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Quatorzime rencontre ; Recrue surprise au sein du Léviathan {Pénélope Solète} [Terminé]

    • Tu vas encore tolérer ça ?! L’ordre ne vient même pas de l’amiral en chef, encore moins de mon oncle !
    Un soupir s’extirpa de mes lèvres légèrement humides pendant que j’observais ma cousine de manière blasée. Ketsuno avait tellement l’art de s’énerver pour un rien que ça en devenait presque fatiguant. En tout cas de mon point de vue. Que pouvais-je lui dire là ? Croyait-elle vraiment que je cautionnais que le gouvernement fourre encore une fois son nez dans le cas complexe du Léviathan ? Ben non… C’est dire que la donzelle me connaissait mal depuis le temps qu’elle me côtoyait. Et c’était déplorable. Tant et si bien que je n’hasardais même pas mon regard dans son décolleté plongeant que j’avais pourtant l’habitude de dévorer des yeux. Ces derniers détaillaient plutôt l’expression pas vraiment radieuse de son faciès. On n’irait pas jusqu’à dire qu’elle était laide quand elle tirait la tronche, mais c’était tout comme. Une atmosphère pesante s’installa entre nous au fur et à mesure que nous nous regardions plus ou moins en chiens de faïence. Les secondes s’égrenaient et un gros blanc nous envahissait. Personne ne prenait parole. Pour ma part, pas besoin. Je n’avais rien à lui dire sur ce sujet. Quand à ketsuno, celle-ci devait avoir comprit qu’elle ne faisait pas face au cousin, non non. Mais bel et bien à son supérieur, son colonel. Elle finit au bout d’un moment par cligner des yeux avant de croiser ses bras sous son opulente poitrine et de continuer à faire la tête…

    • Très bien ! Si monsieur le prend ainsi !

    Et d’une démarche aguichante, la callipyge s’en alla, prenant même le soin de claquer la porte derrière elle lorsqu’elle sortit. Les murs de la pièce tremblèrent sous l’impact de sa violence et j’eus, par la suite, l’ouïe de la chute d’un cadran qui se fracassa au sol. Était-ce mieux ainsi ? Peut être bien. Il fallait qu’elle apprenne à rester à sa place quelques fois. J’me demandais parfois si j’n’aurais pas mieux fait de contribuer à son éducation plutôt que de vouloir à tout prix la foutre dans mon lit. C’est dans ces cas là que le remord ne m’épargnait malheureusement pas. Las, je passais une main dans ma chevelure que je me mis à caresser lentement comme pour me réconforter moi-même, faute de chaleur humaine. J’avais eu beaucoup trop de problèmes ces derniers temps avec le Léviathan et la protection de cette île que je devrais bientôt abandonner pour me mettre en route pour Marine Ford. Et voilà qu’un autre problème se dessinait à l’horizon. Je soupirais une énième fois avant de me lever de mon siège. L’heure de l’arrivée des gouvernementaux approchait grandement et c’était pas pour m’faire plaisir, croyez-moi. A peine avais-je fait un pas vers la sortie qu’on frappait à ma porte. Sans doute mes hommes qui étaient fins prêts à accueillir nos nouveaux visiteurs. Posant mon postérieur sur le bord de mon bureau, je les fis donc entrer pour m’enquérir des nouvelles :

    • Colonel, tout est prêt !

    • Bien. Prévenez Ketsuno. C’est elle qui se chargera de l’accueil de nos « invités ».

    Celle-ci fit apparaitre sa tête dans l’entrebâillement de la porte avant de gonfler ses joues comme un enfant à qui on infligeait une punition. J’lui fis un bon sourire avant que celle-ci ne capitule devant ma foi inébranlable du jour. C’était un ordre à ne pas contester et elle le savait très bien. La jeune femme finit par aboyer sur les autres hommes avant de disparaitre de mon champ de vision. Les autres lui emboitaient le pas et je me retrouvais une nouvelle fois seul cinq secondes plus tard. Niveau protocole, j’m’étais pas tellement foulé. Disons que la ravissante Ketsuno et une trentaine de membres feront l’affaire pour un accueil digne de ce nom, n’est ce pas ? Il y avait même une petite voiture pour les ramener jusqu’ici. Caressant ma petite barbiche, j’entendis soudainement des bruits qui provenaient de l’extérieur. J’m’approchais de la fenêtre de mon bureau avant de voir mes hommes partir chercher les gouvernementaux… Et de loin, se profilait la silhouette d’un immense navire dont j’devinais d’avance l’appartenance. Fourrant mes mains dans mes poches, j’finis par sortir de mon bureau et me préparer comme il se doit. Un peu plus tard, j’étais correctement vêtu -Manteau de marine, chemise blanche près du corps et jeans- dans une grande salle luxueuse. Celle où l’on recevait les invités les plus importants. Patientant sur un fauteuil moelleux, je savourais un verre de vin…

    En attendant leur arrivée imminente.

    C’était l’heure.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Jeu 22 Déc 2011 - 11:56, édité 1 fois
    Dans la brigade internes, on rencontrait deux types d'enquêteurs : ceux qui faisaient leurs enquêtes en douce, si bien que la preuve de leur présence sur le terrain se limitait vaguement à un rapport et ceux qui prenaient les ennemis de face dans le style célébrissime : "Je cogne d'abord, je pose les questions ensuite, si jamais il reste quelqu'un à questionner."


    Pénélope était amatrice de ces deux genres et savait les alterner au besoin, de sorte qu'elle ne laissait jamais à l'objet de ses recherches la possibilité d'établir aucune stratégie qui ne soit bancale. Cela venait-il de sa prétendue schizophrénie, fait non avéré et provenant de rumeurs tout aussi fallacieuses que diffamatrices ? Personne ne pouvait l'affirmer avec certitude d'autant plus que



    "Je ne suis pas folle, merde. C'est pas parce que vous êtes tous cons que j'ai un grain !"


    Elle venait de dire cette phrase à voix haute à un mousse qui s'immobilisa immédiatement de stupeur. Ce fut ainsi qu'elle découvrit qu'elle avait parlé à voix haute et congédia le crétin en puissance avant de reprendre la route.


    *Qu'est-ce que je fous dans ce bled de connards ?*


    La réponse à cette question se trouvait dans un missive datée d'un mois qui lui attribuait une nouvelle mission. Elle devait faire en sorte de surveiller le Leviathan, fleuron de la marine et qui avait été confié à un jeune colonel, à peine sorti des jupons de sa mère, selon l'expression d'un anonyme et c'était la plus douce qu'elle avait entendue. Les grands évènements de la marine étaient souvent source de mouvements de dimensions supérieurs dans les enquêtes internes bien que cela fut ignoré de tous. Aussi, elle n'eut que quelques jours pour monter un dossier sur une Pénélope Solète, aussi belle, intelligente et divine qu'elle, mais en colonel de la marine. Ce qui l'avait le plus amusé fut de s'inventer un palmarès qui justifierait autant son grade que sa connaissance du sixième style en faisant attention à ne pas frôler le secteur d'activité d'Alheïri S. Fenyang et de ses plus éminents alliés, à savoir la tripotée de Fenyang qui jalonnaient la carrière chez les mouettes de sa base à son sommet. Ce ne fut pas évident d'asseoir ce dossier sur des bases solides, mais le Cipher Pol 0 possédait les moyens de lui monter une biographie avec les témoins prêts à jurer de sa véracité.


    Il fut plus délicat de faire entrer l'agent dans l'équipe en faisant en sorte que ce soit le choix de quelqu'un de confiance, cependant une parade fut trouvée. Keegan Fenyang, père du colonel, signa l'affectation de la jeune femme à bord du Léviathan sous le conseil d'un de ses amis qui s'inquiétait pour la réputation de sa lignée. Le vice-amiral savait se montrer à l'écoute à condition que l'on paye la boisson et qu'elle soit de qualité d'autant plus que les références de la recrue étaient parlantes : compétences pour le combat indéniable et sens de la gestion impressionnant. Elle était la femme idéale pour mettre du plomb dans la tête de son fils et ce dernier ne dirait pas non à la compagnie d'une telle beauté.


    Ainsi fut fait et Pénélope s'apprêtait à se loger le plus confortablement possible dans la confiance de Salem pour pouvoir lui arracher ses plus grands secrets, le poignarder dans le dos et l'abandonner dans un fossé.



    "Non, je ne suis pas plus sadique que folle. Et d'ailleurs, je te prouverais que, bon, ta gueule !"


    Un autre mousse en fit les frais, décidément, elle était nerveuse à l'aube de cette mission et elle prit le temps de rassembler ses esprits avant de pénétrer dans l'imposant bâtiment.


    Décidément, elle avait fière allure dans son uniforme de la marine, ses galons et ses médailles lui donnaient ce qu'il fallait de prestance pour rapidement parcourir les couloirs sans être interrompue. De son pas assuré et de son regard qui ne laissait à personne l'occasion de ne serait-ce que de dire un mot, elle passa les barrages de vigiles, hôtes souriants et petits fours aux senteurs de cannelle. Elle sut noter la présence du lieutenant-colonel Kestuno Fenyang, plantée comme un radis devant la salle de conférence et résolument décidée à faire chier.


    Dans un "vous ne pouvez pas entrer comme ça", Pénélope poussa la porte et Ketsuno pour faire face au colonel Fenyang. Sans dire merde ni bonjour, elle prononça ses premiers mots volontaires de la journée :



    "Colonel Solète, je suis dorénavant affectée au Leviathan. Qu'on fasse le point de suite, vous vous pavanez sur le pont et menez les hommes se faire massacrer et je m'occupe de la logistique. Je sens que vous voulez me parler de tout un tas de trucs, mais on n'a pas le temps de s'amuser à évoquer vos sentiments. Je suis porteuse d'une mauvaise nouvelle qui ne tardera pas à débarquer dans votre vie pour la pourrir : le mandataire du gouvernement Emmie Séloune. C'est une bureaucrate aux dents longues, on la surnomme le "hyénal" contraction de hyène et de chacal qui sont deux charognards. Pourquoi ne pas avoir choisis deux prédateurs solitaires ? Je ne sais pas et pour être honnête, je flaire le mauvais goût dans cette histoire. Cela étant dit, elle a pour mission de vous briser parce que vous êtes à la tête du fleuron de la marine et qu'il y a plus méritant que vous. C'est comme ça, faites-vous une raison. Puisqu'il y a promotion sous la clé, elle va s'en donner à coeur joie, d'autant plus que c'est une emmerdeuse de classe internationale ; je cite son dossier. C'est l'équivalent d'enquêtrice zélée si vous voulez tout savoir. Quant à moi, j'ai pour mission de protéger votre carrière et de vous maintenir la tête au-dessus de l'eau. Vous n'avez pas intérêt à me faire un pli, je tiens à mes objectifs et je gérerai autant que possible cette néfaste engeance par moi même."


    Avant même que le colonel ait esquissé un geste, un autre "vous ne pouvez pas" accompagna l'entrée d'Emmie Séloune qui se présenta avant de prendre un siège et de regarder de manière malsaine Pénélope debout et Salem assis.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t3228-penelope-solete-agent-du-g
    • https://www.onepiece-requiem.net/t3171-penelope-solete-secretaire-en-attente-de-validation-3-4
      J’avais prit un livre banal. Pas forcement inintéressant, mais banal à mes yeux. Histoire de passer le temps. Contrairement à certains, je n’avais pas le trac et loin de là même. Ayant été colonel depuis plus de deux ans maintenant, disons que j’étais plus ou moins habitué à ce genre de visites surprises de la part des gouvernementaux qui, jusqu’à la dernière minute, ne me lâchaient pas. L’affaire du Léviathan les avait excités tous autant qu’ils étaient. Et ça m’avait foutu dans un tas d’emmerdes pas possibles. Ce jour représentait pour moi le dernier calvaire. Une fois passé, certainement qu’on ne me fatiguerait plus étant donné que je serais en pleine mer. Et la perspective d’être enfin libéré de toutes ces formalités encombrantes me plaisait bien, moi qui était pourtant casanier jusqu’à la moelle épinière.

      Cela me fit sourire sur le moment, mais pas pour bien longtemps puisque ma porte s’ouvrit à la volée. Et s’en suivit l’entrée d’un canon d’beauté à vous couper le souffle. Bon… Pas tellement hein… C’est à peine si elle avait un bonnet C. De plus, elle avait certes un joli minois, mais un minois d’gamine. Clair. Sans compter que son cul ne devait pas être bien rebondi comme je les aime. M’enfin, comme son manteau aussi gâchait le tout... Bref. Au fur et à mesure qu’elle débitait son laïus, je l’observais tranquillement sans ciller ne serait-ce qu’une seule seconde. Ce n’est que lorsque qu’une autre bombe fit son entrée que je détournais ma tête. J’observais la dernière qui nous lançait des regards assassins avant de sourire. Apparemment, le long séjour sur le Léviathan promettait d’être mouvementé…

      • C’est bon Ketsuno, laisse tomber. Va plutôt aménager des suites pour nos « invitées ».

      J’avais bien perçu la mauvaise humeur de ma cousine. Cette dernière n’aimait pas trop qu’on la prenne à la lègère, même si les femmes qui me faisaient face en jetaient grave. Elle grommela pendant quelques secondes avant de soupirer, et sortit doucement de la salle en tentant tant bien que mal de se calmer, et de ne pas faire de bêtises qu’elle pourrait regretter par la suite. Lorsqu’elle ferma la porte derrière elle, je marquais distraitement la page du bouquin érotique que je lisais sans trop de convictions et je le refermais doucement avant de le poser près de moi. Il eut ensuite un blanc. Puisque je n’avais plus bronché. Je passais mes yeux d’une femme à l’autre et analysait la situation qui m’était soudainement retombée dessus. J’sais pas d’où elles venaient mais aucune ne me faisait bonne impression.

      • Donc en gros, vous êtes mon ange gardien, celle qui veillera et me suivra comme une ombre, n’est ce pas ? Demandais-je au colonel Solète que je regardais tranquillement, tout sourire. Bizarre… Et même très grosse coïncidence. Vous êtes arrivées séparément ? Parce que si oui, je ne vois pas comment vous auriez su que les gouvernementaux nourrissaient une suspicion à mon égard au point d’envoyer un mandataire du gouvernement. Si par contre vous êtes arrivées ensemble par le même vaisseau, j’en déduis qu’il s’agit encore d’un coup foireux du gouvernement et que vous vous foutez ouvertement de ma gueule.

      Ton dénué de violence. Tranquille quoi. Même si j’concevais mal que le gouvernement mondial envoie une marine pour me sauver l’cul et par la même occaison, une gouvernementale pour me couler. Totalement contradictoire. J’eus même envie de leur dire que je leur laissais volontiers le commandement du Léviathan, mais il eut comme un déclic et je me gardais de délier ma langue. Après tant d’efforts fournis, il n’était pas questions de gâcher la reconnaissance de l’amiral en chef à mon égard. C’n’était pas un dernier obstacle qui allait m’empêcher de faire mon boulot et d’en recevoir les honneurs comme il se doit. J’avais trop trimé pour. Trop. Alors que je voulus reprendre parole, quelqu’un toqua la porte de la pièce. J’ordonnais à la personne d’entrer et le caporal O’Brian un jeune blond à peine âgé de vingt-ans fit son apparition…

      • Une missive du vice-amiral Fenyang, mon colonel.

      Alors que je prenais mon verre de vin, je lui fis signe d’approcher vers moi. Celui-ci hésita en voyant la gueule que tirait la gouvernementale avant de se rapprocher de moi et de me tenir respectueusement le papier qu’il devait me remettre. Je lui fis un sourire après avoir dégusté mon breuvage et je jetais un coup d’œil au papier qui ne m’annonça ce que je savais déjà. La venue d’un colonel. Colonel que je ne connaissais même pas. Ok, il y avait des milliers de colonels dans le monde… Mais celle là, jamais entendu parler. Par contre, il n’était pas mentionné la présence d’un représentant du GM dans l’histoire. J’eus beau relire ce qu’il me disait, mais niet, pas la moindre mention de la fameuse « hyénal ». Qu’est ce qu’elle foutait là ? Bonne question ! D’ailleurs, depuis quand le GM se mêlait-il de l’effectif de l’État Major ?

      • Bien… J’suppose que si mon père vous a affecté ici, c’est pour une bonne raison. J’vais pas le remettre en questions puisque cela reviendrait à buter un mur. Par contre vous, disais-je en me tournant vers Emmie Séloune, j’vois vraiment pas votre rôle dans l’affaire. On ne mélange pas marines et gouvernementaux, ça donne jamais de bons résultats. D’autant plus que l’amiral en chef lui-même m’a donné des consignes bien précises. Le Léviathan est SON navire et non pas celui du Gouvernement… Si vous voyez c’que je veux dire… Donc, sauf parole de l’amiral en chef, je ne vous accepterais pas dans le navire, vous m’en voyez désolé.

      Et BIM ! Là-dessus, le gouvernement ne pouvait rien me faire. C’est ça que de bien faire son boulot et d’être clean aux yeux de l’amirauté. Si j’étais plutôt sale auprès du GM, personnellement, rien à foutre. Je vidais rapidement mon verre et tendit le papier au caporal qui était plutôt obnubilé par la beauté saisissante de l’officier Solète. En même temps, ils devaient avoir pratiquement le même âge… Je ne lui en voulais pas, mais certainement qu’il n’avait aucune chance… Ou peut être que si. Qui sait en fait ? Pour le reconnecter à la réalité, je toussotais et me levais c’qui l’empressa vers la sortie. Dans le même temps, Ketsuno était revenue en nous signifiant que les suites étaient fin prêtes à accueillir les femmes. Elle s’était plutôt calmée. Bonne nouvelle quand on la connaissait parfaitement…

      • Bon bon bon. J’aurais bien voulu vous offrir un verre de vin mais vu que vous vous êtes empressée à me signifier que les formalités ne vous intéressent que peu, et puisque vous vous êtes autoproclamée administratrice, je ne vais pas vous gêner plus longtemps, non ? Ketsuno se fera un plaisir de vous conduire à vos chambres et vous donnera tous les dossiers concernant la logistique. D’autres préoccupations ?
      *Quelle mignonne conception de la marine ! Il pense vraiment que je lui demande son avis pour être affectée au bord du Leviathan et que celui-ci appartient à l'amiral en chef comme sa villa et ses deux chiens. En tout cas, avec des types comme ça, les missions ne durent jamais trop longtemps c'est une chance. Ce qui est par contre étrange, c'est cette tendance à savoir qui je suis. J'ai beau être un agent sous couverture, n'importe quel zouave conçoit des soupçons à mon égard. Y a une étiquette avec agent du CP0 sur mon front ou quoi ?*


      Elle écouta silencieusement le discours du colonel puis vint s'asseoir sur une chaise en se mettant la main sur la tête comme assommée par sa bêtise. Elle voulait lui faire rentrer dans la tête la réalité des choses à grands coups de table sur la gueule, mais elle se retint estimant que ce n'était pas son rôle de lui inculquer les bonnes manières, Emmie s'en chargerait. À contrario, elle devait se montrer compatissante et compréhensive, se mettre de son côté. Il était dommage qu'Emmie ne soit pas taillée pour la gentillesse, sinon Pénélope serait dans la peau de l'enquêtrice où elle aurait toute licence de le soulager de l'écorcher vif. D'ailleurs, quand Salem l'invita poliment à partir, elle ne broncha pas et attendit de se trouver seule avec lui pour répondre à son invitation.


      De son côté, Emmie fut comblée, elle ne pensait pas qu'on lui donnerait tant matière à être agressive, ironique et blessante. Elle était comme un enfant devant un cadeau de Noël ; ce colonel s'est emballé lui-même avant de se retrouver sous son sapin. Au fur et à mesure de son laïus, le sourire de la jeune femme se fit plus franc et elle ne put se retenir de rigoler quand elle entendit que l'amiral en chef possédait le Leviathan. Quand il finit de parler, elle l'applaudit, tout simplement, il ne méritait pas moins pour sa prestation.



      "On ne m'a jamais fait autant rire, merci. Donc si je comprends bien, l'amiral en chef possède le Leviathan, c'est ça ?"


      Elle repartit à nouveau dans son rire et enchaîna.


      "Merveilleux ! Ça veut dire qu'il va le léguer à ses enfants s'il meurt. De même le QG de la marine de cette île vous appartient et vous pourriez le vendre si vous avez besoin d'argent. Ou alors le louer, qui sait quelle idée allez-vous trouver ?"


      Elle dut s'interrompre à cause d'un fou rire avant de reprendre avec un ton plus sérieux cette fois.


      "Les affaires internes sont indépendantes de la marine et n'ont pas besoin de l'aval de qui que ce soit pour contrôler vos activités. Si l'amiral en chef avait son mot à dire, on rentrerait dans le conflit d'intérêt. D'ailleurs, voici les papiers de mon affectation ici. Vous pouvez le remarquer en le lisant, à aucun moment on vous demande votre opinion ou celle de l'amirauté. Mais si vous insistez, je veux bien noter que l'amiral en chef est l'ami de votre père sur le dossier. Si ça vous paraît essentiel à votre défense, je dirais, pourquoi pas ?"


      Là-dessus, Pénélope réagit pour défendre le colonel, estimant qu'en tant qu'alliée, elle devait le couvrir sur autant de points que possible.


      "- On ne bâtit pas un rapport sur des remarques personnelles. Cette citation pourrait très bien être le fruit de votre imagination, personnellement, je n'ai rien entendu de tel. Si vous insistez pour noter cela sur un papier officiel, vous allez peut-être faire rire une ou deux personnes, mais vous mettriez un coup de dague dans votre réputation d'enquêtrice sérieuse. Vous avez pris contact et vous avez apporté les papiers qui prouvent que votre présence ici est légitime, merci. Je vous prie de nous laisser discuter de quelques détails dont nous vous feront part ultérieurement.
      - Vous êtes qui vous déjà ?
      - Le colonel Solète, je suis affectée au Leviathan.
      - Et bien Solète, je me souviendrai de votre impertinence.
      - C'est ça, salut."


      Sur ces mots, elle repartit en plaquant ostensiblement la porte derrière elle. Après sa sortie dramatique, Pénélope regarda Fenyang dans les yeux et lui parla d'un ton navré.


      "Écoutez, vous m'avez l'air d'une cause perdue et vous voyez la marine comme une organisation de pirates, mais en uniforme bleu. J'ai déjà eu affaire à des gens comme vous et je m'en suis malgré tout sortie, j'ai même travaillé avec l'amirauté pour des cas plus désespérés que vous sans faillir, mais là, je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille. Vous ne souhaitez pas plus ma présence que je la souhaite auprès de vous. Je vois que vous avez un escargophone ici, contactez votre père et dîtes-lui que nous sommes tous les deux d'accord pour arrêter notre collaboration ici. Évitez par contre de me faire mauvaise réputation, je n'ai pas la chance d'avoir vos soutiens et une gaffe de votre part peut mettre en péril ma carrière."


      Elle lui tendit l'escargophone et d'un air qu'elle voulait désolé, mais qui laissait plus croire à un ennui extrême, puis elle se leva pour aller rejoindre ses appartements escortée par le caporal O'Brian. Celui-ci parla pendant tout le trajet sans qu'elle entendit un mot de ce qu'il lui disait.
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        Depuis l’inspection de ma base par une CP5 il y a de cela quelques temps, faut dire que j’étais aux aguets. Elles avaient éludé mon raisonnement concernant leur provenance, et cela ne fit que renforcer mes soupçons. La mandataire quand à elle, n’avait rien compris à mes dires et s’était aussi emballée. Le Léviathan n’était certainement pas le patrimoine de l’amiral en chef et ça, je le lui accordais malgré son ironie malvenue. Nonobstant, si le GM avait le devoir de l’assister, le commandement et les décisions concernant toutes flottes revenaient au big boss, sans quoi son exercice n’avait plus lieu d’être. J’pouvais comprendre que le GM puisse fouiller dans les affaires internes des officiers, c’était même normal. Mais quand on parlait de l’amirauté, c’était tout autre chose…

        Ils n’avaient pas besoin de l’opinion de l’amirauté pour intervenir dans ces dossiers ? N’oublions quand même pas que les marines étaient autonomes des gouvernementaux ! Conflits d’intérêts m’avait-elle dit ? Tsss ! Fadaises ! D’autant plus qu’il s’agissait du navire amiral. Ce que j’avais voulu leur faire comprendre était simple : Prévenir le big boss de ces changements de dernières minutes pour qu’il puisse me remettre de nouvelles consignes. Lui-même m’avait dit qu’il me préviendrait en personne si changements, il y avait. Depuis, je n’avais rien reçu. Sauf ce papier d’mon père qui ne concernait QUE le colonel Solète. Et encore. Dorénavant seul, j’regardais avec dépit l’escargophone qu’elle m’avait prêtée avec une certaine condescendance. Appeler mon père ? Bof. Pas tellement l’envie…

        Ce qu’il fallait maintenant faire, c’était rejoindre l’officier Solète. Histoire de mettre quelques points au clair. Parce qu’elle m’avait grave foutu un doute. Un sale doute qui me taraudait l’esprit. Croire ou ne pas croire ? Difficile choix Son audace à m’passer l’escargophone était quand même marquant et je ne pensais pas qu’il s’agisse d’un quelconque bluff, alors là, non. J’me forçais à penser que si mon papounet chéri avait fait le choix de cette meuf, c’est qu’elle en avait quand même dans l’bide. Et que refuser une aide en passant serait p’être bête de ma part, soit disant parce que j’avais une fierté et la volonté de réussir sans ses interventions. Je soupirai et finit par hausser les épaules. Lui faire confiance, n’me ferait pas d’mal. D’autant plus que j’n’aurais pas à la supporter bien longtemps…

        En contournant la table, j’eus l’envie de faxer les documents administratifs de la gouvernementale à l’amiral en chef, histoire qu’il pète un câble et remette ces quelques personnages qui avaient organisé tout ceci à leur place. Mais je n’allais pas le faire. Les ordres, faut dire que Kenpachi ne les recevait que du généralissime ou du conseil des cinq étoiles ; ces vieillards décrépits qu’on disait sages. Je souriais en m’imaginant un peu la tronche qu’allaient tirer les gouvernementaux si jamais le big boss entrait en colère. D’après les dires de mon père qui lui-même était assez craint, mieux valait ne pas s’attirer les foudres de cet éminent personnage. C’est ainsi que j’abandonnais l’idée en sortant de la salle et en prenant un raccourci pour déboucher devant le colonel et O’Brian, quelques minutes plus tard…

        • Tu peux y aller. Mademoiselle est déjà arrivée à ses appartements et j’ai à lui parler…

        En effet, nous étions tout juste devant la porte de sa chambre. Le caporal un peu déçu s’en alla ce qui me fit brièvement sourire. La donzelle lui avait tapé dans l’œil et force est de reconnaitre de près qu’elle n’était pas si mal que ça. Mes mirettes de jade se plantèrent dans les siens et c’est en silence que je la regardais, la surplombant de deux têtes au moins. Le pourquoi de mon silence ? Simple. La présence du caporal se faisait toujours sentir. Il prenait du temps, beaucoup trop de temps à partir et pour cause : Il avait définitivement le béguin pour Solète. L’on entendait encore ses pas dans le couloir pour preuve. Distinctement même. Ce ne fut qu’une minute plus tard qu’ils me parurent lointains. Et que je pouvais maintenant ouvrir la bouche pour dire ce à quoi j’avais rapidement cogité.

        • Restez. S’il s’agit véritablement de la décision du vice-amiral Fenyang, et comme je vous l’ai précédemment dit, je ne vais pas la contester. En plus d’être mon père, il est mon supérieur direct et remettre en questions son choix n’arrangera pas les choses pour nous deux. Donc restez. De toute façon, le voyage ne sera pas long et vous n’aurez pas à me supporter bien longtemps.

        Je n’allais pas remettre une couche sur ma conception de la justice et de la marine. Cela me semblait totalement inutile. Je n’allais pas me plaindre d’avoir été traité indirectement de « fils à papa qui jouit de pistons pour évoluer au sein de la marine ». Si c’était son opinion, qu’à cela ne tienne. Pourquoi chercher à me faire bien voir auprès d’une jeune femme qui n’en avait rien à faire de mon cas ? Tant pis si elle le prenait ainsi. Je n’allais pas non plus la supplier de rester. J’venais simplement de confirmer ce que je lui avais dis dans le salon privée. Elle n’était ni la première, ni la dernière personne à se tromper sur mon compte. Qu’elle puisse ouvrir les yeux ou pas sur les préjugés qui pesaient lourd sur ma personne, perso j’men tapais le coquillard. Néanmoins, je pensais qu’on pouvait faire équipe pendant un moment…

        • Cependant, si vous restez, c’est que vous acceptez aussi de ne jamais intervenir en ma faveur contre la gouvernementale. Pensez à votre propre cas et contentez vous seulement de la logistique. Rien que ça. Le reste, j’en fais mon affaire. Si on fonctionne de cette façon, je pense bien qu’il n’y aura pas de problèmes.

        A ce moment là, Ketsuno arriva avec une chemise verte qui contenait tous les dossiers bien classés concernant la logistique. Elle lui remit poliment et s’en alla aussitôt. Je fis de même en la suivant, les yeux plutôt rivés sur son derrière mortellement aguichant. J’pensais avoir tout dit là. La balle était dans son camp. Moi, j’avais tout fait pour la retenir. Si elle partait et que mon père viendrait à m’demander des comptes, j’allais tout lui expliquer sans mentir et clair que professionnellement parlant, celui-ci me comprendrait totalement. Je fouillais dans ma poche et je trouvais une Lucky que je plantais immédiatement entre mes lèvres. Je m’remettais à farfouiller mes poches, mais quedal. Aucun briquet… La veine quoi. J’allais continuer à me fouiller, quand je levais vaguement ma main vers le plafond si jamais Solète s’était retournée pour m’observer ou si jamais, elle me suivait pour ajouter un truc…

        • Si vous voulez m’parler, j’suis dans mon bureau, avant dernière étage, troisième porte… Sinon bonne journée… Colonel !
        "Le Caporal Mayo a tué le Colonel Solète avec ses déclarations dans la chambre."



        C'était la solution à l'énigme que se poserait toute personne ayant vu les deux jeunes gens partir ensemble. Il l'avait littéralement engloutie de mièvreries et de promesses d'amour éternel. Le fait qu'elle ne manifestait aucun signe d'intérêt ne le rebutait pas, il avait assez de verve pour deux et son monologue tentait de compenser par la quantité ce qu'il sacrifiait en qualité, sans succès. Arrivé à destination, il sortit un ukulele comme par magie et se mit à réfléchir intensément. Il avait l'air d'un homme luttant contre une semaine de constipation. Au même moment, Pénélope regardait la pièce avec une pointe d'admiration : il y avait un lit spacieux et frais face à un bureau qui ne manquait pas de cachet. Deux larges fenêtres laissaient entrer des rayons lumineux qui semblaient freiner leur course dans l'antichambre pour se repartir de manière homogène dans l'espace. Après avoir inspecté les lieux, elle vit l'effroyable tension qui se dessinait sur le Caporal et lui demanda ce qui n'allait pas, dans l'espoir de lui éviter l'apoplexie :


        "- Qu'est-ce qu'il y a ?
        - Non, rien, je pensais à un truc, c'est tout.
        - Accouche et fais pas chier.
        - Bon, d'accord. Y a quoi qui rime avec Pénélope ?
        - Antilope et salope et les deux risquent de me mettre de travers."


        Pour O'Brian, l'atmosphère s'alourdit de telle manière que l'air se faisait prier pour traverser sa glotte. Néanmoins, il se recomposa une physioomie à l'instant où Salem franchit la porte pour le congédier et remettre le couvert avec la secrétaire.


        Encore et toujours ce besoin de marquer son territoire en pissant sur toute l'hémisphère nord. Il continuait à s'entêter quand bien même Pénélope faisait montre d'autant d'amabilité que possible. Elle savait qu'il y avait peu de chances qu'elle s'en fasse un ami si aisément, ce serait d'ailleurs le premier de longue date, mais ce serait une relation hypocrite. Sa vie d'enquêtrice lui imposait cette réclusion et elle ne s'en portait pas plus mal vu qu'elle n'était jamais vraiment esseulée, elle ne serait jamais livrée à elle-même.


        Quand il eut finit de parler, elle lui tendit un mince dossier où elle avait écrit quelques informations sur Emmie. À part ce qu'elle lui avait dit, il contenait une appréciation de ses supérieurs grâce à son taux élevé de réussite dans ses missions. Elle lui dit :



        "Voilà ce que j'ai sur votre emmerdeuse, pas grand-chose, mais suffisamment pour que je me méfie d'elle. Écoutez, vous ne semblez pas comprendre un principe essentiel : ma mission est de vous couvrir, je n'ai pas l'intention de désobéir à un ordre direct d'un vice-amiral pour que vous fassiez vos preuves. Je me répète dans l'espoir d'être aussi compréhensible que possible : l'insubordination se paye cher et je n'ai pas envie de saborder ma carrière suite à une requête de votre part. Ma réponse coule donc de source : j'interviendrai, pas seulement pour vous aider, mais pour m'aider moi-même. Mettez vous bien dans la tête que ni vous ni moi n'avons le choix, nous n'avons d'autres alternatives à part celle de faire ce que l'on nous demande sans discuter. Par contre, on peut faire de notre cohabitation une collaboration et non un pugilat insensé, je compte donc sur une meilleure disposition d'esprit de votre part."


        Après cela, elle salua le Colonel avant de le regarder partir. Décidément, cette mission allait être divertissante.
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