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Le Loup et le Fauve. FB 1620.

Rappel du premier message :

Nuit noire. Ruelle obscure. Une gueule en sang et en larmes, à genoux devant moi. Un type anonyme, inutile depuis le jour de sa naissance; a gaspillé sa vie à trainer avec des bouseux qui valent pas mieux que lui; une femme, deux gosses; un garçon une fille ptetre bien. Pas un vrai truand mais pas par probité; juste qu'il a jamais eu les couilles d'en être un. Alors il végète, gère ses ptites combines troubles, prêt à survivre comme ça les créances aux basques jusqu'à ce que la mort l'emporte. C'était jusqu'à ce soir. Ça va changer.

Il m'a rencontré, ce soir. Je lui ai fait mal, suffisamment pour le ramener dans le droit chemin. J'suis pas là pour déconner, il l'a vite compris. L'a au moins de l'instinct. Il crache ce qu'il sait sans rechigner. J'ai mon info. Un bar, la Mort Subite. Jlui dis de rentrer chez lui et de lâcher ses business foireux, il promet, va pour dégager en me remerciant mais s'arrête à mi-ruelle, intrigué.


Vous...vous me croyez sur parole ? Et si vous vous trompiez ?

On se reverrait. J'te le souhaite pas.

Il hoche la tête rapidement. Jl'entends d'ici ravaler sa salive. L'a pris conscience du truc. Ou jlui colle juste la frousse. M'en fous, le résultat est le même. Dix secondes plus tard il disparait de ma vue. Ressort de ma vie. Adieu. Moi, je remonte ma piste.

Celle de paris troubles, d'argent sale et de bookmakers trop gourmands pour ne pas faire de vagues. L'organisation est chapeautée par une hydre à trois têtes. Il faudra les trancher toutes, une à une. Ptetre bien que les cramer définitivement est impossible, mais ceux qui ramasseront pour les autres l'emporteront pas au paradis. Ni en enfer. Et j'reviendrai arracher à nouveau la mauvaise herbe quand la prochaine récolte aura éclos.

Les trois têtes, qui sont elles ?

Al Capuccino, le businessman. Réputé, pas tant pour ses activités de mafieux que la réussite de ses entreprises de Café. Jamais su pourquoi. Le mec a posé ses valoches pleines de lingots ici, à Tequila Wolf. L'a pas eu le nez creux, diraient bon nombre de lascars; difficile d'établir ses magouilles dans un coin où ça pullule de gouvernementeux, mais ça lui f'sait pas peur. Au contraire. Suffisait d'avoir les bons contacts. Comme Harry, dit l'Inspecteur. Le genre à faire son boulot sobrement en apparence. Mais le bonhomme encaisse en vérité un chèque mensuel pas dégueulasse pour laisser se développer le trafic du grand Al' sans embrouille. Hé ouais, sa villa de luxe, il se l'est pas payée avec un salaire de fonctionnaire minable. Harry voit pas avec le vieux boss directement pour les émoluments, non. Lui se salit jamais les mains et sait demeurer au vu du Monde honorable enflure en costard. Il se parfumerait à l'eau bénite s'il avait pas peur de s'y brûler. En revanche, Joe Pescito a pas de problème de cet ordre. Joe est un jeune carnassier. Il a les dents longues, alors quand le grand sachem lui refile un morceau de barbac bien saignante, il se fait plaisir avec. Sur place, il a tissé la toile, étendu les ramifications, fait copain-copain avec qui il fallait, et rayé de la carte les mécontents du milieu. Faire place nette ça lui connait. Et ça lui plait.

Maintenant, l'économie du coin toute entière est à sa botte. On lui emprunte ? On le rembourse, grassement, et on donne plus s'il demande. Les commerces ? C'est lui. Les paris ? Lui aussi. Tout ce qui ne passe pas par le Gouvernement Mondial passe par lui.

Mais ça va changer. Il est l'astre tout-puissant dans le royaume de l'ombre. Je serai son éclipse. Quand je le tiendrai entre mes poignes, le grand Joe aura l'air d'une malheureuse ampoule en fin de vie. Il a brillé bien trop longtemps, bien au delà de son espérance. Trinita va lui offrir un retour à la réalité brutal. Pas ce soir, non. Ce soir, c'est juste un grésillement. Mais demain, les plombs sauteront. Et Joe avec.

En attendant, procéder sans hâte. Péter les fondations. Frapper là où ça fait mal. Et je sais où ça fait mal. Alors je m'y rends. Pour commencer, au bar dont mon précédent indic' m'a craché le nom contre une mâchoire à peu près intacte. La Mort Subite. Une antre miteuse du faux bidonville de Tequila. Ça y pue la canaille, l'arnaque. Lumières tamisées, ambiance de tripot. Il est tard, l'affluence est plus très importante. J'dénote pas trop dans l'décor; personne fait trop gaffe à moi. C'est ici que doit commencer le travail de sape. Par les Bookmakers. Les mettre hors course, c'est neutraliser ce marché frauduleux pour un temps.

À bien y regarder, la foule s'amasse autour de deux tables en particulier. Je suis le mouvement général. Y'a à là un mec, qui trône dans l'arrière salle. Si on lit les signaux qu'envoie chacun, c'est le mâle dominant, on le respecte. Le genre gaillard trop célèbre pour être bucheron. Les troncs qu'il coupe sont du genre humain. Regard de braise, crinière de fauve. Un fighter connu, jme laisse dire. Pas du coin, pas là pour affaire. À moins que. Intéressant.

Mais j'vais lui voler la vedette sous peu. Non loin de l'attraction principale se trouve l'autre table autour de laquelle les mouches s'agitent. Celle d'un mec chétif qui paye pas de mine. Il cache derrière des lunettes trop grandes des yeux trop petits. Une fouine. Une main tendue vers les clients qui y déposent des liasses. Un rapide mouvement plus tard, elles disparaissent bien vite dans une caisse que l'autre main protège tout en griffonnant sur un bout de papier quelques notes.

Je l'aborde, sans détour.


C'est toi Isaac le Juif ?

L'homme raffermit sa prise sur sa mallette. Les deux gorilles qui l'accompagnent sortent les pecs et les crocs. Ça veut dire oui pour moi. Pas besoin d'en attendre plus. Ma paluche empoigne l'arrière du crâne presque chauve du pauvre homme et le fracasse contre sa table. Violemment. Une fois. Deux fois. Suffisant. Isaac s'écroule de son siège, gueule en sang. Un intermédiaire en moins, un fil de la toile qui s'étiole.

Ceux qui cherchent pas d'emmerdes, dehors.

Y'avait treize clients. En trente secondes, l'en reste plus que quatre. Deux gorilles prêts à bondir, écume aux lèvres, une loque, et toujours à sa table, le fighter. On y voit plus net.


Dernière édition par Trinita le Mar 18 Oct 2011 - 8:21, édité 1 fois
    La nuit. Totale. Elle a élu résidence dans la pièce. Je m'y sens chez moi. Dans mon repaire.

    My World.


    Un œil trop souvent clos luit dans le noir, libéré de son entrave. Je vois. Je ressens. Tout est limpide. Chaque particule d'ombre, chaque ligne. Les débris de verre pleuvent au sol, accompagnés à intervalle régulier par un bruit mat, lourd. Un corps s'effondre, une vie s'éteint. L'un tente de forcer la porte, l'autre les volets. Mais il n'y a aucun échappatoire. Des flashs de lumière jaillissent; les armes à feu crachent leur venin. Inutile. Ils n'ont aucune chance. Les nids de serpent, c'est mon plat favori. Eux crient, frappent, meurent, désordonnés. Je danse dans l'obscurité. Virevolte, virtuose dans cet univers qui se fait mien.


    Leurs rangs dégrossissent inlassablement. Jusqu'à ne plus être que deux. Le Maître et l'Élève. L'actuelle et la future génération. Bad Luck. Je viens arracher la mauvaise herbe. Attaquer le mal à la racine. Vieux chêne et jeune pousse auront tout le loisir de partager la même cellule en prison. J'empoigne au col Pescito et le traine jusqu'aux côtés de son mentor. Je fixe le businessman. Il devine mes traits dans l'ombre, je lis les siens plus aisément que jamais. Sa surprise, sa colère, sa peur. Sa peur.

    Je l'ai brisé, son assurance a volé en éclats. Ma voix d'outre-tombe renforce ce sentiment. Une poigne de fer se noue autour de sa gorge, je lui propose mon marché.

    Dans ce bureau se cachent les preuves de vos actions frauduleuses. Donnez les moi et affrontez la Justice ou sombrez dans la folie. Que choisissez-vous ?

    Sa respiration se fait saccadée.

    Peut-être pouvons nous... trouver un arrangement...

    Décevant. Je resserre l'étreinte.

    Vous pensez ?

    Il s'approche de mon visage, chuchote.

    Dans ce tiroir...se trouvent des dossiers qui permettront d'écrouer Joe...

    J'ai déjà écumé ses bureaux. J'en sais suffisamment pour faire tomber votre laquais.

    J'ai répondu à voix haute. Pescito comprend. Sa voix perce la nuit. La fratrie se divise, je les tiens. Dans quelques minutes, ils vendront les actions criminelles de l'autre dans les moindres détails. Dans quelques minutes...

    Brrr...

    Un bruit, lourd. La porte éventrée s'ouvre en grand, la lumière s'infiltre dans la pièce. La douleur me tiraille.

    Trinita, on bouge, sa grouille d’oiseaux affamés

    C'est Judas. Avec une mauvaise nouvelle. La donne est chamboulée. Si près du but ultime. Tant Al' que Pescito recouvrent de leur aplomb; se muent dans le silence. Si je reste, j'aurai à me justifier de tout ce carnage. Si l'on tente un passage en force, je ne suis pas en état. Destructrice lumière. Il faut partir, il a raison. Ça m'en coûte de l'admettre. J'arrache un volet, nous offre une issue de sortie. Déjà dans le hall, des bruits de pas. On vient. Judas enjambe la lucarne, je replace mon cache-œil. Une voix de nouveau fière, victorieuse nous nargue.

    Vous ne pourrez pas fuir bien loin !

    Fuir ? Le mot sonne comme une injure. C'en est une. Mon poil se hérisse. Mes muscles se crispent. Je sonde le regard de mon acolyte. Moment charnière. Tout se joue là. Sur cette seconde. Tic. Tac. Décision prise.

    Va, je te rejoins plus tard.

    On a fait une belle équipe. Ce fut une belle chasse. Elle mérite une belle fin. Une fin dans le sang et la terreur. Je pivote et me retourne vers Al Capuccino. Arrache mon cache-œil d'une main, attrape l'homme au col de l'autre. Sa peur refait surface. Il tremble, il implore. Il vient de comprendre. Trop tard. Je plonge mes yeux dans les siens. Si facile de le faire craquer. Si facile de le faire sombrer.

    It's soo eeeasy !!!

    Un cri d'épouvante envahit la pièce. Son âme se brise. Fini son arrogance. Fini son empire. Un détachement de marines entre en hâte. L'incompréhension et la méfiance sont de mise. Un homme à genoux hurlant de douleur, un autre tentant de fuir par la fenêtre, un dernier au milieu, triomphant. On cible bien vite le danger. On me maîtrise, me menotte. Rien à foutre. On m'emmène au loin, tandis que résonnent toujours les hurlements de Al Cappuccino. Bien. J'ai fini mon boulot ici. Dans ma veste, on trouvera les évidences qui serviront à charger Pescito. Il n'a pas arrangé son cas en tentant de fuir. Mon crâne semble prêt à exploser, la lumière tiraille mon être entier. C'est le prix à payer. Je l'accepte. On a fait place nette, le reste, c'est entre les mains de la justice. Et on lui a déjà bien mâché le boulot.


      La lumière déchire les ténèbres et j’pénètre l'antre de Trinita. Le sang embaume la pièce et m’entoure ; Il reste plus rien de la clique des deux zouaves, envolés les gros bras et les armes. Reste plus que le poids d’leurs exactions et le lourd tribut que compte faire payer Trinita. Et l’connaissant il leur laissera pas un copeck. Nada. On négocie pas avec des gens comme nous : On s’assoit, on dit oui monsieur et on s’fait une raison.
      J’sens le loup qui détale dans une zone d’ombre tandis que l’éclairage assaille la pièce par l’encadrement d’la porte que je quitte. Une sorte d’instinct naturel ? P’têtre qu’elle a mauvaise influence sur lui… J’sais pas trop mais on a pas intérêt à faire long feu dans l’coin, derrière moi c’est une fourmilière qui nous poursuit. Les renforts sont enfin arrivés et les mouettes se sentent pousser des ailes.

      L’plan de sortie c’est un peu comme le plan d’entrée. Trinita déglingue un volet et m’laisse passer, tandis que j’quitte pas nos deux proies des yeux. Ils ont de la chance. Mais plus pour très longtemps ; On reviendra. Tant que ces deux là mangeront pas les pissenlits par la racine mon gosse pourra pas s’mettre au vert. Dernier regard qui pèse lourd de sens et de revanche. J’enjambe la balustrade quand j’entends un truc qui m’froisse les tympans :

      - Vous ne pourrez pas fuir bien loin !

      Stop. Arrêt sur image. C’est moi ou il nous menace ? Je sens le loup qui sort les crocs. Sa tension est palpable et se heurte à mon envie de meurtre. Je serre le poing qui craque de mauvaise augure. Trinita tourne la tête alors que je le regarde, et j’sens dans ses yeux la détermination sans faille de celui qui veut finir le boulot. Le miens est pas terminé non plus et demande que j’parte, et vite.
      J’sens les rouages qui claquent sous la chevelure sombre de mon acolyte. D’un coup sa phrase sonne comme un glas pour Al et son toutou. J’acquiesce doucement et lui claque l’épaule tandis qu’il se retourne.
      Vasy Trinita, montre leur ce que ça en coute de s’attaquer à des gars comme toi : Menace en l’air ou fanfaronnade ça change rien, il aurait pas du titiller le loup et le fauve. J’te laisse le poing de la fin pour cette fois. J’compte bien prendre le prochain.

      - t’fais pas prendre, on laisse pas des gars comme toi pourrir en prison, ce serait du gâchis.

      Je me laisse glisser le long de la fenêtre jusqu’au talus. J’me fonds presque dans l’environnement pendant que la vague bleu marine frappe la baraque. Derrière moi j’entends un cri. Et je souris. Maintenant je dois retrouver mon gamin. Logiquement il doit bosser dans un des établissements d’Al pour rembourser sa dette. Je m’en vais faire courir l’vent de panique jusque sous ses portes. Un marine tente de m’arrêter pistolet en main mais c’est mon poing qui le fauche. J’enjambe le mur d’un bon et file par derrière.
      J’prends deux trois ruelles sans nom sous un soleil de plomb, la journée est bien avancée mais la chaleur tord l’air devant moi. J’zig-zag entre les gens qui oublient de m’éviter et m’retrouve devant un des bar à paris estampillés Capuccino. Depuis une fenêtre le gamin est visible au bar, entrain de nettoyer la vaisselle. J’entre. Et tu connais la suite, c’est toujours la même chanson. Un refrain entêtant et destructeur qui envahit l’espace.

      Trinita s’en est peut-être sorti. Avec un peu d’chance la marine à chercher les cadavres avant les vivant et il a pu filer par le bois.
      De toute façon je m’inquiète pas trop. On vend pas la peau du loup. C’est lui qui vous la fait.


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