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Greed... la Bête... et Moi

Parenthèse de ce RP : ICI




Tout au bout des plus hautes tours de Tortuga, les imposants pics du "manoir" de Greed l'esthète, perçant l'obscurité qui s'empare de la ville au rythme des nuages qui s'amoncellent et du vent qui enfle depuis le large. Le lieu semble silencieux, déserté de toute vie, comme pourrait le laisser croire les innombrables corps qui jonchent le sol aux pieds des élévateurs en contrebas. Seule un immense vitrail auréole de lumière, au plus haut niveau de la plus haute des tours : le bureau privé du Corsaire. Et pour celui qui arriverait à tendre l'oreille aux travers de la bourrasque et des bruit d'explosion qui soufflent sur la ville, des éclats de voix. Tout d'abord menus... puis de plus en plus forts... de plus en plus déterminés... Un silence pesant, lourd comme le calme précédant la tempête... Puis de nouveau cette voix dure comme le granit marin, qui fait alors trembler jusqu'aux dorures extérieurs.

Puis soudainement, l'imposant vitrail de près de six mètres de haut explose dans une pluie d'éclats miroitants ! Et une silhouette, qui au sein de l'explosion argentée se recroqueville avant d'étendre les bras dans les airs comme s'ils étaient à la recherche d'une prise où se raccrocher... en vain . Greed, le terrible corsaire, la marque des quatre phalanges d'un poing serré encore incrusté dans la poitrine... Et sur ses quatre visages la douleur et le doute peints. Le Corsaire est donc propulsé dans les airs, décrivant une courbe qui semble vouloir le précipiter vers la mort qui l'attend près de cent mètres plus bas.

Et tandis que le cyborg renégat commence sa funeste descente, une main épaisse et ensanglantée apparait sur l'un des montants du vitrail dévasté, insensible aux éclats de verres qui lui entaillent la peau. Puis c'est au tour du visage déformé par la haine de l'homme poisson de se tendre au dessus du vide, les yeux toujours rivés sur le corsaire, habités par une flamme d'une telle intensité qu'on pourrait les croire de lave. Des pans entiers de son uniforme de Contre-Amiral en lambeaux trainent dans le vent tels des étendards, prouvant qu'on ne perd jamais rien à porter un vêtement SW "survivant". Le vent arrache ensuite d'une bourrasque la cape des épaules de l'homme-poisson en l'emportant dans un tourbillon, sans pour autant parvenir à détacher l'attention du marine toujours résolument ciblée sur le corsaire qui s'éloigne dans sa chute. Son autre main apparait alors, armée de son fidèle poignard et maculé lui aussi de sang. Son corps semble couvert de blessures...






(Quelques instants plus tôt ; derrière le vitrail encore intact.)



- Mais... mais tu es fou !

Oh non Greeeed... Tu n'm'as pas du tout cerné en fait. Je n'suis pas fou. Pas l'moins du monde. Ou en tous cas, je garde une certaine forme de lucidité. De logique. Un sens des priorités qui te dépasse, mais en aucun cas que je n't'autoriserai à juger. Je n'suis pas fou... En colère par contre... ouais. Foutrement en colère comme t'avais encore jamais vu quelqu'un en rogne. Pas du p'tit vindicatif qui vous donne envie d'écorcher votre ennemi... Non non... bien pire encore. J'en suis là où les limites de la colère sont dépassées depuis longtemps. Là où la rage a fait place à une haine implacable et sans compromis. Là où tout n'est que volonté d'annihiler jusqu'au moindre souvenir de l'être honnis. Et bien dis-toi que je suis encore un peu plus loin.

- Tu n'es qu'une bête démente qu'on devrait abattre ! Qu'il renchérit comme pour brandir un talisman de protection.


Ça par contre... ouais. La bête est démente, sans nul doute possible. Elle est cette part de moi qui a grandi depuis tant d'année dans la misère d'un monde ravagé par le vice et la violence. Elle est cette part de moi que tu as su alimenter depuis ces sept longues années. Elle est tout ce que le plus affreux des hommes voudrait être sans jamais l'oser. Elle est cette part de moi que je ne dissocie du reste de mon âme que pour parvenir encore à prendre visage humain. Pour continuer à supporter votre présence répugnante qui jours après jours me donne toujours plus la nausée. Et la tienne d'odeur Greed, la tienne ; elle en arrive à faire retrousser les babines de la bête d'une simple flagrance. Et toute cette pièce en est imprégnée, mes mains en sont imprégnées, tout, partout. Alors tu comprendras que la bête hurle à la mort à chaque seconde d'enfer et de fiel qu'elle passe en ta présence ; ta simple survie étant une torture pour elle,  pour moi, pour nous.

Mais pour bien comprendre ce qui en ce jour va me pousser à  commettre d’irréparables actes sous le seau des plus abjects sentiments que la nature ait créé, il nous faut bien comprendre ce qui entre nous trois a grandi dans le terreau noirâtre de la haine. Je dis trois oui. Toi Greed, Moi, et la Bête. Trois. Sept longues années. Quatre mois. Et une dizaine de jour si ma mémoire n'est pas faussée par le voile rouge que la bête a jeté sur mes yeux. Je n'lui en veux pas pour ça ceci dit, je la laisse même faire avec plaisir. Je m'abandonne même à elle avec soulagement et délice tant elle et moi attendions ce moment avec une impatience rare. C'est donc détaché du monde que je me permets cette parenthèse. Sept années donc, à comploter jours après jours pour saboter ton réseau financier. A abattre sous le couvert de ma fonction tes sbires et tes alliés. A jouer de mes relations pour découvrir LA faille qui me permettra enfin de te voir giser sur le sol dans une mare de sang. Mais sept années aussi à subir coups sur coups tes perfides manigances. A voir un par un mes plans de richesse détruit par ta main. A voir ma réputation salie par ta bouche. Mes alliés décimés. A voir mon honneur blessé par ta mémoire. Car je n'ai pas oublié une seule seconde les rares fois où nous nous sommes croisés ! J'ai encore dans ma tête tes coups qui m'ont brisé les os et ma réputation d’invincibilité au QG de East Blue, et ce avec une telle facilité que je n'ai pu me regarder dans une glace pendant des jours ! Ni que juste avant ça, tu m'avais volé près de deux cents millions de berry apremment gagnés dans le sang et la sueur ! Qu'après ça on m'avait obligé à nettoyer ta merde ! Et que tu n'avais même pas pris la peine alors de me reconnaitre ! MOI ! "Pour le petit personnel." qu'tu m'avais sorti alors ! On t'l'entends encore dire dans ma tête ! Raaaaah !...

Et voilà. Tu vois, jamais loin une part de la bête a entendu que j'parlais d'toi. Que j'relatais mes vieilles affaires et elle n'a pas pu s’empêcher de venir y r'donner son point d'vue. Mon point d'vue. Et là... tout d'suite... j't'avouerais un truc crevure. J'vais prendre du plaisir à la laisser t'déchiqu'ter. Ça va être sale, poisseux... Du genre qu'encore jamais t'avais osé penser faisable. Car tout Corsaire que tu t'prétends, je n'suis plus l'officier vaniteux et incapable d'assumer sa vantardise. Je te domine Greed. On est bien plus fort que toi et je vois dans ton regard que tu commences à l'saisir malgré ton refus de l'admettre. On va te broyer implacablement entre mes mains, et on va aimer ça. Et ensuite, je détruirai tout ce que tu as créé ou approché de près comme de loin. On maudira le simple fait d'un jour avoir été en ta présence. Tu n'es déjà plus un homme Greed... tu n'est plus que l'objet de ma vengeance.
Et... Et je crois que je n'vais plus tenir très longtemps vois-tu. Je la sens qui se contorsionne dans ma poitrine. Parler ne l'a jamais arrangé. Elle ne veut que grogner et mordre. Elle m'a laissé faire jusqu'ici mais... mais... je sens qu'elle revient à la charge. Et vois-tu... je n'ai pas envie de l’arrêter. Car cela fait trop longtemps qu'elle rumine en silence. Trop longtemps que je la frustre et que je l'affame pour la rendre d'autant plus hargneuse afin qu'enfin le jour venu, elle soit implacable. Vingt-six ans qu'elle grandit et prends ainsi des forces ! Vingt-six années depuis ce putain d'jour où je l'ai senti naitre dans mon cœur dévasté d'enfant ! Depuis que les Dragons Célestes ont brisé mon avenir. Depuis qu'elle a du m'en reforger un à la force des poings et d'un esprit retord. Et comme à l'époque j'étais trop faible, trop ingénu, et surtout trop traumatisé pour comprendre ce qui m'arrivait et pour y survivre, je me suis menti. J'ai focalisé ma rage et mon envie de vivre sur ce que je pouvais. Mes camarades esclaves, trop faibles tout comme moi, reflets ignobles de ma condition et du souvenir de mes parents. Sur mes adversaires d'arène, tremplins vers la liberté. Puis sur toi. Toi l'être puissant qui me renvoyait ma faiblesse alors que je me voulais invincible. Toi le corsaire qui au mépris de toute justice portait le symbole du gouvernement. Ce même putain de gouvernement dirigé par ces mêmes Tenryuubito qui ont brisé ma famille et qui viennent de me pousser à... à... Raaaaaaah !!



(...)

Les gouttes d'un sang épais tombent une à une sur le tapis rare, sons mats dans le silence qui règne maintenant entre nous deux. Je les sens descendre le long du fil de ma lame avant de chuter, glissant avant cela lentement de long de ma main, elle-même maculée de ce liquide chaud et si familier. Familier... marrant que c'mot là m'vienne en tête. Nos souffles sont longs, profonds, roques comme un vent provenant d'antiques grottes... Et si là je te parle par la voix de l'humanité, le visage qui te fait face n'est que bestialité et promesse de souffrance. Alors la bête parle, et mes lèvres remuent autour de deux rangées de dents aiguisées :

- Je vais te tuer Greed.
- ...
- De la mort la plus lente et douloureuse...


Et Greed me croit. Je devine le léger frisson qui lui remonte le long de la colonne vertébrale, car il voit ; il a vu dans mes yeux ; cette implacable volonté que je vais mettre à appliquer mes ambitions à son sujet. Rien ne m’arrêtera avant la fin, sa fin, il l'a vu. Et si une part de ses instinct les plus primaires le savent, un ego demeuré et la peur de cette part d'inhumanité qu'il a du mal à comprendre l’empêche de l'admettre. Il devrait fuir, le plus loin possible ; mais la fierté la bêtise et la peur lui coupent les jambes.


- Comment peux-tu faire ça ?!
- ...
- Réponds moi ! Comment peux-tu faire de telles choses ?!
- ...
- Je veux que tu me réponnnnnnnndes !

Il ne comprends pas. Il ne VEUT pas comprendre. La vérité lui ferait trop peur, elle a ce pouvoir là. Car personne avant lui n'avait encore approché de si près ma véritable nature ; pas même Potemkin avant ça. Il a vu la bête de si près... qu'il a sentit sur lui son haleine de mort.

Et face à ces cris de rage et de constat d'impuissance, la bête se jette sur lui la gueule la première, et moi je bondis derrière elle ! L'Obsedian Balista le percute ainsi en plein sternum, gravant dans l'os et le cartilage l'empreinte douloureuse d'un Haki imprégné de haine pure. Du sang lui sort ainsi des quatre bouches en éclaboussant mon visage tordu par l'effort et mes pulsions bestiales, plaisir fugace qui ne m'éloigne pas de mon but pour autant : TUER GREED.


RAAaaaaah !


Le coup souffle le Corsaire comme un fétu de paille, l'envoyant traverser le vitrail derrière lui et lui promettant de voir tous ses membres brisés quelques cent mètres plus bas.



Dernière édition par Toji Arashibourei le Lun 4 Fév 2013 - 22:59, édité 1 fois
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(Encore quelques instants plus tôt...)


Grand fracas métalliques derrière moi, au moment où toute la structure de cuivre et d'acier s'effondre comme un pantin brisé. Les pièces roulent et rebondissent sur le parquet ciré et les tapis fins, tandis que pour ma part je suis là un genou encore à terre. Je relève alors lentement la tête vers un Greed chez qui l’incertitude enfle toujours un peu plus, avant de tendre vers lui mon poing gauche toujours fermé. Et lentement, mes doigts s'ouvrent et laissent apparaitre plusieurs grosses pièces d'horlogerie encore graisseuses, semblables alors à tout autant d'organes frais et encore humides de leur sang. Les rouages glissent entre mes doigts qui les laissent ainsi filer, avant que ma main ne se referme à nouveau et ne m'aide à me redresser. Je peux voir une de mes jambes prise alors de tremblements incontrôlables, mais sitôt occultés par la bête toujours plus vivace. Un sale coup pour sûr... Mais rien qui n'm'empechera d'éclater quatre gueules d'enfoiré pour le prix d'une. Ma silhouette voutée se redresse donc laborieusement, victime des nombreux impacts et plaies superficielles qui la parsèment. Pourtant, dans mes yeux la volonté toujours plus forte finit de remonter à la surface. Je fais donc face à Greed ; et lui fait ainsi face à son destin.

Un poids dans ma main droite. Lourd... que je le sens glisser au cœur de ma paume que je n'avais pas remarquer s'entrouvrir... Mes doigts se resserrent aussi-sec. Un étau qui se referme ainsi sur le manche de mon fidèle poignard, qui pourtant ne m'avait encore jamais paru si lourd et si... si... Je peux sentir sur le grain de ma peau la rugosité du cuir et l'humidité du sang qui me tapisse l'avant bras et la main... Dans cet instant de calme figé où Greed et moi nous nous observons, je ressens tout cela... et bien plus encore. L'humidité du sang oui... et ce sang me rappelle. Un visage apparait brusquement avant de disparaitre tout aussi vite, en flash. Un sentiment. Des souvenirs... Puis la bête grogne comme en réponse à cette sensation glacée qui voudrait m'étreindre. Et je grogne avec elle.


Et comme si Greed l'avait remarqué à son tour, il se décide de réagir avant que je ne prenne l'initiative d'un combat qui semble recommencer à jouer en ma faveur. Le voilà donc qui tend sa maudite main droite, et de nouveau les flash bleutés rayonnent dans la salle en cascade. Mais déjà mes réflexes aiguisés par la colère la douleur et ma "Rancœur martiale" s'activent et me projettent au raz du sol, main gauche en avant et lame en protection devant les yeux ! Le sang et l'acier m'évite de perdre ma dernière rétine, et dans un crissement de dent rageur je fauche d'une machette les jambes d'un Greed qui va alors s'écraser au sol ! Il cri, m'insulte ; et moi j'agis. Je me rue donc sur lui, roulant sur son corps de toute ma masse tandis que mon poignard file vers une de ses gorges ! Crochet doré qui s'interpose, et nous voilà à lutter au sol visage contre visages. Finalement, ma seule force brute se démarque rapidement, manquant de peu de lui arracher la tête tandis qu'il s'oblige à glisser sur le côté pour battre en retraite. Coup de pied du cyborg d'or, vite paré puis contré d'un coup de genou qui lui plie à moitié un tibia. Il hurle, et je rie sans même m'en rendre compte.
Puis une droite impeccable me cueille le coin du menton depuis l'angle mort de mon œil perdu, m'envoyant voler dans les airs. Le Corsaire en profite alors pour faire jaillir une dizaine de petits calibres dorés de tout son corps avant de me cribler de balles quitte à éclater le mobilier derrière moi aussi ! Alors Greed, on n'fait plus gaffe au décor maint'nant, huhuhu ? Perso, j'suis toujours en l'air, avec donc aucune possibilité d'esquive... Je tends alors les deux mains devant moi et c'est un bouclier de Haki qui fera ricocher les projectiles dans tous les sens. Je m'écrase ensuite au sol avant de me relever dans le même mouvement d'une roulade, tout de suite pret à repartir à l'attaque.

Je fonce donc d'un "Soru" à ses côtés, vite repéré hélas par un de ces visages qui forcement me fait face sans mal. C'est donc sans trop de problème qu'il bloque mon premier coup de genou, bien que la force du coup le face vaciller malgré sa garde parfaite. Double coups de coude donc, qui suivent et martèlent ses propres bras endoloris. Coup de genou qui passe la garde, et un cri de plus qui perce le raffut de notre affrontement. Mais la joie et de courte durée, car malgré la violence des impacts qu'il doit encaisser, le corsaire n'en est pas à sa première bataille ; il fait face et riposte d'autant plus !
Attaques brutales, feintes et ripostes s'échangent donc à un rythme infernal tandis que nous ne prenons même pas le temps de prendre un souffle d'air, éclatant bureaux tableaux et parquet sans le moindre regard. Nous sommes tout à notre combat.
Mais contrairement à tout à l'heure... cette fois c'est dans le cœur du shichibukai que le doute s'instaure. Et tandis que de mon côté la bête toujours plus violente offre au corsaire la démesure de sa violence, je sens l'esprit combattif du corsaire céder petit à petit sous mes coups. Les ripostes tardent de plus en plus, sa garde se fendille, ses coups en deviennent ridiculement plus faibles... et sans la moindre pitié j'en profite et abuse ! Me voilà donc qui lui saisis le bras d'une "Roue karmique", avant de lui impacter le foie à lui en faire éclater la panse ! Et tandis qu'il en est encore à se tordre de douleur, je tords pour ma part un peu plus son coude droit qui se disloque sous la force de la torsion ! Veinard de cyborg, celui-ci ne mourra pas d'hémorragie, mais c'est un lambeau de bras désarticulé qui pend maintenant au flan du corsaire.



Celui-ci le regarde alors avec amertume, comme un constat de son impuissance et de mon retour en force. Il perd du terrain et il le sait ; d'autant que dans ses yeux je peux voir que le nombre d'atout qu'il garde dans sa manche s'est fortement amoindri. La panique commence à infiltrer son cœur d'acier et de chair, sapant ses forces restantes et ses espoirs... J's'rais pas étonné qu'il soit au pied du mur. Quoi qu'à défaut de mur c'est surtout un immense vitrail qui le surplombe, sur lequel frappe une pluie qui commence à s’intensifier à coups de grosses gouttes épaisses.
Pour ma part, j'irradie toujours plus d'un Haki et d'une force qui semblent inépuisables, comme une fontaine débordant sans fin. Mais je ne souris plus. L'heure n'est plus à l'amusement, mais à la vengeance. Et si j'prendrai un plaisir certain à assouvir mon œuvre, toute joie sera occulté par l’intense sentiment noir qui meut chacun de mes actes. C'est donc le regard sombre et la mine fermée que je marche avec détermination vers le corsaire qui pour sa part reculera lentement bien malgré lui.


- Attends Toji... Ce n'est pas possible !

- ...
- Tu ne devrais pas te relever ! Tu ne devrais pas continuer à lutter !
- ...
- Je t'ai mis à terre ! Je t'ai brisé déjà !
- ...
- Ne m'approche pas plus monstre ! Arrête !
- ...
- Comment peux tu encore continuer à lutter après ce que tu viens toi-même de faire ?!
- La colère.
- Que ?...
- La colère. Je la sens posséder mon corps et lui permettre de bouger.
- Mais que dis-tu ?
- Mon esprit est clair... tout à toi, à nous.... Mais mon corps lui ne m'appartient plus...
- Es-tu donc fou misérable ?
- Il lui appartient... Je lui laisse...
- Mais de qui parles-tu enfin ?! Réponds-moi !
- Il appartient à la bête...
- Qu*....?!
- Je sais que tu l'as vu... Oh oui tu l'as vu... Et elle aussi n'a jamais cessé de te voir.


- Mais... mais tu es fou !


Non. Pas fou...
Juste incroyablement déterminé à accomplir ma seule volonté, et ce quoiqu'il en coute au monde. Ou à toi.

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(Quelques instants plus tôt...)



Les yeux de Greed s'écarquillent, comme si tout à coup lui sautait au visage toute la démesure de ma détermination. Je suis un roc, un bloc de granit marin taillé à la force des poings et de la haine. Et tandis que je me retourne lentement vers lui en me dépliant, je sens plus que je ne vois réellement une part de lui se briser. Il vient de comprendre qu'aucun limite ne saurait m’arrêter, qu'aucun acte ne m'est interdit. Serein derrière ses sbires son argent et ses plans, il ne pouvait concevoir que l'on puisse un jour passer outre. Et c'est là qu'il se rend surement compte du fossé qui désormais nous sépare ; nous ne sommes plus de la même trempe, plus du même monde. Et face à l'inconcevable, son esprit qui apparait désormais si faible ne peut que refuser la vérité. Son plan a échoué, et avec lui tous ses espoirs de grandeur et ses plans de conquête. Mais bien que déstabilisé, le corsaire n'en est pas encore démuni ; et d'un claquement rageur de doigt il renvoie à l'assaut ses armes de mort comme pour chasser ce cauchemars dans lequel il s'enfonce. Dans un bruit d'enfer de métal et de rouages, les deux monstres s'élancent donc à pas lent vers moi.

Et moi... Je ne peux détacher mon regard de mon ennemi juré. Comme si cette vision et tous ces sentiments si durs et si concrets étaient encore les seuls me permettant de m'accrocher encore à la réalité de ce monde. Le reste de l'univers disparait, je ne vois que Greed et tous les souvenirs qui m'y rattachent. Lui et tous les sentiments qui nous unissent. Lui et tout ce qu'il m'a poussé à faire. Et la bête gronde... Elle s'était un instant tu, comme disparue de mon esprit dans le blanc d'un choc violent. Car même ses cris envahissant ne pouvaient dépasser le traumatisme qui vient de m'habiter ni même le calme étrange qui en découle, tel un mécanisme de défense me coupant pour le moment de tout le reste. Mais la bête n'est jamais silencieuse longtemps... et lorsqu'elle revient, elle en est toujours plus forte.

Dans ma main droite, un sang épais semble me couler comme à flot le long de l'avant bras, lui toutefois habitué à en être recouvert. Et pourtant cette sensation me glace l'échine ! Comme si ces quelques filets qui me paraissent déferlement étaient les premiers à me coller à la peau! Je n'ai pas ressenti de telles sensations depuis plus de vingt-cinq ans, tandis que pour la première fois je crevais les yeux d'un autre enfant esclave dans le sable âpre d'une arène ! Mais là où une part de moi en reste paralysé, une autre -plus bestiale- y répond dans la colère et la violence. Ma prise sur la lame se raffermit et se relâche par à-coups, comme si ces deux parts de moi-même luttaient, l'une pour rejeter cet objet honnis, l'autre pour s'en rapproprier tout le pouvoir et le plaisir que j'y ai toujours trouvé. Et cette même incertitude se peint sur tout mon être, tremblotant par à coups tandis que sur mon visage la plus dure des déterminations s'affiche.
Et dans mes yeux... Dans mes yeux qui semblent forer dans l'esprit du corsaire... La bête. Comme jamais personne ne l'avait vu jusqu'ici. Profitant de mon instabilité et des innombrables sentiments puissants qui m'envahissent et me chamboulent, elle est là si proche de la surface qu'on pourrait la croire en jaillir littéralement ! Et je l'accueille comme l'allié fidèle et aimante qu'elle a toujours été, je lui laisse alors tous les pouvoirs et les droits qui m'incombent, m'abandonnant ainsi à elle tandis que j'essaye au mieux de me ressaisir. Le Corsaire peut alors sentir sur son visage le souffle fétide d'un être assoiffé de sang et de vengeance, et voir briller dans mes pupilles d'innombrables rangées de crocs blancs comme des linceuls. Et la peur alors s'insinue dans son esprit, fendillant son ego avant de s'y installer et d'y croitre toujours plus vite.

Cling. Clang. clicliclicli....

Deux ombres me dominent, écrasantes par leur taille. Et dans ce cliquetis que j'ai appris à reconnaitre, elles lèvent leurs imposants cimeterres avant de les abattre sur mon cou à peine redressé. Les lames fusent !... Avant de fendre en deux le parquet dans une pluie d'éclats.



Les yeux de Greed cherchent alors frénétiquement ma silhouette qui a mystérieusement disparu, ainsi que les capteurs des deux automates de guerre Kashan. Puis, j'apparais enfin à eux, juché sur les épaules d'un des deux géants d'airain et d'acier, un poing brandi vers le plafond. Le choc est violent ! Tel un météor vengeur il s'abat sur les rouages de la nuque du golem, irradiant d'un Haki qui contrairement aux minutes précédentes ne me fait plus défaut. Bien au contraire, il pulse si fort qu'il en deviendrait presque enivrant ! La machine éclate donc avant même d'avoir compris ce qui se passait, projetant autour de nous d'innombrables éclats et roues crantées disloquées, dont certains rebondissent comme des shrapnels sur son homologue ou un Corsaire encore déconcerté par ma vivacité retrouvée. Il ne comprends pas, comme si ma renaissance et la puissance qui en découlait le surprenant encore plus qu'elle ne me surprend moi-même. Et pourtant je ne prends pas le temps de penser, loin de là... Je ne suis qu'action et fureur !
Avant même que la masse coupée en deux du construct ne finisse de s'effondrer, je me rue donc déjà sur le deuxième, qui avec une vitesse étonnante pour un engin de sa taille projette déjà la lame de son cimeterre géant vers ma gorge ! Mon poignard s'interpose alors, et par son angle fait glisser la lourde lame au dessus de ma tête tandis que je fond sous elle avant de me redresser porté par l'inertie afin de me jeter sur l'engin. Mon corps entier hurle réparation ! Réparation pour les coups endurés ! Réparation pour l'humiliation d'une mise à terre ! Réparation pour oser s'interposer entre Greed et moi !!

Un poing donc, qui s'enfonce dans les rouages et les plie sans se rendre compte d'une quelconque résistance, et qui agrippe l'ossature même de l'automate. Ainsi cramponné, je me tracte en avant afin de heurter des deux genoux ce qui correspondrait au bassin de cet eunuque de métal, pliant le métal et les dorures qui le recouvrent. Je ne sens alors qu'à peine un des pics crantés de son autre bras me perforer le gros d'une cuisse, bien que sous le choc je n'en retombe pas moins un genou à terre. Mais avant même que son cimeterre s'arme ou que son autre bras ne réagisse à nouveau, c'est une véritable pluie de coups de poing qui broie plie et perfore la masse de son mécanisme !
Aucune douleur ou cri pour faire face à mes propres hurlement, mais je vois la machine qui se brise à chaque impact. L’artisan a bien fait son travail... Loin des Pacifistas, ces monstres n'en étaient pas moins des combattants redoutables... Redoutables peut être... mais pas assez. Pas ce soir en tous cas. Et comme le point final d'un déchainement de violence, mon dernier coup s'arme avant d'autant plus de force, avant de pénétrer au cœur du système pour s'y maintenir ! Une demi-seconde plus tard, le "Tsunami-fist" que j'y déchaine fera enfler la coque de blindage de l'automate comme une explosion mal contenue, disloquant tout l'intérieur et les divers jointures rouages et articulations. J’ôte alors lentement la main du monstre terrassé avant de pivoter vers Greed, qui jamais n'a quitté mon attention. Le bras du monstre s'arme encore lentement dans les airs... ses mouvements se font de plus en plus saccadés... ultime grincement... il s'immobilise, inerte à jamais.



Grand fracas métalliques derrière moi, au moment où toute la structure de cuivre et d'acier s'effondre comme un pantin brisé.
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(Encore un peu plus tôt...)



Ahahahahah !
Regarde toi Toji ! Tu es faible ! Si faible !

Raaaaah ! Foutu salopard à la mords-moi-l'noeud ! Attends un peu que j'me r'lèv*/... Humph !

Le coup de pied me fauche les côtes, me soulevant de quelques dizaines de centimètres avant de m'envoyer valser de l'autre côté de la pièce ! De nouveau à terre, j'ai tout juste le temps de cracher un épais filet de salive que j'entends derrière moi arriver les pas lourds d'un de ces fichus automates. Je voudrais me retourner, faire face, riposter... et pourtant mon corps s'y refuse, prostré à quatre pattes comme un vulgaire chien courbant l'échine ! Raaah mais bouge foutre-roux ! Humph !

Nouvelle incrustation d'un pied métallique de quelques trente kilos dans des côtes toujours plus sanglantes... A croire que Greed les a programmé pour ça... 'Foiré ! Je douille, vraiment. Mais là où d'habitude je sais m'accaparer cette douleur pour en faire ma force, là je la sens me saper un peu plus ce qu'il me reste de mon énergie... Pourtant les dégâts sont infimes... et ma carcasse à vu mille fois pire... Mais j'ai mal. Bêtement et simplement mal. Une sensation oubliée ; ou du moins apprivoisée. Et voilà que j'la ressens à nouveaux comme lorsque j'étais une p'tite crevette ! Aaaaargl... Où es-tu quand j'ai besoin d'toi ? Sors de ta cachette ! Réapparais maudite bête ! Mais c'est le silence... Et les coups s'enchainent en me heurtant comme un sac de sable toujours un peu plus mal au point....

Et derrière les sons mat' des impact qui me martèlent, le rire de Greed. Un rire suffisant. Humiliant. Le rire de la victoire ! Raaaah... Moi qui était venu en conquérant... à terre comme une victime résignée ? Impossible ! Et pourtant... Humph ! Aaaargl... Ça ne DEVRAIT pas être possible ! Je suis le grand Toji Arashibourei ! Le père tempête ! La terreur de grand Line ! Je*/ Humph !... Et toi là, tout au fond de moi... je peux t'entendre geindre et te plaindre de concert. Je sens que la situation t'écorche la conscience et l'ego tout comme moi, mais pourtant tu ne fais rien d'autre que japer comme un louveteau puni... A coups d'bottes Humph ! voilà c'qu'on est... Raaaah mais c'n'est pas possible !



Dans un effort pour reprendre le dessus, je me retourne sur le dos, tout juste à temps pour voir l'automate qui me domine lever bien haut son cimeterre à deux mains sur un ordre du Corsaire, prêt à accélérer le travail. La lame tombe, et j'intercepte du mieux que je peux son pommeau de mes deux mains avant de sentir la morsure de la lame ! Mais la force du construct pourtant insignifiante comparée à la mienne suffit à me faire plier les coudes à moitié ; et c'est une nouvelle cicatrice qui m'ornera le front pour un bon moment. Je lutte avec peine, pâle reflet de mes forces herculéennes. La bête jappe... je jure... mes bras tremblent sous l'effort tandis que crans par crans les bras m'écrasent et la lame se rapproche de ma gorge...



Et comme un appel à l'aide bien involontaire, je tourne la tête vers la dernière personne à qui j'aurais pu penser quelques heures plus tôt, réflexe instinctif autant que familial, mais au combien ridicule dans une telle situation. Et je le vois alors, juste là... toujours avachi à terre aux pieds de l'autre monstre de métal... Et là où le tout dernier grain de sable de mon âme d'enfant cherche le soutient d'un père et sa chaleur, je ne trouve rien. Ni compassion, ni même peine à mon sujet... rien... Nulle colère... nulle volonté à se soustraire au sort qu'on voudrait nous imposer. Seul le regard vide et résigné d'un être abattu qui n'a de vivant que la rigueur scientifique... Mon père me regarde sans la moindre expression, comme si vingt cinq ans de servilité en avait extrait jusqu'à la moindre goutte de volonté. Lui si fort au temps où je l'ai connu. Lui si vaillant. L'incarnation du père aimant et fier, robuste dans l'effort et le labeur... Je ne le reconnais plus. Mais je m'y vois.Je me vois moi, vingt cinq ans après ma défaite, humilié et brisé. Mon visage s'imprime sur le siens ; et tandis que mes cicatrices et mes traits s'y forment, je sens un frisson indescriptible m'envahir ! Est-ce là le destin de notre famille ? Est-ce là le destin qui m'attends ?! Pantin faiblard entre les mains de puissances injustes ?! NON ! Je m'y refuse ! Je n'ai pas lutté depuis plus d'un quart de siècle pour finir aussi bas ! Je n'ai pas ourdi milles complots, endurci mon corps dans le sang et la souffrance mille fois, souillé mon âme d'un goudron épais et poisseux pour en arriver là ! Je m'extirperai des liens du destin ! Je SUIS mon propre destin ! Raaaaaah ! Greeeeeeeeeeeed !!

Voir ainsi l'affiche de mon propre avenir humiliant m'a fait comme un électrochoc ! C'est comme un sceau d'eau glacé qui me frapperait tel un coup de fouet ! Et là où la peur et l’aplati lançaient des appels à l'aide par mes yeux, un éclair funeste vient de faire sa réapparition ! Et tandis que mes bras immobilisent la lame de l'automate à quelques centimètres de mon visage toujours tourné, mes yeux sont toujours plongés dans ceux de mon père. Et face à ce reflet pathétique, la rage renait. Misérable.... Faible... Tu as baissé les bras ! Tu as abandonné comme tous les nôtres avant toi ! Tu as trahis ta race, notre cause, MOI ! Où étais-tu pendant toutes ces années où je combattais dans le sable d'une arène fétide pour manger un quignon de pain ? Je te croyais luttant comme toujours pour la fierté de notre peuple et une occasion de nous extraire de notre condition ! Et à force d'attendre c'est moi qui ai du le faire ! SEUL ! Je n'ai jamais baissé les bras, et toi, là... J'ai toujours lutté pour te ressembler du moins en partie, maintenant je m'en rends compte. Mais là.... Un mythe se brise, une vision se déchire... Et avec elle les dernières lueurs d'humanité mal assumées que vingt-cinq années à côtoyer de près les humains avaient imprégné dans mon cœur. De trop près... Maudits soient les hommes... maudit soit le gouvernement... maudit soit Greed !



Raaaaah !
Roaaaar !


Criant à l'unisson, la bête et moi sentons une rage si immense nous envahir... Tel une vague gigantesque née d'un barrage cédant à la pression. Greed ! Raaaah ! Et le louveteau redevient Bête... et le têtard redevient monstre... Plus qu'ils ne l'ont jamais été. Nos forces enflent, les douleurs s'enfuient et se font aussitôt dévorer par une bête qui enfle et grossit à une vitesse prodigieuse, prédatrices redevenues proies face à l'être implacable que je n'aurais jamais du cesser d'être. Raaaah ! GREEEEEED !

Et face à cet amas ridicule de rouage que l'ont voudrait m'imposer comme supérieur, je laisse la bête bondir. La vague de haki jaillit ainsi avec la force d'un boulet de canon, propulsant l'automate dans les airs avant de le clouer au plafond pourtant bien haut ! D'un bond me revoilà sur mes pieds. Greed... Toi l'incarnation bien malheureuse de tout ce que j'ai toujours haï en me le cachant, tu vas souffrir comme jamais. Que Davy Jones m'attire dans ses plus profonds abysses si je manque à cette promesse. Mais pas tout d'suite... avant cela...
Je redresse mes épaules alors voutées, dépliant dans un craquement sinistre mes vertèbres endolories tout en faisant saillir un peu plus une paire de côtes ensanglantées. La douleur glisse sur moi, avant d'être aspirée dans le vortex d'une rage qui ressort toujours plus. Elle est là à fleur de peau... irradiante... Et le corsaire la sent. Il sent que la volonté brisée vient de se reforger dans les fournaises de la haine. Et comme un effort pour ne pas perdre son ascendant, il éructe dans mon dos tandis que l'automate retombe lourdement au sol :

- Arrête Toji !

Je commence à avancer en direction de mon père et de l'autre automate toujours à ses côtés...

- Si tu lèves le poing j'ordonne à ce qu'on lui tranche la tête !

... Ma cadence ne se ralentira pas pour autant...

- N'oublie pas que si tu oses te défendre je déclencherai la minuterie de son collier explosif !

...Je ne suis qu'à quelques pas du pathétique résidu d'esclave brisé et de son gardien. Mon regard est calme, serein... et pourtant derrière on peut y lire une détermination sans faille où se cache la colère à l'état brute. Une colère froide... comme domptée en gardée cloisonnée afin qu'au moment choisi, je puisse la faire rejaillir avec d'autant plus de force. Et par dessus tout ça, un voile léger de pitié. Pitié devant la carcasse maltraité d'un père ombre de lui même... Pitié devant un homme-poisson victime de plus de sa faiblesse... de notre faiblesse. Mes yeux glissent ensuite sur son collier d'esclave... et ma main dégaine alors calmement mon fidèle poignard...

- Inutile Toji ! Même avec ton Haki tu ne saurais lui ôter son collier sans le faire exploser ! Ahahaha!*/...

Trente centimètres d'acier s'enfoncent sans un bruit dans la chair usée du vieil homme poisson.

- Qu*/... ?!




Front contre front, je murmure doucement des excuses sincères à un père que j'ai tant aimé par le passé. Pour l'avoir oublié si longtemps... Pour ce que j'ai été amené à penser de lui. Pour cette délivrance que je nous offre au fil de ma lame. Lui était déjà mort, véritable cadavre ambulant qui l'ignorait. Moi il m'aurait tué, otage d'un adversaire qui sans pitié m'aurait réservé le même sort. Et il est hors de question que je meurs comme ça. Pas maintenant, pas ici, pas par lui. J'ai trop de chose à faire père, et vous êtes devenu un obstacle sur ma route. Dans ce genre de moment il ne faut pas que j'oublie qui je suis, et ce que j'ai toujours fais pour arriver à mes fins. Nous n'avions pas le choix la bête et moi. Vous deviez mourir. Père... pardonnez-moi...
Et en réponse à mon regard où débordent des larmes amers de colère et de frustration, je ne vois aucun reflet d'une quelconque émotion... Son regard est encore vivant, mais vide... comme éteint. Mais que t'ont-ils fait ?... Greed... La lame tourne et retourne dans un craquement sec de côtes brisées, puis la mort emporte en silence le pilier de mon enfance à peine retrouvé... Une enfance laissée alors derrière moi à jamais.

Un sang épais et chaud coule lentement sur ma main droite tandis que nous sommes là immobiles... Il me tapisse maintenant tout l'avant bras... Et ni Greed ni ses machines n'osent réagir.

Greed... Vois ce que tu m'as poussé à faire... Vois ce que je suis près à faire...
Tout cela est de TA faute. De ton entière et unique faute ! Sans toi rien de tout ceci ne serait arrivé... Je n'aurais jamais revu mon père... je n'aurais jamais été obliger de le tuer de mes propres mains... Tout cela est de ta faute... Et tu vas payer pour ça aussi !!...




La bête en furie se retourne alors vers le corsaire paralysé de stupeur, et mon corps la suit sans résistance ! Je lui laisse carte blanche... Pour ma part... je ne peux que me mettre en retrais, perdu dans tous ces sentiments étranges qui m'assaillent et me ballottent. Mon père... le gouvernement... Greed... Mère ?.... Mais là bête sait ce qui est bon pour moi. Elle sait ce que j'attends d'elle... Et elle s'empresse de me combler. Me combler par la souffrance d'un autre. Me laver le cœur et la conscience dans le sang d'un ennemi tant haï. Et tel une fenêtre donnant sur mon âme, mon œil encore valide laisse le shichibukai l’apercevoir telle qu'elle est vraiment. Tels que NOUS sommes vraiment. Elle est là, juste là... et elle ne le lâche pas une seule seconde du regard.




Les yeux de Greed s'écarquillent, comme si tout à coup lui sautait au visage toute la démesure de ma détermination.
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(Quelques minutes avant ça...)

Nan ce n'est pas possible ?... Ce n'est pas possible...

Pa... P... Papa ?


Là. Juste sous mes yeux qui tout à coup s'écarquillent, une vision surréaliste. Un visage familial. Le premier depuis près de... un bon quart de siècle ! Au moins. Mes yeux voient, mon cœur me dit, mais mon esprit s'y refuse. Pas lui... pas ici... N'était-il pas mort ?! N'avait-il pas fini sa vie sous le fouet des contre-maitres de Marie-Joa ? Non... D'ailleurs... on ne m'avait jamais dit ça. Je me l'étais dit tout seul... et depuis si longtemps que jamais plus je ne saurais dire où la vérité et le mensonge se sont entremêlés. Car à tout bien reflechir, je ne vois pas qui pourrait m'avoir averti du sort d'un esclave de plus dans les couloirs des Tenryuubitos. Anonymes, nous n'existions alors plus en tant qu'êtres ; nous n'étions que des objets, des fusibles jetables... Et moi, enfant isolé et terrifié, j'ai du faire face à cet enfer... seul... Et au fil des ans... Je me suis mis à me mentir ; à couper les ponts pour recommencer une nouvelle vie, une vie de fureur et de combat. Sans entrave, sans sentiment, sans faiblesse... Juste moi ; et la bête qui naissait alors dans mon cœur blessé.
Alors oui, j'ai fait table rase du passé ! Je me suis mentit jusqu'au point d'oublier l'avoir jamais fait ! Et depuis ces jours sombres à aucun moment je n'y ai jamais plus repensé ! Trop douloureux ! Trop dur ! J'aurais du alors affronter la réalité... et qui sait peut être partir à sa recherche. Me découvrir alors... prêter le flanc à mes ennemis... m'affaiblir là où j'étais encore à mes débuts vers les sommets. Impensable ! Je me devais de continuer à agir en égoïste ! A penser à moi et à moi seul ! Je me devais de survivre coute que coute ! Et surtout pour trouver quoi au final ?! CA ?!

Un être décharné, prostré dans une chaise où il n'ose même pas s'installer de peur de la salir tant on a du lui répéter qu'il n'était qu'une immondice ! Je le vois mal-à-l'aise devant mon regard... Et bien que l'esprit visiblement secoué -voir abruti- par le labeur et le temps, je vois aussi qu'il se rend compte que trop de choses se jouent ici, et qu'il a un sale rôle à y jouer. Et tandis que mon regard fouille dans le siens, une part de moi -l'enfant- prie pour y retrouver ce qu'elle n'a jamais voulu perdre vraiment ; tandis que l'autre -le monstre- espère se tromper et ne jamais au grand jamais avoir à y être confronté !
Et tandis que je le regarde, je vois mon père, mon propre père prendre instinctivement peur. Ses yeux d'esclaves se baissent instantanément, il se recroqueville un peu plus encore... et me fuit. Car il a vu en moi la même main que ces maîtres. La main du despote, de la cruauté, de l’égoïsme ; le visage que j'offre au monde depuis si longtemps. Et trop affaibli par le temps, il ne verra pas l'enfant qui peine à refaire surface.



Et au milieu de tout ça, la bête se met en retrait en silence... Je ne la remarque même pas disparaitre de mon esprit, trop concentré par les étranges pensées qui m'assaillent.



Devant ce manque total de reconnaissance, je lâche le regard mal à l'aise de mon père, honteux à mon tour ; avant de glisser le mien sur son corps rachitique. Là où il était fort et droit, il n'est que squelette décharné vouté et anguleux.Là où il était éclatant à la lumière, il n'est que pâleur de cadavre. Les cicatrices mal soignées sont légions, et la saleté montre que même le corsaire pourtant maniaque n'a pas pris la peine de le laver. Un déchet, gardé en vie pour ce seul instant.

Je me tourne alors vers un corsaire éclatant de confiance.

- Greeeed... maudite vérole... Comment oses-tu ?
- Hahahaha...
- Comment as tu osé ?!

Je me rue ainsi sur lui aussi vite que je l'peux, lame brandie bien haute et rictus de colère sur le visage ! Mais comme je le disais, la bête s'était tue... Mon coup n'est pas assez rapide, pas assez hargneux... un instant d'hésitation que je ne devrais pas avoir... Et le Corsaire comme satisfait de ce constat dégaine un petit boitier alors que je suis encore à mi-chemin.

- Stop !

Et chose impossible, je m’arrête figé dans l'espace !... Attendant les paroles d'un être que je hais et dont chaque seconde de vie est une insulte. Je lui ai obéis... inconsciemment, je lui ai obéis.

- Un pas. Un geste. Et je fais exploser ce qu'il te reste de famille.
- Krrrrrrr !...
- Héhéhé... Et oui Toji.... Tu as perdu.

Le coup me balaye comme on chasserait une mouche ! Humph ! Puissant, assuré, le revers du poing métallique perfore ma défense aussi bien physique que mental, broyant ma chair et mon "Océan steamroller" comme s'ils n'étaient rien ! Je glisse alors au sol en emportant le bureau et la chaise avec mon père, avant de m'immobiliser quelques mètres plus loin. Aaaargl... Une main glisse sur mon flanc sans que je ne lui demande, et en ressort maculée de sang. De mon sang. Et telles d'hideuses marionettes, deux côtes déjà brisées par Mandrake qui ressortent d'une cicatrice re-ouverte. Tin' qu'ça fait mal bordel ! Je voudrais alors me relever, reprendre le combat et renchérir comme je l'ai toujours fait ! Mais rien... pas un geste... La bête n'est pas là... et moi je n'y suis qu'à moitié...

- Aller toji, laisse toi tuer bien sagement veux-tu ? Tu n'imagines pas le prix que m'a couté ce mobilier.

- Aaarh...

Coup de pied mesquin dans l'visage, et c'est trente-six chandelles que m'permet d'admirer l'corsaire. Un nez cassé ? L'était d'jà d'toutes façons... mais le geste lui... il fait mal : moi à terre et lui debout... Impensable. Impossible ! Un main mal assurée lance un baroud d'honneur et va agripper les lacets du Shichibukai, avant qu'il ne s'en extrait en jurant. Du sang sur ces beaux souliers... bien maigre consolation pour un homme habitué à la loi du talion version Toji... Le Corsaire s'en va donc chercher un mouchoir fin, avant de revenir poser dans un ultime soufflé sa semelle sur le crâne de mon père qui restera parfaitement immobile. Il prend alors son temps pour astiquer sa botte, ne me lâchant pas une seule seconde des yeux... Et moi... je ne peux que fustiger en silence... à m'en faire péter les dents de frustration ! Un instant Greed doit sentir que je vais repartir à l'assaut, car il me remontre sans subtilité la terrible commande de ce qui peut condamner l'esclave aussi sur'ment qu'un révo meurt entre mes mains. Et malgré la honte et la colère, je rentre bien malgré moi la tête dans les épaules... Ma combativité est morte... et la victoire du corsaire semble assurée.


- Vois-tu Toji... mon cher ami. Tu permets que je t'appelles mon ami ? Depuis l'temps qu'on se connais penses-tu huhu !
- Krrrr...
- Je disais-donc, vois-tu, avec l'argent tout est possible. Se faire des amis... briser les autres malgré toutes leurs forces et leurs légendes... Et ceci sans le moindre effort. Juste.. avec un peu d'argent.
- Krrrr...
- Et où est donc passé ton esprit vaillant ? Ta force et ta fierté ? Ta... famiiiiiille ? Pfuit ! Disparus face au sacro-saint Berry ! Des poids inutiles ! Ahahaha !
- Krrrr...
- L'argent est la seule valeur sur laquelle on peut compter. La seule fiable et indéfectible !
- ...
- Et tu vas mourir de la main de ma fortune. Car de la mienne tu n'es pas digne... je l'aurais cru, depuis le temps... mais non. Même pas...
- ...
- Tel père... tel fils...
- Krrrrrrrr !
- ...Pathétiques hommes-poissons... ne méritant que le hachoir d'un équarrisseur. Les voici d'ailleurs.




Je les remarque alors, tout obnubilé que j'étais par le discours de mon ennemi : Deux mastodontes de métal, parodie d'homme faites de rouages et en plaques de métal finement ciselées... Et un immense cimeterre chacun. Leurs visages sans yeux se tournent vers nous, et du pas lent et méthodique des automates, ils se rapprochent.

- Des automates de guerre Kashan. De vrais bijoux d'orfèvrerie et d'horlogerie valant une petite fortune chacun héhé. Oh bien sûr, il ne sont pas aussi sophistiqués que même le plus vieux des Pacifistas, mais que veux-tu, j'ai toujours eu un faible pour les antiquités... Elles ne font que gagner de la valeur avec le temps aussi il faut dire. Et pour deux petits poisson tels que vous... ils seront largement suffisant.



Le premier des deux construct vient alors se positionner derrière mon père toujours immobile et silencieux, tandis que le second vient directement sur moi. Premier coup de lame , lent, presque nonchalant... je le pare sans peine d'une manchette de la main, certains réflexes ayant la peau plus dure que d'autres. Mais à peine suis encore en train de me dire qu'il faudrait que je riposte que Greed tend alors une main vers moi. Je la fixe comme le dernier des débutants, dans l'attente stupide de ce qu'il va faire. Et cela ne tarde pas ! Le bras s'ouvre en deux, découvrant une étrange cage de verre au bout duquel se trouve un prisme pointé vers moi... et au cœur de la cage, deux petites salamandres bleutées... Je les regarde... elles me regardent... puis prennent peur, émettant alors un puissant flash bleu que le prisme renverra avec une puissance décuplée directement sur ma rétine valide ! Une grand lumière donc, et une brulure comme rarement j'ai eu le malheur de subir ! J'ai l'impression que mon œil fond dans son orbite ! Mais non... ça c'est déjà fait. Mandrake. Là ce n'est que douleur et aveuglement, rien qui devrait normalement me faire paniquer. Mais malgré tout, avant que je ne réussisse à réagir, un coup de pied de l'automate me pliera en deux, tout en ensanglantant un peu plus ma blessure maintenant bien ouverte. Aaaargl...'culé !

Les coups pleuvent et s'enchainent, martelant mon corps effondré qui après chaque impact se recroqueville malgré bien moi. J'encaisse, subis... Et même si au final chaque coup est loin d'être assez fort pour ne me faire autre chose que de vulgaires bleus et hématomes... je les ressens à ce moment là comme si j'étais sous une grêle d'obus ! Humph ! Aaargl... Humph ! Et dans ma douleur et ma faiblesse je m'entends murmurer entre mes lèvres les prières que chantaient mes parents à mon chevet lorsque jeune enfant j'étais souffrant... Ma mère ? Humph ! Père... je ne peux... Aaaarh... je devrais... Humph... Père, où es-tu ?.... Humph !





Ahahahahah !
Regarde toi Toji ! Tu es faible ! Si faible !
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