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La nuit des longues battes.

    Un audit c’est un peu comme une catastrophe naturelle. On ne s’y prépare jamais assez. Et tout ce qu’on peut faire quand ça vous tombe dessus c’est serrer les fesses en espérant qu’il restera des trucs à reconstruire après la tempête.

    -Agent Red, c’est à vous.
    -Euh… Déjà ?

    L’armoire à glace en costard strict toise l’agent assis dans le couloir d’un air hautain avant de faire un geste de la main pour englober à la fois le banc et le reste du couloir, désert…

    Affichant l’enthousiasme communicatif du soldat forcé de quitter la sécurité de sa tranchée pour se ruer à découvert Red lève son cul du banc et précède le gros bras dans le bureau du patron. Le bureau que l’auditeur du CP 0 a réquisitionné pour sa putain d’enquête en envoyant d’un mot le chef jouer ailleurs.

    Assis derrière un bureau le nouveau maitre des lieux observe l’agent qui s’installe sur la chaise avec la même attention policée que le type qui vient de trouver une mouche engluée sur sa tartine et qui se demande s’il doit l’extraire de la avant de l’écraser. Derrière lui deux autres gros dur en costume font de leur mieux pour avoir l'air menaçant tout en se fondant dans le décor. Un signe extérieur de puissance classique auxquels tiennent beaucoup les bureaucrates qui peuvent se permettre d’arborer des gardes du corps comme on se collerait une décoration…

    Sur la table devant le siège de Red on a laissé un dossier en évidence. Un modèle classique du CP. Noir, épais, et simplement marqué d’un nom de code obscur et d’une série d’avertissement indiquant que tout lecteur non autorisé de ce papelard va recevoir toute une série d’horribles châtiments. La routine quoi…

    -Agent Red, veuillez prendre le dossier devant vous et l’ouvrir.

    Même la voix de l’auditeur colle avec sa fonction. Sèche, dure, on à l’impression de se faire étriller au gant de crin tellement c’est désagréable. Sauf que pour la durée de l’audit, l’enfoiré du CP0 est le grand patron ici, alors on baisse la tête et on obéit servilement quand il parle.

    -Je présume que la personne dont il est question ne vous est pas inconnue ?

    Pas inconnu, c’est le moins qu’on puisse dire. Red n’a même pas besoin de dépasser la page de garde pour se rendre compte qu’il est encore plus emmerdé que prévu. Juste le temps d’apercevoir un nom écrit en gras. Tempiesta…

    -Pourriez vous en quelques mots me donner les grandes lignes de ce dossier ? Faites comme si je ne l’avais pas lu…

    Le sourire vicieux de l’auditeur pourrait faire peur à une bande de hyènes. Manière de rappeler à l’agent qu’il connait parfaitement le dossier et qu’il attend la moindre erreur de synthèse pour lui tomber dessus. Enfoiré…
    S’efforçant de rester aussi neutre que possible, Red finit d’ouvrir le dossier et entame son chemin de croix du jour en se creusant les méninges pour tenter de prévoir les intentions de l’auditeur et éviter les chausses trappes… Un portrait rapide de la famille mafieuse Tempiesta, et particulièrement des deux mômes qui en sont les exemples les plus connus. Mafieux, dangereux, recherchés, protégés ?
    Puis Red dévide la partie domaine public du dossier. Les travers les plus connus du titulaire du dossier, mégalomanie grandissante, ego surdimensionné, attrait compulsif pour la reconnaissance sociale et les explosifs…

    -Merci agent Red, mais ce n’est pas cette partie la qui m’intéresse…

    Red range le dossier et se fait encore plus attentif. On arrive au moment clé. C’est maintenant que ce putain d’auditeur des affaires internes va lâcher l’os qu’il a décidé de ronger et que l’agent Red va pouvoir enfin comprendre pourquoi ce gros ponte retourne depuis trois jours les bureaux du CP5.
    Accessoirement c’est aussi maintenant que Red va pouvoir évaluer a quel point sa carrière à du plomb dans l’aile. Ou pas…

    -Ce qui m’intéresse ce sont les rapports annexes que j’ai pris la liberté de faire inclure à votre dossier.

    Rapports annexe ? Red retourne fébrilement le dossier pour l’entamer par la fin et feuilleter rapidement les éléments supplémentaires. Et c’est pire que prévu. Les rapports annexes proviennent visiblement de sources humaines diverses, extérieures au CP, et elles traitent toutes de la même chose, essentiellement de la façon dont des agents CP ont prêtés main forte à Timuthé N Tempiesta dans sa vendetta contre son frère. Évidemment c’est heureusement plus diffus que ça, plus un faisceau de présomption qu’une série de preuves. Ce qui tombe bien pour Red, agent de terrain responsable de cette coopération…

    Pendant qu’un Red quasiment sur le grill revoit dans sa tête toutes les précautions qu’il a prise et cherche à se persuader qu’aucune trace écrite de cette mission pourrie ne traine dans les archives l’auditeur continue de sourire méchamment et continue…

    - Comprenez-vous mon problème agent Red ?
    -Et bien je…
    -Inutile de jouer les innocents avec moi. Je sais tout ce qu’il y à savoir sur cette triste affaire. Absolument tout… Par exemple je sais très précisément l’accord que certains de vos supérieurs ont cru bon de passer avec le criminel TNT et ce qu’ils espéraient en retirer…

    Dans le crane de Red les méthodes d’évitement en cours d’échafaudage se dissipent brusquement. Il n’y a qu’une poignée de types au courant de l’accord passé avec le mafieux, et parmi les agents concernés aucun n’aurait révélé le pot au rose à l’envoyé du CP0. S’il est au courant c’est donc qu’il était dans la confidence dés le lancement du projet…
    Pour l’agent Red c’est comme si des pièces de puzzle se connectaient lentement entres elles pour former un tableau de plus en plus lisible. L’auditeur n’est pas la pour liquider des types en représailles après une opération raté. Il est la parce qu’il est probablement le sous fifre en chef responsable de cette foirade et qu’il vient étouffer dans l’œuf les risques d’éclaboussures…

    Ce qui veut dire que l’agent Red, pauvre rouage obéissant a peut être une chance de s’en tirer sans trop de dommages.

    -Et force est de constater que cet accord est un échec complet. Tempiesta a rejoint les Gun’s and Gun’s et n’a eu de cesse de piétiner les institutions et les partisans de l’ordre mondial et ce malgré les soit disant accords passé avec lui…

    Rien à dire pour Red, simple agent sans protection il lui est parfaitement impossible de confirmer l’existence d’un accord non officiel tout comme il est hors de question qu’il admette avoir participé à une mission non officielle de soutien à la pègre. A part attendre pour voir ou l’auditeur veut en venir, il n’y a rien à faire. Rien du tout.

    -Le gouvernement et le Cipher Pol ont étés giflés agent Red. Et cela ne saurait rester sans conséquence… C’est pour cela que je suis ici. Quelqu’un a commis une faute en bradant à un criminel l’indulgence de l’autorité. Et c’est à moi qu’on a confié l’honneur de la corriger. Ou de châtier les coupables…

    De son siège Red note la nuance, si on limite la diffusion de l’erreur TNT, les coupables s’en tireront. La carotte est lancée, maintenant on va pouvoir parler boulot…

    -Alors avant que les regards d’autres moins indulgents que moi ne se portent sur les erreurs commises ici nous allons les corriger. Et démolir systématiquement tout ce que nous avons accordé à la pègre des Tempiesta. Je vais vous expliquer…

    Et quand Red sort du bureau une heure plus tard il est de nouveau un rouage quelconque du CP engagé dans une vaste opération anti Tempiesta. Avec comme objectif un coin pourri de plus. Manshon… Manière pour l’auditeur de lui signifier qu’il sait aussi bien que l’agent lui même ce qu’il s’est passé la bas, et qu’il l’a à l’œil et qu’il se tient prêt à lui coller un revers de bâton sévère dans le coin de la gueule…

    Deux couloirs de plus et Red tombe sur Gilles qui l’attend. Et a qui on a probablement servi le même discours qu’a Red une ou deux heures plus tôt…

    -Hey Red, ça farte ?
    -On fait aller, ça chie dans le ventilo mais pour l’instant la merde vole bas..
    -Ouais j’ai vu ça aussi, Tu pars ou ?
    -Manshon. Tout le monde me connait la bas, je vais me faire descendre comme un putain de pigeon de foire.
    -J’ai Luvneel. Coin pourri pour moi aussi. On échange ?
    -Ah ouais carrément ! Merci vieux. Jt’en dois une…
    -On en parle au retour. J’ai sorti un dossier sur le bled, jettes y un œil…


Dernière édition par Red le Mar 1 Jan 2013 - 14:24, édité 5 fois

      Luvneel, quartier du vieux port, à la nuit tombée...

      Abandonnant les agents qu'il a emmenés avec lui sur le bateau maquillé en épave qui les a amené la Red se faufile comme une ombre dans les ruelles crasseuses du port de pèche de Luvneel.
      L'agent n'est pas familier de cette ile mais toutes ces zones portuaires miteuses et glauques se ressemblent tellement qu'il a parfois l'impression de les connaitre tous. Et d'y être un peu trop aussi à l'aise qu'un crocodile dans son marécage.
      Les techniques du Cipher Pol lui permettant de se déplacer dans le coin aussi discrètement qu'une ombre Red progresse sans être inquiété par les prédateurs locaux. L'idée ce n'est pas d’être invisible, mais juste d’être tellement insignifiant que personne ne vous accorde la moindre attention. Une discipline dans lequel l'agent Red est depuis longtemps passé maitre.

      Avisant son objectif Red fait un arrêt rapide depuis un coin plongé dans des ténèbres encore plus obscures que les autres. Le temps de comptabiliser soigneusement les gardes qui veillent sur la baraque du type que Red vient visiter ce soir. Mask... Un jeune parrain qui monte à la dure. Faisant lentement son nid sur un tas de cadavres de plus en plus gros. Un des rares qui n'a pas encore prêté allégeance à la famille Tempiesta tout en n'ayant pas encore fait assez de vagues pour attirer son attention.

      Un type parfait pour pallier aux manques de moyens de l'agent. Après tout, les ordres sont clairs, nuire aux Tempiesta par tout les moyens. Et entre deux voies Red à depuis longtemps appris à choisir la moins risquée.

      Terminant son observation l'agent passe à l'action et déployant toute son expertise il se glisse entre les mailles un peu lâche du filet de surveillance étendu sur le coin. Évite les gardes, crochète une serrure et rejoint sans encombre le coin qu'on lui a désigné comme étant les appartements du caïd.

      Toujours avide de renseignement Red procède à un rapide tour d'horizon de la déco. Dis moi dans quoi tu dors et je te dirais qui tu es, ce genre de conneries quoi. En tout cas le brave Mask ne rentre pas dans les cases classiques du parrain mafieux. Pas de vices visibles, pas d'étalages de richesse façon nouveau riche, un environnement sobre et classique... Bizarre. Encore un type aux motivations difficiles à cerner...

      Red tourne un moment en prenant garde de ne rien déplacer. Puis choisit un fauteuil plus confortable que les autres dans un coin choisi de la pièce. Ne reste qu'a attendre le retour du maitre des lieux pour parler affaire, et trouver une phrase d'accroche qui évitera le bain de sang et laissera place à une surprise modérée et à un dialogue.

      -Pas de panique Skullface...


    Dernière édition par Red le Sam 11 Aoû 2012 - 14:07, édité 1 fois
      « Donne m’en 100 billets Mask déconne pas, ca en vaut facilement 400 sur le marché. J’ai des mecs à nourrir et l’entretien annuel de ce foutu raffiot le mois prochain. »

      « Je t’en file 80 et estime toi heureux, maintenant casse-toi avant que je ne change d’avis. »

      « Très bien, très bien… »

      Foutus poissonniers, même pas foutus de convoyer une cargaison d’un point A à un point B dans les délais et ils sont encore là à rechigner sur la paye. Pour qui ils se prennent à vouloir négocier les tarots avec moi ces demeurés ? J’ai déjà orchestré le mois dernier l’assassinat de 3 matelots peu enclin à se placer sous ma coupe, je peux pas m’amuser à réitérer la donne chaque foutu mois de l’année. J’ai la main mise sur la contrebande de Luvneel et sur le quartier du port depuis maintenant 8 ans et ces enflures me cherchent encore des noises. Il va vraiment falloir que je passe un bon coup de karcher pour faire comprendre une bonne fois pour toutes qu’ils ne sont que de pales pions sur un échiquier et qu’ils n’ont pas leur mot à dire si ce n’est raquer encore et cracher au bassinet tous les 30 jours. J’ai confié à Mac et à ma petite clique le soin d’extorquer les fonds aux pauvres buses qui ont élus domicile sur le vieux port. J’aime cette foutu journée, on est le premier du mois, ce qui signifie dans mon jargon le jour où je me fais rincer par toutes ces petites frappes désireuses de se sortir de ce bourbier infâme. Je suis celui qu’à le flingue alors que ces abrutis sont ceux qui creusent, la vie se résume parfois à peu de choses et à si peu de moralité, c’est sans doute pour ca que je l’aime autant.

      Ce que j’aime moins, c’est l’influence de cette enflure de famille Tempiesta qui ont un peu trop tendance à marcher sur mes plates bande. Eux et leur pseudo famille Spaghetti et toute cette connerie de mafia organisé. Les vieux de la vieille, copains comme cochons, moustache peignée, toujours très propret sur eux, jamais un pet de travers et dont a l’impression qu’ils chantent comme des tasses à chaque fois qu’ils prennent la parole. Même si je ne peux pas les blairer tous ces foutus macaronis, j’ai du me résigner les premières années à payer la redevance à l’autre enflure de Carbopizza qui vient chaque mois pour récupérer son fric. Ces mecs ont une sacrée paire de bouloches et mieux valait que je me les foute pas à dos si je voulais pérenniser mon affaire mais maintenant ils sont réelement casse bonbon et j’en ai assez dans le buffet pour leur en faire voir de toutes les couleurs à ces raclures. J’y pense depuis déjà pas mal de temps à vrai dire mais s’attaquer à Tempiesta est toujours lourd de conséquences, c’est ce qui tend à faire réviser mon jugement. Devrais-je attendre d’accroître mon influence avant de me les faire un par un ou devrais-je frapper maintenant et gagner foutrement en notoriété sur North Blue. Je reste songeur quant à ces hypothèses, j’ai beau peser le pour et le contre depuis quelques jours, j’ai fini de relever les compteurs pour ce soir, je croise Rick sur l’un des pontons du vieux port pour faire un brin de trésorerie sur ceux qui me doivent des ronds et ceux qui se sont acquittés de ce qu’ils me doivent, procédure habituelle en somme.

      « Quoi de beau Rick, ils ont tous casqué, j’espère ? «

      « Toujours d’inconditionnels mauvais payeurs, j’ai fait en sorte de bien faire le message, le paiement devrait suivre dans les prochains jours cependant… »

      « Cependant ? »

      « Bah l’autre Carbopizza les ponctionne aussi d’une belle somme tous les mois. Si on arrivait à le mettre hors course, ca nous garantirait un meilleur revenu mensuel sans que j’ai à déplorer…des pertes collatérales. »

      « … J’y réfléchis mûrement Rick, j’en suis conscient, je compte prendre ma décision sous peu et tu en seras le premier informé ».

      Rick, c’est un bon bougre, il aime castagner des gueules et faire pisser le sang comme il se doit. C’est encore un de ces rares types qui vous suivra jusqu’au bout de l’aventure sans qu’il tourne les talons pour une autre enflure. Ct’un mec que j’aime bien, et dieu sait que je lui offre quotidiennement les possibilités de faire pleinement ce qu’il aime par-dessus tout. Je le salue et le laisse sur le ponton avec comme seule compagne la lumière blafarde d’un lampadaire. Je me dirige vers une des bâtisse que je possède en bord de mer…enfin quand je dis en bord en mer, c’est dans un coin où ca schlingue pas continuellement les abats de poissons et où vous n’avez pas ce foutu goût d’iode permanent dans la bouche. Quelques mecs sont postés devant, histoire qu’un petit malin n’essaye pas de tout retourner en mon absence, ils font plutôt déco qu’autre chose mais ils ont le mérite de dégager les saoulards et autres fous furieux que compte les abords du port pendant la nuit. Je me pointe sans crier gare, ma gueule noire osseuse et mon imperméable sombre me permettent de me confondre dans l’obscurité de la nuit. J’apparais bientôt devant les deux molosses qui gardent la porte de la bâtisse, l’un d’eux fait en sorte de m’ouvrir la porte et je m’engouffre dans ce repaire de fortune. Je n’ai qu’une idée en tête, me foutre les pieds sous la table et me boire un bon cognac. Je pénètre minutieusement dans mon bureau et me dirige sans tarder dans mon fauteuil en cuir plein fleur pour me rincer le gosier après cette soirée sympathique. Quelque chose cloche, je le sens presque d’instinct mais je ne saurais trop dire ce dont il s’agit, une odeur singulière de poiscaille pointe dans un coin de la pièce. Une soirée particulièrement houleuse s’annonce. Je me sers un verre comme si de rien n’était… puis je lance un verre à whisky en direction de l’odeur identifié, histoire qu’il s’écrase avec fracas sur le mur et que les hommes de main rappliquent illico-presto

      « Puisque vous, vous êtes invités chez moi, j’imagine que vous prendrez bien quelque chose…A qui ai-je l’honneur? Annonce la couleur.«


          De son fauteuil Red observe avec attention la gueule ravagée du type qui vient d'entrer. Le dossier mentionnait qu'un truc lui avait salement abimé le faciès mais il ne pensait pas que ce serait à ce point la. C'est pas Black Mask qu'il devrait se faire appeler, plutôt gueule d'amour, ou Skullface ?

          Du coup l'agent revisite les motivations qu'il lui a attribués faute de mieux. Avec cette tête le truand doit surement rêver des conneries habituelles, entrée dans le grand monde, amour, reconnaissance... Tout ce que sa sale gueule a du lui interdire d'office quand il était petit.

          Comme d'habitude c'est la première réaction de Skullface qui en apprend le plus à l'agent Red, lui donnant les clés pour entamer le dialogue avant que la rencontre ne dégénère en bain de sang...
          Skulfface capte immédiatement qu'il y a un intrus, sens de l'observation et instinct de survie, et il réagit avec le sang froid indispensable dans le milieu. Quand on se balade avec une cible au milieu du dos et une armée de sous fifre qui ne rêvent que de prendre votre place, mieux vaut apprendre à réagir sans se laisser entraver par de fausses impressions.

          Et il est rapide. Red est tendu comme une corde de piano et pourtant il loupe presque le verre que Skullface jette sur le mur à coté de lui. Impossible qu'un type comme lui n'ait pas tiré précisément à l'endroit qu'il ait visé. C'est donc qu'il veut faire du bruit ? Appeler à l'aide ? Bizarre, ça pour le coup ça ne colle pas avec le personnage.

          Qu'est ce qu'il dit? Annoncer la couleur ? Amusant...

          -Le whisky ça ira. Désolé de m'inviter sans prévenir mais je n'aime pas perdre du temps avec les sous fifres...Mais pas d'inquiétude, je ne suis pas un assassin. Je viens parler affaire. Je m'appelle Red.
          -Le whisky ça ira. Désolé de m'inviter sans prévenir mais je n'aime pas perdre du temps avec les sous fifres...Mais pas d'inquiétude, je ne suis pas un assassin. Je viens parler affaire. Je m'appelle Red.

          Le bougre n’est pas le dernier perdreau de l’année. Faut bien avouer que les ânes bâtés qui font office de surveillance de la bâtisse sont faciles à berner mais toujours est t’il que cette enflure s’était faufilé incognito sans qu’ils s’en rendent compte et ca…ca dénote de certaines compétences qu’il ne fallait pas sous-estimer. Je le toise de haut en bas avec un air suspicieux, histoire de mesurer le potentiel de ce type au demeurant un peu trop présomptueux à mon gout. Un faciès creusé, usé par les jours de labeurs sans doute. Une mine blasée avec une barbe mal taillé, de longs favoris fournis viennent ponctuer ce visage sévère, le genre de type qui nourrit un ego certain même s’il s’évertue à en démontrer l’inverse. Ce Red m’inspirait rien de bon et je n’aimais que peu ces manières puis ce foutu nom…ca sonne très nom de code ou bordel d’assimilé de la marine et dieu sait que la marine chez moi, c’est de mauvais augure…pour lui bien sûr héhé. Vl’a que la fameux Red chope au passage le verre que je venais de balancer, plutôt pas mal niveau dextérité et habilité je dois bien l’avouer ouais. Ses paroles me laissent perplexe, s’il venait vraiment parler affaire, il aurait fait comme tout le monde et serait passé par la porte de devant à moins que ce soit encore un foutu illuminé pseudo assassin noctambule qui a besoin de faire étalage de ses aptitudes… toujours est t’il qu’il y avait une couille dans le pâté et je comptais bien avoir le fin mot de cette histoire et cette rencontre qui n’était en aucun point anodine.

          « Je me doute bien que t’es pas venu prendre un thé aux frais de la princesse ou encore que tu escomptais me loger une balle entre les deux yeux. Parler affaire ouais hmmmh ? Parlons peu, parlons bien. Qu’est ce qui t’amènes ? Fais plutôt gaffe à ce que tu vas m’annoncer parce que je n’hésiterais pas à te transformer en mini golf ambulant si tu vois ce que je veux dire, Red »

          J’en profite pour lui balancer la teille de Whisky single Malt puisque le type fait comme s’il était dans son propre bercail.


              Red rattrape la bouteille mais ne ressert pas. Ce serait dommage de gacher mais il faut pas abuser. Le premiére verre est bon pour lancer l'ambiance conviviale, mais les suivants s'attaquent aux réflexes. Et dans ce métier, les réflexes, c'est mieux qu'une assurance vie...

              Skullface observe Red comme l'agent observe le truand. Probable que derriére cette gueule cassé se trouve un cerveau en état de marche en train comme celui de Red de compiler tout ces petits rien qui dévoilent inconsciemment ce que l'on est. Entrainement oblige, Red contrôle ses tics nettement mieux que la plupart des gens, mais d'un autre coté gueule d'amour a un visage on ne peut plus difficile à déchiffrer.

              En tout cas il parait confiant ce qui n'est pas plus mal. Les types confiant sont plus enclins à écouter qu'a défourailler au hasard. Alors qu'il faut se méfier des nerveux...

              -Je pense que nous pouvons éviter d'en arriver à ces tristes extrémités, ça me déplairait beaucoup de finir troué (Red sourit et se met à son aise ) Je suis ici parce que je me suis laissé entendre dire que nous avons en commun un de ses maux qui rapprochent les hommes les plus opposés. Un ennemi !

              Et pour rester dans une atmosphère de conspiration Red ne donne pas de nom. Se contentant de déplacer son pied pour que Skullface aperçoive le symbole qu'il a dessiné sur le sol avant de s'asseoir. Le symbole des Tempiesta...

              -Un ennemi qui comme beaucoup se montre fâcheusement envahissant et toujours un peu trop puissant pour qu'on l'attaque de front... Ou qu'on l'attaque seul...

              Et voila l'appeau jeté devant le nez cramé de Skullface. Mordra ou mordra pas ?

              Au fil de la discussion, je sentais la tension monter de cran en cran, non pas que ce type éveillait en moi une appréhension profonde mais sa nonchalance et cette insouciance intentionnel me laissait un goût âpre à travers le gosier. Red annonce la couleur comme escompté tout en prenant soin de rester évasif, il a clairement des objectifs, d’obscurs desseins dont il ne veut pas déblatérer le pourquoi du comment. Toujours est t’il qu’il a su capter mon attention et qu’il a avancé les billes suffisantes pour que je lui laisse un peu de répit…à contre cœur certes mais ce type en vaut la chandelle et je veux bien lui reconnaître qu’il est particulièrement burné pour se pointer de cette manière dans ma turne.

              Ce type la HmmmmH, il connait l’existence de Carbopizza et surtout il sait que cette enflure m’incommode foutrement. Décidemment, il ne fait pas partie du commun des mortels, du quidam benêt et il devait en connaître une paye sur ma belle gueule d’amour et tout mon business. Restait à savoir pour qui il roulait sa bosse, ce qu’il y gagnait dans l’affaire, cette tronche je la connaissais ni d’eve ni d’adam et c’est ce qui m’importune le plus. Ce genre de type qu’on se le dise, c’est soit des concurrents véreux déshérités par Carbopizza soit des marines, gouvernementaux peu scrupuleux qui ne rechignent pas à s’associer aux truands locaux ou pt’et bien qu’il s’agit d’un chasseur de primes, mû par l’oseille et qui a une dent contre notre type. Je n’aime pas trop les gus qui en savent long à mon sujet, ca veut bien dire que je compte des langues de pute chez moi et dieu sait que j’ai beau verrouillé les affaires, ca vient toujours à s’ébruiter. Fallait que je me rende à l’évidence que je commençais à être connu dans le milieu, que je bénéficiais d’une notoriété « publique « malgré moi et que je commençais à peser dans le business.

              « Je vois qu’on partage tous deux la même passion pour ces foutus macaronis et leurs méthodes. L’ennemi de mon ennemi est mon ami certes…du moins s’il n’essaye pas de me la faire à l’envers. Qu’est ce que t’as gagner dans l’histoire Red ??? Tu comprendras que j’ai besoin d’en savoir un minimum sur les types avec qui je m’associe avant d’entreprendre quoi que ce soit et ce même si tu as su suscité mon intérêt.»


                  -Ce que j'ai a gagner dans cette affaire ? Nuire aux Tempiesta !

                  Dans son fauteuil Red se raidit comme s'il allait soudain sauter à la gorge de son interlocuteur, ses lèvres se retroussent inconsciemment pour montrer les dents pendant qu'une lueur féroce apparait dans son regard. Ses mains se crispent convulsivement comme s'il agrippait un ennemi invisible pour lui briser le cou...

                  -Tu es en train de te demander qui je suis hein ? Tu es en train de te demander pourquoi tu n'as jamais entendu parler de moi avant aujourd’hui... Et ben je vais te le dire, ça tient presque en un mot... Tempiesta ! C'est parce que la derniére fois que des gens ont prononcé mon nom c'était il y plus de vingt ans. A l'époque ou j'étais un putain de caïd à Manshon comme toi tu veux le devenir ici. Sauf que moi j'ai perdu. Et que ce fils de chienne de Tempiesta m'a pris mes hommes, mon territoire, ma place au soleil. Et qu'il m'a collé profond dans un trou pour pouvoir venir me cracher régulièrement au visage.

                  Red a un rire amer, chargé de haine et de rancœur... Au Cipher Pol il a toujours été l'un des plus assidus au cours de théâtre. Surtout à cause des jeunes et mignonnes artistes y jouant les professeurs mais qu'importe. L'agent Red n'a pas son pareil pour faire dans le mélo.

                  -Et puis il a fini par se lasser et m'oublier. Mais moi j'ai attendu, longtemps, patiemment... Et quand mes geôliers se sont relâchés j'ai pu renouer contact avec des gens qui ne m'avaient pas oublié. Et je me suis sorti de mon trou...

                  Sharp ne le lâche pas l'agent du regard, captivé ? Intéressé en tout cas. Mais avec son regard mort même Red n'arrive pas à savoir si le truand gobe vraiment les conneries qu'il débite. Espérons...

                  -Et maintenant je veux qu'ils payent. je veux leur faire mal, je veux les voir souffrir. Je veux voir leur belle famille baigner dans une mer de sang et leurs monceaux de berrys partir en fumée. Et pour ça je suis prêt à bosser avec n'importe qui... Alors ? Est ce que ça te suffit comme CV ?

                  Pendant que Sharp, en patron habitué à ménager ses effets reste silencieux et réfléchit, Red lui s'abat à nouveau dans son fauteuil, comme vidé par la haine qu'il vient de cracher sur le tapis... La balle est dans le camp de Skullface maintenant.

                  -On bosse ensemble...
                  -Parfait. Et mort aux Tempiesta !

                  Et une fois que ces mots sont tombés, le reste n'est que détail...


                  (...)


                  Plus tard, au QG de Skullface

                  Devant une table encombrée des paperasses habituelles de ce genre d'opérations, dessins de types, plans couverts de notes griffonnés et de petits drapeaux, Red esquisse les grandes lignes de son plan aux principaux lieutenants du boss.

                  -Il existe dix gangs à Luvnell qui se contrôlent les bas quartiers et les différents secteurs de la pègre. Tous ont juré allégeance à Manuel Tempiesta et lui versent régulièrement une part non négligeable de leurs bénéfices. Mais parmi ces dix, seuls trois sont liés par le sang à la famille. (D'un geste Red met en évidence trois portraits griffonnés)


                  Donc Francesco "Lucky" Schiavone,
                  Un cousin lointain et un vieil ami de la famille,
                  Domaine d'activité, recel divers et revente.
                  La nuit des longues battes. 510
                  (500 Dorikis)


                  Don Miguel Genovese qui a épousé l'une des cousines de Manuel
                  Spécialité trafic de drogues,
                  La nuit des longues battes. 310
                  (300 Dorikis)


                  Et enfin Don Carlo Gambino, dit Loco,
                  Appropriation et reventes d'armes.
                  Deux fils en tutelle chez la famille Tempiesta...
                  La nuit des longues battes. 610
                  (600 Dorikis)


                  Ces trois la sont les plus fidèles des partisans de Manuel. Et c'est donc à eux qu'il revient de récolter et d'entreposer l'argent de la taxe Tempiesta en attendant que Manuel passe le chercher avec son bateau et ses hommes. Et tous les six mois, avec la régularité d'un métronome, le cher Don carbopizza débarque à Luvneelpraad. Il rejoint d'abord le dépôt ou il s'entretient avec ses trois fidèles puis fait charger l'or. Cela fait il se rend à la réunion ou l'attendent les autres chefs qui lui renouvellent leurs serments et l'assurent qu'ils sont enchantés de payer et de lui obéir...


                  Les hommes acquiescent autour de la table. Jusque la rien de bien nouveau sous le soleil pour les truands du coin.

                  -Mais cette année le programme va changer. La dime de Tempiesta a vécu et il est temps de lui expliquer à lui et à ses fidèles. Nous allons attendre le dernier jour pour agir, attendre que nos trois ennemis, les plus fidèles de leurs hommes et l'or de la taxe soient réunis au même endroit. Et la nous frapperons. Liquidant d'un seul coup les trois principaux partisans de Tempiesta et mettant la main sur son pognon.

                  -Pas évident...

                  -Si vous n'aimiez pas la plaisanterie messieurs, il fallait s'engager dans la police... Ce ne sera pas facile mais nous avons l'avantage de la surprise. Et celui d'un renfort inattendu...

                  Une fois réglé cette parti de l'affaire nous nous occuperons de Tempiesta en l’empêchant d'accoster. Nous lui enverrons les têtes de ses amis au nom de la pègre unie de Luvnell. Et devant cette levée de bouclier il ne prendra pas le risque de tenter un assaut avec son escorte.


                  -Mais... On sera tout seul à lui avoir déclaré la guerre non ? Quand il va revenir on va se faire massacrer...

                  -Nous saurons que nous sommes seuls. Mais pas lui... Ce qui nous donnera suffisamment de temps pour rejoindre le conseil de la pègre et les informer qu'ils viennent de déclarer la guerre au plus puissant mafieux de North Blue. Et qu'il ne leur reste plus qu'a s'unir pour lui tenir tête s'ils ne veulent pas qu'il les massacre un par un.

                  -Ils vont nous écharper non ?

                  -Possible... Mais je pense que la perspective de se partager les territoires de nos trois défunts amis devrait les inciter à nous écouter. Et une fois qu'ils auront mordu dans ce pognon la, ils se battront jusqu'a la mort pour le protéger...
                  Vl’a que le type déballe enfin son sac en me livrant son mélo bien ficelé. Il y met de l’émotion, de la passion si bien que j’en viens même à verser ma larme…non je déconne. Un sacré speech qu’il me livre la, il me ressert l’histoire du truand qui s’est fait doubler par le concurrent trop puissant, trop balèze pour qu’il puisse l’égratigner et aussi bizarre que ca puisse le paraître, je le crois. Il fournit du détail pour étayer ses propos, la gestuelle en complément retranscrit assez bien ce qui semble habiter cet homme. Le profil type du mec qui s’est fait rouler et qui voue une haine sans faille au responsable de sa chute, un type mû par ses émotions mais qui sait garder la tête froide et pas faire de vagues. Tout semblait porter à croire qu’il ruminait sa vengeance depuis sa mise en taule, jour après jour, je veux pas m’attarder sur le genre de sévices qu’il a subi là-bas. Son speech me plaisait, rempli de véhémence et de virulence, il pourrait au demeurant rentrer à mon service si l’envie lui en plaisait mais bon on ne place jamais tous ses œufs dans le même panier, règle élémentaire du code des truands. Manuel Tempiesta allait devoir se rendre à l’évidence qu’il n’avait plus le vent en poupe, que des caïds bien plus tenaces avaient fait leur petits bouts de chemins et s’apprêtaient désormais à renverser la vapeur. La roue tourne et lorsqu’on est trop laxiste avec les concurrents potentiels, eux saisiront l’opportunité pour se placer dans votre ombre et attendront le moment crucial pour vous porter l’estocade fatale. Les pions s’avanchent sur l’échiquier final et je me félicite d’avoir fait la connaissance de ce Red même si je reste aux aguets de l’entourloupe déguisé. Ce ne serait pas le premier qui essaierait de me la faire à l’envers en prétendant être le nemesis de cette enflure de Tempiesta.

                  A force je les sentais ces petits margoulins aux bourses bien remplies et ce Red n’était pas l’un d’eux. Nous acceptons d’un commun accord le deal et aussitôt il me déblatère tout un plan déjà bien ficelé sur Tempiesta et toute la bande à sa solde sur le Royaume de Luvneel. Il en connait long sur leurs pratiques et sur leurs agissements dans le milieu du crime organisé, ce qui corrobore sa version des faits et sa position par rapport à Manuel Tempiesta. C’est clair, net, précis et carré, tout ce que j’aime en somme même si je le trouve un peu trop directif à mon goût, je mets ca sur le compte de la rancœur et je l’écoute attentivement. Je connaissais déjà pas mal des informations qu’il me livre, j’avais mené ma petite enquête de mon coté sur les affaires de Manuel pour dénicher la perle qui me permettrait de le faire chanter. Ce type est comme une mine d’informations ambulante, il en sait assez sur Tempiesta et ses acolytes pour ruiner tous ses plans de conquête, il me balance les blaze des parrains qu’il a sous sa coupe, de ces petites frappes qui se sont ralliés corps et âme au don de peur de perdre leur périmètre d’influence. J’en connais certain et j’ignorais l’identité d’autres, il touche sa bille, c’est indéniable, je le laisse exposer sa vision d’un œil circonspect. Liquider les trois chiens de Tempiesta et faire pression auprès des 7 autres étaient une alternative envisageable, une hypothèse emplie de risques et d’incertitudes. C’était foutrement juteux sur le papier mais nul ne sait comment interpréter le tout puissant facteur humain, les cervelles combinées de 7 autres parrains expérimentés. Un mafieux aura beau verrouiller ses affaires plutôt deux fois qu’une, le risque fait partie intégrante de ses activités. Il vit par le risque, pour le risque et sait tout autant le susciter à ses victimes. C’était une variable dans le métier, un paramètre à ne pas négliger mais qui pouvait rapporter gros, c’était du quitte ou double comme à la roulette. Vous savez ce qu’on dit, c’est lorsque l’on a tout perdu qu’on est libre de faire ce qu’on veut. Red s’était fait une raison, Tempiesta l’avait privé de précieuses années lorsqu’il était en cabane, Jones avait lui aussi ses raisons pour évincer Manuel Tempiesta de la course mafieuse à North Blue. Tempiesta c’est le genre de type qui ne peut pas se contenter d’un carcan, il faut qu’il œuvre sur tous les tableaux et c’est sur ce point précis que nous allions l’ébranler. L’idée de dispatcher les terres des trois sous-fifres les plus loyaux auprès des 7 autres parrains était une bonne idée, fallait bien avouer que l’empire de Gambino, Genovese et de Schiavone avait de quoi faire tourner l’œil n’importe quel escroc et la perspective de la partager entre eux serait un bon gage d’entrée de jeu pour mes affaires.

                  « Je dois avouer que t’en connais un rayon sur Tempiesta, ton plan tient la route si ce n’est que le gusse doit avoir pas mal de gus pour protéger le dépôt, des mecs sérieux qui ont l’habitude de protéger les intérêts de la princesse. J’ai bien une trentaine de mecs disponibles pour lancer l’assaut ainsi que Mr. Hollister et Adam qui se feront une joie de couvrir mes arrières si ca tourne au vinaigre. J’espère que t’as des hommes de main de ton côté histoire qu’on se râpe pas le coin de la tronche, moi ca irait encore, toi par contre haha… bref »

                  « De mon côté, j’ai aussi quelques éléments à apporter au plan. Mac »

                  Mac ramène sa tronche dans la pièce avec un document enroulé au creux de la main. Il l’étend alors sur la table, révélant son contenu à Red.

                  La nuit des longues battes. Bus_de10

                  « J’ai quelques relations dans le monde des affaires de Luvneel, aussi m’a-t-il été facile de me procurer ce plan. La visite mensuel de Manuel Tempiesta à Luvneel est loin d’être un secret de polichinelle Les zones rouges sont les sensibles et tout porte à croire selon mon indic, qu’elles comporteront le plus de gardes. Au centre, deux checkpoints de gardes pour fouiller les interlocuteurs attendus et vérifier qu’ils ne sont pas armés et ne veuille attenter à la vie de Tempiesta. La pièce à l’extrême sud est accueillera la réunion des 4 têtes. Tout est surveillé en complément par des alarmo den den qui en plus de la vigilance des gardes préviendront des éventuels intrus… Va falloir la jouer fine, Red. »

                  Red m’assura qu’il dispose de quelques mecs pour cette opération d’envergure, des mecs loyaux qui l’ont attendu pendant toute sa période de taule et qui sont parés à dézinguer du Tempiesta. De nombreux détails restaient à aborder notamment quant à la stratégie à adopter et les formalités techniques pour parvenir à nos fins. Une longue nuit s’annonçait avec pour teinte de fond, la fumée des cigares, le rhum et toutes ces joyeusetés qui font de nous des hommes.

                  « La réunion de Manuel avec ces trois là a lieu dans 72 heures aux alentours de 00H, ce qui nous laisse peu de temps pour rassembler nos mecs et nous mettre en position sans éveiller les soupçons des bandes rivales. Je mise gros sur ce coup là, Red et seul le succès est envisageable… Rendez vous d’ici 3 jours, tu connais l’emplacement. »

                  3 jours plus tard aux abords du dock 3B

                  Moi et mes types attendons scrupuleusement le fameux Red. Foutrement bien sapés pour l’évènement. On est là à languir comme des foutus abrutis en attendant Red et ses accolytes. Une bataille rangée se profilait à l’horizon avec pertes et fracas mais on a n’a rien sans rien comme on dit. J’ai fait placer quelques mecs sur les toits des entrepôts à proximité, embusqués comme pas deux, je suis rélié à eux via den den mushi interposés et ils m’informent toutes les heures de ce qui se déroule sur les lieux. Les 21 H retentissent bientôt au beffroi de Luvneel et je Red et sa clique débarque au point de rendez-vous. Un échange formel de poignée de mains entre les deux interlocuteurs et ils sont parés pour en découdre. Avant de se lancer, ils reçoivent le dernier rapport des sbires mafieux stationnés sur les toits.

                  « Gambino, Genovese et Schiavone. Heures d’arrivées respectives, 20H37, 20H45 et 20h54. Tout se passe selon ce que vous aviez prévu Boss. «

                  « D’autres types notables sont avec eux ? »

                  « Non rien de particulier si ce n’est que la sécurité vaut le coup d’œil, on les croirait presque sur le pied de guerre… »

                  « Maintenez la surveillance et tâchez de nous prévenir au moindre signe suspect. »

                  Katcha.

                  « On a l’équivalent d’une heure avant que Tempiesta ramène le coin de sa gueule héhé. C’est largement suffisant pour moi et mes hommes. »

                  J’en profite pour lui balancer un den den mushi, histoire qu’on ne se fasse pas dépasser par la tournure des évènements.

                  « Désormais…c’est Showtime. »

                      Y'a pas à dire, les agents que Red a réquisitionné pour le boulot ont quand même plus de gueules que les gros bras de Skullface. Faut dire que l'intégrale costard en groupe compact, ça envoie du rêve. Chapeau noir, lunettes noires, veste noire, pantalon noir, chaussures noire, chemise écarlate...Et des gros flingues. Juste la classe. Ou l'image que l'agent Red se fait d'une bande de mafieux qui se la surjoue...

                      En attendant les deux bandes se sont rassemblées à bonne distance de l’entrepôt cible et se regardent en chiens de faïence sans se mélanger. C'est jamais évident de sympathiser avec des types qu'on connait pas à la veille d'une baston... Heureusement Red a prévu le coup et a amené de quoi se rendre sympathique.

                      D'un signe il indique à ses hommes de rapprocher le charriot bâché qu'ils ont descendu du camion et de l'ouvrir. A l'intérieur de grosses caisses de bois ou l'on discerne encore la mouette de la marine malgré les coups de ciseau qu'on a mis dessus pour l'effacer.

                      -Comme disait un ami. Si ton ennemi à n'a pas d'armes, sort un couteau. Et s'il a un couteau, vient avec un flingue. Et pour une fois qu'on peut faire du bruit sans se faire emmerder par la maréchaussée, autant en profiter...

                      Attrapant le pied de biche qu'un de ses hommes vient de lui balancer. Red démonte la premiére caisse et la fait basculer pour que tout le monde voit le contenu. Des fusils, tout juste graissés et qui sentent bon le neuf, l'acier et la mort... Beaucoup de fusils...

                      -La puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours pour tout le monde... J'adore ceux la... (Red sort d'une caisse un curieux flingue comportant cinq canons en éventail) Pistolet patte de canard, pour ventiler large... et ça (Red sort un tromblon et le balance a un des hommes de Sharp dont le regard se met à briller comme celui d'un môme devant un cadeau) Tu peux tout mettre dedans, clous, balles, bouts de verre... Et inutile de viser quand tu tires... (Puis s'adressant à Sharp en lui faisant le clin d’œil du camelot en train de fourguer sa meilleure marchandise) Et mon petit préféré...(Red exhibe un tube court et massif qui semble encore plus rudimentaire que les autres) Le tube lance grenade...

                      Aussi joyeux que des gamins le matin de Noél les hommes de Sharp se distribuent rapidement les armes et les munitions pendant que les deux patrons regardent les mômes qui jouent...

                      -Bon les gars, on se marre bien mais faut pas oublier l'essentiel. les types la bas sont pas des tendres, et eux aussi ils seront armés. Alors c'est un show de premiére que je veux qu'on leur offre, je veux voir l'aube de Taraluvneel illuminée. Je veux voir les murs du hangar repeint en rouge ! Et je ne veux pas qu'un seul de ces batards s'en tire vivant...

                      Les hommes se font plus sérieux, acquiescent et vérifient leurs armes. Et Red recule pour laisser à Sharp le soin de lancer l'opération... Après tout, c'est lui le chef.

                      Quel meilleur gage de collaboration que de voir offrir des lances grenades héhé. On avait beau eu à attendre longtemps le bougre, notre patience avait finalement été récompensé. Ce Red était plein de surprises, on ne dégote pas ce genre d’armes à la sauvette ou auprès des petits escrocs de quartier, ces relations dans le milieu valaient la peine que je me penche dessus ne serait-ce que pour armer mes propres mecs le cas échéant. Bien sûr, je pouvais solliciter Red pour qu’il me file le nom de son fournisseur mais il se sucrerait sur mon dos au passage et dieu sait que mon oseille n’est pas destiné à rincer encore et encore les types de son calibre. T’es un précieux élément Red, ca y’a pas à en douter mais je dois dire que d’apercevoir l’emblème de la mouette galeuse sur ses caisses me refroidit quelque peu et le doute subsiste dans mon esprit. La logique voudrait que Red ait subtilisé la cargaison destiné à une base marine mais dans ce bas monde, faut toujours se méfier de tout et de quiconque, la logique humaine est illogique par essence, aussi je décide de garder un œil sur les agissements de Red. Je file 2-3 den den à Red et ses mecs pour qu’on reste en contact permanent si quelque chose venait à capoter.

                      « Prenez ca, c’est toujours utile si les choses tournent au vinaigre. Liquider les trois parrains est tout aussi important que de mettre la main sur l’or du dépôt. Aussi je propose qu’on s’occupe préalablement de mettre l’or en sécurité avant de se pencher sur nos 3 larrons. Pour ce qui est de la couverture, Une vingtaine de mecs vont se déployer autour de la bâtisse avec les lances grenades de manière à prévenir de toute échappée incongrue. On va les saigner, faire de cet entrepôt une véritable boucherie sanguinaire avec l’hémoglobine en teinte de fond. De notre côté, Moi, Red on va s’immiscer dans la structure et s’occuper des cibles pendant que les autres se chargeront de nettoyer la zone et de sécuriser le périmètre. Je ne veux ni survivants, ni témoins de la scène. Que l’Aube soit rouge messieurs ! »

                      L’opération était dorénavant lancé, les hommes se mirent progressivement en position autour de la bâtisse comme convenu tout en prenant soin d’éliminer subtilement les éventuels gêneurs un peu trop curieux. Jones et Red se pointe avec nonchalance devant la dizaine de gus qui monte la garde. Comme il fallait s’en douter, ils sont maintenus en joue par les énergumènes qui se mettent en tête d’interroger le tandem. Miser sur l’effet de surprise n’était pas la volonté du Black Mask, il s’agissait de marquer les esprits et de faire la leçon à tous ceux qui voudraient tôt ou tard, me foutre des bâtons dans les roues…une nuit des longs couteaux ou plutôt des longues battes à en croire les poutres de bois et autres instruments de fortune que nos mecs arboraient. Red semblait en savoir long sur mon ca, seulement avait t’il conscience de mon véritable pouvoir ? Je partais du principe qu’il savait dans quoi il s’engageait et que la volonté délibéré de filer des lances grenades à mes hommes de main était loin d’être involontaire. Je pourrais le prévenir ? Mouais…pt’et bien mais j’ai d’autant plus envie de vraiment voir ce qui donne dans une bataille rangée héhé et mon petit doigt me dit que c’est le genre de gus qui doit savoir tirer son épingle du jeu au moment opportun. Les deux mecs nous toisent, ils me reconnaissent facilement, je suis assez connu à Luvneel pour qu’il ne fasse pas erreur sur la personne mais ce qui les inquiète surtout c’est mon partenaire, un type qui ne connaisse ni d’eve ni d’adam.

                      « Qu’est ce que vous venez foutre ici ?! Vite appelez des renforts vous autres ! »

                      « Faire table rase… »

                      « Qu’est ce que.. ?! »

                      Je gonfle en deux-deux ma cage thoracique avant de relâcher l’air chargée, ne laissant pas le temps aux olibrius de riposter de quelque manière. J’aime dégager le menu-fretin, les abattre froidement ou plutôt chaudement, c’est toujours une bonne entrée en matière ne serait-ce que pour se mettre en confiance héhé. Le temps de jeter un regard à Red pour m’assurer que tout roule et je m’approche de la lourde plaque de taule qui fait office de portail. Fallait pas se leurrer, le tohu-bohu engendré par notre entrée en scène a dû leur mettre la puce à l’oreille. Ils doivent tous se presser comme des blattes derrière la porte jusqu'à ce qu’ils reçoivent l’ordre de nous trouer la peau…si seulement ils pouvaient parvenir à leurs fins…

                      J’appose ma paume sur la porte et saisit l’occasion pour balancer une de ses répliques pleine de charisme que j’affectionne particulièrement dans ces situations épineuses

                      « He stole fire from Gods »

                      La formule aussitôt énoncé, la porte est propulsé à toute vitesse et envoie valdinguer tous les hommes positionnés derrière, l’explosion suscité a le mérite de faire le ménage tout en ouvrant la voie. Un voile de poussière et de cendre métalliques envahit le dépôt où les hommes encore déboussolé toussotent et peinent à reprendre du poil de la bête. Nos mecs entrent dans l’antichambre et tirent bientôt des grenades aux quatre points cardinaux de la pièce, histoire qu’on rentre la dedans comme des pachas et bien leur signifier qui sont les nouveaux patrons. Le feu vert est donné, les troupes à l’extérieur amorcent le raid et vont couvrir l’aile nord du bâtiment où est placé un escalier de secours en colimaçon qui constitue la seule échappatoire aux trois énergumènes dans la salle de réunion. Le nuage de poussière se dissipe bientôt dans la stupeur générale.

                      « Say good night to the bad guy »

                          Pendant que Sharp opte pour une approche certes non dépourvu de panache, mais un peu risqué, Red lui, doute un poil du bien fondé de cette stratégie.

                          C'est vrai quoi. Envoyer des gens se faire tirer dessus c'est une chose, mais passer devant c'est quand même bizarre. Et puis surtout c'est sacrément risqué. C'est un des premiers trucs que Red à appris à l'époque ou il était en formation. Passer devant c'est bon pour les héros de la marine d'élite. Ceux qui se battent pour obtenir leur médaille à titre posthume... Très peu pour Red.

                          Mais bon, si l'autre le fait il faut bien le suivre, question de couverture à la con de chef mafieux qui se la pète... Heureusement que l'agent sait ces hommes plus réactifs que ceux de son collègue et qu'il a eu le temps de les prévenir de la conduite à tenir. Se faire tirer dessus oui, mais pas sans réagir.

                          Et pendant que les deux chefs jouent les cibles en se pointant bouche en cœur à la porte principale et que les hommes de Sharp encadrent l’entrepôt, ceux de Red suivent le mouvement l'air de rien en se tenant prêt à réagir.

                          Et puis Sharp joue son putain de joker de la mort. Ce type crache une explosion comme Red balance un glaviot au sol et envoie voler les vigiles avant de faire la même à la porte.
                          Dans sa tête Red feuillette immédiatement le dossier dudit Skullface jusqu’à la page 13 ou il s'empresse de cocher mentalement la case "l'individu possède un fruit du démon"... Vache ça dépote un max, pas étonnant que l'enfoiré soit confiant et néglige de se balader avec un soufflant. Putain ça fait rêver...

                          En tout cas l'explosion lance le signal de l'assaut pour tout le monde. Mais le laps de temps entre l'entrainement sur les deux gus et la destruction de la porte un laissé un poil de temps aux types dedans pour courir aux armes. Et quand la fumée se dissipe, derriére les débris de la porte Red et Skullface se retrouvent en face d'une double rangée de types armes aux poings et déjà braqués sur la premiére cible en vue, les deux crétins qui jouent l'avant garde.

                          Moment que choisit l'agent Red pour signaler d'un discret panneau "Feu !" brandi dans son dos qu'il est temps pour la troupe de passer aussi à l'action. Le Cipher Pol ne paye pas les balles, alors autant rentabiliser le matériel...

                          Et pendant que la bande de méchant attend les ordres en prenant des poses de gros durs, l’escouade de l'agent réalise un joli tir groupé par dessus le binôme de tête et envoie une grosse poignée de grenades rouler au pieds des gens. Ce qu'il y a de formidable avec les grenades, c'est que le type qui la reçoit à le temps de comprendre la merde qui lui tombe dessus. Et de tirer salement la tronche avant de sauter... Angoisse mec... Angoisse...

                          Et comme les probabilités pour que le réflexe primaire de la bande de méchants les poussent plutôt à presser la détente qu'a sauter à couvert avant de disparaitre, Red hésite à mettre une grosse bourrade à Skullface avant de décider que finalement c'est son probléme et de se contenter de sortir en solo de la ligne de mire.

                          Et ensuite c'est l'explosion. Plusieurs...

                          Les balles venant de l'intérieur se répandent comme de vilaines abeilles bourdonnantes à l'extérieur et filent se loger dans des corps qui s'écroulent.. Mais pas tant que ça. Tandis qu'a l'intérieur les grenades dispersent façon grand angle des petits bouts de plomb un peu partout, qui vont aussi se loger dans pleins de corps tout frais, mais plutôt beaucoup.

                          Et suivant la série de boum incandescent et bourrés d'hémoglobine, la horde sauvage se rue en hurlant et en flinguant à tout va dans le hangar. Ce soir à Taraluvneel c'est soirée sons et lumières...

                          Et cadavres aussi...
                          Le ton était donné d’emblée, les pruneaux volaient de chaque côtés tandis que les cadavres s’amoncelaient dans l’usine désaffecté. Sharp avait décidé de mettre le feu aux poudres et de bien belle manière, qui ne rêverait pas de figurer sous les feux de la rampe lorsque l’occasion s’y prête? Certaines me taxerait de suicidaire ou de décérébré mental mais autant vous signifier de suite que je me tape complètement des jugements de valeurs de tous ces branques et autres daubes que compte notre bas monde. Le risque était réel et omniprésent, c’était là on ne peut plus vrai mais j’aime ressentir de putain de frisson, question d’optique d’existence…choix de vie que ne semble pas partager Red qui a tendance à rester à couvert et ne pas foncer tête baissée. Sans doute ne s’attendait t’il pas à ce que j’engage la situation de cette manière mais autant se pointer en grande pompe lorsque l’artillerie lourde suit dans l’équipement. Les balles fusent dans notre direction tandis que je perds progressivement quelques uns de mes gars dans l’escarmouche. Les larbins de Tempiesta se débrouillent tant bien que mal pour laisser à leurs patrons le temps de s’éclipser bien gentiment par la porte de derrière…du moins c’est ce qu’ils doivent penser et bien heureusement les 5 ou 6 clampins que j’ai fait stationné à l’arrière du bâtiment sont parés à envoyer la sauce au moindre pas suspect.

                          Ce qu’il y a de bien avec les explosions, c’est que vous pouvez être sûr qu’à terme, l’une d’elles va faire mouche et va déchiqueter littéralement 1 bras ou 1 jambe. C’est pas moi qui le dit, logique cartésienne à ce qui parait ahahaha, les mathématiques savent aussi avoir du bon parfois. Notre épisode actuel ne déroge pas à la règle, j’ai à peine le temps de les compter les bougres…1 manchot, 2 manchots, 1 estropié, 2 estropiés hahaha. Un vacarme assourdissant s’opère dans le dépôt et bordel y’a pas à dire, les mecs de Red ne lésinent pas sur les balles. Taraluvneel devient le théâtre d’un règlement de compte sans précédent, le bruit qu’il occasionne ? Qu’est ce qu’on en à a taper du tintamarre, les officiers de la mouette galeuse ont complètement déserté ce bord-ci du royaume, on peut mettre à feu et à sang les veines de ce territoire sans être inquiété de quelque manière par ces hurluberlus astiqueurs de cuivres…
                          L’assaut est féroce si bien qu’on a quand même plus de mal à avance que je l’imaginais, le temps de zieuter entre les poutrelles d’acier derrière lesquelles je me suis refugié, que j’aperçois Genovese et Schiavone en hauteur sur une plate-forme interloqué par toute la scène. Des gardes d’élites les accompagnent et semblent assurer leur protection. Qu’en est t’il du troisième larron de la farce ? Et bien figurez vous que Gambino s’est mis dans l’idée de descendre toute notre troupe dans une frénésie macabre. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête ou s’il n’a pas trop sniffé de cette belle poudre immaculé, vl’a qu’il s’allume un cigare au briquet et farfouille dans une caisse d’armurerie pour choper une sulfateuse expérimentale. Ouais pigé, il se prend pour le légendaire mafieux Sonny Mountana qui a descendu à lui seul une trentaine d’intrus alors qu’il était gorgé de whisky et shooté au crack. C’est dans ces moments précis que vous vous rendez compte de l’influence de ces icônes charismatiques dans la vie des types qui prétendent à leur gloire. Jones avait sans doute les siens lui aussi mais à la grande différence de ce concurrent, le Black Mask savait garder la tête froide.

                          Vl’a que Gambino dégaine le fusil et assène sans interruption de multiples slaves dans toute la pièce, blessant par la même occasion ses propres hommes. Le type ne peut pas s’empêcher lâcher un rire gras pendant son exaction, heureux de liquider ses propres types tout en descendant les miens. Au moins, il me facilite la tâche en dézinguant à tout va si bien qu’on arrive à se rapprocher à proximité de la porte blindée de la réserve d’or. J’en profite pour me pointer à sa droite et faire office de diversion pour que mes types descendent cette enflure une bonne fois pour toutes.

                          « Hey Gambino, petite frappe, t’as perdu la boule sale enfoiré ?! T’inquiète pas, tu feras moins le malin avec ta cervelle collé au mur ! »

                          Le mélange détonnant coke et tise fait que le temps de réaction de Gambino démultiplie son temps de réaction et c’est in extrémis qu’une balle vient se loger dans le buffet de ce déjanté. Je me fous de savoir qui était le tireur, je me planque à l’abri et me précipite tout en restant à couvert à travers le dépôt d’or. Toutes ces putains de liasses me font presque tourner de l’œil comme le ferait un épileptique resté trop longtemps devant sa console. On n’a pas de temps à perdre et je n’ai pas besoin d’en donner l’ordre pour que mes sbires et ceux de Red fourguent tout l’oseille dans des sacs et les placent en sécurité, escorté par quelques hommes d’expérience. Il s’agit de désormais liquider purement et simplement Gambino et ses acolytes, j’analyse brièvement la situation et opte pour une situation dangereuse mais qui s’avérerait particulièrement efficace au cas échéant. La plate-forme sur lesquels ils sont situés est soutenue par 3 colonnes d’acier inoxydable, vous voyez le topo ? Des grenades fusent du coté de Gambino qui reste assez lucide pour se calfeutrer. Je profite de cette couverture pour me rapprocher des piliers et faire céder ceux-ci à grand renforts d’explosions localisés. La plate-forme s’effondre et Gambino prit par surprise est entrainé lui aussi dans l’écroulement de la structure. L’ironie du sort ? C’est que Gambino se retrouve empalé sur l’une de ses propres poutrelles. Un filet de sang s’écoule de sa bouche béante, une expression figé, des yeux exorbités comme s’il avait vu l’enfer poindre au bout du tunnel héhé.

                          « La morale voudrait que je te ferme les yeux en y déposant un écu sur chacun d’eux pour le passeur mais avare comme je suis, je préfère encore te voir brûler en Enfer pendant l’éternité hahaha. »


                              Exit Gambino, qui a cru jusqu'au bout qu'il était invincible. Bien fait... C'est entre autre pour ne pas se retrouver avec ce genre d'épitaphe à la con que l'agent Red fait toujours très attention ou il met les pieds.

                              -Et voila, c'est un plombage qu'il lui fallait...

                              Mais Gambino n'est pas le seul probléme. Parce que si lui ne saurait tarder à crever, épinglé comme il est par la grosse poutre qui lui traverse le bide, ce n'est pas le cas des deux autres, enfermés dans la salle de réunion qui ressemble de plus en plus à un gros coffre fort version panic room. Coffre fort qui est tombé de sa position surélevé quand Skullface à vaporisé pylônes escaliers et plate forme, mais que l'effondrement n'a pas suffit à ouvrir...

                              Red jauge rapidement le reste de la situation, l'échange meurtrier du début à fait la différence, l'assaut n'est certes pas un modèle tactique mais la brutalité et la puissance de feu ont fait la différence en faveur des agresseurs... Dans le hangar plein de cadavres et de blessés les hommes de Sharp sont en train de finir le boulot à la main. Achevant à coups de battes les défenseurs justes blessés... Aucun soucis de ce coté la, la situation est sous contrôle...

                              Red recadre rapidement les hommes sur l'objectif suivant, l'or peut attendre, il faut d'abord trouver un ouvre boite pour sortir les survivants de leur caisson et leur faire la peau avant qu'ils ne...

                              -Chef, ils ont un mini den den dedans, et ils escargophonent !

                              Et merde...

                              -Hey Skullface ! Faut les faire sortir de la dedans fissa. S'ils ont assez de portée pour prévenir Tempestia on est marron !

                              Mais pour joindre le parrain ils auraient amenés un den den normal. Avec la portée ridicule des petits escargots, s'ils en ont un sous la main c'est pour contacter quelqu'un de tout porche.... Comme une force de sécurité apte à contre attaquer pendant que les pontes se tiennent au chaud dans leurs casemates... Et si c'est le cas, et que l'agent Red était chargé de la gestion de la crise du coté de l'ennemi, il interviendrait à peu prés...

                              Maintenant !

                              -Faites gaffes dehors les gars !

                              Comme la cavalerie de l'histoire l'avertissement de Red arrive un poil trop tard...

                              A l'extérieur les types restés en surveillance en sont encore en train de se demander quelle mouche a piqué l'agent quand la mort leur tombe dessus sans prévenir sous la forme d'une multitude de carreaux d’arbalètes lancés par des experts... Les assaillants, perfectionnistes et poseurs à l’excès vont même jusqu’à souffler les flammes des lanternes accrochés devant le bâtiment par les hommes des deux camps. Des types qui ont le sens du spectacle à coup sur. Des amis de Skullface peut être ?