au bout pour vous ? Quelle justice ? Quel idéal ?! Je ne reconnais pas l’homme qui a unifié la 234ème division…
-ABEILLSY !…”

L’empreinte de Scott fissure la roche à ses pieds, il contient ses émotions autant qu’il ne s’imprègne de toutes celles qui l’entourent. Ses subalternes frissonnent car sa voix grave et puissante a pénétré leur corps.  C’est la le don et la malédiction du Mantra. Il sait, mais il ne peut pas tout communiquer. Seule son autorité peut les guider. Il voit, mais il ne peut pas tout comprendre. Seules sa réflexion et la compréhension de ses biais peuvent l’y aider.

“Surveillez vos mots.”

Je retiens les miens en même temps que je retiens Izya. Ce n’est plus notre bataille, nous avons déjà joué tous nos atouts.

“Aucune décision ne sera prise sans vous. Vous êtes ma meilleure tacticienne, une admirable marine et le maillon qui fait tenir cette division… En revanche, vous n’avez pas l’autorité de prendre la sentence de ceux qui nous ont aidé. Je l’ai.” d’un geste de la main, il manifeste un message de cire sur un îlot au dessus du nôtre “ PIZZARO !… ”

Les portes claquent et des plateformes de pierre se manifestent. Escaliers et pont-levis sont tirés du sol et de la structure même des remparts par le contre-amiral et d’autres utilisateurs expérimentés de l’art de la Lithomancie, c’est une danse puissante qui coupe court à toutes discussions. Scott fait montre d’un froid et d’une autorité implacable pour que ces troupes s’organisent à nouveau et, conscient de l’absence de menace, je laisse tomber les armes que j’ai subtilisé pour qu’ils les récupèrent avant de pénétrer Aeria.

“ «RELACHEZ»… On parle pas de boulets de canon en granit marin j'espère ?
-Je n’ai qu’une parole, vos hommes vont vous revenir. Pour le reste, vous aurez votre réponse demain.”

Et alors que de toboggans de pierre se forment pour libérer un premier prisonnier, le vice-amiral Scott tourne les talons.

- On est sauvé !
- Je savais que Milo ne nous laisserait pas tomber !
- Ah bon ? Mais... On devait pas rester là le temps que la reine arrive ?
- Tiens, tiens, tiens, mais ne serait-ce pas une vilaine boule de poils qui se décide enfin à agir ?
- Hinhinhin, très drôle la renarde. En attendant sans moi vous seriez dans de beaux draps !
- Ah oui ? Marrant ça parce qu'il me semble qu'on est exactement là où Izya nous a demandé d'être...
- Elle nous a jamais demandé de nous faire faire prisonnier !
- C'est vrai... Toi, elle t'avait dit de rester au navire. Huhu.
- Tu préfères peut être que je vous laisse dans votre cellule ?!
- Oh non maître Milo ! S'il vous plait ! Sortez nous de là !
- Toi t'as vraiment rien compris au plan hein...
- En es-tu seulement capable petit minou ?

Et sous les yeux des pirates enfermés là, le chat grandit soudainement jusqu'à prendre une apparence entre l'humain et le chat avec des griffes impressionnantes...

- Ne me sous-estimes pas !
- Moooh, il est si mignon...
- Tch.

Et tandis que le chat cherche désespérément une serrure dans le mur de pierre creuser de quelques interstices pour offrir un semblant de vision sur l'intérieur, la structure même de la bâtisse se met à trembler.

- Ah, je crois que tu arrives trop tard mon cher petit Milo.
- Qu'est ce que...?
- Le bâtiment va s'effondrer ?!
- On va tous mourir !
- Non !
- Vite le chat ! Sors nous de là !
- Je serais toi, je me cacherai...

L'oreille fine de Keiko perçoit le bruit de bottes sur le sol arrivant à un rythme rapide et Milo est bien contraint d'abandonné sa mission pour redevenir un chat, se glisser dans un des trou donnant dans la grande cellule et se cacher parmi les hommes. Se faisant, une idée bête lui vient en tête... Keiko n'a pas de menotte et est tout à fait capable de se transformer en un petit renard pas plus grand que lui même... Ce qui veut dire qu'elle n'a jamais été vraiment enfermée dans cette prison.
Un constat qui a vite fait d'énerver un peu plus le pirate.

- Pirates d'Izya, je suis le Contre Amiral Pizzaro et j'ai pour ordre de vous libérer. Veuillez me suivre sans histoire. Et vous deux aussi.

La main du contre Amiral se pose alors sur le mur de pierre et celui ci se refaçonne immédiatement, rassemblant toutes les interstices en une seule pour formée un passage. Dans le même temps, son autre main agit de la même manière sur le mur d'en face, libérant alors deux autres prisonniers.



- Alors cette conquête ?
- Ivar m'a mangé le bras !
- ... Comment ça ?
- Il m'a mordu l'épaule... Et m'a arraché un morceau de peau... Je vais avoir une vilaine cicatrice...
- Tu veux que je vienne lui régler son compte ?
- Non. C'est mon projet. Et puis je lui ai réglé moi même son compte... Mais...

Allongée sur mon lit, regardant le plafond de la chambre de ma cabine, je laisse planer un silence, ne sachant trop si je dois réellement tout dire à Red via son escargophone de ce que je ressens actuellement...

- Tu es sûr que tu ne veux pas que je vienne ?
- Tu as d'autres choses à faire non ? Recoller les précieuses, gérer le passage de Thriller Bark dans le nouveau monde, t'imposer en temps que nouvel empereur... Ne t'inquiète pas, j'y arriverai seule.
- J'en doute pas Princesse, mais tu n'es pas obligée de l'être.
- Si tu viens, ils vont encore dire que je suis sous tes ordres...
- Ah oui ? Ils disent ça ?
- Oui, comme quoi ils comprennent rien ! Enfin... De toute façon, si je ne le fais pas seule, d'autres personnes risquent encore de mourir pour moi et...
- C'est le propre des dirigeants tu sais...
- Hm...

Au fond, je sais qu'il a raison, mais ça ne me plait pas pour autant... Et surtout, je me demande si je suis réellement capable d'assumer cela... D'assumer la mort de ces gens qui ont choisi de me suivre et qui donnent leur vie pour moi et mes idées à la noix... Attrapant mon escargophone au visage de Red, je me relève de mon lit et m'approche de la fenêtre qui donne sur le pont de mon navire. Afin qu'on puisse tous être confortablement installé pour la nuit et qu'on ait de quoi soigner les blessés, je suis allée le chercher et l'ait déplacé avec mes nuages là où nous avons décidé d'attendre la réponse des Marines.

Et finalement, c'est mon autre escargophone qui rompt le silence s'étant installé dans ma chambre.

- Les affaires reprennent ?
- Faut croire...
- Alors je te laisse. Bonne nuit Princesse.
- Bonne nuit Red.

Je raccroche alors la conversation avec l'homme que j'aime, soufflant légèrement de lassitude devant la sonnerie de mon denden classique avant de finalement inspirer profondément pour me remotiver, puis je décroche.

- Oui ?
- Bien joué. Tu as réussi à rendre Léonov furax.
- Matsuya... Tu as une info pour moi ?
- Yep : Léonov m'a demandé de trouver où tu te caches pour t'attaquer dans la nuit. Donc si tu ne veux pas qu'on s'entretue, tu dois libérer ma sirène maintenant.
- Génial...
- Me déçois pas Tahgel...
- C'est pas prévu.

Je raccroche sans demander plus d'info, me doutant pertinemment que plus il en dit et plus Léonov risque de le capter avec son haki de l'empathie. Raaah, quelle plaie.

Une nouvelle fois, je m'approche de la fenêtre, regardant alors les quelques membres de mon équipage profité du temps radieux pour se détendre en regardant les étoiles à la lumière tamisée des dials. Mais cette fois, hors de question de leur faire prendre le moindre risque... J'agirai seule et seul Alfred saura que je suis partie.