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[1619]Entre Racaille et Rascasse

Quartier général du Cipher Pol, East Blue

Un type corpulent lit précautionneusement la gazette du jour, avachi dans un fauteuil d’époque. La mine grisonnante, le teint pâle, le cigare rougeoyant aux bords des lèvres, notre homme bien en chair parcourt la feuille de chou avec intérêt. Un serviteur apporte à notre homme son café comme chaque matin.

« Monsieur, votre café. «

D’un geste machinal, le laquais s’exécute sans sourciller et verse le liquide bouillant dans la tasse en porcelaine prévu à cet effet. Il se cambre et se retire de la pièce, laissant notre homme seul dans une cour intérieur à la végétation exotique. Soudainement, un article en bord de page capte son attention, il  semble être plongé dans une réflexion intense. L’article traite d’un décès mystérieux à la prison de Logue town, un prisonnier aurait été retrouvé, gueule ouverte, dans sa pitance du jour. La tronche blafarde dans sa bile, il avait passé l’arme à gauche sans crier gare et tous les indices penchaient pour la thèse de l'empoisonnement en bonne et due forme. D’une manière générale, ces incidents n’intéressent pas le Cipher Pol. Ces crapules de bas étage pouvaient bien s’entretuer entre eux et se trucider, personne n’allait pleurer sur les sorts de ces raclures. Mis au ban de la société, ils pouvaient croupir et moisir dans leurs cellules que le monde se soucierait pas de leur cas. Seulement, le gouvernement attendait beaucoup de l’oncle tram et ce décès inopiné était loin d’être une aubaine pour le gouvernement.

Cette espèce d’enflure d’oncle tram était appelé à témoigner contre un politicien véreux que le gouvernement cherchait à détrôner depuis quelques années. Son témoignage était capital, c’était la clé de voute pour faire tomber cette enflure de Johnny Lemon. L’oncle Tram gagnait au change, une remise de peine de et une libération sous conditionnel avec une surveillance du domicile. Fallait pas s’appeler Einstein pour subodorer que Lemon avait voulu faire taire à jamais l’Oncle Tram. Cette enflure de Lemon allait encore se faufiler au nez et à la barbe du gouvernement sans qu’on dispose d’assez de preuves pour l’incriminer et prouver son rôle dans toutes ces affaires. A moins que…le gouvernement envoie sur place un agent infiltré qui enquêtera en soutane et qui révélera au goût du jour toute cette sordide affaire. Toutes les hypothèses étaient envisageables avec un lascar de son acabit, le type avait un carnet de contact aussi fourni que celui des plus grandes pointures de la pègre. Pots de vins, contrat avec un tueur à gages, corruption du personnel du pénitencier, chantage, ce n’était pas les possibilités qui faisaient défaut.   Prouver l’implication de Lemon était indispensable pour le faire écrouer, aussi fallait t’il choisir un agent de terrain particulièrement accoutumé à ces missions à hauts risques. L’agent sélectionné devait être un élément hors-pair qui n’aurait pas le droit à l’erreur sur le terrain sous peine de griller sa couverture et par conséquent les intérêts supérieurs du gouvernement. Nul besoin de transiger  plus longtemps, il fallait solliciter la brigade secrète du gouvernement, le CP9, pour ce genre de travail. L’homme saisit son escargophone et s’entretient avec un mystérieux interlocuteur à l’autre bout du fil :

« Monsieur…hum. Je pense que ce serait une bonne entrée en matière pour lui. Ca nous permettrait d’évaluer son potentiel et son acclimatation au milieu carcéral…hmmh oui Monsieur, d’accord, je le mets sur le coup »

Un claquement de doigts s’ensuivit et le laquais rappliqua immédiatement.

« Nestor, faites moi venir l’agent Kaitô ici-même. Nous avons à traiter d’une importante mission avec lui… »


Prison de Loguetown, 2 jours plus  tard

Premier jour d’incarcération, 11H39

« Grouille-toi, j’ai pas que ca à foutre enfoiré, il y a des boulettes de viande à la cantine, je veux manquer ca pour rien au monde. »

La porte de ma cellule se ferme dans un bruit sourd et métallique. Je dévisageais le gardien et m’assoit sur la seule chaise dont les pieds vont bientôt céder. Reclus dans ma cellule, j’observe par la grille le comportement des détenus, leur mode de vie dans cette jungle sauvage où la loi du talion prime sur tout le reste. Les tenants et les aboutissants de mon ordre de mission m’avaient été formellement expliqués. J’avais carte blanche pour concrétiser mes objectifs. Afin que l’immersion soit totale, les gardiens n’avaient pas été mis au courant du subterfuge. Pas de traitements de faveur, pas de rab à la cantine, seulement la niaque de survivre dans cet environnement inhospitalier. Mon nom ? Rick Salmons, telle était ma nouvelle identité et je devais m’y accommoder. Cette uniforme orange sied à merveille avec cette barbe de 5 jours, j’ai l’air usé et au bout du rouleau par une vie de sévices et de crimes. La sirène sonne, c’est l’heure de la bouffe. Toutes les cellules s’ouvrent avant que les gardiens nous fassent nous placer en file indienne, comme de vulgaires gamins réclamant leur pitance. Première mise à l’épreuve, on se souvient toujours d’un mec à la première impression qu’il donne de lui-même. Ca promettait d’être intéressant...
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Depuis que l'Oncle Tram est mort, la plupart a compris. Lorsque l'on me croise, maintenant, on ne me dédaigne plus. Oh non. Mai pour ça, il a fallu apaiser les tensions, se mettre bien avec les anciens hommes de Tram. Alors j'ai graissé des pattes, j'ai engourdis les gardes pour qu'ils soient toujours aussi sympathiques avec les anciens rois. J'ai sortis la blanche à billets, j'ai roulé des mécaniques, j'ai souri de toutes mes dents.

Peu à peu, les gens ont compris. Ils ont compris qu'ils ne pourraient plus pisser sans mon autorisation, qu'ils ne pourraient plus manger si je ne voulais pas remplir leur assiettes.

Le coq de la prison reçoit maintenant les meilleurs fruits d'East Blue depuis qu'il a rencontré Barry. Le toubib, lui, se fait aider par Tommy lors des coups de bourre. Quant aux geoliers, un nouveau patron a pris place depuis qu'il a su informer les marines d'une future tentative de casse. Malencontreuse fuite d'informations.

Bien sûr, certains sont plus longs à la détente. Certains ont tenté de montrer les crocs et de faire de la conccurence, de ne pas accepter qu'ici, c'est moi le patron. Les pauvres ont perdu une dents alors qu'ils venaient se faire soigner un mal de ventre, ou se sont étrangement trouvés avec un plateau repas vide à chaque repas. J'ai tenté d'appater par la carotte, mais certains ne comprennent qu'à coups de batons.

Maintenant, c'est l'heure du repas. Alors que j'avance dans la file, je sais qu'une part de lion m'attendera, quue le cuistot m'aura laissé deux fruits plutôt qu'un et que la table centrale sera vide. Alors je m'y asseirai, et Tommy s'asseira à côté. D'autres voudront aussi, mais ils demanderont l'autorisation. Parce que s'asseoir à côté de moi, c'est demander protection.

Ce que j'ai appris grâce à Tram, c'est que tout cela, on ne l'a pas sans rien, et que tout peut retomber en une seconde, en un souffle. Chaque visage amical peut tirer un couteau dans le dos. Chaque acolade peut cacher un poignard. C'est ainsi la prison, les coups tombent sans que l'on s'y attende, dans un silence fracassant. Et la vie redémarre ensuite. Comme avant. Alors je me méfie. De chaque homme, de chaque geste. Si bien qu'il est difficil de dormir. Impossible. Chaque nuit est un cauchemard ou lorsqu'une oreille dort, l'autre épie chaque bruit de la cellule.

Mais ça, Tommy, lui, lorsqu'il croque à pleines dents dans ses boulettes de viandes, il n'en a rien à faire. Et lorsqu'il voit un nouveau s'installer à côté de lui, il se sent obligé de frimer. D'en raconter trop :

"Non mais tu t'prends pour qui de vouloir t'asseoir ici ! T'es sur la table d'Ish" SBAF.

Sa pauvre tête finit dans son assiette. Le pauvre se croit le roi du monde depuis que je l'ai aidé. Il n'a pas encore compris qu'il parlait trop. Et c'est ce que je lui dis.

"Tu parles trop Tommy. Quant à toi, le nouveau. Soit le bienvenu ici hmm..."


Dernière édition par Ishii Môsh le Dim 12 Aoû 2012 - 23:22, édité 1 fois
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Le réfectoire, l’antichambre de la bouffe ignoble se profilait devant moi. J’apercevais déjà les vieilles mégères ventripotentes en blouse blanche, avec leurs airs faussement sympathique. Pas de gants pour servir les rations, leurs mimines joufflues et pâteuses rentrent en contact avec les aliments dans l’indifférence générale. Elles schlinguent outrageusement la transpi et ont un timbre de voix se rapportant davantage à la grosse rombière qu’a la danseuse étoile. Elles avaient l’air fines tiens enfin psychologiquement parlant, leur couvre-chef en papier sur le coin de la gueule à débiter encore et toujours le même discours formaté du type « Purée ou carottes ? Avec ou sans sauce ? ». Tu m’étonnes que lorsque ces types sortent de taule, ils ont un grain au coin de la tronche et sautent sur tout ce qui bouge bordel. Je fais la queue comme tous ces abrutis, des petits malins commencent déjà à me regarder de haut et se privent pas pour me les briser. Je me contrefous de ces mesures d’intimidation, il est primordial que j’atteigne le self sans passer par la case mitar aujourd’hui mais cette enflure ne paye rien pour attendre. Une cantine dans un pénitencier, c’est l’emplacement qui te fournit la force nécessaire pour endurer toute la foutue journée qui pointe à l’horizon, c’est aussi l’endroit où tu peux t’apercevoir distinctement des clans et des liens qui émanent entre les détenus. La tension était palpable tandis que je m’avance à mon tour avec mon plateau. L’autre bougresse me dévisage, mon œil tombe sans le vouloir sur le badge qu’elle porte à la poitrine. L’inscription Germaine y figure, son nom sans doute, je n’y porte guère attention, son odeur m’incommode déjà.

« Tiens c’est que je t’ai jamais vu dans le coin toi. T’es nouveau dans les parages ? Alors mon chou, Qu’est ce qui te ferait plaisir, purée ou boulette de viandes ? »

Je pointe du bout du doigt et sans un mot, la sorte de mélasse informe et graisseuse qui s’apparente à la « purée ». Visage fermé, je manifeste une profonde indifférence pour cette femme sans pour autant me la mettre à dos. Une miche de pain, un verre d’eau trouble tandis que je m’avance dans le réfectoire pour y jeter un œil avisé. La scission entre les clans est unanime, ca se ressent dans l’agencement des tables. Intérieurement, je trouve effarant que les gardes les laissent s’acoquiner comme deux ronds de flan. Il est pourtant évident que c’est la porte ouverte aux débordements et à la fomentation de complots mais ces ânes bâtés rêvassent, sifflotent et regardent ailleurs comme si une de ces enflures leur graissait la pâte. Le réfectoire compte au bas mot 150 types aux gueules aussi sordides les unes que les autres sans compter qu’on est qu’au premier service. N’importe lequel de ces types pourrait être derrière l'assassinat de l'Oncle Tram et leurs trognes ne me disaient rien qui vaille. Lors du briefing de mission, des informations sur l’entourage de l’oncle tram m’avaient été transmises, son compagnon de cellule était un certain Manny K. et un type dénommé Roy Bankels. Il sera nécessaire que je me rapproche de ces types là pour avoir le fin mot de l’histoire. Ils doivent bien savoir ce qui s’est tramé ici bas, ces abrutis écervelés. Une table isolée où étaient attablés un homme-poisson et un lourdaud attira subitement mon attention. J’avais beau ne pas connaître les deux bagnards qui y figuraient mais tout semblait porter à croire qu’ils inspiraient la crainte de leurs petits camarades. Les regards fuyants, leurs mines rabougries et surtout leur mépris arrivé pour ces deux types là étaient aussi flagrant que la grosse tronche polygonale de cette homme-poisson. Je décidais de m’asseoir à sa table en restant sur mes gardes au cas où, on ne sait jamais vraiment dans quoi on s’engage ici-bas alors autant faire preuve de prudence. A peine ai-je le temps de m’asseoir à la table que je me fais violemment prendre à parti par l’autre binoclard qui semble vouloir en découdre. Au moment où je m’apprête à lui en coller une sévère, l’homme-poisson se montre plus rapide que moi et remet le type en place en lui fourguant la gueule dans son écuelle en métal. Tant mieux, ca m’évite d’avoir à me salir les mains pour un moucheron de son calibre.

"Tu parles trop Tommy. Quant à toi, le nouveau. Soit le bienvenu ici hmm..."

Je lui serre la paluche en signe de respect comme le font les hommes qui ont un minimum de considération et de respect pour leur interlocuteur. Je n’aime pas vraiment sa tronche mais je mets mon mouchoir par-dessus, il s’agit pas de tout gâcher pour un délit de sale gueule surtout si le type est assez influent comme ce gus semble l’être.

« Rick, Rick Salmons. Merci d’avoir corrigé ton pote, c’est plutôt plaisant de voir à quel point t’inspires le respect dans le coin. Je ne sais pas ce que tu leur as fais mais mazette y’en a pas un qui bronche. Tu dois être influent dans le milieu… »

Je jette un œil à ce qui se trouve dans mon auge et me fait une raison. Je vais devoir me contenter de cette bouillasse si je veux pouvoir tenir jusqu’au lendemain, bien conscient que le premier jour est souvent essentiel pour se forger une réputation dans la taule. Une conversation étroite se noue entre les deux hommes tandis que l’autre demeuré reste sur la touche. Je tâche de me montrer convaincant, d’éviter les impasses et de ne pas trop en déballer à la fois. Point trop n’en faut surtout dans le milieu carcéral, ca vous revient toujours à travers la tête.

« Tu te demandes sans doute pourquoi je suis ici et pour combien de temps j’ai à tirer. Je suis un perceur de coffre-fort, on avait monté un casse avec un pote afin de se faire la banque général de Normock, une île situé à l’extrême sud d’East Blue. Une sale enflure dans le groupe a vendu la mèche et a prévenu la marine qui n’a pas tardé à rappliquer et nous coffrer. J’ai écopé de 2 ans, ils ont fait en sorte de nous séparé pour éviter toute récidive. Tu sais ces choses là…quand t’y goute ne serait-ce qu’une fois tu peux plus t’en passer. Le frisson que cela procure, l’excitation d’avoir réussi son coup, c’est indescriptible. Et toi, pourquoi ils t’ont coffré ?...d’ailleurs je manque à tous mes devoirs bordel, Monsieur ? …"
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Freyn. C'est un ancien de l'Oncle Tram. Dès le début il a compris qu'il ne fallait pas trop m'embêter. Que moi, on ne me cherchait pas. Alors il a courbé l'échine quand le Tram m'a cherché misère. Il s'est fait discret et lorsque son patron est mort, il est venu à moi. Sans que je n'ai rien à demander. C'est un ancien truand ayant fait mille et un coups avant d'un jour se faire arrêtter à cause d'une taupe. Son meilleur ami.

Il est rusé le Freyn et son expérience dans le banditisme est immense. La cinquantaine passée, il a d'abord parcouru les mers en tant que navigateur pirate avant de se ranger, enfin de se poser. Il a alors multiplié les braquages, les trafics, les truandages. C'est lui qui a eu l'idée des dents cassées grâce au petit Tommy. C'est encore lui qui m'a proposé hier d'imposer une taxe de protection. Je pense même qu'il savait pour le poison ayant tué l'Oncle Tram. Il s'entend trop bien avec le cuisinier pour être passé à côté. Il est là depuis si longtemps qu'il connaît maintenant chaque homme. Et étrangement, pas un seul n'est son ennemi. Il parle peu et lorsqu'il ouvre ses lèvres, le silence se fait presque autant qu'avec ma grosse voix tonitruante.

Alors lorsque je le vois arriver derrière le nouveau, lorsque je le vois écouter d'un air amusé avant de se pincer les lèvres comme il le fait à chaque fois qu'il s’apprête à parler. Je ris. Mais intérieurement.

Le pauvre enfant a maintenant fini de parler et sur la table le silence s'est fait. Un silence qui en ferait trembler plus d'un. Un silence dont on ne sait s'il finira par la sortie d'une lame ou le début d'un éclat de rire. Mais dans ce cas là, lorsque Freyn pose son plateau à côté du Rick avant de s’asseoir, c'est par la parole qu'il brise le silence.

_Ecoute moi bien mon p'tit gars. Je vais te raconter une histoire. uh uh uh L'genre d'histoire qu'on apprend vite en prison et que si ce n'est pas l'cas, et bien on finit vite dans la p'tite pièce où un panneau « Morgue » annonce la couleur à l'entrée. uh uh uh C'est l'histoire d'un gars, un jeunot comme toi qu'était si bavard qu'même les mouches en avaient mal à la tête de l'entendre. Un jour il s'est assis à côté d'un gars qu'il ne fallait pas chercher dans cette même cantine. Un gars pas très grand. Pas très musclé. Mais putain ce qu'il était teigneux. uh uh uh. Le gars a tenu trente seconde. Avant d'enfoncer sa fourchette dans l'oeil du gosse. Il s'est alors mis à la tourner si vite que le globe en est tombé accompagné d'une niellasse rouge qu'a fait dégobiller la moitié de la cantine. C'était pas beau à voir. Je te dis ça parce que j'étais présent ce jour là. Et que j'en fais encore des cauchemards la nuit. uh uh uh

A entendre cette histoire, le petit Tommy ne peut pas s'empêcher un petit rire strident qui pourrait faire croire à la présence d'une femme nu si l'on n'était pas en prison. Moi je reste stoïque malgré un petit sourire apparaissant à la commissure des lèvres. Freyn quant à lui, peu habitué à parler tant récupère doucement son souffle, un cure dent coincé dans la bouche.

_ Hmmm... Heureusement nous ne sommes pas si violents. Moi c'est Ishii. Et moi aussi j'étais cambrioleur. J'aimais ce que je faisais, et je le faisais sacrément bien. Mais je le faisais surtout pour vivre. Hmm... Je te présente Freyn, un très bon compteur lorsqu'il se décide à parler. Et Tommy, un homme de grand talent qui soigne très bien tous les maux avec des plantes.

_C'tait pas pour te faire peur gamin, uh uh uh juste que j'aime quand les choses sont claires. Bienvenue parmis nous sinon. J'espère que tu t'y plairas. uh uh uh


Dernière édition par Ishii Môsh le Dim 12 Aoû 2012 - 23:25, édité 1 fois
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Ishii, Tommy, Freyn, tous ces loustics étaient tous du même acabit, tous des raclures qui s’étaient fait prendre la main dans le sac et qui maintenant qu’ils étaient au sein du pénitencier, imposaient leurs petites lois drastiques. Kaitô ne pouvait pas les voir en pâture tous ces branquignoles demeurés, eux et leurs petites intimidations bas de gamme, c’est plutôt malavisé de prendre la température ainsi avec un individu qu’on ne connait ni d’eve ni d’adam. Ils étaient en position de force bien entendu et c’était la dessus que tout leur petit manège reposait, la peur pour mieux diviser et surtout mieux régner. L’autre face blafarde de cachalot était le leader naturel de ces gugusses gonflés à la taurine. Heureusement pour leurs matricules, ce Ishii n’était pas du même bord que ces abrutis empaffés, il calma le jeu et me présenta ces ceux compères.

"Hmmm... Heureusement nous ne sommes pas si violents. Moi c'est Ishii. Et moi aussi j'étais cambrioleur. J'aimais ce que je faisais, et je le faisais sacrément bien. Mais je le faisais surtout pour vivre. Hmm... Je te présente Freyn, un très bon compteur lorsqu'il se décide à parler. Et Tommy, un homme de grand talent qui soigne très bien tous les maux avec des plantes."

Cette foutue déclaration me mit subitement la puce à l’oreille, les autorités avaient clairement conclu que la mort de Tram étaient survenues suite à un empoissonnement. Tellement incompétent qu’ils n’avaient pas été foutues d’identifier la substance qui avait causé la perte de Tram. Tout ce langage mielleux sonnait faux et empreint de sens cachés et d’allusions, ces Hmmm à tout va sans compter les petits silences qu’il plaçait entre ses phrases, cet enflure avec sa gueule de travers m’insupportait profondément. Le gros âne bâté de Tommy était pt’et responsable de l’homicide, seulement la question subsidiaire était de savoir, comment il avait pu se procurer les ingrédients pour préparer sa concoction cette enflure. Si l’hypothèse que Tommy se trouvait bel et bien derrière toute cette affaire, alors cet Ishii était lui aussi dans la balance. Un crétin fini comme Tommy n’aurait jamais eu la présence d’esprit de procéder de cette manière, la minutie et la stratégie ne trouvent aucun écho, aucune résonnance en sa carcasse pataude. Ce Ishii cependant…il ne m’inspirait rien de bon, on ne sait vraiment sur quel pied danser avec ce genre de lascar, tantôt serein, tantôt colérique, on ne peut jamais prévoir ou anticiper leurs actions. Il fallait que je l’aie à l’œil cette enflure et le fait qu’il ne m’ait pas pris en grippe m’arrangeait la donne.

« J’ai toujours aimé me fendre la gueule et bordel y’a pas à dire ton histoire m’a donné le sourire euh…Freyn ! Je te remercie de ton accueil Ishii, c’est toujours sympa de retrouver un ami du milieu dans cet enfer de béton. «

Les 4 lurons partagent et échangent quelques banalités sur le banditisme et les coups fumants à leur actif. Je connaissais bien mon personnage, je déballais toutes sortes d’histoires sans trop en dire et ainsi laisser planer un voile de mystère autour de ce cher Rick. Les mecs qui parlent trop en taule, on les appelle les langues de pute, c’est souvent les types à que l’on ne mets jamais dans la confidence et ils finissent tôt ou tard par finir dans le fleuve les deux pieds dans une brique de béton. L’important était de faire naître l’interaction et de nouer de véritables relations « amicales « avec ces détenus, leur prouver que j’étais un des leurs et que moi aussi j’avais bel et bien ma place dans ce trou à rat. Le Ishii ne parlait pas des masses, c’était davantage ses deux types qui monopolisaient la parole. De mon côté, j’essayais d’orienter le débat sur les soi-disant grands talents d’herboriste de Tommy et cette enflure mord bientôt à l’hameçon.

« Bah t’vois, les plantes c’est mon dada, j’passé tellement de temps à les observer que je connais foutrement bien leurs propriétés héhéhé… »

Toi, mon pote, rigole tant que tu le peux encore, je vais te choper et te cuisiner à feux doux, même l’enfer fera mine d’être accueillant au regard de ce que je vais te faire. Les enflures comme toi, je les renifle à des kilomètres et toi, t’es l’un de ces bons loubards qu’ont encore du sang sur les mains. Après qu’on ait tous fini se « délecter « de s’être blindé l’estomac de cette bouffe innommable, on quitte le réfectoire tandis que le second service débute. Je suis toujours un peu au ban de ce petit groupe, je ne bénéficie ni de la crédibilité ni du passif dans la prison de ces types. Faut que je me fasse un nom ici bas et il n’y a qu’un seul et unique moyen…enfin un peu d’action, je commençais à rouiller depuis le temps. Un type baraqué comme pas d’eux vient bientôt nous chercher des noises en s’en prenant directement à mon cas.

« Heeeeey mais c’est t’y pas le nouveau qui se pointe la, le bon Ishii t’as pris sous son aile, on dirait. Rien a foutre, je vais te bizuter comme il se doit... »

On se frite comme il se doit, on se colle des gnons en veux tu en voila, j’essaye de faire en sorte que le type ait des chances de l’emporter sauf que bientôt je renverse la situation et le roue des coups. Les autres détenus s’enflamment et un cercle se crée autour de nous. Je le fais pisser le sang tout en prenant soin de pas viser les organes vitaux. La foule scande mon nom avant même que j’ai eu le temps de m’en apercevoir, je me prends des coups de matraques de tous bords tandis que l’on me sépare de l’autre brute ensanglanté qui gît comme un vulgaire déchet au sol.

« Sale enflure, à peine arrivé que tu fais du grabuge, sale enflure. Tu vas au trou, espérons que ca te mette du plomb dans la tête. »

Les gardes me trainent sur plusieurs mètres, je rajoute du spectacle à la scène en faisant mine de me débattre pour renforcer ma crédibilité. Les gardes parviennent finalement à me mettre au trou. Pièce de 2 mètres sur deux où je suis recroquevillé sur moi-même tant je ne peux pas me lever. Privé de l’absence de lumière, je réfléchis encore et encore, c’est toujours très abscons pour moi toute cette histoire, je ne suis qu’aux prémices de la résolution de cet énigme et je profite de ce séjour au cachot pour digérer tout ce dont je viens de faire l’expérience.

2 jours plus tard

Cette petite escapade au trou aura eu au moins le mérite de me faire gagner du gallon dans cette foutu prison. Je schlingue comme pas deux et j’ai eu le droit à me faire littéralement karcheriser la tronche dans la salle d’eau de la prison. Encore humide, on me refile mon uniforme surmonté de mon matricule.

« Grouille toi de te rhabiller, le taulier veut te voir. «

Le taulier hmmmh…autrement dit le seul bougre qui connait ma véritable identité dans tout cet amas de taule ondulé. Pourquoi me convoque t’il ? S’agit t’il d’une remontée de bretelles ou d’un simple point sur l’avancement de la mission ? Toujours est t’il que je pénètre bientôt dans son bureau. Le type demande aux gardes de nous laisser seuls, ils s’exécutent et nous laisse en tête à tête.

« Trève de bavardages et de bienséances en tous genre, je vous ai convoqué pour savoir ce que vous avez découvert sur l’affaire Tram. Je n’ai guère confiance en mon personnel, l’inventaire mensuel fait apparaître des disparitions d’objets, d’ingrédients et même parfois de fonds. Un salopard tire les ficelles et même si j’en ai pas les preuves formelles, des complices marchent pour lui dans mon personnel. »

« Je ne peux encore rien attester mais j’ai quelque soupçons sur un certain Ishii qui semble avoir rallier à sa cause quelques sous-fifres bien « talentueux « comme il l’énonce lui-même, notamment un certain Tommy qui pourrait être potentiellement responsable de l’empoisonnement de l’Oncle Tram. Tâchez de vérifier les antécédents de tout ce beau monde. Qui a accès aux plantes médicinales dans le pénitencier ?"

« Hmmmh… il y a bien le personnel médical mais certaines plantes sont aussi mis à la disposition des cuistots pour les plats quotidiens. «

« Je vais me pencher sur la question et orienter mon investigation de ce coté là. Tâchez de me faire une bonne remontée de bretelles en bonne et due forme, histoire que ce soit plausible et que notre entrevue ne laisse pas supposer une quelconque coopération »

Quelques minutes plus tard

« Casse toi de mon bureau sale vermine ! et la prochaine fois que tu oseras foutre ton grain de sel dans ma prison, je te ferais transférer dans un centre bien plus difficile que celui-ci, un centre où tu apprendras qu’il ne faut jamais se baisser pour récupérer une savonnette…dégage maintenant. »

Je regagne bientôt la cour de la prison et suis zieuté par tous les détenus pour pas changer d’ailleurs mais leurs regards ne sont plus empreints de pitié et de condescendance. J’ai gagné en crédibilité et suis désormais davantage considéré à l’égal de n’importe lequel d’entre eux. Au loin, j’aperçois Ishii et ses acolytes et décide de me diriger à leur rencontre…

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Les gens parlent, déblatèrent. Racontent des histoires, leurs exploits. Mais moi, comme à mon habitude, je me tais. Je me tais et j'écoute de mes deux grandes oreilles. Deux trois mots, de temps à autre, une petite phrase pour bien dire que je suis toujours là. Mais j'écoute. Surtout.

Puis les gens se lèvent, la nourriture infecte avalée. La pense rempli. Puis le nouveau se fait bizuter. Comme un bon nouveau doit se faire bizuter. Drôles d'hommes, drôles de pensées...

Je pourrais agir bien sûr, crier et hurler aux hommes de laisser le pauvre enfant tranquille, ils m'écouteraient c'est certain. Mais non. Facon de voir ce qu'il a dans le ventre. Comment il se défend. S'il ne sait qu'utiliser ses poings ou s'il sait aussi frapper. Et il frappe bien l'enfant. Ce n'est pas n'importe qui. Oh non. Les gens comme lui, on les enferme dans deux cases. Les bons ou les méchants. Les Amis ou les ennemis. Pendant qu'il frappe, les gens se mettent en cercle. Le cirque se forme, les spectateurs crient, hurlent comme il se doit trop heureux de voir cette routine rendant fou se faire briser un court instant. Mais moi, je ne dis rien. Comme à mon habitude. Je renifle juste. Bruyamment. Je renifle mon gros cigare fumant.

2 jours plus tard, le petit Rick sort de son trou. Moins humain, plus animal. Presque à me concurrencer. Mais maintenant il peut rouler des épaules, bomber le torse. Il a prouvé qu'il ne fallait pas le chercher et si lorsqu'il viendra vers nous, si nous l'acceptons, alors sa sécurité sera assurée. Pour Freyn et Tommy la question ne se pose même pas. Il les a trop amusé avec ses poings et ses palabres sur ses exploits. Surtout Tommy, adepte des paroles inutiles, du parlé fort et voyant depuis que je l'ai sortis de sa torpeur.

Mais pour moi les choses ne sont pas si simples. Mon oreille abîmée siffle trop fort. Trop bruyament.

-Uh uh uh tu as vu? Rick est sorti. Il tire une salle gueule uh uh uh.

Assis sur un gros banc de pierre, Freyn et moi discutons tandis que l’enfant s’approche. Tommy lui, est trop occupé à l’infirmerie pour prendre une pause. Sombre histoire de légumes périmés, d’infection alimentaire. Aucun rapport avec un groupe ayant voulu bizuter Tommy comme au bon vieux temps. Non, aucun.

-Hmm.. Ce Rick ne doit pas être un ennemi. Mais pour l’instant ce n’est pas un ami. Soyons prudent. On ne connait de lui que ce qu’il nous a dit.

-Uh uh uh bien sûr. Crois bien que j’ai eu mon compte des coups de couteaux dans le dos uh uh uh.

-Hmm… Je sais bien … C’est de Tommy que je me méfie. Hmm… Il parle trop …

Alors on l’acceuil comme il se doit. Freyn y va même de sa petite tape amicale. On discute de tout. Surtout de rien. Moi je reste un peu en arrière, laissant aux deux hommes le plaisir des mots.
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Je suis dorénavant un vrai bonhomme, les gnons et les autres passages à tabac étaient un passage obligé pour ma crédibilité. Je déambule dans la cour à ciel ouvert, dans ces quatre murs de béton surmontés de barbelés et de grillages en tous genres, une zone que les détenus aiment à appeler le clos des roses pour se foutre de la gueule des matons haut perché dans leurs miradors à zieuter tout ce qui se passe. Je commence à piger ce que ressentent ces mecs, je me sens peu à peu déconnecter de la réalité qui m’entoure, ce que je vois, ce que je ressens, tout à une saveur si différente…aigre et amer comme si mon destin entier se jouait dans cet amas de taule et de ciment. Je flâne un peu, histoire de faire bonne figure et de rouler des mécaniques auprès de toutes ces têtes brulées et je m’avance vers Ishii de manière à ce que tous ici pensent que je me suis rallié à sa cause. Freyn va même jusqu'à m’en taper une pour me signifier que j’ai passé une étape cruciale à leurs yeux. Je perds pas de vue l’idée que je dois à un moment ou un autre m’entretenir avec Manny K. et Roy Bankels quant à la mort de leur patron…bien obligé de jouer sur plusieurs tableaux, les joies de ce taf viendront à ruiner ma couverture un de ces 4.

Je suis aussi parvenu à me foutre dans la poche Tommy aka la brute épaisse du groupe, il schlingue comme d’habitude des produits dont je ne veux même pas connaître le nom mais l’hypothèse qu’il soit bel et bien derrière l’empoisonnement de Tram semble se vérifier. La formation en substances illicite dispensé aux agents du Cipher Pol va finalement se révéler très utile…il est vrai que les graines de pavot peuvent être utilisé pour se shooter mais les herboristes les plus chevronnés élaborent des concoctions empoisonnés. Vl’a le profil du tommy, vous me direz…mais vous savez ce que dit la maxime, l’habit ne fait pas le moine et je crois tenir le bon bout sur ce coup. Je déblatère à mes nouveaux « potes « ce qui m’est arrivé au trou, ce que j’ai pu ressentir et toutes les insultes que j’ai proférés aux matons pendant que j’étais au frais, Ishii m’écoute attentivement et j’avais beau essayer de décrypter les traits de son visage et les émotions de son visage, j’avais foutrement de mal avec sa gueule polygonale et ses petits yeux assez écarquillés et enfoncés juste assez pour que je ne puisse pas pleinement les observer. Il me fera chier jusqu’au bout cette poiscaille putride mais j’en profite pour balancer une carte maîtresse, quelque chose de foutrement juteux qui me permettra de gagner bel et bien leur entière considération à eux et à leur chef. Je fais en sorte de leur faire comprendre subtilement que j’ai appris des infos précieuses, on s’isole bientôt dans l’un des seuls angles de vue à l’abri des gardes.

« Figurez vous que j’en appris de bonnes pendant que j’étais dans le bureau de l’autre salopard de directeur. Les murs ont des oreilles…faudrait qu’il revoit l’insonorisation de leurs parois, elle laisse à désirer héhé. ‘Fin, il discutait avec des chefs de patrouille de l’assassinat d’un certain Oncle Tram…Paraîtrait qu’ils savent qui a fait le coup et qu’ils comptent tous les arrêter d’une traite. Des mecs proches de tram ont rapporté… Vous savez qui a fait le coup ?! »

L’appât est lancé dans la flotte poissonneuse, il n’y a plus qu’à attendre que la poiscaille gobe l’hameçon entier et le tour est joué héhéhé. J’avais jeté un pavé dans la mare et les tronches atterrés de Tommy et Freyn en disait long sur les commanditaires du fameux assassinat. Qu’allaient-ils en conclure ? C’était là, un test de confiance, allaient t-ils me mener en bateau ou me mettre dans la confidence ? S’ils avaient un peu de jugeote et de respect pour le type qui venait de faire ses preuves, alors…ils me dévoileraient le pot aux roses. Rien n’était certain, les reniflements d’Ishii commençaient à foutrement m’exaspérer. Je ne pensais qu’a lui délier sa putain de la langue et que cette enflure jacte pour que je puisse au moins connaître ce qu’il escomptait.

Aussi je décidais de mettre toutes les chances de mon côté et de tendre une deuxième perche de manière à les amadouer davantage.

« Vous n’allez pas me leurrer les mecs, pas besoin de s’appeler Vegapunk pour se rendre compte que vous savez qui est derrière tout ca… j’ai beau être arrivé récemment dans la prison, je n’en suis pas pour autant le perdreau de l’année… »

Au loin, Manny K. et Roy complotent et marmonnent en nous regardant de biais, quelque chose se trame ici bas, quelque chose qui pétera bien assez tôt et qui me permettra de lever le voile sur toute cette affaire…le calme avant la tempête.

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Le petit me met dans une sale position. Le genre de position dans laquelle n'importe qui n'aime pas être. Mais je ne suis pas n'importe qui. Et on ne me met pas au pied du mur aussi facilement. Alors lorsque le petit finit de parler et lorsque le silence refait place. Juste perturbé par quelques chamailleries de la cour, quelques cris et quelques balles frappant le panier ou quelques artères s'effondrant sur le sol. Alors je renifle. Bruyament. Comme si ça allait m'aider à me sortir de ce pétrin. Comme pour prendre le temps d'analyser les paroles du nouveau. Freyn triture son cure dent pour se donner une contenance. Il sait que c'est à moi de parler mais il sait aussi que je lorsque je le ferai chaque mot que je sortirai aura été étudié. Si c'est un piège, il est grossier. Mais très efficace. Il n'y a qu'un seul bémol.

Mais c'est ce bémol qui me met la puce à l'oreille. Si infime qu'elle aurait pû passer inaperçu si je m'étais dépéché de répondre. C'est ainsi lorsque l'on parle trop. Un mot en plus ajoute une chance de faire un faux pas.

_Hmm... Je te dirai tout. Mais pas maintenant. Cet après midi. Hmm... Soit patient, tu auras tes réponses.

Sans en dire plus je me lève de ma place et pars. Je m'avance lentement vers Manny. K et Roy. Ces deux hommes aux allures de rois déchus qui continuent à comploter comme si je ne les voyais pas. Un problème de plus à régler. Les mains posées dans les poches de mon veston, le pas nonchalent mais droit. Je m'avance jusqu'à être à moins de deux mètres de ces petits hommes me regardant d'un regard emplis de haine et de dégout.

_Hmm... Partez d'ici. Partez vous cacher au fond de votre cellule et remerciez le ciel d'être encore en vie.

Les deux hommes me fixent. Je les fixe. On se regarde ainsi un long moment. A se juger. L'un d'eux crache à mes pieds, comme dégouté. Puis les deux hommes comprennent et partent. La tête basse. Ils ne sont plus rien.

...

L'après midi a atteint son zenith. Cette journée est un peu spéciale. Une journée de liberté enchainée. Une promenade à l'étang de San Tian. Un grand bac d'eau artificiel de plus de deux kilomètres où tous les trois mois les prisonniers y passent une après midi. Une sortie pour ne pas rendre fou les hommes. Un lubi d'un noble ayant un coeur. Une drôlerie. Mais les apparances sont trompeuses et tous les mètres de la rive, un homme en uniforme pointe une arme vers une barque de prisonnier. Il faudrait être fou pour tenter de s'échapper mais de toute façon ce n'est pas pour ça que cette après midi en est intéréssante. Oh non.

Au milieu de l'étang, confortablement installé sur une barque avec Freyn et Rick, je pointe de mes deux yeux le jeune homme et avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre mes deux doigts ont saisi ses deux jambes et tout son corps tombe dans l'eau dans un grand fracas. La tête la première et le cul en arrière. Il commence déjà à gueuler son énervement et à gesticuler, les cheveux aussi propres que ceux d'un immonde cabot et le regard de celui qui ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Mais je l'arrêtte de ma grosse voix toujours aussi calme.

_Hmm... On va pouvoir parler maintenant. Reste dans cet eau deux minutes puis tu pourras revenir. Ne t'inquiête pas pour les gardes, ils sont au courant. Je leur ai dit que je te devais ça depuis une certaine histoire.

En y regardant de près, les gardes n'ont pas l'air d'en être dérangé, au contraire. A voir leur air illare, on comprend qu'un peu d'amusement ne leur fait pas de mal et qu'ils sont plutôt satisfait de ce joli spéctacle. Alors je continue à parler, sûr que maintenant, si un pauvre escargot se cachait sous la tenue de Rick, il ne peut plus rien écouter.

_Hmm... L'Oncle Tram était une ordure de la pire éspece. Il faisait regner l'ordre par la terreur. Aucune carotte. Seulement des coups de bâton. Il se prenait pour le roi. Puis il est mort, d'une mort bête. Il a mangé un sandwitch qu'il n'aurait pas dû manger... Hmm... Perrsonne n'en a été triste. Il frappait qui il voulait, il insultait tout le monde... Si les hommes de Tram ont balancé qui l'avait tué, ça n'a pas d'importance. Ils savent que c'est moi. Ou Freyn. Ou Tommy. Mais ils n'ont pas de preuve. Hmm... Des mots ne peuvent rien faire...

Je m'arrêtte un moment. Une autre barque s'approchant trop près de la notre. Un vieil homme y est installé, quelques cheveux grisonnant tenant encore sur son câne et ses lunettes lui donnant un air de vieux sâge.

_Moy moy... Salut Ishii... Salut Freyn... Salut... Euh jeunot... La baignade est bonne? Ishii je viens te parler parce que j'ai besoin d'un livre... Le genre de livre que les marines n'aiment pas... J'en ai parlé au cuistot mais il ne veut rien entendre... Moy moy... Il dit qu'il ne veut plus rien recevoir d'autres mains que les votres... Alors voilà assez d'argent... J'éspère que tu pourras lui demander pour moi... Moy moy...

L'échange se fait et la barque s'éloigne. Moi je reste là, pensif, tandis que Rick remonte sur la barque.
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Le gros mollusque sait y faire, brouiller les pistes et prendre ses précautions est devenu monnaie courante dans le milieu vous me direz mais notre ami le malvoyant sent bien les coups fourrés comme si ce qui lui sert de nez ou devrais-je dire museau est un véritable sonar à problèmes. Je sentais bien la méfiance du personnage à peine camouflé derrière cette pseudo camaraderie de me balancer à la flotte, cela avait été minutieusement orchestré du moins c’est ce que laissait entendre l’absence de réaction de Tommy. Cette enflure avait même esquissé un petit sourire au moment où son patron mettait les pieds dans le plat. Un bon bain pour me purger de sa nageoire visqueuse ne pouvait que me faire du bien, surtout que son haleine de phoque commençait foutrement à m’incommoder même si je dois bien avouer qu’une certaine autorité naturelle se dégageait du forçat.

« _Hmm... On va pouvoir parler maintenant. Reste dans cet eau deux minutes puis tu pourras revenir. Ne t'inquiête pas pour les gardes, ils sont au courant. Je leur ai dit que je te devais ça depuis une certaine histoire. «

Ma patience était enfin récompensé, il me donnait enfin de quoi me mettre sous la dent. Sa voix sourde et rauque résonnait tandis que de l’autre côté du rivage, les gardes avaient subitement détourné leur regard de la scène. Tommy avait habilement manœuvré la barque de manière à me faire figurer dans l’angle mort pour discuter en tout tranquillité. Ishii Môsh m’apportait ici la preuve qu’il soudoyait les gardes et qu’il devait avoir un sacré paquet de types à son service au pénitencier, il gardait son sang-froid sans même moduler son timbre comme s’il ne pouvait être inquiété et intouchable. La corruption était sans appel, je subodorais que notre ami verse des pots de vins à quelques têtes mais j’étais loin de me douter qu’un tel nombre avait retourné leurs vestes. Ces sales vers avaient une bien piètre conception de la justice, le vice avait eu raison de leurs esprits faibles et simplistes. Ils ne méritaient ni leur place, ni leur grade, ils salissaient le nom du gouvernement et l’uniforme qu’ils portaient mais ils ne perdaient rien pour attendre. Les paroles de Môsh me laissait perplexe, l’idée qu’il me devait ca depuis une certaine histoire… sans doute n’avait t’il pas apprécié que je me la joue Solo en aillant discuter avec Manny. K et Roy. Quoiqu’il en soit, il n’avait pas découvert le pot aux roses sinon la bestiole m’aurait faire boire la tasse et ce sans même que nos chers gardiens lèvent le petit doigt. Il y avait fort à parier qu’il devait faire jouer de son réseau dans la prison jusqu’à être fixé à mon sujet. Un agent lambda se serait sans doute fait choper, et je me félicitais encore de n’avoir communiqué mon rôle à personne dans la bâtisse si ce n’est au directeur. Une trahison serait purement et simplement signée du cachet et de la main du directeur Bhara Kayan, il avait beau être niais et foutrement incompétent, il avait gardé son sens moral et une certaine étique.

Môsh me scrute de son œil livide de cachalot et poursuit sur l’assassinat de Tram en prétextant une mort bête, une histoire de sandwich mal passé parait-il. Les métaphores perpétuelles sont un trait de personnalité du tempérament du détenu, son besoin permanent de main mise sur les situations est particulièrement développé même s’il s’évertue à dégager une certaine indifférence sur le moment. Il prémédite scrupuleusement chaque action et veille à ne jamais rester entre deux feux très longtemps. Vieille règle du Cipher Pol que de dresser un portrait psychologique de l’individu pour anticiper ses actions et parvenir à le prendre de court.

Le Môsh était malin, il se mouillait juste assez pour me faire comprendre que je flirtais avec la faucheuse si je continuais dans cette route. Rien de formelle bien entendu, tout était purement tacite et n’avait que cette unique évocation. Le fait qu’il me confirme qu’un sbire ou lui-même s’est chargé de Tram corrobore mon idée initiale. Manque plus comme il dit « de preuves « pour le faire accuser lui et sa clique pour qu’ils passent à la peine capitale. Lorsqu’il beuglera son dernier soupir, la corde autour du cou et demandera le pardon, les tripes au vent, il fera moins le malin le Tommy.

Le gringalet fluet qui vient demander son reste avec son bouquin me met la puce à l’oreille. Pas besoin d’être ingénu pour faire le lien entre le « sandwich », le « bouquin » et le fameux cuistot. La clé de voûte était le cuistot, restait à savoir lequel mais je finirais bien assez tôt par le savoir en épiant le demi homme qui s’était pointé.

Je remonte sur la barque et joue sciemment le rôle du mec sciemment froissé, qu’on ne m’accorde toujours pas la confiance du groupe.

Le lendemain, je garde l’autre abruti dans la lorgnette qui est venu nous voir la veille tout en gardant mes distances pour ne pas éveiller les soupçons. J’ai profité de la nuit pour faire passer un mot dans les casiers de Manny K et Roy, histoire qu’on se re rencontre. J’ai un mauvais pressentiment sur ce que compte faire Big Fish à ses deux enflures, autant j’aime prendre les devants.

Ce jour-là, comme de par hasard, Manny K et Roy vont se foutre sévère sur la gueule, c’est pas pour me déplaire bien sûr mais les types bien amochés sont mis en zone de quarantaine et n’ont désormais plus aucun contact avec l’extérieur jusqu’à nouvel ordre. Exit les actions officieuses menés par Môsh, c’est une affaire entre moi et eux sans qu’un intermédiaire inopportun pointe sa trogne.

La nuit tombée, je m’arrange pour foutre du grabuge dans le pénitencier. Je balance mon auge de soupe à la gueule des matons et me fout sévèrement de leur gueule puis verse quelques 4-5 bonnes vannes et réflexions salées sur leur mômans si bien que je finis par me faire transférer pour la nuit au trou… enfin ca c’était le lieu officiel. Dans les faits, je rejoins la cellule de Manny K. et Roy, réunies pour l’occasion, pour jouer carte sur table et leur proposer un deal qu’il ne pourra pas refuser. Le cuistot va attendre un peu. Ferrer un gros poisson requiert un hameçon approprié et un appât encore plus alléchant. Dans les eaux profondes, le cachalot n’est pas au sommet de la chaîne alimentaire…bien d’autres choses sont à craindre dans la fosse.

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C'est un soir comme les autres. Certains jouent aux altères. D'autres complotent. D'autres encore parlotent tranquillement. Mais au milieux, moi, je tire les traits vers le bas.  Manny K. et Roy qui se tapent dessus. Le jeunot qui joue encore au fanfaron et finit au trou. Trop de coïncidences qui forcément ne peuvent pas en être. Mon cigare fume, la gueule empattée devant les barreaux.

«_Hmm... Dis, Freyn, tu sais toi, pourquoi l'Rik veut parler aux deux imbéciles ? »

« _P't'être bien qu'c'est une coïncidence, uh uh. »

« _Je n'aime pas ça, Freyn. Hmm... Oh non je n'aime pas ça. »

« _Y'a deux raisons possibles, Ishii, uh uh. Et aucune de sympa. Soit l'Tommy a des infos à balancer soit c'est le contraire uh uh. Et demain matin, quand ils sortiront, c'sera trop tard pour nous uh uh. Autrement dit,on est dans la merde.»

A ce moment là, lorsque Freyn finit de parler, lorsque mon cigare se termine, les barreaux semblent se resserrer autour de moi. La cellule se rétrécir. Je renifle, je réfléchis. Il reste une seule solution, et pas une jolie. Se cogner dessus, faire parler les poings, alerter les gardes. Le garde. Le genre de garde qui arrive avec un sourire aux lèvres, presque nonchalamment. Des billets passent de ma main à la sienne, des mots se glissent entre les barreaux.

On n'a pas le temps. Il faut faire vite.

Et pourtant, on est encore bloqué là. Le bleuté est reparti mais on ne peut qu'attendre. On tourne en rond. Le stress monte. Freyn tente une partie d'échec qu'il perd en deux minutes. Son cure dent coincé entre ses lèvres ne tient plus que sur un fil, trop rongé. Trop stressé. Moi, mes cigares s'enfilent sans interruption. Puis vint enfin le moment où le garde revient. Un livret passe entre les barreaux. Une phrase sort.

«_Tommy est allé chez le directeur y'a deux jours ».

Et le garde repart. Il est 5 heure. 1 heure avant que Tommy et les deux autres ne sortent du trou. 1 heure pour comprendre. J'ouvre le livre. Feuillette nerveusement les pages et là, tout s'éclaire. L'Oncle Tram, son assurance déplacée. C'était une taupe. Tommy et sa grande gueule, qu'est allé chez le directeur, il cherchait ce livret. Il bosse pour le gouvernement.

Freyn et moi, on se regarde. Son cure dent tombe pour laisser place à un énorme sourire. Un énorme rire gras.

On a gagné.

Une heure plus tard, lorsque le Tommy pas tout à fait Tommy sort du trou pour retrouver sa cellule sans dessus dessous, lui aussi a compris. Il a compris qu'on a été plus rapide que lui. Qu'il devra faire avec nous. Quand il entre dans notre cellule, son air enfantin, naïf et grande gueule a laissé place à une carrure plate, sérieuse, laissant peu de place à l'énervement qui pourtant transparaît. Un seul mot sort.

« _Combien ? »

« _Un rejugement de Freyn et 5 millions pour moi. »
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