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El Liberator De La Mortadella!

La tempête

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Alors c’était donc ça que l’on appelait une tempête. Un ciel noir comme de l’encre, des vagues hautes de plusieurs mètres, du vent… Si encore ce n’était que ça, je pourrais le supporter, bien que mon estomac ne soit pas franchement fan des remous. Mais mon véritable problème, c’était ces terrifiants éclairs qui ne se lassaient pas de zébrer le ciel, d’illuminer le paysage le temps d’un clignement de paupière pour que l’on se rende bien compte de la situation catastrophique dans laquelle on se trouvait. Cette vision d’horreur était toujours suivie du terrible fracas du tonnerre, son tonitruant qui me glaçait le sang à chaque fois qu’il retentissait. Depuis toujours, l’orage me fichait une peur bleue, rapport à toutes les histoires que l’on me racontait quand j’étais petit.

Il y a plus d’un siècle de ça, un ange nommé Eneru s’était autoproclamé « Dieu de Skypiea » et avait tyrannisé mon peuple par la peur. Nombreux sont ceux qui ont péri foudroyés, comme ça, sans prévenir, uniquement parce qu’ils avaient voulu se rebeller contre cet enfoiré. Le simple fait de parler, ou même de songer à mal pouvait être puni de mort par la foudre. Cette histoire a été repoussée au grade de « légende », mais ce n’est pourtant que la stricte vérité. Les plus anciens anges de Skypiea avaient des membres de leur famille qui avaient péri sous le « châtiment divin ». L’histoire raconte d’ailleurs que son règne pris fin grâce à Monkey D. Luffy, un simple humain. J’ai toujours eu du mal à croire cette version, les humains étant si faibles et insignifiant, mais la statue commémorative qui prône sur la place centrale ne laisse aucun doute. Un jour, un humain ne craignant pas l’électricité est arrivé et nous a libéré.

Mais même en oubliant cette histoire, il arrivait régulièrement qu’un jeune con aille se balader sur un nuage noir et qu’il se fasse électrocuter en posant le pied à un endroit de forte densité électrique. Moi-même, pendant mon adolescence, j’épatais les filles en courant sur ces nuages de mort. Hé oui, j’étais con, moi aussi. Mais maintenant que j’étais en-dessous, cela me semblait encore pire. Quand on est au-dessus des nuages, on ne voit pas les éclairs, on voit juste un grand flash lumineux et diffus. C’est assez joli. Jamais je n’avais pu observer ces grands traits blancs qui rayent de la surface de la Terre tout ce qui a le malheur de se trouver en-dessous. Bizarrement, derrière ma frayeur, j’éprouvais une certaine fascination pour ces magnifiques lignes qui renfermaient une si terrible puissance.


-Hé connard ! Viens nous aider au lieu de rêvasser !

Ha oui, merde. La tempête gagnait en puissance et les marins avaient bien du mal à garder le contrôle du navire. Une des voiles s’était déchirée sous la force du vent et les vagues s’écrasaient régulièrement sur le pont, fauchant parfois quelques hommes qui avaient eu l’imprudence de lâcher le bastingage. Moi, ça ne risquait pas, j’avais littéralement les doigts enfoncés dans la barrière de bois, si bien que mes traces y resteraient pour toujours. Mais là, le capitaine commençait à s’énerver, ses hommes disparaissaient les uns après les autres et il n’y avait plus assez monde pour maîtriser le navire. Il me désigna une corde du doigt et je me dépêchai de l’attraper pour la tirer vers moi. Je ne savais pas quoi en faire, mais il me montra vite où l’attacher, sachant pertinemment que me crier des ordres n’aurait servi à rien. Le fracas des vagues et du tonnerre ne laissaient qu’un très mince créneau pour essayer de se faire entendre. Je m’exécutai et nouai fortement la corde, mais celle-ci se brisa net sous la puissance d’une bourrasque qui me claqua les ailes en arrière. La voile se mit à tourner librement au gré du zéphyr qui ne semblait pas vouloir suivre une direction déterminée.

-Attention !

BROUMMBROULOUMMMMMM !!

Le tonnerre couvrit ma voix et le pauvre gars se prit la barre de plein fouet à l’arrière de la tête. Son corps inerte bascula par dessus bord et une vague l’engloutit quasiment instantanément. Personne ne sembla le remarquer mais c’était faux. Chaque fois qu’un gars se faisait emporter, le visage des survivants se faisait plus grave et plus dur. Mais personne ne pouvait se permettre de relâcher sa vigilance un seul instant. Le moment de pleurer les morts n’était pas encore venu. Pour l’instant, il fallait essayer de préserver les rares survivants. Surtout que j’en faisais partie, alors fallait vraiment pas déconner. Je sentais la panique gagner l’équipage. Nous nous agitions en tirant des cordes et en déplaçant des trucs, mais il fallait bien se rendre à l’évidence. La seule chose de concrète que nous pouvions faire, c’était nous cramponner à quelque chose et prier. Chacune de nos actions était balayée dans l’instant par une vague ou une bourrasque.

Tout ce petit théâtre ridicule prit fin instantanément. Tout devint sombre, et les hommes s’immobilisèrent pour lever les yeux. Une vague gigantesque était en train de s’élever au dessus de notre embarcation et allait s’écraser sur nous. Nous allions être broyés, explosés, essorés et emportés au fond de l’océan. Je surpris quelques regards entre les déjà « ex » compagnons, juste avant que la masse d’eau ne s’abatte. Le choc fut absolument terrible. Je fus écrasé contre les planches de bois qui volèrent en éclat. De l’eau au goût immonde pénétra dans ma gorge et me fit tousser, mais je continuais de descendre de plus en plus profond dans la noirceur de la mer.

Je ressurgis soudain, fortement agrippé à une des planches de bois qui n’avait pas fini en allumettes. Je pris une immense inspiration et ouvrit les yeux pour voir que j’étais au sommet d’une vague démentielle. Plus aucune trace du navire ni de ses occupants. Le temps se suspendit pendant quelques secondes avant que ma vague n’entame sa redescente.


-Ho..ho…ho meeeeerdeeeee !!!!!!!

Après….plus rien. Je me souviens juste avoir été trimballé dans tous les sens avec une force monstrueuse, je ne voyais rien, je ne comprenais rien. L’impuissance totale… Dans cette situation, la notion de haut et de bas devenait extrêmement conceptuelle. Et puis, il faisait froid… Très froid…

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    L'arrivée sur l'île

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    Un léger choc sur le front me réveilla en sursaut. J’ouvris les yeux et fus frappé par un flash lumineux qui me fit effroyablement mal. Je me relevai alors violemment en toussant, crachant mes poumons, évacuant une quantité impressionnante d’eau de mer. Mes pieds étaient glacés et je me sentais horriblement mal à cause des mouvements que me faisaient faire les vagues. Les vagues ? Quelques clignements de paupières plus tard, je me rendais compte que j’étais à moitié allongé sur une planche de bois sur laquelle était restée une partie de la barrière du pont. Mon bras était coincé dans les barreaux de bois, chose qui m’avait sauvé la vie sans le moindre doute. Me cramponnant à mon radeau de misère, je fronçai les yeux pour essayer d’apercevoir quelque chose. En tâtant du doigt, je vis avec déplaisir que ce qui m’avait réveillé était une fiente de mouette… Passons.

    Le soleil tapait dur et ses rayons se reflétaient sur les vaguelettes de la mer calmée. J’avais l’impression de me trouver en face de milliers de petits flash-dials qui crépitaient sans cesse. Après quelques minutes, je finis par m’habituer à la luminosité et je découvris un paysage… Désolant. De la mer à perte de vue, dans tous les sens et jusqu’à l’horizon. Même pas un caillou ou un nuage pour servir de point de repère. Un ciel bleu qui surplombait une mer bleue. Voilà tout ce que je pouvais observer, peu importait la direction vers laquelle je me tournais. Quoique…

    Mais oui ! Il y avait un truc par là-bas ! A trois heures ! Non, un peu plus à droite ! Ouais ça là ! J’étais pas fou, il y avait bien quelque chose, hein ? Avec mes pieds, je me mis à battre l’eau pour avancer dans la direction de l’OFNI (Objet Flottant Non-Identifié). Après plusieurs heures de battements, j’avais les pieds en compote et j’étais épuisé. Mais le pire n’était pas là ! Je commençais à avoir faim… La situation était catastrophique ! Mais au moins, je pouvais distinguer très nettement ce que je voyais au loin avant, vu que je n’étais plus loin à présent. Vu que j’étais près… Voyez ? A ma grande surprise, il s’agissait d’un marin du même navire que moi ! Je n’étais pas le seul à y avoir échappé ! Je ne connaissais ce gus que de vue, je ne lui avais même jamais parlé, mais pourtant, le voir ici et maintenant me mis du baume au cœur. Jamais je n’aurais pu penser que la présence d’un humain pourrait me faire tant plaisir ! Je lui fis de grands signes de la main, croisant et décroisant mes deux bras au dessus de la tête.


    -OOOOHHHHEEEEEEE !!!!
    -OHHHH ! L’ANGE !!! T’ES VIVANT !!
    -OUAIS !!! J’ARRIVE !!!!

    Forcément, le pauvre était dans le même état que moi. Je me mis à avancer avec les pieds et les bras, poussant la flotte derrière moi, mais les vagues avaient tendance à me repousser. Pourtant, j’avais tellement envie de le rejoindre, nous n’étions plus séparés que par quelques centaines de mètres à présent. Ce mec connaissait surement la navigation et il représentait mon ticket de sortie à mes yeux. Enfin, surtout, il représentait une direction à suivre, un objectif et ça, c’était déjà énorme psychologiquement. Soudain, l’eau se mit à remuer sous le marin et deux mâchoires gigantesques se renfermèrent sur lui avant de disparaître. Deux secondes plus tard, il ne restait aucune trace de cette vision.





    -Bon ! Ba moi je vais aller dans l’autre sens, hein !

    Mes dernières forces se révélèrent bien plus conséquentes que je ne l’avais imaginé et je me mis à battre la flotte à toute vitesse pour m’éloigner le plus possible. C’était idiot en un sens, rien ne me disait que je ne me dirigeais pas vers un autre truc sous-marin, mais dans le doute, je continuais ma route. Mes bras me brûlaient, mes jambes étaient glacées et, n’étant pas fan du mélange chaud/froid, je n’en pouvais plus. Je posai ma tête contre la planche et fermai les yeux, bercé par le roulis des vagues. Je vomis négligemment avant de m’endormir, épuisé.

    Une vaguelette m’aspergea le visage, me tirant de mes doux rêves emplis de nuages et de petites angelettes maniant la batte de Baseball à la perfection. Mais non, j’étais toujours sur ce bout de bois de merde, à la dérive, sans objectif, sans même un quelconque espoir. Le destin se joue de moi et de mon infortune qui, grandissante à chaque… Aye !! Sans comprendre, je fis un roulé boulé en arrière et finis allongé, face contre le sable. La vache, j’avais plein de petits grains dans la bouche que je me dépêchai de cracher en pestant ! Pouah ! Ca croque, c’est dégueulasse ! Je me frottai les yeux et regardai autour de moi. Putain, j’étais en train de faire une réplique méga classe, là ! Enfin, content d’être arrivé quand même.

    Je me relevai et fis un tour sur moi-même pour me faire une idée de où je venais d’atterrir. Résultat des courses, je n’étais pas du tout tiré d’affaire. Pas le moindre signe de vie à l’horizon. Des palmiers, oui, du sable, oui, des mouettes, oui, mais des gens, non.


    -HHHEEEEEEEYYYYYYYY !!!!! Y a quelqu’un ?

    Une ombre bougea de derrière un arbre et disparut. Sans autre piste, je décidai de le suivre.

    -Hey, toi ! Attends !

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      Errance

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      Cette île était-elle déserte ? N’y avait-il vraiment pas la moindre âme qui vive sur cet amas de sable au beau milieu de l’océan infini ? Avais-je simplement imaginé cette ombre parce que mon subconscient voyait la présence supposée d’autres personnes comme une lueur d’espoir à laquelle se raccrocher ? Ne serait-ce donc là qu’une divagation de mon esprit affaibli par le drame et désespéré cherchant à briser cette solitude qui m’envahit et me ronge? Oula… Trop réfléchi là, bobo la tête. Bon, mais en attendant, je ne voyais vraiment personne et même pas la moindre trace qui laisserait penser que l’île est habitée. Pas un bruit, pas un feu de camp… Je décidai de connecter les deux neurones qui peuplaient ma boite crânienne et retournai sur mes pas. Si j’avais réellement vu une ombre, comme je le croyais, je devrais trouver des traces de pas dans le sable ! C’était pourtant évident. Je fis demi-tour et vis une longue ligne d’empreintes qui allaient dans ma direction. Ben oui, c’était les miennes. Suivez un peu, sinon on ne va pas s’en sortir.

      Arrivé à l’endroit de l’apparition, je vis effectivement des traces, mais elles commençaient déjà à s’effacer à cause du vent qui soufflait légèrement. Il me fallait faire vite parce que ça faisait au moins 24h que je n’avais rien mangé, je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais la situation était plus que critique. Le soleil était en train de se coucher et j’accélérai le pas. Si la visibilité tombait, je pouvais dire adieu à ma piste et j’allais me retrouver tout seul comme un con au milieu de cette île. Peut-être des gens étaient-ils en train de m’observer en ce moment même. Peut-être se foutaient-ils tous de ma gueule en pouffant silencieusement, me regardant errer comme un imbécile. Ou peut-être me braquaient-ils avec des fusils, attendant que je relâche ma vigilance !


      -Vous ne m’aurez pas bande de fumiers !


      Je me mis carrément à courir en zigzagant, sautant parfois en avant pour me relever après une roulade. S’ils voulaient ma peau, ils allaient devoir la mériter ! Longeant toujours la file d’empreintes humaines, je finis par arriver à bout de souffle aux portes d’une ville. En fait, je n’étais pas visé apparemment… Je fis une pause pour reprendre mon souffle car courir dans le sable était vraiment quelque chose d’épuisant. Une fois calmé, je pénétrai dans l’enceinte de la ville en poussant une lourde porte en bois qui émit un grincement strident. Pour l’arrivée discrète, c’était raté. Mais comment avais-je pu ne pas trouver une ville aussi grande ? Non, franchement, c’était une grande ville d’après ce que je voyais, avec rue pavée et tout le tralala ! Y avait même des HLM ! (Hautes et Larges Maisons) Pourtant, il n’y avait absolument personne, pas de bruit, pas de passants… Mettant mes mains en porte-voix, j’avançai en hurlant :

      -Ohé !!! Y a quelqu’un ?? S’il vous plaît !! J’ai faim !!!

      Aucune réaction, pas la moindre lumière qui s’allume derrière un rideau, nada… Je remarquai alors une immense maison, tout au fond de la rue centrale où de la lumière était visible à travers les fenêtres ! Enfin ! Il y avait donc bien quelqu’un. Mais la situation était tout de même étrange, pourquoi une si grande ville pour une seule maison habitée ? Je m’approchai de la maison la plus proche et frappai à la porte. N’obtenant pas de réponse, je frappai plus fort, tambourinant carrément sur le battant. Une fenêtre s’ouvrit à la volée à l’étage supérieure et une femme extrêmement pâle passa la tête. Elle tremblait de tous ses membres.

      -Fichez le camp ! Vous êtes fou ! Vous allez me faire avoir des ennuis ! Fuyez ! Fuyez !

      Et les volets claquèrent, avalant l’apparition brève d’une grosse femme avec des bigoudis fluos dans les cheveux. Je ne voulais jamais revoir une chose pareille… En tout cas, ce qu’elle venait de me dire m’avait fait réfléchir. Il se passait vraiment quelque chose de louche dans cette ville et l’évidence me sauta aux yeux. Il n’y a que dans la grande maison du bout de la rue que je pourrais trouver de quoi manger ! C’était ça la solution ! Je me mis donc à avancer au beau milieu de la rue en sifflotant. Tout s’arrangeait finalement ! A un coin de rue, alors que j’approchais, je vis une faible lueur qui éclairait le mur. L’intensité de la lumière s’accentuait à chaque pas. Quelqu’un approchait ! Cool !

      J’accélérai le pas, heureux de croiser enfin quelqu’un. Mais je fus soudain projeté contre le mur et une main vint se placer contre ma bouche, me forçant au silence. Mon agresseur courut en me trainant contre un des murs de la rue et s’accroupit derrière une caisse. Je voulus me débattre mais un coup de feu me fit me tenir tranquille. Un homme passa en courant perpendiculairement par rapport à la rue où je me trouvais, suivi très vite par une troupe d’hommes armés, portant des torches. Un second coup de feu, un cri. L’homme tomba à terre, emporté par son élan et roula sur quelques mètres avant de s’immobiliser. Je commençai à me débattre mais l’inconnu maintint fermement sa prise.


      -Chut ! Tais-toi, on ne peut plus rien pour lui ! Si on se fait repérer, on subira le même sort !

      Mais je n’avais pas l’intention de l’aider, enfin ! Je continuai à me débattre, car cet imbécile s’était assis sur mon pied et me tordait douloureusement la cheville. Se méprenant sur mes intentions, l’homme me frappa violemment la tête et je m’effondrai contre la pierre.

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        Le discours

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        -Gné ? Kékicépassé ?

        Je me réveillai douloureusement. L’arrière de ma tête me faisait affreusement mal. Au plafond, une lumière intense m’aveuglait, masquée par endroits par des visages inconnus qui m’observaient. Avec le contrejour, je ne discernais pas leurs visages.

        -Ca y est tu émerges, l’emplumé ?

        Je me redressai et me frottai les yeux pour essayer de reprendre mes esprits. J’étais dans une pièce dont les murs étaient en pierre grossièrement taillée. Il n’y avait aucune fenêtre et la seule source de lumière venait de la grosse ampoule jaune au plafond. Dans le petit espace qu’offrait la pièce, quatre gaillards m’encerclaient. Je leur fis un geste de la main pour qu’ils se poussent, mais ils ne bougèrent pas. Ils n’avaient pas l’air particulièrement amicaux.

        -Bon, tu vas peut-être nous dire ce que tu foutais dehors pendant le couvre-feu, mon gars ! Tu cherches à te faire buter ou quoi ? Tu voulais sauver ce pauvre gars, c’est tout à ton honneur, mais on ne peut pas se permettre de faire cavalier seul ! Les représailles sur les habitants seraient terribles !

        Mais qu’est ce qu’il me chantait, celui-là ? Je pigeais absolument rien à ce qu’il me baragouinait. La seule chose que je savais c’était que j’avais super mal au crâne et que cet interrogatoire n’aidait pas du tout. Mon estomac émit un gargouillement titanesque qui fit sursauter mes kidnappeurs. Ils se mirent à rire et m’expliquèrent qu’ils comprenaient. La faim avait tendance à pousser les citoyens les plus discrets à braver l’interdit pour survivre. Personnellement, je ne voyais pas ce que cela avait de drôle, mais ils m’apportèrent un sandwich thon/banane/chocolat/morue salée/champignons/petits lardons/lait concentré qui me fit le plus grand bien. Ce n’est qu’après l’avoir ingurgité que je me rendis compte que c’était absolument immonde, mais ils m’assurèrent qu’ils n’avaient plus que ce goût là en stock. En période de crise, on fait avec ce qu’on a.

        Rapidement, ils m’expliquèrent leur situation, et franchement, c’était pas la joie sur l’île. Nous étions sur Trililipoupouti, une île assez peu connue de North Blue. Une bande de méchants avait débarqué il y a plus de deux ans et depuis, les pirates imposaient leur règne de terreur. Ils tuaient régulièrement les vieux, violaient les femmes et mangeaient les pastèques ! Quand j’ai entendu ça et que j’ai compris que je ne pourrais pas avoir la moindre pastèque ici, j’ai vu rouge ! Depuis leur arrivée, les hommes et les femmes de l’île devaient retourner à leur maison à 20 heures et n’avaient plus le droit d’en sortir jusqu’au lendemain à neuf heures. Donc déjà, je risquai pas de faire la mégateuf en restant ici…

        Le problème, car tout ceci n’était pas vraiment un problème, pas pour moi en tout cas, c’est que j’entrais à présent dans leur plan. Apparemment, la venue d’un ange était un symbole pour eux. Le chef de la résistance me voyait comme « l’élu » ou un truc dans ce genre. Il a même essayé de me faire bouffer une pilule bleue, mais comme elle était dégueulasse, je l’ai recraché discrètement. L’idée c’était de profiter de mon arrivée pour envoyer un message fort. J’allais être leur leader et je devais remotiver les troupes de la résistance pour lancer une révolution de grande envergure. Ma tâche était de faire office de pilier, de point de référence. Je devais organiser entièrement l’attaque… Moi ! Moi qui n’avais rien demandé et qui n’avait rien à foutre de toute cette histoire. Mais les pirates avaient totalement bloqué les communications avec l’extérieur pour qu’on ne puisse pas appeler de l’aide et le port était complètement sous leur contrôle. En gros, si je voulais partir de cette île, il fallait botter des culs. Et en grande quantité !


        -T’as des questions ?
        -Ouais. Où vous avez trouvé un sandwich pareil ?
        -Des questions pertinentes, je veux dire !
        -Ha… ba non, j’en ai pas…

        Nan mais c’est vrai, ça existe pas un sandwich pareil… Une telle association de saveur ne peut sortir que d’un esprit dérangé… Par contre euh… Le coup de la remotivation des troupes, j’étais moyen chaud. Je venais à peine de débarquer et direct, il fallait que j’assume toute la responsabilité de la libération d’une île entière ! Ils sont mignons, les gars ! Mais visiblement, ils ne me laissaient pas le choix, voilà déjà qu’ils m’entraînaient par la manche et me faisaient parcourir toutes sortes de couloirs avant d’arriver dans une immense grotte. Là, des centaines de gens portant des capes étaient rassemblés dans un silence absolu. C’était hyper stressant !!! Ils faisaient peur !! Celui qui semblait être leur chef me fit monter sur une estrade et pris une sorte de… d’escargot dans la main. J’étais vraiment tombé chez les tarés je crois. Mais bizarrement, quand il a parlé dans l’escargot, sa voix s’est mise à résonner dans toute la grotte super fort. C’était bizarre !

        -Mes chers amis ! Le destin nous a envoyé un signe ! Un signe fort que le moment de nous révolter est enfin arrivé ! Un ANGE ! Oui, j’ai bien dit un ange ! Un ANGE est arrivé parmi nous et a bravé le couvre-feu pour tenter de sauver notre ami Bernard, tombé hier soir sous les balles des pirates qui nous oppriment. Je lui laisse maintenant la parole !

        Il me mit l’escargot dans la main et descendit de scène. Dégueulasse ! La bestiole me bavait carrément dans la main ! Mon regard se reporta sur la foule devant moi qui se mit à applaudir. Merde, fallait que je dise quoi ?

        -Euh… coucou.

        Gros bide. Merde, merde, fallait que je trouve un truc pour les encourager. Un truc, un truc. Bon ! Allez, je suis un ange, je suis génial, je peux tout faire !

        -Salut les humains ! Bon, d’après ce que j’ai compris, vous n’êtes pas super, super contents, hein ? Je me trompe ? Bon ! Mais maintenant je suis là ! Et je vais vous mener à la victoire ! Mais pour ça, j’aurais besoin de vous, de votre motivation, de vos forces ! Et de votre nourriture aussi, mais on en parlera après de ça. En tout cas, ces pirates sont sur vos terres, vous devez le leur reprendre ! Quand je vous vois là, tous debout et prêts à vous battre, je n’ose pas imaginer que ces pirates puissent vous tenir tête une minute ! Avec moi à vos cotés, on va leur botter le cul hors de la ville !

        Je me penchais discrètement vers celui qui m’avait amené ici tandis que les partisans applaudissaient. Chuchotant à son oreille, je lui demandais combien de pirates étaient en ce moment dans la ville. Ha ouais, quatre cent quand même. Hum… Et leur chef, Geoffroy Danldo est un pirate très puissant primé à plus de 30 millions de berrys. Ha…

        -Bon ! Rectifications ! En fait, je pense que pour une meilleure efficacité, il vaut mieux que je reste ici pour euh... mieux diriger les troupes ! Je vous promets de vous sortir de cette situation ! Vous avez peur pour vos femmes, pour vos familles, pour vos enfants ! HUMAINS !! ENSEMBLE NOUS SOMMES FORTS !! S’IL FAUT NOUS LEVER FACE A L’OPPRESSION, NOUS NOUS LEVERONS ! S’IL FAUT HURLER, NOUS HURLERONS ! S’IL FAUT NOUS BATTRE, NOUS NOUS BATTRONS ! ET S’IL FAUT MOURIR, VOUS MOURREZ !!

        Petit blanc… Suivi d’une véritable ovation, les gens applaudirent, sifflèrent, crièrent… C’était la cohue ! Je lâchai l’escargot et descendis de l’estrade. Même l'escargot semblait fortement ému. L’homme dont je ne connaissais toujours pas le nom me félicita par une tape dans le dos et me serra la main. Une petite larme coula le long de sa joue qu’il essuya discrètement. Putain, je m’étais vraiment fourré dans une sacrée merde…

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          Le discours


          Trois jours plus tard…

          Finalement, c’était pas si mal que ça le rôle de meneur de la révolution. En tant que « fin stratège », et pilier de la motivation du mouvement de rébellion, ma vie était beaucoup plus importante que celle des autres humains et je ne courais donc jamais le moindre risque. Comme j’avais vraiment beaucoup de mal à piger la situation, j’avais organisé des petites équipes que j’envoyais régulièrement aux quatre coins de la ville pour me ramener des informations. Pendant ce temps, une équipe féminine était chargée de me préparer des petits cocktails et de m’éventer avec des grandes feuilles de bananier. La chef d’équipe pratiquait ce qu’ils appelaient des « massages » au niveau de mes épaules et à la base des ailes. C’était tout simplement divin. Je me nourrissais de fruits qu’ils allaient me chercher à la surface et d’eau fraîche. Mais cessons de parler boulot, concentrons-nous sur les résultats.

          Le chef de la révolution, qui s’appelait finalement Ralph, mais que j’appellerai Titi parce que Ralph, c’est moche, m’avait obtenu une carte aérienne de la ville. Le bâtiment central était le QG des pirates et était donc le bâtiment le plus gardé. Il y avait des mecs sur le toit qui surveillaient tous les accès, nuit et jour. Je n’étais pas allé vérifier, mais vu que l’équipe que j’avais chargée de s’approcher de l’enceinte n’était pas revenue, j’en avais déduit qu’ils étaient plutôt bien armés. C’était coton. Des milices patrouillaient selon des chemins de ronde parfaitement déterminés et à heure fixe. C’était ça le plus gros problème en fait. On ne pouvait pas rester deux minutes dans la même rue sans croiser un groupe de pirates qui tire à vue sur toute personne ne respectant pas le couvre-feu. Il fallait donc être vachement préparé selon un itinéraire maîtrisé. Je claquai des doigts et une demoiselle m’amena du raisin, un fruit composé de plein de petites boules violettes sucrées. Bizarre comme présentation, je l’aurais pas fait comme ça moi, mais c’était bon. Une autre se mit à me masser la plante des pieds. Je profitai un peu de ça, avant de me rendre compte que ce n’était pas du tout pour ça que j’avais claqué des doigts.


          -Merci les filles, mais amenez moi Titi, faut que je lui parle. Quoique non, toi avec la feuille de bananier, va le chercher. Vous, continuez à me masser le temps qu’il arrive.

          Le gaillard ne fut pas long à arriver. Depuis mon arrivée, il buvait la moindre de mes paroles. Il y croyait vraiment à son délire d’élu. Je lui fis savoir qu’il était grand temps de réunir les gars car j’avais finalement mis un plan en place. Comme quoi, je ne faisais pas QUE glander. Un petit coup de clairon et une vingtaine de mecs en cape avec capuche accoururent. Heureusement qu’il faisait jour parce que le bruit de ce truc venait surement de résonner dans toute la ville. Je lui mis une calotte avant de me tourner vers les encapuchonnés. Chacun d’eux étaient responsables d’une équipe d’une dizaine de mecs, ce qui me faisait environ deux cent mecs sous mes ordres. Plutôt cool. Je leur exposai donc mon plan.

          Moi, accompagné d’une équipe de gros bras, je fous une branlée à un groupe de patrouille. On récupère leurs fringues et on se fait passer pour eux. S’ils étaient plus de quatre cents comme prévu, ils ne se connaissaient pas tous. Forcément. Enfin j’espère… Bref, je retourne dans le bâtiment central et je m’infiltre comme un as. Une fois à l’intérieur, je pourrais obtenir des informations sur les failles du système de surveillance, les angles morts et éventuellement, me faufiler jusqu’à Geoffroy Danldo pour le supprimer. En toute sincérité, cette option me plaisait vraiment moyennement car je me retrouverai démasqué au beau milieu de plusieurs centaines de pirates armés. Question de préférence, certes, mais j’aimais bien l’idée de rester en vie à la fin de l’opération.


          -Le temps que je récupère tout ça et que je fasse un petit peu de ménage, vous vous dispersez dans toute la ville et vous mettez le plus d’habitants possible au courant de la situation. Pour qu’on puisse venir à bout d’eux, il me faut absolument tous les citoyens sur le coup. Ils sont mieux armés que nous, il faut au moins qu’on soit supérieurs en nombre. Le couvre-feu commence à vingt heures. A minuit pile, je veux que vous vous rameniez tous devant la porte principale. De mon coté, je me démerde pour vous ouvrir la porte de l’intérieur de manière à ce que vous ne restiez pas sous les tirs des miradors. Vous entrez en masse, effet de surprise, et on les défonce. Oui, il y aura des pertes, mais on ne peut pas imaginer gagner contre quatre cents pirates armés sans en essuyer. Des questions ?

          Ils me regardaient avec des yeux éberlués. C’est sûr quand on n’est pas habitué, le génie à tendance à éblouir. Bon, évidemment, il restait quelques petits points à éclaircir pour être impeccables. Par exemple, pour éviter que l’alerte ne soit donnée trop tôt, il allait falloir se débarrasser de la totalité des rondes simultanément. Il allait falloir qu’une foule de près d’un millier de personne s’avance vers le bâtiment central sans lumière et sans bruit pour ne se faire repérer qu’au tout dernier moment. Il allait également falloir agir avant que le QG ne se rende compte que les rondes ne sont pas rentrées. Nous veillâmes tard pour mettre au point tous les petits détails. J’allais risquer ma peau dans cette histoire, il ne fallait pas qu’ils chient de leur coté… Un jeune que je n’avais encore jamais vu, du moins je crois, leva timidement la main et je lui fis signe de parler.

          -Ben voilà… Il y a un bruit qui court dans les rangs depuis votre arrivée. C’est vrai que vous avez mangé un sandwich thon/banane/chocolat/morue salée/champignons/petits lardons/lait concentré ?
          -Oui, c’est vrai. Mais je n’ai pas encore d’information à ce sujet. Dés que j’en saurais plus, vous serez les premiers au courant. Allez, au travail !

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            L'infiltration

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            Vingt heures…

            Nous avions notre plan d’attaque minutieusement calculé et un timing à préparer. Nous nous repérions à la grande horloge de l’église, visible depuis tout le village. Ainsi, nous étions tous synchronisés et l’opération ne pouvait que réussir. Surtout que c’était moi le chef, alors ça ne pouvait pas rater. Forcément ! Il était vingt heures et j’avais profité d’un instant où j’étais à l’abri des regards pour me cacher derrière une pile de tonneaux. Il y avait six gars avec moi, caché un peu partout sur la petite place avec une fontaine. Le couvre feu venait d’être déclaré.

            A vingt heures trente, une ronde passerait par ici et nous leur tomberions dessus en un éclair, les neutralisant avant qu’ils aient eu le temps de donner l’alerte. Ils ne devaient pas pouvoir tirer un seul coup de feu, même en l’air. Mes gars avaient été briefés et ils avaient l’air assez costauds. Ben ils avaient intérêt, parce qu’on n’avait pas le droit à l’erreur sur ce coup là… La population avait été mise au courant de l’opération durant la journée et la résistance m’assurait que le mouvement serait suivi en masse. Très bien ça. Le plan avait été calculé à la plume d’aile.

            Vingt et une heures. La ronde retourne au QG avec nous dedans. Je pénètre dans la base et commence à récolter des informations et un moyen d’ouvrir la grande porte. Je n’ai que trois heures devant moi. Une seconde troupe prend la relève de la patrouille.

            Vingt deux heures. La patrouille rentre, une autre part. Les habitants se tiennent près. Je devrais avoir finit de faire du repérage.

            Vingt-trois heures. La patrouille rentre, une autre repart. Les résistants se tiennent prêts à intervenir pour intercepter tous les groupes de patrouilles simultanément à 23h18. Un groupe à la fontaine, un à l’angle du square, un dans la rue principale et un dans la rue à l’est du village. L’attaque doit être totalement coordonnée pour éviter la moindre fuite qui nous ferait perdre tout l’effet de surprise. De mon coté, je devrais avoir trouvé les clefs.

            Minuit, les gens sont dans la rue, silencieux et invisibles. J’ouvre la porte en grand et ils chargent en vitesse pour éviter les tirs des gardes se trouvant sur le toit du bâtiment central. Une fois dedans, on explose tout !

            Voilà quel était le plan. Si tout le monde tenait son poste et ne faisait pas trop de merde, cela devrait être un succès.

            Ha ! Enfin on avait la ronde en visuel. Heureusement, ils se baladaient avec des torches, de telle sorte qu’on les voyait venir de très loin. En revanche, nous, dans l’ombre, nous étions très difficiles à repérer. Je levais la main discrètement pour que ces imbéciles ne foncent pas sans réfléchir sur nos cibles. On était sept, ils étaient cinq. Ca devrait aller. Je décrochais discrètement une balle et me déplaçai de façon à avoir un bon angle de tir. Lorsque le moment fut opportun, je fis signe aux mecs de foncer. La patrouille nous avait dépassés et nous pouvions sortir dans leur dos. Ma balle fusa et frappa le dernier des cinq à l’arrière de la tête. Son corps inanimé s’effondra, laissant s’échapper la torche. En un instant, tout devint noir et les quatre pirates se retournèrent, mais le temps que leurs yeux s’habituent à l’obscurité, les gaillards de la résistance leur étaient déjà tombé dessus à presque deux contre un. Propre, net, sans bavure. Nous tirâmes les corps inconscients des pirates derrière le fameux tas de tonneaux et les dépouillâmes de leurs vêtements. Je me chargeai de faire en sorte qu’ils ne se réveillent plus.


            -On est okay ! Mettez leurs fringues et en route, il faut pas qu’on prenne du retard sur le trajet.

            Les uniformes enfilés, nous reprîmes la ronde comme si de rien n’était. Les deux résistants en trop retournèrent avec les autres citoyens, attendant patiemment que l’heure soit venue. Nous arpentâmes exactement le même chemin que celui qu’aurait emprunté la véritable patrouille. Un signe de tête en croisant d’autres miliciens et le tour était joué. En nous déplaçant dans la ville, je pouvais vérifier que tout le monde était à son poste. Ils étaient tous très bien cachés, la plupart à l’intérieur même des habitations afin de ne pas violer le couvre-feu. Ce n’était vraiment pas le moment de se faire remarquer. On voyait des silhouettes derrière les vitres, on sentait les regards se poser sur nous et je sentais la pression de la responsabilité sur mes épaules s’appesantir de plus en plus.

            Lorsque vingt et une heures approcha, nous prîmes la direction du bâtiment central. La tension dans nos rangs était palpable. Si on était démasqué, je ne donnais pas chère de notre peau. Une fois devant la porte, je frappai fortement et avec assurance. Comme on dit chez nous, les anges : C’est au pied du mur que l’on voit le mieux le mur. Et là…. On le voyait vraiment bien quoi ! La porte s’ouvrit dans un grincement et un garde nous regarda rapidement avant de nous laisser entrer. Je déglutis difficilement et nous entrâmes…


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              Dans la gueule du loup


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              Vingt et une heure…

              Euh… Je dois bien admettre que je ne m’attendais pas à ça. Je pensais tomber dans un endroit sombre, enfumé, assez glauque avec des vieilles humaines soumises et vulgaires. Le genre d’orgie immonde où le sexe, l’alcool, la drogue, les armes et la violence s’entremêlent dans un brouhaha d’immondice. Mais en fait, pas du tout ! C’était carrément une méga fête de la mort ! Dés que la porte s’est ouverte, la musique nous a presque heurtés de plein fouet. Une réelle onde sonore nous a frappé si bien que je du faire un petit pas en arrière tant j’étais surpris. A l’intérieur, il y avait bien des filles, il y avait bien de l’alcool, il y avait bien des armes, mais… Je sais pas, c’était pas du tout comme je me l’imaginais.

              J’entrai et mes gars se dispersèrent. Les filles dansaient avec entrain autour de barres de fer pendant que les pirates picolaient en les regardant. Certains s’amusaient à jouer avec des cartes, d’autres avec des jetons… Il y en avait aussi qui s’amusaient à planter un couteau le plus vite possible entre leurs doigts. Vu les nombreuses tâches qui déclinaient le rouge sous toutes ses nuances, on n’avait pas que des gagnants dans le lot chez les pirates, hein ! Hahaha ! Un coup de feu me fit sursauter, suivi de nombreux rires gras. Genre « Mouahahahaha ! Salut bandes de moules ! ». Enfin, des conneries dans ce genre là quoi. Les mecs s’amusaient à tirer au revolver sur la bouteille en équilibre sur la tête d’un pauvre gars ! Il avait surement perdu un pari ou une partie de quelque chose.

              Je me mis à fureter entre les gens. Ils étaient vraiment nombreux ! Le coté positif, c’était que la plupart d’entre eux étaient totalement bourrés et que d’ici trois heures, ils ne seraient probablement plus en état de se battre. Négligemment, je prenais des bouteilles sur le bar et les déposais un petit peu partout, discrètement, de façon à les inciter à boire le plus possible.


              °°Enivrez vous les gars, buvez tout votre saoul, c’est ma tournée.°°


              Je savais que mes compagnons faisaient la même chose de leur coté. Lorsque je croisais une arme à feu, je la subtilisais pour la déposer dans un petit coin à l’abri des regards. Mais au bout d’une dizaine de minutes, je vis des regards insistants qui me suivaient. Je m’approchai alors du bar et pris une bouteille pour me fondre plus facilement dans la masse. Si je ne participais pas à l’ambiance générale, cela risquait d’être louche. Je m’assis donc à une table de jeu et pris une gorgée avant que l’on ne me distribue des cartes. Je n’avais pas la moindre idée de la façon dont on jouait à ce truc. On m’a donné deux cartes : une avec un unique gros carré rouge et une avec gros cœur au milieu. Je savais pas trop quoi faire. Ils ont commencé à mettre des jetons alors j’ai fait pareil. Des fois, je sais pas pourquoi, ils en ont rajouté, alors j’ai fait pareil, l’air de rien. Je repris une gorgée d’alcool et malencontreusement, je fis tomber une pile de jetons sur le milieu de la table, ce qui me valut des regards étranges de la part des autres joueurs.

              -Olé, voilà un joueur qu’à pas peur de se faire casser les genoux ! J’espère que t’es très riche ou que t’es sûr de toi, mon gars !
              -Ca… casser les genoux ? Pourquoi ??
              -Bah si tu mises plus que ce que tu as à payer mon gars, on n’va pas te laisser partir comme ça ! Tu connais la maison, hein !

              Bon, visiblement, j’étais dans la merde… La partie continua et ils posèrent des cartes sur la table. Il y avait des têtes d’humains et d’humaines qui étaient dessinées sur les cartes. Des sourires se dessinèrent sur le visage des autres joueurs. De toute façon, je ne pouvais pas perdre si je faisais tout exactement pareil que les autres joueurs. Au pire, il y aurait égalité ! Non ? Ca me semblait logique en tout cas. Les gars se mirent à discuter ensemble, en attendant que chacun joue son tour.

              -Hey ! T’as vu le boss aujourd’hui ?
              -Non, il est sorti. Il cherche toujours son putain de trésor. J’ai passé la journée à retourner la moitié de la plage encore hier. Je suis complètement mort. Je suis sûr que c’est du vent cette histoire. Sa fameuse carte, sortie d’on ne sait où, c’est devenu sa principale obsession.
              -Ouais, mais si c’est vrai, on va être riche mec !

              En disant cela, il avança une grosse pile de jetons au milieu du plateau ! Les autres le regardèrent avec un regard étrange.

              -T’as touché ta suite toi, hein ?
              -Ta gueule ! Si tu veux voir, tu payes !

              Les deux autres placèrent également une pile en me regardant. Je remarquai un léger coup de coude entre les trois adversaires. Ils s’étaient alliés contre moi les salauds ! Ils n’allaient pas s’en tirer comme ça ! Il y aurait égalité et puis je partirai jouer à autre chose. C’était naze ce jeu. J’avançai une pile également, de la même taille que les autres. Une autre carte arriva, une carte toute blanche avec une grosse feuille noire au milieu. Cette fois, le regard des autres fut moins confiant, ils avaient l’air un peu dégoutés. Mais moi, j’aurais bien aimé en savoir plus à propos de ce trésor ! Il faudrait que j’aille interroger d’autres personnes. Cette fois, ils mirent tous la totalité de leur jeton au milieu de la table. Je ne réfléchis même pas et je fis la même chose. Je comprenais de moins en moins ce jeu. Ca s’arrêtait quand ?

              -T’as des cojones, faut l’admettre. Fait voir tes cartes !

              Il me montra les siennes avec un sourire. « Suite royale » m’annonça-t-il avec un sourire. Je montrai mes cartes et il rigola en disant « Brelan d’as ! Pas mal mais pas suffisant ! ». Les deux autres n’avaient visiblement rien d’intéressant à dire, jetant leurs cartes sans les montrer. Une dernière carte fut posée et je vis une carte toute blanche avec un gros point noir un peu pointu au milieu. Gros silence… Le pirate s’énerva d’un coup et souleva la table en gueulant ! Les jetons volèrent dans tous les sens et il s’avança vers moi ! Mais il retint son poing et s’en alla, frustré, en me jetant une liasse de billets à la gueule. Waouh ! Pas tout compris mais… Je ne m’en sortais pas si mal, en fait ! Héhéhé !

              Je me relevais et repris mon petit tour. Il fallait que je trouve un moyen d’ouvrir la porte et que je localise le boss, Geoffroy Danldo. Le meilleur moyen de le savoir, c’était encore de demander. Je m’approchai d’un mec encore à peu près sobre.


              -Hey ! Tu sais où il est le boss ?
              -Ouais, dans son bureau. Il est rentré tout à l’heure.
              -Okay… Et il est où son bureau ?

              Il me regarda bizarrement et se leva sans me lâcher des yeux. D’autres se levèrent autour de moi. Je fis un tour sur moi-même, jetant des regards inquiets à 360°. Ils avaient l’air tous très mécontents. Je remarquai ceux qui avaient perdu contre moi.

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              -Comment tu peux ne pas savoir où est le bureau du boss, toi, hein ?
              -T’es qui, enfoiré ?!
              -AMMENEZ LE MOI !

              Tout le monde se tu et se retourna vers l’homme qui venait d’arriver. Pas besoin de poser la question… C’était Geoffroy. Merde…

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                L'évasion

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                Vingt trois heures…

                Putain… Je m’étais fait repérer comme un con. Moi qui avais peur que le plan capote à cause des autres, voilà que c’était moi qui avais déconné. Comme si j’allais pouvoir faire quoique ce soit depuis ma cellule. La porte allait rester fermée, les citoyens allaient s’amasser devant la porte et se faire abattre comme des lapins. Aucun survivant chez les civils, aucune victime chez les pirates. Bravo James ! Beau score ! Ha tu peux être fier de toi ! Putain, mais sérieusement ! Il fallait absolument que je rattrape le coup, que je trouve quelque chose ! Je tambourinai sur la porte en hurlant :


                - Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Je suis des vôtres, bande de cons !

                Bien évidemment, pas la moindre réaction. J’étais complètement impuissant. Ils m’avaient pourtant laissé ma batte, bien cachée dans mon dos entre mes ailes. Mais même avec mon arme fétiche, il était impensable de pouvoir péter la lourde porte en fer avec une batte en bois. Dans le doute, j’essayai quand même mais le coup ne fut récompensé que par une violente vibration qui me remonta le long des bras pour finir par me secouer le cerveau. C’était totalement inutile… Je remis ma batte dans mon dos et attendis, accroupi dans un coin, de voir ce que me réservaient les pirates. Je laissai mon esprit vagabonder, à moitié endormi, à moitié en méditation. Le loup que j’avais rencontré sur l’île du karaté m’apparut. Même si c’était toujours aussi impressionnant, je n’éprouvais pas de peur. Ce loup m’était familier, c’était… moi.

                -James, ne perds pas espoir.
                -Mais je suis enfermé ! J’ai foiré mon coup !
                -Mais non, t’inquiètes ! Pour une fois que tu fais un truc bien de tes mains, le destin va aller dans ton sens !
                -Mais je…
                -Ta gueule ! Quelqu’un vient !

                Mon totem disparut dans un nuage de fumée et je sortis de ma somnolence au moment où le bruit d’une clef tournant dans la serrure retentit. La porte s’ouvrit en grinçant et un gros malabar me fit signe de sortir. Quand je dis « malabar », je veux dire mec musclé, hein ? Pas un truc à mâcher ou… Enfin bref, je le suivis. L’homme me dit que le « boss » voulait me voir. Ben ça tombait plutôt bien, j’avais deux trois choses à lui dire moi aussi. Nous suivîmes un couloir très richement décoré qui nous emmena vers une lourde porte en bois très massive. Mon odorat me fit savoir qu’il n’y avait personne d’autres que nous à l’étage. La porte s’ouvrit et l’homme me poussa dans le dos pour me faire avancer. Geoffroy Danlo m’attendait, derrière son bureau, un chat persan sur les genoux. L’homme de main avait visiblement sentit ma batte en me poussant car il la sortit de mon dos et la garda. Merde… Il y avait un feu de cheminée qui brûlait et une peau d’ours sur le sol. Quitte à donner dans le cliché, autant aller jusqu’au bout. Il fit pivoter son fauteuil pour me tourner le dos et se remit face à moi parce que faire pivoter son fauteuil, c’était vachement classe. Il avait vraiment une tête de con, lui. Des toutes petites moustaches pointues, comme le chat de Sören, des lunettes rondes et noires comme Lary Cover, un camarade d’enfance et une grande touffe de cheveux à l’arrière de la tête.

                -Bien, bien, bien… Alors c’est toi. Tu n’es pas un pirate à ma solde que je sache. J’ai une bonne mémoire des visages et je suis certain de ne jamais t’avoir engagé. Tu prétends être des nôtres, c’est possible. Ce serait donc un de mes subordonnées qui t’aurait trouvé. Peux-tu me dire qui ?
                -Heu… Oui, c’est l’autre là…

                Je regardai un peu partout autour de moi pour trouver une échappatoire. Mon regard tomba sur un chandelier en métal qui semblait assez lourd. Une bougie allumée y trônait. L’autre garde était toujours derrière moi. Je levai les yeux et vis un lustre qui vacillait juste au dessus du fauteuil où Geoffroy Danldo était assis. Une corde tenait ce lustre d’un coté et était accrochée à un rebord de la lourde bibliothèque de l’autre. Il ne me fallut que quelques secondes pour que ces éléments ne s’assemblent dans mon esprit. Génial !

                -Lustre Chandelier ! C’est lui qui m’a engagé !

                Le boss me regarda pendant quelques secondes, puis éclata de rire en caressant son chat.

                -Allez, virez moi ce guignol ! On l’exécutera sur la place publique demain. Ca mettra un peu d’ambiance.

                Le garde m’attrapa par les ailes et me fit faire un demi-tour avant de me faire avancer. Juste avant de partir, je remarquai un dossier rempli de feuilles posé sur le bureau de Geoffroy. Il était inscrit en noir « Top secret : Sandwich thon/banane/chocolat/morue salée/champignons/petits lardons/lait concentré ». Le chef des pirates s’empressa de faire disparaître le document lorsqu’il vit mon regard se poser dessus. Je savais que cela cachait quelque chose de louche ! La porte claqua derrière nous et nous nous retrouvâmes dans le couloir. Dans un silence de mort, le chemin qui menait au cachot me semblait infiniment long. Putain… Ils allaient me buter sur la place publique, mais toute la population allait être décimée ce soir à minuit… Quelle ironie ! Une exécution en public mais sans aucun spectateur car ils seront déjà morts, eux aussi.

                J’avançai et m’assis sur le lit, sans aucune motivation. J’étais tel un zombie, avançant sans réfléchir et avec un encéphalogramme à la limite du plat. Mais un claquement sec contre le sol me fit sursauter et reprendre mes esprits. Ce son, je l’aurais reconnu entre mille ! C’était ma batte qui rebondissait contre le sol. Mon gardien venait de me la rendre et me fit un clin d’œil. Ce n’est qu’alors que je reconnus celui qui me trimballait depuis le début. Il était avec moi, un des résistants qui avait pénétré le bâtiment à mes cotés. Il referma la porte derrière lui et j’entendis la serrure se verrouiller. Je ne compris pas au début et me levai pour ramasser ma batte bien aimée. Je vis soudain la tête de la clef qui dépassait de sous la porte. Je fonçai et m’affalai contre le sol pour récupérer l’objet de ma liberté. Je m’éclatai légèrement les doigts contre la pierre mais parvins à la récupérer après quelques minutes de raclage. J’allais pouvoir jouer mon rôle !


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                  La baston générale

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                  Vingt trois heures quarante cinq…

                  Le temps était venu. Par la fenêtre de ma cellule, je voyais déjà les citoyens qui attendaient impatiemment que l’heure soit venue de charger. Ils étaient énormément ! Tout le monde avait visiblement répondu présent à l’appel. On ne pouvait pas se permettre de chier maintenant que tout était sur le point de basculer en notre faveur. Je fis quelques pronostiques. Vu le taux d’alcoolémie qu’il y avait tout à l’heure, cela devait être insoutenable à présent chez les pirates. Si mes gars avaient continué le boulot, il ne devait plus y avoir grand monde de debout et d’encore opérationnel. Je fis glisser la clef le plus silencieusement possible dans la serrure et la fit tourner. Malgré mes précautions, un grincement strident se fit entendre quand la porte en métal tourna sur ses gonds rouillés. L’instant d’après, un pirate à moitié endormi apparut dans le couloir et écarquilla les yeux en me voyant dehors.


                  -Hey ! Mais qu’est ce que tu fais là toi ?

                  Un instant plus tard, ma batte avait un petit renfoncement de plus sur sa magnifique ligne et le mec dormait tranquillement dans ma cellule. Je l’avais allongé sur le lit, de dos, de façon à ce que si quelqu’un regarde par la petite fenêtre de la porte, il voit un individu et pense que c’est moi. Malin, hein ? Ouais, je sais. N’est pas James qui veut, après tout ! Pour que tout soit vraiment parfait, il aurait fallut que je trouve une énorme quantité de riz, que je le cuise légèrement trop pour qu’il colle, que je modèle des ailes en riz et que je les laisse sécher dans le dos de gardien assommé. Ainsi, l’illusion aurait été véritablement parfaite. Mais je n’avais pas de riz, laissons tomber.

                  Chance, je connaissais à présent le chemin pour me déplacer tranquillement dans l’immense bâtiment. Je retournai directement dans le hall principal où l’ambiance avait fortement diminué en quelques heures. La plupart des brigands roupillaient dans des positions absurdes, certains même dans une flaque de vomi. Le leur ou pas, c’était une autre histoire. De nombreux pirates n’étaient plus là, sûrement partis cuver leur alcool dans une des nombreuses chambres qu’offrait le manoir. Seuls quelques survivants étaient encore debout, jouant calmement aux cartes. Je ne voyais aucune arme à feu, et seulement quelques sabres. Je m’approchai discrètement de la porte principale et tentai de l’ouvrir, mais elle était évidemment fermée à clef. Un coup d’œil par la fenêtre me permit de voir qu’il ne me restait plus que quatre minutes avant que la charge ne se lance.

                  Je devais faire quelque chose. Je me mis à ramper parmi les corps endormis à la recherche de celui qui nous avait ouvert la porte quelques heures auparavant. Facile à reconnaître, il portait une grande cicatrice au milieu du visage. Mais pour vérifier cela, je devais en retourner certains qui étaient tombés ivres morts, face contre sol. Je me mis à fouiller énergiquement, assommant de temps à autre un pirate qui se réveillait à mon contact. Je finis par reconnaître mon homme. Il avait l’arcade droite explosée et le visage mouillé. Je diagnostiquai une bouteille éclatée sur le haut du crâne. En lui faisant les poches, je trouvai un trousseau de lourdes clefs qui fit un bruit du tonnerre lorsque je le sortis de sa poche. Les pirates encore éveillés se retournèrent. Immobile, j’attendis patiemment que leurs regards retournent sur les cartes avant de me lever et de me précipiter vers la porte. Je me fis évidemment voir, mais je n’avais plus de temps.


                  -Hey toi ! Qu’est ce que tu fais ?!


                  Les cloches de l’église commencèrent à sonner. La charge débutait ! Farfouillant dans le trousseau, j’essayai toutes les clefs à toute vitesse, pris de panique. Un hurlement retentit à l’extérieur et un coup de feu résonna au dessus de nous. Putain, putain, putain ! C’était laquelle ? Bordel ! Pas celle-là ! Pas celle-là ! Arghhh !!! Les pirates s’étaient levés et commençaient à courir vers moi ! Derrière la porte, un grand choc, puis d’autres. Des coups de feu ! Des cris ! Mais où était cette putain de clef ?! Et pourquoi un trousseau avec autant de clefs, bordel ?! Les pirates se réveillaient autour de moi, surpris par l’agitation et le boucan ! Les pirates n’étaient plus qu’à quelques mètres de moi. Heureusement que les corps au sol ralentissaient leur progression. Ils arrivaient ! Bordel, encore un coup de feu dehors ! La clef rentra dans la serrure, je la tournai et les deux portes s’ouvrirent à la volée !

                  Je me fis littéralement piétiner pendant qu’une véritable foule en colère déboulait dans le bâtiment, fourche et couteaux de cuisine au poing. C’était un véritable capharnaüm qui se forma alors autour de moi ! Je tendis mes bras pour me relever mais une chaussure m’écrasa le nez au sol. Ce n’est qu’après le troisième essai que je parvins à me remettre debout et à foncer dans la bataille. Difficile de vous expliquer comment tout cela se déroula tant la confusion était omniprésente. Pour faire un bref résumé : des coups, du sang, du vomi (tant d’agitation au réveil d’une cuite, ça fait des dégâts) et des trucs cassés. Mais moi, mon objectif était tout autre. Il fallait que je trouve Geoffroy Danldo avant qu’il ne s’échappe, que je le capture et que je lui subtilise son dossier secret. Je devais absolument tirer cette affaire au clair ! Ce sandwich n’avait rien à faire ici. Comment ce Danldo en avait-il eu connaissance ? Et pourquoi était-il entre les mains de la résistance ? Et pourquoi me l’avoir fait manger, à moi ?! Je devais savoir !

                  A grands coups de batte, je me frayai un chemin parmi les combattants, ne sachant pas exactement sur qui je tapais. Il finit enfin par arriver, alerté par le raffut infernal qui régnait à présent dans le manoir qui était encore si calme six minutes plus tôt. Son visage transpirait le mépris et le dégoût. Il n’avait pas l’air de bien aimer la castagne le père Danldo ! Je fonçai dans sa direction, bien décidé à ne pas le laisser s’en tirer comme ça. Lorsqu’il me vit, il sembla pris de panique et fit demi-tour pour aller s’enfermer dans son bureau. Il ne me fallut pas longtemps pour venir à bout de la porte en bois, mais lorsque j’arrivai dans le bureau, il avait disparu, ne laissant que son grand manteau au sol. La fenêtre était grande ouverte et le rideau s’engouffrait mollement dans la pièce, poussé par un vent paisible. Mon premier réflexe fut de chercher le dossier secret, mais celui-ci avait également disparu.


                  -Enfoiré…

                  Je sautai par la fenêtre et eus tout juste le temps de voir sa silhouette caractéristique disparaître au coin de la rue principale. Un sprint plus tard, je le vis courir, maintenant sa vitesse avec difficulté. Malgré la distance qui nous séparait, je pouvais entendre son souffle rauque et gras de bourgeois fatigué. A force de se faire servir, on perd en capacité physique, hein ? Main gauche, balle, batte, tir, tête. La balle le percuta dans la nuque, le faisant trébucher. Il se retourna et nous sûmes tout deux que le véritable affrontement allait commencer dés à présent.

                  El Liberator De La Mortadella!  Thug-v-guard_imagesia-com_589i_large
                    Tu aurais dû te méfier.
                    Les choses n'étaient jamais ce qu'il paraissait.
                    Sauf que dans le cas Geoffroy Danldo, on pouvait se poser quelques questions.

                    De prime abord, les apparences sont contre lui ; petit, grassouillet et futur gros et grisonnant, il a des manières théâtrales dignes des meilleures séries B. Pourtant, il est le chef d'une bande de gros bras approchant le numéraire de demi-millier, et autant de neurones à eux tous réunis. Or, s'il était faible, nul doute qu'un vent d'émancipation aurait un jour ou l'autre soufflé chez l'un d'entre eux, et le cycle de la vie aurait opéré, faisant que ce qui est, était. Le constat était que Danldo restait à la tête de son groupe malgré tout.

                    Il s'était relevé, un peu pataud, comme un chiot avec des trop grosses paluches, ne sachant que faire de lui-même. Il te regardai, l'air fébrile et les mains tremblotantes. Mais était-ce un jeu pour lui ? N'avais-tu pas l'impression qu'il était en train d'évaluer les distances entre toi et les bâtiments ? N'était-ce pas des rouages de calculs et d'hypothèses qui résonnaient malgré le brouhaha ambiant ?
                    Il fit quelques pas en arrière, puis décidant qu'il n'avait aucune chance de semer, tenta de négocier.
                    - « Allons, allons. Tu sembles plus débrouillard que les autres. Je vois que je m'étais trompé en te prenant pour un cruchon, mais voilà... Tu es plein de ressources et ça serait bête de ne pas en profiter. Et si nous nous associons ? Un jour, je te laisserai la place de chef et entre temps, 50-50 ? On ne peut pas dire que c'est une offre de radin, hein ?  »
                    Il reculait toujours, petit pas par petit pas, avec des glissades sur le côté de temps à autre. Manifestement, il attendait une réponse positive de ta part, mais qu'il n'était pas totalement sûr de ta réaction...
                      Les pourparlers

                      Cette sale larve ne méritait définitivement que le mépris. Il avait fuit comme le dernier des lâches, laissant tous ses hommes se faire tuer sans le moindre regard en arrière. Il savait qu’il était riche et qu’il pouvait en engager d’autre, aller s’implanter autre part, sur une autre île, martyriser une autre population et recommencer sa vie de tyran. Mais maintenant, il savait que je n’allais pas le laisser partir. Je ne m’étais pas emmerdé à mettre au point un plan de plusieurs semaines pour que ma proie ne me file entre les doigts. Surtout une proie qui valait autant de pognon !

                      Ce chien était à genoux, les mains plaquées contre le sol pour essayer de reprendre son souffle. De grosses gouttes de sueur coulaient le long de ses tempes. Il avait levé le visage vers moi et me fixait avec une haine que je pouvais presque sentir physiquement. °°Hé oui, je sais, c’est dur, mais c’est la vie. Toutes les bonnes choses ont une fin. °° Je m’étais saisi d’une nouvelle balle et la faisais sauter lentement dans le creux de ma main. Au moindre mouvement brusque, je me tenais prêt à la lui envoyer en pleine tronche. Après tout, j’aurais tout autant apprécié qu’il se rende. Ca m’aurait évité d’avoir à courir partout. Mais la manière forte ne m’avait encore jamais posé le moindre problème, il n’y avait pas de raison à ce que cela change pour ce gros tas de saindoux.

                      Il finit par se relever, visiblement un petit peu calmé et se mit à regarder frénétiquement autour de lui, avec l’air de réfléchir très intensément. Il cherchait probablement une idée pour s’en sortir, un truc, une issue. Enfin quelque chose. Mais c’était peine perdue. J’avais étudié la carte de la ville jusqu’à l’apprendre par cœur. Il n’y avait qu’une seule issue et je m’y trouvais actuellement.


                      -Ne cherche pas à t’enfuir. Tu n’as que deux choix. Te rendre ou m’affronter. Je ne te cache pas que la deuxième proposition m’amuserait beaucoup.

                      D’un geste rapide comme l’éclair, je dégainai ma batte et frappai la balle avant qu’elle n’ait eu le temps de redescendre. La sphère lui passa à quelques millimètres de l’oreille, faisant vrombir l’air jusqu’à son tympan. C’était important d’impressionner son adversaire. La confiance en soi était une vraie force lors d’un duel. Derrière nous, des bruits de lames qui s’entrechoquent et des coups de feu se faisaient entendre, mais nous étions loin. Très loin. Il n’y avait plus que lui. Et moi.

                      Le chef des pirates sembla se calmer, pris une légère inspiration et me déclara tout de go :


                      -Allons, allons. Tu sembles plus débrouillard que les autres. Je vois que je m'étais trompé en te prenant pour un cruchon, mais voilà... Tu es plein de ressources et ça serait bête de ne pas en profiter. Et si nous nous associons ? Un jour, je te laisserai la place de chef et entre temps, 50-50 ? On ne peut pas dire que c'est une offre de radin, hein ?

                      Moi ? Devenir le chef ? Faire 50-50 avec cette enflure ? C’était alléchant, il avait l’air de se faire beaucoup d’argent. Et puis… J’étais un ange. Un très bel ange, même. C’était normal que je me retrouve à dominer des êtres humains. On pourrait même dire qu’il s’agissait de ma destinée après tout. Je baissai ma batte et m’approchai de lui.

                      -Ca me rapporterait combien ? Je te préviens, si je me débrouille pour calmer tous les citoyens, je vais te demander plus que 50-50. Car ce serait entièrement grâce à moi que tu parviendrais à maintenir ton gros cul dégueulasse sur ton trône.

                      Je n’étais plus qu’à quelques mètres de lui quand je m’arrêtai. Quel crétin… J’étais un chasseur de prime à présent et lorsque l’on m’avait donné mon accréditation, on m’avait également fourni la totalité des affiches des pirates primés. M’étonnerait beaucoup que ce charlatan puisse me donner plus que la prime dont il était l’objet. Dix-huit millions de berrys. De quoi faire rêver, non ? Je ne pus réprimer un sourire face à l’absurdité de la situation. Un homme valant dix-huit millions de berrys mort ou vif me proposait de m’associer pour diriger la moitié d’une armée qui était en train d’être tout bonnement anéantie par mes soins. Je pris une balle et fis tourner ma batte pour m’échauffer le poignet.

                      -Crétin… Je sais le sort tu réserves à ceux qui te font confiance. Je t’ai vu faire. Et j’ai mon honneur et un ami à rejoindre. Ta proposition… est déclinée ! IT’S RAINING MEN !!!

                      A une distance aussi proche et avec une cible aussi grosse, je ne pouvais tout bonnement pas rater mon coup. Les balles se mirent à fuser à la vitesse d’une sulfateuse. Je n’avais presque pas besoin de viser. Nous étions dans une impasse. Les balles qui ne le touchaient pas rebondissaient derrière lui et sur les cotés. Il allait apprendre ce qu’était le jugement de l’ange !


                      Dernière édition par James Fermal le Jeu 6 Juin 2013 - 22:32, édité 1 fois
                        Nan, mais tu aurais dû te méfier. Vraiment tu n'y mets pas du tien. J'allais dire « tu es trop gentil », mais ça se voit à ta tronche, que tu n'es pas gentil. Et le Geoffroy Danldo, il a peut-être beaucoup de défauts, mais il n'est pas aveugle. Et il n'est pas bête. Du coup, tu aurais dû flairer l'embrouille dans son discours. Non, mais quel méchant digne de ce nom, qui te sort le grand jeu du fauteuil pivot avec le chat sur les genoux, se la ramène en mode larve au premier coup ? Et partager 50-50 ? Il aurait dû commencer par du 70-30. Non, c'était trop beau pour être honnête, et justement, Danldo n'est pas honnête.

                        C'est toute la différence entre la pratique et la théorie.
                        En théorie, ton attaque est imparable.
                        En théorie, tu connais la ville par cœur et on est dans une impasse.

                        En pratique, tu as passé les derniers jours le cul sur un coussin à te faire faire des pédicures à l'ombre d'une feuille de bananier, et en pratique, tu ne connais pas grand chose de l'homme et de la situation.

                        Ne voilà pas que dans un mouvement que tu n'avais pas calculé, il dégaine avant toi deux revolvers que tu n'avais jamais remarqué – le chat distrait et focalise l'attention sur les genoux, par sur les hanches – et ne voilà-t-il pas qu'il décharge presque deux fois un videur en ta direction.
                        Et ne voilà-t-il pas qu'il danse et tourbillonne, évitant la plupart de tes balles, avant de se jeter sur le côté, à travers une vitre. Tu peux l'entendre qu'il se carapate à travers le bâtiment, et nul doute qu'il va ressortir de l'autre côté, dans la rue, animée par la foule en délire. Un endroit idéal pour se cacher et t'échapper.
                          La traque

                          Fallait l’admettre, cet enfoiré m’avait bien eu. Je m’étais douté pendant un instant que c’était trop facile, que son comportement n’était pas normal. Alors que je tirais mes balles, lui tirait les siennes. Mais les siennes étaient bien plus dangereuses. Et dire que dans la frénésie du moment, je ne m’en étais même pas rendu compte. Je n’avais entendu qu’un violente déflagration que j’avais mise sur le compte du baroufe qui régnait dans le manoir. Si seulement cela avait été le cas. Mais la vérité, était que ce gros lard était doué d’une rapidité extraordinaire. Esquives, roulades, torsions, sauts… Ce salaud se mouvait comme un chat et ne fut atteint que par quelques uns de mes lancers. Et sa dextérité ! Je ne l’avais tout simplement pas vu dégainer et vider son chargeur. Pourtant, à en juger par la vue du sang qui s’écoulait de mon épaule gauche, il avait bien du tirer à un moment donné.

                          Ce n’est que quelques secondes après que je ressentis une violente douleur. Mais pas que à l’épaule. Il m’avait touché au flanc aussi. Merde ! Mais quel enculé ! Comment pouvait-il mouvoir une bedaine aussi imposante plus rapidement que je ne déplace mon cœur merveilleusement sculpté et plein de tonus ? C’était incroyable, ça ! En attendant, il avait traversé une vitre d’une des habitations et avait commencé à s’enfuir. Ha… Quand on apprend un plan de la ville par cœur, c’est vu d’au dessus. Je n’avais pas prévu le coup de fenêtres…

                          Je n’avais plus le choix, il fallait déclencher la partie B du plan plus tôt que prévu. Il ne fallait pas que cette enflure se fasse la malle. Ni la valise d’ailleurs ! Il devait rester ici ! Me tenant cette saleté d’épaule qui me lançait terriblement, je montai à toute vitesse un escalier de secours pour tenter de le repérer. J’eu juste le temps de voir son gros cul tourner au coin d’une ruelle. Mais où il essayait d'aller comme ça?


                          -Hoooo non mon gros, tu ne vas pas t'en sortir aussi facilement! Tous les habitants de cette île cherchent à te buter… Hinhinhin, tu vas voir !

                          Je sortis un sifflet de ma poche et le fis retentir de toutes mes forces. Le son strident se répercuta contre tous les murs de la ville et l’écho prit le relais. Le vacarme des combats cessa l’espace d’un instant suivi immédiatement des hurlements d’une foule en colère. L’honneur d’être à l’origine de ce plan ne me revenait pas. C’était le chef de la révolution qui y avait pensé. Après l’assaut de la résidence, certains pirates essaieraient de s’enfuir. Je devais alors siffler pour amener les habitants à sortir pour les attraper. Nous ne devions en laisser aucun filer. Mais maintenant, j’avais une urgence a réglé. Il fallait savoir s’adapter dans la vie.

                          Une véritable foule sortit de la résidence principale, tandis qu’un petit groupe se chargeait d’achever les quelques pirates qui résistaient ou se planquaient. Vu leur état, cela avait été un véritable massacre ! Les habitants hurlaient et frappaient les armes de misère contre les murs ! Des flambeaux, des coups de feu tirés en l’air, des chiens qui grognent. C’était une véritable battue qui se mettait en place. Les armes à feu des pirates vaincus avaient été récupérées par les anciens réprimés qui comptaient bien s’en servir.


                          -Par là ! Il est parti par là ! Choppez-le !!

                          Du haut de mon toit, je pouvais voir Danldo. Enfin pas dans le mien… L’autre là, le pourri. Et je pouvais gérer les groupes de citoyens à ma guise. On n’allait pas tarder à le chopper. Un groupe se sépara de la foule pour aller se poster à l’unique entrée de la ville. C’était bien dans le principe ais de toute façon… On était sur une île, il ne pouvait pas franchement s’enfuir. Quoique… Il allait falloir penser à sécuriser le port aussi. Si le porc atteint le port, c’est mort ! Mais il n’y avait pas encore de quoi s’inquiéter pour le moment. Il était là, je pouvais le suivre en sautant de toit en toit. Le seul souci, c’était de ne pas le perdre de vue. Mais ma hanche me faisait vachement souffrir, je ne pouvais pas faire trop de cabrioles. Je m’arrêtai un instant, déchirai la manche de ma chemise avec dégoût. Ma super chemise… J’en avais pas d’autres en plus ! Enfin, je nouai le morceau de tissu bien serré au niveau de mon épaule car je laissais derrière moi une traînée de sang assez conséquente. Je suis pas médecin, mais je crois bien qu’au bout d’un moment on meurt.

                          -Bon ! On en était où ? Euh…

                          Je n’avais aucune idée de l’endroit où il était parti. Comment est-ce que j'avais pu être assez con pour le quitter des yeux? Ha oui, c'est vrai, je me vidais de mon sang. Bon, admettons. Mais maintenant, il fallait le retrouver! Je me penchai par dessus la rue pour pouvoir m'adresser à mes pions. Au sens affectueux du terme. Un tir me frôla les cheveux.

                          -Hey abruti! C'est moi!
                          -Oups! Pardon l'ange. J'ai cru que c'était Danldo. Il est où?
                          -J'en sais rien! Séparez vous pour couvrir le plus de terrain possible! Et rejoignez les issus en priorité! L'entrée de la ville et le port. Il ne doit en aucun cas s'échapper! Le premier qui le trouve tire. Sur lui de préférence mais au moins, les autres rappliqueront! Compris? Au moindre coup de feu, vous rappliquez tous! Donc ne tirez pas dans le vent, hein!

                          Comme ça, si Danldo essayait d'user de ses revolvers, il se verrait rapidement encerclé, héhé! J'aimais vraiment beaucoup être un génie. Sautant de toit en toit, je cherchais ce gros lard sans en voir la moindre trace. Je m'arrêtai une seconde et entendit un bruit de pas rapide et lourd loin devant moi. Merde! Il fallait que je le choppe. Le temps que les civils ne se bougent, il serait déjà parti. Je courus le plus rapidement possible, malgré la douleur lancinante. Je le voyais maintenant! Fallait vraiment tout faire soi-même ici! Je ne pouvais plus utiliser mon bras gauche pour lancer des balles. Ca allait devoir se régler à la castagne directement. Sans réfléchir, comme à mon habitude, je sautai directement du toit, batte au poing, prêt à lui atterrir directement sur le haut du crâne. Je devais le stopper dans sa course à tout prix.

                          Arrivé à mi parcours entre le haut du bâtiment et le sol, je me rendis compte que c’était quand même… Vachement haut !



                          Dernière édition par James Fermal le Jeu 6 Juin 2013 - 22:32, édité 2 fois
                              Vue panoramique sur le monde, qui tournoie avec grâce et élégance autour de toi. Tu te sens... libre. Tu te sens invincible... Le monde est à toi et toi, tu peux le prendre dans ta main. Tu sais que tu le peux, en tendant les doigts, tu vois la masse du manoir réduite à une taille d'une tasse de café. La tasse du café, tu sais que tu peux la tenir. Et puis, c'est drôlement bon, le café. C'est chaud et goulu, surtout s'il est corsé , mais c'est encore mieux si on y verse une ch'tite larmichette d'alcool, comme du whisky ou du rhum. Ceci dit, faut faire attention, par ce que ça brûle le rhum. Ouais, ça fait des bonnes crêpes suzette, le rhum. Tu ne sais pas qui est Suzette, mais tu te ferais bien un café et une crêpe, ça serait sympa de faire une pause goûter, avec les copains, et regarder le feu de joie.

                              Gné ?
                              Quel feu de joie ?

                              FROUUUUM !

                              C'est le manoir qui vient de s'embraser. Un des gorilles a décidé que le combat ne tournait pas en leur faveur, et quitte à partir, autant partir avec forces et fracas. Il a recours aux grands moyens et il n'y va pas avec le dos de la cuiller. Une p'tite bombe artisanale, histoire de prouver qu'il est un mec, un vrai, un dur.
                              Avec les flammes avides qui déjà lèchent la façade du bâtiment, des explosions retentissent, au fur et à mesure que les cartouchières explosent. Des filaments s'envolent et l’espace d'un instant, c'est tout le feu qui est strié de comètes. C'est beau.

                              C'est surtout très dangereux.

                              Les bâtiments les plus proches du manoir prennent feu à leur tour, et là, c'est la débandade.
                              Les gens de l'île veulent leur liberté, mais à quoi ça sert la liberté, si on n'a pas moyen de l'apprécier. Tout ce qu'ils ont, c'est ces maisons et leur contenu, des meubles de bois, des habits faits main, des draps tissés par grand-mère et transmis de génération en génération. Ces maisons, ça paraît ne pas être beaucoup, mais c'est tout ce qu'ils ont.
                              Et cette nuit ne sera pas le jour où ils laisseront leur passé partir en fumée au nom de leur futur.
                              S'ils sont capables de garder l'espoir d'un monde meilleur malgré les brimades de Danldo, tu peux être certain qu'ils ne vont pas se laisser abattre, comme ça, et bientôt, une chaîne de solidarité se crée pour tenter de circonscrire à défaut d'éteindre, le baiser mortel du brasier.
                              Pour un peu, tu serais fier de tes troupes, devant tant de camaraderie.
                              Ouais, parce que tu te trouves maintenant à peu près le seul à te soucier du gros lard.
                              Ceci dit, le lard grillé, c'est bon.
                              Surtout avec du café.

                              Et là, c'est le drame. Le petit dépôt de munitions, qui se trouvait dans la cave du manoir prend feu. C'est fou, les conséquences de ce geste malheureux qui a mis le feu aux poudres. Littéralement.
                              Ça pétarde.
                              Ça mitraille.
                              Ça retentit.

                              Et dans ce tintamarre digne des grands défilés, tu sens une balle te frôler dangereusement la tempe.
                              Le coup passe totalement inaperçu, mais toi, tu te tournes, et tu le vois, là, tapi dans l'ombre.
                              Le Danldo, qui t'a obliquement attaqué de biais. Sauf qu'il a mal calculé ton angle de chute – car oui, tu chutes, ne l'oublie pas.
                              Il laisse son chargeur, en reclipse un, et vise à nouveau.
                              Personne ne te voit, ne le voit.
                              Personne ne viendra t'aider.
                              Mais il t'invite, à survivre, à venir le chercher.
                              Il te nargue, car il te pense impuissant et déjà vaincu. Vaincu du cœur....
                              Et toi, tu chutes.
                              Vivre est une chute horizontale, a dit le poète.
                              Un autre a aussi dit que la chute d'un homme n'intéresse personne ; les châtiments passionnent tout le monde. 
                              A toi de voir, c'est ta chute, après tout.



                            (feu de joie, à ne pas confondre avec le jeu de foie, comme ma dyslexie me l'a dicté. Par contre, la contrepèterie que j'ai mise dans le texte est totalement voulue.)
                              La chute

                              C’était vraiment hyper haut ! Pas de doutes, l’atterrissage allait être douloureux. Il restait à présent à savoir qui allait se trouver en dessous au moment du choc. Mais vu la hauteur, on avait vraiment le temps avant de s’inquiéter de ça. Je levai ma batte au dessus de la tête afin d’avoir beaucoup d’élan et de pouvoir lui asséner le coup le plus fort possible. Je ne voulais pas le rater et lui laisser l’occasion de s’enfuir à nouveau. Il ne payait pas de mine, mais avec sa vitesse et ma blessure, je n’étais pas certain de pouvoir à nouveau le rattraper.

                              Soudain, j’entendis une très violente détonation. Je me retournai en battant des ailes et je regardai en direction du manoir. De là où j’étais, je ne pouvais pas l’apercevoir directement, mais l’auréole de lumière qui en émanait ne laissait aucun doute sur la violence de l’explosion qui venait de se produire. Des lumières rouges, bleues, vertes volaient très haut dans les airs avant d’éclater dans de magnifiques gerbes de toutes les nuances. C’était vraiment très joli. Je ne pu retenir une petite larme d’émotion. La lumière était accompagnée de nombreux crépitements, de détonation, de claquements… Bref, la réserve de munition était en train de nous offrir un magnifique concerto de bordel sans nom.

                              Pendant ce temps, les citoyens disciplinés couraient comme des dératés en hurlant à chaque fois qu’ils entendaient un nouveau « BANG ». Le groupe se déplaçait donc de façon totalement anarchique dans les rues de la ville, bifurquant et changeant de direction toutes les quatre secondes en moyenne. Autant dire qu’ils n’étaient pas très utiles au pauvre James qui, ne l’oublions pas, continuait sa descente en profitant du splendide spectacle.

                              Je sentis quelque chose me frôler et mes cheveux être soufflés. Battant à nouveau des ailes, je me détournai du ciel pour regarder en dessous de moi. Cet enfoiré m’avait repéré et avait tenté de m’abattre en plein vol. Mais je n’étais pas une mouette, bordel ! Je me mis à tournoyer sur moi-même pour qu’il ai plus de difficulté à m’atteindre. C’est qu’il avait de la ressource le petit James, hein ?!


                              -Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de salaud ! Handy rain !

                              Certes, je n’avais plus qu’une main, ce qui faisait que je ne pouvais plus frapper de balles avec ma batte de base-ball, mais je pouvais tout de même les lancer directement à la main. Et avec la vitesse de ma chute et la rotation, ça pouvait atteindre une bonne vitesse. C’est une véritable tornade de balles qui tombait à présent du toit. Les sphères fusaient dans tous les sens sans but précis, mais j’étais certain que cela allait perturber au plus au point. Avec un peu de chance, cela allait même l’atteindre et l’étourdir un instant.

                              Un homme déboula soudainement dans la rue, complètement à bout de souffle. C’était de toute évidence un des pirates à la solde de Geoffroy Danldo. Il s’arrêta et posa sa main contre le mur pour reprendre son souffle.


                              -Patron ! C’est la folie là-bas ! Presque tous nos hommes se sont fait buter ! Les habitants de la ville sont devenus complètement fous ! Vous devez faire quelque chose pour aider les survivants ! Ils attendant tous que vous veniez les secourir !

                              Il esquiva par pur réflexe une balle que j’avais lancée et qui avait rebondit sur les murs. Il leva la tête sans trop comprendre ce qui lui arrivait et eu juste le temps de m’entrapercevoir avant que je ne lui atterrisse sur le coin de la gueule. Bon ba voilà, c’était lui qui était destiné à amortir ma chute. Je vous avais prévenu que cette chute allait être longue.

                              Je me relevais en me frottant le dos. C’était loin d’être fini ! Je pris le corps du pirate et me mis à courir en direction du tonton flingueur. Rien de tel qu’un bouclier humain. Une fois à sa portée, je lâchai le pirate et dégainai ma batte dans la même mouvement. Sans arrêter mon geste, je l’écrasai sur le haut de son crâne.


                              Dernière édition par James Fermal le Jeu 6 Juin 2013 - 22:33, édité 1 fois
                                Bah, si tu crois qu'il allait t'attendre, le Danldo, c'est que tu es bien naïf. A partir du moment où il comprit que son crétin d'homme de main allait te servir d'aire d'atterrissage, il n'attendit pas le reste des événements et prit la poudre d'escampette. D'autant plus qu'il s'était mangé quelques balles de plus lors de ta précédente attaque, et mine de rien, ça fait mal. Tu tapes comme bourrin, c'est ta façon t'aimer.

                                Tu écrases donc ta batte sur du vide, et au-delà, un pan de mur qui n'avait rien demandé à personne et qui s'écroula. Le nuage de poussière se mêla aux vagues de fumée que l'incendie pondait, et la chute de pierres fit écho aux dernières explosions de munitions. Vous étiez à armes égales, tous les deux en manque de balles, n'ayant que quelques projectiles en poche. Maintenant, c'était une bataille entre hommes. Enfin, un ange et un humain. Soyons précis. La précision, c'est essentiel, surtout dans les conditions actuelles. Partout autour de toi, le chaos. Ses hommes étaient tous morts ou capturés, mais les tiens se contre-fichaient de toi pour le moment. Il n'y avait qu'un endroit où le bandit pouvait avoir une chance de survie : le port, et son navire. Mais allait-il y aller en ligne droite à travers les ténèbres des rues, ou allait-il se faufiler sournoisement, pour compenser sa vitesse moindre par rapport à la tienne.
                                Il était intelligent, tu le savais. Mais ce qu'il allait faire...

                                Comme par exemple, surgir plus loin au coin d'un bâtiment, te viser et tirer deux coups, avant de re-disparaître parmi les ombres, en ricanant comme un demeuré qu'il était au demeurant. C'était louche, ça. Il aurait mieux fait de ne pas se montrer, de te tendre une embuscade alors que tu le cherchais dans le village désert. A moins que ce ne fut ça, l'embuscade. A quoi bon te pousser puisqu'il te trompe?

                                Alors, viendra, viendra pas ?
                                  L'interception

                                  Il n’y avait rien à faire, je n’arrivais vraiment pas à le toucher, ce salopard ! Ma batte n’avait pas atteint son objectif. Tout ce qu’elle avait trouvé à vrai dire, c’était de la pierre, un peu de mortier et beaucoup de poussière. Des petits bouts de gravats vinrent se planter dans mes yeux. C’était vraiment douloureux, vous pouvez me croire. Le temps de me les frotter, l’autre empaffé de gros porc avait déjà disparu. Le manoir en flamme projetait une vive lueur mais entre les rues, l’obscurité en était d’autant plus forte. Je ne voyais presque pas le bout de ma batte. J’allais avoir du mal à le retrouver de cette manière.

                                  Point positif, il ne me voyait pas non plus, du coup, j’avais peu de chance d’encaisser une troisième balle dans le corps. Tiens, en parlant de balle, voilà le trou qui se ramène et qui m’en balance deux nouvelles avant de disparaître. Il avait tiré au hasard, cela ne faisait pas le moindre doute. Sinon il n’aurait pas touché une fenêtre à plus de dix mètres de moi et abattu une mouette en plein vol. J’attendis une seconde que le volatile ne chute et je le frappais de toutes mes forces vers le haut. Ce projectile blanc laissant une traînée de plume blanche derrière lui ferait une superbe fusée de détresse sans l’ombre d’un doute.


                                  -Viens là connard ! Si t’as le courage de montrer ta sale trogne de bouledogue !

                                  Juste après avoir hurlé cette provocation, je filais en arrière et je grimpai l’escalier de secours de la mairie pour me retrouver à nouveau sur les toits. J’ignorais quel piège ce fourbe avait préparé à mon encontre, mais cela ne faisait rien. Je gagnerais un peu de temps comme ça. Je savais très bien qu’il se dirigeait vers le port. C’était le seul endroit d’où il pourrait fuir, son business étant définitivement mort. Il ne lui restait que cette solution. Enfin ou alors il affrontait à lui seul et avec presque plus de munitions une population entière, en colère et armée. Sans compter un ange qui fait partie des personnes les plus exceptionnelles que ce monde n’ai jamais compté. Pour ne pas dire LA personne.

                                  Je sautai de toit en toit avec toute la vitesse que me permettait ma hanche blessée. Chaque fois que j’atterrissais, une douleur difficilement supportable me lançait. Après quelques minutes, je fus contraint de faire une pause, c’était trop douloureux. Je m’adossai à une cheminée et pressai ma plaie. Ca saignait pas mal cette connerie, il allait falloir couper court si je ne voulais pas y laisser ma peau. Pour mon épaule, ça allait, mais je ne pouvais pas me faire un garrot autour du ventre.

                                  Des bruits de pas claquèrent contre les pavés de la rue. C’était lui, j’en étais sûr et certain. Il allait arriver avant moi, ce chien ! Je me remis en course rapidement. Enfin façon de parler. Je titubai pitoyablement et j’enjambais plus que je ne sautais.


                                  -Putain, ça fait un mal de chien ! Mais je peux pas le laisser se barrer…

                                  Fort heureusement, passer par les toits, plutôt que de zigzaguer au milieu des ruelles étroites, me faisait gagner pas mal de terrain sur lui. Après quelques minutes, j’atteins le port et ne vis pas une seule trace de Danldo. J’étais arrivé le premier, mais il n’allait probablement pas tarder. Je devais me préparer à le recevoir. J’hurlais de toutes mes forces.

                                  -Danldo arrive !! Venez m’aider bande de branleurs !!

                                  Le port était totalement excentré du reste de la ville. Les hommes que j’avais envoyés en début de mission étaient déjà arrivés. Ils sortirent de partout. Certains descendirent de grues, d’autres s’échappèrent de soutes, de cales, de navires échoués… Le chef du groupe sortit son Den Den Mushi et appela le reste des résistants. Nous étions prêt à l’accueillir et le reste de la population allait le rattraper. Il allait finir pris en sandwich. Pris en sandwich thon/banane/chocolat/morue salée/champignons/petits lardons/lait concentré pour être précis. Coïncidence ? Je ne crois pas…
                                    Forcément, si tu te la joues fille de l'air.... Tricheur va. Peureux, aussi. Même pas capable d'aller affronter ton ennemi tout seul. Peut-être as-tu peur du noir ? Du grand méchant loup qui se cache derrière les portes ? Pfff, t'es pas un homme, un vrai, toi. C'est peut-être parce que tu es un ange. Si ça se trouve, ils sont tous comme ça, chez toi. Bah, c'est bien connu, les elfes, c'est tous des grandes folles en collant moulants. Bah, les anges, ça doit être pareil, sauf qu'ils ont une paire d'ailes collés dans le dos au lieu d'une plume dans le troufion.

                                    Danldo râle.
                                    Danldo grince des dents.
                                    Danldo ne t'aime pas.
                                    Et Danldo ne sort pas de l'ombre.
                                    Il est là, il attend, guette, pèse et soupèse. Ses meilleures options, les chances qu'il a de gagner face à la foule, de te tuer d'ici avec les rares balles qui lui restent.
                                    Tu sais à ce moment que Danldo est un de ces gars qui ne s'avouent vaincus qu'une fois morts, et encore. Quelque soit le moyen, que ce soit en tuant, mentant, trichant, il s'accrochera et refusera de se laisser aller tant qu'il reste encore une once de vie en lui. Il sera libre et de préférence riche et en bonne santé, ou il ne sera pas.

                                    La foule oscille, avance et recule, comme la marée. Elle répond à ton appel, cerne le quartier, en vagues de poignées d'hommes et de femmes. Mais c'est ton combat, c'est toi le héros, et c'est à toi d'aller affronter le méchant qui se cache dans les replis de leur ville – ou ce qu'il en reste. Les regards montent vers toi, repartent vers ce dernier espace de non-droit, s'inquiètent et s'impatientent de ton immobilité. Ils ne comprennent pas. C'est toi, l'ange. C'est à toi d'agir. Mais tu restes là, et tu sembles avoir mal.

                                    Finalement, un groupe de quatre se détache et avec une dernière œillade mauvaise en ta direction, entre dans la ruelle qui leur fait face. Avant de partir, l'un d'entre eux lâche un très retentissant « pff, apparemment, faut pas demander à la demoiselle à plumes de se salir les mains. Quand on veut faire un boulot, mieux vaut le faire soi-même, ça évitera les plans foireux qui mettent le feu partout ». Hé oui, c'est moche, les humains. Hypocrites, menteurs, rancuniers et totalement égoïstes, et encore plus, ingrats. Voilà ce que tu gagnes à te poser en grand sauveur.

                                    Pendant quelques minutes, la foule retient son souffle, tentant de suivre et de comprendre ce qui se passe. Soudain, une pétaillarde, des coups de feu, des cris, un hurlement, et Danldo qui sort, une femme en otage devant lui, la gueule d'un pistolet braqué sur ses tempes.
                                    - « Vous allez me laisser partir, sur mon navire, avec mes hommes. »
                                    Et pas de « ou sinon, elle meurt ». C'est compris dans la phrase, comme du shampooing-démélant-deux-en-un. Comme il est compris que les trois autres ne reviendront pas des ruelles. Ou alors, pas tout de suite et surtout pas indemnes.

                                    Il y a eu assez de morts, et si Danldo s'en va, finalement, ça satisfait pas mal de personnes ici. En fait, tout le monde. La nuit a été longue, les incendies ne sont pas encore tous maîtrisés, et puis bon vent et bon débarras. Déjà les villageois bougent et forment une sorte de couloir, droit vers le navire où les hommes du pirate sont mis en joue par d'autres combattants, déjà prêts à reculer et à quitter le pont.

                                    C'est là.
                                    Maintenant ou jamais
                                    Last chance before dawn...
                                      L'ultimatum

                                      On y était enfin. C’était la dernière ligne droite avant le dénouement final de toute cette histoire. Danldo était là. J’étais là. Les villageois étaient là. Le seul petit détail qui clochait dans cette équation, c’est que Danldo ne s’approchait pas… Il restait tapi dans l’ombre, à nous épier. Qu’espérait-il encore ? Il avait perdu, il devait bien s’en rendre compte. Les humains auraient du être contents, mais ils avaient tous une moue dédaigneuse. Que leur arrivaient-ils ?

                                      « pff, apparemment, faut pas demander à la demoiselle à plumes de se salir les mains. Quand on veut faire un boulot, mieux vaut le faire soi-même, ça évitera les plans foireux qui mettent le feu partout ».
                                      -Hey ! Quel est l’enfoiré qui a dit ça ?!

                                      Mon plan était parfait ! Qu’est ce que ces imbéciles voulaient de plus ? Il suffisait d’attendre que le reste de la ville arrive pour le prendre à revers et il serait à notre merci. Mais une bande d’imbécile décida de prendre les devants pour s’attirer tout le mérite de mon opération. Cela dura à peine quelques secondes. Des coups de feu, des cris et l’enfoiré de gros lard sortit avec une otage au bout de son canon. Il voulait faire quoi comme ça ? Ce n’était pas en braquant une seule personne qu’il allait venir à bout d’une telle foule. Son plan était complètement débile. Tant mieux pour moi après tout. S’il voulait se concentrer sur un adversaire alors qu’il y en a des centaines, libre à lui.

                                      - « Vous allez me laisser partir, sur mon navire, avec mes hommes. »
                                      -C’est rudement efficace quand vous faîtes le boulot vous-même ! Bande d’imbéciles ! Laissez moi faire maintenant !

                                      Je n’avais pas vraiment de plan en tête, mais il fallait absolument que je le choppe. Je n’allais pas passer à coté de sa prime après tout le mal que je m’étais donné. Mais les habitants de l’île semblaient être prêts à capituler. Ils baissèrent leurs armes et le menton par la même occasion avant de se déplacer pour ouvrir un passage. C’était hors de question ! Sans réfléchir, je fonçai vers le navire et tournai un canon vers le port. HAHAHA ! C’était la fête, les petits ! Mais je savais bien que je ne pourrais pas tirer. Il y avait plus de civils que de pirates en face de moi. Mais par contre…

                                      -Moi vivant, tu ne partiras pas d’ici !

                                      Je pointai le canon vers le bas et tirai sans hésiter. Le boulet traversa les planches et perfora le bateau dans toute sa longueur. Quelques secondes plus tard, il sombrait dans un silence pesant. Tout le monde me regardait. Les civils comme les pirates. Ils me lançaient tous un regard empli d’incompréhension, d’admiration et d’hésitation. Qui suivre ? Danldo ou l’ange ? C’était le moment de bien choisir son camp. Ceux qui appartiendront au clan des vaincus avaient très peu de chance de survivre. Je devais les convaincre.

                                      -Mes amis ! Depuis des années, cette enflure se sert de vous, vous exploite et vous martyrise ! Que vous soyez sous ses ordres ou sous son oppression, il se sert de vous ! Où était-il pendant l’assaut du manoir ? Il fuyait, laissant ses hommes mourir pour lui sans la moindre hésitation ! Et quand vos enfants mourraient de fin parce qu’il prélevait la quasi-totalité de vos revenus ! Et quand il vous forçait à travailler pour lui en prenant la famille en otage ? Ouvrez les yeux ! Tous ! Il est enfin là, faible et désarmé ! Vous avez enfin l’occasion de vous venger et de reprendre possession de votre vie ! Pour votre liberté et votre estime personnelle, attrapez-le !

                                      La foule resta immobile, sans un mot pendant quelques secondes, jusqu’à ce qu’un pirate lève son arme vers Danldo. Un civil l’imita, puis un autre, un autre et encore un autre. Bientôt, tout le monde le braquait. Le pirate était à présent encerclé de plusieurs centaines de personne, ses hommes s’alliant aux citoyens pour cesser d’être exploités.

                                      -Alors Danldo ? Tu vas faire quoi maintenant ? Mourir ? Ou enfin accepter de te rendre ? Tu auras sûrement l’occasion de t’échapper en soudoyant les gardiens, je ne me fais pas de crainte pour toi. Par contre, c’est vachement plus dur de s’échapper du royaume de la mort…


                                      Dernière édition par James Fermal le Mer 12 Juin 2013 - 22:21, édité 1 fois
                                        - « Si je meurs, elle aussi. Vous aurez tous sur la conscience que votre vengeance aura coûté la vie d'une femme, d'une épouse, d'une mère de famille, d'une sœur et d'une amie. Je suis peut-être un gros salaud, mais vous en serez tous un. Ouais, j'ai tout perdu, ça je l'admets. Mais si vous voulez me voir mort, il faudra en payer le prix. Vous avez laissé l'ange jouer le justicier en cape, et voilà que vous vous retrouvez avec moi sur les bras. Il n'aurait pas dû couler le navire. Maintenant, c'est moi et elle, ou rien du tout. »

                                        Danldo ne fait pas d'effet de manches oratoire. Il se contente d'exposer la vérité, d'une voix tendue mais nette, tranchante comme la lame d'un couteau. C'est ce que ça fait mal, la vérité.

                                        - « Votre grand copain, vous pensez vraiment qu'il fait ça pour vous ? Il s'en fout complètement, de votre vie. Ce qu'il veut, c'est la prime sur ma tête. Il est capable de détruire votre ville en entier pour ça. Tout à l'heure, il a pointé le canon vers vous. Ouais, il n'a pas tiré, mais juste parce que ceux d'entre vous qui auriez survécu l'aurait mis en pièces. Pas parce qu'il ne voulait pas vous blesser, parce que si c'était le cas, il n'aurait jamais commencé par viser en votre direction, ça n'aurait pas dû lui venir à l'esprit. Vous voulez vous débarrasser de moi ? Ouais, c'est la vie, c'est comme ça. Mais je ne vous pensais pas assez cons pour me remplacer pour pire encore. Il se dit héros ? Je dis qu'il est tout aussi crapule que moi, et pire encore, parce que moi, j'assume qui je suis. Je ne joue pas les héros. Donc non, je ne me rendrai pas. Pas à ce type. »

                                        Oui, maintenant, tu en es certain. Danldo ne te parle même pas. Il t'ignore royalement. C'est à la foule qu'il parle. Toi, tu pourrais être invisible ou être en train de faire des claquettes avec un masque de cheval sur la tête qu'il s'en foutrait tout autant.

                                        - « Moi, je ne parle pas aux mecs qui se la jouent gentils mais qui sont des pourritures au fond. Je vous parle à vous tous. Vous vous êtes armés, vous avez mis à sac mes affaires. Vous voulez vous venger, mais moi, je vous demande, qu'est-ce qu'il y a de plus important : la vengeance ou la vie. Si vous me laissez partir, sur ce bateau de pêche, là, avec mes hommes, et si vous faites en sorte que votre héros ne fasse pas de bêtise, alors je vous donne quelque chose qui vous permettra de reconstruire votre île. D'acheter des matériaux, et des vêtements, et des jeux pour vos gosses et tout ça. Suffisamment d'argent pour effacer toute trace de ma présence ici, et ça, en épargnant la vie de madame ici présente. A vous de voir si vous êtes prêts à sacrifier cette femme. Vous savez que je n'hésiterai pas à la tuer. »

                                        Forcément vu comme ça. Ce ne sont pas des cœurs d'artichauts à s'émouvoir pour rien, et tu leur as bien rappelé toutes les horreurs qu'ils ont vécu à cause de cette raclure. Le désir de vengeance boue en eux. Mais justement, alors que la victoire est là, sont-ils prêts à payer encore un tribut de chair et de sang, sont-ils prêts à faire souffrir encore une famille ?
                                        Oui, c'est un véritable salaud, et oui le tuer, pendre son cadavre et le brûler serait jouissif.
                                        Ça serait aussi barbare.
                                        Ce n'est pas pour rien que dans toutes les aventures, le héros refuse le chemin de la revanche. C'est glauque, la revanche. Ce n'est pas sain. Non, le vrai héros se détourne avec une traînée scintillante de bons sentiments et ouvre la voie vers des jours meilleurs.
                                        Meilleurs, surtout quand on a de quoi mettre du beurre dans les épinards. Ou même juste des épinards.
                                        C'est un peu dégueu, les épinards, et ça vous donne la colique, mais là, tout le monde salive à l'idée des épinards au beurre.
                                        Comme quoi, un humain, c'est aussi con qu'ingrat.

                                        Tu les sens faiblir, tentés par cette ville tentation ! Encore une fois, c'est à toi de jouer. Tu sais que Danldo ne lâchera pas son otage. Tu sais qu'il la tuera si la première attaque portée contre lui ne l'abat pas immédiatement. Et tu sais que son argument financier va marquer des points.
                                        Les villageois seraient-ils capables de te trahir maintenant ? De négocier avec Dandlo et de te laisser pour contre ?

                                        Si tu avais le moindre doute, tu es maintenant fixé. Un homme, qui ressemble assez à celui qui avait précédemment remis en cause ton efficacité, ton sens des priorités et ta virilité le tout dans une même phrase, s'approche du mafieux :
                                        - « C'est quoi, cette entourloupe ? De l'argent ? On l'a déjà, dans ton manoir !! »
                                        - « Non, je parle de bien plus que ça. Un document que j'ai dissimulé, une carte au trésor. Je le donnerai à mon otage au moment de la relâcher. »
                                        - « C'est quoi, cette entourloupe ? De l'argent ? On l'a déjà, dans ton manoir !! »
                                        - « Je te parle de bien plus. Mais pour ça, je dois quitter cette île en vie, et vous ne ferez rien à mon encontre tant que le navire sera encore en vue. »
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