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Enième rencontre ; Une histoire de paresseux {Yoru}

    - T’as à faire, Salem !

    - Laisse-moi me reposer un peu, roooh…

    Le coup de pied fusa. Rapidement. Et violemment aussi. Il me heurta au ventre, avant que je ne m’envole comme un simple ballon de football, avant d’aller m’encastrer dans un mur. Mes yeux s’écarquillèrent sur le coup, et ma bouche s’entrouvrit avant de laisser un échapper un cri de douleur. Pour un shoot, elle avait mis le paquet ! « Elle » que vous vous demandez ? C’était Ketsuno, mon bras droit depuis un bon bout de temps. Ma cousine aussi, dans la vraie vie. Et à avec elle, la flemme, ça existait pas ! J’étais lamentablement tombé au sol, avant de gémir comme jamais. Et je ne feignais pas ! Elle avait de la puissance cette femme, et pas qu’un peu ! Mes deux autres lieutenants s’étaient mis à ricaner un peu plus loin. Leur feignasse de capitaine allait enfin se bouger le derche, et ce n’était pas trop tôt. Lorsque je me relevai avec peine en m’empoignant la nuque, je vis alors la posture de ma jeune lieutenante. Mains sur les hanches, jambes écartées et très grosse poitrine défiant toute loi de l’apesanteur. J’eus alors un sourire béat qui retranscrivait mes pulsions perverses, parce que sa mini-jupe mettait en valeur ses cuisses pleines et son derrière rebondie. C’était une putain de beauté de canon ! Néanmoins, ses faveurs, elle ne me les accordait jamais, moi à qui presque aucune femme ne me résistait. La seule chose qui me permettrait de l’avoir dans mon lit, c’était le mariage. Mais entre nous, moi et le mariage depuis la mort de ma précédente femme il y a trois ans, ça faisait deux !

    - Viens dans mes bras, mon bébé…

    Ça, c’était la phrase qu’il ne fallait pas dire, vraiment ! Car lorsque j’ouvris ma bouche, une grosse veine s’inscrivit sur le front de ma cousine et palpita nerveusement. Elle brisa sa posture, arbora un air sinistre qui ne me dit rien qui vaille, avant de reculer d’un seul pas pour essayer de me flanquer un autre coup de pied. Tenant cette fois-ci à ma petite vie de pauvre colonel dans un trou paumé, j’avais alors fait une pirouette sur le côté, avant de sauter tout bonnement par la fenêtre. Et ce du dernier étage, hein, héhé. On aurait pu croire que j’allais me bousiller pieds et jambes avec ce saut périlleux, mais non ! J’ne fis qu’atterrir comme un vrai félin, faisait presque craquer le sol sous mes pieds. Les jeunes soldats qui s’entrainaient à l’endurance dans le coin, furent étonnés de voir leur supérieur débarquer du ciel comme si de rien était. En me redressant, je m’époussetai, avant de chercher un mouchoir dans mon pantalon pour essuyer le filet de sang qui coulait aux commissures de mes lèvres. Son attaque ne m’avait pas laissé indemne. Soupirant un bon coup et souriant aux jeunes soldats qui me regardaient d’un air pantois, je m’étais cru hors de danger. C’était mal connaitre ma cousine, qui, elle aussi, sauta dans le vide avec un grand cri de guerre. Le temps de lever ma tête, et un gros cul m’écrasait le visage et m’enfonçait dans le sol. Le grand « BOUM » et puis plus rien. Juste un trop plein de poussière devant une bande de jeunes officiers effrayés qui se demandaient ce qu’ils faisaient dans cet asile de fous…

    - TU VAS BOSSER FAINÉANT ? HEIN ?!

    - OUI OUI ! JE TE JURE QUE OUI !

    Lorsque la poussière se dissipa complètement, l’on put voir Ketsuno en train de serrer mes cols, alors que malgré mon visage plutôt amoché (Genre couverts de bosses), j’avais le sourire aux lèvres. Celle-ci rougit légèrement, avant de me lâcher et de se retourner, telle une furie. Même que les élèves qui étaient sur son passage n’attendirent pas son ordre pour s’écarter très rapidement comme il se doit. Eux aussi avaient peur de s’essuyer un coup quelconque. Elle cognait fort, c’était connu. J’avais continué à sourire béatement en restant sur place (Parce que se faire écraser par un gros cul, c’est juste magnifique !) quand Ketsuno se retourna, eut marre de ma mine, avant de me balancer un truc à la gueule. J’évitai son énième attaque, avant qu’elle ne se remette à courir vers moi. Cette fois-là, je pris également mes jambes à mon cou. Pas question de se faire couiller, alors que ce n’était pas moi qui lui avait dit de sauter comme une tarée. La course poursuite dura au moins un quart d’heure où nous fîmes rire tout un tas de gens. Et c’était tous les jours comme ça depuis bientôt une semaine. Au bout d’un moment, elle en avait eu marre et me hurla de faire ce que bon me semblait. Prenant cet ordre ou cette invitation au pied de la lettre, je finis par quitter la base au pas de course, sourire aux lèvres. Ces derniers temps, la paperasse n’était pas mon fort, et je préférais m’évader plutôt que de faire un truc qui ne me motivait pas des masses. Comme quoi, je n’usurpais pas mon statut de « gros Fainéant ».

    Je m’étais mis à vadrouiller ici et là. Pendant mon parcours, plusieurs personnes me saluèrent poliment. Les femmes surtout. Je répondais toujours avec le sourire et me montrais aimable avec chaque habitant. C’était moi dans toute sa splendeur. Sur mon chemin, j’avais même aidé une vieille femme à porter ses bagages jusqu’à chez elle. Celle-ci voulu me remercier en me concoctant une soupe aux légumes, mais le temps qu’elle se retourne pour avoir mon ok, que j’avais déjà disparu. Les légumes ? Peu pour moi ! J’avais erré çà et là sans trop de soucis et d’idées fixes en tête, quand j’entendis des cris d’effroi. Je me précipitai alors vers la zone où j’entendais lesdits voix, avant d’atterrir pile poil au port. Se profilait alors à l’horizon, un immense bateau pirate qui menaçait d’annexer la ville. Un vaisseau pirate ? Ici à Shell-Town ? Ouais bof… C’était courant à force. Le chantier du Léviathan attirait les forbans comme des mouches. Les gens s’étaient mis à fuir. Beaucoup avaient même dans l’idée de contacter la base au beau milieu de l’île, histoire d’alerter les marines. Mais tout ceci n’était pas nécessaire. J’étais là, et j’allais régler l’affaire en un temps record. Ma chance fut surtout de voir un sabre calé contre un tonneau non loin de moi. J’avais oublié mon meitou dans mon bureau, mais cette lame émoussée allait faire l’affaire. J’eus alors un sourire lorsque je l’empoignai, et je n’effectuai qu’un seul mouvement de coupe dans le vide. Une gigantesque onde tranchante de teinte orangée se forma alors, et fendit la mer en deux en se dirigeant rapidement vers le navire…

    La suite ? N’est-elle pas évidente, fufufu ?
    *Sur ce même bateau pirate, quelques minutes auparavant.*

    Un grand pirate, type montagne de muscles de 2m50 de haut, se tenait debout à la poupe du navire devant une troupe bigarrée d'une centaine de gus et leur tenait à peu près ce langage :

    " Mes amis ! Nous serons bientôt en vue de Shell Town ! Après des semaines de navigation, notre objectif est enfin à portée de main ! Comme vous le savez... "

    Tandis que les pirates écoutaient leur capitaine d'un air subjugué, l'une des portes menant aux cales s'ouvrit et un homme en émergea, étirant ses bras au-dessus de sa tête. L'air endormi, il regarda autour de lui, aperçu l'attroupement et s'approcha pour écouter.

    " Et donc, beuglait le capitaine, en tant que vaillants pirates, nous vaincrons sans peine ceux qui se dresseront devant nous, car nul ne saurait mettre en échec notre volonté d’expansion mes amis... "

    Encore ensommeillé, Yoru se noyait tant dans ce flot de paroles qu'il se pencha vers un des pirates pour obtenir des explications.

    " Qu'est-ce qui se passe ?
    - On arrive à Shell Town.
    - Ah, tant mieux. Le voyage commençait à s'éterniser.
    - Oui, je suis d'acc.. mais t'es qui toi, au juste ?
    - Yoru, enchanté.
    - Je ne t’ai jamais vu !
    - Normal, je ne fais pas partie de l'équipage. Je ne suis pas pirate en fait. J'étais en mer dans une barque, y'à quelques nuits, quand j'ai repéré votre pavillon. Je me suis approché pour vous attaquer mais en escaladant la coque j'ai entendu vos sentinelles parler de votre destination, Shell Town. Comme ça m'arrangeait, je me suis planqué dans la cale.
    - Quoi ? Mais ...
    - Attend.. qu'est ce qu'il vient de dire ton capitaine ? "

    Éberlué, le pirate vit Yoru se rapprocher de l'estrade où se tenait leur capitaine, y grimper et apostropher le géant.

    " Salut l'ami. Tu peux répéter ce que tu viens de dire ?
    - J'ai dit que nous allions voler le Léviathan pour mieux conquérir les mers !
    - Ah ça non, ça va pas être possible parce que, vois-tu, je suis justement venu le visiter, moi, le Léviathan. Si tu le voles ça va pas coller. Alors comme je suis de la marine, je vous arrête tous. "

    Des rires s'élevèrent en réponse à la calme affirmation du jeune homme tandis qu'un impudent osait répliquer, quelque part dans la foule :

    " Ouais, enfin, on est une centaine quand même...
    - Rien à taper. Je vous prend tous, je suis un samouraï ! "

    Tirant prestement l'un de ses sabres hors de son fourreau, Yoru ponctua ses dires d'un ample mouvement vertical de son arme qu'il pointa vers les pirates. C'est précisément à ce moment qu'un énorme craquement se fit entendre tandis qu'une onde tranchante séparait proprement le navire en deux moitiés égales qui se mirent à s'emplir d'eau, chavirer et couler. Perplexe, Yoru scrutait d'un air accusateur son sabre planté dans le bois auquel il se cramponnait pour ne pas tomber à la mer comme les pirates qui dégringolaient autour de lui. Puis, voyant que le navire allait totalement sombrer, il se résolut à déplanter son sabre, à le rengainer et à plonger à son tour.

    Il se hissa quelques minutes plus tard hors de l'eau au niveau du port où il tomba nez à nez avec un grand type balèze, torse nu et un sabre dans la main. Yoru reconnu cet individu dont il avait déjà vu la photo épinglée à un rapport sur Shell Town.

    " Colonel, je suis à vous dans un instant. Juste le temps de vérifier quelque chose. "

    Dégainant un de ses sabres, Yoru se tourna vers la mer, leva son bras et fendit vivement l'air de son arme. Rien ne se passa. Il rengaina donc en marmonnant un " J'me disais bien que ça ne devait pas être moi... " et reprit la conversation :

    " Boujour, colonel Fenyang. Je suis Yoru, de l'élite. Je suis ici pour... bah rien d'officiel, en fait. Je venais simplement voir le Léviathan. La construction d'un bateau volant, ce n'est pas tous les jours. Ai-je besoin d'une autorisation de votre part pour voir le navire ? "

    Ailleurs dans le port, des pirates du bateau détruit sortaient de l'eau, aussitôt accueillis par des marines qui, fusils à la main, les tenaient en respect et leur passait des menottes.

    " Joli coup de filet. Au fait, où est-il, ce Léviathan ? "
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      Les habitants furent ébahis lorsqu’ils virent ce que j’avais fait. Sectionner un galion en deux n’était pas donné à tout le monde, je l’admettais, mais ce n’était pas comme si je n’étais pas habitué à ce genre de choses. J’eus un sourire lorsque je vis alors le navire finir par sombrer. Encore un à la liste des victimes du colonel Fenyang ! Combien en avais-je défait comme ça ? Vingt ? Cinquante ? Cent navires peut-être ? Va savoir… Mais toujours est-il que les fonds marins autour de Shell avaient accueilli pas mal d’épaves ces derniers temps. Les plus courageux se remirent à émerger vers le port, en regardant la mer s’agiter alors qu’il n’y avait aucun orage en vue. C’était tout de même un spectacle incroyable. Et puis ce furent des cris de joie, comme pour m’acclamer, et même que quelques belles demoiselles virent sautiller sur moi, ce qui, ma foi, ne fut pas pour me déplaire ! J’étais plutôt fier de moi. Non pas parce que j’avais réalisé un tour de force qui méritait respect et félicitations, non ; mais bien parce que j’avais évité à la ville ne serait-ce qu’un seul dégât. C’était important pour cette cité en reconstruction. Puis les minutes passèrent, avant que mes hommes ne débarquent en trombe au port. Ils furent soulagés de me voir là, en train de parler au maire de la ville qui me remerciait pour mon intervention. Mais alors qu’ils se mirent à capturer les pirates sains et saufs qui remontaient à la surface, un drôle d’énergumène vint se présenter à moi, en mimant une coupe dans le vide et en se targuant d’être un marine d’élite

      - Ben voyons ! Comme si je ressemblais à un guide touristique, moi !

      - LAISSEZ-LE-NOUS, COLOONEEEEEL !!!!

      Une voix criarde se fit entendre de nulle part, avant qu’un saut groupé ne s’en suive sur le soi-disant marine d’élite. Prit par surprise, celui-ci fut écrasé par le poids de dix de mes hommes, tandis que je faisais un pas en arrière pour éviter une chute fatidique. Très vite, on lui passa des menottes en granit marin, avant de le relever sauvagement devant moi. La mine serrée, l’un de mes hommes voulut lui porter un coup de poing, mais je l’en dissuadai en retenant son bras d’un simple geste tranquille. Il n’allait tout de même pas le tabasser, tout bonnement parce qu’il m’avait adressé la parole, si ? Halala… Les soldats d’aujourd’hui je vous jure. Ils n’étaient pas du tout sereins, et il aurait pu commettre une gaffe énorme. « Il dit être des élites. Pourquoi ne pas vérifier ? » Mes hommes eurent un air étonné, puis se mirent à rire. A rire de mes propos ? De MES propos ? Le laxisme avait quand même ses limites, hein ! Aussi, avais-je commencé à racler ma gorge pour remettre un peu d’ordre autour de moi. Se foutre de la gueule d’un supérieur quand bien débonnaire, c’est mal. Ils avaient la chance que je n’aimais pas la violence, sans quoi ils se seraient tous pris des raclées monumentales qu’ils ne seraient pas prêts d’oublier. Se rendant compte alors qu’ils étaient en train de faire une grosse gaffe, mes soldats se turent et se mirent au garde à vous, comme pour m’assurer qu’ils étaient désolés de ce comportement déplacé. C’était déjà bien mieux. Pour ma part, je comptai interroger le fameux Yoru, quand une autre voix s’éleva encore :

      - J’reconnais ce type ! C’est Sengoku Yoru, le marine d’élite ! On était également dans l’élite quand il débutait !

      - Ah ouais. Le type qui se vante d’être un samouraï à tous bouts de champ ! Qu’est-ce qu’il fout ici ?!


      Les marines qui lui avaient sauté dessus s’étonnèrent d’entendre les voix qui discutaient un peu plus loin. Deux autres marines l’avaient reconnu, ce qui ne laissait plus de doute quant à son affiliation. D’ailleurs, l’on vit quelques pirates râler comme quoi ce samouraï de pacotille aurait clamsé si jamais ils étaient encore sur les flots à l’heure actuelle. J’eus alors un sourire amusé. C’était vraiment l’élite tout craché. Il ne fut pas nécessaire d’ordonner qu’on lui retire les menottes. Les autres qui avaient aussi compris l’affaire, se hâtèrent de le libérer du granit marin, avant de se confondre en excuses. Ils lui devaient bien ça, au pauvre petit. Pour ma part, je le regardai avec amusement. Il avait l’air drôle ce petit, et je me demandais comment j’allais me faire pardonner à mon tour. Finalement, je me retournai en lui faisait un simple signe de la main : « Viens avec moi. On va d’abord dans une taverne, et après je te fais visiter le Léviathan. Sengoku Yoru, c’est ça hein ? » Je me mis alors à marcher en espérant qu’il allait m’emboiter le pas. Autour de nous, c’étaient des officiers qui se pressaient de ramener les pirates en cellule. Leur transfert allait peut être se faire au cours de la semaine, un peu comme d’habitude quoi. Il ne nous fit pas plus d’une minute pour rentrer dans la première taverne ; taverne dans laquelle l’on m’accueillit chaleureusement, avant de me servir quelques bouteilles de saké. Tous ou presque dans la ville connaissait mes gouts en matière d’alcool. La faute à ma grande sociabilité on dira :

      - Alors petit, raconte-moi ce que tu faisais sur ce bateau et ce que tu viens chercher ici. D’ailleurs, c’est quoi ton grade et c’est qui ton supérieur à l’heure actuelle ?
      " Mais... qu'est ce que vous foutez !? Vous allez me lâcher, oui ? "

      Sans comprendre exactement comment il en était arrivé là, Yoru se retrouva écrasé par un tas de marines. Il se débattit mais à deux individus sur chaque bras et sur chaque jambe plus un qui s'acharnait à vouloir lui passer une paire de menottes et un qui lui tenait la tête pour l'empêcher de distribuer des coups de boule, le jeune homme devait bien avouer qu'il avait du mal à se dégager. Voilà qui lui apprendrait à mettre son uniforme plus souvent.

      " On est dans le même camp, bande de crétins ! "

      Voyant que personne ne l'écoutait, il fit silence et s'immobilisa en attendant de pouvoir s'expliquer plus calmement. Le colonel avait l'air d'un homme compréhensif. Peut-être accepterait-il, lui, de l'écouter. Il n'eut en fait même pas à s'expliquer puisque deux autres membres de l'élite le reconnurent.

      " Je ne me VANTE pas d'être un samouraï, s'insurgea le jeune homme en entendant leurs paroles, je SUIS un samouraï. Enfin bon, merci les gars. Je vous en doit une. "

      Les menottes lui furent rapidement retirées tandis qu'il assurait à ses agresseurs qu'il ne leur tenait pas rigueur de leur bévue.

      " Pas de soucis, les gars, ça peut arriver à tout le monde. Je vous suis, colonel. "

      Bien que ce ne soit pas vraiment orthodoxe, il apprécia la proposition de se rendre dans une taverne. Toutes ces péripéties lui avaient donné soif. Il suivit donc le colosse en essorant ses vêtements jusqu'à une taverne proche ou Fenyang fut accueilli en héros.
      Une fois les deux hommes attablés à une table, Yoru commanda pour lui même une choppe de bon rhum dont il but quelques gorgées.

      " Comme je vous le disais, je suis venu à Shell Town pour le Léviathan. J'étais curieux de voir ce fameux bateau volant même si on le dit toujours en chantier. Je me suis retrouvé sur ce bateau pirate à cause d'un concours de circonstances. Les forbans et moi allions dans la même direction, je me suis donc incrusté dans leur cale. "

      L'air soudain méditatif, il réfléchit quelque instant avant de reprendre d'un ton toujours aussi posé.

      " J'ai oublié mon grade et il ne me semble pas avoir de supérieur direct. Où alors je ne suis pas au courant. "

      Se désintéressant immédiatement des sujets hiérarchiques, le samouraï observa la salle autour de lui. Depuis l'arrivée du colonel, le monde avait afflué, les rires augmentés et tous les visages semblaient joyeux. Nombreux étaient les habitants qui venaient taper l'épaule du colossal marine pour le remercier d'avoir sauvé la ville. Yoru éprouva un sentiment de respect envers cet homme qui, de ce qu'il voyait, semblait incarner le marine idéal.

      " Vous êtes vraiment apprécié dans le coin, remarqua-t-il. La population vous adore et vos hommes vous obéissent au doigt et à l’œil. Merci de les avoir empêché de me tabasser, au fait. "

      Surpris, le samouraï remarqua alors que sa chope, pourtant de bonne taille, était déjà vide. Fallait dire qu'il suivait le colonel dans chacune de ses levées de coude et que le géant engloutissait son saké à une vitesse impressionnante. Trouvant qu'une chope vide n'était pas très seyante pour une discussion, il appela le serveur et commanda une dizaine de bouteilles histoire de tenir la distance.

      " Alors, reprit-il lorsque le rhum arriva sur la table. Comment en êtes vous arrivé à faire construire le Léviathan ? Les plans viennent de la division scientifique ? "

      Une bouteille vide vint rejoindre ses sœurs sur le tas de Fenyang.

      " Voler représente un rêve fabuleux... J'espère pouvoir grimper dans ce bateau lorsqu'il sera terminé. Vous me laisserez y monter si vous en devenez le capitaine ? "

      La pile de bouteilles vides était à présent plus haute que celle de pleines. Et, de l'avis de Yoru, les deux semblaient tanguer légèrement.

      " Ce navire représente aussi un gros avantage stratégique. La marine compte-t-elle en construire d'autres ? "

      Sur un nouveau signe du samouraï, le serveur slaloma entre les bouteilles vide posées sur le sol par les deux marines pour en ramener des pleines.

      " Fameux ce rhum ! J'offre le saké qui vient d'arriver ! Tu as une sacrée descente, colonel. Faut dire qu'avec ta corpulence, t'as de quoi stocker. D'habitude, tout le monde abandonne à cette quantité de boisson. Sauf à Wanokuni, évidement... Je peux te tutoyer, colonel ? "

      Il brandit ses bouteilles (une dans chaque main, technique de samouraï) au-dessus de sa tête avant de lancer d'une voix forte :

      " Un toast pour le colonel ! "

      Toast largement reprit par la populace de la taverne.

      " Bon... j'avoue, déclara Yoru une autre bouteille plus tard, ça tangue un peu, mais j'suis prêt à aller voir le léviathan quand tu veux, colonel ! "
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        Il était rigolo ce petit bout d’homme. Et terriblement bavard aussi. J’eus un sourire à chacune de ses phrases. Il les enchainait sans trop s’en rendre compte. J’aimais beaucoup les petits gens comme lui. Bon vivant et un peu je m’enfoutisme sur les bords. On en trouvait pas plus des comme ça ! De ce fait donc, je le laissais parler à sa guise, tout en savourant tranquillement mon sempiternel saké. Je tiquai sur quelques informations néanmoins. Ne pas savoir son grade ? Ne pas connaitre son supérieur ? C’était quand même un peu trop gros. Donc, soit il n’en savait vraiment rien parce qu’il s’en foutait royalement, soit il me mentait ou me cachait quelque chose. Mais en le sondant d’un simple regard assez sérieux, je me disais intérieurement que ce gars-là ne ressemblait pas du tout à un menteur. Ni à un cachotier. Les natifs de Wanokuni n’étaient pas de méchantes personnes généralement, et leur honneur leur interdisait de faire la moindre bêtise. Il avait intérêt d’ailleurs à ne pas en faire, parce que j’étais à peu près sûr et certain que mes hommes en convoyant les pirates jusqu’à nos cellules, allaient effectuer des recherches sur lui, sur ses faits d’armes et tout ce qui pourrait s’en suivre. Et puis, quel marine des blues voudrait se mettre à dos un colonel de mon calibre ? Question qui n’avait pas besoin de réflexion, à moins que cette personne ne soit beaucoup provocatrice et assez suicidaire dans le genre. J’eus un énième sourire pour finir. Tel ne devait pas être le cas du Sengoku !

        - Tout doux avec la bouteille. Si tu ne tiens pas, c’est pas la peine d’en abuser. Joue pas le dur pour m’impressionner, petit !

        Je lui arrachai sa bouteille, avant d’héler le serveur du coin. Finalement, ça avait été une mauvaise idée que de l’emmener en ces lieux pour faire ample connaissance. Le barman se hâta à notre table, avant de tout ramasser sur un plateau. Ça me ferait des réserves pour plus tard, s’il n’allait pas les vendre à d’autres clients. Je gardai néanmoins une avec moi. Ce n’était pas parce que monsieur ne tenait pas tellement, que j’allais m’en priver, héhé. Je l’ébouriffai légèrement avant de hocher la tête comme pour l’inciter à boire l’eau qu’on lui avait apportée à la place. Je ne savais véritablement pas si l’eau réussirait à diluer l’alcool dans son sang, m’enfin, c’était mieux que rien quoi. Et puis au pire, il pouvait toujours verser le verre sur son visage histoire de se rafraichir proprement, parce que ouais, il était un peu pompette. Moqueur, moi ? Meuuuh non ! « Je vais te répondre pas à pas, mais je ne suis pas sûr de me souvenir de toutes tes questions. Ne m’en veux pas hein ! » C’était pas ma faute s’il était volubile hein, qu’on se le dise. Comme je l’avais dit plus haut, cela ne m’avait pas gêné le moins du monde, mais pour retenir les questions qu’il avait posé, hard. Et puis, j’allais attendre qu’il retrouve un peu ses esprits pour aller voir le chantier du Léviathan. Mine de rien, il était assez loin d’ici et je me doutais que Sengoku allait finir par dormir comme un gosse sur mon épaule. Un gosse hein ? Il n’en était pas loin. Je lui donnais tout au plus 25 ans, mais là encore que. Le voir me rappelait un peu moi-même. Et rien ne me faisait plus plaisir.

        - Disons que le projet avait débuté sous un autre colonel, avant qu’un pirate du nom de Satoshi Noriyaki ne vienne à le bousiller de moitié et tuer ledit colonel. J’ai repris le flambeau en quelque sorte. Il a fallu remotiver les hommes et regagner la confiance des habitants du coin. Ça s’est fait pas à pas, mais tu constates par toi-même le résultat, héhé.

        Pour ce qui est du plan, il vient de la section scientifique, ouaip. Ce bijou sera très utile pour nous autres marines, mais je ne peux pas m’avancer à dire que je serais le capitaine d’un tel navire. Il est destiné à l’amiral en chef après tout, et c’est pas un pauvre colonel comme moi qui va le diriger jusqu’à Marijoa. Et puis entre nous, je préfère rester tranquillement sur cette ile paisible. Sur les blues, ce n’est pas bien difficile de combattre les pirates, tu sais.

        Après, si la marine doit en construire d’autres ? Je ne pense pas. Faut d’abord qu’ils expérimentent le Léviathan avant de s’avancer à reprendre de tels projets. Mine de rien, c’est beaucoup d’investissement pour. Vrai qu’on a les moyens, mais bon.

        Pour ce qui est d’aller le voir, on attendra. On attendra que tu décuves un petit peu, parce bon, tu risques de ne pas tenir sur tes jambes et le chemin est plutôt long ! C’est que l’île est quand même un peu grande.


        Et après toutes ces phrases, je vidai toute une bouteille d'une seule traite. C’est que parler donnait soif !


        " Les pirates des blues, pas bien difficiles à combattre ? Je pense que tu es juste balèze, colonel. J'ai eu un aperçu de ta maitrise du sabre lorsque tu as coupé en deux le bateau, tout à l'heure... J'ai pu l'admirer de très très près, en fait, puisque j'étais SUR ce bateau... même sur Grand Line, les personnes capables de ce genre d'exploit doivent se compter sur les doigts d'une main ... "

        Yoru jeta un coup d’œil dubitatif à la choppe d'eau qu'on lui avait donné.

        " Je reviens. "

        Se levant pour se rendre au le bar, le samouraï parla un instant au tenancier qui acquiesça et s'éloigna dans la cuisine. Il revint avec une grande bassine d'eau qu'il posa sur une table libre. Yoru se plongea directement la tête dedans et s'immobilisa dans cette position. En fait, il resta si longtemps immergé que le tavernier finit par se précipiter pour le redresser. Mais la tête du jeune homme émergea sans aucune aide à ce moment-là.
        Attrapant la serviette qu'on lui tendait, il s'essuya le visage. Ses yeux étaient de nouveau alertes.

        " Ça réveille ! J'ai rarement passé une journée en étant si souvent sous l'eau, moi... "

        Tout en rattachant ses cheveux, Yoru retourna à la table de Fenyang.

        " Mes excuses, colonel, je me suis un peu emporté avec la boisson. Je n'avais pas grand chose pour me rincer le gosier dans la cale de ces pirates alors j'ai rattrapé le coup... Je te suis quand tu veux pour la visite du Léviathan, si tu es toujours partant.
        - SALEM ! "

        La voix tonitruante couvrit toutes les autres de par sa force et son autorité, faisant instantanément s'éteindre les discussions. Curieux, Yoru se tourna vers l'origine du cri. Sur le pas de la porte ouverte se tenait une femme terriblement sexy dont le visage affichait une mine si sévère qu'elle en était à la limite de la férocité. Elle dégageait tout à la fois une impression de puissance, de grâce, de compétence et d'autorité implacable. A son arrivée, certains marines présents sur les lieux s'étaient instinctivement levés, l'air fautifs de se trouver dans une taverne, se raidissant tellement qu'ils se tenaient à présent à la limite du salut militaire.
        Tout en conservant son air nonchalant, Yoru fut tout de même impressionné par cette nouvelle venue. Décidément, songea-t-il, cette île a sa dose de personnes de haut calibre.

        S'avisant soudain que la séduisante femme regardait dans leur direction, au colonel et à lui, le samouraï se dirigea vers elle d'un pas si alerte qu'il démentait toute prise antérieure de boisson. Arrivé à sa hauteur, il s'immobilisa, posant une main sur l'une des poignées de ses sabres en un salut respectueux de sabreur. Puis, se fourvoyant totalement, il déclara :

        " Salem aleykoum également, Vierge d'acier. Un Amiral tel que vous vient certainement voir le colonel Fenyang. Puis-je vous accompagner jusqu'à sa table ? "
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