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[combat ~ event] Shaïness & Rafaelo vs. Yusuf Tazim [île]

Il aurait voulu répondre, lui dire qu'il ne pouvait qu'accorder du crédit à ses dires, que l'Union avait déjà failli une fois, que son frère avait rejoint les rangs ennemis, que Reyes avait disparu mystérieusement. Que le monde avait repris son élan, laissant les retardataires sur le carreau. Mais il ne pouvait se décharger, ne pouvait remettre ses fautes sur le dos des autres : il se devait d'assumer les erreurs, car c'était ainsi qu'allait le monde. Les leaders étaient là pour assumer, pourquoi en serait-il autrement ? Il n'avait pas demandé cela, mais l'avait accepté et fait sienne cette résolution. L'Union se relevait timidement, chancelant sur ses nouvelles bases, et il espérait timidement que l'invitation de Mandrake à cette échauffourée leur ouvrirait les portes de Grand Line et du dangereux monde qui s'étendait au delà de Reverse. Il soupira, il s'était laissé un maigre instant emporter par la frivolité de ses doutes. Elle était épineuse la donzelle, et c'était tant mieux. Elle ne s'expliquait pourtant pas, et l'assassin n'était pas d'une grande patience, surtout lorsqu'on entendait le son des canons et les cris de ses frères. C'était une guerre, pas un salon de thé. Il lui avait posé une question et elle n'avait pas ...

Flammes et souffrance. D'un coup, le monde se renversa et la colère de mille dieux fit frissonner la croûte terrestre. Rafael ne put qu'esquisser un geste vers l'infiltrée, avant que le souffle de l'explosion ne l'atteigne. Malheureusement pour lui, il n'était pas fait de chair, et le vent eut rapidement raison de lui. L'assassin ne fut pas projeté à terre, mais vola purement et simplement en éclats. Comme la flamme d'une bougie, il fut soufflé et dispersé, comme écartelé par la traîtrise du gouvernement. Que s'était-il donc passé ?! Agrippant son esprit à la terre, il fit émerger un bras du néant et enfonça ses doigts dans les gravats, luttant désespérément contre l'amas de pierres et de corps humains qui tombaient encore tout autour de lui. Et alors que son visage se recréait face à l'immense gerbe de flammes qui balayait le champ de bataille, il vit tous ses efforts balayés comme fétu de paille. La fumée en fut soufflée, réduite à néant : il ne restait que poussière et décombres. Se relevant péniblement, l'assassin toussa fortement, titubant sous la force de l'assaut. Fort heureusement il n'avait pas été blessé, mais il était affaibli par ses derniers efforts, cela se voyait sans peine. Il voulut offrir une main aidante à la jeune femme, mais un formidable mal de crâne lui foudroya les tempes. Il posa un genou à terre, plissant les yeux sous la douleur tout en se tenant la tête. Jamais il n'avait ressenti pareil choc, un filet de sang s'échappa de son nez. Rafael l'essuya négligemment, soudain sous l'emprise d'une lassitude éprouvante. Il voulut parler, mais le monde se retrouvait flou autour de lui. Ses oreilles bourdonnaient, et la terre vacillait. Il se releva, faisant un pas en arrière, alors que le monde reprenait petit à petit substance. Il regarda sa main, surpris par le sang qu'il y trouvât, ne sachant comment expliquer ce nouveau phénomène. Sa capuche glissa sur sa nuque, révélant son visage à la jeune femme. Et à nouveau le sang coula de ses narines, maculant sa bouche. Ses oreilles s'arrêtèrent de siffler, lui permettant de ne comprendre que la fin du message de la jeune femme.

"Dou ... double identité ? Je ... attendez, je ..." commença-t-il à répondre, comprenant tout à coup la raison de son mal.

Le souffle de l'explosion lui avait demandé énormément d'énergie et il en avait déployé déjà auparavant une quantité faramineuse. Les combats touchaient à leur fin pour lui, et son corps commençait à lui faire sentir. C'était la première fois qu'il en faisait autant avec son fruit, normal qu'il ait du mal à enchaîner les techniques. Mais alors qu'il secouait la tête pour chasser les derniers picotements désagréables, il aperçut le doigt de Shaïness, pointant quelque chose derrière lui. Un frisson glacé lui parcouru l'échine, le temps s'était arrêté. Lentement, il se retourna, alors que la poussière retombait. Une grande silhouette encapuchonnée se tenait devant lui, à deux mètres à peine. L'éclat d'une lame luisait sous son poignet, et ses habits étaient souillés par le sang et les flammes. Sous l'ombre de sa capuche, un sourire malsain se dessinait, et une fraction de seconde, Rafael eut l'impression de se retrouver face à son frère. Reculant d'un pas, il ouvrit la bouche, muet de stupeur puis dégaina sa lame secrète en pure défense. De sa main gauche, il tira sa rapière de sa ceinture, exécutant un dernier pas de retrait. Une moue de surprise s'était emparé de ses traits, alors que son coeur commençait à s'emballer dans sa poitrine. Yusuf se tenait face à lui, et il sentait la haine qui émanait de lui, palpable. Mais ... comment ? Pourquoi ?! C'était lui qui avait mené ce combat, c'était sur son initiative que Jonas avait mené cette mission, y conviant les plus hardis des révolutionnaires. Et à nouveau, l'échine de l'assassin frissonna. Evidemment, il n'y avait pas d'autres explications. Reprenant de son aplomb, il se décala sur le côté, se mettant entre la jeune femme et Yusuf, tout en se mettant en garde.

"Que penses-tu faire, mon frère ? Je ne te laisserais pas faire, je ne laisserais pas réduire nos efforts à néant, tu n'as jamais servi que tes propres intérêts après tout !"
grogna-t-il, dardant un regard incendiaire sur Yusuf.

"Mi signoria, mettez vous à l'abri, où ce vil serpent vous tuera en premier." ordonna-t-il, sans rompre le contact visuel avec son opposant.

Il savait que son adversaire était plus doué que lui, tout comme Rafael était en grand état de fatigue. L'adrénaline commençait à faire son effet, tout semblait si calme. Le calme avant la tempête. La tension entre les deux hommes était palpable, et pour l'assassin il était évident que Yusuf était un traître. Lui seul avait eu les plans, et les infos, il le savait : il avait des yeux et des oreilles partout. Et il était impensable que Mandrake ait trahi. Ce ne pouvait être que lui, ce félon qui avait envoyé tant d'hommes à l'abattoir, les piégeant dans la toile de la Marine, entre le feu et la pierre. La colère s'empara de Rafael, alors que de nouveau, quelques volutes de fumée émanaient de lui. Il n'était plus question de grandes démonstrations de force : tout ne serait qu'arts d'assassin et de combattants expérimentés, mais le jeune Auditore savait que Yusuf possédait un talent aussi rare que dangereux. Cet homme était doué d'une rapidité phénoménale et une capacité incroyable à anticiper chaque action, ressentir chaque présence. C'était un assassin bien plus puissant que lui et pourtant il était prêt à l'affronter de toutes ses forces. Essuyant son nez du pouce de la main droite, il se mit en garde : lame secrète vers l'avant et rapière vers l'arrière. Il avait un avantage inestimable en l'objet de son logia. Si Yusuf pouvait le frapper à envie, lui pouvait encaisser. Il suffisait simplement de le forcer à s'expliquer, et alors il le traînerait devant Jonas. Rafael pouvait être percé de part en part, cela ne le tuerait pas tant qu'il garderait le contrôle. Et on ne pouvait pas en dire autant de son adversaire. Il risqua un dernier regard à l'attention de Shaïness, s'assurant qu'elle ne risquait rien. Si Yusuf voulait faire disparaître tous les révolutionnaires, il ne laisserait aucune preuve, en commençant par s'assurer de neutraliser les électrons qui gravitaient autour de Rafael. Surprenant le regard farouche de son adversaire, l'Auditore fit un nouveau pas sur le côté, en simple défi. L'annonce était claire : le combat était entre eux deux, interdiction de toucher à la donzelle. Elle connaissait les codes, et était de leur côté tout en étant liée au Cipher Pol. Elle était donc un agent de premier ordre, et Yusuf un traître de première.
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Le sol tremblait et se fissurait, comme partant en miette au vent. L’onde de choc les avait tous pris dans un maelstrom de pierre et de terre et d’hommes, envoyant paître prétentions et rêves sans une once d’hésitation. La mort s’était répandue dans l’atmosphère, la poussière cachait encore les corps. Un charnier n’attendait que le vent pour se dévoiler et rendre la scène de carnage dans sa vraie mesure : C’était inhumain, le feu dévorait tout sans regrets ni hésitation, brisant rêves et espoirs d’une seule et unique détonation.
Ses oreilles sifflaient encore, sifflement sur aigue qui battait à sa tempe l’échec cuisant de sa mission. La colère et l’aigreur venaient se mélanger à l’amer gout du sang dans sa bouche. Et même si le vent fouettait sa peau d’une caresse, son corps n’était que douleur et vengeance. Il ne savait pas encore qui avait trahit la révolution, sa révolution, mais il allait le regretter amèrement.
Quelque chose avait raté. Une occasion de battre la marine avait été gâchée par égoïsme et lâcheté, et jamais il ne laisserait ce quiconque s’échapper. Il était un couteau effilé qui tranchait chaire et destin, se jouant de la vie pour délivrer la mort. Son poing ne souffrait d’adversaire, qu’il abbatiat sans joie dans l’ombre de leur suffisance : Yussuf, méprisé par sa caste et son camps, avançait depuis toujours dans la solitude et le silence, et jamais personne n’avait réussit à le détrôner depuis ses jeunes années.

Il écarta de son chemin deux hommes qui en voulaient à sa vie. Le sang coulait encore, sa quantité devenait remarquable. Ce n’était pas le sujet de ses pérégrinations psychiques. Ses émotions s’effritaient, tout comme les idéaux qu’il défendait. Sa volonté sans faille et la confiance qu’il plaçait en certains humains s’effaçait totalement devant une scène : Rafaelo Di Auditore pactisait avec le gouvernement ! C’était un traite ! Une ignoble engeance, qui charriait autant la félonie que son frère désavoué.

Rassemblant idées et forces, il se propulsa entre les ruines de l’île, grimpant en quatre mouvements sur un toit culminant à plus de dix mètres. Surplombant l’immense rideau de fumée qui formait comme une bulle opaque, il délaissa le spectacle et la panique pour se concentrer sur cet inconnu qui s’était glissé dans son plan. L’assassin s’élança sur le toit lui faisant face, pris quelques pas d’élans et commença sa course contre la montre : celui qui avait réussit à le berner devait déjà être sur ses gardes et attendre de son poing vengeur un coup sans commune mesure.
Sa course gagna en vitesse, en précision, et il fut bientôt un trait implacable et indistinct flottant au dessus des têtes. Il déploya tout son art, et son pas devint fantôme, tellement sa silhouette virevoltait hors de portée des strates humaines. Sa conscience envahissait l’espace et sondait touts ceux qu’il croisait, ne laissant s’échapper aucunes bribes de conversations. Lui, plus que les autres, percevait l’incroyable disparition de milliers d’hommes. Lui, plus que les autres, écartait cette donnée insipide de son esprit.

Il sauta dans la fumée sans autre forme de procès. S’agenouillant et absorbant le choc d’une roulade parfaitement ajustée, il fit jouer son nouveau gantelet tout en se propulsant à une vitesse inhumaine vers le traître. Yussuf aurait bien voulu le faire disparaître sans autre bruit que le chuintement de sa lame, mais il savait Rafaelo trop doué pour être surpris. Délaissant là l’art subtil, il entra dans une rage sans commune mesure : Tout autours de lui l’air devenait saturé d’image meurtrière, et de toute sa substance ; Et il y’avait énormément de choses en Yussuf. Face à lui, le "Maestro" jouait de son violon et de ses pipos. La surprise avait même l'air crédible sur le bas de son visage. Il se faisait un point d'honneur d'effacer cette suffisance et son don pour les arts dramatiques.

- Frère, frère ... Oy, commença-t-il.
Oy… Oy… Oy ! Les Di Auditore sont vraiment une sale race qui charrie du mauvais sang ! Toi et ta famille n’avez de cesse de nous trahir... Mais aujourd’hui cela va s’arrêtez, Yussuf va s’occuper de toi mon petit assassin, et tu pourras aller reposer dans la tombe de tes ancêtres !

Sa lame secrète à nue luisit en se réverbérant à ses pupilles. La mort sentait son heure approcher, et un frisson parcourut Yussuf. Stoïque, il montra à son opposant sa main droite. Un gantelet plus épais enserrait chacun de ses index et paraissait dur comme la pierre.


- Oy, je savais que ce jour arriverait … Et j’ai fais faire ce gantelet rien que pour toi…
      Honnêtement? Je n'avais pas tout suivi. D'ailleurs, je devais avoir un air particulièrement fin, à regarder les deux hommes se faire face, oscillant la tête d'un côté puis de l'autre, au rythme des échanges verbaux qui n'étaient qu'un prélude aux échanges d'acier qui s'annonçaient. La seule chose dont j'étais à peu près sûre, c'était que ce Auditore - le nom déjà me me disait quelque chose, ayant dû le lire sur un rapport CP - était la clé de mon futur. Or, il semblerait que le nouveau venu, répondant au prénom de Yusuf était une menace.
      Cependant, ils s'appelaient frères entre eux. Mouais... J'avoue que la ressemblance physique n'était pas flagrante. En fait, alors que je les examinai en prenant un pas de recul comme le demandait Auditore, je ne voyais rien en eux de semblable, si ce n'était leur attitude. Pour le coup, oui, là, je voyais bien qu'ils avaient été coulés dans le même moule. Alors, devais-je m'interposer dans ce combat "fraternel"? Ou plutôt tenter de les arrêter? Franchement, les hommes!!! Ils avaient le chic pour trouver le plus mauvais moment possible pour décider de se taper dessus...
      Oui, je m'en voudrai à mort de ne pas être intervenue, même si les évènements me dépassaient totalement. En fait, c'était justement parce que je ne comprenais rien à rien que je ne pouvais les laisser s'étriper comme ça, devant moi, sans rien faire. Je n'étais pas totalement idiote, bien que je me donnasse parfois beaucoup de mal pour le faire croire. J'avais bien compris qu'ils se reprochaient quelque chose. Mais quoi que ce fut, serait-ce le fiasco total de cette attaque qui allait sous peu décimer la révolution, grande ou petite, ce n'était pas le moment. Ah, les hommes et les questions de timing...

      - « Arrêtez! » ordonnai-je, en une voix mêlant plainte et autorité. « L'heure n'est pas à la lutte interne, la révolution a besoin de tous ses membres actuels! Trop nombreux sont ceux d'entre nous qui sont déjà tombés, et il est de notre devoir d'aider ceux qui sont encore en vie! Nous réglerons tout ça plus tard... »
      Mes battements de coeur résonnaient à mes oreilles comme des tambours de guerre et je ne vivais que dans la peur du moment de plus en plus imminent où d'autres Marines allaient arriver, me forçant à agir en agent CP pour préserver ma couverture, ou à je ne sais encore quelle extrémité pour sauver la vie de ses deux grands couillons. Ah, je dis ça maintenant, mais à ce moment, j'étais morte de trouille. Mes mains tremblaient, mes genoux tremblaient, la sueur et le sang - le mien?? - m'aveuglaient. Le monde entier, son chaos de poussière, de cri de guerre et de hurlements d'agonies, d'explosion et de jeux d'ombres et de lumières, s'était réduit au cercle que ces deux hommes dessinaient l'un autour de l'autre.

      Que faire? Allait-je devoir me jeter au milieu de ces deux forcenés et les séparer à coups de mandales dans la figure? En avais-je vraiment les capacités? Ou même le courage de faire ce premier pas? Pourquoi, pourquoi avais-je si peu de contrôle sur ma vie? Comment cela se faisait-il que je me retrouvai toujours prisonnière en moi-même, observatrice de scènes qui me dépassaient? Quand aurais-je enfin trouver la force et le savoir de mener ma vie et de prendre des décisions opportunes, et non plus tâtonner dans les ténèbres du destin, forcée de prendre un chemin au hasard.
      La vie était-elle faite seulement de choix pris dans l'urgence du présent? Comment construire un futur? Voici donc l'essence même de la révolution, non pas contre ses semblables et leurs jeux mesquins de pouvoir, mais contre la Destinée, l'Avenir, l'Inconnu...
      Ben, vous savez quoi? Là, maintenant, tout de suite, fuck l'Inconnu. Avec des talons aiguilles si je pouvais.

      Aussi suicidaire que cela pouvait paraître, je pris un pas, puis un autre, pour me poster un peu en retrait derrière l'Auditore encore anonyme.
      - « Quoi que vous faisiez, faites-le vite. J'ai votre dos... Dans tous les sens du terme. Ne cherchez donc pas à me trahir.... »
      Trahir étant le leitmotiv à la mode, en ce moment...

    [HRP: désolée pour le retard, je suis maintenant prête à jouer de façon réactive et rapide!]
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    Le souffle court, la respiration saccadée, les pupilles qui se dilataient. Les promesses qu'exhalait Yusuf étaient sinistres et pleines de morgue. Un spectre noirâtre se glissait dans chacune des articulations de Rafael, grinçant sur ses os et lacérant son âme. Il engloutissait son cœur de sa main griffue et anéantissait tous ses espoirs. Un frisson glacé lui coula le long de l'échine, et la chair de poule vint s'en mêler. Il recula d'un pas, fragilisé par les visions horrifiantes qui émanaient de Yusuf, impressionné par la force de ce monstre et de sa vergogne. C'était là tout l'art du mantra, et c'était la première fois que l'assassin en était la victime. Il recula d'un deuxième pas puis sa volonté de fer commença à prendre le pas sur l'illusion. Ce combat était le sien, il ne pouvait fuir ! Alors que le monde de fumée qui tournoyait autour de lui semblait vaciller, son adversaire avançait d'un pas certain et suffisant. Plissant les yeux sous le couvert de sa capuche, Rafael se remit en posture de combat et le menaça avec la pointe de sa dague secrète. Il ne pouvait flancher, il était le digne descendant des Auditore. Il œuvrait pour le bien du peuple, et il défendait sa cause par la moindre fibre de son être. Tout en lui vibrait pour ce but, et il ne reculerait devant rien pour accomplir sa tache : nul fardeau ne saurait trop grand ... tant qu'il restait en vie. Ce n'était pas faire preuve d'orgueil que de penser sa vie importante pour la cause, c'était penser juste. Peu importait son audace, peu importait sa fierté : dans ce combat ne lui restait que son expérience. Ce qui se tenait en face de lui était l'une des créatures les plus meurtrières au monde, un assassin dont les talents surpassaient même les siens, un assassin qui aurait pu siéger aux cotés des plus grands mais qui avait choisi la voie des ombres et s'était brulé les ailes à force de flirter avec les mauvaises personnes. Un assassin qui trahissait la cause qu'il défendait jadis n'était qu'un meurtrier de plus. La vie d'autrui ne devait jamais être prise à la légère. Surtout pas celle de Césare.

    Si le mantra avait suffit à ébranler Rafael, Yusuf venait de rompre le charme de ces quelques mots. Ce ne fut plus le doute qui étreignit la poitrine du jeune homme. Une vague de colère commença à tourbillonner autour de lui, se matérialisant par des volutes de fumée d'une noirceur encore jamais révélée. Sa respiration se fit plus pesante, son pas plus certain. Canalisant sa rage, Rafael se calma rapidement, ne tombant pas dans le piège. Il osait. Il osait donc parler ainsi de son frère ? Sa chair, son double, son parfait miroir ! Il y avait en chacun un point sensible, un endroit où appuyer pour faire mal. Et celui de l'Auditore était trop bien connu, quiconque entachait à la fois son honneur et son frère risquait de ne pas voir la prochaine aube se lever. S'il ne possédait pas la même force à révéler les instincts meurtriers qui habitaient en lui, la manifestation de son fruit suffisait amplement. Un voile rouge de rage s'abattit sur sa vision, et la moindre parcelle de son corps se tendit, à l'instar d'un ressort. Un rictus de colère se glissa sur ses traits, ainsi qu'une moue de dégout. Le traitre osait tourner ces propos contre lui. Peu de personnes connaissaient la vérité, sur Césare, peu de personnes savaient qu'il était passé à l'ennemi. Et en affirmant cela, Yusuf venait de sceller son destin : Rafael n'aurait de cesse que de le tuer. Ce félon ne valait rien à ses yeux, et à présent, la rancœur qu'il exprimait à son égard se muait en haine pure. Il pointa vers lui un doigt accusateur.

    "Silence, il n'y a qu'un seul traitre ici, vermine, et c'est toi. Donne moi ne serait-ce que l'occasion de t'arracher les boyaux et je les épandrais sur des lieues à la ronde. Et alors nous verront qui de nous deux charrie ce sang impur, le sang des traitres ! Honte à toi, Yusuf Tazim, honte à toi de nous avoir dupés. Mais tu m'offres un parfait prétexte pour ne t'accorder aucune clémence. Tu m'offriras un concerto d'agonie avant la fin du jour ..." grogna l'assassin, réfrénant avec peine sa rage.

    "Ce gantelet ne changera rien : tu te crois capable de m'arrêter avec seulement ces esquilles marines ? Ce monde de fumée est mien, et il ne tolère pas la trahison." poursuivit-il, écartant les bras et faisant jouer la fumée de sa simple colère, avant que la voix de Shainess ne réponde à sa diatribe.

    Il ne se tourna pas vers elle, dardant un regard incendiaire vers le béhémoth qui était devenu sa proie. Il voyait un léger filet de sang tacher sa tunique. Yusuf était blessé, et s'il pouvait saigner, alors il pouvait mourir. Peu importait les sacrifices, peu importait la mort à présent : il devait laver son honneur. Une nouvelle fois, Rafael inspira profondément, chassant l'agitation qui gagnait ses membres. Si la colère lui avait permis de surmonter la gangue d'effroi que le parjure lui avait tissée, il ne devait pas la laisser pervertir ses gestes. Il devait retrouver tout son talent et ne pas se laisser emporter par ce flot intarissable qui aurait alors toutes les chances de le mener à sa propre perte.

    "Ce n'est plus une lutte interne : cet homme est passé dans l'autre camp. C'est notre devoir que de le tuer, de l'anéantir ... de le mutiler, de lui faire regretter ses moindres paroles." cracha-t-il sur un ton si froid que le plus sanglant des meurtriers aurait pu en prendre peur.

    "Je te remercie. Prends cependant garde, cet homme est un maitre du Mantra." lui fit-il, adressant à la jeune femme un léger hochement de tête.

    Il ne pouvait malheureusement prévoir les actions de Yusuf tout comme lui pouvait prévoir les siennes, mais il possédait un sens du combat qu'il pensait alors inégalé. Si la jeune femme couvrait ses arrières, il n'avait plus à s'inquiéter des hypothétiques Marines qui arriveraient là. Rafael prit un grande inspiration, et alors le jeu prit forme. Une partie d'échec où le Fou affrontait le Roi. Un challenge à la hauteur de ses aspirations. Un combat qui rentrerait dans les annales ... s'il en sortait vivant. Pendant une seconde, le temps sembla s'arrêter, le cri des mourants s'estomper et le chaos s'ordonner. C'était l'instant de grâce, le calme avant la tempête auquel le chuintement d'une dague hors de sa gaine répondait timidement. Toujours l'écharde de métal sous le poignet, Rafael s'empara de trois dagues de lancer du bout des ongles et les lança sans grand espoir vers son adversaire. Les parer ne serait qu'une futilité pour lui, mais ce n'était que le gong qui résonnait au début du combat. Et celui-ci risquait de n'être qu'une danse sans fin jusqu'à ce que l'un des deux ne rende l'âme. Mais déjà, le conflit s'ordonnait dans son esprit de logique, alors que l'instinct guidait Yusuf. Déjà, les échanges du combat se créaient et se défaisaient. L'ampleur du danger ne faisait qu'alimenter sa hargne et nourrir ses talents.

    Avantage pour lui, son mantra. Avantage pour moi, sa fureur. Assaut imminent, bestial mais expert. Se servir de son élan pour contrer. Bloquer le bras, viser la blessure. Enchainer avec coup de massue. C'est là qu'on reconnait l'expert des arts assassins. Adéquat, mais sans surprise. Bien, permets-moi de riposter. Arsenal épuisé, réviser stratégie. Le gant se fait sentir, empoigne à la gorge ainsi que je le craignais. Tenir l'intangibilité est incertain, la défense intenable. Diagnostic de plus en plus sombre. Arrêtons un peu de faire perdre du temps à l'autre. Nous savons tout deux comment cela finit. Conclusion inévitable. A moins que ...

    Une seconde s'était écoulée, les dagues avaient fait leur office. Les images du combat à venir, selon toute probabilité et toute échappatoire, s'étaient peinte dans l'esprit de l'assassin. Ce n'était pas anticipation, seulement logique. Et la mort était au bout de chacun des chemins qu'il emprunterait. Cependant, un sourire se peignit sur ses traits, alors qu'il se ruait à l'assaut de son adversaire. Une fraction de seconde avant l'impact, il vola en éclat tout en passant hors de sa portée, pour se rassembler derrière lui et faire jaillir une dague acérée hors du nuage de fumée, prenant son adversaire par surprise, du moins autant que cela était possible. Un plan déjà bien établi se ficelait au fond de son crane, mais il était certain que son sang allait couler avant que Yusuf ne rende son dernier souffle.
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    Si les Auditore possédaient le titre d'assassin, ils le devaient probablement à la facilité avec laquelle ils avaient recours au mensonge. Au milieu de ce champ de bataille morbide et incontrôlable, alors que des frères, des compagnons d'armes du prétendu assassin ; mourraient par l'imposante force de la marine qui venaient de tous les piéger dans un plan habilement manoeuvrer par l'assassin en question, ce dernier usait de mensonges pitoyables et dérisoires en prétendant que le seul traitre était Yusuf. Ce dernier ne comprenait pas la stratégie ici déployer par son adversaire. Que cherchait-il à prouver ? Les failles de sa logique ? C'était lui le traitre ! Il cherchait à convaincre son entourage ? Seuls les corps sans vie des assassins auraient pu entendre ces piaillements infâmes. Où alors, il cherchait à convaincre cette agente du Ciphel Pol de sa fidélité au gouvernement corrompu, en jouant son rôle de fier révolutionnaire jusqu'à l'ultime fin ? Oh oui. Cela devait être ça. Et la haine de Yusuf monta encore d'un cran alors que son ex-camarade tentait de salir son honneur en lui faisant porter le chapeau. C'était lui qui avait récupérer les informations. Pas le Maestro ! Il voyait maintenant la scène. Lui annonçant les nouvelles de ce stock de granit marin et le traitre se satisfaisant de cette nouvelle pour enfin porter un coup décisif au mouvement. Comme il a dû se complaire dans ses manigances pour mettre en branle cette action en sachant éperdument qu'il la conduirait aux massacres ! Ces sourires. Cette satisfaction. Il avait dû la ressentir un nombre incalculable de fois et prenait maintenant une explication bien funeste. L'Auditore avait surement joué là sa plus belle carte d'assassin ; trahir les assassins dans leur ensemble. Trahir la révolution, même. Pour la bassesse de rejoindre le gouvernement corrompu. Tout s'éclairait, mais il n'allait pas triompher. Yusuf était prêt à faire son office. Juge. Juré. Bourreau. Il le condamnait à mort pour son crime. Il ne méritait même pas de se défendre contre ses anciens frères d'armes. À la condition qu'il en reste encore après ce tragique événement.

    -Oy, tes paroles ne sont que fumées comme tout ton être l'est ! Toi seul vas payer pour tes crimes. Ce gantelet, c'est la main de la justice révolutionnaire. Non. C'est même celui de la justice des Hommes ! Tu mourras ici et ton sang viendra se répandre sur le sol où sont morts nos frères que tu as trahis. Sur cette terre ne repoussera plus rien. Car tel est ton sang pourri : un sang de mort.

    Les mots étaient durs, mais ils ne parvenaient même pas exprimer la haine de Yusuf. Rafaelo répondait avec autant de haine. L'affrontement qui s'annonçait était bien au-delà de la vengeance suite à la trahison. C'était le combat de deux êtres s'opposant en tout point et pourtant ayant évolué dans les mêmes sphères. Deux êtres qui se détestent corps et âme. Deux êtres s'affrontant avec âme et bientôt avec leur corps. Yusuf ne lâcha pas un regard pour l'agent du Ciphel Pol qui paraissait bien faible en comparaison des deux monstres qu'étaient Yusuf et Rafaelo. Deux maitres incontestés de l'assassinat, mais des deux, c'est Yusuf qui dominait. Il le savait. Rafaelo le savait. Yusuf ne partait pas non plus confiant. Il savait comment les chiots acculés pouvaient mordre sauvagement et Rafaelo ne faisait pas exceptions à la règle. Il était bien le frère de ce chien galeux de Césare. Le temps semblait s'arrêter tandis que les deux hommes s'observèrent. Chacun s'apprêtait à mettre en action un plan qui ne souffrait d'aucune erreur ; l'oeuvre des assassins ne souffre jamais d'erreur.

    Et ce fut l'ouverture. Yusuf savait comment dévier les lames avant même qu'elles aient été lancées. La qualité de son mantra était l'un de ses trésors. Son gantelet venait de le rejoindre. Un duo d'armes aiguisé pour une mise à mort tant attendu. Sa lame au poignet dévia les dagues en un éclair. Son regard suivit les mouvements de Rafaelo sans ciller et, quand celui-ci se dématérialisa, un sourire victorieux s'étala sur le visage de l'assassin expérimenter. Il se retourna aussi vite que nécessaire afin de contrer la dague traitre et de frapper au torse, de son gantelet renforcé, le corps de l'assassin. Celui-ci recula, accusant certainement le coup. Un rictus de haine s'étala sur le visage de Yusuf.


    -Oy, Oy, Oy ! Pitoyable. Pitoyable ! Et tu considères comme un assassin ? Tes techniques sont pathétiques ! Les Auditore ne méritent donc leur titre que par la facilité avec laquelle il fuit dans les ombres, la queue entre les jambes comme les chiens qu'ils sont.

    -Je vais te révéler un aperçu de ce qu'est un véritable assassin... avant que tu ne meures. Oy !


    Et Yusuf s'élança, profitant de sa vitesse et de son agilité pour commencer à harceler Rafaelo, usant d'une escrime subtile et assassine de par sa lame et profitant de chaque faiblesse de son adversaire diminuer pour lui asséner des coups puissants de son gantelet. La force qu'il mettait dans cette arme était surement l'oeuvre de tous ceux qui étaient morts en vain dans cet affrontement. Les mouvements des assassins étaient presque invisibles ; on aurait pu croire à un balai sauvage de quelques moustiques lumineux. La pluie qui tombait de plus en plus fort rendait ces mouvements encore plus invisibles. Le sol devenait aussi incertain. Yusuf comme Rafaelo étaient maitres dans l'art du déplacement, mais les conditions leur faisaient faire quelques erreurs que chacun exploiter sans hésiter. Yusuf esquiva des attaques, mais pas toute. Sa maitrise du Mantra n'était pas aussi parfaite qu'il pouvait le croire. De plus, il devait se concentrer sur ses actions et la rapidité du duel lui interdisait souvent de faire les deux choses en même temps. L'issu du duel était néanmoins certain, à condition que Rafaelo n'exécute pas un mouvement qui puisse renverser complètement l'issu de ce duel de haute voltige.
      Au maximum de sa vitesse, Mandrake parcourait les mètres qui le séparaient de l'endroit où l'on avait repéré Yusuf. Un rapide échange avec un autre révolutionnaire sur la route lui avait donné de précieuses autres informations. Les troupes étaient réunies au point d'extraction. Les derniers assassins en retrait faisaient un travail admirable pour ralentir la progression de la marine. Le dirigeable était bientôt en position. Après leurs malheurs, il était presque étonnant que tout se déroule comme prévu. Il ne manquait plus que Yusuf et Janaï pour que l'évacuation soit un succès, même si pour Yusuf, il était plus question d'élimination qu'autre chose. Enfin, il parvint sur le lieu recherché. Il découvrit avec stupeur que Yusuf Tazim était en plein affrontement avec Rafaelo Di Auditore. Le combat semblait d'une rare violence. Il aperçut aussi une femme qui se tenait sur le côté. Il s'agissait à première vue d'une Ciphel Pol. Mandrake eut un instant de haine, mais il se ravisa. Sa présence devait avoir une raison. Elle serait censée faire autre chose qu'observer en ce moment. Peut-être avait-elle un lien avec Rafaelo ou Yusuf. De plus, elle le reconnut, mais elle ne bougea pas du tout. Cela l'intriguait davantage, mais son attention revint rapidement aux duellistes qui n'avaient même pas perçu la présence du Libérateur tellement ils étaient absorbés par le duel de titan.

      « Yusuf Tazim ! Traitre ! »


      Les deux assassins stoppèrent leur combat et se tournèrent vers Mandrake. On pouvait lire une surprise heureuse sur le visage de Rafaelo. Pour Yusuf, c'était l'inverse. Les mots de Mandrake semblaient sceller son sort et sa haine en fut décupler. Pas contre Mandrake, mais vers Rafaelo. Il le tenait toujours pour responsable. Il voulait le tuer. Il devait le tuer. Soudainement, il frappa. Il tendit son gantelet et agrippa le bras de Rafaelo ; ce geste le fit rapidement revenir à la réalité. Yusuf dégaina une lame et s'apprêta à frapper son adversaire dans une volonté manifeste de le tuer, voire même de l'exécuter. Rafaelo tenta d'esquiver, mais il était retenu par le gantelet de Yusuf. Heureusement, il évita le coup fatal, mais à quel prix ? La lame entra dans la chair et la taillada de part en part. Rafaelo hurla de douleur tandis que son bras gauche tombé à terre, décrocher de son corps de chair.


      « Non ! »

      Mandrake n'avait pas été assez rapide et son puissant coup de poing ne put que sanctionner Yusuf plutôt que de l'empêcher. Ce dernier s'envola sur le coup et Mandrake le suivit, enchainant des coups dévastateurs à l'aide de son haki de l'armement. Bien vite, Yusuf s'effondra sur le sol, inconscient. Sans perdre une seconde, Mandrake revint aux côtés de Rafaelo. Arrachant un morceau de ses vêtements, il tenta d'arrêter l'hémorragie. L'assassin n'allait pas mourir, mais les répercussions de cette perte allaient surement être terribles pour lui. Il lui glissa cependant quelques mots, passant outre la douleur : la femme semblait être une révolutionnaire infiltrée. Mandrake l'observa un instant.


      « Si tu es bien ce que tu déclares être, emmène cet homme à la pointe de l'ile. Il aura besoin de ton épaule. S'il lui arrive quelque chose, tu ne seras plus là pour voir le soleil se coucher. »

      Elle semblait comprendre le message et vint aider Rafaelo qui questionna Mandrake du regard.

      « L'évacuation se déroule bien. Je vais récupérer Janaï. Pour Yusuf... qu'il pourrisse dans les geôles de la marine. »

      Rafaelo semblait vouloir dire quelque chose à Mandrake, ce fut assez difficile. Quelques mots furent échangés et Mandrake resta impassible. Il comprenait la situation. Il finit par approuver de la tête. L'autre révolutionnaire finit par s'en aller avec Rafaelo vers l'endroit de l'extraction. Mandrake les regarda un instant avant de s'en retourner vers la ligne de front. Il lui restait une dernière chose à faire. Il ne lança aucun regard vers Yusuf, qui gisait toujours par terre, comme mort. Pour les révolutionnaires, il n'était plus un frère. Plus jamais.
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      C'était chose étrange que de voir ces deux hommes aux allures semblables se livrer un combat à mort. Les trésors de l'un faisaient les souffrances de l'autre et bien que le plus âgé des deux surclassa le second d'une adresse évidente, le combat semblait sans fin. L'un des deux partait en gerbes de fumée à la moindre occasion, sauf lorsque le gant de son adversaire venait lui couper toute retraire, ainsi concentra-t-il toute son attention à éviter cette main funeste. Esquives, contre-feintes. Tout y passait, tandis que Yusuf se gaussait de lui. Rafael comptait trop sur les capacités inhérentes à son pouvoir, et il avait mis au placard l'ensemble de ses qualités humaines. Malheureusement, le logia n'était qu'un outil. Les outils requerraient des mains expertes, les mains d'un artisan qualifié. Il avait tout laissé tomber pour la polyvalence de son don, et faisait les frais d'un affrontement sans fin contre un homme qui n'avait jamais baissé les bras. Non. Ce n'était pas un homme, c'était un traître ! Mais il ne pouvait s'empêcher de penser que toutes ses capacités étaient désuètes face à lui. Tazim était trop prévoyant, il avait réussi à déjouer son plan à la milliseconde où Rafael allait réussir. Il avait pu l'agripper, mimer son agonie. Ce ne fut pas trop dur, tant l'assassin avait réussi à le mettre à mal. Contusions et effusions de sang étaient choses qu'il ne se plaisait pas à redécouvrir. Sa main gauche était crochée à sa tunique, lui quasiment à genou. Tazim attrapa alors le poignet de Rafael, et leva bien haut sa dague, un léger sourire en coin. Puis il anticipa l'attaque de son adversaire. Le jeune Auditore avait en effet tenté de jouer sur l'égo de l'autre assassin, lui offrant le coup de grâce mais encore une fois il avait anticipé. Il avait espéré pouvoir user du mousquet implanté dans son bracelet pour le surprendre, ce fut peine perdu. Yusuf recula la tête in extremis et évita la balle qui partit dans une détonation sourde, masquant presque la voix colérique d'un certain roux tatoué. Profitant de la diversion, Rafael arracha son poignet de l'étreinte de son adversaire et recula d'un bond, surfant sur une vague de fumée. Jonas Mandrake était là ! Dans ses yeux se lisait la fureur, la haine profonde. La même qui avait secoué Rafael lorsqu'il avait compris pour Yusuf. Le même regard que ledit traître lui livrait à présent. Le trio se dévisagea quelques secondes. Le bon, la brute et le truand en quelque sorte. Puis la rancœur du truand sembla l'emporter sur toute bonne mesure.

      "Yusuf, rends-toi, traîtr..."
      commença Rafael, au bord de l'épuisement.

      Mais son adversaire n'était pas à bout de ressources. Peut-être se savait-il condamné, personne ne pouvait comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Toujours était-il qu'il se rua sans crier gare sur Rafael. Celui-ci se dématérialisa aussi tôt, cherchant à esquiver l'attaque, mais un étau d'acier, ou plutôt de granit marin, se referma dans la brume, le faisant instantanément réapparaître. La haine se lisait sur le visage de l'assassin, alors qu'il levait haut sa lame, visant sans aucun doute possible un des points vitaux de l'Auditore. D'une secousse, ce dernier tenta de se libérer mais l'étreinte de son adversaire était trop forte, sans compter le kairouseki qui le vidait de ses forces. Rafael posa un genou à terre puis rassembla une dernière fois toutes ses forces. D'un geste, il renversa la prise de son adversaire et tenta d'intercepter la lame. Mais il sous-estima grandement le savoir faire de Yusuf. Il esquissa une grimace de stupeur en sentant la morsure gelée du métal passer sous sa chair et ses tendons. Chaque millimètre de peau qui cédait résonna dans ses os. Puis l'os lui-même céda, lui tirant un cri de douleur mêlé d'horreur. L'assassin tomba en arrière, se tenant le bras qui répandait à présent un flot de sang. Il serra le moignon contre son torse, rouge de son propre sang. Impuissant, il leva les yeux vers son tortionnaire qui lui offrit un sourire glacial avant qu'un coup vengeur ne l'envoya paître plus loin. Il resta là, les dents serrées, ne sachant quoi choisir entre la douleur et la colère. Se relevant, titubant, Rafael tenta d'avancer vers Mandrake qui enchaînait les coups avec une force et une vitesse hors norme. D'un effort de volonté, il régénéra son bras dans un volute de fumée. Le membre se para d'une couleur grisâtre, abandonnant à jamais le vermeil d'antan. L'assassin ouvrit la bouche, muet de stupeur, et contempla l'amalgame de chair qui trônait à ses pieds, là où Yusuf l'avait abandonné. Lentement, il vit son membre se désagréger et partir en fumée, littéralement. Puis un violent mal de crâne lui foudroya les tempes, et son nouveau bras se dissipa, ne laissant que la chair encore sanglante. Rafael chancela et faillit s'effondrer, au moment où Shainess vint lui offrir une épaule de soutien. Il s'agrippa à la jeune femme avec toute la dignité qui lui restait, tandis que la fumée disparaissait autour de lui. Il devait lutter pour rester conscient. Il vit Mandrake revenir vers lui, et répondre aux questions qu'il n'osait alors poser. Mandrake leur tourna alors le dos et commença à s'en aller comme il était venu. Rafael demanda poliment à son infiltrée de le lâcher quelques secondes.

      "Jo ... Jonas."
      l'interpella-t-il, suant à gros bouillon tant l'effort lui en coûtait.

      "Merci ..."
      fit-il, en s'inclinant, posant un genou à terre.

      Il grimaça sous le choc, il venait de s'écorcher un genou. Mais son honneur importait plus que son état physique. Son bras mutilé reposait contre sa poitrine, recouvert de l'étoffe que Mandrake lui avait apposé, déjà maculée de sang. Il faillit tourner de l'oeil en se relevant, Shainess vint l'aider. Il fit mine de la repousser mais elle tint bon. Dieu ce que son patron était con, devait-elle penser.

      "Le ... le dirigeable est à l'autre bout de l'île, vous ne pourrez l'atteindre, tout comme moi : avant de perdre le contact, j'ai senti les marines gagner le cœur de l'île." articula-t-il péniblement.

      Aucun de ses hommes n'était encore revenu, ce qui ne faisait qu'appuyer ses dires. De plus, la brume régnait encore sur le centre de l'île, c'était un terrain bien dangereux même avec une telle pluie.

      "Il existe une solution de retraite, plus simple et plus rapide. Laissez-moi vous venir en aide, du peu que je puisse." coninua-t-il, soutenu par la jeune femme.

      "Trouvez Janaï et retrouvez-nous au point Oméga." termina l'assassin, en sortant son dendenmushi blanc de l'intérieur de sa tunique.

      L'escargot était maculé de sang, mais Jonas put aisément le reconnaître. C'était la ligne sécurisée par laquelle il avait contacté Rafael lorsqu'il était parmi les autres membres de l'Union, quelques semaines plus tôt. Lui et Hiroko était en contact quasi-permanent depuis, il était temps de faire valoir leur solution de repli. Il savait qu'ils n'avaient pu être là à temps pour l'assaut. Rafael les avait quitté quelques jours auparavant pour cheminer seul le temps de parcourir sa blues d'origine, et d'intégrer le dirigeable avec une unité d'assassin assez compétente pour l'assaut. De ce fait, il était arrivé sur les lieux avant elle et leur navire fraîchement acquis aux mains de la Marine. Il composa le code adéquat puis offrit un dernier signe à Mandrake, espérant le retrouver au point d'évacuation. Il jeta un dernier regard à la carcasse de Yusuf. Une farouche envie d'aller mettre fin à ses jours s'empara de lui, mais l'explosion d'un boulet de canon non loin d'eux le convainquit de mettre les voiles le plus tôt possible. Tant pis, il mourrait ici, des suites des coups de Mandrake. Il n'aurait qu'à se contenter des informations qu'il déroberais plus tard aux services de renseignement de la Marine pour se satisfaire de sa mort. Se risquer à le tuer maintenant risquerait bien de lui coûter la vie à lui aussi, autant laisser tomber. D'autant plus qu'il ne pouvait pas impliquer encore plus Shainess dans le conflit. Il fallait qu'ils partent tant qu'ils étaient encore à couvert ! Le denden trouva alors la ligne que Rafael lui avait commandé.

      "Hiroko ... c'est Rafael. Oui ... oui, je sais. Non. Oui, tes fumigènes ont été parfaits. Je ... Non, ok. Je n'ai pas le temps de ... Hiroko !" tenta-t-il de communiquer, blanc comme un linge.

      "Ecoute-moi. Je suis gravement blessé, j'ai besoin de soutien. Ordre d'évacuation impératif, retrouve-moi au point convenu, nous pourrions avoir un ou deux invités." continua Rafael, à bout de souffle.

      "Oui. Non, je ne donne pas mon corps à la science. Aucune expéri ..." fit-il, en chancelant.

      Sa main vacilla et laissa tomber l'escargot à terre. Shainess le ramassa d'une main et le replaça dans une des poches de Rafael. Celui-ci ne tenait quasiment plus debout, ces dernières paroles lui avaient coûté tout ce qui pouvait lui rester. Et tout ce dont il se rappela par la suite fut d'avoir mis un pied devant l'autre sans jamais se soucier de ce qui l'entourait, tant l'effort lui parut démesuré.
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        Le combat qui se déroulait sous mes yeux m'aurait sûrement autant fasciné que dégoûté si j'avais eu vraiment l'opportunité de le regarder. Mais déjà qu'à la base, les arts de la guerre me m'intéressait pas plus que ça, j'étais à ce moment précis chargée de la sécurité. Bon, avec le chaos ambiant, l'affrontement fraternel passait inaperçu pour le moment. Pour le moment étant le mot-clé ici. La situation semblait tourner court ici. Avec l'explosion, l'attaque des révolutionnaires avait avorté et la Marine se réorganisait avec promptitude et efficacité. Pour une fois qu'on ne lui demandait rien, à ceux-là...

        Je dus intervenir une ou deux fois, pour... arhem... disons détourner l'attention... de deux-trois Marines qui passaient dans le coin. L'un tomba assommé, le second crut mes cris quasi hystériques de révolutionnaires partant vers l'ouest et après, je perdis plus ou moins la notion de "réalité", jusqu'à ce qu'un grand roux avec une chaussure noire à l'air pas commode se pointa. Je retins mon coup car 1. je sus au moment où mes yeux prirent la mesure de sa stature que je n'avais pas la moindre chance, et 2. je reconnus dans la demi-seconde ce visage. J'avais profité d'une séance d'archivage pour consulter les dossiers à ma disposition. Certes, avec mon niveau d'habilitation, je n'avais eu accès qu'à un dossier minime, mais minime au CP5, ce n'était pas n'importe quoi. Enfin, bref. J'avais Jonas Mandrake "le Libérateur" en chair et en os devant moi. Mais pourquoi était-il aussi grand? Pourquoi est-ce que tout le monde est plus grand que moi, de toutes les façons, et ce en dépit de mes talons. Mais euh!

        Cependant, ce n'était pas là le coeur du problème. L'élément critique était le bras de Rafael... ou du moins, son manque de bras. Mais pourquoi est-ce que les hommes, en plus d'être immensément grands, étaient ... immondes. Pourquoi s'arracher les membres? Ils ne pouvaient pas rester au niveau des cocards et des dents en moins? Et après, c'est les femmes qui se traînent la réputation d'exagérer en tous points...
        Heureusement que quelque part depuis North Blue je m'étais aguerrie. Ah! Aguerrie! Y avait-il un adjectif encore moins bien approprié pour me désigner? Quoi qu'il en fut, la vue du sang ne me révulsa pas autant que je l'eus cru.
        ** « Dis-toi que c'est de la boue. De la boue bien grasse, bien nourrissante. Hum, c'est bon pour la peau, ça... Allez ma fille, courage! » **

        Je ne sus pas comment j'ai fait. A ce jour, ceci restera le mystère le plus complet de mon existence. Non seulement le sang, mais le bruit, les cris, les courses et bousculades, la fumée, les odeurs... Rafaelo qui tentait ici et là de se dégager, alors qu'il pesait son poids, l'animal. Les hommes, décidément... S'il n'était pas gravement blessé voir même mourant, je lui passerai un savon et peut-être même une bonne claque. Bon, j'allais sûrement m'abîmer les doigts ou pire, mais le sentiment était là. Ce fut peut-être la colère qui me poussa en avant en cette journée. La colère de voir tant de sang et de violence, alors que cela ne servait à rien, si ce n'était à alimenter un peu plus ce cycle de douleur. Même si l'un des deux groupes arrivait à anéantir l'autre, cela ne réglerait pas les choses. La haine et le ressentiment couvriraient, sous les cendres, jusqu'à ce que le brasier ne s'enflammât encore. On ne combattait pas le feu par le feu, et le phénix ne serait jamais atomisé.
        Pourtant, la passion de ce combat m'habitait toujours. Si jamais j'avais douté, ce champ de bataille m'avait convaincu que c'était la bonne voie que j'arpentais. Hors de question d'abandonner maintenant. Et dire que c'était dans les débris de vie que je trouvais réellement ma combativité. Quelque part, une petite voix me dit qu'Alheiri serait heureux de ma détermination.

        Rafaelo hors de danger, je revins à mes moutons. C'est-à-dire, retraverser l'île, éviter un coup perdu, éviter les trous - c'est dangereux pour les chevilles - et retrouver Yusuf. Grâce à Rafaelo et Jonas, il était toujours étendu, presque plus mort que vivant. Un traître... Une envie poignante de l'achever me prit aux tripes et pour la première fois depuis longtemps, je vis rouge. La trahison... c'était exactement ce j'étais aux yeux des CP. Est-ce qu'un jour quelqu'un viendrait me chercher des comptes et m'abandonnerait ainsi? Ne devrai-je pas partir maintenant? Rejoindre la révolution une bonne fois pour toute.
        Mais dans ce cas, pourquoi étais-je revenue ici, devant ce corps? Aucune idée, pourrais-je dire. Y avait-il quelque chose qui avait un sens, une logique aujourd'hui?

        Surtout qu'au fond de moi, je savais exactement ce que je faisais ici. Tirant de mon corps des ressources que je ne me connaissais pas, je tirai Yusuf jusqu'au poste de commandant le plus proche. Je ne savais quelle image je donnais de moi: couverte de sang et de boue, en uniforme pas tellement adapté à la situation, en uniforme CP qui plus est, en sueur, en larmes... et avec un moribond de révolutionnaire à bout de bras.
        Vacillant sur mes jambes, j'étais à la limite de mes forces. Franchement... demain, je me remets au sport. Pathétique pauvre petite moi... J'aurais pitié de moi si je savais ce que c'était.
        - « Lieutenant-Colonel. » Je saluai d'une main tremblotante. « Agent Raven-Cooper, du CP5. Je vous livre cet individu que j'ai appréhendé après avoir suivi un groupe de révolutionnaires. Il aura sûrement des choses à vous dire. »
        - « Bien. Il faut donc croire que tous les agents du Cipher Pol ne sont pas totalement inutiles. Venant de quelqu'un comme vous, ce geste doit être quelque chose s'approchant de la bravoure. » Ah, un petit comique.
        - « En effet, Monsieur, je ne suis pas un agent de terrain. Cette expérience a été très instructrice. Je vous ferai parvenir mon rapport dans la semaine. Pour le moment, je vais dégager le terrain, je ne sers plus à rien ici... »

        Mes plaies n'étant pas les blessures les plus sérieuses, je me débrouillai seule pour désinfecter les coups les plus importants, avant de m'écrouler dans un coin de la forteresse. Je manquai sérieusement d'endurance. Et de force. Et de plein d'autres choses. Bien, je savais par quoi commencer maintenant...


      - FIN pour SHAINESS -
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