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Alors, du Rhum ou ... du rhum? [PV Minos]

T'es pas du genre à avoir peur hein, mais quand même. Traverser une Blue sur une barque de deux mètres carrés, ça te met un peu la pression.
Devoir supporter les intempéries durant trois jours, bouffer d'la poiscaille dégueu à chaque repas, réussir à suivre ta boussole quitte à n'pas t'endormir plus de deux heures ...
Toi qui pensais pouvoir faire ça encore longtemps, tu t'dis peut être que t'as quand même un peu vieillit. Ton dos t'fait un mal de chien et après chaque sieste, tes articulations craquent une à une. Ton nouveau boss a intérêt à être moins bête que les autres, autrement ça va aller mal. Tu t'es pas tapé toute cette mer pour encore devoir supporter un bon à rien d'gradé révolutionnaire.

Ah voilà enfin la terre ferme. T'aimerais bien qu'un bon lit t'attende avec une bonne bouteille de Rhum, mais Luvneelpraad n'a pas la réputation d'une ville très confortable.

Quand tu mets pied-à-terre, tu comprends vite que ça sera pas d'la tarte de trouver ne serait-ce qu'un matelas pour t'reposer.
Des gars aussi crades que toi, voire pires, y'en a la pelle. Tu pensais pas ça possible. A croire que tous les déchets de North Blue se sont retrouvés pour un concours du gars le plus dégueu. Tu t'demandes si ton ton pantalon plein d'terre et de taches de toutes sortes, tu devrais pas l'resalir encore un peu pour être dans l'ambiance. Des maisons, y'en a pas, enfin si, mais ce serait plutôt quatre planches de bois superposés. T'as du mal à comprendre comment tout ça fait pour tenir debout, mais ça a l'air de résister. Les miracles, ça existe faut croire. L'architecte qu'a géré l'emplacement des rues, il devait être bien bourré. Alors qu'parfois t'as à peine de quoi passer entre chaque maison et que tu zig-zag entre les murs, la rue d'après va être si grande qu'on pourrait y mettre un vaisseau amiral.

En fait, d'architecte, il doit pas y en avoir. Les baraques ont l'air de s'être construites au gré des habitants. Un vrai bidonville en somme, mais d'toute façon t'es pas là pour le tourisme.
C'est vrai que ce lieu, l'est parfait pour c'que tu dois y faire. Tu vois vraiment pas c'qu'un marin viendrait foutre ici. A moin qu'il en ai mare d'la vie.

Bon, il te reste plus qu'à trouver l'point de rendez-vous. Le seul bar d'la ville. Tu continues à marcher un moment avant d'tomber sur un amas d'planches de bois un peu plus grand qu'les autres. Cette baraque a l'air un peu plus solide que celles que t'as passées. Y'a même des vitres, elles sont toutes pétées, mais y'a trois vitres. A l'entrée trône une pancarte tenue par une grosse corde. Tu dois pencher la tête pour réussir à lire le gribouillis et réussit à déchiffrer les trois lettres que tu voulais voir.

Tu sais qu'le Rhum y sera dégueulasse, et qu'tu pourrais boire de l'essence ça reviendrait au même. Mais rien à faire, t'as soif. De toute façon, tu t'vois pas demander un jus d'tomate pour te rafraîchir, à moins d'vouloir te faire dessouder.
Si y'a une carte, t'aurais l'choix entre du rhum, et ... du rhum. Tu mets un pas dans l'bâtiment. L'air ambiant est pire qu'à l'extérieur. Un mélange d'alcool, de gerbe et de tout c'que peut faire l'homme de plus sale au monde.
T'aimerais bien t'assoir, mais t'oses pas t'y risquer. Pas qu'tu sois maniaque hein, mais quand tu vois les tâches sur les chaises, t'aurais peur de rester collé dessus une fois assis.

On t'as dit que ça serait facile de reconnaitre ton boss, et qu'il a beaucoup d'qualité mais qu'la discrétion reste un mot inconnu pour lui. T'as beau t'retourner mais tu ne vois qu'une bande de têtes d'enflures se ressemblants toutes.


*Eux, c'est des gens du pays, l'boss n'est pas arrivé.*

Reste plus qu'à aller au comptoir. L'barman te vois arriver d'loin. On voit qu'il connait toutes les trognes présentes et qu'il se demande c'qu'un vioc comme toi fait ici. Il continue à t'fixer avec son air niai, on aurait presque l'impression qu'il essaye de réfléchir, mais faut pas pousser.

_"Eh patron, tu vas arrêter d'me fixer avec tes yeux d'minette, j'préfère les femmes, et j'suis pas d'ton âge. Allez, oublies ça et files moi un litron d'pinard, tu veux?"

Tu sais pas trop si c'est une bonne idée, mais t'affales tes coudes sur le contoire, et fermes les yeux quelques secondes. Quand tu les réouvres, le barman se ramène avec un verre et une bouteille.
T'oses même pas toucher au verre et préfère tater du goulot. C'est moin risqué.


_"Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, ça m'rajeunit" ...
    Me suis fait couillonné mecton, y a eu erreur sur les prospequenauds. Si je te dis Royaume de Luvneel, et que t'as pas séché tes cours de géographie élémentaires, tu penses à un gros truc de pierre où la Marine ne fout pas les pieds pendant les heures de service et où c'est faste, plein d'animation et d'opulence ? Ben t'as raison mon con, sauf que toit là tu penses, comme moi, à la ville de Luvneelgraad. Ah ça pour sûr, c'est le bel endroit pour causer révolution, 'vec quelques verres qu'on payera pas dans le piff et des mises aux points viriles ponctuées dans les sacs à lactose de la rince-pintes qui fait comme si elle s'en fichait que tu r'marques ses mensurations. Là mon gars, on se serait fait la bonne soirée, puis peut-être pas qu'elle. Seulement, à Luvneel, sont tellement tanches qu'ils appellent leurs villes quasi pareil. Luvneelgraad, ou Luvneelpraad. 'tain, c'est de la subtilité à se bouffer les rognons ça, veulent tous se serrer les lignes sur la même page de dico ou quoi ? Bref, 'vec c'te connerie de subtilisée, je troque la citadelle royale avec sa coconne de princesse à engrosser contre une ville artificielle, dans le genre où on dirait un truc que t'as monté toi-même avec tes boîtes de céréales. Et là je dis céréales parce qu'il est interdit de dire Kellogg's, mais t'auras compris ça suis sûr.

    A chier, c'est le mot. l'odeur, passe encore, ça peut faire un genre d'ambiance terroir. Mais ne pas avoir la fierté de créer un truc qui ressemble un minimum à un endroit où fait bon vivre, là c'est insultant pour l'intelligence humain, même celle d'ici. C'est simple, j'ai dû bousille des façades pour me déplacer. Les tranchées entre deux murs en tôle rouillée, c'est peut-être le comble du chic local, mais c'est pas avec des jambons comme les miens que tu peux feindre la carrure squelettique des petits joueurs de foot que je croise par-ci par-là. Cela dit, c'est bourré de révos, à tel point que je suis reconnu de certains et aidé dans ma recherche du bistrot certainement craignos du rendez-vous. La serveuse de là, c'est soit un mec, soit une gamine qu'à perdu un oeil dans une fausse manip' d'économe et qui n'a plus que deux dents brunes à sourire quand elle te file ta macération de houblon dans un verre qu'était pas translucide quand il l'ont volé. Bha, foutue idée à la con d'écouter le lascar qui m'a convaincu de venir lui chercher son "mec pour toi".

    J'en sais pas beaucoup sur le zig', mais j'espère que c'est pas un autochtone, oh putain ça non. Sergueï qu'il se prénomme. Pas jeune d'après le contact, j'imagine bien un bon vieux merco blond et à la gueule taillée au couteau, peut-être même dans le sens propre. Ha ha, faites que ce soit un bon mec impassible avec un accent à chier et un tas d'histoires barbares sur son pays qu'il ne veut pas partager avant d'avoir perdu au bras de fer contre toi. Bon, idéalise pas trop la soirée mon grand, rien ne permet de trop s'enthousiasmer là.

    Je trouve l'endroit, et pour une fois savoir lire n'aide pas à être sûr de ne pas s'être gouré de place. mon guide des deux dernières rues m'a affirmé que j'étais arrivé, espérons que je ne sois pas bientôt occupé à le chercher dans la foule pour lui péter un os par minute qu'il m'a fait perdre. J'entre, me baisse ma carcasse de VI mètres pour entrer, et veux me barrer.

    De ces trombines les gens ici, c'est un bar ou un dispensaire ? Ha ha, rien de bon dans tout cas, du mou, du maigre, du vieux, du malade. j'espère que mon bonhomme est encore plus en retard que moi, z'ont tous des tronches de cas nullards les zigs présents. allez, on fait pas sa mauvaise tête. Je salue l'assemblée et passe commande avant de me caler près du comptoir, loin des chaises pas à ma taille.

    Salut les cowgirls, contentez-vous de penser que je suis un éléphant rose et continuez en à siroter sans me fixer trop longtemps. Toi, l'affreux au bar, file-moi un alcool assez fort pour y stériliser les glaviots de tes soirées misanthropie et pas dans dix plombes.


    Je vire les tabourets qui servent à rien et me pose une fesse sur le bar, le seul endroit à peu près entretenu des lieux. Le type me fixe un peu de traviole, mais l'est pas con au point de ne pas capter que j'ai pas de siège adapté et que je ne risque pas de me poser sur son sol collant de bière renversée, de vieille poussière fossilisée et d'un tas de trucs que mon piff trop haut perché peut pas identifier. Y a un vieux bonze à côté de moi, le truc tout sec qu'a une barbe pour cacher ses rides. Me boisson arrive, je tords le cou de la capsule et me prends une gorgée. Toisant la salle un peu plus attentivement, je ne vois aucun mercenaire arien avec le regard d'un adhérent du côté obscur. Allez, faut se jeter à l'eau.

    Je cherche un certain Sergueï, l'est pas aux chiottes par hasard ?
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    Tu sais plus très bien quand t'es arrivé. A vrai dire t'avais p't'être même des heures de retard et l'contact s'est déjà cassé.

    En tout cas, la salle s'est déjà vidée une fois, ou deux ou trois, tu sais plus. De nouvelles têtes ont remplacé les anciennes. Toujours aussi laides. De temps en temps tu jettes un coup d'oeil, histoire de voir si une trogne moins moche que les autres serait apparu. Rien en vue.

    Pour passer l'temps, tu continues à picoler c'que t'as donné l'patron. Tu sais pas trop c'que c'est, mais ça s'boit.rien d'marqué, le liquide est jaunatre et ça pue l'alcool à plein nez. Tu f'rais tomber un éléphant rien qu'avec ton haleine. Rendu à la fin d'la première bouteille, t'as hésité puis t'en a reprit une. Maintenant t'es rendu à la moitié de la seconde et bientôt on verra l'cul arriver. Pas mal de personnes ayant bu ça s'rait rendu à lécher l'sol où à rajouter une nouvelle mare dessus. Heureusement pour toi tu tiens bien. T'en as fait dégobillé plus d'un avec ton allure d'vieillard squelettique. Mais tu sais pas pourquoi, t'as toujours bien supporté l'alcool. Tu comptes même plus l'nombre de gars qu'ont tenté de t'rivaliser et qu'ont finit à quatre pattes pendant qu'tu continuais à picoler tranquillement.

    Rendu à une bouteille de Rhum, tu marches toujours droit et tu réussis encore à t'servir de ta tête. Là, tes yeux doivent pétiller un peu, et il t'faut quelques s'condes de plus pour analyser quelqu'chose de compliqué. Il s'rait pt'être temps d'arrêter d'ailleurs. Tu t'dis que ça serait bête que quand l'boss arrive, tu sois plus en état d'comprendre ce qu'il dit.

    D'ailleurs tu t'demandes à quoi il ressemble celui là. "La discrétion reste un mot inconnu pour lui"Qu'est ça veut dire ? Qu'il va s'ramener en défonçant la porte et en insultant tout l'monde? Qu'il s'ra habillé en porte jarretelle avec un tutu rose? Y'a pas à dire, ça t'turlupine un peu quand même. Pour arrêter c'travail du ciboulot forcé, tu prends une rasade, histoire d'passer à autre chose.

    Et voilà, deux bouteilles ont rendus l'âme par ta faute. Leurs cadavres gisent devant toi, et tu te rappelles l'expression "jamais deux sans trois".Y'a de ces expressions qui devraient jamais exister quand t'y penses. Par exemple "C'est la vie". L'expression préférée des fatalistes n'ayant pas l'courage de bouger leur cul pour changer les choses."Qui se ressemble s'assemble" et "les opposés s'attirent", non mais c'est vrai ça veut dire quoi? Au bout d'un moment, faut faire un choix à la fin! Ah ces expressions à la cure moi l'noeud ...Te voilà partis dans une pure digression, tu t'égares et décides de pas respecter ces foutues facilitées.


    _"Jamais deux sans deux".

    T'étais tellement ailleurs que t'as pensé tout haut et qu't'as pas vu l'gars rentrer. Et pourtant on l'remarque facilement. Tu sais à peine comment il a fait pour passer la porte sans la défoncer. Tous les siphonnés présents n'arrivent pas à l'quitter du regard. Ah oui, ça pour en imposer, il en impose. C'est l'genre de gars qui dans une baston,'vaut mieux l'avoir de son côté

    _Salut les cowgirls, contentez-vous de penser que je suis un éléphant rose et continuez en à siroter sans me fixer trop longtemps. Toi, l'affreux au bar, file-moi un alcool assez fort pour y stériliser les glaviots de tes soirées misanthropie et pas dans dix plombes.

    Et en plus, l'a pas sa langue dans sa poche. C'est dit, tu l'aimes bien c'type. Le genre de gars qui casse autant avec sa grande gueule qu'avec ses poings, ça t'rappellerait presque toi. Y'a vingt ans, parc'que maintenant, tu peux plus casser grand-chose avec ta force de vétérant. C'gars là semble chercher quelqu'chose. Il a l'air d'faire le tour de la salle comme s'il croyait y trouver un grain d'richesse.

    *Mon gars, ici, y'a qu'des vieux grabataires, des alcooliques anonymes et des exclus d'la société, tu vas pas aller loin.*

    Qu'est ce qu'un mec comme lui, sapé à la royale avec sa cape rouge et son casque d'preux chevalier peut foutre dans un coin comme ça.
    Encore un truc qui t'tappe en haut. Vraiment, c't'alcool te réussit pas, ça t'fait trop réfléchir. Tellement que tu t'mets même à rêver.


    *Ne m'dis pas que ... non, faut pas rêver ...*

    C'faux espoir t'a donné soif et t'a fait changé d'avis. Tu vas pas t'arrêter d'picoler juste à cause d'une expression quand même...

    _"Je cherche un certain Sergueï, l'est pas aux chiottes par hasard?"

    T'aurais eu quelqu'chose dans la bouche, que tu l'aurais recraché aussi sec. Tu dois tirer une sacrée tronche là, même pas sûr que tu supporterais de t'voir dans une glace. Une bouteille, vite. T'en d'mandes une au patron qui comprend qu'ça urge. A peine arrivée dans ta main qu'les goulées descendent déjà. Ah pour une surprise... Toi qu'a l'habitude des vieux chnoques pas capables de péter plus haut qu'leur cul et qui s'sentent obligé d'prendre un verre d'limonade quand tu leur proposes à boire ...

    C'est vrai qu'il était pas censé être discret, mais quand même. Y'a une différence entre peu discret et visible à trois kilomètres, non? Tu reposes la bouteille.


    _"Si tu t'attendais à un puceau prêt à t'faire cent abdos juste pour tes beaux yeux, tu risques d'être déçu.
    Y'a pas d'âge limite à c'qu'on fait, enfin on m'a pas dit en tout cas."

      Personne ne tique quand je passe l'annonce, mais ils ont entendu, c'est certain. Leur frimousse ne sourcille pas. On dirait qu'ils ne veulent pas être Sergueï et que l'idée que je les confonde sera leur mauvais jour du calendrier. Peux pas leur donner tord, puis j'aime autant que personne ne soit mon contact dans l'assemblée. Bha, il finira bien pas se pointer.

      _"Si tu t'attendais à un puceau prêt à t'faire cent abdos juste pour tes beaux yeux, tu risques d'être déçu.
      Y'a pas d'âge limite à c'qu'on fait, enfin on m'a pas dit en tout cas."


      Oh bordel, mais d'où ça sort ça ? J'ai bien vu les poils de balais du vieil alcoolo remuer, mais il aurait remis son entier en place que ça n'aurait pas fait une différence de gestuelle. Tout la salle est passée à la lunette, faudrait avoir le fruit du démon de l'invisibilité pour m'échapper. Seulement voilà, l'est seul à moins de trois mètres de moi et je vois à la mimique du barman que c'est bien le père noël version Tiers monde qu'a activé la boîte à syllabes. Je me fige une semi-seconde, mais sans tirer une tronche jusque par terre, trop sale. En fait, j'suis même pas forcément déçu, le m'interroge juste. Je forme des soldats moi, des mecs prompts aux prouesses physiques, qui avalent les kilomètres comme les diabétiques s'injectent leur insuline. On marche des jours entiers, on grimpe des montagnes sans une connerie de piolet pour remplacer nos paluches, on abat nos armes dans la gueule des adversaires et victimes sans jamais fatiguer le geste. Ceux qui signent le font pour ça. Des gars souvent jeunes, souvent manipulables, souvent morts avant de vieillir.

      L'a pas le profil de l'emploi le vioc, mais j'aime bien son parler, son air un brin débonnaire aussi. Il a pas une guitare qui traîne à côté de lui ? Suis sûr qu'il te dégote de bons petits airs avec deux cordes. Enfin, j'oublie pas qu'on est dans un shonen; y a des vieux qui peuvent péter des poutres du petit doigt dans ce genre d'univers. Et si ce gars est un vieux maître du temple Shoenelin, alors il a plus de ressource que de cheveux. Bon, faut pas sembler impoli. Puisque le révo est là et prêt à causer, causons.

      Ha ha, et j'risque d'être déçu pour quoi, le puceau ou les cent abdos ? A ta santé ma gueule.

      Je trinque et quasi-vide la bouteille avant d'embrailler.

      Me présente, Minos, Roi et big boss de la Légion. Et toi, t'es quoi vieille couille ? Artificier ? Herboriste ? Conteur ? Sais pas si t'es révo depuis que t'es jeune, ce qui te ferait un sacré bagage dans la fonction, mais mon armée est un bon choix pour mourir.
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      Après ta jolie phrase, tu as du mal à cerner la réaction du géant. Tu ne sais pas trop si il a envie de pleurer ou de rire jaune. Il y a juste une chose dont t'es sûr, pour être surpris, papa barbie l'est.
      Il doit être à s'demander qu'est ce qu'un vieillar proche d'la sénilité comme toi peut bien accomplir dans son armée. T'ésperes qu'il ne va pas t'indiquer la maison de retraite la plus proche, tu serais obligé d'essayer d'lui refaire le portrait. Même si t'as aucune chance. Qu'est ce que ses informateurs lui ont raconté avant qu'il bouge ses deux cent kilos d'muscles jusqu'ici? Que t'étais un gars aguéris ayant servit d'nombreuses années et qui pourra apporter son expérience? Qu'malgré tout, tu restes un gars bien costaud capable de compter fleurette contre pas mal d'adversaires? Comment ont ils fait pour qu'il vienne jusqu'ici t'parler? Ils sont forts, très forts ces informateurs. Réussir à faire bouger le chef des armées revolutionnaires dans le village le plus moche des Blues, et tout ça pour faire la discussion avec un fossile?
      Ils t'épatent vraiment.


      Ha ha, et j'risque d'être déçu pour quoi, le puceau ou les cent abdos ? A ta santé ma gueule.

      ça y'est, l'troll a perdu sa tronche d'enterrement pour récupérer son humour piquant. T'as eu peur qu'il te fasse une attaque, mais il a survecut. Après avoir faillit tomber d'sa chaise de surprise, avoir été au bord des larmes, le voilà maintenant amusé. Il est pas difficil ce gars, t'aurais été en fauteuil roulant que ça aurait été la même. Enfin peut être pas mais rien n'empêche qu'il se remet vite. Si ça continue, dans deux minutes tu seras à te biturer l'cerveau avec lui. Quoi que pour ça, t'as pas eu besoin d'attendre. Notons d'ailleurs que cette rencontre t'as encore donné soif. Une gorgée, deux gorgées, trois. Une autre bouteille de vidée. On dira que t'as voulu accompagner l'titan. Et pour l'accompagner, y'a l'air de devoir tenir un bon entrainement. Même pour toi.

      Me présente, Minos, Roi et big boss de la Légion. Et toi, t'es quoi vieille couille ? Artificier ? Herboriste ? Conteur ? Sais pas si t'es révo depuis que t'es jeune, ce qui te ferait un sacré bagage dans la fonction, mais mon armée est un bon choix pour mourir.

      Là, c'est plus fort que toi, l'a beau être sympa le bonbon rose, tu peux pas t'empêcher d'exploser de rire. Niveau expérience, c'est vrai que t'as un paquet d'années. Il faudrait une demi douzaine de mains pour avoir assez de doigts. Le problème, c'est que t'as passé la une bonne partie d'ton existence à faire foirer les missions de tes ex boss. La première moitié de ceux cis sont partie en dépression et n'sont jamais revenus. La deuxième doit s'être suicidée.

      _ Ahahah! T'es un larron toi! Mais tu crois que j'vais accepter comme ça d'devoir supporter un nouveau boss? Le dernier, m'a fallut six mois pour l'envoyer valser, j'ai cru que j'y arriverais jamais. Alors discutons sérieusement deux secondes. Donne moi une raison valable pour que je t'accepte. Après j'deviendrais c'que tu veux. Toubib, herboriste et même nounou si ça t'chante!
        Et c'est là que le seul type de la salle assez vieux pour se remémorer le son des pets de Teach scratche des cordes vocales pour lâcher un vieux rire dégueulasse, érodé par l'alcool et encrassée à la poussière qu'il a dû mordre assez de fois pour se laisser pousser le filtre à graviers. Y a encore de la vie là-dessous, papy fait de la résistance et il en est fier. Et pour preuve, voilà qu'il me cause comme si c'était moi qui passais l'entretien d'embauche. Se mouche pas du coude l'asticot en devenir, j'ai droit à du détail gratuit. Il flaque ses burnes sur le comptoir façon vieille turlutineuse des docks. "Allonge le blé mon beauw, et tu me feras dire que ta merde est le One Piece si j'ai encore un parfum de pognon dans les naseaux." Ha ha, rien que ça ça valide le déplacement, suis pas déçu de la rencontre.

        Bon, l'a le point validé pour un truc le mignon: l'est temps de causer sérieux. C'est bien poilant de l'imaginer suivre la valse si je suis assez digne de son ego, mais je suis venu voir si j'acceptais un gars utile, pas séduire une vieille carne qui frétille de la langue pour me prouver que j'en ai un truc à battre de son existence. Du coup, je lui cause grave et lent, comme si je voulais le convaincre de souscrire à une convention obsèques.

        Ah mais j'ai aucune raison à te donner ma gueule. Si les agences révolutionnaires se bousculent au postillon pour avoir ton odeur dans les vestiaires, n'hésite pas à leur faire ton numéro de starlette inaccessible. Moi, j'ai pas besoin qu'on me torche le boule et donc certainement pas besoin de dérouler des kilomètres de baveuse pour lustrer la suffisance du premier sac à foutre qui pense m'être utile. La vraie question, et c'est là que le convoi décide s'il freine pour embarquer une bouche à nourrir de plus, c'est toi, qu'est-ce que ça m'apporte de te trimballer au milieu de mes troupes et de te laisser le droit de bousiller les fiottes ennemies en portant mes couleurs ?

        Tu crois que t'es capable de ressembler tout seul à autre chose qu'un veuf en manque d'adrénaline depuis que sa chérie ne lui polit plus la canne à orgueil du fond de son cercueil, ou faut que je te demande de faire le poirier pour commencer à me dire que t'as autre chose qu'un levier à sirop de murge dans les manches ?


        Et voilà qui est transmis, reste pour l'ancêtre à choisir si j'ai fracturé sa petite sensibilité au poinst de dandiner du fion près des groupes qui pleureraient pour avoir une chaise supplémentaire occupée à leurs réunions du samedi soir, ou s'il a capté que le recrutement, c'est pas un appel en détresse. Les choses clarifiées, je vide le reste du bocal en guitare et le mets au garde à vous sur le milieu du comptoir. Le barman n'y touche pas, y a même une forme de respect qui s'instaure envers l'objet. Couille molle.

        Comme je remarque que les oreilles profitent un peu trop de ma voix suave, j'adresse un petit mot au patron pour qu'il retourne le sablier du temps.

        Hey, l'affreux! La vidange, c'est pas mon doudou. Rapatrie-là chez elle et érige-nous une pyramide de barbaque, les hommes ont faim.

        T'es pas végétarien au moins Sergueï ?

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        T'en as déjà entendu parler de ce genre de gars. Dès qu'il a commencé son discours, tout l'monde s'est tut. Les regards se sont tournés vers lui et même les mouches se sont arrêtées. Une sorte de ce silence réspectueux s'est immisée. Là, vous les lectueurs, vous croyez qu'on parle du Hacki. Le fait est qu'un guss comme papa Barbie n'a pas b'soin de ce genre de pouvoir pour en imposer. C'est la force d'un roi qu'tu dis. Tu sais pas si c'en est vraiment un, mais il a la gueule de l'emploi. Les gars d'son pays doivent être vraiment fadas d'lui. Les gosses doivent accrocher des posters d'sa tronche dans leurs chambre, ça t'surprendrait même pas. Encore une fois, t'as joué au con, t'as mis les épaules en avant et bombé l'torse comme si c'était la dernière des bouses. Et pourtant, t'as remarqué d'puis longtemps que ce gars là, il est loin de ressembler aux autres phénomènes qui t'ont déjà servis de souffre douleurs. Quand l'preux chevalier a commencé à jouer des dents, même toi a tiré la gueule des mauvais jours. T'es descendu de tes chevaux en aussi peu d'temps qu'il te faut pour finir un verre.

        Papa Barbie n'a quand même pas tout comprit à la situation. Il croit que les boss te courent après? Ahahah c'est plutôt le contraire, on dira que t'aimes juste bien jouer aux chaises musicales.
        Il a quand même l'air intéréssé et se demande à quoi tu pourrais lui servir. C'est vrai qu'à part castagner, t'as jamais su faire grand chose ... Entre deux poèmes d'amour, il se permet quelques insultes bien salasses. Fallait bien t'attendre à c'qu'il réagisse de cette manière après les âneries débitées de ta bouche. Maint'nant faut que tu lui prouves quelque chose. Enfin t'as cru comprendre ça. Va falloir que tu transformes c'te bar en hopital pour grands blessés? Ce serait bête quand même, t'es vraiment pas sûre que ces gars cotisent pour la caisse d'assurance maladie. T'as cas demander si y'en a dans l'lot qu'ont pas d'enfants et qui aimeraient bien savoir à quoi r'ssemble le paradis. T'es certain qu'dans le tas, y'en a forcément un ou deux qui rêvent de voir la tronche de ce qu'ils appelent Dieux. Si t'en dégommes que un ou deux, ça devrait aller, papa Barbie sera content non? Ou alors t'as tout comprit de travers, et il demande rien d'tout ça. N'empêche que t'aimerais bien avoir raison. T'as les poings qui te démangent depuis l'temps. Après avoir passé autant de jours sns frapper quoi que ce soit, ça te permettrait de te remettre d'aplombs. Au pire t'essayes d'être gentils. Une ou deux jambes cassées, ça ne fera pas d'mal à ces gaillards, doivent avoir l'habitude vu l'ambiance d'la ville.

        Au final, tu choisis de t'lever de ta chaise, histoire d'admirer les futurs cadavres qui -si personne ne t’arrête- risquent de joncher l'sol-. Après un regard sur le paysage, tu t'dis que toi aussi, tu risques de ramper au milieu du plancher si tu te mets à dos tout l'monde. Ils sont un paquet quand même. Au pire, tu t'en prends qu'à une seule table. Celle de gauche avec les trois costauds, ça suffira pour montrer qu't'as pas encore atteint l'âge de l'incontinence à papa Barbie. A force de les regarder avec insistance, il sentent qu'il va s'passer un truc pour eux. L'un d'eux baisse les yeux, un autre sort un poignard d'sa poche qu'il pose sur la table. Le troisième, lui, prend une dernière bouffée d'nicotine avant d'écraser par terre la clope qu'il avait d'coincée entre les lèvres.


        _Ecoute mon p'tit gars. Ton discours m'a plu. Même que toi aussi tu m'plais. Si tu crois que j'vais continuer à jouer mon rôle de grand père atteint Alzheimer longtemps, vaut mieux que tu fermes les yeux. On aura bien ri, et c'est chose rare pour moi, alors à moins que tu ne m'arrêtes, j'vais te donner un joli spectacle. Le genre de choses que quand t'as vu ma tronche, tu croyais que je n'savais plus faire ça depuis au moins vingt printemps. Ne crois pas que j'veuille passer mes dernières années d'ma vie à jouer à la marelle. Si je suis venu jusqu'ici, c'est bien que j'ai pas passé l'âge d'en découdre.

        Tu t'avances maintenant d'un pas décidé vers les trois costauds. Ils ont fait tomber leurs chaises et se sont levés dès la fin de ton discours. 'Sont pas si bêtes, ils ont compris. Le gars au couteau a choppé son poignard de la main droite et le trouillard a prit ses jambes à son cou. Le troisième lui, reste encore stoïque. C'est de ce genre de gars qu'il faut le plus se méfier. Mais ils ne sont plus que deux, ils n'ont aucune chance.

        Dans deux secondes, ton poings s'écrasera sur la tronche du premier, ton corps se baisseras pour éviter le coups de couteau de l'autre. Tu le prendras par le cou et le balanceras sur la table voisine. C'est ce que t'as prévu.

          Sais pas qui c'est ce Al Zaimer, mais sa petite consonance juive doit pas filer au brave Sergueï l'ambition de s'acoquiner avec. La barbaque de l'affreux jonche la table, des salaisons pour la plupart, et le vioc décide de se servir de la saignante à même les tronches des clients plutôt que de s'empiffrer avec moi. Ha ha, l'est vraiment coolos ce petit vieux. Sais toujours pas s'il sait jouer jouer de la guitare, mais je vais bientôt être fixé sur sa façon d'accorder la mandaline. Y a de la marave au menu senior et faudra un dentier bien fixé pour sourire une fois la baston terminée. Moi, je re positionne tranquillou sur le comptoir et je me picore un jambonneau moins mauvais qu'il en a l'air en mirant l'ancêtre qui sélectionne ses adversaires. J'ai même droit à un petit discours avant les réjouissances, pour le coup me sens bien à ma place royale. C'était pas aussi concis qu'un morituri te salutant, mais le barbu en veut et ça ça me plait bien. Y a que des révos ici. Sont solidaires ces bestiaux-là, se la tiennent pour pisser sous prétexte que le gouvernement les veut incontinents. Sont inconsistants plutôt j'dirais, me reconnais pas dans cette mêlée de branleurs qui passent leur temps dans ce rad' et n'arborent le brassard noir que pour faire mouiller leur vilaine quand ils mitonnent des histoires qu'on leur a racontées, et où ils ont pris la place du héros de leurs légendes l'espace d'une nuit. Ouais mec, j'ai pas la fibre patriotique pour ce qui est de bichonner ce qu'on appelle mes semblables, d'ailleurs ça me donne une idée sympa pour rendre le spectacle un peu plus crasseux.

          Cent mille berries pour le type qui met K.O le vieux.

          Les oreilles pointent. Cette petite somme, ça en fait des godets. Chacun ambitionne d'être le type qui filera le coup de grâce, les couilles poussent en grappes et les chaises se soulagent des mollassons qui stagnaient dessus. Sergueï voulait me montrer comment on castagne trois péquenauds, mais c'est pas pour des rixes de bars que j'embauche, c'est pour la guerre. les mêlées où t'as de l'ennemi qui te déborde, les poings qui heurtent des trognes par paquet de XII à chaque moulinet, les murailles de corps inertes qui t'empêchent de bouger sans crampons aux pieds, voilà ce que je veux voir.

          Les gars se meuvent en quasi silence, comme pris d'un sentiment coupable de varices. Le genre "rien de personnel Tony, c'est le business". Ben le Tony va en avoir pour ses phalanges, me demande bien les restes qu'il a pu sauvegarder dans un petit un contre vingt.

          La lutte commence, Sergueï va au turbin. Je le regarde entame la distributions de tartes en mordant dans un saucisson aux noisettes qui me fait quitter le combat deux secondes. L'est sacrément goûtu celui-là, j'le décharne intégralement et m'en fais une collation idéale pour assister aux assauts. Les mercenaires prêts à tabasser un mec qui pourrait être leur grand père pour une poignée de berries sont pathétiques, ils savent peut-être se battre, mais ce sont des prostitués. Vendre son corps pour une bagarre pour le fric et non la bagarre elle-même, ça me donne envie de tous les bousiller. Ha ha, mais ça viendra mon bon Minos. Y a un truc qu'ils ne savent pas les zigs. Le flouz, je l'ai pas, mais on s'en fout puisque je ne comptais pas le perdre. Ils me pillent si Sergueï finit knock out, alors la donne est on ne peut plus simple. S'il est un peu juste pour les fracasser tout seul, je me joindrai à lui.

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          _T'as été plutôt fier d'ton discours. Pendant deux secondes tu t'es aimé comme jamais. Tu t'es dit qu'tu savais frapper fort rien qu'avec tes lèvres et qu'ça aurait mérité quelques applaudissements. Mais non. 11 mots. C'est c'qu'il aura fallu à papa Barbie pour foutre toutes tes belles paroles en l'air. en 11 mots, il t'a montré qu't'en avais pas encore assez dans l'froc pour monter sur l'bateau. Il t'a dit qu'c'était pas avec deux péquenauds sachant à peine tenir debout qu't'allais montrer c'que tu vaux. Si tu veux vraiment t'faire passer pour un solide, va falloir monter la mise. Et par dix. En fin d'compte, il a juste additionner deux mots qu'faut jamais regrouper. Berrys. Déjà qu'rien qu'avec celui là, on a un paquet d'entourloupes qui nous tombent dessus dès qu'ça a sifflé entre deux oreilles ... Alors si l'on installe devant "Cent milles" ... Fallait bien s'attendre à une réaction comme ça. D'la bave qui dégouline, des sourires à faire pâlir Mr Jackson, des épées et des haches qui sortent d'on n'sait où. Cette histoire s'annonce bien drôle. Même le barman a sorti sa batte de baseball, c'est dire. Avant d'commencer tu veux quand même sortir une phrase qui tue Pour bien faire comprendre qu'z'ont aucune chance ces lurons.

          _Ecoutez les g.... BOUARF !!

          L'premier coup est tombé. C't'enflure de barman t'a pas laissé finir qu'il t'frappe déjà dans l'dos. Mais tu l'aimais bien c'barman! Sa gnaule était pas dégueu pour un sous, et il t'avait compris quand tu voulais une troisième bouteille... Le fait est qu't'as pas l'choix alors t'es obligé d'esquiver l'coup suivant et d'lui retourner l'une de ses bouteilles sur le crane. Retour à l'envoyeur qu'tu dis. Bonjour doux pays des rêves qu'il pense. Ta demi-seconde de répits t'fait apercevoir une jolie p'tite douleur dans l'dos. C'te luron n'est pas allé d'main morte avec sa batte. D'ailleurs tu la récupères celle là et tu fonces dans l'tas .

          Tu t'es souvent retrouvé dans c'genre de situation, et t'as jamais bien su comment, mais à chaque fois tu t'en sortais. Comme d'habitude tu t'mets à cogner sans trop réfléchir, le cerveau en standby, c'est les muscles qui parlent pour toi. T'enchaines coups de tête avec pliage de rotules à tout va. Tu t'prends une dizaine de poings dans la trogne mais tu t'en rends plus trop compte. La douleur arrivera à la fin du combat.


          Au bout d'un moment tu t'rends compte que t'as lâché la batte. C'doit être que tu reprends tes esprits. Tu n'sais pas trop depuis combien d'temps, mais tes poings ont quand même eu l'occasion d'tâter d'la matière à leur couleur rougie. Tes articulations t'font un mal de chien, et ton front saigne à n'plus s'arrêter. L'un des gars en face a réussit à t'effleurer avec son épée. Heureus'ment qu'il sait pas c'qu'affiler une lame veut dire. Tu s'rais sûrement mort autrement. Il en reste plus qu'cinq, une vingtaine de cadavres jonche le sol, certains auront c'qu'on appelle des séquelles, apparemment t'as eu un truc tranchant entre les mains à un moment. Enfin t'en es pas trop sûre, mais tu n'crois pas avoir pu leur tailler une jambe juste à la force des mains. Les cinq gars en face de toi sont aussi bien amochés, bien qu'ils tiennent encore debout, mais z'ont l'air d'avoir laissé tomber l'affaire. Alors tu t'affales sur une chaise, dos au bar. Trempé de sueur, essoufflé comme jamais, tu réussis à trouver l'courage de tendre ta main. Une bouteille à moitié pleine se fait avaler par tes doigts avant qu'son liquide ne rende l'âme, emprisonné dans ton gosier. Tu t'retournes vers papa barbie, essayant d'transformer ta grimace de douleur en sourire.


          _J'ai même pas l'droit ... Kof kof ... à des applaudissements... Kof kof kof ...?
            Ha ha ha, les vieux des shonen sont décidément bien marrants. Sergueï s'est démené comme un fou pour ne pas me faire aller au larfeuille, puis un peu aussi pour faire ses preuves je pense. En tout cas les bons comtes font les bons habits, sa démo de fracasseur de groins m'a bien plu et j'ai pu bouffer tout ce que le barman ne surveillait plus. Et comme ce guignol a voulu me prendre aussi mon fric, l'est allongé avec les autres lascars sans que j’aie besoin de subterfustiger pour bouffer à l'oeil. Bonne journée quoi, enfin pour nous deux. me doute bien que pour ces braves révos tabassés sans raison d'Etat, le bilan sera plus amer. On fait pas d'homme laid sans causer aux vieux, comme on dit.

            A propos de vioc, puis de laid aussi, je réponds au mien en lui faisant toupiller un sauciflard sur le comptoir, un peu comme les cowboys font rouler leur colt avec le regard qui dit "c'est ma contribution à ton duel, fais-le pour Johnny". Pour sûr que ce genre de denrée conforte, lui ai filé du bon.

            Je me décolle le cul du bar et inspecte un peu les décombres. Je cherche un mec avec une fracture ouverte, ou en tout cas du sang qui jute. Y a bien des fractures, puis des sales, mais le contondant de la batte n'a pas trop permis aux bouts d'os de voir ce qu'il y avait au-delà des tissus. Les arcades pétées ont déjà coagulé, pas de quoi avoir de la réserve. C'est là que je tombe sur l'un des premiers connards allongés, celui au surineur. Je lui pique son joujou et la peau du flanc avec. Enfin du sang frais, c'est bon ça. J'y mets l'index et me tartine l'empreinte. sitôt fait, je retourne au comptoir, seul endroit pas trop crade des alentours si tu te souviens, et j'y fais un joli rond avec des cornes, paraphe de la Légion. Signer la carnage présent, c'est accepter Sergueï. Ca veut dire que j'approuve son travail et qu'il mérite d'être estampillé produit artisanal. Une fois fait, m'essuie le doigt sur une chemise d'un des vaincus, prends quelques bouteilles histoire que le vieux ne se dessèche pas durant le trajet et l'invite à me suivre. Sur le trajet du non-retour, je discute enfin sans me foutre de sa gueule. Il a gagné mon respect.

            T'as de la famille ou des amis à prévenir que t'as un nouveau taff ? Parce qu'on filera bientôt sur grandline et là sera pas temps de guetter les mouettes pour y coller tes timbres.



            HRP: Si tu veux conclure tu peux, je pense qu'on en a terminé avec cet endroit.
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            T’as quand même bien fait le ménage dans ce bar. D’accord, la moitié des gars étalés avaient la force d’un paraplégique, mais quand même tu mérites une récompense, non ? Un demi-million de berrys et on dira que ce n’est pas du vol. Un sauciflard et tu t’diras en vie. Tu croques le bout de viande à pleine dent et t’y contentes. L’est un peu radin l’tonton Barbie, mais tu fais avec. Simplement faudrait bien dix fois ça pour te caler. Y’a rien d’pire qu’un combat pour te tordre le bide, à part p’t’être les cigarettes magiques, mais t’as passé l’âge. T’as arrêté de genre d’ânerie à la fin d’ta puberté et tu comptes pas recommencer.

            Revenons aux moutons, et plus précisément à la viande de cet animal qui doit sûrement trainer dans le frigo. Parce que oui, le gars servant de patron étant allongé par terre, ce serait bête de ne pas en profiter. Essayant de chopper à bout de bras le peu de force qu’il te reste dans les mains, tu sautes par-dessus le comptoir pour ouvrir le frigo qui se trouve derrière. Une pelletée de bouts de viandes aussi alléchant les uns que les autres se trouve devant toi.

            […] Rectification, se trouvait devant toi. En une demi-seconde, un demi-kilo de mangeable s’est trouvé ingurgité entre tes dents. En jetant un coup d’œil derrière, tu vois tonton Barbie en trin d’farfouiller dans les cadavres. L’respect ça existe, faudrait p’t’être lui dire. T’arrives pas à croire que ce gars –que t’aimais bien- se trouve à faire les poches des macchabés. Ce genre de chose, ça fait vraiment partie des trucs que tu supportes pas, alors t'espères te tromper et préfères changer tes idées en débouchant une nouvelle bouteille. « Dix ans d’âge » que c’est marqué, et l’étiquette semble bien vieille. Ca sent l’bon vin.

            Tonton Barbie semble enfin avoir fini son travail avec les rampants. En fin d’compte, il s’est juste peinturluré le doigt, et s’amuse maint’nant à faire un joli dessin sur ce qui vous sert de table. L’aurait pu te demander un stylo, ç’aurait été tout aussi simple, mais il a décidé de se la jouer. Avec un crayon, ç’aurait pas fait hard corps killer, et dans c’genre de situation, c’est le style le plus important. Tu comprends pas très bien la signification, mais c’doit être un genre de pacte de la mort qui tue qui dit que t’es accepté.
            Sur ces beaux gestes, vous sortez du trou à rat, et Mister Pink te demande si t’as de la famille à prévenir. L’est drôle ce gars.


            « Désolé Tonton Barbie, mon chat est partit en vacance, y’a personne à prévenir. »

            Tu rigoles de ta propre blague à trois berrys six sous et continues à marcher avec lui. Tu sens qu’vous allez bien vous marrer.