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Les conséquences de ses actes...


*Ventre saint gris ! Mais quel est donc l'être dégénéré qui a bien pu commettre un massacre de la sorte. Une telle débauche de sang et de vice, cela ne peut être que l'oeuvre d'un pirate à l'esprit dérangé. Dire que cet être pervers vagabonde encore en ville... il faut absolument mettre la main dessus avant qu'il ne complète son tableau de chasse.*

Telles furent les pensées du Sous lieutenant d'élite Joseph Gagnon lorsqu'il resortit de la taverne. Hasard des choses, sa patrouille était passée devant, avant de s'y engouffrer, intrigué par les gémissements et autres gargouillis encore audibles. Une chance qu'ils soient justemment en ville, sinon qui sait ce que ce pirate pourrait encore faire. Récoltant rapidement quelques témoignage, le marine d'élite se lança aussitôt à la poursuite avec ses hommes, tout en délivrant un demande de renfort. Le filet des "Steel Gulls" allait bientôt se refermer sur le meurtrier, ce n'était qu'une question de minutes.

(...)

- Cette dame dit l'avoir vu pénetrer dans cette armurerie monsieur.
- Bien. Renvoyez-la chez elle caporal, puis postez vos hommes en embuscade. Nous devons à tout prix éviter qu'il puisse prendre l'armurier ou un client en otage, nous l'attendrons donc dans la rue. Cela devrait de plus laisser le temps aux renforts de se mettre en route.
- Bien monsieur. Pour la justice !
- Force et honneur caporal ! Force et honneur.


(...)

Quelques minutes plus tard, l'auteur du carnage apparaissait enfin, ses nouvelles affaires encore sous le bras. Au moment où les rayons du soleil frappaient son visage, l'officier des Steel Gulls l'interpella tout en s'avanceant vers lui. Les sabots métalliques de son cheval à vapeur claquant sur le pavé, le torse fier de l'homme juste bien bombé vers son ennemi, et la crosse de son tromblon sur la cuisse, le marine dégageait une certaine aura autour de lui. La justice parlait par sa bouche.

Les conséquences de ses actes... Haut10



- Halte là ! Au nom de la Justice et du Gouvernement mondial, vous êtes en état d'arrestation !
Si vous tentez de résister, vous serez abattu ! Première et unique sommation.

A cette déclaration, la quinzaine d'homme sous ses ordre sortirent de leurs cachettes, encadrant à une distance prudente le pirate, tout en bloquant les éventuel accès aux traverses proches. Baïonettes aux fusils et crosses en joue, ils étaient près à recevoir l'assaut si jamais le flibustier essayait de traverser les sept mètres les séparant. Il n'était pas difficile de lire leur détermination malgré leurs cuirasses, masques et imposants uniformes.


[Image complète:]
Spoiler:
    C'est donc l'esprit léger que j'me dirige vers la sortie. Du curare, quel magnifique produit. Si seulement j'avais pu en avoir avant. J'aurais immobilisé ce cher père de famille et j'l'aurais dépecé dans un coin plus tranquille. Mais à la place j'ai du l'laisser là, en vie, sans rien lui faire. La boucle est pas bouclée. Merde. Et il doit être parti à l'heure actuelle. Le pauvre, il doit même surement être au poste de police, en train d'dire tout c'qui s'est passé. Mais qu'il s'estime heureux ! S'aurait pu être lui l'aveugle. Ou le sourd. Ou le muet. Ou le sans-nez. Putain Bishop, tu penses trop à ça. Cent mille berry que ça va m'hanter cette nuit c'te bazar. Si j'avais su le regret que j'ai en ce moment, j'lui aurais trancher les mains voila tout. Mais à la place, quoi ? Ouais c'est trop d'boulot la peau alors j'te laisse en vie. T'es un couillon mon vieux, un fainéant ! J'pourrais aussi rentrer dans un aut' bar et couper les mains des types mais ça aurait aucun sens. Oh putain Bishop, par compassion pour tes victimes tu pourrais au moins éviter d'employer ce mot : 'sens'.

    Ou alors, je demande au Capitaine c'qu'il en pense, 'doit être dans le coin surement, et j'fais c'qui m'dit. Tu vois Bishop quand tu réfléchis ! Toujours moyen d'trouver une solution. Ah mais l'Capitaine va p'tet me prendre pour un lâche, ou un gars qui finit jamais l'travail. 'Pourrait m'foutre dehors de l'équipage, 'pourrait p'tet me tuer. Bah non, pourquoi i'f'rait ça. Y'a b'soin d'un Doc chez les Saigneurs. En plus on va vers Grand Line. Et Jacky, qu'est-ce qu'il en dirait le Jacky ? Vu l'heure qu'il est, il m'dirait surement un truc du genre : "Tu vois Bishop, l'essence même de l'homme, c'est la vie. Et vivre c'est pas mourir. R'garde Anthrax par exemple, cette saloperie de singe s'pose pas d'question et il vit. En gros c'que j'veux d'dire c'est que si tu penses, tu es, donc tu vis. Donc tu meurs pas." Bah ouais, généralement le Jacky est pas dans son état naturel à c't'heure-ci. Ou alors c'est ça son état naturel et ses instants de sobriété sont pas vraiment lui. Je choisis la deuxième pour le coup.

    Fin bref, pour le coup j'pense qu'le meilleur à faire c'est t'retourner sur le bateau, d'mander à Micha d'me faire une bonne gâterie euhh un bon gâteau j'veux dire. S'relaxer alors que Lucia me fait un massage, vider une bouteille de rhum avec le Noah et discuter d'truc bizarre avec Maya et Walt. Sans oublier l'plus important, une bonne dose de morphine pour libérer l'esprit. Tu y es Bishop, le plan parfait. Je pousse donc la porte de l'armurerie. Car mine de rien, le temps est pas passé aussi vite que j'pense. P'tet parce que j'réfléchis trop vite. Une lumière le Bishop. Pas tout le temps, mais une lumière quand même.

    Nous y voila, l'air frais de la liberté. Les rayons du soleil qui viennent me brûler le visage. Rien qui pourrait, à priori, venir entacher cette journée. Hormis peut-être cette putain de pensée de ce que j'aurais du faire dans c'te bar. Hormis ce bruit de cliquetis. Késako ? Un cheval mi-fer mi-cheval qui claque du sabot sur le sol. T'pourrais pas arrêter s't'eu plait, j'vais attraper un mal de crâne là. Et le trouffion qui le monte a pas l'air de comprendre qui fait beaucoup de bruit. T'voudrais pas tester ma serpe par hasard ? Uhuh. J'rigole, mais le temps est plus à la plaisanterie.

    Et merde. Ca semble sérieux. J'regarde derrière, histoire que j'passe pas pour un con mais j'suis tout seul. Et c'type en uniforme veut pas rigoler. Au nom de la Justice et du Gouvernement. Ca sonne bien quand même. Doit être fier de lui d'avoir sorti un truc comme ça. Pas qu'j'admire la Marine hein ! J'admire seulement les belles paroles. 'Somation'. Ah j'ai saisi ! C'est une blague. J'suis sûr qu'le Capitaine doit s'foutre de ma gueule en ce moment même. Doit être en train d'me regarder, caché sur un toit ou queque chose d'la sorte. Comme si une farce aussi grosse que ça allait passer t'façon. Z'ont suivis mes conseils les Saigneurs, faire plus de blagues, être plus humoriste. En plus somation c'est pas le bon mot. T'es con toi avec tes belles paroles. Comme si la modification de mes cellules avait à voir avec une arrestation. Franchement, la blague a failli marcher les gars. Y'a juste eu un mot d'trop. Et voila une troupe de soldat qui m'entourent. Et ben dis donc, ils ont vraiment sortis l'artillerie lourde. Z'ont pas fait dans la demi-mesure ces p'tits farceurs.

    Mais j'ai une idée d'génie. C'est moi qui vais piéger l'Capitaine. J'vais faire comme si j'avais pas compris la farce. J'vais faire semblant d'être piégé. T'es un génie Bishop. Un génie. Je prends mon visage apeuré et me met à gueuler.

    "OH NON ! Vous venez de me démasquer ! Que vais-je bien pouvoir faire !"

    Et puis j'pense. Un début d'bagarre le f'rait bien. Ouais ! J'vais impressionner l'Capitaine en plus. 'S'ra fier de moi comme ça. Quelle belle journée ! Premièrement, montrer l'intelligence du type ! Petite diversion.

    "OOOHHH CAPITAINE TAHGEL !! CA VA ?"

    Voix bien portante et signe de main géant. Un piège tellement subtil que moi-même j'tomberais dedans. Et pourtant y'en a dans la caboche. Et comme le Capitaine est ultra-connu, le subterfuge est ultime. Dans la seconde d'après, je fonce vers le cheval. J'avais bien sûr pris soin de bien déposer ma nouvelle trouvaille sur le sol. Je prends ma serpe à deux mains et glisse sur le dos. Mes tibias viennent percuter les deux jambes avant d'la monture et j'essaye de percer la carapace d'la bête avec ma lame. Pas sûr que ça puisse le faire mais j'tente hein. Regarde bien Capitaine, tu vas être impressionné !


    Dernière édition par Alexander Bishop le Mar 6 Mar 2012 - 19:12, édité 1 fois

      Malgré les années de service, le lieutenant Joseph Gagnon est encore choqué par les agissements de certains pirates. Et il en est tout à fait satisfait, il sait que le jour ou il ne sera plus surpris par leurs viles tactique c'est qu'il sera devenu comme eux. Traitre et sans honneur. Plutôt mourir. Alors quand Bishop lui désigne un nouvel adversaire, il tourne la tête pour le chercher du regard. Au grand désespoir de ses hommes qui eux ne quittent pas le pirate des yeux, pas du tout impressionnés par cette ruse grossière.

      Bishop profite de l'instant et s'encastre dans le torse blindé de Polette, sans autres effets notables que de recevoir immédiatement un double regard de braise en pleine figure, celui de la monture et de son cavalier, qui résume d'une phrase la situation et le mépris qu'il ressent...

      -Mon dieu que c'est vil, oser s'attaquer à ma monture...


      La serpe de Bishop ripe sur le blindage le plus épais de Polette. Joseph a l'habitude de combattre des fantassins et sait trés bien que dés qu'il s'agit d'improviser, un piéton a le plus souvent tendance à attaquer bas, visant la poitrine et le ventre censément moins protégés. Mais ici c'est l'inverse, aprés tout, avec un élément d'élite sur le dos pas besoin de protection sur le dessus.



      -VIREVOLTE POLETTE !

      Exécutant immédiatement une figure de voltige classique, Polette bondit en l'air avant de retomber les quatre fers en avant sur le pauvre fou à ses pieds. Les pistons qui actionnent les jambes et les sabots blindés de la mécamonture lui donnent assez de puissance pour briser un pavé ou un crane d’un seul choc, et la vapeur qui les actionne permet de délivrer une véritable pluie de coups qui s'abat sur Bishop pendant que Polette exécute toute les figures classique de la danse du brise pied sur le rythme le plus rapide. Saut, quatre coups, petit saut, rotation en quart de cercle, huit coups rapide, petit saut, rotation…

      Quand Polette cesse de rebondir et de tourner en frappant des sabots pour sauter d'un bond quelques mètres plus loin, la zone pavée qui se trouvait sous les pieds du centaure n'est plus qu'un rond de terre battue couverts de graviers, seul vestiges des pavés défunts.

      Si le pirate ne s'est pas sorti de la à temps, il est probablement déjà moulu et enterré. On ne plaisante pas avec Polette… Et c’est avec un amour toujours plus grand pour sa merveilleuse monture que le lieutenant Gagnon lui tapote délicatement la plaque d’acier entre les deux oreilles.

      -Lieutenant attention !
        La serpe fait qu'rayer l'torse métallique du cheval. Merde, l'coup a pas marché. Quelle idée d'foutre une armure sur une bête. Même le timbré d'Bishop aurait pas pensé à une idée si saugrenue. L'Capitaine a vraiment pas fait les choses à moitié. Sérieusement, bonne blague de sa part. L'a un grand sens de l'humour le Capitaine. Et pourtant, y'a un truc qui m'dit qu'j'suis un peu à coté d'mes pompes. Qu'y'a un truc qu'est juste devant mes yeux et qu'j'arrive pas à voir. Parce que bon ok, c'pas cool c'que j'viens d'faire mais c'type s'excite grandement avec sa Polette. Le v'la qui décolle. Bien haut. Et qui retombe. Tel un aigle qui fond sur sa proie. Tout en étant au sol, j'esquive tant bien que mal les quatre coups d'sabots. Un coup par jambe. Quatre pattes, quatre coups donc. Alors la franchement, la blague va un peu loin. 'Vaut m'tuer ou quoi ? L'est pas bien c'gars là. Si jamais j'me prends ne serait-ce qu'un seul coup, bonjour les dégâts. Et j'te dis pas la frayeur que j'ai eu quand j'ai vu sa patte droite me venir en plein front. Encore heureux qu'y'a une bonne vue et qui lui reste de bons réflexes le vieux Bishop.

        Bon c'est pas tout ça mais si j'reste planté là, j'risque bien de m'faire aplatir comme une crêpe. Ou alors faudra m'ramasser à la p'tite cuillère. Bref, ça sent pas bon. Les coups d'sabot sur le sol font éclater les pavés et un peu d'poussière vient nous brouiller la vue. On pourrait croire que c't'un inconvénient mais c'est plutôt l'contraire. Les quinze autres gusses verront p'tet pas mon tour de magie et c'est tant mieux. L'cheval est prêt à r'faire un tour dans les airs. T's'ras pas tout seul à t'amuser mon bichon, t's'ras pas tout seul. J'passe mes jambes autour d'ses hanches et presse, histoire que j'tienne un minimum. J'enroule également mes bras autour des siens et j'me hisse au maximum. Ma tête embrasse presque le fer du dessous d'l'équidé. Position parfaite. J'sens le cheval qui r'monte, qui redescend, qui r'monte, qui redescend, qui fait demi-tour, et qu'ça continue. Pas d'chassé, pas d'coté, pas d'bourrée, pas d'biche, une vraie danseuse cette Polette. J'y prendrais presque goût.

        Imagine-nous Polette. Toi ayant revêtu ta plus belle robe - t'interprète comme tu veux c'dernier mot mais pour moi c'est clair - et moi habillé de mon plus costard. On cabriolerait tout les deux, main dans la patte, yeux dans les yeux. Tu m'emmèneras partout où j'voudrai et j'f'rai de toi la plus célèbre des juments. Ah ... Ah putain j'suis con. J'suis d'jà engagé dans un équipage et j'me vois mal leur fausser compagnie. J'l'es aime bien mes p'tits Saigneurs. J'parle pas en tant qu'chef mais en tant qu'doyen d'la bande. Et une sacrée bande. T'm'imagines un peu dire à tout l'monde que j'fous l'camp pour aller danser avec Polette ? Ils m'prendraient pour un fou. Comment ça c'est d'jà l'cas ? T'y connais rien gars. C'est nous les Saigneurs qu'on est bien dans notre tête et c'est au reste du peuple qui manque des neurones. T'y connais rien j'te dis. D'mande un peu aux autres et tu verras.

        Fin bref. Polette - j'aime bien ce nom - a fini d'me faire aller à gauche à droite. L'nuage de fumée s'est épaissi alors Polette s'écarte. J'tourne ma tête pour voir l'état d'l'endroit. Jamais t'aurais su dire que c'était une route. Jamais t'aurais su dire qu'y'avait des pavés encore trente secondes avant. Polette fait pas dans l'détail. On sait quand même reconnaitre ma blouse de doc. L'est plus très blanche, l'est plus en une pièce, l'est plus toute douce mais on voit bien d'quoi il s'agit. J'avais pensé à la laisser là, comme ça p'tet que les cons croiraient qu'j'suis resté allongé sans rien faire. Subterfuge ultime encore une fois. C'est pas les muscles qui comptent, c'est c'qu'a la dedans. T'essaies jamais à un combat d'réflexion avec le Bishop, t'as perdu d'avance. Beaucoup trop d'choses qui s'passent dans ma tête en l'espace d'une seule seconde.

        Et pendant qu'j'dansais, j'ai pensé à l'après. Toi, le soldat, Polette, et moi. Deux hommes pour une seule monture, ce qui en fait un de trop. Ou p'tet pas. Chevauchons en trio camarade ! Une fois qu'la Polette a r'posé ses quatre pattes sur l'sol, j'me laisse tomber. J'fais ensuite un cumulé avant, qui permet d'sortir du dessous d'ma pouliche, j'me retourne, je fléchis bien les genoux, je saute. J'prends la queue d'Polette pour m'aider dans mon élévation. Pas la queue, la 'queue', la queue, la queue d'cheval quoi. Ouais voila, pas la coupe de cheveux en somme, l'autre. Pourquoi ? Qu'est-ce tu croyais toi ? Mmmh je vois, pas très glorieux tout ça ...

        Bon. Une fois suffisamment haut, je pose ma main sur la croupe de Polette et viens m'assoir juste derrière l'chevalier. De l'autre main, j'prends mon magnifique trésor, c'est-à-dire ma serpe. J'mets ensuite mes jambes autour des siennes, ma main d'appui qui choppe maintenant les rênes et j'mets la serpe sous sa gorge. T'l'as pas vu v'nir hein ? Et même si tes p'tits gars t'ont prévenu, l'est trop tard. Trop intelligent la Bibish, trop une lumière.

        "Messieurs ! Je tiens en otage cet homme. Laissez-nous gentiment partir et je lui laisserai la vie sauve. En avant Polette ! HI HA !!"

        J'tire ensuite les rênes comme un dingue et tape des deux pieds sur le flan de Polette. Tu vois ça comment j'suis bon Capitaine ?


        Dernière édition par Alexander Bishop le Mar 6 Mar 2012 - 19:07, édité 1 fois
          C’est mal connaitre un cavalier né comme le lieutenant Gagnon que de croire qu’il ne sent pas instantanément tout les mouvements de sa monture. Plus centaure que vraiment humain, un tel cavalier fusionne littéralement avec son plus fidèle compagnon qui ne devient rien de moins qu’une extension de son propre corps.

          A l’infime fléchissement de Polette au moment ou Bishop se dévoile Gagnon a déjà compris la situation et réagit en conséquence. Et c’est d’une main de fer gantée de cuir qu’il bloque la lame du pirate avant qu’elle ne vienne lui égratigner le cou.

          Quand au reste, le pirate vient de provoquer un certain intérêt dans l’inhumaine prunelle du lieutenant, ce n’est surement pas un cavalier expérimenté, mais c’est visiblement un acrobate accompli, s’accrocher à un cheval qui bondit n’est pas un exercice aisé.
          Reste à voir si après s’être remis en selle à l’arrêt il saura aussi s’y maintenir lors d’un vrai galop. Un galop d’obstacles.

          -HIIIII HAAA POLETTE !

          Polette se dresse presque à la verticale sur ses antérieurs pendant que sa chaudière émet un torrent de fumée noire, et que la température d’icelle augmente sensiblement. Ce qui est assez désagréable pour Bishop qui est assis tout contre. Puis retombant en faisant jaillir des étincelles de ses sabots, le destrier se précipite en avant à une vitesse bien supérieure à celle de n’importe quel cheval de course conventionnel et dans un bruit qui ressemble plus à celui du Puffing town…

          Pendant que le pirate, qui ne bénéficie ni d’un entrainement équestre ni du bonus d’assise de la selle, doit être balloté dans tous les sens par la course, Gagnon lui, dirige d’une pression de talon sa monture vers le premier obstacle. Un passage large mais couvert et vouté entre deux maisons. Le genre d’endroit ou un homme de grande taille doit ôter son chapeau pour passer. Juste de quoi laisser passer Polette. Juste Polette, et surement pas un éventuel cavalier ou deux évidemment…

          Profitant du relâchement d’un Bishop fort occupé a ne pas chuter, Gagnon et non sans gagner une belle estafilade en travers de la paume et du bras tenant la lame se dégage de la serpe,. Et juste avant l’obstacle il effectue de manière parfaite une figure classique mais périlleuse de voltige cosaque. Plongeant vers le sol sur la droite du cheval il glisse sous le ventre de Polette, évitant ainsi habilement de s’écraser contre la façade de brique, avant de remonter de l’autre coté pour partir à l’attaque du cavalier subnuméraire.

          S’il est encore la évidemment…
            Une lumière le Bishop, une lumière ... Sauf que l'filament d'la lampe doit être cassé. L'coup d'la prise d'otage tombe à l'eau car c'con s'est protégé avec sa main. Il semble que j'sois tombé contre un bon. Mais l'est pas aussi bon qu'moi. Lui aussi a envie d'faire un tour en Polette alors il gueule exactement le même truc que moi. Pas très original le gars. Sauf que Polette lui obéis à lui et la v'la qui se cabre. Plutôt malin j'dois l'avouer. Mais j'me tiens bien, pas d'danger pour ça. J'ai l'cul qui chauffe aussi. Faut dire qu'la Polette semble avoir un moteur à charbon à l'arrière-train. Détail que j'ai noté qu'une fois assis. Une fois qu'y'était trop tard en somme. Et puis d'un coup d'un seul, Polette se met à galoper comme si sa vie en dépendait. En même temps, si j'étais un taré, j'pourrais très bien m'en prendre au cheval. Mais j'suis pas comme ça moi. Nooon.

            Les sabots claquent et reclaquent et reclaquent encore sur les pavés d'la ville. Un boucan d'diable. Si y'avait que ça, ce serait cool mais c'est pas le cas. Trop simple sinon. La balade à travers Hinu Town est horrible. J'essaie d'me t'nir comme je peux et j'manque même d'me faire éjecter plusieurs fois mais pour l'instant j'tiens bon. Pour l'instant. Car toutes les bonnes choses ont une fin. On tourne à droite, puis à gauche, j'balance de tout coté et puis on fonce tout droit. Et c'est là que ça cloche. Car son but à Igor - ouep, décidé de l'appeler Igor - c'est d'me foutre par terre. Hors, c'est pas en allant tout droit qui risque de m'faire tomber. Mais l'Bishop a tellement réfléchi avant qu'le cerveau est un peu long à la détente maintenant. L'Igor, à l'aide d'une pirouette qu'il ne faut pas reproduire chez soi, passe en dessous Polette Cette même Polette qui vient de baisser la tête. Et du coup j'vois bien c'qui a devant. J'vois bien c'qui va m'arriver. Et j'dis merde.

            "Merde."

            J'me prends l'mur. Mais j'suis quand même parvenu à mettre mes bras devant ma tête au dernier moment. Du coup l'choc est pas vraiment fort. Surprenant certes, mais ça va, rien d'cassé. Et y'a pas qu'le mur, y'a aussi l'sol. Donc j'tombe sur le cul. La chute, elle, est plus dure. Le postérieur tape tellement fort sur les pavés qu'ça m'donne mal au crâne. Sérieusement, cette blague va trop loin. L'Capitaine abuse légèrement. S'il voulait m'tester, pas besoin d'mettre ma vie en jeu. En plus, j'ai d'jà fait mes preuves plusieurs fois. Trois pour être plus précis : La Tanière, Bobby d'l'Archipel et l'attaque du village. Alors j'doute. Et si on voulait vraiment m'arrêter ? Bishop est donc devenu un vrai pirate. Un vrai de vrai. C'est beau. Presque la larme à l'œil. Ah mais du coup j'dois plus prouver au Capitaine que j'suis un bon. Si c'est comme ça j'me casse. Salut Igor. A l'prochaine.

            J'me relève. Polette fait demi-tour, pour qu'le chevalier puisse voir mon état. Perds pas d'temps et réfléchis comme il faut Bishop. Faut fuir, mais fuir intelligemment. Par la route c'est pas possible, le cheval est trop rapide. Pas le choix, on passera par les toits. J'regarde à droite. Y'a une fenêtre. Parfait. J'cours rapidos, r'gardant même plus en direction d'Igor. Je saute, bras croisés devant ma tête, genou également en avant et passe au travers du vitrail. Une vieille, le cul posé sur son fauteuil se d'mande c'qui lui arrive. Pas l'temps d't'expliquer mémé. J'fonce direct vers les escaliers et les montent quatre par huit. J'passe le premier étage, j'continue l'ascension, j'ouvre une porte et me voila sur le haut d'la baraque. Et d'là, c't'un semi-jeu d'enfant. Le quartier est immense et les maisons sont la plupart du temps côte à côte. J'pars donc à gauche. J'me sens libre, j'me sens puissant, j'me sens bien. J'ai l'impression d'voler, d'dominer c'te ville. J'suis tellement chaud que j'vais tenter un truc. Un truc qui t'f'ra battre le cœur encore plus fort, encore plus vite. J'suis en confiance, j'peux l'faire.

            Alors j'le fais. Y'a une corde qui relie deux bâtiments. Celui sur lequel j'me trouve actuellement étant plus haut qu'l'autre. Y'a du dénivelé et l'truc forme une tyrolienne. Allez Bishop, fonce. J'prends ma serpe de la main gauche, au niveau d'la jonction du manche et d'la lame, j'cours et j'm'élance. J'passe la main droite par dessus la corde et choppe l'autre extrémité du manche. On y est. C'est l'moment. J'vais charcuter un peu la main surement mais ça en vaut la peine. Le bois glisse sur le fil et me voila qui vole un peu plus. J'jette un œil en contrebas et j'vois Igor.

            "R'garde en haut Ducon !"

            Il lève la tête et m'aperçois. J'lui adresse un sourire magique, un sourire de gosse. Il pointe son flingue et tire. Raté. Puis j'regarde devant et vois la fin d'mon périple. Une nouvelle fenêtre en perspective. Pas grave, commence à prendre l'habitude. J'lâche la serpe de la main gauche et pénètre dans une nouvelle habitation, avec toujours un maximum de classe. Cette fois-ci, c'est moins rigolo. Un trentenaire qu'est assis sur une chaise, en train d'fumer une clope avec devant lui une table et un pistolet double canon. J'le r'garde. Il m'regarde. Je r'garde l'arme. Il r'garde l'arme. On s'regarde. Il approche la main du flingue. Trop lent. Je plante ma serpe à la fois dans sa paluche et dans la table. Le v'la bloqué.

            "Croché croché j't'ai accroché !"

            J'prends ensuite le revolver. Pan Pan. L'homme est mort. C'est pas un tireur d'élite le Bishop mais à cette distance là, pas moyen d'rater. J'rattrape ma serpe, l'extirpe du meuble et j'suis r'parti. R'parti sur les toits, pour moi continuer mon escapade. J'me fais plaiz, la vie est cool. Tout s'passe bien vite, comme si j'étais sous speed. Alors que j'ai rien pris. On dirait que j'commence vraiment à apprécier les joies d'la vie comme jamais auparavant. Sur l'Archip, j'suivais en quelque sorte les ordres et j'prenais pas trop d'initiatives mais là c'est différent. Là j'suis seul, j'fais c'que j'veux. J'me fais plaiz. Je continue à courir un peu. Genre je sais pas combien de minutes car j'ai plus d'notion du temps. Tout ça a plus d'importance. Mais quand j'y repense c'pas cool. J'ai fuis comme un lache. La Marine va m'prendre pour une lopette. Et la joie retombe. T'as des burnes ou pas Bishop ? Alors vas m'chercher c't'Igor et fous lui une dérouillée ! Ouais ! Vas-y mon gars !

            Du coup j'me dirige vers le bord d'un bâtiment et j'regarde en contre-bas. Personne. 'Fin si y'a des gens mais pas le concerné. Réfléchis. Polette f'sait un boucan d'enfer. Concentre toi sur le bruit. Le bruit Bishop. Et dans les cinq secondes qui suivent, une explosion. Suivie d'une autre. Et comment tu veux qu'j'entende Polette avec tout c'boucan ? Mais attends une seconde. Igor étant un vrai Soldat, i'va s'diriger vers l'explosion. Magnifique ! Toi l'étrange inconnu qu'a fait péter un truc, je t'aime ! Et là, j'attends pas une seconde et j'fonce vers où y'a le grabuge. Deux pâtés d'maisons plus loin, c'est le pactole. Igor qu'est en contre-bas. Coup d'bol supplémentaire, les bâtiments sont plus si haut qu'avant. C't'à dire que si j'tombe d'ici, certes ça va pas faire du bien, mais ça m'tuera pas non plus. Alors quand j'sens qu'c'est l'bon moment, j'bondis. J'retiens mon souffle. L'effet d'surprise s'ra ultime ! Et puis ...

            PAF

            J'ai tapé au niveau du flan d'Polette et l'cheval métallique tombe sur le coté. Comme quoi, même un poids plume peut faire tomber un molosse. Au passage, désolé Polette mais pas trop l'choix. Du coup le Igor il a pas l'choix lui non plus et y'a l'gueule par terre. Bishop aussi d'ailleurs. Et l'choc fut rude. Tellement fort qu'la tête tourne, l'bonhomme se r'lève mais vacille. Dommage. J'pensais pas prendre autant cher. Maintenant j'sais à quoi m'attendre. Un inconscient le Bishop. Bref. J'suis d'bout et j'attends qu'l'adversaire s'mette sur ses pieds à son tour. Ouep, j'suis d'humeur d'un homme d'honneur aujourd'hui. Dis le mec qui a fui quelques minutes avant. Uhuh. Faut qu'j'me rachète. Faut qu'j'lui prouve que j'en ai dans le slibard. Allez amène-toi Igor, tonton Bishop t'attends.
                Gagnon semble avoir passé autant de temps à s’entrainer à tomber de cheval que toi à concocter des mélanges chimiques. Un vrai pro de l’acrobatie équestre. Il roule au sol aussi facilement que tu t’assois sur une chaise et se relève dans un mouvement fluide à rendre jaloux un gymnaste. Et en plus il a gardé son tromblon à la main…

                Moins souple, et surement vachement plus lourde, Polette a elle disparu en passant directement à travers la cloison la plus proche. On n’arrête pas un cheval de fer lancé à pleine vitesse sans faire quelques dégâts et sa chute l’a transformé en projectile balistique on en peut plus dévastateur. Le temps qu’elle s’arrête les touristes sur son chemin vont le sentir passer.

                Maintenant sur un pied d’égalité avec toi l’officier fait nettement moins impressionnant sans son aspect de centaure, il n’est plus si grand, et sur le plancher des vaches il a même l’air un peu gauche … Ou alors c’est ses jambes arquées qui donnent cette impression…

                Sortant une longue baïonnette de sa botte il la fixe d’un geste précis sous le canon de son arme. S’offrant une pique triangulaire à l’allure agressive et une allonge nettement supérieure à la tienne.
                Et loin de se laisser démonter une deuxième fois il lance l’assaut.

                -TAIAUT ! Cossacks Storm !


                Et son tromblon t’expédie une grêle de plombs façon dispersion maximale pendant qu’il te charge pointe en avant en poussant un horrible hurlement de guerre sauvage et glaçant… Avec l’intention visiblement bien arrêté de te transformer en passoire avant de te clouer au mur…

                -HURAJ !


                En plus avec ces cris il va attirer du monde, et s'il y a bien une chose que tu as remarqué depuis les toits, c'est que la ville semble soudain grouiller de marines. On croirait que tu viens de foutre un coup de pied dans une putain de fourmilière bourrée de mecs en armes... ça chie...

                Finalement, l'Igor s'en sort mieux que c'que j'pensais. Un vrai gymnaste ce type. Faudra j'prenne exemple tiens. Par contre la Polette, elle, j'l'ai mise hors-jeu. Un à zéro pour la Bish. Ca s'joue plus qu'entre toi et moi donc mon p'tit. J'dis p'tit parce que maintenant qu'i'est descendu d'sa monture, l'Igor il est plus si impressionnant. Et c'est quoi cette façon d'mettre ses jambes comme ça. T'es plus sur ton poulain mon p'tit. Maintenant qu't'as les pieds sur ces pavés, arrête d'écarter les cuisses comme un crabe ou j'sais pas quoi. D'ailleurs, p'tet qu'il a du mal à s'déplacer sur ses guiboles l'Igor. C'srait pour ça qu'il a un cheval. P'tet que j'ai l'avantage maintenant qu'on a posé l'pied sur la terre ferme. P'tet aussi que j'me goure. Nan, l'Bishop a toujours raison. Toujours.

                L'temps d'bien r'prendre ses esprits et puis on y va Bish. Sauf que l'Igor est plus réactif, plus sur l'offensive. Ah merde, comment il a fait pour garder son arme en main c'type ? T'peux m'le dire ? Le v'la qui fixe sa baïonnette, qui fonce, qui gueule, qui tire. C'qu'est pratique avec ce type d'arme c'est qu'à courte portée, c't'assez efficace. Mais c'est l'seul avantage du bestiau. Car même si ça s'recharge vite et sans trop s'compliquer la vie, y'a pas vingt balles dans le chargeur le machin. Et c'pas très précis donc de loin, t'oublie. Du coup j'fais un grand bond sur l'coté gauche, pour pas mourir de suite. Ca gâcherait le spectacle. Pourquoi à gauche ? Parce que l'Igor est droitier, c'qui fait qu'il aura plus de mal à m'attaquer si j'suis à sa droite. T'vois, étant donné qu'sa main droite est sur la crosse, c'est moins pratique pour lui d'taper à droite. Question d'logique. Mais il s'laisse pas faire et il continue, pique en avant. Chier. Son allonge est trop grande, j'suis incapable de faire quoi que ce soit avec ma serpe. Pour l'instant du moins. Et le coup du droite/gauche là, c'est aussi utile qu'une aiguille dans une botte de foin. Merde, c'pas la bonne expression. Tant pis.

                Va falloir remédier à ça. J'lui lancerais bien ma serpe en plein front mais ça il risquerait d'l'éviter sans difficulté. Et en fait, il est rapide l'Igor. Ses mouvements de va-et-vient pour faire pénétrer sa pointe dans mon corps s'accélèrent. Humhum. L'seul moyen que j'vois dans l'immédiat c'est d'se saisir son fusil et d'l'envoyer à Luche. Luche, c'était un type qui prenait tout c'qui trouvait. Du coup, quand une personne voulait s'débarrasser d'un objet, on lui disait d'l'envoyer à luche. Et comment j'peux faire ça ? En évitant la pointe, en posant les deux mains sur l'arme et en tirant d'toute mes forces ? Ou j'pourrais fuir une deuxième fois. Mmf. Ca f'rait pas beau sur le CV. On va opter pour le désarmement.

                Igor tente donc un coup d'plus. Un p'tit pas à gauche pour que l'dard me passe juste à droite du thorax et j'enroule mon bras droit autours du canon. Et j'sers bien fort. Puis j'pose ma main gauche et étreins une fois de plus le canon. J'tire. Pour me rapprocher d'Igor ou pour le rapprocher d'moi et j'attaque.

                "DANS LES VALSEUSES !!"

                Parce que si tu veux gueuler, on va gueuler ! Et l'pied gauche qui part droit, dans les valseuses donc. Mais Igor est trop fort. Le v'la qui tire lui aussi sur son arme comme un dingue et me v'la déséquilibré et me v'la qui tombe. J'aurai tenté. Mais il s'arrête pas pour autant. On t'a jamais dit d'pas frapper un homme au sol ? J'me la joue acrobate à mon tour et à l'aide de deux cumulés arrière, j'me sors temporairement de c'merdier. J'me relève. Et comme la meilleure défense c'est l'attaque, bah j'attaque. Mais au lieu d'm'emparer du fusil, je l'dévie sur le coté droit cette fois-ci. Un pas en avant plus tard, j'me sens mieux. Et maintenant, elle te sert à quoi ta baïonnette ? Pas facile une longue arme dans un combat rapproché. J'fais un tour sur moi-même, assez rapide. Dans l'même mouvement, j'choppe la serpe qu'est dans ma poche et j'tente de lui faire une balafre. Sauf qu'avec le masque ? le truc ? qu'il porte au visage, c'pas sûr qu'la lame lui coupe que'que chose. Du coup j'poursuis. Sauf que maintenant, j'm'attaque au ventre. Tout en tailladant devant, j'continue à avancer, pour l'acculer. Et une fois qu't'auras l'dos au mur Igor, tu s'ras plus si fort.
                  Combattre dans une ville peuplée de civils possède quelques avantages ; comme celui de pouvoir exposer la puissance de la marine aux yeux des bonnes gens, mais c'est une autre histoire. Et ce genre de facteur n'influe pas sur l'issue du combat, bien qu'une bande de gaies damoiselles se répandant en supports de tous styles pour encourager le soldat de la justice puisse être agréable ; mais nous dérivons encore. D'autant plus que le sous-lieutenant d'élite Gagnon a bien d'autres préoccupations que celles liées au plaisir de la chair ; mais là encore, c'est un autre débat... Personne ne se permettrait par exemple d'avancer que Gagnon ait pu avoir (dans d'hypothétiques et frivolles minutes de faiblesse) une quelconque propension sexuelle (ou plus sobrement, relationnelle) envers la race echydée. Non, personne n'oserait ; revenons-en donc à nos chevaux.

                  Car le sous-lieutenant d'élite n'est pas du genre à penser à autre chose qu'à la fureur du combat lorsqu'il en livre un ; aussi ne voit-il dans une ville regorgeant d'habitants qu'une occasion supplémentaire de sauver sa peau, en cas de coup. Une occasion de sauver sa carcasse ; enfin, sa ferraille, ou ses... Trucs ?

                  Heureusement pour lui, l'occasion vient très vite ; car, poussé dans ses derniers retranchements, l'homme recule toujours plus devant la serpe de son adversaire... Mais finit par croiser un balai de ménage tout à fait banal, qu'il brandit alors d'un triomphalisme inquiétant ; stoppant involontairement son adversaire, interloqué par le pourquoi d'une telle réaction.

                  - Par tous les saints, te voilà parvenu aux portes de la justice inébranlable, fripouille ; car me voici dès à présent en posséssion de cet outil, messager de la mort et bourreau des âmes en peine... Parbleu, que dame Justice me pardonne d'avoir ne serait-ce que douté de sa force : car je fais à présent l'expérience d'un profond dégoût intérieur... A la simple pensée de mes aïeux se cachant de moi devant mes doutes, j'ai envie de m'ôter la vie. Aussi dois-je me faire pardonner ma pathétique couardise, en t'accordant l'indicible droit d'être occis par ma main vangeresse. Pour mes aïeux, pour Polette et pour la toute-puissante Justice !

                  Puis, sans coup de semonce, Gagnon enfourche le balai comme un fidèle destrier et jette son tromblon à terre pour empoigner fermement le manche salvateur.

                  - Clever point : arcanes de l'autopersuasion échydée.

                  Aussitôt, le sous-lieutenant plisse les sourcils, et se met à réfléchir frénétiquement : devenir le cheval, devenir le cheval... Parvenir à l'osmose parfaite : être la monture et le cavalier.

                  - Synchronisation effectuée : ennemi localisé, cible à abattre.

                  Spoiler:

                  Sans davantage de préparation, Gagnon semble revivre, et fond vers son adversaire en galopant à une vitesse ahurissante ; les gestes sont vifs, précis et réfléchis. Le fin tacticien rencontre le cavalier émérite, et le savant mélange semble faire des merveilles. Première feinte de frappe sur le pirate à la serpe ; puis une seconde vient destabiliser le rival... Contournement subversif et innatendu opéré : cible de dos et incapable de riposter, sauf en cas de réactivité accrue. Frappe echydée en préparation, puissance maximale :

                  - Strong-head-horse ! TAÏAUT !

                  Avec autant de vigueur, même une extrémité de balai devient une arme redoutable.