28 jours plus tard...
Une infirmerie, quelque part sur un navire, quelque part sur South Blue... Dedans, il n'y a guerre de mouvement. Plusieurs lits de fortunes, beaucoup de bordel, des tasses de café et des percolateurs sur de petites tables de chevet. Mais tout est vide, désespérément vide... Le matériel médical qu'on trouve dans le local est rudimentaire : des baxters vides, toujours pendu à leur pied, une table avec un scalpel, un bistouri, quelques pinces différentes, un stéthoscope... Rien de plus. Ah si, un énorme bidon de formol et plein de petits flacons contenant des poudres en tous genre, médicament de fortunes. Sur certains lits, l'un ou l'autre de ces pots est renversé, et une tasse presque vide est laissée négligemment sur les draps, laissant ses dernières gouttes tâcher le tissu. Les signes des dernières volontés de gens malades ou blessés... Mais il ne reste plus personne.
Si. Un gars est toujours là, sur un lit. Il ouvre les yeux. Vision sur un plafond de bois auquel il n'est pas accoutumé. Que s'est-il passé? Où est-il? Quelque chose cloche terriblement. Sa tête est lourde, comme s'il avait été drogué pendant des jours. Non, des semaines. Sa mémoire est encore embuée. Il tourne la tête vers une tablette mieux rangée que le reste de la pièce. Ce chapeau lui est assez familier pour qu'il se souvienne que c'est le sien. Il n'a pas oublié qui il était, à vrai dire. Kyoshi Okabe, scientifique révolutionnaire. Oui, ce chapeau est à lui. Un catalyseur pour l'activité de son cerveau, un attribut fin, un couvre-chef pour avoir la classe, classe forcément nécessaire au déploiement de l'intelligence. Il en a toujours été persuadé. Mais rien ne se passe de particulier, il reste déboussolé. Il a beau regarder autour de lui, il ne comprend pas.
Toujours couché, il voit un baxter relié à son bras. Qu'est-ce qu'on lui injecte donc dans les veines? Peut-être est-ce là la raison de son état comateux. Peut-être pas. Il appelle après quelqu'un. Plus fort. Et personne ne répond. Il se lève de son lit, toujours lié à la poche de liquide, et regarde un peu plus attentivement l'infirmerie dans laquelle il se trouve. Il y a des traces de sang un peu partout. Le lieu a l'air d'avoir été le témoin de paniques. Rien de très rassurant. Mais pourquoi lui est-il là? Alors qu'il se déplace, son corps le lance. Dans les côtes, dans la cuisse droite, un peu... Mais surtout son estomac. Une douleur qui le transperce, comme si son estomac avait été troué. Chaque pas apporte son lot de vibrations, et avec, la souffrance. Il plaque doucement sa main sur sa robe de chambre, au niveau du point sensible. Comme si cela pouvait apaiser quoique ce soit. Après quelques secondes d'arrêt, il se remet à bouger essayant de traverser la salle, tentant de faire ce qu'il fait de mieux : observer et en déduire des explications rationnelles. Mais le mélange de son état comateux et de la douleur ne provoque que plus de nausées. Accroché au porte-baxter de sa main droite, il se penche en avant le moignon prenant appui son genou gauche. Il voudrait vomir, mais il n'y a rien à remettre. Que de la bile. Et l'action n'améliore en rien la douleur.
Il faut bien cinq minutes pour qu'il commence à s'accoutumer à la sensation et pour reprendre sa marche. Mais son esprit reste embrumé. Comme s'il manquait un élément pour qu'il s'éveille réellement. Mais il n'arrive pas à se rappeler quoi. Il a beau chercher des yeux quelque chose qui permette de comprendre, il ne trouve rien. Alors il tente de chercher une réponse ailleurs. Une porte mène sur un couloir. Toujours du bois tout autour de lui. Dans le couloir lui-même, il semble faire brumeux. Pas une purée de poix, non, juste ce qu'il faut pour que ça paraisse anormal dans un endroit clos. Juste en face de la porte, il y a un hublot. Pas très grand. Il semble y avoir de la buée dessus, mais quand Kyoshi lève une manche pour l'essuyer, ça ne part pas. Ce n'est pas de la buée, c'est du brouillard de l'autre côté. Et là, rien n'est visible. Difficile de dire jusqu'où on voit si on ne voit rien, d'ailleurs.
Le chapeauté reprend sa route. Chaque pas est lent ; la douleur toujours présente l'empêche d'avancer à bon pas. Tout en marchand au hasard, il relève ses vêtements d'hospitalisé. Sa cuisse est enroulée dans de gros bandages. Mais ce n'est pas impressionnant par rapport à la vue de son tronc, recouvert entièrement. Qu'a-t-il bien pu subir comme blessures? En remontant dans ses souvenirs, il se rappelle d'un type louche avec lequel ils ont collaboré. Ils se sont retrouvés avec Hiroko, Mark et ce type pour trouver un navire. Un navire à acheter pas cher à un autre type louche. Et y'avait un autre type louche qu'ils oubliaient tous tout le temps. Ah oui, il se souvient que tout s'emballe, qu'il y a quelques combats. Puis plus rien, tout devient flou. En regardant la paume de sa main, il repère une cicatrice dont il ne se souvient pas. Sans doute une blessure récente, déjà refermée. Juste de l'autre côté de sa main, la même. La blessure d'une lame qui traverse la main, ça ne cicatrise pas en trois pauvres jours. Depuis quand est-il donc inconscient? Pas suffisamment pour que ses chairs se remettent, visiblement.
Il descendit les escaliers au bout du couloir, se laissant toujours guidé par son instinct, cherchant du monde. Tout devenait moins brumeux, mais encore plus humide. Ici, plus de couloir, de salles. C'était visiblement, les soutes. Une odeur de bois humide, l'obscurité, une certaine fraîcheur de l'air. Le coin ne semblait pas devoir offrir beaucoup de réponses au physicien. En robe de chambre et chapeau, muni de son baxter, l'air hagard, sa main gauche manquant toujours à l'appel, dans l'ambiance de la soute, il aurait pu faire peur à pas mal de monde. Mais il n'y avait personne. Personne pour le rassurer lui-même. Il s'apprêtait à remonter vers des coins où il avait plus de chance de trouver un quelconque indice de ce qu'il se passait à bord. Quand soudain...
Une infirmerie, quelque part sur un navire, quelque part sur South Blue... Dedans, il n'y a guerre de mouvement. Plusieurs lits de fortunes, beaucoup de bordel, des tasses de café et des percolateurs sur de petites tables de chevet. Mais tout est vide, désespérément vide... Le matériel médical qu'on trouve dans le local est rudimentaire : des baxters vides, toujours pendu à leur pied, une table avec un scalpel, un bistouri, quelques pinces différentes, un stéthoscope... Rien de plus. Ah si, un énorme bidon de formol et plein de petits flacons contenant des poudres en tous genre, médicament de fortunes. Sur certains lits, l'un ou l'autre de ces pots est renversé, et une tasse presque vide est laissée négligemment sur les draps, laissant ses dernières gouttes tâcher le tissu. Les signes des dernières volontés de gens malades ou blessés... Mais il ne reste plus personne.
Si. Un gars est toujours là, sur un lit. Il ouvre les yeux. Vision sur un plafond de bois auquel il n'est pas accoutumé. Que s'est-il passé? Où est-il? Quelque chose cloche terriblement. Sa tête est lourde, comme s'il avait été drogué pendant des jours. Non, des semaines. Sa mémoire est encore embuée. Il tourne la tête vers une tablette mieux rangée que le reste de la pièce. Ce chapeau lui est assez familier pour qu'il se souvienne que c'est le sien. Il n'a pas oublié qui il était, à vrai dire. Kyoshi Okabe, scientifique révolutionnaire. Oui, ce chapeau est à lui. Un catalyseur pour l'activité de son cerveau, un attribut fin, un couvre-chef pour avoir la classe, classe forcément nécessaire au déploiement de l'intelligence. Il en a toujours été persuadé. Mais rien ne se passe de particulier, il reste déboussolé. Il a beau regarder autour de lui, il ne comprend pas.
Toujours couché, il voit un baxter relié à son bras. Qu'est-ce qu'on lui injecte donc dans les veines? Peut-être est-ce là la raison de son état comateux. Peut-être pas. Il appelle après quelqu'un. Plus fort. Et personne ne répond. Il se lève de son lit, toujours lié à la poche de liquide, et regarde un peu plus attentivement l'infirmerie dans laquelle il se trouve. Il y a des traces de sang un peu partout. Le lieu a l'air d'avoir été le témoin de paniques. Rien de très rassurant. Mais pourquoi lui est-il là? Alors qu'il se déplace, son corps le lance. Dans les côtes, dans la cuisse droite, un peu... Mais surtout son estomac. Une douleur qui le transperce, comme si son estomac avait été troué. Chaque pas apporte son lot de vibrations, et avec, la souffrance. Il plaque doucement sa main sur sa robe de chambre, au niveau du point sensible. Comme si cela pouvait apaiser quoique ce soit. Après quelques secondes d'arrêt, il se remet à bouger essayant de traverser la salle, tentant de faire ce qu'il fait de mieux : observer et en déduire des explications rationnelles. Mais le mélange de son état comateux et de la douleur ne provoque que plus de nausées. Accroché au porte-baxter de sa main droite, il se penche en avant le moignon prenant appui son genou gauche. Il voudrait vomir, mais il n'y a rien à remettre. Que de la bile. Et l'action n'améliore en rien la douleur.
Il faut bien cinq minutes pour qu'il commence à s'accoutumer à la sensation et pour reprendre sa marche. Mais son esprit reste embrumé. Comme s'il manquait un élément pour qu'il s'éveille réellement. Mais il n'arrive pas à se rappeler quoi. Il a beau chercher des yeux quelque chose qui permette de comprendre, il ne trouve rien. Alors il tente de chercher une réponse ailleurs. Une porte mène sur un couloir. Toujours du bois tout autour de lui. Dans le couloir lui-même, il semble faire brumeux. Pas une purée de poix, non, juste ce qu'il faut pour que ça paraisse anormal dans un endroit clos. Juste en face de la porte, il y a un hublot. Pas très grand. Il semble y avoir de la buée dessus, mais quand Kyoshi lève une manche pour l'essuyer, ça ne part pas. Ce n'est pas de la buée, c'est du brouillard de l'autre côté. Et là, rien n'est visible. Difficile de dire jusqu'où on voit si on ne voit rien, d'ailleurs.
Le chapeauté reprend sa route. Chaque pas est lent ; la douleur toujours présente l'empêche d'avancer à bon pas. Tout en marchand au hasard, il relève ses vêtements d'hospitalisé. Sa cuisse est enroulée dans de gros bandages. Mais ce n'est pas impressionnant par rapport à la vue de son tronc, recouvert entièrement. Qu'a-t-il bien pu subir comme blessures? En remontant dans ses souvenirs, il se rappelle d'un type louche avec lequel ils ont collaboré. Ils se sont retrouvés avec Hiroko, Mark et ce type pour trouver un navire. Un navire à acheter pas cher à un autre type louche. Et y'avait un autre type louche qu'ils oubliaient tous tout le temps. Ah oui, il se souvient que tout s'emballe, qu'il y a quelques combats. Puis plus rien, tout devient flou. En regardant la paume de sa main, il repère une cicatrice dont il ne se souvient pas. Sans doute une blessure récente, déjà refermée. Juste de l'autre côté de sa main, la même. La blessure d'une lame qui traverse la main, ça ne cicatrise pas en trois pauvres jours. Depuis quand est-il donc inconscient? Pas suffisamment pour que ses chairs se remettent, visiblement.
Il descendit les escaliers au bout du couloir, se laissant toujours guidé par son instinct, cherchant du monde. Tout devenait moins brumeux, mais encore plus humide. Ici, plus de couloir, de salles. C'était visiblement, les soutes. Une odeur de bois humide, l'obscurité, une certaine fraîcheur de l'air. Le coin ne semblait pas devoir offrir beaucoup de réponses au physicien. En robe de chambre et chapeau, muni de son baxter, l'air hagard, sa main gauche manquant toujours à l'appel, dans l'ambiance de la soute, il aurait pu faire peur à pas mal de monde. Mais il n'y avait personne. Personne pour le rassurer lui-même. Il s'apprêtait à remonter vers des coins où il avait plus de chance de trouver un quelconque indice de ce qu'il se passait à bord. Quand soudain...