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Masquarade [PV Waka]

    « Putain Waka, t’es censée me coiffer, pas m’arracher les cheveux ! »

    Dans une chambre d’hôtel de Las Camp, cela faisaient maintenant un moment que plaintes et jérémiades retentissaient.

    « Si tu t’occupais un peu plus de tes cheveux, j’aurai moins de problème à te coiffer ! »

    Oui, en cet après-midi, c’était atelier coiffure chez les SM. Et comme on pouvait le constater, ce n’était pas une mince affaire pour Wakajini que de dompter la tignasse de Louise. On ne pouvait pas dire que la blonde avait pour habitude de faire grand cas de ses cheveux, contrairement à sa partenaire qui en prenait soin presque religieusement.

    « Aïe, putain, arrête de tirer ! On n’est pas au lit ! Aïe ! T’as bientôt fini, oui ? »

    La seule réponse qui parvint à Louise fut une épingle à cheveux qui s’enfonça un peu trop brutalement dans son crâne. Putain, si elle tenait l’imbécile qui avait un jour osé déclarer qu’il fallait souffrir pour être belle…


    ***

    Masquarade [PV Waka] Bouteillesd

    ***

    Dans un bar sordide, quelques heures plus tôt…

    « Comment veux-tu qu'on fasse ? À deux, on ne pourra jamais porter un coup si dur au gouvernement ! »
    « Et je t'explique quoi depuis une heure ? »
    « Il nous faudrait de l'aide pour y arriver ! On n'est pas la Révolution je te rappelle ! »

    Les deux jeunes femmes, attablées, discutaient avec véhémence et une discrétion toute relative. Visiblement, elles étaient très occupées à comploter dans leur coin quelque projet contre le gouvernement. Projet qui paraissait pourtant bien difficile à mettre en place, si bien qu’elles ne pouvaient s’empêcher de hausser le ton régulièrement et de se crêper le chignon sur la marche à suivre. Niveau terroristes, on aura fait plus efficace, c’est certain. Mais ça, les deux chasseuses de prime s’en moquaient bien. Alors qu’elles allaient à nouveau reprendre leur discussion à coups d’arguments inefficaces, une haute silhouette se dressa devant leur table.

    « Pardonnez-moi, mesdemoiselles, mais cela fait un moment maintenant que mon attention est tournée vers vous. »

    Les jeunes femmes échangèrent un regard et un imperceptible sourire avant de se tourner, mine prétendument inquiète, vers leur interlocuteur. Grand et bien bâti, son regard d’acier et son maintien inspiraient la confiance. Malgré ses longs cheveux blancs retenus en catogan, il ne semblait pas tellement âgé et la manière qu’il avait de s’exprimer attestait d’une certaine noblesse. Curieux personnage qui conforta les SM dans l’idée qu’elles étaient sur la bonne voie.

    « N’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal et je ne répéterais pas un mot de ce que j’ai entendu. Mais je crains que vous ne soyez en mesure de réaliser votre… projet. »

    Le visage impénétrable, elles le laissèrent continuer. Se méprenant sur leur silence, l’homme eut un sourire rassurant et poursuivit en sortant deux cartons de la poche intérieure de son manteau.

    « Voici deux cartons d’invitation pour un bal privé. Il aura lieu ce soir dans ma demeure et je crois que vous y trouverez le soutien que vous recherchez. Bien sûr, je compte sur votre discrétion. »

    « Evidemment. »

    L’unique mot prononcé par Louise scella l’accord et avec un clin d’œil, l’homme les laissa seules et quitta le bar. Les deux femmes échangèrent un large sourire : l’infiltration chez les révolutionnaires pouvait commencer.

    ***

    Masquarade [PV Waka] Wakaetlouise

    ***

    « J’ai terminé. »
    « Je sens plus mes cheveux mais le résultat est pas mal… »

    Derrière le ‘pas mal’ se devinait plutôt un ‘carrément miraculeux vu mes cheveux’, mais ça, la blonde était un peu trop fière pour l’avouer. Waka venait de prouver qu’il n’y avait pas que les fouets qu’elle savait manier avec brio. L’idée tira un sourire à Louise alors qu’elle s’affairait à se maquiller, laissant sa compagne se débrouiller seule avec sa propre tignasse. Heureusement pour la blonde, elle maitrisait bien mieux les produits cosmétiques que les brosses à cheveux. Aussi ne lui fallut-il que quelques minutes pour rehausser l’intensité de ses yeux vairons ainsi que parer ses lèvres d’un rouge soutenu et provocateur. Satisfaite, elle mit en place la jarretière qui lui permettrait de conserver sa dague à portée et attacha son masque. Ce dernier ne consistait qu’en un simple bandeau de tissu noir, mais il n’entachait en rien l’élégance de la tenue de Louise. Elle n’avait plus qu’à attendre Waka et les festivités débuteraient.

    ***

    Masquarade [PV Waka] Masque

    ***

    Une vague de murmure parcourut la salle lorsque les jeunes femmes entrèrent. Dans leurs robes élégantes – qui leur avaient coûtées une fortune –, elles semblaient presque sorties d’un conte. L’une écarlate et éclatante, l’autre sombre et envoûtante, elles attirèrent les regards pendant de longues minutes après leur arrivée. Inconnues de la société mondaine de Las Camp, Wakajini et Louise faisaient office de curiosité dans la somptueuse salle de bal. Ce soir, la discrétion n’était plus de mise. Elles étaient là pour entrer en contact avec les révolutionnaires, elles s’assureraient qu’ils viendraient à elles.

    « Bonsoir mesdemoiselles. »

    D’un même mouvement, les chasseuses de prime se retournèrent pour tomber sur leur mystérieux hôte. Vêtu d’un costume noir et de grande qualité, il avait une toute autre allure que plus tôt dans la journée. Son masque simple dissimulait à peine son visage mais ne diminuait en rien son charme naturel. Il était vraiment bel homme pour un révolutionnaire. Dommage que son camp le rende si répugnant.

    « Bonsoir. »
    « Votre entrée a fait sensation. Je ne m’attendais guère à vous trouver dans de tels atours, mais j’en suis le premier ravi. Laissez-moi le privilège de vous présenter à mes amis ici présents, je ne doute pas un instant que votre présence parmi nous les comblera de joie. »
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    Tous ces aristocrates gonflés d'orgueil et ces grandes dames gorgées de diamants... Tant de vanité pour un simple bal mondain. Costumes en lin et robes en satin, de biens beaux atours qui crient : « Arrêtez-vous à mes vêtements, n'allez pas plus loin ! ».
    Au delà, il n'y a rien.

    Les discussions se font toutes plus futiles les unes que les autres. On déplore l'insécurité et la chute des prix, on glose sur les frasques libertines des uns, on négocie quelques contrats avec les autres. En parlant de libertinages, ne serait-ce pas la femme du maire au bras de cet adonis ? … le fils d'un propriétaire d'hôtels semble-t-il. Son visage est complètement masqué, mais le grain de beauté dans son cou la trahit. Pour quelqu'un qui ne doit pas se faire remarquer, elle a mal choisi son partenaire. Enfin, elle est venue, c'est déjà ça.

    Les invités continuent d'affluer, certains en toute discrétion, d'autres en attirant tous les regards. Ces deux là, par exemple. La blonde en noir, ses yeux vairons intriguent beaucoup. Ses bas résilles aussi. Elle pense sans doute qu'elle attire les gens, qu'ils l'admirent. A-t-elle conscience qu'elle n'est rien d'autre qu'une curiosité ? Les invités sont trop habitués à la conformité. On vient de lâcher une panthère parmi les loups, et ceux-ci attendent de connaître l'intruse avant de lui régler son compte. À moins qu'un aigle ne passe par là et ne l'arrache au traquenard.

    Un aigle qui ne se fait pas attendre.

    « Bonsoir mesdemoiselles. »

    Shirohashi tombe du ciel. Il masque involontairement son invitée écarlate au regard d'un discret observateur. Quelques flatteries, et le trio se déplace vers la femme du maire et son cavalier. Comme d'autres dans la salle. Nouvelles recrues ou pigeonnes ? La blonde est trop éveillée, trop attentive pour se laisser berner. L'autre... l'autre, il faut attendre. Attendre et ne pas les laisser s'évanouir dans la foule.

    « Madame Hiyori, même masquée, votre beauté vous trahit. Vous êtes ravissante. » Un gloussement répond à l'hypocrisie de l'hôte qui poursuit. « Laissez-moi vous présenter mes invitées. Voici... »

    Quel manque de civilité. Inviter deux somptueuses créatures sans s'enquérir de leur nom.

    « Akane. Je me nomme Akane. Et voici Ushio. »

    La susnommée a une expression bizarre. Avec un nom aussi difficile à porter, ce n'est guère surprenant, mais tout de même... Elle a l'air presque surprise, et Akane évite soigneusement son regard.

    ...
    Akane ?

    « Il semblerait que nous ayons des objectifs communs avec ces deux demoiselles. Et votre aide serait la bienvenue, Madame Hiyori. Je sais que vous désiriez contacter la Légion pour qu'on vous envoie du personnel, mais puisque mesdemoiselles Akane et Ushio sont là, peut-être pourrions-nous prévenir Ikaku qu'il n'a plus besoin de nous mettre en contact avec le... Roi »

    La prétendument nommée Akane hausse un sourcil, perplexe. Ce tic qui ne l'a pas quittée depuis toutes ses années. Puisqu'il est mentionné, l'observateur s'avance et rejoint le petit comité. Malgré le masque blanc qui lui couvre le visage, Shirohashi le reconnaît immédiatement. Bien entendu, il ne l'a jamais vu qu'avec ce masque. Il n'a pas l'air rassuré de voir que son supérieur hiérarchique a des oreilles partout.

    « Ta discrétion me laisse pantois, cher Shirohashi. Le jouvenceau a l'air terrorisé. Alors petit, on s'attendait à une ballade de santé ? Minos t'effraye ? Tu as bien tort, je suis plus dangereux que lui. Retourne donc téter ta mère, va. La révolution, c'est une histoire de grands. »
    « On va vous entendre, Monsieur... »
    « Qui va m'entendre ? Enfin, tu sous-estimes le narcissisme de nos invités Shiro. » Le masque se tourne de nouveau vers le cadet du groupe, et la voix douce jusque là se durcit. « Je t'ai dit de partir, petit. Ne me force pas à me répéter. »

    Il n'a pas l'air bien dans ses bottes, l'adonis. Il veut défier Ikaku ? Osera, osera pas ? Il n'y a même pas de suspens. L'homme masqué se détourne déjà pour évaluer Akane. Elle est bien pensive. Aurait-elle reconnue la voix du nouvel arrivant ? Sans doute pas, sinon elle serait déjà en pleine crise de colère ou de larmes. Mais elle y réfléchit avec suffisamment d'intensité pour ne pas voir le cavalier de Madame Hiyori quitter le petit groupe.

    Elle n'entend pas non plus le début d'explications que leur fournit la femme du maire, encore moins l'orchestre qui commence à jouer pour les invités. Elle qui d'ordinaire saute sur la moindre mélodie pour danser.




Shirohashi
Spoiler:
      Qu’ils étaient pathétiques tous ces aristocrates. Derrière leurs masques, ils étaient persuadés de dominer la société, de dominer ces deux jeunes arrivistes en robe d’occasion. Convaincus que leur richesse leur offrait la supériorité absolue, ils toisaient Wakajini et Louise. Les femmes, cachées par de somptueux éventails échangeaient des messes basses tandis que les hommes, sous le couvert de l’alcool, se permettaient une moindre retenue. Y avait-il réellement des révolutionnaires dans cette maison ? Louise commençait sérieusement à en douter lorsque leur hôte se présenta à elles. Sous le pseudonyme de Shirohashi, il se prit au jeu des mondanités avec les deux jeunes femmes et leur présenta ses Illustres invités.

      « Ridicule. »

      Le murmure de la blonde se perdit dans un éclat de rire proche et elle suivit docilement Shirohashi. Ce dernier entrait parfaitement dans le rôle de l’hôte charmant et charmeur. Un compliment savamment placé lui permit de faire rentrer ses deux invitées dans les bonnes grâces de la femme du maire, une certaine madame Hiyori. Le nom n’avait sans doute d’égal que la vanité de sa propriétaire. Louise eut un sourire goguenard en l’entendant minauder à côté de son adonis. Sourire qui s’estompa bien vite au profit d’un regard noir pour Waka lorsqu’elle la fit connaitre sous le nom d’Ushio. Espèce de garce… Et en plus, elle savait ce qu’elle faisait vue la manière dont elle évitait le regard de la blonde. Ca, c’était un coup bas qui se paierait plus tard, aucun doute. M’enfin, ce n’était pas le moment pour les enfantillages ; la conversation devenait enfin intéressante.

      Les mots Légion, Ikaku et Roi attirèrent particulièrement Louise. Elle se doutait bien que chacun avait rapport avec d’importantes informations sur la Révolution, mais elle était encore loin de tout comprendre. Qu’était la Légion ? Une véritable armée ou le surnom d’un groupuscule minoritaire ? Etait-elle en rapport avec son frère, avec cet assassin qu’elle avait rencontré quelques semaines plus tôt ? Et ce Roi ? Le terme n’était pas sans lui évoquer les échecs, mais elle doutait qu’il y ait le moindre rapport. Toutefois, elle se ferait grand plaisir de le renverser ce mystérieux souverain. Elle ne se faisait pas appeler la Reine pour rien. Le mystère concernant Ikaku se révéla quant à lui bien vite. En effet, à peine Shirohashi avait-il terminé qu’un troisième homme s’approcha du groupe. Intégralement masqué, il n’en dégageait pas moins une prestance sans mesure. Son assurance et son ton cassant envers le cavalier de madame Hiyoshi indiquèrent à Louise qu’il n’était pas n’importe qui dans la hiérarchie présente. Egal ou supérieur à Shirohashi, elle ne le savait pas encore. Toujours est-il que si le ridicule adonis bomba le torse pour la forme face à Ikaku, il ne fit pas le fier longtemps et quitta le groupe après avoir glissé quelques mots à l’oreille de la femme du maire.

      « Quelle autorité. »

      Contrairement au pauvre garçon, Louise n’avait pas peur de cet homme au masque blanc. Bien au contraire, il l’intriguait et elle était bien curieuse de voir ce qui se cachait sous ce déguisement. Elle profita de la musique qui commençait pour reprendre la main dans la conversation.

      « Je dois avouer que vos propos m’intéressent. Que diriez-vous d’une danse pour en parler à l’abri des oreilles indiscrètes ? »

      Louise sentit plus qu’elle ne vit le sourire d’Ikaku lorsqu’il accepta. Avec une grâce et un raffinement qui ne lui étaient pas habituels, la jeune femme posa sa paume dans la main tendue de son cavalier et s’éloigna de sa compagne sans lui accorder un regard. Trop intriguée par les propos tenus par les deux révolutionnaires, la blonde n’avait pas perçu le trouble de sa compagne et supposait qu’elle se chargerait de récupérer d’autres informations auprès de Shirohashi.

      Lorsqu’il s’engagea sur la piste de danse, le couple formé par Ikaku et Louise généra une nouvelle vague de murmures. Les rumeurs ne tarderaient pas à se répandre. Le costume simple et élégant de l’homme s’accordait étonnamment bien avec la tenue sombre et provocatrice de sa partenaire. Le pourpre se mariait au noir de la robe et le noir au teint clair de la blonde. Si les jambes grandement découvertes de Louise avaient attiré des regards surpris ou méprisants, le bustier ou les cuissardes n’avaient pas été en reste dans les commentaires peu élogieux de sa tenue. Aucune femme ici n’aurait osé paraitre dans un accoutrement aussi… excentrique ! Pourtant, Ikaku ne semblait pas en faire grand cas de la robe provocante de Louise et s’accorda même le luxe de la complimenter à ce sujet.

      « En d'autres circonstances, j'aurais trouvé cette tenue particulièrement exquise. »

      Le sourire dans la voix et les propos ambigus ne trompèrent pas Louise qui se colla un peu plus contre son cavalier avant de répondre.

      « Il ne tient qu’à vous de faire naitre les circonstances, cher Ikaku. »

      Un léger rire s’échappa du masque blanc.

      « Pourquoi ne pas nous éclipser un instant de cette foule insupportable ? »
      « Avec plaisir. Je dois avouer que si je suis plus qu’intriguée par votre petite conversation avec Shirohashi, je serais encore plus curieuse de pénétrer vos secrets… »

      Le sous-entendu était suffisamment clair pour que les protagonistes n’estiment pas nécessaire d’en rajouter. Comme convenu, ils s’écartèrent donc de la foule pour gagner un couloir. Connaissant les lieux, Ikaku conduisit Louise jusqu’au bout du couloir. Là, il ouvrit une porte qui dévoila une chambre tapissée de rouge. Si les couleurs étaient chaudes et passionnées, le couple risquait de ne pas l’être moins.

      Avec un sourire de prédatrice, Louise ferma la porte.





    Robe de Louise (moins les haches)
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      Wakajini ne se rend pas compte que Louise et l'homme masqué s'éloignent ensemble. Elle n'entend pas non plus la musique, ni les pépiements de Madame Hiyoshi. Elle est recluse dans le recoin le plus sombre de son esprit, cherche désespérément à qui cette voix se rattache. Les intonations, la caresse de la voix qui se transforme subitement en une gifle, la décontraction de celui qui ne craint pas d'être contredit...

      La rousse se heurte au mur qu'elle a elle-même érigé dans son esprit. Elle ne revient à la réalité que lorsqu'une main lui effleure le bras. Shirohashi, puisque tel est son nom, essaye d'attirer son attention.

      « Mademoiselle Akane ? Peut-être préférez-vous imiter votre amie et vous détendre avant de parler affaire ? Ce serait un honneur pour moi que vous m'accordiez cette danse. »

      Le second couple rejoint alors le premier, laissant la pauvre femme abandonnée par son adonis. Elle ne doit être que de seconde importance dans la Révolution de toute façon. Les SM ne sont pas là pour participer à un attentat, elles sont là pour s'infiltrer. Inutile de perdre leur temps avec des sous-fifres.

      Du coin de l’œil, la rousse guette le cavalier de sa compagne, comme charmée par sa prestance, par sa grâce. Elle accompagne tous les mouvements de Shirohashi, mais c'est avec Ikaku qu'elle danse. Un instant, elle croit voir le masque blanc se tourner vers elle. Le mouvement est trop fugace pour qu'elle soit certaine de ce qu'elle a vu.

      ***

      Cette entreprenante cavalière facilite bien les choses. Un peu de raffinement, une once de pouvoir, et elle est subjuguée. Un compliment savamment glissé, et les jeux sont faits. Reste à s'assurer que Akane ne perd pas de vue sa compagne.

      Akane...

      Elle danse toujours aussi bien, même si elle n'est pas à ce qu'elle fait. Quel dommage, elle peut être tellement gracieuse lorsqu'elle s'applique. Ses fréquents coups d’œil laissent supposer qu'elle cherche encore à identifier l'homme sous le masque. Gracieuse mais lente d'esprit. Elle aurait bien tout le temps de déplorer sa mauvaise mémoire en temps et en heure.

      Pour le moment, Ikaku doit se consacrer à sa blonde compagne. Il la mène dans une chambre reculée, attend que la porte soit verrouillée pour faire tomber les masques. D'abord le sien, puis celui de la demoiselle. Il soutient sans mal ce regard asymétrique avant d'embrasser la jeune femme avec une délicatesse mesurée.

      Une main baladeuse en apparence, qui cherche en réalité. Le flanc, les reins, la cuisse. Le baiser se fait peu à peu plus passionné. Ushio est soulevée du sol, entraînée vers le lit sur lequel Ikaku la fait basculer. La main droite cherche à retirer le bustier, la gauche remonte la cuisse sous la jupe, trouve l'arme. La lame quitte son fourreau et un sourire railleur prend place sur le visage de Ikaku qui libère les lèvres de la blonde.

      « Femme prévenante... Tu n'en auras pas besoin ici. »

      Le poignard siffle et va se planter dans le mur. Les mains reprennent leur manège, caresses sensuelles et inquisitrices. Méthodique, il la met à nu, joue avec ce corps qu'il inspecte minutieusement, dissimule son manège derrière une feinte passion. Elle s'est livrée sur un plateau d'argent, il ne va pas la rejeter. Pas tout de suite. Pas avant d'en avoir profité.
      Il s'immerge, s'oublie. Pour cette heure, il n'y aura que cette femme à comber.

      ***

      Où sont-ils partis ? Waka n'en a pas la moindre idée. Et ça l'énerve. Son cavalier croit que la rougeur de ses joues est provoquée par les compliments qu'il lui susurre à l'oreille. L'imbécile. La chasseuse de prime aurait dû devancer sa partenaire et inviter Ikaku. Elle leur en veut. A l'un parce qu'il a préféré la blonde à la rousse ; à l'autre parce qu'elle lui a enlevé l'homme mystérieux.

      Le sang pulse dans ses veines, rage et désir se mêlent. Waka se fait plus languissante, attirée par le corps ferme et musculeux contre le sien. Shiro raffermit sa prise, apparemment conscient de l'effet qu'il exerce.

      « L'hôte de la soirée pourrait-il s'isoler pour quelques temps ? »

      La phrase n'est qu'un souffle dans l'oreille de l'homme aux cheveux blancs qui nie de la tête pour la plus grande frustration de la rousse. Il fallait qu'en plus elle tombe sur un homme qui a le sens des convenances ! Elle ronge son frein, se fait plus insistante. En vain.

      Le morceau se termine et le couple s'arrête. Waka prend bien soin d'enfoncer son talon dans le pied de Shiro. Vengeance mesquine, certes, mais elle se sent déjà un peu moins énervée. Elle prend un air faussement désolé et se laisse entraîner dans un coin de la salle. Il est temps de passer aux choses sérieuses. La danse et la drague, c'est bien mignon mais ça ne va pas l'aider à glaner des informations sur la Révolution.

      ***

      Ikaku se laisse retomber sur le dos, le souffle court. Une bonne chose de faite, mais le plus dur reste à venir. Il se redresse sur un coude, et plante son regard fauve dans les yeux vairons.

      « Ce fut un moment fort plaisant... » Le ton d'abord ironique se fait plus sérieux. « … mais il est temps de passer aux choses déplaisantes maintenant. Que venez-vous chercher ici, ton amie et toi ? N'est pas révolutionnaire qui veut, et je serais fort embarrassé que vos convictions s'effritent au premier obstacle. »

      ***

      « Vous avez parlé d'un roi et d'une Légion toute à l'heure, qu'est-ce que c'est ? »

      Waka n'y va pas par quatre chemins, mais ça ne semble pas surprendre son interlocuteur outre mesure. Ni le gêner. Il compte la recruter dans la Révolution de toute façon, alors pourquoi rester sur ses gardes ?

      Il vérifie que personne n'est à portée d'écoute, se penche vers son oreille et commence à répondre, feignant de tenir une conversation on ne peut plus intime.

    Spoiler:
        Peaux moites, soupirs de plaisir, chaleur… Tout dans la chambre n’était qu’érotisme et volupté.

        « Ahhh ! »

        Un râle. Plus bruyant que les autres. Jouissance.


        ***

        Une impression de déjà-vu. Les corps qui se cherchent, les caresses échangées, les soupirs partagés, Louise était persuadée de déjà les connaitre. Avait-elle déjà couché avec cet homme ? Non, elle s’en serait souvenue. Ce regard fauve avait quelque chose de particulier qu’on n’oubliait pas si facilement. Alors quoi ?

        Waka.

        Waka ? Pourquoi cet homme la faisait-il penser à Waka ? Des techniques similaires ? Le plaisir ressenti était-il vraiment le même qu’avec la jeune femme ? Peut-être. Ce n’était pas le moment d’y penser. La partie de plaisir terminée, allongée côte à côte avec Ikaku, Louise ne put réprimer un frisson. Ni froid, ni plaisir là-dedans, juste du dégoût, comme à chaque fois qu’elle approchait de trop près un révolutionnaire. La haine qu’elle éprouvait à leur encontre était viscérale. Quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise, elle ne pouvait se départir de cette répugnance à leur égard. L’homme allongé à côté d’elle ne faisait pas exception. Toutefois, la blonde n’a pas le temps de se perdre dans ses noires pensées, déjà son partenaire se redresse.

        Sans manifester le moindre trouble face à ses yeux, il se met à parler. Pour une obscure raison, ce sang-froid agace Louise. Elle qui a toujours l’habitude de mener la danse, elle qui fait tomber un homme d’un simple regard, elle se sent en infériorité ici. Elle n’en manifeste toutefois rien et ne baisse pas les yeux durant la tirade du révolutionnaire. Non, elle le laisse terminer, un léger sourire aux lèvres, l’attitude confiante. Si elle se méfie, elle n’en a pas pour autant peur.

        « Les obstacles ? »

        Elle se lève.

        « N’étais-tu pas le premier ? »

        Une moue contrariée se dessine sur son visage alors qu’elle contemple sa coiffure mise à mal. Elle hausse les épaules pour elle-même et oublie ce désagrément.

        « Ne crois pas que nous allons fuir au premier problème. »

        Son regard se balade sur la chambre et elle commence à ramasser ses vêtements éparpillés. Elle ne pourra pas rattacher sa robe seule.

        « Nous ne sommes pas arrivées jusqu’ici pour abandonner. Nous battre ne nous fait pas peur, la douleur… »

        Elle sourit, approche son dos dénudé et marqué par les « jeux » de Waka.

        « …la douleur, on sait faire avec. »

        Elle lutte un instant avec l’ample tissu de sa robe mais parvient à l’enfiler, corset attendant d’être ficelé.

        « Cela dit, libre à toi de nous tester. J’ai toujours aimé les défis. »

        Le souvenir du carnaval de Suna Land revient fugacement à l’esprit de la blonde alors qu’elle parle de défi. Elle se doute qu’il ne s’agit pas de ce genre d’épreuve auquel elles seront confrontées, mais quoiqu’il arrive, elle ne doute pas d’être à la hauteur. Les deux chasseuses de prime ont un trop lourd passé pour renoncer maintenant. Peu importe ce qui leur sera demandé, elles l’exécuteront sans le moindre remord pour atteindre leur but. Qu’ont-elles à perdre ? Bien que complètement opposées, Louise a conscience que Waka et elles partagent plus qu’elles n’en ont jamais dit. Elles coopèrent, passent du bon temps sans oublier leur objectif final, mais elles sont bien plus liées que la blonde ne voudra jamais l’admettre. Complémentaires et indissociables, il arrivera un moment où elles réaliseront tout cela.

        « Alors ? »

        Toute légèreté disparue, le regard dur de Louise se fiche dans celui de son cavalier de la soirée. Elle est sérieuse comme jamais, prête à faire n’importe quoi pour obtenir les informations nécessaires à infiltrer la révolution et retrouver son frère. Ne reste qu’à attendre le prochain mouvement d’Ikaku : choisira-t-il de renverser la Reine ?





      Ikaku
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        « Pourquoi tant de haine dans ce regard ? Je n'ai usé de toi que parce que tu m'en as laissé l'occasion. Si ça peut te consoler, ta famille et toi allez périr pour une noble cause. »

        Bâillonnée, la jeune femme ne peut pas répondre. Des larmes d'impuissance jaillissent de ses yeux, incontrôlables. Désespérée, elle se débat pour défaire ses liens.

        « Adieu, Ama. »


        ***

        Wakajini se relève brusquement, renversant son verre sur sa robe. Shirohashi ne masque pas son étonnement, s'apprête à interroger sa cavalière mais elle prend les devants.

        « Oh, ma robe ! Il faut que je la nettoie. Je reviens tout de suite ! Ne vous inquiétez pas je vais trouver mon chemin seule. »

        Sous le regard interloqué du révolutionnaire, la chasseuse disparaît dans le premier couloir. Comment a-t-elle pu être si stupide ? Stupide, stupide, stupide ! Elle aurait dû le reconnaître plus tôt ! Elle aurait dû le connaître à la seconde même où elle l'a vu. Son corps, son maintien, sa voix... son odeur même ! Elle relève sa robe au dessus des genoux et presse le pas, s'arrêtant derrière toutes les portes.

        Combien de temps était passé ? Une demi-heure ? Une heure ?

        *Calme toi, calme toi, calme toi !*

        Combien de temps ? Elle avait d'abord eu des explications sur Minos et la Légion, la force armée de la Révolution pour ainsi dire. Ensuite... Shiro avait perdu un temps fou à lui expliquer où et comment les trouver.

        *Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Et s'il l'a...*

        ***

        Le corset se resserre brusquement autour du buste de la blonde. Consciencieusement, Ikaku bloque la respiration de la demoiselle. Elle a tout juste assez d'air pour parler et répondre à ses questions. Fini de jouer. Ses questions montrent bien qu'elle savait à quoi s'attendre. La Reine a avancé ses pions, le Cavalier n'a plus qu'à les manger.

        « Penses-tu que si j'avais été un obstacle, tu serais encore en vie ? Naïve... »

        Il laisse quelques secondes s'écouler, prépare le prochain mouvement, évalue les possibilités. Il ne voudrait pas dévoiler son jeu trop promptement.

        « Nonobstant, c'est volontiers que je relève le gant, même si la partie sera bien trop aisée. »

        Il relâche enfin la pression du corset qu'il attache avec soin. Inutile de pénaliser davantage la Reinette. Regardez-la, cette enfant qui s'évertue à entrer dans la cour des grands. Elle ne vaut pas mieux que son amante : elle est ballottée par des forces dont elle n'a même pas conscience.
        ***

        Pourquoi avait-elle perdu tout ce temps à interroger ce stupide dandy ? Quel intérêt de connaître les différentes factions de la révolution ? Leurs projets ? Leurs moyens financiers et techniques ? Et pourquoi s'était-elle entêtée à l'interroger sur son supérieur hiérarchique alors qu'il lui avait dit dès la première question qu'il ne pouvait rien lui révéler ?!
        Il avait fallu que Shiro lui dise qu'il risquait de se faire brûler vif pour que Wakajini réalise son erreur. Et il était peut-être déjà trop tard.

        A chaque porte, la rousse passe la tête dans la pièce pour vérifier que le couple n'y est pas. Lorsque la porte est fermée, elle la défonce d'un coup de pied ou d'un coup d'épaule, puis reprend sa route.

        La peur au ventre.

        Une peur dont elle ne comprend pas la signification.

        ***

        « Alors si tu aimes les défis, en voici un : si tu veux rejoindre la Révolution, ramène-moi la tête de ta charmante amie. Un duel à mort, dont seule la survivante aura le privilège de combattre pour la liberté. »

        Impassible, Ikaku observe l'effet de ses paroles, curieux d'en mesurer l'impact.

        ***

        Le coup est porté avec tant de violence que la porte se dégonde. Enfin, elle les a trouvé. Louise, debout, sa coiffure défaite mais sans autre signe de lutte.

        Et lui.

        « Amaterasu, justement nous t'attendions. Je vois que tu as appris à cette délicieuse jeune femme quelques unes de nos habitudes. J'en suis for flatté. »

        Apathique, Waka ne réagit pas. La vue d'Hisoka la glace. Sa voix la pétrifie. Ses mots la percutent.
        Des mots qui font sens, lentement. Elle écarquille les yeux, regarde Louise avec horreur.

        « Tu as couché avec mon mari ? »

        La réalité la heurte avec une telle violence que sa raison vacille, s'écroule. Elle ne remarque même pas les larmes qui inondent son visage. Le rire sarcastique d'Hisoka lui fait l'effet d'un électrochoc.
        La furie s'élance.

        Se jète les deux pieds en avant.



        Et percute Louise. La vise tout du moins.
          La blonde se cambre brusquement. Dans son dos, elle sent les lacets de son corset l’enfermer dans une étreinte implacable. Malgré elle, son cœur s’affole, son souffle se fait court et sa bouche ouverte cherche de l’air. Puis, rapidement, elle se reprend. La sensation de panique s’estompe tandis que les mots d’Ikaku lui parviennent, dissimulant à peine la menace qui plane sur elle. Louise a l’impression d’être un oiseau dans la main d’un enfant trop curieux : un geste trop brusque et ce serait la fin.

          « Naïve… »

          Peut-elle réellement s’accorder le luxe de la colère dans sa situation ? La blonde s’en moque. Un rictus mauvais se peint sur son visage. Cet imbécile croit-il vraiment qu’elle s’est offerte à lui sans même avoir conscience du danger ? Elle n’est pas idiote. Elle ne s’est montrée vulnérable que pour mieux attirer Ikaku dans ses filets. Tel est pris qui croyait prendre, comme on dit si bien. Pourtant, la jeune femme se garde bien de dire quoi que ce soit. Le silence est d’or. Finalement, Ikaku relâche sa prise et attache la robe. Sans brusquerie, la blonde se dégage et lui offre un sourire insolent.

          « Merci. »

          Elle ne lui fera pas le plaisir de montrer la moindre crainte. Peu importe le mépris qu’Ikaku pourra manifester, Louise est convaincue qu’elle le renversera comme les autres. Le laisser mener le jeu n’est qu’une partie de la stratégie. C’est du moins ce dont elle tente de se convaincre.

          Sans manifester la moindre émotion, la chasseuse de prime se place devant le miroir. Ses mains s’activent à essayer de se recoiffer tandis que son regard ne lâche pas Ikaku. Elle ne doute pas qu’il a une idée derrière la tête. Il ne tarde pas à l’exprimer :

          « Alors si tu aimes les défis, en voici un : si tu veux rejoindre la Révolution, ramène-moi la tête de ta charmante amie. Un duel à mort, dont seule la survivante aura le privilège de combattre pour la liberté. »

          Le cœur de Louise rate un battement. Ses tentatives pour arranger ses cheveux s’arrêtent brusquement alors que les mots font sens dans son esprit. Il lui demande de tuer Waka. La blonde ferme les yeux et tente de se calmer, de juguler la vague d’émotions qui la saisit. Elle inspire profondément et, doucement, laisse retomber sa tignasse indomptable et fiche un regard agité dans celui impassible de son interlocuteur. Les yeux dépareillés semblent refléter l’indécision de leur propriétaire. Tuer Waka. Le défi est à la mesure de celui qui le lance. Difficile mais pas insurmontable. Waka a peut-être été la partenaire idéale jusqu’à présent, mais par les propos d’Ikaku, elle passe au stade d’obstacle. La tête de Waka pour avoir celle de William ? Pourquoi pas. L’idée n’est pas des plus plaisantes, mais jusqu’à présent, Louise s’est jurée de ne plus s’attacher à quiconque, en refusant de se débarrasser de la rousse, cela signifierait qu’elle aurait trop laissé Waka la dominer. Alors que la blonde s’apprête à accepter le marché, la porte de la chambre s’ouvre avec violence et échoue au sol.

          La suite se déroula trop vite pour que Louise comprenne réellement quoi que ce soit. Le seul fait qu’elle intègre est qu’Ikaku et Waka se connaissent. Elle n’a m’a même pas le temps de réfléchir à l’accusation de la rousse que déjà cette dernière la percute avec violence. Pendant un instant, la blonde a l’impression que ses poumons manquent à l’appel. Une douleur sourde irradie de son ventre alors qu’elle cherche désespérément de l’air. Bon sang, ils avaient quoi à tous tenter de l’asphyxier aujourd’hui ?! En reculant, la jeune femme trébuche contre un fauteuil et s’y raccroche pour éviter de s’étaler au sol. Voyant Waka s’approcher, elle envoie le meuble valser dans les jambes de son ex-partenaire et use de ce court intervalle pour reprendre son souffle.

          Finalement, la manière dont tourne les choses n’est pas si mal. Pas le temps de réfléchir, de se laisser influencer par des sentiments inutiles… Juste de l’action. Louise tuerait Wakajini ce soir. La jeune femme n’est déjà plus rien à ses yeux.
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          Dans un coin de la pièce, Ikaku, ou plutôt Hisoka puisque tel est son vrai nom, observe la scène la mine indéchiffrable. La commissure de ses lèvres s'étire discrètement alors que les deux jeunes femmes se déchirent devant lui. Aurait-il pu rêver mieux ? Enlever à ces deux pauvres hères la seule chose qui leur restait en ce monde, quel divertissement. Mais pensent-elles réellement que l'issue du combat dépendra d'elles ? Le révolutionnaire se rapproche du mur où il a envoyé la lame de la blonde plus tôt et la déloge avant de reporter son attention silencieuse sur le spectacle.

          Après avoir percuté Louise, Wakajini est tombée à terre. Plongée dans une démence sans égal, plutôt que d'éviter le fauteuil qui lui est envoyé dessus, elle le détourne d'un coup de pied, manquant de briser le meuble. Une flamme meurtrière brûle dans son regard alors qu'elle bondit de nouveau sur la traîtresse. Son poing fuse vers le nez de la blonde mais ne fend que l'air. Elle sent qu'on la saisit au corps et bascule. Déjà, ses ongles lacèrent la nuque, le dos de la blonde. Son dos percute le sol, mais déjà, elle fait passer Louise par dessus sa tête et tente de reprendre l'avantage. Le coup qui manque de lui déboiter la mâchoire la ramène vite à la réalité.

          Le spectateur joue distraitement avec le poignard tandis que les deux jeunes femmes se battent comme des écolières. La rousse cherche le corps à corps, comme si elle craignait que la blonde prenne l'ascendant en s'éloignant. Pourtant, ça ne lui réussit guère plus : sa robe n'est manifestement pas optimisée pour le combat. Elle s'empêtre de plus en plus et Louise prend le dessus peu à peu. Complètement irrationnelle, Wakajini ne prend pas la peine de se protéger des coups qui lui sont portés, et elle perd en puissance à mesure que la douleur vient la handicaper bien qu'elle n'en ait pas conscience.

          Aucun mot, aucune plainte ne franchit les lèvres de la rousse, à l'exceptions d'insultes diverses et variées à l'adresse de celle contre qui elle dirige désormais toute sa rage. Alors qu'elles se rapprochent d'un mur, Waka en profite pour les écraser la tête contre le mur, avec l'espoir de l'assommer au moins partiellement.

          « Je croyais qu'on était partenaires, merde ! Comment t'as pu faire un truc pareil ? C'est un révolutionnaire ! Depuis quand tu couches avec les révolutionnaires ? »

          Là seulement, la rousse s'éloigne de Louise, reprenant difficilement son souffle. Dans sa folie, elle a eu un instant de lucidité. Pourquoi s'en prend-elle à Louise ? Toute cette haine qu'elle ressent se dirige contre la mauvaise personne.

          « Ne fais pas ta timorée, Ama. Tu sais aussi bien que moi que tu as fait bien pire dans ta vie que trahir une alliance. » Hisoka se détourne alors de son épouse et se rapproche légèrement de Louise. « Quant à toi, n'oublie pas... Je ne garde que la survivante. »

          Un peu d'huile sur le feu ne fait jamais de mal, n'est-ce pas ?
            « Aucune attache. »

            Ces mots, Louise les avait prononcés lors de leur première rencontre, à Wakajini et elle. Aucune attache. C’était la condition de leur partenariat, une volonté commune de ne pas se lier l’une à l’autre en dehors du « travail ». Ce désir partagé, la blonde ne l’avait jamais regretté ni remis en cause. Pour elle, Waka n’avait été qu’une partenaire pour la nuit, une alliée dans la chasse aux révolutionnaires. Rien de plus.

            Rien.

            Alors pourquoi ? Pourquoi, à chaque coup donné ou rendu à la rousse, Louise avait-elle mal pour deux ? Dans la chambre, tout s’était enchaîné très vite. Trop vite. L’intrusion de Waka, les cris, Ikaku, les menaces, les coups… La blonde avait à peine eu le temps de penser qu’elle s’engageait déjà dans une lutte à mort avec Waka. Non. Avec Wakajini. Elle n’était plus rien.

            ***

            Un fauteuil traversa la pièce brutalement, s’écrasant contre un mur dans l’indifférence. Nouveau coup, nouvelle parade. Les deux femmes s’entrainèrent dans un rouler-bouler violent. Les ongles de la furie rousse déchiraient le dos de Louise. Dans une tentative pour échapper à ses griffes, la blonde lui assena un coup de poing dans la mâchoire. Une goutte de sueur s’agrippa dans les cils de Louise, elle la dégagea rapidement en esquivant une nouvelle attaque de Wakajini. Contrairement à son ex-partenaire, la robe noire, largement ouverte, de la jeune femme lui permettait une meilleure mobilité ; l’autre chasseuse de prime, elle, s’empêtrait dans ses jupons et dans les injures qu’elle lançait à tout va. Louise ne les écoutait pas. Concentrée, elle évacuait par la violence les pensées qui tentaient de percer le mur érigé par son esprit. Aucune attache. Ces deux mots seuls comptaient.

            Les deux adversaires tournaient dans la pièce, saisissait la moindre occasion pour attaquer. Dents, ongles, poings, pieds, cheveux… Elles se souciaient à peine d’établir une quelconque technique, de respecter un style. Puis finalement, ce fut une main chaude qui vint s’écraser sur la tête de Louise. Avec violence, sa tête percuta le mur, lui explosant l’arcade sourcilière. Réprimant un cri, elle serra les dents, refusant d’accorder un sens aux paroles de Wakajini.

            « Aucune attache. »

            Un goût de sang lui envahit la bouche alors qu’elle prononçait ces mots. Le sang coulait sur son visage, semblant teinter l’œil brun d’un rougeoiement malsain. Les yeux dépareillés n’en devinrent que plus effrayants.

            « Quant à toi, n'oublie pas... Je ne garde que la survivante. »
            « Je sais. »

            Elle n’accorda pas un regard à Ikaku qui semblait prendre grand plaisir à la scène. Cet homme était malade, mais Louise s’en moquait. Si elle devait passer par lui pour retrouver son frère, elle n’hésiterait pas.

            « J’ai pas le choix. T’aurais fait pareil à ma place. »

            Elle tuerait Waka.

            Refusant à nouveau de penser à quoique ce soit d’autre que son objectif, Louise se déplaça jusqu’à une commode proche. Elle saisit un bibelot qui se trouvait dessus et l’envoya sur le visage de Wakajini avant de propulser le meuble vers elle. Plus lourd que le fauteuil, la blonde savait que l’esquiver serait plus délicat. Elle en profita pour se jeter à son tour sur la rousse sans lui laisser aucun répit.
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            Aucune attache.

            En effet, c'était les termes du contrat qu'elles ont passé, il y a déjà plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Une coopération purement intéressée dans laquelle chaque parti agit pour atteindre son objectif. Pourtant, ces deux mots froidement prononcés la glacent. Les larmes continuent à glisser le long de ses joues, elle ne sait plus vraiment pourquoi. Les paroles de Louise l'anesthésie.

            Birds singin’, flyin’ around
            You never see them too long on the ground

            Un partenariat fragile qui atteint aujourd'hui son point de non retour. Qu'espéraient-elles vraiment ? Dès le départ, elles savaient que cette situation n'était pas faite pour durer et que l'autre n'hésiterait à aucun moment à tout laisser pour suivre son propre but.
            Le savaient-elles ?

            « J’ai pas le choix. T’aurais fait pareil à ma place. »

            Les mots s'immiscent en elle comme un doux poison, contaminent son esprit. Faire la même chose ? Il serait sans doute temps qu'elle le fasse. Elle cherche du regard Hisoka, son objectif véritable, et réalise enfin que le seul obstacle entre elle et lui, c'est Louise. Si elle n'avait pas été là, Wakajini aurait déjà tué l'être aimé, l'être détesté.

            Elle tourne la tête trop tard et le projectile vient la percuter à l'oreille. Prise de vertige, elle se sent nauséeuse. Cette fois, un cri de douleur éclate dans la pièce et elle se couvre instinctivement l'oreille. Le cœur au bord des lèvres, elle est incapable d'esquiver la commode. Un de ses genoux émet un craquement sonore et la rousse s'effondre à terre.

            Knocked down round for round
            You’re feelin’ like you’re shot down on the ground

            Les jeux sont faits. Impuissante, toujours impuissante, la douleur afflux de son genoux à son cerveau et rend Waka encore plus vulnérable. Elle voit Louise qui se rapproche vite, trop vite. En vain, elle essaye de bouger sa jambe. En vain, elle cherche un reste d'énergie et de courage pour se lever, reprendre la lutte.

            Échec et mat. La Reine l'emporte de manière écrasante. Croit-elle.

            Elle a un instant d'hésitation. Juste un instant, dont Hisoka profite pour se glisser dans le dos de la blonde et poser sournoisement la lame du poignard sur son cou.

            When will the fantasy end ?
            When will the heaven begin' ?

            Pensaient-elles que le jeu était entre leurs mains ? Croyaient-elles qu'il allait laisser périr son plus beau jouet ? Rien n'échappe au contrôle du maître du jeu. Amaterasu l'aurait-elle oublié ?

            « Ça suffira comme ça pour aujourd'hui. Son sang ne m'apportera rien. J'ai assez de ses larmes. Je ne dirai rien à Shirohashi de ce qui s'est passé ici. Bienvenues dans la Révolution. »

            Sans crier garde, il laisse une estafilade sur la gorge de Louise et s'esquive hors de la pièce sans laisser à aucune des deux le temps de réagir. Laissant le chaos derrière lui, Hisoka disparaissait de nouveau dans la nature, insaisissable, décidé à garder un œil sur sa poursuivante.

            Mr Rager, let me tag along
            Can we take that journey ?

            Dans un ultime effort, Waka essaye de se redresser. Elle s'aide de la commode, fait craquer son genou de manière peu engageante, gémit de douleur, et se laisse finalement retomber au sol. Les blessures mal cicatrisées de son passé sont de nouveau béantes. Après la colère, le désespoir. Vidée, elle se laisse aller contre la commode, des larmes intarissables coulant de ses yeux.

            Elle est seule dans cette pièce. Rien d'autre n'existe que sa douleur et elle.

            I'm on my way to heaven


          Dernière édition par Wakajini Shounetsujigoku le Dim 19 Fév 2012 - 18:47, édité 4 fois
              Sans un bruit, la porte se referma derrière Ikaku. Seules, les jeunes femmes n’osaient piper mot dans la chambre dévastée. Comment en étaient-elles arrivées là ? Elles avaient beau s’être déjà battues à de nombreuses reprises, jamais encore elles n’avaient été prises dans une telle folie meurtrière. Le révolutionnaire les avait manipulées comme des pions, orchestrant chaque mouvement pour mieux les perdre. La reine démunie s’était montrée incapable de se contrôler. Dès l’instant où elle avait croisé les yeux d’Ikaku, les jeux avaient été faits. Présomptueuse reine.

              Noyée dans ses pensées, ce fut un gémissement qui ramena Louise à la réalité. A quelques pas d’elle, Waka tentait de se relever. Nouvel échec pour la chasseuse de prime. Le genou brisé craqua sinistrement alors que la rousse abandonnait la lutte. Louise l’aurait-elle réellement tuée si Ikaku ne l’avait pas arrêtée ? L’idée la fit frémir et elle tenta de l’évincer de son esprit. Pour la première fois, elle prenait conscience que sa lutte contre les révolutionnaire l’avait emportée plus loin qu’elle n’aurait dû. Avait-elle atteint un point de non-retour ce soir ? Qu’en était-il de Waka ? Désemparée, elle gisait à terre, aussi misérable que sa partenaire. Louise voulut la rejoindre, mais déjà, son corps se rappela à elle. Un léger étourdissement la força à se maintenir au mur alors qu’elle se laissait à son tour couler au sol. La rousse ne l’avait pas loupée en lui fracassant le crâne contre le mur. Avec une grimace, la jeune femme passa sa main sur sa gorge et la retira maculée de sang. L’estafilade peu profonde laissée par Ikaku restait une belle coupure, mais elle ne tarderait pas à arrêter de saigner. Avec un soupire, la chasseuse de prime tendit la main et s’empara d’un des draps de soie qui trainait par terre. L’appliquant contre son visage, elle en épongea le sang avant de le presser contre sa plaie.

              « Qui c’est, ce type ? »

              De toutes les questions qui tourmentaient Louise, ce fut celle-ci qui franchit la première ses lèvres. Pas d’excuse, pas de remarque ou de long discours sur ce qui s’était passé, juste une question. La blonde avait compris qu’Ikaku était plus qu’un simple révolutionnaire pour Waka, mais Louise avait besoin de l’entendre de la bouche de sa partenaire, si partenaire elles étaient encore. Pouvaient-elles vraiment continuer à voyager ensembles après une telle soirée ? Et surtout, le voulaient-elles ? Louise n’était pas certaine de pouvoir assumer les sentiments qu’elle avait nourri malgré elle pour Waka, et cette dernière risquait de ne pas tolérer la présence de celle qui avait failli la tuer après avoir couché avec son mari. Son mari… Ikaku l’était-il vraiment ? La blonde n’aurait jamais imaginé une telle chose de la part d’une fille si volage. Mais elle était bien placée pour savoir qu’un événement suffisait à bouleverser le mode de vie d’une personne.

              Quoiqu’il en soit, sur un plan pratique, elles ne pouvaient se séparer. Cela paraitrait trop suspect aux yeux des révolutionnaires. Les deux chasseuses de prime seraient contraintes d’agir ensembles pour la suite des événements. Et qui sait comment les choses se dérouleraient. Elles avaient engagé une partie dont le niveau était trop haut pour elles. Parviendraient-elles seulement à s’en sortir ?
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              Étourdie par la douleur, préoccupée par son genou, Waka ne répond pas immédiatement à la question. Délicatement, elle change sa jambe de position, cherchant une posture moins douloureuse. Sa rotule semble avoir encaissé tout le coup, mais ce n'est pas pour rassurer la jeune femme. L'os a déchiré l'épiderme et du sang coule le long de sa jambe. Si son genou se soigne mal, si elle ne peut plus danser...

              Un spasme la secoue et elle crispe ses doigts autour de son articulation blessée. Elle la fixe plus pour éviter de regarder Louise que dans l'espoir de faire son propre diagnostique. Elle soupire et prend finalement son courage à deux mains. La chevelure blonde est couverte de sang à moitié séché ; le visage de Louise aussi. Elle a un air particulièrement macabre en cet instant, comme si l'ange de la mort n'avait pas encore quitté son corps.

              L'aurait-elle vraiment tuée ?

              « Parce que ça t'intéresse maintenant ? »

              La réponse est sèche, mais aucune trace d'agressivité ne teinte ses propos. Louise la toise froidement sans répondre, ce qui arrache un soupir exaspéré à Wakajini. Elle voudrait la voir disparaître, rester seule avec ses souvenirs et sa rancœur. Elle s'attarde sur l’œil bleu, froid, puis sur le brun, sombre. Pourtant, incapable de refuser une réponse à Louise, elle cède face au mutisme de la blonde.

              « Ce type, comme tu dis, s'appelle Hisoka Kyusei. J'ai juré de l'aimer jusqu'à ce que la mort nous sépare il y a de ça plusieurs années... Alors j'essaye d'aider la mort à nous séparer, mais comme tu peux le voir, c'est un adversaire assez coriace. D'ailleurs, je te remercie pour ton aide. »

              Wakajini imprime dans ses derniers mots toute l'amertume qu'elle ressent en ce moment. La mort aurait bel et bien pu les séparer aujourd'hui. De l'amertume, rien de plus. La confiance qu'elle avait inconsciemment placée en Louise venait de se briser, laissant un arrière goût de trahison et de déception à l'incendiaire.

              Elle déchire alors sa robe du côté droit et utilise le tissu pour se faire un garrot. Par ce geste, elle dévoile la brûlure qui couvre sa cuisse. Quelques gémissements lui échappent alors que des élancements accompagnent chacun des gestes autour de son genou blessé.

              « Il m'a fait cette brûlure la dernière fois que je l'ai vu. Comme si le feu pouvait combattre le feu... »

              Elle se replonge alors dans ses pensées, repense au jour tragique où elle perdit sa famille. Peu désireuse de poursuivre la discussion, elle fait une nouvelle tentative pour se lever, aussi vaine que les précédentes. Elle est bloquée à terre jusqu'à ce que quelqu'un lui vienne en aide. Et ce n'est certainement pas dans cette pièce qu'elle trouvera le moindre soutien.

              « Il faut croire que cette fois-ci, je n'aurai pas la même chance. Qu'est-ce que tu attends pour finir le boulot ? Parce qu'il t'ordonne de me laisser en vie, tu obéis ? Ne te sens pas obligée. Ne laisse pas passer ta chance, dès que j'aurai récupérer, je prendrai ta tête avant de prendre la sienne. »

              Des paroles en l'air mais qu'elle essaye de rendre aussi convaincantes que possible. Après ce qui s'est passé, il est hors de question qu'elle montre la moindre faiblesse, que Louise devine ne serait-ce qu'un instant la panique qui avait envahi Wakajini lorsqu'elle avait compris le danger, qu'elle devine à quelle point elle l'a blessée.

              Pourtant, son regard se fait fuyant alors qu'elle prononce ces quelques mots, de peur que la blonde n'y devine ses pensées.


            Spoiler:
                La colère, l’amertume, la rancœur… Louise peut les sentir. Comment pourrait-il en être autrement ? L’étrange attache qui unissait les deux jeunes femmes venait de se briser. Le lien était-il devenu une entrave ou gisait-il, détruit, à l’image de Waka ? Malgré son expression figée, la blonde ne put s’empêcher de tressaillir aux propos de sa partenaire. Passé, trahison.

                « Si différentes et si semblables. »

                A-t-elle réellement parlé ? Les mots sont inaudibles, les lèvres se meuvent à peine.

                L’adrénaline se dissipe, laissant place à une boule d’angoisse et de douleur. Les yeux vairons sont fixés sur la silhouette immobilisée de la rousse. Si différente… Louise ne peut s’empêcher de se voir en Waka. Trahison.

                « Je… »

                Je quoi ? Rien. Un souffle, à peine. Le réconfort est illusoire. Que peut-elle faire de plus ? En tuant Wakajini, Louise savait qu’elle se serait anéantie elle-même. Sa rancœur l’avait-elle portée si loin ? Quand s’était-elle perdue ? L’angoisse s’insinuait dans chaque pore de sa peau ; ses mains se mirent à trembler.

                « Je t’aurais tuée. »

                Evidence.

                « Je te tuerai s’il le faut. »

                Les mains tremblèrent plus violemment. Le masque impavide se fissura. La Reine n’avait jamais rien contrôlé. Elle avançait désespérément, attendant de pouvoir renverser le roi adverse. William. Pourquoi la partie semblait-elle désormais si dérisoire ?

                « Je cherche mon frère. »

                La voix vacilla légèrement.

                « William. Il… »

                Une pause. Les mots se bousculaient, se mélangeaient. Pour la première fois, la blonde ressentait le besoin de parler.

                « J’avais quatorze ans quand il nous a quitté pour la Révolution. Sans prévenir. Il est parti. Sans un mot, ni un regard pour moi. J’ai rien vu venir. »

                Pas de brûlure, pas de cicatrice ou de stigmate pour Louise. Juste une spirale infernale. Une lente autodestruction qu’elle ne pouvait combattre. Qu’elle pouvait tout juste admettre.



              Who'd take my hand
              Who'd take my hand
              I wanna show you
              Something that you never seen

              Why don't you come
              Look at me so
              He breaks my hand
              So many times

              Never felt, never felt
              Never felt, love
              Never felt, never felt
              That love could hurt so much
              That love could hurt so much


                Aucune attache. Nouveau bouleversement. L’équilibre entre les jeunes femmes était instable. Elles prenaient seulement conscience de sa fragilité. Depuis le début, le moindre faux pas avait manqué de les renverser. L’eau et le feu pouvaient-ils cohabiter ?

                Les minutes s’égrenaient, le silence appesantissant l’atmosphère chargée de tensions. Louise ne se sentait plus le courage de prononcer une parole. La nécessité de quitter la chambre se faisait plus pressante, mais en l’instant, pour la première fois depuis des années, la blonde n’avait cure des Révolutionnaires. Son propre équilibre reposait entre les mains de Waka. Sans s’en apercevoir, elle avait laissé la rousse prendre place dans son quotidien. Malgré la méfiance mutuelle, elles avaient établi un lien sur leurs deux solitudes.



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                Un frère arraché par la mort ; l'autre par la vie.
                Deux histoires.
                Une même blessure. Béante. Cuisante.

                « Si différentes et si semblables... »

                Vidée, au bord du gouffre, Wakajini laisse les mots de Louise tourbillonner dans son esprit, approfondit le parallèle. Deux larmes solitaires coulent le long de ses joues tandis qu'elle se remémore cette époque. Une époque lointaine, révolue, oubliée même. Le sable chaud d'Alabasta, les acclamations des spectateurs, la protection de Jin'ai : tout a été consumé dans le feu de sa haine.
                Une haine destructrice qui l'a conduite à renoncer à toute parcelle de bonheur au profit d'une passion vengeresse.

                Le silence se prolonge, s'impose. Les mots sont tellement futiles. On les déguise, on les tord, on les manipule ; ils ne sont que des instruments que chacun utilise à sa guise pour dissimuler la réalité. Jusque là, ils n'ont servi qu'à la tromperie entre les deux chasseuses, et elles en payent désormais le prix fort.

                Avec une pointe de désespoir, Wakajini fixe le cadre vide de la porte.
                Elle peut y voir le fantôme moqueur d'Hisoka.
                Elle peut y voir le spectre réprobateur de Jin'ai.
                Elle peut y voir les restes misérables d'Amaterasu.

                Pourtant, elle s'en détourne et focalise son attention sur Louise. Ses yeux vairons, sa chevelure désordonnée, son visage angulaire lui paraissent plus détestables que jamais. Plus admirables que jamais.

                « Tu m'aurais tuée pour lui... »

                Chaque mot est pesé, mesuré, soigneusement articulé.

                « Tu aurais sacrifié un être de chair et de sang pour un fantôme ? »

                Comment nommer autrement un être disparu de sa vie ? Si la rousse n'élève pas la voix, sa colère n'en est pas moins tangible. La confession de Louise aurait pu l'atteindre en plein cœur, la mener au pardon. Amaterasu aurait cédé, pas Wakajini.
                Elle avait définitivement abandonné sa naïveté et son innocence il y a des années, et l'incident de ce soir ne faisait que la conforter dans sa décision.

                « Si je ne suis qu'un pion... »

                N'a-elle été qu'un jouet entre les mains de Louise, comme dans celles d'Hisoka ? Malgré la méfiance, elle avait manqué d'être radiée par un être qui compte au profit d'une cause qui la dépasse. Malgré ses précautions, elle en revenait toujours à ce maudit, maudit schéma.

                « Tu peux quitter cette pièce, et espérer que je ne croise plus jamais ta route. Par contre... »

                Laisser la blonde partir ? Cette idée la fait frémir. Elle est prise d'un haut le cœur et s'accorde quelques secondes pour le réprimer. Elle en a assez de perdre ceux qui comptent pour elle. Elle en a assez de détruire tout ce qui l'entoure. Au fond, la présence de Louise l'apaise. Sa compagnie la réconforte.
                Désormais, elle n'est plus seule.

                « Par contre, si tu acceptes de damer le pion... »

                Sa voix n'est plus qu'un souffle. Elle n'ose s'aventurer plus loin. Les mots sont traitres. C'est donc par le plus honnête des silences qu'Amaterasu offre à Louise une possibilité de pardon.
                  Hypnotisée, Louise contemple la flamme qui danse devant elle. Sans prendre conscience du danger, elle l’observe prendre de l’ampleur, lécher les murs, les tapisseries coûteuses… Elle sent à peine la chaleur alors que la fumée tente de l’entourer.

                  « Le feu par le feu… »

                  Les crépitements se font plus insistants alors que le feu attaque les boiseries. Pourtant, dans la salle de bal toute proche, la musique continue à retentir, joyeuse. Un menuet. Qu’ils dansent ces imbéciles, leur amusement sera de courte durée.

                  ***

                  « Par contre, si tu acceptes de damer le pion... »

                  Silencieuse, Louise a écouté Waka. Les propos durs et justes ne résonnaient que trop familièrement à ses oreilles. Quelle reine pathétique elle faisait. De quel droit aurait-elle pu prétendre promouvoir la rousse ? En aucun cas elle ne lui était supérieure. Abandonne-t-on une partie de soi aussi aisément ?

                  « Non. »

                  Le ton était dur, retrouvant son assurance perdue.

                  « Je ne peux pas. »

                  Une moue contrariée se peignit sur le visage de la blonde alors qu’elle cherchait comment formuler sa pensée.

                  « La reine est une pièce stupide. Je… Je suis stupide. On l’est toutes les deux. »

                  Pourquoi avait-elle tant de mal à s’exprimer, maintenant ? Sans doute était-elle plus troublée qu’elle ne souhaitait l’admettre. Hantée par le spectre de son frère, elle vivait enfermée dans l’ombre du passé. Waka avait raison. Elle avait raison sur toute la ligne. Mais réalisait-elle que ses propos s’appliquaient à Louise comme à elle ?

                  « Leur faute. Tout est leur faute. La Révolution… »

                  La blonde jeta un regard haineux à la porte, comme si Hisoka, Shirohashi ou un autre allait la franchir d’un instant à l’autre. Si elle l’avait pu, Louise les aurait tués sur le champ. Eux et tous les autres. Seulement, elle ne pouvait se le permettre pour l’instant. Pas tant qu’ils offraient un tremplin dans son entreprise de vengeance. De dépit, elle frappa sur le mur, s’écorchant la main.

                  « Merde ! »

                  Depuis quand n’avait-elle pas été si en colère ? A quand remontait sa dernière véritable perte de contrôle ? Sous les yeux de Waka, la blonde cédait à une rage grandissante, bientôt incontrôlable. Non. Trop tard. Déjà la jeune femme explosait, comme saisie d’un accès de folie. Ignorant les imprécations de la rousse toujours à terre, Louise quitta la chambre. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle voulait faire. Retourner dans la salle de bal ? Fuir ? Courir après Hisoka ?

                  « Merde. »

                  Son indécision la coupa dans son élan et elle s’arrêta au milieu du couloir. La musique qui retentissait, toute proche, lui donnait l’impression de côtoyer un autre monde, que sa réalité était au-delà de celle des révolutionnaires. Peut-être même était-ce le cas. Tout dans cette maison lui donnait l’illusion de perdre ses repères. Si elle avait pu ne jamais exister !

                  « Mademoiselle ? Vous allez bien ? »

                  Avec un sursaut, Louise se tourna vers la voix masculine qui venait de retentir. Le jeune adonis mit hors jeu en début de soirée par Hisoka se tenait près d’elle. Ses mains humides et la porte mal refermée derrière lui indiquaient qu’il sortait probablement d’une salle de bain.

                  « Vous êtes blessée ? Que s’est-il passé ? C’est Ikaku ? je vous ai vu partir ensembles. »

                  La blonde serra les poings en entendant le nom d’Ikaku mais ne répondit rien.

                  « Je... Oui. C’est… »

                  Murmurant, elle se composa un visage apeuré. Sa prestation était sans doute pathétique, mais elle ne pouvait faire mieux dans son état. Qui plus est, il suffit à inquiéter son interlocuteur qui s’approcha soucieux. Dès qu’il fut assez près, elle fit mine de trébucher et le jeune homme la rattrapa, de plus en plus effrayé, bien que de la colère et un certain triomphalisme voilaient son regard. Il tenait un moyen de se venger de celui qui l’avait ridiculisé.

                  L’esprit obscurcit par ses désirs, il ne vit pas le coup de genou le cueillir dans le bas-ventre et ce fut sans comprendre qu’il s’effondra inconscient après un coup sec derrière la nuque. Louise le laissa tomber à ses pieds sans un regard. Derrière l’adonis, une lueur mouvante attira les yeux de la blonde.

                  ***

                  Bien plus calme que quelques minutes auparavant, Louise revint dans la chambre où Waka l’attendait toujours, furieuse. Sans lui laisser le temps de parler, elle se baissa vers elle et l’aida à se relever.

                  « Faut qu’on sorte, le manoir va brûler. On pourra profiter de la panique pour justifier nos blessures et se tirer d’ici. Avec un peu de chance, certains révolutionnaires resteront coincés ici. »

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                  Un hoquet de terreur répond à Louise.

                  « Le manoir va brûler ? »

                  La voix de Waka sonne étrangement aiguë à ses oreilles. Ces quatre mots ont suffis à chasser la colère de la rousse. Elle se tétanise subitement, écrasant littéralement l'épaule de Louise dans sa main, ce à quoi la blonde répond avec un ferme coup de coude dans les côtes.

                  « Brûler... mais, mais... »

                  Feu. Flammes. Chaleur. Rouge.
                  Les images se succèdent, se superposent. Elle se voit déjà brûlée vive ; elle les voit toutes les deux brûlées vives. À moitié supportée, à moitié traînée, elle se laisse guider par Louise vers la sortie. Au bout du couloir, elle aperçoit un rougeoiement menaçant.

                  « Feu ! Louise, feu ! »
                  « Oui, je sais. »

                  Pourquoi ? Pourquoi ne comprend-elle pas ? Pourquoi s'en va-t-elle dans l'autre direction ? Elle doit aller vers les flammes, elle doit les aider, elle doit...

                  Incapable de reprendre son calme et ses esprits, toujours dominée par ses émotions, Wakajini ne comprend pas vraiment ce qui se passe autour d'elle. La musique s'arrête alors que les premières chaleurs et les premières fumées se font sentir. Dans un même mouvement de panique, tous les invités se précipitent vers la sortie dans une cohue meurtrière.
                  Les nobles se bousculent, se piétinent. Tous se jettent vers la porte la plus proche.
                  Une porte verrouillée.

                  Louise ayant plus de tête que ces moutons effrayés, elle se tourne déjà vers la première fenêtre visible. Les flammes lèchent déjà l'entrée de la salle de bal. Quelques fous armés de bouteilles d'eau et de rideaux essayent d'estomper les flammes.

                  « Tiens-toi bien ! »

                  La remise à l'ordre lui fait l'effet d'un électrochoc et la jeune femme rétablit son poids sur sa jambe valide. Ne pas penser aux flammes, ne pas penser aux flammes, ne pas...

                  Penser à Louise.

                  Désespérée, elle se raccroche à cette bouée de sauvetage et reprend enfin pied dans la réalité. Elle ne risque rien. Après tout, la blonde lui a déjà sauvé la vie. Sans formalité, cette dernière brise la vitre et Waka sent qu'on la précipite tête la première vers leur voie de mauvaise fortune. Elle atterrit en plein sur les débris de verre, bientôt suivie par Louise qui l'aide aussi tôt à se relever et les éloigne du bâtiment en feu.

                  Arrivées à une distance respectable, elles s'arrêtent enfin et observent en silence l'incendie qui touche peu à peu l'ensemble de la bâtisse. Appuyée contre Louise, Waka sent des larmes couler sur son visage alors que des hurlements de terreur retentissent dans la nuit. Quelques silhouettes semblent avoir suivi leur chemin, mais elles sont en nombre restreint.

                  « Excellent travail, mesdames. Au plaisir de vous revoir. »

                  Les deux femmes n'ont que le temps de se retourner. La voix résonne encore que l'homme est déjà parti. Aucune réaction de la rousse cette fois-ci. Elle se contente de se serrer un peu plus contre Louise plutôt que de retomber dans un état apathique ou tétanique. Son regard se perd dans les flammes un instant, puis elle rompt enfin le silence qui s'est installé.

                  « Je sais comment contacter un des chefs de la Révolution. Minos, c'est le fameux roi dont Shiro parlait. On rentre à l'auberge, et on part à sa recherche dès que mon genou sera remis ? »

                  Louise acquiesce en silence, et réajuste sa position, peinant sous le poids de sa compagne qui en profite pour déposer un fugace baiser sur ses lèvres.

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